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Lecture biblique: Ezechiel 34 (extraits: v.1-7, 11-16, 23-31)
Nous continuons ce matin avec notre série de prédications de l’Avent, avec des textes de l’AT qui annoncent sous différents angles la venue du Messie. Parmi ces textes d’espérance, nous lirons aujourd’hui un oracle du prophète Ézéchiel, qui a vécu dans une des périodes les plus sombres de l’histoire d’Israël : l’exil. Après des siècles d’impiété, d’injustice et de divisions, le peuple récole ce qu’il a semé et est déporté en exil, d’abord le Nord d’Israël en Assyrie, au 8e s. av. J-C, puis le Sud en Babylonie, au 6e s. av. J-C. le peuple se retrouve dispersé, esclave et fragile, comme en Égypte quelques siècles plus tôt – c’est là qu’intervient l’oracle de Dieu : même si les compteurs sont remis à zéro, Dieu n’abandonne pas son peuple. Il renouvelle ses promesses, il rappelle son alliance et annonce la venue d’un vrai libérateur. Pour cela, il utilise une image, celle du berger. A une époque où il y avait beaucoup d’éleveurs, l’image du berger qui dirige, soigne, protège son troupeau, était vite appliquée aux gouvernants, aux leaders. Par Ézéchiel, Dieu s’adresse ainsi aux chefs d’Israël pour faire le bilan de la situation et renouveler ses promesses. Lecture
Parlons un peu politique… Pas des primaires ni des élections présidentielles qui occupent les média français ! Non, du texte politique que nous venons de lire – dès qu’on parle de l’organisation d’un peuple, d’un groupe humain, social, on est dans la politique… Devant la catastrophe nationale que vit Israël, Dieu se lance dans un manifeste politique. Il commence par condamner les dirigeants passés – rois, gouverneurs – qui n’ont pas été à la hauteur de leur charge. Jugez un peu : égoïstes et corrompus, ils ont profité des ressources du peuple sans rien donner en retour, ils ont abandonné les pauvres et les marginaux à leur précarité, ils ont laissé toutes sortes d’influences ballotter le peuple, au point d’entraîner le pays dans les guerres, les famines, l’idolâtrie, une décadence sur tous les plans. Alors Dieu décide de reprendre les choses en main : moi, Berger, voilà ce que je ferai ! Je rassemblerai, je protègerai, j’établirai la paix et la sécurité, la justice et la liberté. Je suis le berger, dit le Dieu !
- La venue progressive du dirigeant idéal
Dieu reprend la main, mais son règne n’est pas désincarné : il promet un berger humain, un berger, issu de la dynastie du roi David, avec qui Dieu a fait alliance autrefois, un berger qui établira le règne de Dieu et qui servira seulement les projets de Dieu. Qui fera quoi ? Ce texte ne le dit pas, il joue sur l’ambiguïté, sur ce berger divin qui œuvre par un berger humain, un berger unique qui réussira à suivre Dieu là où tous les autres rois ont échoué. C’est le dirigeant idéal, celui auquel nous osons à peine rêver ! Un berger qui établira fermement la justice, la paix, un état de proximité et d’harmonie avec Dieu, et avec les autres.
Comme beaucoup de prophéties, cet oracle s’est réalisé par paliers. 1er palier : une cinquantaine d’années plus tard, le peuple d’Israël revient sur sa terre sous la houlette du gouverneur Zorobabel, descendant de David, comme Dieu l’avait promis. Jérusalem est restaurée, le Temple aussi, et le pays revit – mais un peu seulement et pas longtemps, car bientôt le peuple sera à nouveau soumis : soit les prophéties étaient clairement exagérées, soit leur accomplissement total n’a pas encore eu lieu.
Alors le peuple juif se remet à attendre, un berger à la fois spirituel et politique – et c’est bien l’état d’esprit des Juifs lorsque Jésus entre en scène. Soumis de nouveau à une domination étrangère, romaine cette fois, ils attendent un libérateur ! un justicier ! un sauveur plus que spirituel : politique ! Et ils ont raison ! leur erreur a été de limiter l’œuvre du Berger à l’image qu’ils s’étaient créée, alors que Dieu avait un projet bien plus grand.
