Notre vocation éternelle : honorer Dieu de tout notre être

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Une question que les chrétiens se posent souvent, c’est : qu’est-ce qu’on fera « après » ? au ciel ? avec Dieu ?

La Bible nous parle assez peu de ce qui nous attend, sûrement pour éviter qu’on se perde dans des rêveries qui de toute façon seront bien inférieures ce que Dieu a prévu. Mais, parfois elle nous donne des indices sur ce que Dieu nous réserve pour l’éternité avec lui – un peu comme une bande annonce où on voit les lieux, les personnages, quelques activités, mais il nous manque la clef pour tout saisir : pour cela il faut voir le film !

Celui qui a reçu le plus d’indices, c’est l’apôtre Jean, qui a intitulé son livre « Révélation » (apocalypse d’après le grec). Je vais lire quelques versets qui plantent le décor :

Lecture biblique : Apocalypse 21.1-4

1 Alors je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre. Le premier ciel et la première terre ont disparu, et il n’y a plus de mer. 

2 Et je vis la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, qui descendait des cieux, envoyée par Dieu, prête comme une épouse qui s’est faite belle pour son mari. 

3 J’entendis une voix forte qui venait du trône et disait : « Voici, la demeure de Dieu est parmi les êtres humains ! Il demeurera avec eux et ils seront ses peuples. Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu. 

4 Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur. En effet, les choses anciennes ont disparu. »

Donc, le cadre : on repart à zéro ! Nouveau monde, nouveaux cieux, nouvelle terre ! rassurez-vous, la disparition de la mer est sûrement symbolique : a priori, c’est le côté chaotique, abyssal, dangereux, de la mer, qui serait mis de côté.

Dans ce monde nouveau, ce qu’on sait, c’est que Dieu effacera tout ce qui déforme, abîme, pèse ou écrase dans ce monde, et même toutes les traces de nos souffrances – c’est un endroit difficile à imaginer, où règne cependant la paix.

Et puis, les acteurs principaux : Dieu et la nouvelle Jérusalem. Cette ville, capitale des Juifs, représente le peuple que Dieu s’est façonné au fil de l’Histoire, ceux qui se sont tournés vers lui avec foi et qui sont devenus ses enfants pour toujours, grâce au Christ.

On sent une qualité de présence, une proximité, une relation inédite par rapport à ce qu’on ressent aujourd’hui : Dieu sera pleinement présent chez nous, et nous chez lui.

Donc, plus de mal, plus de mort, et Dieu source de vie et d’amour au centre, prêt à laisser déborder abondamment toute sa grâce !

Et alors ??… qu’est-ce qu’on fera ?…

Un peu plus loin dans le texte, d’autres indices nous sont donnés.

Lecture biblique : Apocalypse 22.3b-5

Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu lui rendront un culte. 

4 Ils verront sa face, et son nom sera inscrit sur leurs fronts. 

5 Il n’y aura plus de nuit, et ils n’auront besoin ni de la lumière d’une lampe, ni de celle du soleil, parce que le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière. Et ils régneront pour toujours.

          Quelques confirmations de ce qui a déjà été dit : plus de ténèbres, mais tout en pleine lumière, en pleine clarté, en pleine sécurité et en pleine vérité.

Dieu est bien présent en plein milieu, proche, accompagné de l’Agneau, symbole du Christ mort en sacrifice et ressuscité – lui la source de notre salut et de notre vie !

          Que font donc les enfants de Dieu ?

Ils rendent un culte, ils louent, ils adorent ! Dieu et l’Agneau, les deux ensemble, de façon entremêlée, car Dieu le Père et le Dieu le Fils devenu homme en Jésus sont tellement unis qu’on ne peut pas se tourner vers l’un sans voir l’autre.

Les enfants de Dieu sont décrits comme des adorateurs, des gens qui louent Dieu, avec une référence au grand-prêtre de l’Ancien Testament qui portait pendant le culte une inscription sur son front : consacré au Seigneur. Propriété de Dieu ! cette référence suggère deux points :

  • Dans le culte juif, il y avait une tribu (Lévi) dont certains clans étaient serviteurs, d’autres prêtres (ils pouvaient faire les sacrifices) et un seul homme, grand-prêtre. Un seul ! Un seul qui pouvait rentrer dans le lieu caché au cœur du Temple, tout près des objets par lesquels Dieu avait fait des miracles.

Dans l’éternité, ce n’est pas un seul qui peut s’approcher de Dieu, être au cœur de sa présence, c’est tous ! Tous ses enfants ! Nous serons tous au premier rang ! (J’imagine que Dieu a prévu une gestion de l’espace adaptée 😊)

D’ailleurs l’apôtre Jean dit au début de son livre (Apocalypse 1.5-6), que nous sommes déjà tous prêtres dans la foi, c’est-à-dire, tous avec un accès personnel à Dieu, sans avoir besoin d’un autre intermédiaire que Jésus. Personne n’est au second rang : nous sommes déjà tous au premier rang. Le pasteur n’est pas prêtre, il a un rôle d’accompagnement de la conduite, ou plutôt il est prêtre comme les autres – tous au premier rang ! 

  • L’autre point, c’est que ce nom marqué sur le front souligne, surligne, encadre une vérité fondamentale qui commence dès que nous recevons l’amour de Dieu en Christ : nous sommes sa propriété ! Nous sommes à lui ! Nous portons son nom de famille ! Nous sommes adoptés, choisis, chéris – pour vivre avec lui toujours. C’est notre identité, dès aujourd’hui et pour toujours !

