Archives mensuelles : septembre 2016

image_pdfimage_print

La foi vivante produit du fruit

image_pdfimage_print

https://soundcloud.com/eel-toulouse/la-foi-vivante-produit-du

Lecture biblique: Jacques 2.14-26

Nous continuons aujourd’hui notre série de prédications sur la lettre de l’apôtre Jacques.

Jacques n’y va pas de main morte ! Sans œuvres, la foi est morte ! inutile ! elle ne sauve pas ! C’est une position radicale, sans nuances, en noir et blanc : ou bien la foi produit des œuvres et conduit au salut, ou bien elle n’en produit pas et dans ce cas, elle ne compte pas.

Dieu sauve l’homme par grâce, au moyen de la foi (p. ex. dans la lettre aux Ephésiens 2.9). Celui qui croit en moi vivra, dit Jésus. L’homme est sauvé par la grâce de Dieu seule, au moyen de la foi seule, en Jésus seul, pour la seule gloire de Dieu, ce que nous savons par la Bible seule – voilà le résumé de la Réforme protestante, qui redécouvre la puissance de l’Évangile, offre de vie pour quiconque croit en Jésus-Christ.

Comment sommes-nous sauvés ? Comment êtes-vous sauvés, individuellement ? Est-ce par la foi ? par les œuvres ? par la foi & les œuvres ? Jacques est décalé par rapport aux textes que nous avons l’habitude de lire sur la foi & le salut, mais avec ses phrases-choc, radicales, Jacques veut nous faire redécouvrir la puissance de l’Évangile, la puissance de la vie que nous offre Jésus-Christ.

1)   Sauvés par la foi, mais quelle foi ?

Jacques nous oblige à réfléchir à ce qu’est la foi. Comment définir la foi, cette clef qui nous donne accès à la grâce de Dieu ? Et il élimine d’abord deux erreurs.

D’un côté, la confession de foi ne suffit pas. Prenez quelqu’un qui croit en Dieu, en un seul Dieu – c’est l’affirmation première du judaïsme et du christianisme. Cette affirmation était courageuse dans le monde antique, où il y avait surenchère de dieux, de religions, avec des foules de dieux spécialisés, organisés, auxquels s’ajoutaient des croyances plus ou moins occultes… Dire « je crois en un seul Dieu, valable pour tous », sous-entendant que tous les autres dieux sont du vent, c’était courageux, et un beau pas de foi.

Aujourd’hui, cette affirmation est tout aussi courageuse : dans une société qui ne croit plus en rien, et certainement pas en Dieu, qui fonde ses espoirs sur la connaissance de l’homme, sa puissance, sa technologie ou à l’inverse sur les énergies, les ondes, le karma… dire « Je crois en Dieu, le seul & l’unique – et pas en l’homme, la nature, la terre Mère… », c’est un beau pas de foi.

Sauf que ça ne suffit pas ! Les démons, Satan lui-même, savent que Dieu existe – ils luttent contre lui, c’est bien qu’ils le savent ! les démons savent qu’il n’y a qu’un seul Dieu – aucun autre dieu ne s’oppose à eux, car aucun autre dieu n’existe. Les démons peuvent dire : « je crois que Dieu existe et qu’il est unique » – cela ne les sauve pas pour autant ! La foi n’est pas seulement une opinion, c’est une relation avec Dieu. Les démons savent que Dieu existe, mais ils lui tournent le dos ; le croyant sait que Dieu existe, et avec confiance, il se tourne vers lui.

Sauf que là encore, on peut se tromper. Parce que croire, c’est se tourner vers Dieu, qui nous tourne vers les autres. Et si on s’arrête à mi-chemin, on fait fausse route. « Dieu m’a béni ! alléluïa !… Tu as faim, ma sœur ? Sois bénie, que Dieu te donne comme il m’a donné ! Tu es malade ? Romains 8.28, mon frère ! » Jacques critique la foi, sincère, nourrie de confiance dans la puissance & la bonté de Dieu, mais qui s’arrête à mi-chemin, qui ne va pas au bout du processus. Jacques dénonce ici la foi qui ne s’implique pas, qui ne produit rien à part de belles paroles, qui a reçu la grâce de Dieu mais la garde bien au chaud dans ses mains fermées. Car la foi, ce n’est pas seulement une conviction, ni une intimité avec Dieu, mais c’est une relation qui transforme.

