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Tous les articles par Florence VANCOILLIE

Florence VANCOILLIE

A propos Florence VANCOILLIE

Pasteur de l'Eglise évangélique libre de Toulouse depuis 2013, membre de la Commission synodale de l'UEEL.

Que ton règne vienne!

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/que-ton-regne-vienne

Nous commençons aujourd’hui la période de l’Avent, qui nous mène jusqu’à Noël. Un des textes proposés pour aujourd’hui touche au thème de l’attente : certes, nous nous préparons à fêter Noël, le souvenir de la naissance de Jésus il y a 2000 ans, mais cette période est aussi l’occasion de nous rappeler qu’en tant que chrétiens, nous attendons aussi son retour, le retour du Christ ressuscité, qui a promis de venir mettre en place le royaume de Dieu.       Quand cela arrivera-t-il ? demandent les disciples. Jésus répond : « Peu importe quand, l’essentiel est de persévérer : ne vous découragez pas ». Il fait tout un discours qui annonce à la fois des événements proches (qui devaient arriver quelques années plus tard) et des événements lointains, que nous attendons encore : le retour du Seigneur. Le texte que nous allons lire arrive en conclusion du discours pour insister sur l’essentiel.

Lecture biblique: Marc 13.33-37

33 Faites attention ! Ne dormez pas. En effet, vous ne savez pas quand ce moment viendra. 
34 Pensez, par exemple, à un homme qui part en voyage. Il quitte sa maison et la confie à ses serviteurs. Il donne à chacun un travail à faire et il commande au gardien de la porte de rester éveillé. 
35 Restez donc éveillés ! En effet, vous ne savez pas quand le maître de la maison va venir. Ce sera peut-être le soir, ou au milieu de la nuit, ou quand le coq chante, ou le matin. 
36 S’il revient tout à coup, il ne faut pas qu’il vous trouve endormis. 
37 Ce que je vous dis, je le dis à tous : restez éveillés ! »

L’image qu’utilise Jésus se veut simple : attendre le retour du Seigneur, c’est comme un gardien de propriété qui ignore quand le maître doit revenir, et du coup reste éveillé pour pouvoir l’accueillir correctement. Puisqu’on ne sait pas, on attend – activement. On se tient prêt, on se concentre ! Les autres serviteurs sont eux aussi dans l’attente : ils ont un travail à faire, et il vaut mieux qu’il soit fait au moment où le maître reviendra !

  • La réalité du monde à venir

On divise souvent les gens en deux catégories: ceux qui voient le verre à moitié plein, et ceux qui voient le verre à moitié vide. A quelle catégorie appartenez-vous?

Quand on pense à la fin du monde, c’est un peu pareil. Il y a ceux qui voient le verre à moitié vide : les crises politiques, économiques, sociales, les catastrophes écologiques, les luttes spirituelles (p. ex. la persécution des chrétiens, comme on l’a vu dimanche dernier), les aberrations morales… L’inquiétude est légitime, et on peut vite se demander où cela nous mène, si l’humanité n’est pas en train de signer sa propre fin. Et face à ces difficultés, à ces impasses qui se multiplient, certains peuvent être tentés de se décourager. « Est-ce que le Maître va vraiment revenir ? Est-ce que c’est déjà la fin ? » avec peut-être mille questions qui surgissent alors : comment ça va se passer, etc. A ceux-là, Jésus répond : « peu importe quand la fin arrivera ou comment, faites ce que vous avez à faire, restez concentrés sur votre tâche, ne vous laissez pas détourner ou décourager par les difficultés qui vous entourent. »

Mais il y a aussi ceux qui voient le verre à moitié plein : mais non, ça va, l’humanité a déjà surmonté beaucoup d’épreuves et qui paraissent aussi dures qu’aujourd’hui (les invasions barbares, les guerres, les épidémies, l’Holocauste…). On trouvera bien une solution ! La fin n’est pas pour demain, rassurez-vous… Ce n’est pas seulement de l’optimisme, il y a peut-être aussi une part de routine, de nonchalance, qui repousse instinctivement l’échéance. « Le Maître reviendra, mais pas ce soir, enfin ! Peut-être demain, ou après-demain… » Le risque, c’est de nous laisser happer par le ronronnement du quotidien, de somnoler à moitié, en s’appuyant éventuellement sur le refus de spéculer : la fin viendra quand elle viendra (mais c’est très loin tout ça). Et à ceux-là aussi Jésus répond : « peu importe quand le Maître va venir ! Ne vous laissez pas entraîner sur les chemins de traverse, de détour en détour, au risque d’être bien loin du chemin quand le Maître reviendra. Restez concentrés sur votre route. »

Que nous penchions vers le verre à moitié vide ou à moitié plein, Jésus nous rappelle la réalité de son retour. Il rassure les inquiets, et il interpelle les détendus. On est tous concernés ! Devant cette réalité, il faut être prêt, en partant du principe que le Christ peut revenir dès aujourd’hui. Il y a un présupposé derrière, c’est que la « fin du monde », ce n’est pas la disparition pure et simple de notre monde, ni l’épuisement de notre univers qui pourrait s’annihiler, mais c’est la transformation de ce que nous connaissons, avec le retour du Maître qui revient dans sa maison. Dieu, qui vient instaurer son royaume. Jésus à ce stade ne va pas plus loin, mais l’espérance de son retour, aujourd’hui, ou demain, ou dans 3000 ans, anime les chrétiens depuis toujours. C’est même une donnée particulièrement présente dans le N.T. : se tenir prêt à accueillir le règne de Dieu.

  • Le regard fixé sur l’horizon

Alors, à quoi ça ressemble de rester éveillé ? d’attendre activement, avec détermination et concentration, le retour de Jésus ? Jésus ne le dit pas !

Dans le reste du discours, c’est garder l’esprit affûté : rester attaché au message de l’Evangile, sans se laisser perturber par d’autres discours ou par d’autres « messies ». C’est aussi persévérer dans l’épreuve : face à la difficulté, la souffrance, la persécution, tenir bon en gardant les yeux fixés sur la ligne d’arrivée. Dans d’autres passages, rester éveillé, c’est prier. On peut aussi penser que veiller, rester vigilant, c’est veiller à notre relation avec Dieu chaque jour (comme si c’était le dernier), ressaisir chaque jour en tant que chrétiens et en tant qu’Eglise la mission de Dieu dans laquelle nous sommes appelés à entrer (être témoins de ce que Dieu fait et va faire).

Au-delà de l’image de la veille et du sommeil, cette exhortation insistante de Jésus nous invite peut-être à redécouvrir aujourd’hui quelle est notre espérance, et son impact sur notre vie avec Dieu. A notre époque, l’espérance n’est plus un élément majeur de notre foi. On est souvent concentré sur la vie quotidienne, et le secours ou les conseils que Dieu peut nous apporter. Et c’est très légitime ! Sauf que la vie avec Dieu, c’est plus qu’une vie avec le meilleur coach du monde ! C’est une vie qui s’enracine dans l’assurance que le Christ est mort, a vaincu le mal, et est ressuscité – en anticipation d’un monde autre, juste, paisible, lumineux. C’est une vie qui tend vers l’accomplissement total de la promesse entrevue au matin de Pâques. Vivre avec Dieu, c’est lever la tête pour regarder l’horizon – et laisser l’horizon nous transformer, laisser les perspectives éternelles transformer nos objectifs, nos comportements, nos relations. C’est nous préparer au règne de Dieu.

