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Se laisser déranger

Je vous propose ce matin de cheminer, pas à pas, avec le récit d’une rencontre de Jésus dans l’évangile selon Marc. Etape par étape, nous nous laisserons interpeller par le récit et nous en tirerons finalement quelques leçons, pour nous aujourd’hui. Le récit se trouve en Marc 10.46-52.

46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho, puis ils sortent de la ville avec une grande foule. Un aveugle appelé Bartimée, fils de Timée, est assis au bord du chemin, c’est un mendiant.

Vous avez remarqué ? Le mendiant de cette histoire a un nom… il s’appelle Bartimée. Pourtant, il n’y a rien de plus anonyme qu’un mendiant. Surtout au milieu d’une grande foule. Vous connaissez, vous, le nom des SDF que vous croisez sur les trottoirs près de chez vous ?

Un mendiant, en général on l’ignore, ou on lui donne une petite pièce en passant. Mais souvent, il nous dérange, il ne nous donne pas vraiment bonne conscience… Quand il n’y a pas de notre part un jugement : “ce n’est certainement pas un hasard s’il en est arrivé là !”

Mais le mendiant de notre histoire a un nom. Rien ne nous dit qu’il était particulièrement connu. Peut-être même que son nom n’est devenu connu qu’après cet épisode, à cause de ce qu’il a vécu… Mais pour tous les lecteurs de la Bible depuis près de 2000 ans, cet homme à la sortie de Jéricho s’appelle Bartimée, fils de Timée.

47 Quand il apprend que Jésus de Nazareth arrive, il se met à crier : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »
48 Beaucoup de gens lui font des reproches et lui disent : « Tais-toi ! » Mais l’aveugle crie encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! »

Bartimée a beau être aveugle, il n’est pas muet ! Il a même visiblement une voix qui porte, jusqu’à couvrir le bruit de la foule. Et ça dérange…

La réaction de la foule aux cris de Bartimée est symptomatique : “Tais-toi !” Ce n’est peut-être pas toute la foule qui s’exprime… mais c’est quand même “beaucoup de gens”. Et les autres n’en pensent sans doute pas moins !

Déjà quand il mendie au bord de la route, il dérange, mais il pourrait au moins faire profil bas et rester discret… Non, il crie et appelle Jésus. Quel culot ! On essaye de le faire taire et il crie encore plus fort ! Non, il ne se taira pas !

Il interpelle Jésus, il réclame sa compassion.

49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » Les gens appellent l’aveugle en lui disant : « Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! »

La foule essaye de faire taire Bartimée, Jésus, lui, est prêt à se laisser déranger par lui. Au milieu de la foule, sans doute bruyante, il entend Bartimée qui l’appelle. Alors il demande qu’on le fasse venir à lui. Il veut l’extraire de la foule, le sortir de son anonymat.

Ici, je m’amuse du changement d’attitude des gens. Avant, ils disaient tous à Bartimée de se taire. Maintenant, ils l’encouragent : « Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! » On ne peut pas faire confiance à une foule… c’est tellement versatile ! Mais au moins maintenant, leur attitude envers Bartimée est bien meilleure…

C’est l’accueil de Jésus qui fait passer les voix de la foule de “Tais-toi !” à “Courage ! Lève-toi !” Le regard qu’il porte sur Bartimée change l’attitude de la foule à son égard. C’est le regard que porte le Christ sur mon prochain qui devrait orienter mon attitude envers lui… alors que je peux facilement en rester à un regard de méfiance, de peur ou de jugement.

50 L’aveugle jette son manteau, il se lève d’un bond et il va vers Jésus.

Je vous rappelle qu’il est aveugle quand même ! Il jette son manteau, se lève d’un bond et va vers Jésus… et il n’y voit rien du tout !

Comment sait-il où est Jésus ? Est-ce que la foule le guide ? Ou se base-t-il sur la voix de Jésus qui l’appelle ? Je n’en sais rien…

En tout cas, il n’y a pas d’hésitation de sa part, et son enthousiasme impressionne. Il est aussi prompt à bondir vers Jésus qu’à crier jusqu’à ce qu’il soit entendu ! Quand on lui dit “Lève-toi”, il ne répond pas : “Mais je suis aveugle, je ne peux pas aller jusqu’à Jésus !” Il ne demande pas qu’on le conduise, ou qu’on demande à Jésus de venir lui-même…

Sans hésiter, il se lève ! Je ne suis pas sûr que nous ayons toujours le même enthousiasme à répondre à l’appel de Jésus… On dirait peut-être plutôt : une fois que je serai guéri, je me lèverai. Quand j’aurai retrouvé la vue, je répondrai. Quand j’aurai reçu une réponse à ma prière, quand j’y verrai parfaitement clair dans ma vie, pour mon avenir, alors je me lèverai…

51 Jésus lui demande : « Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Maître, fais que je voie comme avant ! »
52 Jésus lui dit : « Va ! Ta foi t’a sauvé ! » Aussitôt l’aveugle voit comme avant et il se met à suivre Jésus sur le chemin.

Non mais c’est quoi cette question de Jésus ? Franchement, ce n’est pas évident ce que veut Bartimée ? Jésus est en train de demander à un aveugle ce qu’il veut qu’il fasse pour lui…

Notez que la réponse de Bartimée (“Maître, fais que je voie comme avant !”) nous apprend qu’il a perdu la vue : il n’est donc pas aveugle de naissance. Jusqu’ici c’était un mendiant perdu dans la foule, maintenant on apprend un peu de son histoire. Le mendiant anonyme est en train de devenir Bartimée. Jésus ne veut pas seulement le guérir, accomplir un miracle. Il veut que Bartimée retrouve sa dignité, que la foule cesse de le voir seulement comme un mendiant…

Mais Jésus va bien le guérir. Et sur la base de sa foi : “ta foi t’a sauvé !” Mais est-ce qu’il ne va pas un peu vite ? De quelle foi parle-t-il ? Bartimée n’a pas fait une déclaration de foi en bonne et due forme, il n’a pas dit, comme Pierre, le bon élève : “Je crois que tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !” Bref, Bartimée n’a pas montré patte blanche évangélique !

