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Lecture biblique: Jacques 2.14-26
Nous continuons aujourd’hui notre série de prédications sur la lettre de l’apôtre Jacques.
Jacques n’y va pas de main morte ! Sans œuvres, la foi est morte ! inutile ! elle ne sauve pas ! C’est une position radicale, sans nuances, en noir et blanc : ou bien la foi produit des œuvres et conduit au salut, ou bien elle n’en produit pas et dans ce cas, elle ne compte pas.
Dieu sauve l’homme par grâce, au moyen de la foi (p. ex. dans la lettre aux Ephésiens 2.9). Celui qui croit en moi vivra, dit Jésus. L’homme est sauvé par la grâce de Dieu seule, au moyen de la foi seule, en Jésus seul, pour la seule gloire de Dieu, ce que nous savons par la Bible seule – voilà le résumé de la Réforme protestante, qui redécouvre la puissance de l’Évangile, offre de vie pour quiconque croit en Jésus-Christ.
Comment sommes-nous sauvés ? Comment êtes-vous sauvés, individuellement ? Est-ce par la foi ? par les œuvres ? par la foi & les œuvres ? Jacques est décalé par rapport aux textes que nous avons l’habitude de lire sur la foi & le salut, mais avec ses phrases-choc, radicales, Jacques veut nous faire redécouvrir la puissance de l’Évangile, la puissance de la vie que nous offre Jésus-Christ.
1) Sauvés par la foi, mais quelle foi ?
Jacques nous oblige à réfléchir à ce qu’est la foi. Comment définir la foi, cette clef qui nous donne accès à la grâce de Dieu ? Et il élimine d’abord deux erreurs.
D’un côté, la confession de foi ne suffit pas. Prenez quelqu’un qui croit en Dieu, en un seul Dieu – c’est l’affirmation première du judaïsme et du christianisme. Cette affirmation était courageuse dans le monde antique, où il y avait surenchère de dieux, de religions, avec des foules de dieux spécialisés, organisés, auxquels s’ajoutaient des croyances plus ou moins occultes… Dire « je crois en un seul Dieu, valable pour tous », sous-entendant que tous les autres dieux sont du vent, c’était courageux, et un beau pas de foi.
Aujourd’hui, cette affirmation est tout aussi courageuse : dans une société qui ne croit plus en rien, et certainement pas en Dieu, qui fonde ses espoirs sur la connaissance de l’homme, sa puissance, sa technologie ou à l’inverse sur les énergies, les ondes, le karma… dire « Je crois en Dieu, le seul & l’unique – et pas en l’homme, la nature, la terre Mère… », c’est un beau pas de foi.
Sauf que ça ne suffit pas ! Les démons, Satan lui-même, savent que Dieu existe – ils luttent contre lui, c’est bien qu’ils le savent ! les démons savent qu’il n’y a qu’un seul Dieu – aucun autre dieu ne s’oppose à eux, car aucun autre dieu n’existe. Les démons peuvent dire : « je crois que Dieu existe et qu’il est unique » – cela ne les sauve pas pour autant ! La foi n’est pas seulement une opinion, c’est une relation avec Dieu. Les démons savent que Dieu existe, mais ils lui tournent le dos ; le croyant sait que Dieu existe, et avec confiance, il se tourne vers lui.
Sauf que là encore, on peut se tromper. Parce que croire, c’est se tourner vers Dieu, qui nous tourne vers les autres. Et si on s’arrête à mi-chemin, on fait fausse route. « Dieu m’a béni ! alléluïa !… Tu as faim, ma sœur ? Sois bénie, que Dieu te donne comme il m’a donné ! Tu es malade ? Romains 8.28, mon frère ! » Jacques critique la foi, sincère, nourrie de confiance dans la puissance & la bonté de Dieu, mais qui s’arrête à mi-chemin, qui ne va pas au bout du processus. Jacques dénonce ici la foi qui ne s’implique pas, qui ne produit rien à part de belles paroles, qui a reçu la grâce de Dieu mais la garde bien au chaud dans ses mains fermées. Car la foi, ce n’est pas seulement une conviction, ni une intimité avec Dieu, mais c’est une relation qui transforme.