Je vous donne juste un exemple : j’ai lu l’an dernier un excellent livre sur le mariage « Vous avez dit oui à quoi ? Et si Dieu avait imaginé le mariage pas seulement pour vous rendre heureux, mais aussi pour vous rendre saint ? » de Gary Thomas. Dans le mariage, nous avons souvent une perspective de quelques décennies, liée au plaisir, au bonheur, à l’intimité et à la confiance que nous pouvons vivre avec l’autre. Mais Gary Thomas pose le filtre de l’espérance sur la façon de vivre le couple : comment je peux, grâce à ma relation avec l’autre, devenir un peu plus celui/celle que je suis appelé à être pour l’éternité – et comment je peux l’aider lui à devenir un peu plus la merveilleuse personne qu’il est appelé à être pour l’éternité. Le mariage comme un chemin, ou une préparation, pas seulement vers le bonheur, mais aussi vers la vocation éternelle que Dieu nous donne. Ca change la perspective ! Chaque discussion, chaque décision ensemble, chaque dispute, devient, à la lumière de l’horizon, un lieu d’apprentissage de l’amour véritable, de la justice, de la vérité, de la paix – en un mot, de la sainteté.

Bien sûr, l’espérance a un impact dans toutes les situations de notre vie : la façon d’élever un enfant (avec quelle priorité : qu’il me réjouisse, qu’il fasse ce qui est bien vu dans la société, ou que Dieu le transforme peu à peu en la personne qu’il est appelé à être ?), le célibat, le travail, les relations familiales, les difficultés de la vie. Qu’attend Dieu de moi dans cette situation ? Comment je peux avancer avec lui, en apprendre davantage, me laisser transfigurer par l’Esprit de celui qui est ressuscité et qui veut, un jour, me ressusciter pour vivre dans la présence éternelle de Dieu ?

On peut vivre bien dans le présent, les pieds sur terre, mais les yeux fixés sur l’horizon – et la vision claire de là où nous allons aura forcément un impact sur notre façon d’avancer.

Alors c’est facile à dire, mais à faire… C’est sûrement une des raisons pour lesquelles Jésus insiste autant dans ce texte : restez éveillés ! gardez les yeux fixés sur le but ! Peut-être qu’une première étape sera de se rendre attentif, dans la lecture de la Bible, au poids de l’espérance qui nous est donnée, pour redécouvrir son impact. Peut-être qu’une deuxième étape, ce sera de prier : Seigneur, quelle est ma tâche aujourd’hui, dans cette situation ? Que ton règne vienne, un peu plus, dans ma vie, comme un signe de ce monde transformé que tu vas venir instaurer.

L’église de nos rêves

https://soundcloud.com/eel-toulouse/leglise-de-nos-reves

Depuis quelque temps, nous sommes en réflexion sur ce que nous voulons vivre en tant qu’église. Aujourd’hui, je vous propose de revenir aux origines, avec un texte qui parle des tout débuts de l’église, juste après la Pentecôte. Jésus est remonté au ciel, il a envoyé son Esprit sur ses disciples, et Pierre va prêcher à Jérusalem. Certains résistent, mais d’autres demandent : que faut-il faire, si on croit que ce Jésus est vraiment le Sauveur promis par Dieu ? Pierre répond : attachez-vous à lui. Et l’église prend son envol ce jour-là.

Lecture biblique: Actes 2.41-47

41 Ceux qui acceptent la parole de Pierre se font baptiser. Ce jour-là, à peu près 3 000 personnes s’ajoutent au groupe des croyants.

42 Régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l’enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble. 43 Les apôtres font beaucoup de choses extraordinaires et étonnantes, et les gens sont frappés de cela. 44 Tous les croyants sont unis et ils mettent en commun tout ce qu’ils ont. 45 Ils vendent leurs propriétés et leurs objets de valeur, ils partagent l’argent entre tous, et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire. 46 Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. 47 Ils chantent la louange de Dieu, et tout le peuple les aime. Et chaque jour, le Seigneur ajoute à leur communauté ceux qui sont sauvés.

Waow, vous imaginez ?

  • Une croissance incroyable, avec 3000 conversions puis tous les jours de nouveaux croyants qui s’attachent à Jésus ;
  • Une intensité frappante : les croyants se voient chaque jour, ils continuent à ce moment-là d’aller au Temple mais ils se retrouvent aussi dans les maisons, pour prier, étudier, témoigner… D’un seul cœur, chaque jour, ils partagent tout ;
  • des miracles de toutes sortes dont le livre des Actes va donner des exemples ;
  • et puis, le respect & la faveur du peuple : les gens reconnaissent que Dieu est à l’œuvre dans cette communauté – c’est une église qui grandit, et qui a un impact fort sur son entourage !

Cette église des premiers temps, pour certains c’est l’église « idéale ». En même temps, elle nous paraît loin, et on est vite tenté de relativiser (c’est l’enthousiasme du début, ça n’a pas duré, et aujourd’hui on ne voit pas comment on pourrait vivre ainsi…) C’est un peu vrai ! Mais n’empêche, quand on lit ce texte, ça donne envie. Envie de vivre ça, même si on ne sait pas comment faire, même si on a l’impression d’un fossé infranchissable entre cette église et la nôtre, 2000 ans plus tard, même si on a peur ou qu’on n’y croit pas vraiment – au fond de nous, on a envie !

Envie d’être une église « intense », rayonnante, féconde, une église qui a de l’impact,

une église où Dieu agit de manière évidente, une église témoin du Christ ressuscité, une église remplie de vie et d’Esprit. On en a envie, non ? En tout cas, Dieu en a envie ! Dieu veut vivre ça avec nous !

Sans être le modèle unique, cette première église nous donne quelques clefs pour devenir un peu plus l’ église que nous rêvons d’être, que Dieu nous invite à être.

  • 4 piliers fondés sur le Christ

D’abord, l’église des lendemains de la Pentecôte repose sur 4 piliers, qu’on retrouve dans les autres églises du NT, dans les lettres des apôtres etc. : l’étude des enseignements de Jésus, les prières, les relations fraternelles et le service.

Les premiers chrétiens étaient des étudiants, désireux de mieux connaître Jésus – il n’y avait pas encore le NT : les apôtres simplement transmettaient leurs souvenirs. Nous ne sommes que quelques semaines après la résurrection de Jésus ! Les disciples de Jésus racontent : les discours, les miracles, les discussions, les rencontres… ce qu’ils ont consigné plus tard dans les Evangiles.

Ensuite, les prières : au Temple et à la maison. La prière, c’est multiforme : personnel/communautaire, formel/spontané, il y a aussi la cène (partage du pain en souvenir du dernier repas de Jésus avant la croix), la louange…  Il s’agit de ne pas seulement connaître Dieu, mais aussi de lui parler et de l’écouter, d’avoir une relation personnelle avec lui.

Il y a encore la chaleur des relations fraternelles : la joie, la convivialité (ils se retrouvent dans les maisons, pour des repas partagés…). L’amour, le partage, viennent prolonger l’amour de Jésus.

Et cet amour, il se manifeste concrètement, notamment par le service, l’entraide, le partage matériel : le geste accompagne la parole, l’action concrétise les émotions.