Jésus voit au coeur, OK. Mais peut-être aussi la foi de Bartimée transparaît-elle dans son attitude : sa soif de rencontrer Jésus, son enthousiasme à répondre à son appel… D’ailleurs, une fois guéri, il suit Jésus. C’est bien l’attitude du disciple… Jésus n’en demandait pas plus. Nous, on en aurait peut-être demandé plus !
Relisons le récit :

Marc 10.46-52
46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho, puis ils sortent de la ville avec une grande foule. Un aveugle appelé Bartimée, fils de Timée, est assis au bord du chemin, c’est un mendiant.
47 Quand il apprend que Jésus de Nazareth arrive, il se met à crier : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! »
48 Beaucoup de gens lui font des reproches et lui disent : « Tais-toi ! » Mais l’aveugle crie encore plus fort : « Fils de David, aie pitié de moi ! »
49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » Les gens appellent l’aveugle en lui disant :
« Courage ! Lève-toi, il t’appelle ! »
50 L’aveugle jette son manteau, il se lève d’un bond et il va vers Jésus.
51 Jésus lui demande : « Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Maître, fais que je voie comme avant ! »
52 Jésus lui dit : « Va ! Ta foi t’a sauvé ! » Aussitôt l’aveugle voit comme avant et il se met à suivre Jésus sur le chemin.

Se laisser déranger

L’attitude de Jésus, celle de la foule, l’enthousiasme de Bartimée… cet épisode nous interpelle.

Il y a, d’abord, cette figure du mendiant, qui dérange… et qui fait tout pour déranger la foule par ses cris qu’on cherche à étouffer. Et, en contraste, l’accueil de Jésus qui se laisse déranger, et qui arrive à faire changer d’attitude à la foule.

Quel est l’accueil que nous réservons à ceux qui nous dérangent, dans notre vie, dans notre Eglise ?

Dans notre quotidien, il y a tant de personnes qu’il est tellement facile d’ignorer… parmi nos voisins, nos collègues de travail ou d’étude, ceux que nous croisons parfois tous les jours. On ne s’en rend même plus compte. On les ignore même, parfois, quand ils font appel à nous. Leurs appels ne sont pas toujours aussi explicites que les cris de Bartimée… Mais on peut facilement ne plus être capable d’entendre leur appel, parce qu’on est trop préoccupé par nos soucis, notre zone de confort, notre bien-être, notre vie privée, notre équilibre… Parce qu’on n’est pas prêt à se laisser déranger.

La même question, nous pouvons nous la poser en tant qu’Eglise… En théorie, bien-sûr, notre Eglise est ouverte, nous accueillons tout le monde. En théorie… Mais en pratique ?Allez-vous à la rencontre de ceux qui sont là pour la première fois ? Vous n’êtes peut-être pas très à l’aise pour parler, mais vous pouvez au moins dire bonjour, accorder un regard bienveillant et accueillant. Et cela, y compris s’ils n’ont pas le code vestimentaire évangélique : une jupe trop courte à notre goût, un tatouage ou un piercing trop voyant. Ils ne sont peut-être pas très à l’aise, pas souriants, ils ne connaissent peut-être rien aux codes évangéliques, à ce qu’il faut dire, ce qu’il faut faire quand on vient dans une église, ils n’ont rien à voir avec le « chrétien moyen » qui, lui, ne nous dérange pas du tout… On est tellement prompt à juger, à enfermer dans des cases, à se laisser piéger par des a prioris !

Jésus, lui, s’est laissé déranger par Bartimée. On est frappé, dans les évangiles, par sa disponibilité, l’accueil qu’il réservait à tous, les invitations auxquelles il répondait, au risque de se faire critiquer par les chefs religieux bien pensant. On est frappé par son accueil bienveillant, sans jugement, et sa capacité à discerner la foi là où elle n’est pas toujours évidente pour nous.

Jésus est l’expression de la grâce de Dieu, qui accueille tous ceux qui viennent à lui. Il est venu pour cela ! C’est pour cela que le Fils de Dieu est devenu homme : pour venir à notre rencontre, jusque dans sa mort. Et sa résurrection nous ouvre les portes d’une espérance éternelle, dans une rencontre toujours renouvelée avec le Dieu de grâce.

Et heureusement qu’il en est ainsi, car comment pourrions-nous espérer être accueilli par lui aujourd’hui s’il ne nous accueillait pas avec grâce ? Et si nous sommes ses disciples, alors laissons-nous inspirer par son exemple d’accueil et de grâce. Comme lui, laissons-nous déranger. Et ouvrons-nous à des rencontres surprenantes, au-delà de nos a prioris et nos jugements.

Motivés par l’essentiel (5) Formés pour servir Dieu

 

Ne vous arrive-t-il pas, parfois, d’avoir l’impression de perdre votre temps ? Et je ne parle pas seulement des moments où vous faites la queue dans une administration pour remplir tel ou tel formulaire et qu’il vous manque toujours un document pour finaliser le dossier ! Je parle de ce sentiment de ne pas être à sa place, et qui crée de la frustration, du découragement, de la fatigue. Un sentiment que vous pouvez ressentir dans votre vie de tous les jours, dans votre travail ou même dans l’Eglise !

Par exemple, lorsque vous êtes mis au placard dans votre entreprise, parce que la direction ne peut pas vous licensier mais qu’elle vous attribue un poste où vous êtes payé pour ne rien faire… Ou quand vous faites partie d’un groupe mais que vous y êtes réduit à un rôle de spectateur, soit parce que vous ne comprenez pas grand chose à ce qui s’y vit, soit parce que vous n’êtes jamais intégré dans la vie du groupe. Et ce groupe peut d’ailleurs aussi être une Eglise…

On entend assez souvent les chrétiens se demander : “Quelle est la volonté de Dieu pour ma vie ?” En réalité, si on est honnête, je crois qu’il faut surtout entendre derrière cette question très spirituelle, une question existentielle : “A quoi je sers ?” ou une question plus pragmatique : “En quoi puis-je être utile ?” Et c’est une question qui se pose plusieurs fois dans notre vie, avec une nuance : “Est-ce que je suis encore à ma place ? Est-ce que je ne serais pas plus utile ailleurs ?”

