Attention c’est fragile !

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Lecture biblique : Psaume 90

En arrière-plan de ce psaume, il y a le récit d’Eden : « Fils d’Adam, retourne à la poussière ! » (v.3), échos de la fameuse parole de Dieu à Adam : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ». On y trouve du coup l’évocation de la mort, marque de notre faiblesse et de nos limites, celle d’une vie marquée par la peine, la souffrance, rappelant les paroles de jugement de Dieu contre Adam et Eve. Et la colère de Dieu, n’est-elle pas aussi celle qui s’est exprimée dans la jardin d’Eden avec la malédiction du serpent et l’expulsion d’Adam et Eve du jardin ?

Dans le récit d’Eden, l’enjeu était la place de l’homme devant Dieu. Créature dépendante de son Créateur, l’homme a voulu être autonome et décider seul ce qui est bien ou mal. La créature a voulu devenir comme Dieu… et c’est la raison de sa chute, de son retour à la poussière.

Du coup, ce psaume médite sur la condition humaine, marquée par la fragilité. Une méditation qui passe par tous les états : de la contemplation à la lamentation, de la supplication à la confiance.

1. L’homme est éphémère

L’homme est éphémère…. surtout quand il se place devant Dieu ! Car même si le psaume médite sur la condition humaine, il commence par évoquer Dieu. C’est un croyant qui s’exprime. Et pour le croyant, l’homme ne peut pas se définir sans référence à Dieu. Pour comprendre la créature, il faut parler du Créateur. Et quel Créateur ! En un seul verset, majestueux, le portrait est dressé :

Avant que les montagnes naissent
et que tu enfantes la terre et le monde,
depuis toujours, pour toujours, tu es Dieu. (v.2)

Dieu est éternel… ce qui nous rend encore plus éphémère. Le psaume parle d’une durée de vie de 70 ans, 80 pour les plus vigoureux… Même si on vit un peu plus longtemps aujourd’hui, qu’est-ce que ça change ? Une vie humaine, de l’ordre d’un siècle pour les plus endurants, qu’est-ce que c’est au regard de l’histoire de l’humanité ? Et encore plus au regard de l’histoire de l’univers ! Et Dieu est plus grand, et plus vieux, que l’Univers…

Selon les connaissances scientifiques actuelles, si l’on réduit l’histoire de l’univers à une année, avec le big bang à 0h le 1er janvier et aujourd’hui qui serait le 12e coup de minuit du 31 décembre, c’est tout à fait saisissant :
La Voie lactée, notre galaxie, apparaît fin janvier
La formation de la terre et de notre système solaire ne prend qu’une petite journée, le 31 août.
Les premières traces de vie connues sur terre apparaissent le 16 septembre
Les premiers poissons arrivent le 19 décembre
Les mammifères et les dinosaures, dans la nuit du 25 au 26 décembre
Lucy, notre ancienne cousine australopithèque, née le 31 décembre vers 22h30
Les parois de la grotte de Lascaux sont peintes le 31 décembre à 23 h 59 et 26 secondes
Les pyramides de Cheops sont érigées au 6e coup de minuit le 31 décembre
(source : http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/chronologie-terre.xml)

Avouez que face à cela, nous ne sommes qu’une infime poussière, des créatures bien éphémères…

Et Dieu, lui, est encore plus grand que toute cette année entière. Pour ma part, les découvertes scientifiques modernes sur l’origine et l’histoire de l’Univers me donnent une compréhension plus grande encore de l’immensité de Dieu. Et je comprends d’autant mieux ces paroles :

Oui, mille ans, à tes yeux,
sont comme hier, un jour qui s’en va,
comme une heure de la nuit.
Tu les balayes, pareils au sommeil,
qui, au matin, passe comme l’herbe ;
elle fleurit le matin, puis elle passe ;
elle se fane sur le soir, elle est sèche. (v.4-6)

Voilà qui est Dieu ! Et moi, simple poussière, que suis-je ? Ephémère…

2. L’homme est fragile

Plus encore qu’éphémère, l’homme est fragile. Sa vie n’est pas un long fleuve tranquille… Comme le dit le psalmiste :

Soixante-dix ans, c’est parfois la durée de notre vie,
quatre-vingts, si elle est vigoureuse,
et son agitation n’est que peine et misère ;
c’est vite passé, et nous nous envolons. (v.10)

Pour ce psaume, la raison pour laquelle cette vie est faite de peine et de misère, c’est la colère de Dieu ! La colère de Dieu, c’est sa réaction au péché, au mal qu’il ne peut en aucun cas tolérer. On pense bien-sûr au récit d’Eden où Dieu annonce, comme conséquence de leur désobéissance à Dieu, une vie marquée par la peine et la souffrance.

