L’Eglise, une passion à vivre!

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Lecture biblique : Ephésiens 4.1-6

Le passage que nous méditons ce matin est à un point tournant de la lettre de Paul ; les trois premiers chapitres décrivent l’œuvre de salut de Dieu en Jésus-Christ en partant d’avant la création pour arriver au but du salut : que l’humanité rachetée puisse célébrer la gloire de Dieu. Maintenant, Paul passe aux conséquences pratiques, aux applications concrètes des grandes vérités de la foi ; c’est pour cela qu’il dit : « je vous exhorte donc, je vous demande donc instamment de vous comporter d’une manière digne de ce que je viens de vous dire. Je vous ai parlé pendant plusieurs pages du salut, de Dieu, de la foi, de la grâce, du pardon : et voilà à quoi toutes ces vérités nous mènent, voilà comment elles doivent se traduire dans notre vie si nous voulons être cohérents avec notre foi ».

1)   Un lien incontournable

Paul commence donc une série d’exhortations qui va couvrir toute la deuxième partie de la lettre. Sa première exhortation, fondamentale, celle qui répond directement au salut qui vient de Dieu, celle qui montre ce qu’il faut donner quand on a tant reçu, c’est de vivre l’unité dans l’église. Voilà comment répondre dignement à l’appel de Dieu qui nous a sauvés. **

Les liens dans l’Église, c’est une des grandes passions de Paul : dans quasiment toutes ses lettres, on retrouve ce thème de l’amour mutuel, l’importance de s’accueillir les uns les autres, l’image de l’église comme un corps interdépendant où les uns et les autres se soutiennent, se complètent, se fortifient, et où le grand danger consiste à se diviser ou à se mépriser. L’amour dans la communauté, cela rappelle ce texte qu’on cite souvent lors des mariages : « l’amour est patient, l’amour pardonne, il fait confiance » (1 Co 13). En fait ici Paul ne parle pas du couple, mais de l’Église, et il montre que la foi, le courage, le zèle, la vertu, tout ça sans amour ne vaut rien ! J’ai cité la 1e lettre aux Corinthiens, mais aux Philippiens aussi Paul adresse cette exhortation à soigner les relations fraternelles avec humilité dans l’église, et il fait pareil pour les chrétiens de Rome, de Colosses, de Galatie etc. Dès qu’il écrit, il parle de l’Église, parce que l’amour envers les autres, les frères et sœurs dans la foi, est la 1e réponse appropriée au salut que nous avons reçu, à l’appel qui nous a été adressé : cet appel, c’est l’appel de Dieu à nous tourner vers lui, à recevoir son pardon grâce au sacrifice de Jésus-Christ, à recevoir le Saint-Esprit qui fait de nous des personnes nouvelles et qui nous guide dans cette nouvelle vie remplie de la présence de Dieu.

2)   L’unité à vivre avec réalisme

Il faut préciser que l’unité des chrétiens existe déjà : nous ne sommes pas appelés à construire de toutes pièces un lien inexistant. Quand nous acceptons le Christ comme notre sauveur, le Saint-Esprit nous attache automatiquement à Dieu et aux autres croyants. Comme lorsqu’un enfant naît, il a une connexion particulière, sociale, psychologique, génétique, avec ses parents mais aussi avec ses frères et sœurs. Ce lien familial qui nous donne des frères et sœurs en même temps qu’il nous donne un Père qui est Dieu, ce lien est créé automatiquement lorsque nous nous attachons au Christ.

Cependant, ce lien est fragile, et l’apôtre Paul nous appelle à faire tous nos efforts pour le conserver, le protéger. Vous imaginez bien, ceux qui ont des frères et sœurs ou plusieurs enfants, que partager un même nom de famille et des ADN proches ne voudraient plus dire grand-chose si les enfants ne se parlaient jamais entre eux ou refusaient de s’entraider. Le lien familial est là, mais nous sommes appelés à le développer toujours davantage. C’est pareil dans l’église : nous avons le même nom (enfants de Dieu), le même ADN (l’Esprit) mais nous sommes appelés à développer ce lien qui nous unit, parce que notre Père, Dieu, se réjouit de voir ses enfants s’aimer.