Ces questions, ainsi formulées, sont légitimes. Car pour que notre vie, notre engagement, ait un sens, nous avons besoin de nous sentir utiles. Nous avons besoin de comprendre pourquoi nous faisons telle ou telle chose. Et le fait de savoir que ce que nous faisons correspond bien à ce que Dieu attend de nous contribue évidemment à se sentir utile !

Nous retrouvons les mêmes préoccupations dans ce que l’apôtre Paul écrivait aux chrétiens d’Ephèse :

Ephésiens 2.8-10
En effet, vous êtes sauvés grâce à la bonté de Dieu, et parce que vous croyez. Cela ne vient pas de vous, c’est Dieu qui vous donne le salut .
Ce salut ne vient pas de vos actions à vous, donc personne ne peut se vanter !
Oui, c’est Dieu qui nous a faits. Il nous a créés dans le Christ Jésus pour que nous menions une vie riche en actions bonnes. Et ces actions, Dieu les a préparées pour que nous les fassions.

Le salut et les oeuvres

Il y a, dans ces quelques versets, plusieurs concepts clés de l’Evangile : le salut, la foi, la grâce, les oeuvres… Et il y a notamment cette formule étonnante où l’apôtre Paul parle des actions bonnes, ou des oeuvres bonnes, que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.

Il le rappelle clairement, ce ne sont pas nos oeuvres qui nous sauvent. C’est Dieu qui nous sauve, pas ce que nous pouvons faire ou mériter. Nous sommes sauvés parce que Jésus-Christ est mort et ressuscité ! Son pardon nous est offert, la vie éternelle nous est acquise. C’est une donnée fondamentale de l’Evangile. Mais ça ne signifie pas que les oeuvres, les bonnes actions, ne sont pas notre affaire !

Les œuvres ne sont pas à l’origine de notre salut mais elles font bien partie de la dynamique du salut. Il faut absolument sortir d’une compréhension statique du salut qui voudrait qu’être sauvé, c’est échapper au jugement de Dieu, assurer sa place au Paradis ! Si votre conception du salut s’arrête là, quelle tristesse !

Le salut, c’est toute l’oeuvre de restauration de Dieu en nous. Une restauration qui est un don de Dieu, une grâce que nous recevons. Et cette grâce, elle nous transforme et elle crée en nous des oeuvres bonnes, elle nous poussent à agir, à servir. L’oeuvre restauratrice de Dieu se manifeste aussi en nous par des oeuvres bonnes.

Dans ces versets, l’apôtre Paul compare le salut à une oeuvre de création : “Dieu nous a créés dans le Christ Jésus.” C’est une autre façon de dire “Dieu nous a sauvés”, c’est le début d’une vie nouvelle. Mais depuis quand un bébé reste-t-il un bébé toute sa vie ? Un bébé ne fait pas grand chose, à part manger, faire pipi, dormir et pleurer. Et on peut être chrétien et ne pas en faire beucoup plus qu’un bébé !

Si Dieu nous a créés en Christ, c’est pour que nous vivions, pour que nous grandissions, pour que nous agissions ! C’est donc tout à fait légitime de se poser la question : “qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Que veut-il que je fasse ?” Et se demander “à quoi je sers ?”, “en quoi puis-je être utile” est une démarche très spirituelle.

Les oeuvres que Dieu a préparées

Mais que sont donc ces “oeuvres que Dieu a préparées” ?

Ce n’est certainement pas une sorte de planning personnalisé que Dieu aurait préparé pour chacun de nous, et qu’il nous faudrait discerner, ou deviner, pour l’accomplir. Ce n’est pas une liste de tâches qu’il faudrait avoir entièrement cochée pour avoir réussi sa vie aux yeux de Dieu !

L’Evangile nous libère du poids de notre salut : ce ne sont pas nos oeuvres qui nous sauvent mais la grâce de Dieu. Ça n’est pas pour nous remettre sous un autre poids, en nous imposant le fardeau d’oeuvres à accomplir pour réussir notre vie.

Il faut voir dans ces paroles de l’apôtre Paul une promesse. Celle d’un Dieu qui ne nous laisse pas seul dans la mise en oeuvre de notre salut. Un Dieu qui nous prend par la main et qui préparent toutes choses pour nous permettre d’accomplir ses oeuvres bonnes. Il me semble qu’on peut le comprendre de deux façons au moins :

  • D’une part que Dieu va nous préparer, nous rendre capable d’accomplir ces œuvres, parce qu’il nous a créés pour ça en Christ !
  • D’autre part qu’il va préparer les conditions et les circonstances qui vont nous permettre d’accomplir les oeuvres qu’il a prévues pour nous.

Bref, Dieu rend possible, dans notre vie, la mise en pratique de son oeuvre de restauration. Et cela aussi, c’est le fruit de sa grâce !

C’est pourquoi dans le processus de discernement auquel nous sommes appelés, je vois une double mouvement, une double dynamique dans laquelle entrer.

La première dynamique me pousse vers les autres et vers mon environnement. Là où je suis, là où je vis. Je vais être attentif aux circonstances de ma vie, aux besoins qui se manifestent autour de moi, aux rencontres que je vais faire. Les questions que je vais me poser seront alors : “Quels sont les besoins de ceux que je côtoie au quotidien ?”, “Dans quels services a-t-on besoin d’aide autour de moi, ou dans l’Eglise que je fréquente ?”

La deuxième dynamique me pousse vers Dieu et vers moi-même. En approfondissant ma relation avec mon Créateur et Sauveur, je vais apprendre à mieux le connaître et par la même occasion, à mieux me connaître moi-même. Et je vais écouter mon coeur, là où l’Esprit de Dieu est venu faire sa demeure. Je vais être attentif à mes aspirations, à ce qui me fait vibrer, à ce que Dieu prépare dans mon coeur.