La Bible, la prière, les relations, le service : la foi en Jésus implique tout notre être. Pas seulement la prière ou la méditation, pas seulement l’âme, mais aussi l’intelligence, pour connaître ce Dieu qui nous sauve et nous conduit, mais aussi le cœur, dans l’amour pour Dieu et pour notre prochain, mais aussi le corps, dans l’action, le service concret. La foi en Jésus implique tout notre être : et ça se voit dans l’église des premiers temps. L’église, c’est plus que le culte, c’est un lieu, un réseau, dans lequel nous apprenons à vivre notre foi de tout notre être – avec notre âme, notre intelligence, notre cœur et notre corps.

  • Une implication sans réserve de tous

Dans cette première église, les croyants s’impliquent, tous, sans réserve.

L’unité qui règne entre eux ressort avec force : ils agissent d’un seul cœur, avec enthousiasme et joie. Dieu ne demande pas qu’on soit dans l’uniformité, mais qu’on avance ensemble, dans la même direction, comme une équipe soudée.

Cette unité se manifeste notamment par la générosité des croyants, sur le plan financier – certains vendent leurs propriétés pour que tous puissent avoir de quoi vivre – et sur le plan du temps – ils sont assidus, réguliers, présents. En un mot, ils investissent ! Ils investissent leur argent, leur temps, dans l’église – parce que ce qu’ils vivent avec Jésus est fondamental, premier, essentiel.

Alors bien sûr, la hauteur de leur investissement est remarquable, mais difficile à transposer aujourd’hui… Chacun a sa famille, sa vie privée, etc. Cela dit, le texte nous invite à reconsidérer notre implication. Est-ce que nous nous donnons les moyens d’une vie communautaire riche ? Est-ce que nous nous donnons les moyens d’une relation personnelle profonde avec Dieu ? Il n’est pas raisonnable de croire que la relation avec Dieu se construit avec des prières éparses ou que la connaissance de Dieu peut s’approfondir avec une demi-heure de prédication tous les 15 jours… C’est comme dans un couple : il faut nourrir la relation pour qu’elle se développe – un simple bonjour le dimanche matin ne suffit pas !

Ca ne veut pas dire pour autant qu’il faut passer toute votre vie à l’église ! Mais au quotidien, investir dans la relation avec Dieu, seul et avec les autres. C’est vrai, ça demande du temps, une certaine discipline, voire quelques sacrifices – des notions pas très en vogue ! – mais l’investissement personnel est une des clefs pour une vie grandiose avec Dieu.

  • L’action grandiose de Dieu.

Oui, une vie grandiose, rien que ça ! Mais c’est ça ce que le texte nous montre ! C’est ça que le texte nous invite à vivre ! Une église où arrivent des miracles, des guérisons, des choses incroyables, grandioses, signes que Dieu agit avec puissance !

Certes, c’était le début, et Dieu a mis le paquet. J’en conviens. Mais il y a encore des miracles aujourd’hui. Des patients dont la tumeur « disparaît », dont la guérison est incroyablement rapide au point d’intriguer les médecins, des addictions qui disparaissent d’un coup. Tout n’est pas miracle dans la vie avec Dieu, mais Dieu fait aussi, fait encore, des miracles !  il répond aux prières, il protège dans des situations difficiles, il dénoue, il oriente… Et puis quand quelqu’un s’attache à Jésus, se convertit : n’est-ce pas un miracle ? N’y-a-t-il pas là une guérison ? Une transformation ?

Quand Dieu agit, c’est un miracle ! C’est merveilleux, étonnant, bouleversant ! Une réconciliation, sa protection dans la difficulté, sa présence dans la détresse, la liberté qu’il donne face au mal ou aux tentations, la joie dans l’épreuve – ça ne rentre peut-être pas dans la catégorie « miracle avec effets spéciaux », mais ce sont des miracles, des signes que Dieu agit en nous, et autour de nous. Et ça c’est grandiose.

Notre part à nous, notre contribution à l’action grandiose de Dieu, dans notre vie, dans notre église, c’est d’investir dans l’ordinaire. L’apôtre Paul, par exemple, n’appelle jamais à cultiver le clinquant, l’extraordinaire : que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse (Col 3.16), priez sans cesse (Col 4.2), soyez unis, aimez-vous les uns les autres (Col 3.14). Persévérons dans l’ordinaire de la foi, dans la connaissance de Dieu par la Bible, la prière, les relations fraternelles, le service – et Dieu agira.

C’est comme dans la parabole du Semeur : pour que la graine prenne racine et porte du fruit, il faut une terre abreuvée, sans cailloux, sans mauvaises herbes, une terre labourée. Notre discipline ordinaire, c’est de labourer notre terre : labourer la terre de notre cœur, pour que la Parole et l’Esprit de Dieu y fassent germer de beaux fruits, labourer la terre de notre communauté, pour que l’action grandiose de Dieu ne rencontre pas d’obstacle.

Avant de conclure, j’aimerais donner un exemple concret, un témoignage de ce que notre église a vécu il y a quelques décennies. Avec le groupe Vitalité, on doit entre autres contacter les « anciens » de l’église, et voir ce qui, dans le passé, a favorisé ou freiné la croissance, le dynamisme de la communauté. Nous n’avons pas fini le travail, mais je peux quand même mentionner un élément. Dans les années 80s, après une période difficile, l’église a énormément grandi. Elle ne faisait rien de spécial – si, un élément ressort des témoignages : l’accueil. L’hospitalité. La chaleur des relations fraternelles, des échanges. La communion – et Dieu faisait de grandes choses.

Conclusion

Etre une Église remplie de vie & d’Esprit, témoin du Christ ressuscité, une église où Dieu agit de manière évidente… C’est le rêve que l’église d’Ac 2 nous invite à avoir.

Attention, on ne forcera pas Dieu à agir ! Mais l’église, c’est comme une voiture. Pour qu’elle roule, même à 300 km/h, il faut un moteur, des freins, une boîte de vitesse, une batterie, en bon état. Ca ne suffit pas, pourtant, il faut de l’essence ! Mais avec toute l’essence du monde, si le moteur ou la batterie est défaillant, la voiture n’ira pas très loin. Notre part, c’est de préparer au mieux le véhicule, de nous préparer au mieux, nous impliquer, nous disposer – Et Dieu agira comme il le désire. C’est Dieu qui fera de nous l’église, les hommes et les femmes dont il rêve, c’est lui qui agira, qui nous transformera, qui nous fera rayonner, mais nous pouvons lui préparer le chemin, en nous attachant à le connaître (Bible), à l’écouter (prière), à expérimenter l’amour dans la joie et le service.

Canevas Ac 2

Violence et grâce (Gn 4)

https://soundcloud.com/eel-toulouse/violence-et-grace

Rivalité, jalousie, violence et meurtre… Voilà avec quoi je termine, aujourd’hui, notre série sur les débuts de la Bible, qui raconte les origines de l’humanité en termes imagés. La dernière fois, Vincent nous a parlé de la chute de l’homme et de la femme : cédant à la tentation du serpent, ils s’opposent à Dieu et se retrouvent hors du jardin d’Eden. Le mal a pénétré la condition humaine, tordu le monde, abîmé la relation avec Dieu – et avec l’autre. Dès la génération suivante, les enfants d’Adam et Eve vivent très concrètement les conséquences de cette déconnexion d’avec Dieu.

Juste une remarque : comme dans les chapitres précédents, la Bible décrit une période qui nous échappe, sans chercher à présenter les faits de manière exhaustive. Ne vous étonnez donc pas d’y voir des silences, des « trous », des informations manquantes : l’accent porte sur le sens, sur ce qui éclaire notre condition humaine.