Prenons l’image de la graine. Si vous plantez une graine & que rien ne pousse, êtes-vous satisfaits ? Les démons savent où est la graine, les croyants reçoivent la graine, les enfants de Dieu portent du fruit. La graine s’enracine en eux, elle pousse, et porte du fruit – peu importe combien, peu importe comment, elle porte du fruit. C’est ce qui prouve que la graine est vivante. Nos œuvres, ce sont les fruits de notre foi, qui prouvent que la grâce reçue ne s’est pas enterrée dans notre cœur, mais qu’elle s’est enracinée pour produire une plante vivace et fructueuse. Car le salut, que nous obtenons par la foi, le salut n’est pas une garantie ou une assurance contre la mort, un réconfort pendant les enterrements. C’est bien plus que ça. Le salut que Dieu nous offre, c’est la vie, la vie avec lui pour toujours, dès aujourd’hui, une vie remplie de sa justice et de sa paix. En se sacrifiant pour nous, Jésus nous rachète aux puissances du mal & de la mort, il nous libère des engrenages du péché, pour nous remplir de son Esprit de vérité & d’amour, pour faire de nous des femmes & des hommes libres, debout, transformés par l’amour de Dieu, ambassadeurs de l’amour de Dieu.

2)   Sauvés pour aimer  

Alors quels fruits ? Quels fruits doit porter en nous la graine de l’Évangile, si elle est vraiment vivante ?

On pourrait croire que certains portent du fruit dans la prière, d’autres dans le sourire, d’autres dans l’action sociale, l’enseignement, la louange… Certains seraient doués pour aider, d’autres pour écouter, etc. chacun selon les dons que Dieu lui a donnés. Sauf que les fruits qui découlent de la transformation qu’opère la puissance de Dieu en nous, sont à un niveau plus basique : l’amour de Dieu et du prochain. Peu importe comment on va les manifester, peu importent nos points forts et nos dons, une fois rachetés par le Christ, nous sommes tous faits pour aimer, tous voués à partager l’amour que nous avons reçu. Tous ! Jacques cite deux croyants que Dieu a sauvés à cause de leur foi vivante et fructueuse : Abraham, le Père des croyants, Abraham le patriarche qui a suivi Dieu sans savoir où il allait, qui a attendu 20 ans l’accomplissement d’une promesse, qui s’est montré prêt à tout sacrifier pour Dieu, Abraham ! et Rahab, femme étrangère, prostituée, païenne, qui se range du côté de Dieu et mise tout sur lui en protégeant des espions juifs. Ils sont aux antipodes l’un de l’autre, mais les deux ont montré que leur foi était vivante, parce qu’elle les a  transformés en serviteurs de Dieu et des autres, en porteurs de bénédiction.

Quels fruits ? très simplement : aimer Dieu de toute sa force, et son prochain comme soi-même. Si nous croyons en Dieu et que nous avons reçu son amour, alors Dieu change notre vie et nous conduit sur le chemin de l’obéissance à Dieu et de l’amour de l’autre. On parcourra ce chemin avec telle ou telle préférence, tel point fort, mais ce chemin doit être parcouru. Dans toute la Bible, dans la loi donnée à Moïse, dans les psaumes, chez les prophètes, dans les discours de Jésus, dans les révélations aux premiers chrétiens, dans toute la Bible, la vraie foi produit le fruit de l’amour. Et l’amour n’est jamais abstrait – c’est une formule du pape actuel, je le cite en bonne protestante, car c’est vrai : l’amour n’est jamais abstrait. Jésus nous a aimés en venant dans le monde, en accueillant, écoutant, guérissant, prêchant, en mourant et en ressuscitant, en donnant son Esprit : il nous a aimés concrètement.

Dieu nous sauve pour que nous soyons ses enfants, les ambassadeurs de son amour, concrètement, envers notre prochain, envers celui qui s’approche de nous, peut-être par hasard, celui qu’on ne choisit pas mais devant qui on ne peut pas faire la sourde oreille. Celui qui s’approche de nous avec la faim du ventre, la faim de relations, la faim d’écoute, Dieu nous appelle à le recevoir comme lui nous a reçus. A prendre du temps, à écouter, à prier, à secourir, à dépanner, à tendre la main à celui qui se noie. Il ne s’agit pas de tout résoudre ou d’avoir toutes les réponses, mais d’ouvrir son cœur et ses mains, de donner un morceau de pain ou de temps, de s’impliquer pour l’autre. Le Christ nous tourne vers Dieu, qui nous tourne vers les autres. Et souvent, cela nous demandera de prendre des risques, d’oser, de partager, comme Abraham & Rahab.

Là on a sûrement besoin de se remettre en question, et pas qu’une fois : est-ce que j’ai une vraie relation avec Dieu ? Est-ce que la graine de l’Évangile s’est enracinée et porte du fruit ? Est-ce que je me laisse toucher par l’autre comme Dieu s’est laissé toucher par ma détresse ? Est-ce que j’aime concrètement comme Dieu m’a aimé ? Cette question on peut aussi se la poser en tant que communauté : on a plutôt de bons cultes (et je ne dis pas ça parce que je prêche !), mais qu’en est-il des fruits ? A quoi servent nos cultes ? Quel impact laisse notre foi, individuelle et communautaire, dans notre entourage ? Au travail, en famille, dans le quartier ? Sur quels chemins d’amour et de justice avançons-nous avec Dieu ?

