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Si vous deviez estimer la part que l’adoration prend dans votre journée, quel pourcentage donneriez-vous ? Soyez honnêtes ! Enlevons 8 heures de sommeil, il reste 16 heures dans la journée… presque 1000 minutes. Ca ferait quel pourcentage pour l’adoration ? 1% ? 5 % ? Plus ?
Pour l’apôtre Paul, le pourcentage que nous devrions viser n’est pas de 1%, 5 %, ni même 10 % de notre vie mais 100 % !
Romains 12.1-2
1 Frères et sœurs chrétiens, Dieu est plein de bonté pour nous. Alors, je vous demande ceci : offrez-lui votre personne et votre vie, c’est le sacrifice réservé à Dieu et qui lui plaît. Voilà le vrai culte que vous devez lui rendre. 2 Ne suivez pas les coutumes du monde où nous vivons, mais laissez Dieu vous transformer en vous donnant une intelligence nouvelle. Ainsi, vous pourrez savoir ce qu’il veut : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.
En nous exhortant à offrir notre personne et notre vie comme un sacrifice à Dieu, Paul nous invite à faire de toute notre vie une adoration à Dieu. C’est du 100 % ! Mais comment est-ce possible ?
Un sacrifice vivant
Il faut mesurer combien l’appel de l’apôtre Paul dans ces deux versets est radical. On pourrait même se demander s’il ne pousse pas le bouchon un peu loin quand même ! Offrir notre vie entière comme sacrifice à Dieu, ce n’est pas rien… On ne parle pas ici de consentir dans notre vie à quelques sacrifices, comme donner une part de ses biens à ceux qui en ont besoin ou renoncer aux grasses matinées le dimanche pour aller au culte !
L’apôtre Paul ne nous appelle pas seulement à faire des sacrifices mais à offrir notre vie entière comme un sacrifice à Dieu. Il utilise ici un vocabulaire lié au temple (sacrifice, culte…) tout en parlant de notre vie entière. Littéralement, il invite à “offrir notre corps comme un sacrifice vivant”. On est bien dans la métaphore du sacrifice offert au temple mais il s’agit ici de vivre et non pas de mourir. Le sacrifice que Dieu attend de nous, c’est notre vie toute entière. Le culte, l’adoration, ne concerne pas que le temple ou l’église. Tout, dans notre vie, est appelé à être adoration de Dieu !
Et quand Paul dit que c’est ce qui est agréable à Dieu, ce qui lui plaît, ce n’est pas comme s’il parlait du bon plaisir du roi qui peut demander tout et n’importe quoi à ses sujets. Il ne s’agit pas de satisfaire ses caprices ! Dieu n’est pas un enfant gâté qui pique une crise si les chrétiens ne l’adorent pas assez ou ne le servent pas comme il faut !
Dieu nous aime et prend plaisir à l’adoration de ses créatures. Il nous a créés à son image, pour que nous soyons en relation avec lui. En faisant de notre vie une adoration de Dieu, nous retrouvons l’intention première de Dieu pour nous, le sens profond de notre vie. Quand vous aimez quelqu’un, vraiment, vous n’avez envie que d’une chose : lui faire plaisir ! Il en est de même dans notre relation avec Dieu. Il s’agit de trouver notre plaisir dans le plaisir de Dieu.
Tout est adoration
Pour le croyant, tout est donc adoration. Ou tout devrait l’être… parce que, avouons-le, ce n’est pas si simple que ça à vivre ! Pourtant il s’agit bien d’un concept clé pour comprendre la vie chrétienne.
Le risque si on l’oublie, c’est d’avoir une vie compartimentée : l’adoration est confinée au dimanche ou au temps de prière et de méditation personnelle, le reste, c’est du boulot, des loisirs, des corvées… mais pas de l’adoration ! L’adoration, c’est quand je chante des cantiques, quand je prie, quand je lis la Bible. Pas quand je suis au bureau, quand je passe l’aspirateur à la maison ou quand je fais du sport… à la rigueur quand je fais du bien à mon prochain !
Mais offrir toute notre vie comme un sacrifice à Dieu, ça concerne… toute notre vie ! Et ça impacte aussi ma vie de prière : si l’adoration vécue le dimanche matin au culte, et la prière personnelle vécue avec Dieu, sont complètement coupées de ma vie quotidienne, je suis à côté de la plaque !