2e palier : Jésus survient, et reprend l’expression pour lui : je suis le bon berger (lequel ? Dieu ou le fils de David ? ou les deux ?). Il le démontre par le soin constant qu’il apporte aux foules : il guérit les blessés, il ramène les marginaux, il va chercher les pécheurs les plus endurcis. Il le démontre par son enseignement et son style : il cherche la paix, la justice, la vérité. Comme Dieu, il dénonce les chefs qui abusent de leur pouvoir – et donne, lui, un modèle de douceur : venez à moi, vous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos…
Le royaume de Dieu se rapproche – mais il ne s’impose pas de l’extérieur : il conquiert d’abord les cœurs ! Il ne s’arrête pas aux Juifs, mais il ouvre ses portes à tous les peuples. C’est ce que les Juifs de l’époque de Jésus ont souvent raté, alors que les prophètes l’avaient aussi annoncé. D’abord Jésus ramène au Père chaque brebis en souffrance, esclave, exilée – pour lui offrir le pardon et la paix, la réconciliation et l’amour avec Dieu. Ainsi, ceux qui croient constituent le peuple de Dieu, conduit par le berger Jésus-Christ.
Jésus, fils de David et fils de Dieu, mort pour ramener les brebis à Dieu, ressuscité, monté au ciel à la droite du Père, Jésus est le Roi, le Seigneur – politique ! il est le Roi !
Sauf que règnent encore la corruption, l’égoïsme et l’indifférence, l’exploitation et la violence, les guerres et les famines… Là encore, déçu par les mêmes travers chez nos dirigeants, le peuple de Dieu se remet à attendre : que ton règne vienne, toi qui es déjà roi ! Que ton règne advienne sur la terre comme dans le monde spirituel ! Lorsque nous prions cela, nous avons une prière politique : nous attendons le règne de Dieu ! Même si nous n’en connaissons pas tous les détails, nous savons quel programme Dieu appliquera : justice, paix, vérité, solidarité, liberté.
- L’Eglise, ambassade du ciel
Dans l’attente que Dieu manifeste son royaume sur la terre entière comme il l’a fait dans notre cœur, l’église est comme l’ambassade du ciel : elle s’efforce de vivre selon la politique de Dieu. Bien souvent, nous lisons la Bible sous un angle spirituel et individuel – mais un texte comme celui-ci change notre perspective : la foi a une dimension politique. Par la foi, nous sommes membres de la nation de Dieu, citoyens du Royaume céleste. Cela ne veut pas dire qu’il faille arrêter de s’impliquer dans la société, au contraire ! Mais le faire en citoyens du monde à venir, en gardant comme but le règne juste et pacifique de Dieu.
A l’avant-garde du Royaume, dans la mesure de nos moyens, nous annonçons qu’un autre règne est possible, en le proclamant, en le vivant. Comment l’Eglise est-elle avant-gardiste ? Reprenons l’exemple des responsables, mini-bergers délégués par le Bon Berger : qu’ils exercent leur responsabilité en imitant le Christ, avec la même générosité, la même patience, la même sollicitude. Je prêche pour nous pasteurs, bien sûr, pour le conseil, mais c’est vrai pour la plupart d’entre nous : avec nos responsabilités dans l’église (au culte, avec les enfants, les jeunes, dans un groupe…), mais aussi en famille (parents, grands-parents, frères et sœurs aînés, au sein du couple), au travail, dans une association… Plus largement, membres dans le troupeau, nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres : à veiller les uns sur les autres, à nous servir, à nous soigner, sous la houlette de Dieu.
Conclusion
Ce texte nous alerte sur la dimension politique de la foi, de l’Eglise, de la vie chrétienne : avant d’être de telle ou telle nation, nous sommes le peuple de Dieu, manifesté en Jésus-Christ – roi déjà couronné, qui attend encore avant d’instaurer pleinement son règne, berger parfait. Comme de bons patriotes, annonçons et préparons, par nos prières, nos paroles et nos actes, le Royaume de Dieu, seul royaume où le roi fait de son peuple ses enfants, ses frères, seul royaume où le roi dirige dans l’amour et la vraie justice.
Florence me présente une autre vision de la foi et de l’église, toutes deux conduites par le Bon Berger ; Notre Seigneur Jésus Christ.
Il est vrai que nous devons être présents et fidèles à la vie de notre église : rien à voir avec un meeting quel qu’il soit.
Aussi, que nous devons partager avec notre entourage notre identité de disciple, notre foi et ce que nous vivons en, par et pour Christ. Nous sommes ses disciples, ses témoins, ses militants. Nous ne dispensons pas un rêve, un idéal, un mensonge qui entraînent la déception mais…LA VERITE et LA VRAIE VIE en Christ Notre Seigneur, Sauveur et Maître.
Ainsi, mes collègues de la chorale de Gières (région grenobloise) savent que je suis disciple de Christ depuis 1984 à Strasbourg. Sans défaillance ?
Si, bien sûr, je reste pêcheur. Le débat s’arrête là car je suis trop faible pour le pousser plus loin.
Que les lecteurs de ce commentaire soient accompagnés et bénis par Notre Seigneur Jésus Christ.
Frère André (on m’appelle comme ça au F.E.U. de Grenoble).