Conclusion

Le but de Jacques n’est pas de nous plonger dans la terreur ou dans un questionnement infini (suis-je sauvé ? pas sauvé ? et là, suis-je sauvé ? pas sauvé ?), mais il rappelle ce qu’est la foi authentique : si je crois en Dieu, si je crois qu’il m’a sauvé lorsqu’il a envoyé son Fils prendre ma place et mon péché, qu’il m’a offert une vie nouvelle remplie de son Esprit & de sa présence, alors quelles en sont les conséquences dans ma vie ? quels fruits ? quel impact ?

Posons-nous la question ! Ne cherchons pas d’excuses en nous rabattant sur une foi aseptisée, ne nous justifions pas, n’utilisons pas Dieu lui-même comme excuse ! mais revenons à Dieu.

Oui, nous sommes sauvés par la foi seule, comprise comme une relation profonde avec Dieu qui nous transmet sa vie, son salut, sa grâce, une relation qui nous transforme et nous tourne vers les autres, au nom de l’amour de Dieu. Rapprochons-nous donc sans cesse de Dieu, demandons-lui de nous faire redécouvrir la puissance de son salut, de sa vie & de sa grâce, pour en être vraiment transformés. Approchons-nous de lui et il s’approchera de nous. Allons aux sources de grâce afin qu’elle déborde en nous jusqu’à atteindre les autres, pour que l’amour de Dieu se répande dans notre monde, pour sa seule gloire !

La dimension prophétique de l’accueil

image_pdfimage_print

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/la-dimension-prophetique-de

Lecture biblique : Jacques 2.1-13

Comment avez-vous été accueillis ce matin ? Peut-être particulièrement si vous êtes nouveaux… Et comment avez-vous accueilli les autres ? Avec quel regard, quelle parole, quel geste ?

Jacques, dans ce texte, part d’un cas concret d’accueil auquel il a peut-être assisté… et qui semble en tout cas entrer en échos avec la situation de l’Église à laquelle il écrit. Et ce n’est pas simplement une question de politesse ou de savoir-vivre. L’enjeu est bien spirituel et théologique. La gloire du Christ est en jeu !

Accueillir comme le Christ nous accueille

Le premier verset annonce le thème de cette section mais avec une formule qui n’est pas très facile à comprendre au premier abord :

« Mes frères et mes sœurs, vous croyez en Jésus-Christ, notre Seigneur plein de gloire. Alors ne faites pas de différence entre les gens. »

Quel est le rapport entre la gloire de Jésus et le fait de ne pas faire de différence entre les gens ? Dans le texte biblique original, en grec, les deux idées sont encore plus entremêlées, dans une seule phrase à la structure assez complexe. Mais la suite de l’argumentation nous aide à comprendre quel est l’enjeu. L’idée centrale semble bien être de souligner une inconséquence grave dans l’Église à laquelle Jacques écrit. Il y a une contradiction entre la gloire du Christ d’une part et l’honneur, ou la gloire, qui était donnée aux riches qu’on accueillait.

Or, le problème c’est que donner les places d’honneur aux riches et mépriser les pauvres, c’est agir à l’exact opposé de Dieu lui-même. Jacques le souligne dans son argumentation :

« Est-ce que Dieu ne choisit pas justement ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il veut les rendre riches en leur donnant la foi, il veut qu’ils reçoivent le Royaume promis à ceux qui ont de l’amour pour lui. » (v.5).

Cette idée était d’ailleurs déjà présente au premier chapitre : « Le chrétien qui est pauvre et petit peut être fier, parce que Dieu lui donne une place importante. Le chrétien qui est riche doit être fier, parce que Dieu le rend petit. » (Jacques 1.9-10a)

Or, l’attitude des chrétiens à qui Jacques écrit est exactement l’inverse. Ils honorent les riches et méprisent les pauvres. Il y a donc d’abord un problème théologique sérieux.

Il n’est pas impossible que les chrétiens destinataires de l’épître étaient marqués par une sorte de théologie de la prospérité avant l’heure, où la richesse en elle-même pouvait être perçue comme un signe de la bénédiction de Dieu. Du coup, les riches méritaient les places d’honneur. Mais là, on se retrouve aux antipodes de l’esprit du Royaume de Dieu pour lequel le modèle n’est pas le riche mais le pauvre, l’humble, le petit. C’est lui qu’il faudrait honorer !

Il y a donc un problème théologique mais aussi un problème simplement logique. Jacques le souligne non sans ironie : « Pourtant, qui vous écrase ? Qui vous traîne devant les tribunaux ? Ce sont les riches, n’est-ce pas ? » (v.6) Et en retour, on veut les honorer… Ca n’a pas de sens. Notez bien qu’ils voulaient peut-être ainsi essayer de s’attirer les bonnes grâces de ces riches. Mais alors à quel prix ! Surtout si, par la même occasion, ça les conduisait à mépriser ceux qui méritaient toute leur attention : les pauvres et les petits…

Bref, les destinataires de l’épître de Jacques ont vraiment tout faux ! Et ils méritent d’être sévèrement repris.