Comme le texte progresse par épisodes, je vais lire en trois fois, et m’arrêter sur chaque partie.

  • Avant le meurtre
1 L’homme s’unit à Ève, sa femme. Elle devient enceinte et elle met au monde Caïn. Puis elle dit : « Avec l’aide du SEIGNEUR, j’ai donné la vie à un petit d’homme ! » 2 Elle met aussi au monde Abel, le frère de Caïn. Abel devient berger, et Caïn cultive la terre.
3 À la fin de l’année, Caïn apporte quelques récoltes du champ. Il les offre au SEIGNEUR. 
4 De son côté, Abel apporte les premiers agneaux de son troupeau. Et il offre au SEIGNEUR les meilleurs morceaux. Le SEIGNEUR reçoit avec plaisir Abel et son offrande. 
5 Mais il ne reçoit pas Caïn, ni son offrande. C’est pourquoi Caïn est très en colère. Son visage devient sombre de tristesse. 
6 Le SEIGNEUR dit à Caïn : « Tu es en colère et ton visage est triste. Pourquoi ? 7 Si tu agis bien, tu peux te remettre debout. Si tu n’agis pas bien, le péché est comme un animal couché à ta porte. Il t’attend en cachette, prêt à t’attraper. Mais toi, sois plus fort que lui. »

2 frères, 2 métiers, 2 offrandes. Caïn l’aîné, l’agriculteur, offre le fruit de sa récolte. Abel, le cadet, éleveur, offre des bêtes. Les offrandes sont liées au métier, elles expriment sûrement la reconnaissance pour la fertilité que Dieu a accordée à la terre et aux bêtes.

Pourtant, Dieu sème la zizanie entre les deux frères. C’est peu dire qu’il a une préférence : il refuse carrément l’offrande de Caïn, tandis qu’il accepte celle d’Abel. C’est vexant ! L’aîné est rejeté, alors que le petit frère passe devant aux yeux de Dieu. Et qu’on ne vienne pas dire que ce n’est pas personnel… C’est bien Caïn et son offrande que Dieu refuse, comme il a accepté Abel et son offrande. Évidemment, Caïn fait la tête : la colère, la tristesse, la honte ? l’envahissent.

A première vue, le choix paraît injuste, et donc Dieu aussi – pourtant le texte donne peut-être un indice qui explique l’attitude de Dieu. Le texte souligne qu’Abel apporte les premiers agneaux de son troupeau, et qu’il en offre les meilleurs morceaux. Caïn, lui, paraît beaucoup plus désinvolte : il offre des échantillons de sa récolte, mais pas spécialement les plus beaux ! Derrière le don, c’est l’attitude de cœur qui frappe : Abel donne ce qu’il a de meilleur, Caïn se garde le meilleur pour lui et fait un cadeau « moyen » à Dieu. C’est un signe de la place que Dieu a pour chacun : premier dans le cœur d’Abel, il passe en second aux yeux de Caïn. Caïn se prend lui-même pour son propre dieu, son propre chef, celui qui mérite les honneurs.

Dieu voit cela chez Caïn, et son refus sonne comme un avertissement, mais il ne se désintéresse pas de Caïn pour autant ! Au contraire, il le suit, ouvre le dialogue, lui donne une chance d’exprimer sa colère. Le texte va vite sur les faits, mais prend du temps pour montrer le dialogue initié par Dieu. Finalement, le choix, les raisons du choix… ce qui est fait est fait ! Ce n’est pas si important – ce qui compte, c’est comment on le vit, et comment on le vit avec Dieu.

Et quand Caïn se mure dans le silence, Dieu lui donne conseil : attention ! Même si l’on ne choisit pas les sentiments qui montent en nous, on peut choisir de se laisser influencer ou d’y résister. Les sentiments débouchent sur des actions, mais il n’y a pas de fatalité : on peut choisir de ne pas céder à la colère, la jalousie, l’amertume… Il y a des situations qui nous blessent, nous vexent, voire nous paraissent injustes (mauvaise appréciation au travail, tensions, rivalités familiales), Dieu nous offre une chance de sortir de l’engrenage en choisissant le bien. Quand nous nous retrouvons à notre désavantage, que ce soit légitime ou pas, finalement, l’important c’est comment nous allons réagir. Et même si on ne peut pas toujours rectifier la situation, on peut choisir de ne pas s’y enfermer.

  • Le meurtre & ses conséquences
8 Caïn dit à son frère Abel : « Sortons ! » Dehors, dans les champs, Caïn se jette sur son frère Abel et il le tue. 
9 Alors le SEIGNEUR dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? »
Caïn répond : « Je ne sais pas. Est-ce que je suis le gardien de mon frère ? » 
10 Le SEIGNEUR continue : « Qu’est-ce que tu as fait là ? J’entends la voix du sang de ton frère. Dans le sol, elle crie vers moi pour demander vengeance. 11 Le sol s’est ouvert pour recevoir le sang de ton frère que tu as tué. Eh bien, maintenant, ce sol te maudit. 12 Quand tu le cultiveras, il ne te donnera plus ses richesses. Tu iras toujours d’un endroit à un autre, et tu ne pourras jamais t’arrêter sur la terre. » 
13 Caïn dit au SEIGNEUR : « Ma punition est trop lourde à porter. 14 Aujourd’hui, tu me chasses de la bonne terre. Je vais être obligé de me cacher loin de toi. J’irai toujours d’un endroit à un autre, et je ne pourrai jamais m’arrêter sur la terre. Et celui qui me trouvera pourra me tuer. » 
15 Le SEIGNEUR répond à Caïn : « Mais non ! Si quelqu’un te tue, il faudra tuer sept personnes, pour que tu sois vengé. » Et le SEIGNEUR met une marque sur Caïn. Alors celui qui le rencontrera ne pourra pas le tuer.
16 Caïn part loin du SEIGNEUR. Il va habiter au pays de Nod, à l’est d’Éden.

Caïn s’endurcit et refuse le dialogue avec Dieu. Au lieu de maîtriser sa colère, il se laisse aveugler par la jalousie et tue son frère Abel, avec préméditation. Après la chute, Dieu avait averti les hommes qu’ils allaient devenir mortels – mais la première mort de l’humanité, ce n’est pas de vieillesse ! C’est un meurtre, volontaire, nourri de haine, un meurtre contre un frère, une mort caractérisée par le mal qui nous ronge. La rupture avec Dieu entraîne des ruptures multiples, notamment dans la famille : le prochain devient lointain, le frère/l’ami, un ennemi.

Encore une fois, Dieu suit Caïn ; encore une fois il le questionne, pas d’abord comme juge, mais comme conseiller : il invite au dialogue avant de prononcer son jugement (Dieu n’est pas caché derrière la porte à attendre que gens pèchent ou chutent/ surprendre & punir -> bien-veillant !). Mais à nouveau Caïn se ferme au dialogue, il prend Dieu pour un imbécile, refuse la main tendue – c’est là que le jugement tombe.

La dureté du jugement – Caïn privé de travail, de terre, de famille, exilé & errant – prouve à quel point Dieu est affecté par ce qui arrive aux hommes : le blasphème, ce n’est pas seulement l’insulte directe à Dieu ! Insulter un frère, tuer, voler, tromper, trahir… c’est aussi blasphémer !

