Texte biblique : Galates 5.16-25Â
PentecĂ´te, c’est la commĂ©moration d’un Ă©vĂ©nement majeur de l’histoire de l’Église, c’est mĂŞme son Ă©vĂ©nement fondateur : la descente du Saint-Esprit sur les croyants. Le livre des Actes des apĂ´tres nous en fait le rĂ©cit et en souligne le caractère spectaculaire.
Mais depuis ce jour, le Saint-Esprit habite chaque croyant, tous les jours, dans la banalitĂ© de notre quotidien, loin parfois de la gloire et de l’Ă©clat du jour de PentecĂ´te. Pour l’Ă©voquer, l’apĂ´tre Paul parle de fruit de l’Esprit.
Ce n’est pas une option !
Mais commençons par la fin de notre texte et sa conclusion en forme d’exhortation forte et sans ambiguĂŻté : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit. » (v.25) Une exhortation qu’on pourrait transcrire ainsi, de façon prosaĂŻque : il ne suffit pas d’ĂŞtre chrĂ©tien, il faut que ça se voie dans notre conduite. Bref, le fruit de l’Esprit n’est pas une option !
Vivre par l’Esprit, c’est avoir reçu la vie Ă©ternelle, le don gratuit de Dieu, son salut. C’est ĂŞtre chrĂ©tien, au sens le plus fort du terme. Et c’est bien l’oeuvre de l’Esprit.
Marcher par l’Esprit (ou sous l’impulsion de l’Esprit), c’est voir sa vie changĂ©e par Dieu, avoir un comportement consĂ©quent avec notre foi. Et c’est aussi l’oeuvre de l’Esprit.
VoilĂ pourquoi le fruit de l’Esprit n’est pas une option mais un impĂ©ratif pour le chrĂ©tien, qui est tout entier au bĂ©nĂ©fice de l’oeuvre du Saint-Esprit. Du dĂ©but de sa vie chrĂ©tienne jusqu’Ă la fin. L’oeuvre de l’Esprit, c’est de semer la vie Ă©ternelle en nous et de la faire germer pour nous amener Ă porter du fruit pour la gloire de Dieu. On ne peut pas se contenter de vivre par l’Esprit, il nous faut marcher par l’Esprit.
Mais si l’exhortation est lĂ , c’est que ce n’est pas si Ă©vident que cela dans la pratique…
C’est un combat
La preuve : il y a un combat, une lutte au quotidien. Paul parle d’un antagonisme entre la chair et l’Esprit. Dans le langage de l’apĂ´tre, la chair, c’est notre ĂŞtre en tant qu’humain pĂ©cheur. C’est ce que nous sommes tous, loin de Dieu, marquĂ©s par le pĂ©chĂ©. L’Esprit, ici, c’est le Saint-Esprit, qui renouvelle notre ĂŞtre intĂ©rieur.
L’un et l’autre n’agissent pas de la mĂŞme façon en nous. La chair est lĂ , en chacun de nous. Et elle nous pousse, par des pulsions, des envies, des inclinations. C’est cette part de nous-mĂŞmes qui fait dire Ă l’apĂ´tre Paul en Romains 7 : « Ce que je veux, je ne le fais pas, et ce que je dĂ©teste, je le fais. » (Romains 7.15) On connaĂ®t tous cette lutte contre la tentation, ce combat pour ne pas nous laisser emporter par des pulsions contraires Ă ce que Dieu attend de nous.
L’Esprit saint, lui, vient habiter le croyant. Il s’installe, il remplit le chrĂ©tien petit Ă petit pour le changer de l’intĂ©rieur. Il est comme un nouveau moteur Ă notre vie, qui nous donne une nouvelle impulsion. Et il peut nous donner la force de rĂ©sister et de contrer les inclinations de la chair.
La chair produit des Ĺ“uvres. C’est ce que nous sommes tout Ă fait capables de faire par nous-mĂŞmes… malheureusement ! L’Esprit produit du fruit. C’est ce qui grandit naturellement en nous lorsque l’Esprit de Dieu agit. C’est la consĂ©quence naturelle de la semence de vie de l’Esprit, plantĂ©e en nous.