Alors comment vivre nos relations ? Paul donne 3 pistes : la simplicité, la douceur et la patience.

La simplicité, ou plutôt l’humilité : c’est reconnaître que l’autre a autant d’importance que moi, voire plus. C’est choisir de lui laisser une place à côté de moi, de le servir avant de me servir, de penser à ses intérêts avant les miens. Cela implique, parfois, de faire passer l’autre devant, de refuser d’avoir le dernier mot, d’accepter que notre idée n’est pas retenue… Mais l’amour humble choisit de s’impliquer au service de tous, même si mon idée ou ma façon de faire ne sont pas retenues.

La  douceur, on peut la traduire par la maîtrise de soi. Quoi qu’il arrive, quoi que l’autre dise ou fasse, nous sommes appelés à choisir la douceur, à choisir la bienveillance, à répondre à l’offense par le pardon et à la colère par la paix.

La patience enfin… être lent à la colère, laisser passer les détails, les malentendus, supporter les différences, les ralentis, les défauts, les caractères abrupts… Paul insiste sur la patience (v.2c)… on voit qu’il avait une grande expérience des églises où sont rassemblés des personnes qui n’ont rien d’autre en commun que le nom de Jésus-Christ, des églises où les relations s’enveniment vite parce que la foi transforme notre vie et nos caractères plus lentement qu’on ne le voudrait.

Toutes ces qualités que Paul nous invite à développer visent à soigner la paix qui nous unit. Pour nous la paix c’est souvent la paix intérieure, la « zen attitude » – le Dieu de paix c’est le Dieu qui apaise l’angoisse. C’est vrai, mais la paix dans le NT caractérise très souvent les relations – entre Dieu et les hommes Dieu qui réconcilie) et puis entre les hommes. La paix c’est non seulement l’absence de guerre, mais c’est aussi positivement le lien qui nous rassemble, la réconciliation, manifestation d’amour. Comme dit Paul plus haut dans la lettre, au ch. 2, le Christ a abattu le mur de séparation qui se dressait entre Dieu et nous, le péché, et de là, il a abattu le mur de séparation qui se dressait entre les hommes. Réconciliés avec Dieu, nous sommes appelés à vivre une vie de pardon, à donner l’amour que nous avons reçu, à tendre à notre tour une main secourable. Ce n’est pas facultatif !

Nous sommes appelés à préserver et à développer ce lien d’amour qui nous unit… L’église n’est pas seulement un groupe commun qui assiste au culte ensemble, mais notre voisin de chaise est un frère, une sœur, que Dieu me donne à aimer et à servir, pour sa plus grande joie. Cela demande du temps passé ensemble, des relations tissées patiemment, des projets menés ensemble, avec pour but des progrès vécus ensemble ! des progrès personnels – c’est dans les relations que Dieu polit et façonne notre caractère, et communautaires – c’est par nos relations que nous témoignons de l’amour de Dieu pour le monde.

Paul nous exhorte à rechercher la paix avec nos frères et sœurs en Jésus-Christ, et pour nous aider à voir combien c’est prioritaire dans notre vie chrétienne, il nous fait prendre de la hauteur. Il élève notre regard au-delà de notre petite situation particulière, de telle querelle, de tel manque de temps, et il nous montre l’Église vue du ciel, vue de Dieu.

3)   Une invitation à prendre de la hauteur

L’unité qui rassemble les croyants, Paul la décline en 7 points, sept fondements de la communion, sept raisons pour soigner les relations dans l’Église.