La réaction de Caïn à sa sentence est presque drôle : « c’est trop dur ! » Oui, enfin, c’est un meurtre, quand même ! Caïn ne change pas, c’en est désespérant, il reste aveugle et immature. Et pourtant, Dieu ne s’énerve pas après lui, il répond même à ses « exigences » : voilà une protection, la promesse de veiller sur lui, de le venger 7 fois s’il était blessé. 7 fois : le chiffre de ce qui est complet – comme un rappel de l’amour de Dieu, complet. Oui, Caïn, malgré tout, malgré son immaturité, sa culpabilité, sa fermeture au dialogue et à Dieu, Caïn garde aux yeux de Dieu toute sa valeur d’enfant. Sans nier la culpabilité, sans excuser l’inexcusable, Dieu continue d’aimer le coupable – même quand celui-ci persiste à lui tourner le dos.

  • La descendance de Caïn & la naissance d’un autre frère, Seth
17 Caïn s’unit à sa femme. Elle devient enceinte et elle met au monde Hénok. Caïn se met à construire une ville. Il donne à cette ville le nom de son fils Hénok. 18 Hénok a un fils : Irad. Irad a un fils : Mehouyaël. Mehouyaël a un fils : Lémek. 19 Lémek prend deux femmes : la première s’appelle Ada, la deuxième s’appelle Silla. 20 Ada met au monde Yabal. C’est l’ancêtre de ceux qui habitent sous des tentes et élèvent des troupeaux. 21 Son frère s’appelle Youbal. C’est l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la cithare et de la flûte. 22 Silla met au monde Toubal-Caïn. C’est le forgeron qui fabrique tous les outils en bronze et en fer. La sœur de Toubal-Caïn, c’est Naama.
23 Lémek dit à ses femmes :

« Ada et Silla, écoutez-moi ! Mes chères femmes, faites attention à ce que je vais dire. Si on me frappe, je tue un homme. Si on me blesse, je tue un enfant. 24 Pour venger Caïn, il faut tuer sept personnes. Pour me venger, il faudra en tuer 77. »

 

25 Adam s’unit encore à sa femme. Ève met au monde un fils. Elle l’appelle Seth, et elle dit : « Caïn a tué Abel, mais Dieu m’a donné un autre fils à sa place. » 26 Seth à son tour a un fils. Il l’appelle Énos. À ce moment-là, les gens commencent à prier Dieu en l’appelant SEIGNEUR.

Cette dernière partie présente deux descendances : celle de Caïn, et celle de Seth, fils n°3 qui remplace Abel dans el projet de Dieu.

En faisant naître Seth, Dieu reste fidèle à sa promesse : par la descendance d’Eve, un Sauveur viendra pour les hommes. Même si Abel est mort, le projet de salut de Dieu ne s’arrête pas pour autant – il crée un plan B. Ce qui nous paraîtrait fatal, au point d’enterrer le projet, ne détourne pas Dieu de ce qu’il veut faire au long cours – il crée, il recrée, des portes de sortie, des itinéraires bis, des passerelles, sans cesse, pour que le chemin continue ! Son amour pour nous est plus grand que les pires atrocités.

Mais la descendance de Caïn est elle aussi intéressante : on y trouve le bien et le mal, entremêlés. La culture, la technologie, la ville, l’élevage etc. – le progrès ! La culpabilité de Caïn ne disqualifie pas tout ce que lui ou ses descendants feront ! Le monde pécheur n’est pas entièrement noir : des étincelles y demeurent – protection de l’autre, amour du beau, développement… Des étincelles que Dieu accueille et valorise – l’espérance biblique, par exemple, n’est pas de retourner au jardin d’Eden, mais d’habiter la ville de Dieu. On aurait tort de croire que dans le monde déchu, tout est pourri, et qu’il faut tout jeter!

Mais en même temps, avec le progrès du bien, il y aussi progrès de la violence et du mal : Lémek en est un bon exemple. Polygame, alors qu’originellement Dieu choisit d’unir un homme et une femme, c’est aussi une brute, qui revendique avec vantardise l’héritage de Caïn – tuer pour une simple blessure, réclamer l’impunité. C’est l’escalade du mal : la revendication de Lémek (vengé 77 fois au lieu de 7) souligne l’emballement de la violence. Un simple acte de rupture avec Dieu a lancé tout un engrenage, en nous et autour de nous.

Avec l’apparence d’une histoire un peu imagée, la Bible offre ainsi une vision réaliste, nuancée, du monde et de l’homme. Dans le monde qui nous entoure, mais aussi dans notre être intérieur, rien n’est tout blanc ou tout noir. Même si le tableau est sombre, il reste de petites taches de couleur, insuffisantes pour nous sauver, mais signes que nous sommes encore images de Dieu.

Conclusion

Voilà un texte dur. Caïn annonce un avenir sombre pour l’humanité. On est si loin de la joie, de la générosité, de l’harmonie des premiers jours… Le décalage premier d’avec Dieu a entraîné des déchirures, pas seulement dans la relation avec Dieu, mais avec l’autre aussi. Pourtant, même dans ce texte difficile, des pointes d’espoir, des pointes de grâce demeurent car Dieu ne nous abandonne pas à notre triste sort, mais il continue de s’impliquer auprès des hommes, de leur parler, de leur indiquer un chemin. Bien plus, sur nous comme sur Caïn, il pose une marque, car nous sommes comme lui, pas meilleurs, même si ça ne se voit pas – Dieu pose sur nous la marque de son amour, la marque de son salut. Jésus meurt à notre place, à la croix il expie notre punition pour tout ce qui nous pollue : colère, haine, jalousie, crimes, égoïsme, blasphèmes, ruptures et déchirures, violence… Lorsque nous l’acceptons par la foi, Dieu nous considère innocents, il rétablit le dialogue avec nous, il nous transforme et nous guérit de l’intérieur, par son Esprit.

Alors même si le monde autour de nous paraît parfois bien sombre, en désespérons pas : Dieu veille et s’implique, il nous aime, coupables ET victimes, et il tend encore sa main aujourd’hui, pour nous sauver, du monde et de nous-mêmes.

 

La création de l’homme (Gn 2.4-25)

https://soundcloud.com/eel-toulouse/la-creation-de-lhomme

Nous continuons ce matin notre série sur la Genèse avec la suite du ch.2. C’est un temps « idéal », paradisiaque, l’époque de la création. Même si aujourd’hui le monde a bien changé, depuis l’irruption du mal dans le monde, ce tableau conforme aux intentions de Dieu nous donne des principes, une direction, pour mieux vivre en accord avec Dieu. Avant de lire le texte, deux précisions.

Le chapitre 2 ne raconte pas la suite du ch.1, mais re-raconte la même histoire en faisant un zoom sur la création de l’être humain. Le ch.1 racontait la création avec un poème grandiose divisé en 7 jours ; ici, c’est comme si on plongeait dans un détail du poème, mais sous la forme d’une histoire, avec un début, un milieu et une fin. On change donc de genre littéraire.