Jean insiste sur le fait que nous verrons Dieu face à face – jusque là, ce n’est jamais arrivé, Dieu est trop grand, il est trop pur, aujourd’hui, on ne peut pas recevoir l’intensité de sa présence (comme un produit trop pur qu’il faut diluer pour l’ingurgiter sans se faire mal). On n’en est pas capables, il y aurait des effets secondaires trop forts !

Mais dans l’éternité, débarrassés de ce qui nous affaiblit et nous abîme, Dieu nous promet que nous pourrons nous abreuver de sa pure présence, nous régaler d’être avec lui.

Lorsque nous louons Dieu aujourd’hui, lorsque nous lui rendons un culte – c’est quoi rendre un culte ? C’est dire notre admiration ! notre adoration ! concentrer toute notre énergie vers l’autre, chercher à lui faire plaisir ! Quand on parle d’un fan en disant « ah oui, cet artiste ou ce sportif, c’est vraiment son idole ! », c’est que le fan est tourné constamment vers son idole, pense à lui, cherche à l’honorer de toutes les façons possibles. C’est un peu un culte : être tourné vers Dieu, l’honorer de toutes les façons possibles !

Donc, lorsqu’aujourd’hui, même imparfaitement, nous nous tournons vers Dieu, lorsque nous cherchons à l’honorer et à lui faire plaisir, lorsque nous lui disons notre amour et notre admiration, nous vivons un avant-goût de cette exultation éternelle où nous aurons devant les yeux, sous les mains, et plein les oreilles, toutes les merveilles de Dieu déployées – je m’arrête là, parce que ça dépasse mes mots !

          Le contenu de l’éternité

          Quand j’étais plus jeune, je m’inquiétais quand même un peu de cette promesse : chanter Dieu c’est très bien, mais est-ce que ce n’est pas un peu long, quand même, de chanter toute l’éternité ? Parce que l’éternité, c’est long !… surtout vers la fin, comme dirait l’autre.

D’abord, après ce beau culte préparé par les jeunes, vous répondriez à la jeune Florence : « mais enfin, Florence, louer Dieu, c’est beaucoup plus que chanter ! C’est l’honorer de tout ton être, avec tes pensées, tes actes, tes paroles, tes relations. »

Et vous auriez raison !

Et le texte de Jean appuie sur cette notion, avec une pépite que j’ai redécouverte cette semaine et qui m’a franchement époustouflée !

          v.3b : le trône de Dieu sera en plein milieu de la ville. Autrement dit, nous serons en plein dans le royaume de Dieu, ce règne que nous attendons (Notre Père qui es aux cieux, que ton règne vienne…). Ce sera le triomphe de la paix, de la justice et de l’amour de Dieu. Dieu pleinement visible comme roi, un roi d’amour, qui n’a pas hésité à se sacrifier comme un agneau… un roi comme nous n’en connaissons pas sur terre, un roi inédit !

et à la fin du v.5, dernière parole qui décrit notre vie avec Dieu dans l’éternité : (les serviteurs de Dieu) règneront pour toujours.

ils règneront. En Jésus, Dieu le Roi s’est fait serviteur, pour que nous, ses serviteurs, nous devenions rois avec lui, pour toujours. C’est pas époustouflant ? On ne pourrait pas l’inventer, un Dieu pareil !

A quoi vous associez le fait de régner ? C’est impossible qu’il s’agisse d’une domination autoritaire ou de prendre la place de Dieu – nos dérives actuelles – ce ne sera pas possible, puisque Dieu sera là, en plein milieu, dans toute sa majesté.

Ca me fait plutôt penser à une certaine liberté de mouvement, un privilège, personne au-dessus de nous pour nous écraser, nous exploiter ou nous contraindre. Un espace de liberté, une aisance, une victoire – et un certain pouvoir.

Dieu est Dieu, et heureusement il sera toujours Dieu, toujours le Roi ! Et pourtant, même s’il est le seul à avoir la légitimité de décider et d’agir, depuis le début, depuis le récit de la création, Dieu n’a qu’un désir : être avec nous et que nous soyons ses partenaires dans ses projets.

La vocation de l’être humain, c’est quoi à la base ? Cultiver et garder la création (Genèse 2.15). Dieu pouvait le faire tout seul ! mais il se réjouissait d’avance de nous voir participer, avec tous nos neurones, notre créativité, notre énergie, nos mains nos pieds, nous voir participer à ses projets.

Aujourd’hui, encore, Dieu transmet la bonne nouvelle de son amour à travers nous – il pourrait le faire tout seul ! mais il se réjouit de nous voir grandir et nous développer en étant acteurs dans ses projets.

Et dans l’éternité, nous serons encore partenaires de ses projets, partenaires de son règne. Nous ne serons pas PDG, mais nous serons associés, les associés du Roi !

Parce que c’est le plaisir de Dieu de nous voir nous développer, nous déployer, nous épanouir avec lui et pour lui. Cette image du règne est très forte : quand Dieu est au centre, nous ne sommes pas sur le banc de touche : nous sommes au top ! Quand Dieu est au centre, nous sommes au top ! Dieu est comme un père, une mère, qui se régale d’entendre son enfant rire, qui s’émerveille de le voir fabriquer un objet, qui guette ce qu’il va devenir en se frottant à la vie. Dieu mérite d’être au centre, au centre du monde, au centre de notre vie dès aujourd’hui, c’est son dû – mais son cadeau, sa grâce, sa générosité incroyable, c’est de nous y vouloir avec lui.

          Rendre un culte à Dieu aujourd’hui, dans ce que nous sommes, ce que nous faisons, en communauté et en individuel, par nos chants, nos pensées, nos choix, nos actions, c’est goûter aujourd’hui à cette relation, à ce partenariat que Dieu désire depuis toujours et pour toujours.

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