Accueillir de façon à aimer notre prochain

A partir du verset 8, Jacques donne un autre argument, qui permet d’élargir le propos : le favoritisme transgresse la loi royale « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cette loi est « royale » sans doute parce qu’elle concerne le Royaume de Dieu.

On pourrait d’ailleurs dire qu’il y a deux lois royales, l’une qui régit notre relation à Dieu et l’autre qui régit notre relation aux autres. C’est bien ce que Jésus voulait dire quand on l’a questionné pour savoir quel était le plus grand commandement et qu’il en a cité deux :
– « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée ». C’est la loi royale qui oriente notre relation à Dieu.
– « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». C’est la loi royale qui oriente notre relation au autres.

C’est cette deuxième loi royale qui est directement concernée par le propos de Jacques. Faire preuve de favoritisme, d’accueil partial, qui plus est basé sur des signes extérieurs de richesse, c’est contraire à l’amour du prochain. Soit parce qu’on se montre partial en faveur de quelqu’un parce qu’on peut en retirer un bénéfice. Ce n’est pas alors de l’amour, c’est du calcul… Soit parce qu’en favorisant l’un, pour quelque raison que ce soit, on défavorise l’autre !

On ne choisit pas son prochain ! On ne peut pas faire des catégories, avec d’un côté les bons prochains, aimables et honorables, et de l’autre les mauvais prochains, qu’on peut ignorer ou négliger. La preuve, Jésus est allé jusqu’à dire que nous devions aimer nos ennemis !

On déborde largement, ici, le cadre de l’accueil des riches et des pauvres. L’amour du prochain, qui régit nos relations selon le Royaume de Dieu, exclut toute forme de partialité ou de favoritisme. En parlant longuement de la loi, Jacques souligne qu’il ne s’agit pas là d’une simple opinion ou d’un choix optionnel mais bel et bien d’un chemin obligé pour le croyant. Certes, c’est une loi de liberté. Nous sommes libérés par le Christ, délivré du poids d’une loi qu’il faudrait accomplir pour mériter notre salut. C’est une loi de liberté… mais ça n’est est pas moins une loi ! C’est bien ce que Dieu attend de nous et nous aurons des comptes à lui rendre à ce sujet !

Et notre accueil ?

Si on réfléchit à la pertinence de ce texte pour nous aujourd’hui, il convient de nous interroger sur notre accueil, en particulier en tant qu’Eglise. Et je ne parle pas seulement de l’équipe d’accueil mais de chacun de nous, de notre regard, notre attitude, nos paroles. Il y a sans doute des formes actuelles de favoritismes, voire de discriminations, des mauvais réflexes qu’il convient de corriger.

Je ne suis pas sûr que ça se joue aujourd’hui, chez nous, entre ceux qui ont les signes apparents de richesse et ceux qui semblent pauvres ! Encore que… Mais réservons-nous vraiment un même accueil à un SDF qui entre avec son baluchon et ses habits sales, et à un jeune couple dynamique avec des enfants ? Et qu’en est-il pour un maghrébin, surtout s’il est barbu ? Et pour un couple d’homosexuels ?

Le Christ n’accueillait-il pas toutes et tous ? On le lui a reproché… Il accueillait la femme adultère, les collecteurs d’impôts, la femme atteinte d’une perte de sang depuis 12 ans et mise au banc de la société, les lépreux que tout le monde fuyait… Il n’accueillait pas seulement les « bons » prochains respectables, il accueillait le pécheurs et les gens de mauvaise vie. Et il n’hésitait pas à les honorer et pouvait même donner leur foi en exemple. N’a-t-il pas dit aux chefs religieux que les collecteurs d’impôts et les prostituées les devanceraient dans le Royaume de Dieu (Mt 21.31) ?

Conclusion

L’accueil dans l’Église n’est pas qu’une question de savoir-vivre. Il doit être comme un véritable geste prophétique : nous sommes appelés à accueillir comme le Christ nous a accueilli, d’un accueil qui témoigne de notre amour pour le prochain. Et ça doit rester vrai aujourd’hui, même avec la peur des attentats et la suspicion qu’elle entraîne.

L’accueil est notre responsabilité à tous et il commence dans le regard que nous portons les uns sur les autres. Et même si nous ne pouvons pas, comme Dieu seul le peut, regarder au cœur, ne tombons pas dans le piège des apparences. Cherchons à accueillir vraiment, sans a priori, avec les yeux de la foi, de l’espérance et de l’amour.

Heureux dans les difficultés

image_pdfimage_print

Lecture biblique: Jacques 1, 1-8, 12-18

Aujourd’hui nous commençons une série de prédications sur la lettre de l’apôtre Jacques, dans le Nouveau Testament. Jacques, un frère de Jésus, est responsable de la première église, à Jérusalem, qui rassemble des juifs convaincus que Jésus est le Messie qu’ils attendaient. Comme Jésus l’a demandé, ces croyants partagent et répandent la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ, d’abord à Jérusalem, puis en Judée (dans la région) puis de plus en plus loin : en Samarie, sur la côte, au nord jusqu’à Damas, Antioche, et même sur l’île de Chypre. Jacques écrit cette lettre à l’ensemble de ces chrétiens dispersés, dans une des premières lettres écrites aux églises, avant même l’apôtre Paul.