Un seul corps : un seul peuple, une seule famille de Dieu, une seule Église. Cette Église unique, universelle, est remplie d’un même Esprit, l’Esprit de Dieu qui souffla à la Pentecôte et unit chaque croyant à Dieu.

Une seule espérance : que le salut commencé à la croix, cette victoire sur la mort et sur le mal que Jésus a remportée lorsqu’il est mort et ressuscité, que ce salut-là remplira un jour toute la terre, lorsque le Christ reviendra pour établir parfaitement son royaume et que tout sera entièrement libéré du mal et de la mort.

Un seul Seigneur, Jésus-Christ, notre sauveur, le fils de Dieu.

Une seule confession de foi : oui, Jésus est Seigneur. Paul ne fait pas là allusion aux différences d’interprétation, d’écoles théologiques, mais il rappelle ce qui fait l’essence de notre identité chrétienne, la conviction partagée que le Christ nous a sauvés, puisque nul ne peut être chrétien s’il ne reconnaît le Christ. Tous ceux qui disent « Jésus est Seigneur » sont nos frères et nos sœurs. Un seul baptême, témoignage public de cette conviction intérieure qu’est la foi.

Enfin, un seul Dieu et père de tous, créateur de tous, souverain sur tout l’univers.

Voilà les sept piliers de notre unité, les traits essentiels de notre foi qui sont partagés par tous les chrétiens. Dans cette belle envolée, Paul nous invite à prendre de la hauteur et à considérer l’église de ce point de vue-là. Changer de regard sur l’autre, sur notre communauté, cela change notre état d’esprit, notre attitude intérieure. Paul nous invite à considérer les communautés imparfaites que nous formons comme la famille de Dieu, unie par bien plus que ce qui peut diviser, unie par le sang du christ et l’eau de l’Esprit. Il nous invite à voir ce lien et à le soigner.

C’est un investissement unique, qui demande beaucoup : il demande du temps, des dimanches matins, des soirées, des discussions, des prières, des services… Mais quand Dieu vient dans notre vie, l’Eglise vient dans notre vie. Et quand l’Eglise au bout de quelque temps, plus ou long, nous déçoit, que tel aspect nous incommode, que telle personne nous blesse, Dieu nous invite à œuvrer, de tout notre possible, au progrès de notre famille spirituelle. A vivre dès aujourd’hui selon les règles de demain, les règles du Royaume : l’amour envers les autres, la patience, l’humilité et la douceur.

Conclusion

La communion de l’Église, l’unité, c’est une exhortation centrale chez Paul, mais aussi chez Jésus & tous les apôtres. L’accueil et l’amour envers nos frères et sœurs dans la foi découlent de plusieurs raisons bibliques : partager l’amour reçu, ce qui implique le pardon et la réconciliation parfois, imiter celui qui nous a sauvés et que nous voulons suivre, Jésus, qui a donné sa vie pour moi et pour mon voisin de chaise, enfin rendre public et visible l’amour de Dieu pour l’homme. Ici, Paul insiste sur les liens invisibles mais éternels qui nous unissent déjà et nous invite à changer de regard sur la communauté, afin qu’elle devienne aussi importante pour nous qu’elle l’est pour Dieu.

Ce qui nous unit, c’est ce que nous avons de plus cher : notre Dieu, notre sauveur, notre espérance, notre vie ! Que Dieu nous remplisse toujours plus de son amour et de son Esprit, afin que nous adoptions son regard et que nous vivions selon ses priorités.

Une réflexion sur « L’Eglise, une passion à vivre! »

  1. Merci pour ce partage
    Une vérité spirituelle que nous avons envie de goûter dans le quotidien de la vie d église. Une maison où l on a hâte de se retrouver, débordante de joie, de chants, de danses, parce que les cœurs sont remplis d amour et de reconnaissance tout entièrement tournés vers Lui
    Que l Esprit du Seigneur crée en nous la soif inextinguible de vivre ce que sa Parole nous révèle.

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