Et il peut arriver que les besoins autour de moi et les aspirations de mon coeur se rejoignent. C’est l’idéal. Et là, on n’a pas le droit d’hésiter et d’attendre ! Tous les voyants sont au vert : il faut foncer ! Mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois, ce sont les besoins autour de moi qui prévaudront et me pousseront au service. Et il faudra accepter d’être patient avec certaines aspirations de notre coeur, qui ne se concrétiseront pas tout de suite dans un service…

Même si Dieu prépare des oeuvres bonnes pour que nous les pratiquions, il ne faut pas s’attendre à ce que tout nous tombe du ciel, de façon évidente. Il est de notre responsabilité d’être attentif aux autres et à notre environnement, et d’écouter Dieu, et notre coeur.

Conclusion

Dieu ne veut pas que vous vous sentiez inutile. Il ne veut pas que vous perdiez votre temps, que vous ne vous sentiez pas à votre place. Il vous a créé en Jésus-Christ pour que votre vie soit riche en oeuvres bonnes, en actions utiles, pour votre prochain, pour Dieu lui-même !

C’est pourquoi, par sa grâce il vous a sauvé. Et par sa grâce, il a préparé, en vous et autour de vous, les oeuvres que vous allez pratiquer. Alors soyez attentif aux besoins autour de vous et écoutez votre coeur. Dieu vous appelle à vous mettre au service !

Motivés par l’essentiel (1) Conçus pour le plaisir de Dieu

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/motives

Si vous deviez estimer la part que l’adoration prend dans votre journée, quel pourcentage donneriez-vous ? Soyez honnêtes ! Enlevons 8 heures de sommeil, il reste 16 heures dans la journée… presque 1000 minutes. Ca ferait quel pourcentage pour l’adoration ? 1% ? 5 % ? Plus ?

Pour l’apôtre Paul, le pourcentage que nous devrions viser n’est pas de 1%, 5 %, ni même 10 % de notre vie mais 100 % !

Romains 12.1-2
1 Frères et sœurs chrétiens, Dieu est plein de bonté pour nous. Alors, je vous demande ceci : offrez-lui votre personne et votre vie, c’est le sacrifice réservé à Dieu et qui lui plaît. Voilà le vrai culte que vous devez lui rendre. 2 Ne suivez pas les coutumes du monde où nous vivons, mais laissez Dieu vous transformer en vous donnant une intelligence nouvelle. Ainsi, vous pourrez savoir ce qu’il veut : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.

En nous exhortant à offrir notre personne et notre vie comme un sacrifice à Dieu, Paul nous invite à faire de toute notre vie une adoration à Dieu. C’est du 100 % ! Mais comment est-ce possible ?

Un sacrifice vivant

Il faut mesurer combien l’appel de l’apôtre Paul dans ces deux versets est radical. On pourrait même se demander s’il ne pousse pas le bouchon un peu loin quand même ! Offrir notre vie entière comme sacrifice à Dieu, ce n’est pas rien… On ne parle pas ici de consentir dans notre vie à quelques sacrifices, comme donner une part de ses biens à ceux qui en ont besoin ou renoncer aux grasses matinées le dimanche pour aller au culte !

L’apôtre Paul ne nous appelle pas seulement à faire des sacrifices mais à offrir notre vie entière comme un sacrifice à Dieu. Il utilise ici un vocabulaire lié au temple (sacrifice, culte…) tout en parlant de notre vie entière. Littéralement, il invite à “offrir notre corps comme un sacrifice vivant”. On est bien dans la métaphore du sacrifice offert au temple mais il s’agit ici de vivre et non pas de mourir. Le sacrifice que Dieu attend de nous, c’est notre vie toute entière. Le culte, l’adoration, ne concerne pas que le temple ou l’église. Tout, dans notre vie, est appelé à être adoration de Dieu !

Et quand Paul dit que c’est ce qui est agréable à Dieu, ce qui lui plaît, ce n’est pas comme s’il parlait du bon plaisir du roi qui peut demander tout et n’importe quoi à ses sujets. Il ne s’agit pas de satisfaire ses caprices ! Dieu n’est pas un enfant gâté qui pique une crise si les chrétiens ne l’adorent pas assez ou ne le servent pas comme il faut !

Dieu nous aime et prend plaisir à l’adoration de ses créatures. Il nous a créés à son image, pour que nous soyons en relation avec lui. En faisant de notre vie une adoration de Dieu, nous retrouvons l’intention première de Dieu pour nous, le sens profond de notre vie. Quand vous aimez quelqu’un, vraiment, vous n’avez envie que d’une chose : lui faire plaisir ! Il en est de même dans notre relation avec Dieu. Il s’agit de trouver notre plaisir dans le plaisir de Dieu.

Tout est adoration

Pour le croyant, tout est donc adoration. Ou tout devrait l’être… parce que, avouons-le, ce n’est pas si simple que ça à vivre ! Pourtant il s’agit bien d’un concept clé pour comprendre la vie chrétienne.

Le risque si on l’oublie, c’est d’avoir une vie compartimentée : l’adoration est confinée au dimanche ou au temps de prière et de méditation personnelle, le reste, c’est du boulot, des loisirs, des corvées… mais pas de l’adoration ! L’adoration, c’est quand je chante des cantiques, quand je prie, quand je lis la Bible. Pas quand je suis au bureau, quand je passe l’aspirateur à la maison ou quand je fais du sport… à la rigueur quand je fais du bien à mon prochain !

Mais offrir toute notre vie comme un sacrifice à Dieu, ça concerne… toute notre vie ! Et ça impacte aussi ma vie de prière : si l’adoration vécue le dimanche matin au culte, et la prière personnelle vécue avec Dieu, sont complètement coupées de ma vie quotidienne, je suis à côté de la plaque !