Par ailleurs, on trouve énormément d’images qui sont une façon symbolique d’évoquer les actes créateurs de Dieu qui nous dépassent. Par exemple, il est peu probable, biologiquement, que l’homme ait vraiment été fabriqué à partir de la poussière : c’est plutôt une façon de montrer que l’homme appartient à la terre, qu’il est fragile, etc. L’image sert de support visuel à une vérité plus profonde.                                       Lecture

Il y a tellement de sujets passionnants dans ce texte ! De manière simple et visuelle, presque enfantine, il aborde une multitude d’enjeux sur les origines de l’humanité, mais aussi sur le sens et le fonctionnement de la vie de l’homme dans le monde. On pourrait trouver un regard sur l’écologie, le mariage, l’évolution, la relation aux animaux, la place de l’interdit, etc. etc. Mais si on prend simplement le texte pour ce qu’il est, sans l’utiliser pour répondre à une question prédéfinie, on trouve que le texte, de lui-même, insiste sur 2 points essentiels, sur lesquels je vais me concentrer ce matin.

Le premier enjeu, c’est la place de l’homme dans le monde, et le deuxième, c’est la création de la femme.

1)     La place de l’homme dans la création

Au début il n’y a rien… parce que Dieu n’a pas envoyé de pluie, et parce que l’homme n’est pas là pour cultiver la terre. Donc, Dieu plante le jardin, avec l’écosystème nécessaire. Mais l’homme est essentiel à ses yeux pour que la création puisse se développer de manière harmonieuse et féconde. Dès que tout est en état de marche, Dieu place l’homme dans le jardin avec une mission : « cultiver, et garder ». Cultiver : développer, faire grandir, avec sûrement des progrès scientifiques. Cultiver dans le but de tirer un certain profit, notamment pouvoir manger. Mais Dieu donne un garde-fou : l’homme ne doit pas surexploiter la création, en abuser – il doit la protéger, la garder, veiller sur elle.

L’homme a une place particulière dans la création : il est formé de poussière, attaché à la terre qu’il doit cultiver, solidaire de la création. Mais l’homme est aussi autre : il n’est pas l’alter ego des animaux. Dieu l’a rempli de son souffle, lui a donné un statut unique (image de Dieu, cf. Gn 1.26-27), une responsabilité unique. Créature, l’homme est aussi fils du Créateur, appelé à veiller sur la création.

C’est un peu comme le fils du patron qui travaillerait dans l’entreprise de son père. Son père est PDG, mais lui, il s’occupe de gérer les équipes et de concevoir de nouveaux projets pour développer l’entreprise familiale. Évidemment, le fils est appelé à respecter l’état d’esprit de son père en perpétuant les valeurs fondamentales de la maison : par exemple la qualité des produits, le bien-être des employés, les horaires aménagés etc.

De même, l’homme reçoit la charge de maintenir et de faire évoluer la création, sans bien sûr la déformer ni la défigurer. Dans ce mandat que Dieu donne à l’homme, on trouve un équilibre qui nous aide en cette période de grands questionnements suscités par les scandales liés à la surconsommation/ surexploitation du monde, autour de l’écologie, de la consommation, du sort des animaux… L’homme n’est pas censé agir comme un tyran égoïste et capricieux – mais à l’inverse, et c’est une tentation pour certains, il n’est pas non plus censé tout lâcher, et oublier ses responsabilités. Aux yeux de Dieu, l’action de l’homme dans la création est essentielle, dans un esprit de service (c’est l’autre sens du verbe traduit par cultiver) – servir la création parce que derrière, c’est le Créateur lui-même que l’on honore et que l’on respecte.

L’homme est donc créé pour travailler ! Le travail n’arrive pas après la chute : en punition pour la transgression commise, Dieu ne condamne pas l’homme au travail, mais à la peine dans le travail. Dès la création, l’homme reçoit cette vocation d’œuvrer – en partenariat avec Dieu, pour le bien. C’est une des redécouvertes de la Réforme : on a tous une vocation, pas besoin d’être prêtre, pasteur ou missionnaire – quand on enseigne, qu’on soigne, qu’on invente une bonne technique, qu’on développe une activité, qu’on vend de bonnes choses, on sert Dieu. Rémunéré ou pas, dans les relations, les rencontres, les activités quotidiennes, en servant les autres, en cultivant et en gardant, on remplit notre vocation d’images de Dieu. Voilà qui donne une belle perspective aux lundis matins !

L’homme reçoit donc des droits (manger de tous les arbres, de tous ces fruits beaux et bons et abondants), des devoirs (cultiver et garder), et un interdit.

Pourquoi Dieu interdit-il de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ? Il y a  plusieurs interprétations, mais je penche pour l’idée qu’il s’agit d’une sagesse supérieure, qui appartient à Dieu, et qui n’est pas prévue pour l’homme. Ne pas en manger, c’est accepter de dépendre de Dieu pour orienter sa vie. En manger, c’est se prendre pour ce qu’on n’est pas, et risquer de croire qu’on peut se passer de Dieu. (Mais ce sera développé la semaine prochaine…)

Au-delà du contenu de l’interdit, le principe est intéressant : l’arbre défendu, au milieu du jardin, rappelle à l’homme qu’il est une créature. Malgré ses droits et ses responsabilités, il a quelqu’un au-dessus de lui, il n’est pas tout-puissant, il n’est pas Dieu. Cet arbre rappelle à l’homme son origine, sa place et sa vocation : créé de Dieu, travaillant avec Dieu, destiné à aimer et honorer Dieu. Il suffit de voir le désespoir de ceux qui n’ont soi-disant pas de limites pour prendre conscience de la sagesse bienfaisante de Dieu qui place notre liberté dans un cadre : le cadre de sa présence.

2)       La création de la femme

En Gn 1, il est écrit : Dieu créa l’être humain à son image, il les créa homme et femme. De manière très originale pour l’époque (et pas que), la Bible pose l’égalité de l’homme et de la femme devant Dieu. Gn 2 va zoomer sur les différences : égalité ne signifie pas uniformité ou clonage.

Petite remarque : si Dieu retarde la création de la femme, c’est peut-être pour aider l’homme à se rendre compte qu’il a besoin de la femme, avec toute cette quête auprès des animaux, avant que Dieu prenne les choses en main et crée la femme. L’homme a besoin d’un alter ego, il est créé pour être en relation avec quelqu’un de ressemblant mais différent, tout simplement parce qu’il est image d’un Dieu de relations (pensez à la Trinité : c’est un mystère, mais on peut au moins dire qu’il y a des relations entre des êtres semblables mais différenciés : Père, Fils, Saint-Esprit). L’homme est créé pour la relation – et tant qu’il est seul, le monde ne tourne pas comme il faut ; la solitude de l’homme est la seule chose que Dieu qualifie de « pas bon ».

Quelques mots sur la fabrication (litt. la construction) de la femme. Dieu prend une côte, ou plutôt, un peu du côté de l’homme – pas forcément un os. L’idée étant, comme pour la poussière dont l’homme est formé, de marquer l’appartenance : l’homme est lié à la terre, tandis que la création de la femme met l’accent sur l’appartenance au genre humain – ils sont faits de la même matière, chacun retrouve en l’autre un peu de lui-même, ce qui n’est pas le cas avec les animaux. Ce lien d’appartenance, Adam le reconnaît à la fin avec une sorte de soulagement : « la voici, l’os de mes os, la chair de ma chair – on l’appellera femme parce qu’elle vient de l’homme ». Ici, il y a un jeu de mots en hébreu : l’homme se dit ish, et la femme ishah. On l’appellera ishah car elle vient de ish – comme on dirait : Bernadette parce qu’elle vient de Bernard.