Pour le premier volet de notre série, je lirai une partie du ch. 1, qui commence très fort, avec la question des difficultés dans la vie du chrétien. Lecture.

Que faire face au mal ? Face aux injustices, face à la maladie, à la pauvreté, face à la persécution – que rencontraient les premiers chrétiens, malheureusement répandue dans encore de nombreux pays. Que faire face au mal ? au mal que je subis au quotidien, au mal tapi dans les replis de mon cœur…

1)   Interpréter les difficultés: des épreuves pour progresser

Jacques nous invite à porter un regard original sur les difficultés que nous rencontrons, quel qu’en soit le domaine (harcèlement au travail, conflit familial, maladie, accident, doutes, dépression…) : ce sont des occasions de joie. Voilà un raccourci difficile à encaisser, surtout pour ceux qui traversent des difficultés aujourd’hui, mais aussi pour ceux qui s’attendraient à une vie chrétienne glorieuse et facile.

Les difficultés sont des occasions de joie, d’abord parce que Dieu, qui nous aime et qui est bon, les permet. En effet, il autorise voire provoque parfois notre mise en difficulté. Attention, Dieu ne crée jamais le mal, il ne produit jamais le mal : le mal le répugne, et il ne peut pas se compromettre avec lui. Cela dit, Dieu teste régulièrement ses enfants, ou plutôt la foi de ses enfants.

Vous savez peut-être que les avions, avant de pouvoir voler, sont soumis à des mises en situation pour vérifier, par exemple, la solidité des pare-brises en cas de collision avec un objet ou un animal dans le ciel. Vous vous doutez que si un oiseau percutait le pare-brise d’un avion et perforait ce pare-brise en plein vol, non seulement le pilote, mais aussi tous les passagers seraient en danger de mort ! Du coup, les avions fraîchement construits se prennent des projectiles dans le pare-brise pour tester la solidité et la sécurité des passagers.

Les difficultés sont là pour nous tester. Pour être plus précis, elles doivent aussi nous faire progresser, elles doivent augmenter et renforcer notre foi – par foi j’entends notre relation avec Dieu, par laquelle nous recevons la vie de Dieu. Dieu nous place parfois dans des situations à la limite de nos forces, pour que nous puissions progresser. Pour reprendre l’image du pare-brise d’avion, il envoie des projectiles presque trop gros pour voir où sont les failles et comment les combler, comment rendre notre pare-brise plus résistant encore.

Pour quoi Dieu nous soumet-il à un entraînement acharné et parfois aux limites de nos forces ? Parce que Dieu veut faire de nous des images rayonnantes de sa gloire, des porteurs de sa lumière forts et vigoureux, des donneurs de joie indestructibles, des pardonneurs qui ne reculent devant rien mais qui propagent, par leur être et leurs actions, l’amour de Dieu, la justice de Dieu, la vérité et la paix de Dieu au monde.

En Jésus-Christ, Dieu nous a pardonné, il a fait de nous, hommes blessés et corrompus, ses enfants, qu’il restaure peu à peu et transfigure par son Esprit. Il nous a fait naître, non pas pour que nous restions des bambins à jamais, mais pour que nous devenions des adultes, pleins de vitalité, de conviction, de force et de générosité. C’est un Père qui se réjouit de voir ses enfants grandir et progresser.

Quand on écoute des chrétiens témoigner sur ce qui les a fait grandir dans leur proximité avec Dieu, dans leur connaissance de Dieu, dans leur expérience de l’amour de Dieu, dans leur ressemblance à Dieu, 2 fois sur 3 c’est au travers du feu, au travers des difficultés – que ce soit la maladie d’un enfant, un conflit, un échec – 2 fois sur 3 c’est dans la souffrance que les enfants de Dieu grandissent. Il ne s’agit pas de chercher à tout prix l’échec ou le conflit, de s’empoisonner ou de foncer dans le mur pour chercher à progresser, mais il ne faut pas non plus fuir la difficulté, car c’est un moyen que Dieu utilise pour nous faire grandir. Dieu l’a fait avec Abraham – lorsqu’il a testé sa loyauté en lui demandant son fils – il l’a fait avec Jésus en l’envoyant au désert se faire tenter par le Diable juste après son baptême, et il le fait avec nous en permettant que nous vivions des difficultés.

2)   Réagir aux difficultés : parier sur Dieu

Comment alors réagir aux difficultés de façon à grandir ?