Et le problème avec cette vision étriquée de l’adoration, c’est quand on veut essayer d’instiller artificiellement de l’adoration dans notre vie quotidienne. Alors, pour se donner bonne conscience, on place des références bibliques dans toutes ses discussions, on s’efforce de toujours bien montrer qu’on est un bon chrétien et on met le Seigneur à toutes les sauces dans ses paroles… C’est ce que j’appelle des bondieuseries évangéliques ! Ça sonne faux…

A l’extrême inverse, il ne faut pas diluer l’adoration dans une réalité floue qui n’engage plus vraiment, et qui pourrait même conduire, à la limite, à ne plus prier. Si tout est adoration, est-ce vraiment utile de prier et d’aller au culte le dimanche ? Je peux bien adorer Dieu chez moi, dans mon lit, ou allongé sur la plage !

Mais nous n’adorons pas Dieu à notre insu… L’adoration demande qu’on se tourne consciemment vers Dieu, qu’on fasse l’effort de chercher à lui faire plaisir. En toutes circonstances. En fait, si mon désir n’est pas que ma vie toute entière fasse plaisir à Dieu, mon Créateur et mon Sauveur, celui qui a tout donné pour moi en son Fils Jésus-Christ, c’est que je n’ai pas encore vraiment compris l’amour de Dieu pour moi…

Un besoin de transformation

Même si l’appel est là, Paul ne pense pas que c’est du tout cuit ! Loin de là. En réalité, l’adoration dont il est question, dans toutes ses dimensions, ne nous est pas naturelle. Pour y arriver vraiment, il faut nous laisser transformer par Dieu : “laissez Dieu vous transformer !”

L’enjeu, c’est de ne pas suivre les coutumes du monde. Ou, de façon plus littérale, de ne pas se conformer au monde présent. Mais attention, il ne faut pas croire que ces “coutumes” ou ce “monde” dont parle Paul seraient ce qui vient de l’extérieur et qui risque de nous contaminer. Les “coutumes du monde”, c’est notre façon naturelle de vivre ! La frontière du “monde” passe par notre coeur. La preuve : pour échapper à leur influence, il faut que notre intelligence, notre façon de penser, soit transformée. Si le problème venait de l’extérieur, on n’aurait pas besoin d’une transformation intérieure !

Paul assume ainsi que sans une transformation de notre intelligence, nous ne sommes pas capables de savoir ce que Dieu veut, et donc comment lui faire plaisir. Pour que notre vie soit une adoration, il faut que dans notre coeur il y ait une transformation. Il me semble donc que Paul parle ici d’une discipline de vie dont les effets se mesurent dans la durée. Cette transformation dont parle l’apôtre, c’est l’oeuvre de Dieu tout au long de notre vie chrétienne.

C’est un vrai défi à relever. Car il y a, c’est vrai, des domaines de notre vie où il est facile de percevoir une dimension d’adoration et d’autres où c’est moins évident… La question que nous sommes toujours appelés à nous poser est celle-ci : comment ce que je fais et ce que je vis dans mon quotidien peuvent-ils être adoration de Dieu ?

Des activités créatrices ou solidaires peuvent facilement être perçues comme des expressions de l’image de Dieu en nous, une façon d’honorer le Dieu Créateur et amour.

Un esprit de service dans les tâches pratiques, le souci du travail bien fait peuvent aussi être une façon d’honorer Dieu, y compris dans les choses concrètes du quotidien. Les intentions donnent de la valeur à nos actes. Et Dieu connaît notre coeur !

Même le repos (pas la paresse !) fait partie de ce que Dieu veut pour nous : la 4e parole du Décalogue concerne le sabbat ! Certes, il permet la contemplation qui est une forme d’adoration. Mais le sabbat nous rappelle aussi que notre valeur devant Dieu ne dépend pas de ce que nous produisons… Vivre la gratuité, c’est vivre quelque chose de la grâce. Nous n’avons pas besoin d’être “utile” pour adorer Dieu. Voyez dans les évangiles la femme qui verse le parfum sur Jésus. Les disciples le lui reprochent en disant que ça aurait été plus utile de le vendre pour donner l’argent aux pauvres… mais Jésus honore cette femme pour ce qu’elle a fait : une geste généreux d’adoration.

Conclusion

Dieu attend 100 % de notre vie parce qu’il s’est donné à 100 % pour nous en Jésus-Christ ! On ne peut pas se satisfaire de demies mesures… Toute notre vie est appelée à être adoration.

Mais pour arriver à 100 %, ou au moins s’en rapprocher, il faut élargir notre vision de l’adoration. Et pour cela, laisser Dieu nous transformer de l’intérieur pour comprendre comment faire de notre quotidien, et pas seulement des temps explicitement spirituels, une adoration de Dieu.

L’appel de l’apôtre Paul, c’est que nous ayons une vie qui cherche toujours à faire plaisir à Dieu, dans laquelle notre plaisir est de faire plaisir à Dieu.

L’approbation de Dieu et/ou celle des hommes

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/lapprobation-de-dieu-et-ou

Deutéronome 4.1-8
1 Moïse dit : Et maintenant, Israélites, écoutez les lois et les règles que je vous enseigne pour que vous leur obéissiez. Ainsi, vous vivrez et vous pourrez posséder le pays que le SEIGNEUR, le Dieu de vos ancêtres, vous donne. 2 N’ajoutez rien aux commandements que je vous communique de la part du SEIGNEUR votre Dieu. N’enlevez rien non plus, mais respectez tous ces commandements. 3 Vous avez vu vous-mêmes ce que le SEIGNEUR votre Dieu a fait dans l’affaire du dieu Baal de Péor. Il a tué tous ceux du peuple qui avaient suivi ce faux dieu. 4 Mais vous, vous êtes restés attachés au SEIGNEUR votre Dieu, et vous êtes tous vivants aujourd’hui.
5 Voyez, je vous enseigne des lois et des règles, comme le SEIGNEUR mon Dieu me l’a ordonné. Quand vous serez entrés dans le pays que vous allez posséder, obéissez à ces lois et à ces règles. 6 Si vous les gardez et si vous leur obéissez, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents. En effet, quand ils connaîtront toutes ces lois ils diront :
« Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans ce grand peuple ! » 7 Chaque fois que nous appelons à l’aide le SEIGNEUR notre Dieu, il est vraiment proche de nous. Est-ce qu’il y a un autre peuple, même parmi les plus grands, qui a des dieux aussi proches ? 8 L’enseignement que je vous présente aujourd’hui contient des lois et des règles très justes. Est-ce qu’il y a un autre peuple, même parmi les plus grands, qui a des lois et des règles aussi justes ?
Je suis un petit peu actif sur les réseaux sociaux… Et j’avoue que quand j’écris un post sur facebook ou twitter, je me demande toujours si je vais avoir beaucoup de like et qui va me retweeter. Et je regarde régulièrement, sur mon ordinateur ou mon smartphone, si j’ai de nouvelles notifications. Rassurez-vous, ce n’est pas une obsession, ce n’est pas ma raison de vivre. Je ne suis pas accroc. Enfin pas complètement… Les réseaux sociaux accentuent, sans doute à l’excès, cette course à l’approbation… ou à la provocation.