Quelle est la vocation de la femme ? Etre une aide pour l’homme, face à lui. On a pu donner l’impression qu’être une aide, c’était être inférieure, être une assistante, voire une bonne à tout faire. En fait, le mot « aide » se traduit aussi « secours, délivrance », et dans la Bible il désigne quasi toujours l’aide que Dieu apporte à son peuple en difficulté. Dieu crée la femme pour délivrer l’homme de la solitude… Ce qu’il faut voir ici, ce n’est pas la supériorité de l’un ou de l’autre, mais la gravité de la solitude : l’homme est fait pour des relations profondes, pour être compris par des personnes qu’il estime et qu’il aime.

Homme et femme : pareils mais différents. Ils se ressemblent pour pouvoir se reconnaître et se comprendre, pour donner et recevoir. En même temps, ils sont essentiellement différents – au point qu’on a parfois l’impression que l’autre est un alien. Peut-être que même sans le péché, Adam et Eve auraient dû apprendre à communiquer… Vraiment pareils, mais vraiment différents. La relation véritable nous ouvre vers l’inconnu, vers ce que l’autre a et que je n’ai pas. L’altérité conduit à un échange, à un enrichissement. (« Aimer, c’est trouver sa richesse hors de soi » Alain) Si l’autre n’est qu’un miroir, c’est moi que j’aime et que j’écoute, ce n’est pas l’autre.

Ca c’est vrai pour toutes les relations, pas seulement le couple ! Il se trouve que la première femme arrive à la fois comme le premier autre humain et l’épouse. Si l’on comprend la peine particulière vécue dans le célibat, le poids de la solitude, il serait faux de croire que seul le mariage répond au besoin de relations. Même si l’auteur fait une parenthèse sur le sens du mariage (l’homme quittera père et mère, s’attachera à sa femme et ils seront une seule chair – une seule personne), la création de la femme rappelle avant tout que nous sommes tous appelés à des relations profondes qui nous ouvrent à l’autre.

Cela étant, l’auteur fait une parenthèse sur le couple, avec cette expression étonnante : devenir une seule chair. Il ne s’agit pas de revenir à l’étape avant la femme, en absorbant l’autre ou en fusionnant ce que Dieu a séparé. L’expression ici dénote l’intimité particulière du couple, la sexualité bien sûr, mais aussi la solidarité d’une vie commune, d’un foyer unique qui présente front commun au monde. Une loyauté telle qu’elle se place au-dessus des autres loyautés, même les loyautés évidentes (l’attachement aux parents, à la fratrie ou aux enfants, qu’on ne va pas abandonner bien sûr, mais le couple prime sur toutes les autres relations). C’est contre-intuitif, mais telle est la valeur que Dieu donne au couple, au-delà de la fécondité… Comme une image de l’intimité profonde que chacun peut vivre avec Dieu. On comprend que ce type d’engagement se vit dans la durée !

Conclusion

Au début il n’y avait rien… et ce n’était « pas bon ». Puis Dieu créa, façonna, construisit, et la création s’acheva, belle et bonne. Au centre de cette œuvre, l’être humain. Au-dessus de lui : Dieu le créateur, le modèle, le vivificateur. Autour de lui : un monde magnifique dont il peut jouir, mais qu’il doit aussi aider à développer, avec sagesse. Enfin, à côté de lui, l’alter ego, la femme, le prochain, avec qui partager les joies et les responsabilités que Dieu donne.

Alors que Dieu nous inspire, qu’Il renouvelle en nous son souffle, pour que nous occupions avec joie la place qu’il nous donne dans ce monde.

Repos! (Gn 2.1-3)

https://soundcloud.com/eel-toulouse/repos

Nous continuons ce matin la série commencée la semaine dernière (vous pouvez retrouver toutes nos prédications sur internet). Vincent nous a conduits au travers du chapitre 1 de la Genèse, premier chapitre de la Bible, qui est aussi un hymne à la gloire du Créateur, présenté en 6 temps, en 6 jours, avec ce refrain : « Dieu vit que cela était bon… il y eut un soir, puis un matin, jour tant ». Les trois premiers évoquent l’ordre que Dieu met dans le monde, les jours suivants évoquent l’abondance de la vie qui germe en tous lieux, à la parole généreuse de Dieu. Le 6e jour culmine avec la création de l’être humain, homme et femme, en tant qu’image de Dieu. Que se passe-t-il ensuite ?

Lecture biblique: Genèse 2.1-3

1 Ainsi Dieu finit de créer le ciel, la terre et tout ce qu’il y a dedans. 
2 Le septième jour, Dieu a terminé le travail qu’il a fait. Et le septième jour, il se repose de tout le travail qu’il a fait. 
3 Dieu bénit le septième jour : il fait de ce jour-là un jour qui lui est réservé. En effet, ce jour-là, Dieu s’est reposé de tout son travail de créateur.

Rien de tel qu’un peu de repos après une bonne semaine de travail ! Eh oui, l’auteur de ces textes nous présente la création du monde de façon imagée, comme une semaine de travail. Il reprend les codes que l’homme peut facilement comprendre, pour présenter une œuvre au-delà de notre compréhension. Dieu se présente à l’homme, son image, comme un modèle à imiter – sur le fond comme sur la forme ! Évidemment, vous risquez d’avoir du mal demain matin à égaler les œuvres de Dieu, mais le récit biblique veut souligner les points communs entre le Dieu créateur et l’être humain, appelé à lui ressembler. Par analogie, nous pouvons œuvrer (et ça dépasse le travail rémunéré : c’est l’exercice de nos compétences, de nos dons) et nous reposer comme Dieu. D’ailleurs, dans la loi juive, Dieu demandera aux croyants de se reposer le 7e jour, comme lui à la création (c’est un des deux arguments avancés).

Donc puisque le travail comme le repos de Dieu sont présentés comme modèles, nous pouvons en tirer des applications pour nous. Mais avant cela, il faut d’abord se pencher sur le sens du repos de Dieu, sur le modèle !

1)     Le repos de Dieu

Le 7e jour, Dieu se reposa de ses œuvres. Pourquoi ? Il était fatigué ? cela paraît étonnant… Dieu donne l’impression de créer facilement, sans effort, simplement par sa parole.

Ou alors, ça y est, le monde est fini, et il passe à autre chose ? Le reste de la Bible, tout ce qui suit dans l’Histoire prouve que non, Dieu reste actif et engagé envers ses créatures. D’ailleurs, plusieurs passages soulignent le fait que Dieu prend soin, chaque jour, de sa création…

Il faut noter que le 7e jour ne ressemble pas aux 6 jours précédents : il n’y a ni soir ni matin, pas de bornes… Et nul 8e jour promis ! Dans un poème aussi travaillé et rythmé, ce silence en dit long ! Il dit que le 7e jour n’est pas fini, et que nous sommes encore dans le 7e jour de la création (ce qui indique aussi que les « jours » sont des façons de parler !) ; notre monde vit encore dans le repos de Dieu.

Quelle différence alors entre les 6 premiers jours et ce 7e jour qui commence et ne finit pas, où Dieu se repose mais continue de s’impliquer, de s’engager, d’agir et d’œuvrer… ? Dieu vient habiter sa création. Après avoir tout disposé, il s’installe ! Comme dans une maison : les travaux sont finis, il emménage, même s’il continuera à aménager, à entretenir, nettoyer, consolider, enjoliver… Mais le plus gros est fait !