D’abord j’aimerais rappeler que nos difficultés ne contiennent pas forcément une leçon cachée à découvrir, ou quelque chose de bon que nous devons ressortir de la situation. Les difficultés peuvent être mauvaises à 100% – devant un cancer, la mort accidentelle d’un enfant, la guerre, on ne peut pas « voir le verre à moitié plein » ou se dire « à toute chose malheur est bon ». Le mal est mauvais, entièrement mauvais, et Dieu ne le justifie pas.

Cela dit, même au cœur des difficultés purement mauvaises, Dieu qui nous a fait revivre par Jésus-Christ et par son Esprit, trace pour nous un chemin de vie. Pour suivre ce chemin, Jacques nous donne deux pistes : parier sur Dieu et écouter sa voix.  ***

  1. Parier sur Dieu.

Nous ne sommes pas démunis dans la difficulté : si Dieu permet que nous la vivions, il ne veut pas nous y abandonner, loin de là ! Il est prêt à nous donner toutes les aides et les soutiens nécessaires pour que nous puissions remporter l’épreuve. Dieu n’est pas injuste ! il nous donne les moyens d’aller de l’étape qui est la nôtre. Il donne sa paix, son pardon, il ouvre des portes, il donne la force, le courage – à une condition : que nous lui demandions. Dieu parie sur nous et s’engage à nos côtés, il court avec nous, il est prêt à nous pousser dans les montées, si nous sommes prêts à notre tour à compter sur lui, à parier sur lui.

Dans la difficulté, Jacques évoque un obstacle : le manque de sagesse. Il ne s’agit pas du manque d’intelligence ou d’expérience : la sagesse biblique, c’est la connaissance de Dieu qui permet de vivre une vie juste en compagnie de Dieu. Les épreuves nous testent justement sur notre confiance en Dieu et nous placent devant un carrefour : vais-je suivre le chemin de Dieu ou douter de sa capacité à aider, de son amour, du bien-fondé de ses choix – comme Eve qui écoute le serpent au jardin d’Eden : « mais enfin ma chère Eve, Dieu a dit ne pas manger ce fruit parce qu’il conduit à la mort, mais pas du tout en fait ! c’est du flan ! en réalité, les chemins de traverse sont aussi bien que l’itinéraire de Dieu. » Sauf qu’à emprunter raccourcis et déviations, on se retrouve vite loin de Dieu, embourbés dans une situation qui nous conduit à la mort.

Prenez une femme qui traverse une rupture, et panique devant la solitude qui l’attend. Là elle rencontre un homme dont elle devine qu’il ne peut pas lui être bénéfique, qu’il est prêt à l’utiliser ou à l’emmener sur des chemins destructeurs. Douter de Dieu, c’est douter de sa capacité à la rejoindre dans sa solitude, à créer de nouveaux chemins d’amour pour elle, c’est bricoler une solution à sa solitude qui non seulement ne tiendra pas, mais en plus détruira. Parier sur Dieu demande du courage et beaucoup de foi, mais jacques rappelle combien Dieu est bon, combien il est généreux, combien il nous aime, lui qui a donné son fils pour nous sauver et faire de nous ses enfants. Alors parier sur Dieu, c’est parier sur sa fidélité, sur sa puissance, sur sa créativité, sur sa présence – et celui qui parie sur Dieu est sûr de recevoir le soutien de Dieu

Quelles que soient nos difficultés, elles s’accompagnent toujours d’un risque intérieur, d’une tentation intime, liée au mal tapi en nous, dans notre manque de loyauté, notre cupidité, notre convoitise, notre haine, notre lâcheté, notre orgueil… Vaincre l’épreuve, c’est autant résister au mal extérieur qu’au mal intérieur.

Le meilleur exemple que je connaisse, c’est Jésus : éprouvé dans son corps, affaibli et fatigué, dans le désert après son baptême, tenté par les demi-vérités du diable et confronté aux tours de passe-passe démoniaques, Jésus a su ne pas céder, ne pas suivre de mauvais instincts. Il a su lutter contre l’ambition du pouvoir facile, et l’orgueil de la puissance. Dans un autre désert, juste avant d’être emmené vers la croix, contemplant sa mort à venir, injuste et insoutenable, il a su lutter contre sa peur, refuser les échappatoires et les solutions faciles, pour aller au bout de sa mission et montrer au monde, sur la croix, l’immensité de l’amour de Dieu.

Persévérer dans l’épreuve, fortifier sa foi, résister au mal, demande que nous luttions d’abord contre les désirs mauvais, les impulsions destructrices qui sont en nous. Dieu nous replace devant notre responsabilité : nous ne choisissons pas ce que nous rencontrons, ni l’impact que cela a sur nous, mais nous pouvons choisir comment réagir à cet impact. Si je vous marche sur le pied, sans demander pardon, vous subissez la situation. Mais vous pouvez décider de ne pas vous laisser aller à la colère, de ne pas me pousser ou me marcher sur le pied en retour.