Je ne sais pas comment vous vous situez par rapport au regard des autres, quelle importance vous donnez à l’opinion que les gens ont de vous. Mais ne me dites pas : “je me fiche pas mal de ce que les gens pensent de moi.” J’aurais vraiment du mal à le croire…On vit tous, au moins en partie, à travers le regard des autres.On a tous besoin du regard approbateur, au moins de ceux qu’on aime… et sans doute plus largement encore.

D’ailleurs, en tant que croyant, il me paraît tout à fait légitime de nous soucier de ce que les gens pensent de nous. C’est une question de témoignage : notre vie, notre comportement, nos paroles peuvent être des obstacles ou au contraires des atouts dans notre témoignage au nom de l’Evangile. Alors ce qu’ils pensent de nous compte dans cette perspective !

C’est cette corde sensible de la réputation que Moïse fait vibrer dans notre texte : “Si vous gardez (ces commandements) et si vous leur obéissez, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents. En effet, quand ils connaîtront toutes ces lois ils diront : « Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans ce grand peuple ! »” (v.6)

Et là je me demande, si on transpose ce verset dans notre cas, retrouverait-on la même approbation ? Quelle sagesse, quelle intelligence chez ce croyant, cette croyante ! Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans cette Eglise ! Est-ce vraiment cela que les gens disent de nous ?

Evidemment, on pourrait aussi s’étonner de l’importance que Moïse donne au regard des autres peuples… Le plus important n’est-il pas d’avoir l’aprobation de Dieu, parfois au détriment de l’approbation des autres ? Ne faut-il pas préférer l’approbation de Dieu à celle des hommes ?

Voilà la question que nous pose ce texte : faut-il forcément mettre en tension, voire en opposition, l’approbation de Dieu et celle des hommes ?

L’approbation de Dieu, d’abord

Il faut bien-sûr le dire : l’approbation de Dieu est première. Les commandements dont parle Moïse viennent de lui, ce sont ses promesses qui y sont associées. Et Moïse rappelle un épisode douloureux de l’histoire des Hébreux, avec l’affaire du Baal de Péor. Cet épisode, relaté dans le livre des Nombres (Nb 25.1-15), évoque comment les Israélites se sont laissés entraînés à la débauche et à l’idolâtrie, et comment le jugement de Dieu s’est abattu sur son peuple tombé dans le chaos. Cet épisode qui a fait des milliers de morts rappelle l’importance de la loyauté au Seigneur. Car l’idolâtrie, c’est un problème de loyauté, qui entraîne la désapprobation de Dieu.

L’approbation de Dieu, c’est donc la priorité absolue. Et le moyen d’avoir l’approbation de Dieu se trouve dans l’obéissance à ses commandements. A tous les commandements. “N’ajoutez rien aux commandements que je vous communique de la part du SEIGNEUR votre Dieu. N’enlevez rien non plus, mais respectez tous ces commandements.” (v.2)

Et ne faisons pas le raccourci de dire trop vite : “ça c’était l’Ancien Testament, maintenant c’est différent”. Jésus a dit explicitement qu’il n’était pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. Il a dit clairement que pas un seul trait de lettre de la Loi ne devait disparaître. L’amour pour Dieu et l’amour du prochain que Jésus place au sommet de la Loi ne remplacent pas les commandements de l’Ancien Testament, ils les accomplissent.

Le problème, ce ne sont pas les commandements de Dieu, c’est ce que nous en faisons. Toute une partie du Sermon sur la Montagne montre comment Jésus cherche à “rectifier le tir”, corriger ce que les chefs religieux ont fait des commandements de Dieu, en les développant, ou en les tordant, ou en les restreignant… pour revenir au coeur de la loi. Et Jésus montre qu’il ne s’agit pas d’avoir une obéissance servile, sans réflexion, mais une obéissance à ses principes de vie. C’est la distinction entre la lettre et l’esprit, pour utiliser le langage de l’apôtre Paul.

Ce qui a changé, c’est qu’on ne cherche plus dans l’obéissance aux commandements une voie de salut. Le salut nous est acquis par le sacrifice de Jésus-Christ qui, lui, a parfaitement accompli la Loi. Mais aujourd’hui comme hier, le croyant est appelé sans cesse à se demander ce que Dieu attend de lui, comment lui faire plaisir. A chercher l’approbation de Dieu, d’abord.

Une bonne réputation réputation, aussi

Pour autant, cela signifie-t-il que l’approbation des hommes n’a aucune importance ? Certainement pas. On l’a dit, il y a là un enjeu pour le témoignage. Notre réputation, le regard que les autres posent sur nous, peuvent nous ouvrir ou nous fermer des portes dans notre témoignage à l’Evangile.

D’ailleurs, dans le Nouveau Testament, la “bonne réputation”, y compris parmi les non croyants, est même perçue parfois comme une qualité spirituelle. Ne la trouve-t-on pas dans la liste des qualités requises pour les responsables d’Eglise ? 1 Timothée 3.7 : “Il faut aussi que ceux du dehors lui rendent un beau témoignage…” (Nouvelle Bible Segond) ou comme le traduit la version Parole de Vie : “Il faut aussi que les non-chrétiens pensent du bien de ce responsable.” Et dans le portrait de la première Eglise, à Jérusalem, au lendemain de la Pentecôte, le livre des Actes des apôtres dit des chrétiens qu’il “louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple” (Actes 2.42).