Prenons l’image de la graine. Si vous plantez une graine & que rien ne pousse, êtes-vous satisfaits ? Les démons savent où est la graine, les croyants reçoivent la graine, les enfants de Dieu portent du fruit. La graine s’enracine en eux, elle pousse, et porte du fruit – peu importe combien, peu importe comment, elle porte du fruit. C’est ce qui prouve que la graine est vivante. Nos œuvres, ce sont les fruits de notre foi, qui prouvent que la grâce reçue ne s’est pas enterrée dans notre cœur, mais qu’elle s’est enracinée pour produire une plante vivace et fructueuse. Car le salut, que nous obtenons par la foi, le salut n’est pas une garantie ou une assurance contre la mort, un réconfort pendant les enterrements. C’est bien plus que ça. Le salut que Dieu nous offre, c’est la vie, la vie avec lui pour toujours, dès aujourd’hui, une vie remplie de sa justice et de sa paix. En se sacrifiant pour nous, Jésus nous rachète aux puissances du mal & de la mort, il nous libère des engrenages du péché, pour nous remplir de son Esprit de vérité & d’amour, pour faire de nous des femmes & des hommes libres, debout, transformés par l’amour de Dieu, ambassadeurs de l’amour de Dieu.
2) Sauvés pour aimer
Alors quels fruits ? Quels fruits doit porter en nous la graine de l’Évangile, si elle est vraiment vivante ?
On pourrait croire que certains portent du fruit dans la prière, d’autres dans le sourire, d’autres dans l’action sociale, l’enseignement, la louange… Certains seraient doués pour aider, d’autres pour écouter, etc. chacun selon les dons que Dieu lui a donnés. Sauf que les fruits qui découlent de la transformation qu’opère la puissance de Dieu en nous, sont à un niveau plus basique : l’amour de Dieu et du prochain. Peu importe comment on va les manifester, peu importent nos points forts et nos dons, une fois rachetés par le Christ, nous sommes tous faits pour aimer, tous voués à partager l’amour que nous avons reçu. Tous ! Jacques cite deux croyants que Dieu a sauvés à cause de leur foi vivante et fructueuse : Abraham, le Père des croyants, Abraham le patriarche qui a suivi Dieu sans savoir où il allait, qui a attendu 20 ans l’accomplissement d’une promesse, qui s’est montré prêt à tout sacrifier pour Dieu, Abraham ! et Rahab, femme étrangère, prostituée, païenne, qui se range du côté de Dieu et mise tout sur lui en protégeant des espions juifs. Ils sont aux antipodes l’un de l’autre, mais les deux ont montré que leur foi était vivante, parce qu’elle les a transformés en serviteurs de Dieu et des autres, en porteurs de bénédiction.
Quels fruits ? très simplement : aimer Dieu de toute sa force, et son prochain comme soi-même. Si nous croyons en Dieu et que nous avons reçu son amour, alors Dieu change notre vie et nous conduit sur le chemin de l’obéissance à Dieu et de l’amour de l’autre. On parcourra ce chemin avec telle ou telle préférence, tel point fort, mais ce chemin doit être parcouru. Dans toute la Bible, dans la loi donnée à Moïse, dans les psaumes, chez les prophètes, dans les discours de Jésus, dans les révélations aux premiers chrétiens, dans toute la Bible, la vraie foi produit le fruit de l’amour. Et l’amour n’est jamais abstrait – c’est une formule du pape actuel, je le cite en bonne protestante, car c’est vrai : l’amour n’est jamais abstrait. Jésus nous a aimés en venant dans le monde, en accueillant, écoutant, guérissant, prêchant, en mourant et en ressuscitant, en donnant son Esprit : il nous a aimés concrètement.