Et le problème avec cette vision étriquée de l’adoration, c’est quand on veut essayer d’instiller artificiellement de l’adoration dans notre vie quotidienne. Alors, pour se donner bonne conscience, on place des références bibliques dans toutes ses discussions, on s’efforce de toujours bien montrer qu’on est un bon chrétien et on met le Seigneur à toutes les sauces dans ses paroles… C’est ce que j’appelle des bondieuseries évangéliques ! Ça sonne faux…
A l’extrême inverse, il ne faut pas diluer l’adoration dans une réalité floue qui n’engage plus vraiment, et qui pourrait même conduire, à la limite, à ne plus prier. Si tout est adoration, est-ce vraiment utile de prier et d’aller au culte le dimanche ? Je peux bien adorer Dieu chez moi, dans mon lit, ou allongé sur la plage !
Mais nous n’adorons pas Dieu à notre insu… L’adoration demande qu’on se tourne consciemment vers Dieu, qu’on fasse l’effort de chercher à lui faire plaisir. En toutes circonstances. En fait, si mon désir n’est pas que ma vie toute entière fasse plaisir à Dieu, mon Créateur et mon Sauveur, celui qui a tout donné pour moi en son Fils Jésus-Christ, c’est que je n’ai pas encore vraiment compris l’amour de Dieu pour moi…
Un besoin de transformation
Même si l’appel est là, Paul ne pense pas que c’est du tout cuit ! Loin de là. En réalité, l’adoration dont il est question, dans toutes ses dimensions, ne nous est pas naturelle. Pour y arriver vraiment, il faut nous laisser transformer par Dieu : “laissez Dieu vous transformer !”
L’enjeu, c’est de ne pas suivre les coutumes du monde. Ou, de façon plus littérale, de ne pas se conformer au monde présent. Mais attention, il ne faut pas croire que ces “coutumes” ou ce “monde” dont parle Paul seraient ce qui vient de l’extérieur et qui risque de nous contaminer. Les “coutumes du monde”, c’est notre façon naturelle de vivre ! La frontière du “monde” passe par notre coeur. La preuve : pour échapper à leur influence, il faut que notre intelligence, notre façon de penser, soit transformée. Si le problème venait de l’extérieur, on n’aurait pas besoin d’une transformation intérieure !
Paul assume ainsi que sans une transformation de notre intelligence, nous ne sommes pas capables de savoir ce que Dieu veut, et donc comment lui faire plaisir. Pour que notre vie soit une adoration, il faut que dans notre coeur il y ait une transformation. Il me semble donc que Paul parle ici d’une discipline de vie dont les effets se mesurent dans la durée. Cette transformation dont parle l’apôtre, c’est l’oeuvre de Dieu tout au long de notre vie chrétienne.
C’est un vrai défi à relever. Car il y a, c’est vrai, des domaines de notre vie où il est facile de percevoir une dimension d’adoration et d’autres où c’est moins évident… La question que nous sommes toujours appelés à nous poser est celle-ci : comment ce que je fais et ce que je vis dans mon quotidien peuvent-ils être adoration de Dieu ?
Des activités créatrices ou solidaires peuvent facilement être perçues comme des expressions de l’image de Dieu en nous, une façon d’honorer le Dieu Créateur et amour.
Un esprit de service dans les tâches pratiques, le souci du travail bien fait peuvent aussi être une façon d’honorer Dieu, y compris dans les choses concrètes du quotidien. Les intentions donnent de la valeur à nos actes. Et Dieu connaît notre coeur !
Même le repos (pas la paresse !) fait partie de ce que Dieu veut pour nous : la 4e parole du Décalogue concerne le sabbat ! Certes, il permet la contemplation qui est une forme d’adoration. Mais le sabbat nous rappelle aussi que notre valeur devant Dieu ne dépend pas de ce que nous produisons… Vivre la gratuité, c’est vivre quelque chose de la grâce. Nous n’avons pas besoin d’être “utile” pour adorer Dieu. Voyez dans les évangiles la femme qui verse le parfum sur Jésus. Les disciples le lui reprochent en disant que ça aurait été plus utile de le vendre pour donner l’argent aux pauvres… mais Jésus honore cette femme pour ce qu’elle a fait : une geste généreux d’adoration.
Conclusion
Dieu attend 100 % de notre vie parce qu’il s’est donné à 100 % pour nous en Jésus-Christ ! On ne peut pas se satisfaire de demies mesures… Toute notre vie est appelée à être adoration.
Mais pour arriver à 100 %, ou au moins s’en rapprocher, il faut élargir notre vision de l’adoration. Et pour cela, laisser Dieu nous transformer de l’intérieur pour comprendre comment faire de notre quotidien, et pas seulement des temps explicitement spirituels, une adoration de Dieu.
L’appel de l’apôtre Paul, c’est que nous ayons une vie qui cherche toujours à faire plaisir à Dieu, dans laquelle notre plaisir est de faire plaisir à Dieu.