Non seulement l’homme est éphémère, la mort est le lot commun partagé par tous. Mais il est aussi fragile, la souffrance, sous toutes ses formes, vient le lui rappeler au quotidien. C’est ici que le Psaume se transforme en lamentation… Et s’il se terminait au verset 11, il serait bien déprimant !

Il y a tout de même une sagesse à retirer de cela. C’est le verset 12, qui pourrait sortir tout droit du livre de l’Ecclésiaste :

Alors, apprends-nous à compter nos jours,
et nous obtiendrons la sagesse du cœur.

Compter nos jours, c’est être conscient du caractère éphémère et fragile de notre vie. C’est une sagesse, qui nous prévient du piège de l’orgueil, cette ambition égocentrique et futile, qui pousse les uns ou les autres à rechercher, comme bien ultime, la gloire. Que ce soit chez les « grands » de ce monde qui veulent laisser une trace dans l’histoire, ou chez les candidats de téléréalité qui veulent devenir célèbre.

3. L’homme trouve la paix en Dieu

Après avoir contemplé Dieu, puis s’être lamenté de sa fragilité, le psalmiste se tourne à nouveau vers Dieu, à partir du verset 13. Il lui adresse une série de demandes, qui suivent une évolution intéressante à noter.

Il y a d’abord un appel au secours : « Reviens, SEIGNEUR ! Jusqu’à quand ? Ravise-toi en faveur de tes serviteurs. » (v.13) Puis un appel teinté d’espoir. Ah, si le Seigneur le voulait, il pourrait changer notre malheur en joie (v.14-15). Et puis les demandes s’apaisent, et prennent une tournure nouvelle, en appelant à la gloire de Dieu (v.16) et finissant même par évoquer la douceur de Dieu : « Que la douceur du Seigneur notre Dieu soit sur nous ! » (v.17) On est bien loin de la colère de Dieu !

Le Psaume se termine même par une demande surprenante quand on considère le ton de presque tout ce qui a précédé : « Consolide pour nous l’œuvre de nos mains, oui, consolide cette œuvre de nos mains. » (v.17b). L’oeuvre de NOS mains ! Nous, si petits, si fragiles…

Pourtant, il n’y a aucun orgueil dans cette demande. Juste la confiance dans le fait que ce Dieu si grand, infini et éternel, s’intéresse aux petites poussières que nous sommes. C’était déjà présent au tout début du psaume :

Seigneur, d’âge en âge
tu as été notre abri. (v.1)

Et cela s’exprime dans cette ultime demande. L’oeuvre de nos mains n’est que du vent, une petite goutte d’eau. Mais si le Seigneur l’affermit, alors cette goutte d’eau trouvera sa place dans l’océan de son Royaume. Nos œuvres, notre vie aura un sens. Celui d’entrer dans les projets de Dieu, d’être associé à son œuvre.
Conclusion

Nous avons besoin de prendre conscience de la grandeur de Dieu pour réaliser ce que nous sommes. Et si nous comprenons combien nous sommes éphémères et fragiles, alors nous comprenons l’immensité de l’amour de Dieu.

Car, en Jésus-Christ, Dieu s’est fait poussière. Pour répondre à notre détresse, il est devenu un homme, comme nous. Et il est mort, pour nous. Mais, ressuscité, il nous assure que notre retour à la poussière n’est plus définitif. La puissance de la résurrection fait de nous des poussières d’éternité, dont les modestes œuvres ici-bas, affermies par Dieu, peuvent participer à l’oeuvre de son Royaume.

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