Dieu nous sauve pour que nous soyons ses enfants, les ambassadeurs de son amour, concrètement, envers notre prochain, envers celui qui s’approche de nous, peut-être par hasard, celui qu’on ne choisit pas mais devant qui on ne peut pas faire la sourde oreille. Celui qui s’approche de nous avec la faim du ventre, la faim de relations, la faim d’écoute, Dieu nous appelle à le recevoir comme lui nous a reçus. A prendre du temps, à écouter, à prier, à secourir, à dépanner, à tendre la main à celui qui se noie. Il ne s’agit pas de tout résoudre ou d’avoir toutes les réponses, mais d’ouvrir son cœur et ses mains, de donner un morceau de pain ou de temps, de s’impliquer pour l’autre. Le Christ nous tourne vers Dieu, qui nous tourne vers les autres. Et souvent, cela nous demandera de prendre des risques, d’oser, de partager, comme Abraham & Rahab.
Là on a sûrement besoin de se remettre en question, et pas qu’une fois : est-ce que j’ai une vraie relation avec Dieu ? Est-ce que la graine de l’Évangile s’est enracinée et porte du fruit ? Est-ce que je me laisse toucher par l’autre comme Dieu s’est laissé toucher par ma détresse ? Est-ce que j’aime concrètement comme Dieu m’a aimé ? Cette question on peut aussi se la poser en tant que communauté : on a plutôt de bons cultes (et je ne dis pas ça parce que je prêche !), mais qu’en est-il des fruits ? A quoi servent nos cultes ? Quel impact laisse notre foi, individuelle et communautaire, dans notre entourage ? Au travail, en famille, dans le quartier ? Sur quels chemins d’amour et de justice avançons-nous avec Dieu ?
Conclusion
Le but de Jacques n’est pas de nous plonger dans la terreur ou dans un questionnement infini (suis-je sauvé ? pas sauvé ? et là, suis-je sauvé ? pas sauvé ?), mais il rappelle ce qu’est la foi authentique : si je crois en Dieu, si je crois qu’il m’a sauvé lorsqu’il a envoyé son Fils prendre ma place et mon péché, qu’il m’a offert une vie nouvelle remplie de son Esprit & de sa présence, alors quelles en sont les conséquences dans ma vie ? quels fruits ? quel impact ?
Posons-nous la question ! Ne cherchons pas d’excuses en nous rabattant sur une foi aseptisée, ne nous justifions pas, n’utilisons pas Dieu lui-même comme excuse ! mais revenons à Dieu.
Oui, nous sommes sauvés par la foi seule, comprise comme une relation profonde avec Dieu qui nous transmet sa vie, son salut, sa grâce, une relation qui nous transforme et nous tourne vers les autres, au nom de l’amour de Dieu. Rapprochons-nous donc sans cesse de Dieu, demandons-lui de nous faire redécouvrir la puissance de son salut, de sa vie & de sa grâce, pour en être vraiment transformés. Approchons-nous de lui et il s’approchera de nous. Allons aux sources de grâce afin qu’elle déborde en nous jusqu’à atteindre les autres, pour que l’amour de Dieu se répande dans notre monde, pour sa seule gloire !
Méditation très intéressante.
Je me réfère au livre du pasteur anglais John STOTT (la croix de Jésus Christ) qui montre que notre foi doit d’abord être centrée sur la croix et l’oeuvre salvatrice de Jésus Christ pour nous ET à notre place.
Tous les fruits en découlent : avant TOUTE ACTION ne regardons pas à notre égo, notre bien-être perso mais regardons à la croix, prions, demandons l’action de l’Esprit Saint POUR LE BIEN de l’autre.
Et, bien sûr, nos actions ne sont PAS DES DEVOIRS.
Expérimentons, si ce n’est déjà fait, qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir (sous l’action bienfaisante de Jésus Christ).
Amen, alléluia.
Je rends grâce à Dieu pour cette prédication.
Je me rends compte que j’étais dans l’erreur. Effectivement la foi ce n’est pas seulement croire que Dieu existe. Je n’avais pas les œuvres. Merci MON DIEU de m’avoir ouvert les yeux. Que toute la gloire te soit rendue. Accompagne moi Seigneur sur ce chemin. AMEN