Demandons-nous toujours, quand on nous accuse d’être moralisateurs, réactionnaires, coincés, rabat-joie, présomptueux, etc… si ce n’est pas vrai, au moins en partie ! Ce n’est pas forcément le cas… mais, honnêtement, est-ce que ça ne peut pas l’être un peu quand même, parfois ? La Parole de Dieu est une parole de vie qui libère. Et un croyant qui vit selon les principes de Dieu devrait être un croyant qui donne envie de croire ! Et je ne suis pas sûr que ce soit toujours l’image que nous renvoyons du chrétien ou de l’Eglise…

Avoir une bonne réputation auprès des non-croyants ne doit certainement pas être notre but ultime. Sinon on peut s’exposer à de fâcheuses compromissions. Par souci de fidélité à Dieu, on peut être amené à écorner un peu notre image auprès des non-croyants. Mais si on veut être pertinents dans notre témoignage, accessibles à nos contemporains, capables d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, alors la façon dont les autres nous voient est importante.

Arrêtons de voir les commandements de Dieu comme des prescriptions qui nous mettront toujours en porte à faux avec les non-croyants. Ça peut arriver, bien-sûr. Mais l’amour du prochain, qui est au coeur de la Loi, le respect de la vie, le souci des plus faibles, l’écoute, le service, la solidarité qui s’expriment dans de si nombreux commandements bibliques, surtout quand ils sont vécus comme Jésus les a vécus, croyez-moi, c’est reconnu et apprécié par nos contemporains ! Mais il faut que nous les vivions vraiment !

Conclusion

Faut-il donc forcément mettre en tension, voire en opposition, l’approbation de Dieu et celle des hommes ? Dans certains cas, oui, évidemment. On en a des exemples dans l’histoire biblique et dans toute l’histoire de l’Eglise, jusqu’à aujourd’hui. Si pour être approuvé des autorités d’un pays il faut renier sa foi chrétienne, alors clairement l’approbation de Dieu est plus importante que l’approbation des hommes !

Mais bien souvent, nous n’avons pas à les opposer. En particulier dans un pays comme le nôtre… Et le premier adversaire qui nous met au défi de la fidélité à Dieu n’est pas la plupart du temps l’autre qui ne partage pas ma foi, mais plutôt moi-même, dans ma difficulté à vivre pleinement les commandements de Dieu à l’image de Jésus-Christ.

Le croyant ne vit pas sa vie chrétienne seul devant son Dieu, il la vit avec des frères et soeurs en Christ, et en relation avec son prochain, quel qu’il soit. Et pour que ces relations soient fécondes, porteuses de foi, d’espérance et d’amour, il faut bien aussi se préoccuper de ce que les autres pensent de nous. D’autant que, parfois, cela permet aussi de mettre en lumière chez nous des travers qu’il nous faut bel et bien corriger.

Jonas – épisode 4

https://soundcloud.com/eel-toulouse/jonas-episode-4

Résumé des épisodes précédents : Au VIIIe siècle avant J-C, alors que l’Assyrie terrifie toute la région, le Seigneur envoie son prophète Jonas annoncer la destruction de Ninive, la capitale assyrienne. Contre toute attente, Jonas refuse d’obéir à Dieu et prend un bateau pour Tarsis, aux antipodes de Ninive. Il faut que le Seigneur déclenche une tempête et suscite un grand poisson qui engloutit Jonas pour faire entendre raison au prophète. Une fois recraché sur la terre ferme, Jonas se voit confier à nouveau la même mission par le Seigneur… et cette fois il obéit. Mais il n’a pas fini de parcourir Ninive en annonçant sa destruction qu’un grand mouvement de repentance gagne toute la ville, jusqu’au roi. Et, surprise, Dieu renonce alors à la destruction de Ninive !

Le livre de Jonas aurait pu s’arrêter au troisième épisode, sur un happy end… Toute une ville qui se repent grâce à la proclamation de Jonas : c’est le rêve de tout prophète ou de tout prédicateur ! Mais on n’est jamais au bout de nos surprises avec Jonas… Nous allons le voir avec ce quatrième et dernier épisode.
Lecture biblique : Jonas 4

1 Jonas n’est pas content du tout, vraiment pas du tout. Il se met en colère. 2 Il fait cette prière au SEIGNEUR : « Ah ! SEIGNEUR, je le savais bien quand j’étais encore dans mon pays. C’est pourquoi je me suis dépêché de fuir à Tarsis. Je le savais bien, tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d’amour, et tu regrettes tes menaces. 3 Maintenant, SEIGNEUR, laisse-moi mourir. Oui, je préfère la mort à la vie. »
4 Le SEIGNEUR répond à Jonas : « Est-ce que tu as raison de te mettre en colère ? »
5 Jonas sort de la ville et il s’arrête à l’est de Ninive. Là, il se construit un abri et s’assoit dessous, à l’ombre. Il veut voir ce qui va se passer dans la ville. 6 Alors le SEIGNEUR Dieu fait pousser une plante au-dessus de Jonas. De cette façon, il aura de l’ombre et sera guéri de sa mauvaise humeur. Jonas est rempli de joie à cause de la plante. 7 Mais le jour suivant, un peu avant le lever du soleil, Dieu envoie un ver. Le ver pique la plante, et la plante sèche. 8 Puis, quand le soleil se lève, Dieu envoie de l’est un vent brûlant. Le soleil tape sur la tête de Jonas. Il va bientôt s’évanouir. Alors il souhaite la mort et dit : « Je préfère la mort à la vie. »
9 Dieu demande à Jonas : « Est-ce que tu as raison de te mettre en colère à cause de cette plante ? »
Jonas répond : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère et de souhaiter la mort ! »
10 Le SEIGNEUR lui dit : « Toi, tu as pitié de cette plante. Pourtant, elle ne t’a demandé aucun travail. Ce n’est pas toi qui l’as fait pousser. En une nuit elle a grandi, en une nuit elle a séché. 11 À Ninive, il y a plus de 120 000 habitants qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. Il y a aussi beaucoup d’animaux. Alors, est-ce que je ne peux pas, moi, avoir pitié de cette grande ville de Ninive ? »
Jonas : un homme en colère

« Je le savais ! » Voilà la réaction de Jonas. « Je le savais et c’est pour ça que je ne voulais pas obéir ! »

Jonas est en colère. Il éclate. Ce qu’il tenait enfoui dans son coeur (et qui n’échappait pas à Dieu qui connaît notre coeur…), ce qu’il se retenait de dire jusqu’ici, il l’exprime enfin et on comprend enfin pourquoi il a voulu désobéir à Dieu !