Dans toutes les situations qui nous mettent en difficulté, la Bible est notre boussole. Elle nous montre, en particulier au travers du Christ, quel est le chemin qui mène à Dieu. Elle disqualifie le vol, le mensonge, la trahison… autant que le mépris, la suffisance ou l’amertume. La Bible éclaire nos brouillards en faisant surgir des pistes d’honnêteté face au mensonge, de pardon face à l’offense, de courage face à l’oppression, d’amour face au mal.

Dieu nous rend libres, acteurs de nos choix et de nos réactions : face au mal, face à la tentation, je ne suis pas vouée à chuter ou succomber. Dieu parie sur moi, Dieu me tend la main, Dieu me parle, et il m’appelle à me tourner vers lui, dans un mouvement de conversion permanent, renonçant à mes instincts mauvais et pariant sur la grâce de Dieu qui m’a sauvée et va me sauver.

Conclusion

A quoi ressemble une épreuve réussie ? A une guérison, une délivrance ? Jacques n’exclut pas l’intervention miraculeuse de Dieu, mais il se concentre surtout sur le résultat dans notre âme : est-ce que l’épreuve m’a fait grandir ? Est-ce que je me suis rapprochée de Dieu ? Est-ce que je rayonne davantage de sa grâce et de sa vérité ?

Dieu nous promet la vie éternelle – une vie surabondante en qualité, en quantité, une vie de plénitude avec lui, dans un monde où sa justice et sa paix régneront. En attendant, dans un monde corrompu et blessant, il nous appelle à diriger vers lui, à parier sur sa fidélité et sur ses promesses, et à adopter dès aujourd’hui les valeurs de demain, à vivre dès aujourd’hui, dans ce monde, dans nos circonstances compliquées et épouvantes, à vivre déjà un peu du Royaume. Et ça, c’est une occasion de se réjouir !

Attention c’est fragile !

image_pdfimage_print

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/attention-cest-fragile

Lecture biblique : Psaume 90

En arrière-plan de ce psaume, il y a le récit d’Eden : « Fils d’Adam, retourne à la poussière ! » (v.3), échos de la fameuse parole de Dieu à Adam : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». On y trouve du coup l’évocation de la mort, marque de notre faiblesse et de nos limites, celle d’une vie marquée par la peine, la souffrance, rappelant les paroles de jugement de Dieu contre Adam et Eve. Et la colère de Dieu, n’est-elle pas aussi celle qui s’est exprimée dans la jardin d’Eden avec la malédiction du serpent et l’expulsion d’Adam et Eve du jardin ?

Dans le récit d’Eden, l’enjeu était la place de l’homme devant Dieu. Créature dépendante de son Créateur, l’homme a voulu être autonome et décider seul ce qui est bien ou mal. La créature a voulu devenir comme Dieu… et c’est la raison de sa chute, de son retour à la poussière.

Du coup, ce psaume médite sur la condition humaine, marquée par la fragilité. Une méditation qui passe par tous les états : de la contemplation à la lamentation, de la supplication à la confiance.

1. L’homme est éphémère

L’homme est éphémère…. surtout quand il se place devant Dieu ! Car même si le psaume médite sur la condition humaine, il commence par évoquer Dieu. C’est un croyant qui s’exprime. Et pour le croyant, l’homme ne peut pas se définir sans référence à Dieu. Pour comprendre la créature, il faut parler du Créateur. Et quel Créateur ! En un seul verset, majestueux, le portrait est dressé :

Avant que les montagnes naissent
et que tu enfantes la terre et le monde,
depuis toujours, pour toujours, tu es Dieu. (v.2)

Dieu est éternel… ce qui nous rend encore plus éphémère. Le psaume parle d’une durée de vie de 70 ans, 80 pour les plus vigoureux… Même si on vit un peu plus longtemps aujourd’hui, qu’est-ce que ça change ? Une vie humaine, de l’ordre d’un siècle pour les plus endurants, qu’est-ce que c’est au regard de l’histoire de l’humanité ? Et encore plus au regard de l’histoire de l’univers ! Et Dieu est plus grand, et plus vieux, que l’Univers…

Selon les connaissances scientifiques actuelles, si l’on réduit l’histoire de l’univers à une année, avec le big bang à 0h le 1er janvier et aujourd’hui qui serait le 12e coup de minuit du 31 décembre, c’est tout à fait saisissant :
La Voie lactée, notre galaxie, apparaît fin janvier
La formation de la terre et de notre système solaire ne prend qu’une petite journée, le 31 août.
Les premières traces de vie connues sur terre apparaissent le 16 septembre
Les premiers poissons arrivent le 19 décembre
Les mammifères et les dinosaures, dans la nuit du 25 au 26 décembre
Lucy, notre ancienne cousine australopithèque, née le 31 décembre vers 22h30
Les parois de la grotte de Lascaux sont peintes le 31 décembre à 23 h 59 et 26 secondes
Les pyramides de Cheops sont érigées au 6e coup de minuit le 31 décembre
(source : http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/chronologie-terre.xml)

Avouez que face à cela, nous ne sommes qu’une infime poussière, des créatures bien éphémères…

