Après la foi et l’espérance, voici, l’amour ! Enfin !
Un mot souvent galvaudé, enrobé de mièvrerie ou souillé par de sombres histoires. D’ailleurs dans certaines versions de la Bible, on a préféré traduire par « charité ». Un mot qui a, lui aussi, ses connotations pas forcément positives…
Mais la perspective biblique sur l’amour est bien plus large que le sentiment amoureux. L’amour, dans la Bible, concerne toutes nos relations. Et cela est bien exprimé par les deux commandements que Jésus cite comme étant les plus importants, et indissociables l’un de l’autre : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Pour percevoir cette large perspective, le mieux est encore de lire ce qui est sans doute un des plus beaux textes bibliques sur l’amour, et qui se termine par le verset qui est à l’origine de notre mini-série sur les trois vertus théologales : 1 Corinthiens 13. Un texte qu’on aurait bien tort de limiter aux seules cérémonies de mariage ! Un texte qu’on ferait bien aussi de ne pas réduire aux seuls versets 4-7, certes magnifiques. Il vaut même la peine de commencer la lecture avec le dernier verset du chapitre précédent.
Lecture biblique : 1 Corinthiens 12.31-13.13
Nous avons commencé la lecture avec le dernier verset du chapitre précédent parce qu’il donne le ton de la suite : « Mais maintenant, je vais vous montrer un chemin meilleur que les autres. ». La conclusion du chapitre répond à cette introduction : « Maintenant, trois choses sont toujours là : la foi, l’espérance et l’amour. Mais la plus grande des trois, c’est l’amour. » (v.13)
En quoi le chemin de l’amour est-il le meilleur ? En quoi l’amour est-il plus grand que la foi et l’espérance ?
Sans l’amour, la foi n’est que du blabla
Aux versets 1-3, Paul commence pas évoquer les pratiques spirituelles dont il a parlé au chapitre précédent. Et les exemples évoqués sont quand même impressionnants : parler la langue des hommes et la langue des anges ; parler au nom de Dieu, comprendre tous les mystères et posséder toute la connaissance ; avoir une foi assez grande pour déplacer les montagnes. Et il ajoute même des exemples de consécration étonnants : distribuer toutes ses richesses à ceux qui ont faim, livrer son corps au feu. Ce n’est quand même pas rien…
Mais toutes les manifestations de foi, même les plus spectaculaires, toutes les preuves de générosité et de consécration, ne valent rien s’il n’y a pas l’amour. Sans l’amour, la foi n’est rien de plus que du blabla, toute piété est sans valeur.
En réalité, l’amour est le sceau qui authentifie la foi et l’espérance. Une foi confessée sans amour est une contrefaçon. Si on prétend être animé d’une espérance sans être animé d’amour, on se trompe soi-même et on trompe les autres.
Le chemin de l’amour est non seulement le meilleur mais il est le seul valable, le seul que nous devions emprunter en tant que croyant. Les autres sont des impasses ou des chemins qui se perdent.
Un chemin difficile vers l’amour parfait
Nous en arrivons aux fameux versets 4-7 où Paul associe à l’amour différents qualificatifs. Il parle ici plus spécifiquement de l’amour envers le prochain. Quelle est la différence entre cette liste de qualificatifs et la liste d’exemples des premiers versets ? Ici, rien de spectaculaire : la patience, l’esprit de service, l’humilité, le pardon… Pourtant, que c’est difficile ! Surtout lorsque les qualificatifs ne sont pas pris séparément mais ensemble, comme un tout.
Qui oserait dire, en lisant ces verset : « C’est tout moi ! Voilà mon portrait craché ! » ?
On l’a dit, ces versets sont souvent lus lors des cérémonies de mariage. Et c’est évident qu’ils peuvent s’appliquer à la vie de couple. Mais pourquoi les y limiter ? Le commandement de Dieu concerne toutes nos relations : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ! » Est-ce que ces versets qualifient vraiment la façon dont nous sommes en relation avec notre prochain ?
Est-ce que j’ai de telles relations avec mes frères et sœurs dans l’Église ? L’amour rend service… l’amour ne cherche pas son propre intérêt… l’amour ne se souvient pas du mal… l’amour supporte tout…
Est-ce que j’ai de telles relations avec ceux que je côtoie dans ma vie de tous les jours ?
L’amour est patient… l’amour n’est pas jaloux… l’amour ne se met pas en colère… l’amour espère tout…
Et n’oublions pas que Jésus a dit qu’il nous fallait aller jusqu’à aimer… nos ennemis ! Comme lui-même en a donné l’exemple. Jésus nous précède sur ce chemin de l’amour, il est notre modèle, notre guide vers l’amour parfait. Meilleur chemin, l’amour est sans doute aussi le plus difficile, le plus exigeant. Celui sur lequel on ne peut pas avancer sans l’aide de Dieu, sans la force de son Esprit.
L’amour est éternel
Enfin, l’amour est le plus grand parce que l’amour est éternel. Et ce n’est pas là une affirmation romantique à l’eau-de-rose… Comme le dit le verset 8, « l’amour ne disparaît jamais. » Alors que la foi et l’espérance, oui. La foi, l’espérance et l’amour nous relient à Dieu aujourd’hui. Mais la foi et l’espérance passeront. Pas l’amour. C’est ce qui, pour l’éternité, nous relie à Dieu.
Paul le souligne, notre vie de foi est partielle, incomplète, notre connaissance est limitée. Aujourd’hui, nous voyons avec les yeux de l’espérance, de façon imparfaite, comme dans un miroir. Dans l’Antiquité, les miroirs étaient faits de métal poli et n’offraient qu’un reflet flou et déformé. Lorsque notre espérance sera accomplie, dans la présence même de Dieu, nous n’auront plus besoin de croire ni d’espérer ce que nous verrons ! Mais l’amour demeurera. Il sera même plus fort que jamais.
Voilà pourquoi l’amour est le plus grand. Aimer, c’est déjà goûter un peu du fruit de notre espérance. C’est permettre à Dieu de corriger les imperfections de notre foi.
Conclusion
La foi, l’espérance et l’amour sont les vertus qui qualifient notre relation à Dieu aujourd’hui. Mais il n’en sera pas toujours ainsi. La foi et l’espérance disparaîtront lorsque nous verrons Dieu face-à-face. L’amour par contre demeurera toujours. Voilà pourquoi l’amour est le plus grand.
En attendant, les trois sont aujourd’hui indissociables. L’amour est le sceau qui authentifie la foi et l’espérance. Il ne peut y avoir de véritable foi et de vraie espérance sans l’amour. L’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain. Voilà pourquoi l’amour est le chemin le meilleur.