Ce n’était pas parce qu’il ne comprenait pas pourquoi Dieu lui confiait cette mission. C’était au contraire parce qu’il le comprenait trop bien ! Jonas sait qui est le Seigneur. Sa confession de foi est parfaite : « tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d’amour, et tu regrettes tes menaces. » Et c’est justement ce que Jonas n’accepte pas : que Dieu puisse pardonner aux habitants de Ninive. Il ne supporte pas que Dieu soit bon et compatissant. Ou du moins que cette compassion s’exerce en faveur des habitants de Ninive ! Jonas voulait en quelque sorte décider qui a droit à la compassion de Dieu ou non. Et pour lui, Ninive n’y avait pas droit.

Ca ne vous est jamais arrivé d’avoir envie de « donner des conseils » à Dieu ? De vous dire que là, quand même, il devrait faire quelque chose, il devrait intervenir, il devrait répondre… Peut-être que vous ne l’avez pas fait avec la même véhémence que Jonas, peut-être vous êtes-vous contenté d’y penser, de façon implicite… Mais quand même…

L’histoire de Jonas nous enseigne que lorsque nous ne comprenons pas le Seigneur (et bien-sûr que ça arrive!), même lorsque ce qu’il fait (ou ne fait pas) nous paraît injuste, le problème ne vient pas de Lui mais de nous…
Une bonne leçon pour Jonas

Plutôt que de s’expliquer avec Jonas, d’argumenter pour se justifier, le Seigneur va lui donner une leçon. C’est le maître de la Création qui se manifeste une fois de plus : après la tempête et le grand poisson, il utilise une plante (un ricin), un ver et un vent d’est étouffant.

Il s’agit pour le Seigneur de confondre Jonas et de lui montrer l’absurdité de sa réaction. Il va donc faire en sorte que le prophète se mette en colère… à cause d’une plante ! Et la situation est cocasse : Jonas se met est en colère parce que Dieu détruit une plante alors qu’avant il était en colère parce que Dieu n’a pas détruit une ville entière ! En d’autres termes, il est capable de pitié (et encore, avec des motifs tout à fait égoïstes) pour une plante et il n’accepte pas que Dieu puisse avoir pitié de 120 000 hommes et femmes qui se repentent !!! Si Jonas trouve une raison (même égoïste) d’épargner une plante, ne peut-il pas trouver une raison d’épargner 120 000 êtres humains perdus ?

D’autant que, comme le dit le Seigneur, Jonas s’émeut pour une plante qu’il n’a pas fait pousser. Dieu, lui, a non seulement fait pousser le ricin mais il a aussi créé les habitants de Ninive… En réalité, si Dieu est bon avec les humains, toujours prêts à nous pardonner, c’est qu’il nous a créé et qu’il nous aime. Tout simplement…
Ce n’est pas à nous de dire à Dieu ce qu’il convient de faire ou non. C’est lui qui fait pousser, c’est lui qui crée, c’est lui qui est à l’origine de toutes choses et qui seul peut dire ce qui doit être détruit ou non. L’ironie de cette histoire, c’est que les hommes reprochent souvent à Dieu les malheurs et les catastrophes alors que Jonas reproche à Dieu sa bonté… Mais qui sommes-nous pour contester avec Dieu ?

En réalité, Jonas voulait un Dieu bon pour lui (n’oublions pas qu’il lui a donné une seconde chance et qu’il l’a secouru dans le ventre du poisson) mais implacable pour les autres… Sommes-nous prêts à vouloir pour les autres, ce que nous espérons pour nous ? Ou, comme le dit Jésus dans le sermon sur la Montagne, à faire aux autres ce que nous aimerions qu’ils nous fassent ? » (cf. Matthieu 7.12)
Conclusion

Nous voilà donc arrivés au terme du feuilleton de Jonas… Avec une fin qui peut paraître un peu abrupte. On aurait pu s’attendre à un cinquième chapitre qui décrirait la réaction du prophète à leçon que le Seigneur lui a donnée. On aurait peut-être voulu savoir si Jonas s’est obstiné dans sa rébellion ou s’il a finalement capitulé devant la bonté de Dieu. Ou connaître l’évolution du comportement des habitants de Ninive, d’autant que quelques décennies plus tard, Ninive sera bel et bien détruite… Mais non, rien de tout cela.

L’auteur du livre de Jonas préfère une fin ouverte qui, au-delà de susciter notre imagination nous invite à l’interrogation, à l’appropriation. Plus que la réaction de Jonas et la suite de l’histoire des habitants de Ninive, c’est notre attitude qui compte, notre réponse aux questions et aux interpellations de l’histoire de Jonas.

Acceptons-nous que la bonté de Dieu soit la même pour tous, que nous n’avons aucun privilège à faire valoir ? Ou sommes-nous comme Jonas, jaloux de la miséricorde divine, espérant un Dieu bon pour nous et implacable pour les autres (en particulier ceux que nous avons du mal à aimer…) ?

Qu’avons-nous fait, aujourd’hui, de nos repentances passées ? Ont-elles changé notre vie, durablement ? Avons-nous un nouveau chemin de repentance à emprunter aujourd’hui ? Comment percevons-nous la souveraineté de Dieu dans notre vie ? Avec inquiétude voire dans la crainte ou dans la paix et la confiance ?

Voilà autant de question, et peut-être d’autres encore, que la fin ouverte du livre de Jonas nous laisse… A chacun de nous d’y répondre, devant Dieu !