Après les 6 jours de création, ça tourne ! Les bases du monde sont posées, les lois naturelles, les acteurs principaux : tout est prêt pour que les créatures puissent vivre et agir elles-mêmes, en accord avec ce que le Créateur a préparé. Le monde n’est plus passif, mais se met en branle : les créatures vont pouvoir interagir entre elles et avec le créateur. Dieu a établi les bases de son royaume, et maintenant il vient trôner, régner tranquillement au cœur de ce monde qu’il a créé.

Même si le repos de Dieu ne signifie pas un total désengagement de sa création, le texte insiste malgré tout sur l’arrêt, la pause, le fait de terminer ! Dieu sait s’arrêter, il sait ne pas faire. Même si la création fait partie de son ADN, Dieu n’est pas prisonnier ou esclave de sa puissance. Rien ne l’enchaîne pour produire, produire, produire, toujours plus. Dieu ne se définit pas seulement par ses actes, mais aussi dans son repos : il est plus que ce qu’il fait.

Oui, Dieu maintenant se repose, et se réjouit de son œuvre, il en profite, il y prend plaisir ! On imagine l’artiste devant son tableau, avec une bonne tasse de café, ravi d’avoir su concrétiser les choses magnifiques qu’il avait en tête. Ou la personne qui organise une fête depuis des mois (p. ex. un mariage) et voilà, le jour est arrivé : la fête a lieu, tout le monde est là, en train de discuter, de se régaler, de rire… et on imagine l’hôte passer de table en table, parler avec les uns les autres, heureux  de les retrouver et de les voir se réjouir. D’ailleurs, dans un autre texte qui présente la création sous un angle différent, Dieu se promène dans son jardin, parle avec les hommes… Le repos de Dieu souligne dans quel but le monde a été créé : pour la joie ! pour la fête ! Pour les relations !

2)       Un repos à vivre

Bien que les œuvres et le repos du créateur nous dépassent, la création est présentée comme une semaine de travail, un modèle à imiter.

Je ne vais pas vous surprendre en disant que le repos nous est difficile aujourd’hui… De plus de plus de gens sont épuisés, déprimés, en burn-out. A l’activisme professionnel, aux pressions de la productivité (toujours plus, plus, plus), répondent les tourbillons de la consommation, des « loisirs » (toujours faire ou avoir plus, plus, plus – plus de voyages, d’activités, de soirées…). Semaine et WE répondent à des cadences infernales, et le reste des temps de repos est envahi par les écrans…

Dans notre monde tourbillonnant, le modèle de la semaine de création nous rappelle deux choses importantes : le travail est important, et revêt une grande valeur aux yeux de Dieu. Dieu se glorifie de ce qu’il fait, et même son repos ne le détourne pas de ses œuvres, mais lui permet de jouir des fruits de son œuvre. Le travail a de la valeur – et le repos aussi. La semaine de création nous invite à rechercher les deux, en bon équilibre, sans basculer dans le tout-travail ou dans le tout-loisirs. S’il est vrai que, au travail en particulier, cet équilibre ne dépend pas toujours de notre volonté, il reste de notre responsabilité de chercher des temps de repos, ressourçants, et de les protéger autant que possible.

Mais le repos de Dieu révèle aussi quelle qualité, quelle sorte de repos nous devons chercher. Il ne s’agit pas seulement de se détendre, de dormir (même s’il le faut ! on ne saurait trop le dire) ou de se changer les idées (et c’est souvent nécessaire !) : il y a plus dans le repos que l’inactivité ou le loisir. Il y a la contemplation : à l’image de Dieu, prendre un peu de recul pour admirer, pour contempler… non pas ce que j’ai fait ! mais ce que Dieu fait ! Le repos nous invite à lever les yeux au-dessus du guidon, pour voir la grande fresque du monde : Dieu règne aujourd’hui, il soutient sa création, il pourvoit – et même si j’arrête telle activité, le monde continue de tourner… Quel repos ! Tout ne repose pas sur mes épaules ! Dieu prend soin, il règne et ses projets se réalisent !

En contemplant ce que Dieu fait, ce que Dieu est, dans le repos, nous nous rappelons que Dieu est dieu, grand, libre, généreux, qu’il achève ce qu’il a commencé. Et dans le repos vécu avec Dieu, nous trouvons notre place. Créatures formées à son image, enfants de Dieu, d’abord créés pour nous réjouir de la présence de Dieu, nous sommes. Nous sommes aimés, avant de faire quoi que ce soit.

Et dans cette contemplation, une figure émerge : le Christ. Face à nos fautes, à nos révoltes, à nos manquements, Dieu vient nous offrir le pardon. En Christ, mort et ressuscité, Dieu pose sur nous un regard qui ne change pas et qui dit : « c’est bon ». Par l’offrande de sa vie et le sacrifice qu’est sa mort, Jésus nous délivre du besoin de prouver, de rentabiliser, de justifier notre vie. Oui, notre valeur est en Dieu, qui nous crée, nous aime, nous sauve !

Le salut en Christ va encore plus loin : nous ne sommes pas seulement libérés (de la condamnation, de la honte, de la culpabilité, de la peur ou du mal…) mais nous sommes invités ! Invités à entrer dans le repos et dans la joie du Roi, invités à la fête ! En Christ, mort et ressuscité, Dieu nous regarde et nous dit : « C’est très bon ! Je t’aime ! Viens t’asseoir à ma table… Viens travailler avec moi… Viens te reposer chez moi… tu es chez toi !»

Quel repos de trouver notre place ! quel repos de pouvoir nous appuyer sur les promesses et la puissance de Dieu ! Quel repos de trouver un sens – à nos œuvres, et à notre être ! Notre vie, travail et repos compris, valait pour Dieu la peine de livrer son Fils unique. Dieu ne pouvait pas envisager de ne pas passer l’éternité avec nous ! Quel amour ! Quelle assurance nous est donnée en Christ !

Ce repos-là, bien sûr que nous pouvons l’expérimenter un jour particulier – il est très sain de réserver un temps régulier pour le repos du corps et de l’esprit ! Mais je me demande si nous ne pouvons pas, d’une certaine manière, vivre tous les jours ce repos, comme un 7e jour qui ne s’arrête pas, même au travail ou dans les tâches qui sont les nôtres, même dans les luttes parfois : nous enraciner dans le repos de Dieu.

Simplement, le matin dans la voiture ou sous la douche : « Seigneur, aujourd’hui, je te remets cette journée, mes rencontres, mes ouvrages, mes paroles et mes pensées : que ma journée entre dans tes projets, que par moi ton règne avance. »

Ou dans une situation compliquée, ponctuelle ou permanente : « Seigneur, je reconnais que tu règnes et que tu m’aimes. Je choisis de me reposer sur toi. Je choisis de te faire confiance, à toi le Créateur et sauveur. »

Conclusion

Devant les rythmes effrénés, parfois stériles, de notre vie, la semaine de création invite à un repos salutaire. Pour trouver et protéger ce repos, nous avons sûrement besoin de nous discipliner… Mais le repos que Dieu nous invite à vivre en sa présence est plus profond : c’est le repos de la foi. Le repos de celui qui n’a rien à prouver, mais qui prend joyeusement sa place, avec d’autres, dans les projets de Dieu. Le repos de celui qui sait que Dieu œuvre, aujourd’hui, comme hier et comme demain, et que sa puissance dépasse nos défaillances. Le repos de celui qui trouve sa valeur, sa vie, en Dieu, par le Christ.