Et Dieu, lui, est encore plus grand que toute cette année entière. Pour ma part, les découvertes scientifiques modernes sur l’origine et l’histoire de l’Univers me donnent une compréhension plus grande encore de l’immensité de Dieu. Et je comprends d’autant mieux ces paroles :

Oui, mille ans, à tes yeux,
sont comme hier, un jour qui s’en va,
comme une heure de la nuit.
Tu les balayes, pareils au sommeil,
qui, au matin, passe comme l’herbe ;
elle fleurit le matin, puis elle passe ;
elle se fane sur le soir, elle est sèche. (v.4-6)

Voilà qui est Dieu ! Et moi, simple poussière, que suis-je ? Ephémère…

2. L’homme est fragile

Plus encore qu’éphémère, l’homme est fragile. Sa vie n’est pas un long fleuve tranquille… Comme le dit le psalmiste :

Soixante-dix ans, c’est parfois la durée de notre vie,
quatre-vingts, si elle est vigoureuse,
et son agitation n’est que peine et misère ;
c’est vite passé, et nous nous envolons. (v.10)

Pour ce psaume, la raison pour laquelle cette vie est faite de peine et de misère, c’est la colère de Dieu ! La colère de Dieu, c’est sa réaction au péché, au mal qu’il ne peut en aucun cas tolérer. On pense bien-sûr au récit d’Eden où Dieu annonce, comme conséquence de leur désobéissance à Dieu, une vie marquée par la peine et la souffrance.

Non seulement l’homme est éphémère, la mort est le lot commun partagé par tous. Mais il est aussi fragile, la souffrance, sous toutes ses formes, vient le lui rappeler au quotidien. C’est ici que le Psaume se transforme en lamentation… Et s’il se terminait au verset 11, il serait bien déprimant !

Il y a tout de même une sagesse à retirer de cela. C’est le verset 12, qui pourrait sortir tout droit du livre de l’Ecclésiaste :

Alors, apprends-nous à compter nos jours,
et nous obtiendrons la sagesse du cœur.

Compter nos jours, c’est être conscient du caractère éphémère et fragile de notre vie. C’est une sagesse, qui nous prévient du piège de l’orgueil, cette ambition égocentrique et futile, qui pousse les uns ou les autres à rechercher, comme bien ultime, la gloire. Que ce soit chez les « grands » de ce monde qui veulent laisser une trace dans l’histoire, ou chez les candidats de téléréalité qui veulent devenir célèbre.

3. L’homme trouve la paix en Dieu

Après avoir contemplé Dieu, puis s’être lamenté de sa fragilité, le psalmiste se tourne à nouveau vers Dieu, à partir du verset 13. Il lui adresse une série de demandes, qui suivent une évolution intéressante à noter.

Il y a d’abord un appel au secours : « Reviens, SEIGNEUR ! Jusqu’à quand ? Ravise-toi en faveur de tes serviteurs. » (v.13) Puis un appel teinté d’espoir. Ah, si le Seigneur le voulait, il pourrait changer notre malheur en joie (v.14-15). Et puis les demandes s’apaisent, et prennent une tournure nouvelle, en appelant à la gloire de Dieu (v.16) et finissant même par évoquer la douceur de Dieu : « Que la douceur du Seigneur notre Dieu soit sur nous ! » (v.17) On est bien loin de la colère de Dieu !

Le Psaume se termine même par une demande surprenante quand on considère le ton de presque tout ce qui a précédé : « Consolide pour nous l’œuvre de nos mains, oui, consolide cette œuvre de nos mains. » (v.17b). L’oeuvre de NOS mains ! Nous, si petits, si fragiles…

Pourtant, il n’y a aucun orgueil dans cette demande. Juste la confiance dans le fait que ce Dieu si grand, infini et éternel, s’intéresse aux petites poussières que nous sommes. C’était déjà présent au tout début du psaume :

Seigneur, d’âge en âge
tu as été notre abri. (v.1)

Et cela s’exprime dans cette ultime demande. L’oeuvre de nos mains n’est que du vent, une petite goutte d’eau. Mais si le Seigneur l’affermit, alors cette goutte d’eau trouvera sa place dans l’océan de son Royaume. Nos œuvres, notre vie aura un sens. Celui d’entrer dans les projets de Dieu, d’être associé à son œuvre.
Conclusion

Nous avons besoin de prendre conscience de la grandeur de Dieu pour réaliser ce que nous sommes. Et si nous comprenons combien nous sommes éphémères et fragiles, alors nous comprenons l’immensité de l’amour de Dieu.

Car, en Jésus-Christ, Dieu s’est fait poussière. Pour répondre à notre détresse, il est devenu un homme, comme nous. Et il est mort, pour nous. Mais, ressuscité, il nous assure que notre retour à la poussière n’est plus définitif. La puissance de la résurrection fait de nous des poussières d’éternité, dont les modestes œuvres ici-bas, affermies par Dieu, peuvent participer à l’oeuvre de son Royaume.