Tout l’art de la vie chrĂ©tienne, c’est d’apprendre Ă ce que nos Ĺ“uvres deviennent le fruit de l’Esprit… alors que naturellement, notre vie est le fruit de nos pulsions et de nos envies, pas toujours saintes. C’est un combat de tous les jours, dans le quotidien. Mais c’est une lutte qui en vaut la peine parce qu’ils sont beaux les fruits produits par l’Esprit, et ils sont bons pour nous et ceux qui nous entourent.
Dans le quotidien
La force de ce texte, c’est de nous parler du quotidien de la vie dans l’Esprit saint. On a quittĂ© le cĂ´tĂ© spectaculaire de l’Ă©vĂ©nement de la PentecĂ´te pour la banalitĂ© du quotidien et de ses luttes. Un quotidien qui peut ĂŞtre sombre ou lumineux, selon que s’exprime la chair ou l’Esprit. Car notre vie est tiraillĂ©e entre ces deux pĂ´les. Entre ce que nous sommes encore (les Ĺ“uvres de la chair) et ce que Dieu par son Esprit veut faire de nous (le fruit de l’Esprit).
Comme le dit l’apĂ´tre Paul, les Ĺ“uvres de la chair, on les connaĂ®t. Et pas seulement chez les autres ! Cette liste nous est familière… On ne les rencontre bien-sĂ»r pas toutes en mĂŞme temps chez la mĂŞme personne ou dans la mĂŞme Église ! Mais on les connaĂ®t…
Ces « œuvres de la chair » qui sont aussi parfois notre quotidien, sont multiformes : sexuelles, spirituelles, relationnelles surtout. Elles se manifestent dans les comportements dĂ©pravĂ©s, conflictuels, excessifs qui n’affectent pas seulement ceux qui les commettent mais aussi ceux qui les subissent. Et elles se manifestent aussi, reconnaissons-le, dans nos Églises et dans nos vies.
Le fruit de l’Esprit, on l’oublierait presque. Parce qu’il n’a rien de spectaculaire et s’inscrit simplement dans notre quotidien. Franchement, il n’y a rien de surhumain dans l’amour, la joie, la paix, la patience, la bontĂ©, la bienveillance, la confiance, la douceur ou la maĂ®trise de soi. Rien de surhumain… et pourtant c’est si difficile de s’y tenir avec persĂ©vĂ©rance.
Et c’est bien dans notre quotidien que cela se joue. Cette liste du fruit de l’Esprit Ă©voque toutes des qualitĂ©s relationnelles. L’oeuvre du Saint-Esprit dans notre vie se manifeste dans la qualitĂ© de nos relations avec notre prochain. Les manifestations spectaculaires du Saint-Esprit ont Ă©tĂ© donnĂ©es parfois par Dieu dans l’histoire de son Église, Ă commencer par le jour de la PentecĂ´te. Mais l’enjeu principal de l’oeuvre de l’Esprit se joue dans notre quotidien, dans la banalitĂ© de notre vie de tous les jours.
Quand on nous regarde, quand on nous voit vivre au travail, avec les amis, dans notre famille, que voit-on ? Qu’est-ce qui caractĂ©rise notre relation Ă nos prochains ? Pas seulement le dimanche matin au culte mais aussi le lundi matin au bureau, le vendredi soir en rentrant Ă la maison ou le samedi après-midi dans nos loisirs ? C’est lĂ que se manifeste on non le fruit de l’Esprit…
Conclusion
L’Ă©vĂ©nement de la PentecĂ´te relatĂ© dans le livre des Actes des apĂ´tres est l’Ă©vĂ©nement fondateur de l’histoire de l’Église. Il est l’accomplissement de la promesse de JĂ©sus-Christ : ressuscitĂ© et assis auprès du Père, il envoie son Esprit pour ĂŞtre toujours avec nous.
Mais la rĂ©alitĂ© de la PentecĂ´te, pour nous aujourd’hui, se vit le plus souvent dans la banalitĂ© de notre quotidien. Un quotidien de luttes et de combat, car l’antagonisme entre la chair et l’Esprit est le lot de tous les chrĂ©tiens, jusqu’Ă notre dernier jour. Nous vivons dans une tension, source parfois de frustration, entre ce que nous sommes encore et ce que nous sommes appelĂ©s Ă devenir en Christ.
Mais notre quotidien est aussi fait de victoires, petites ou grandes, qui sont autant de marques de l’oeuvre en profondeur de l’Esprit de Dieu. C’est le fruit de l’Esprit, tĂ©moignage que le Christ vivant habite en nous.