image_pdfimage_print

Motivés par l’essentiel (1) Conçus pour le plaisir de Dieu

image_pdfimage_print

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/motives

Si vous deviez estimer la part que l’adoration prend dans votre journée, quel pourcentage donneriez-vous ? Soyez honnêtes ! Enlevons 8 heures de sommeil, il reste 16 heures dans la journée… presque 1000 minutes. Ca ferait quel pourcentage pour l’adoration ? 1% ? 5 % ? Plus ?

Pour l’apôtre Paul, le pourcentage que nous devrions viser n’est pas de 1%, 5 %, ni même 10 % de notre vie mais 100 % !

Romains 12.1-2
1 Frères et sœurs chrétiens, Dieu est plein de bonté pour nous. Alors, je vous demande ceci : offrez-lui votre personne et votre vie, c’est le sacrifice réservé à Dieu et qui lui plaît. Voilà le vrai culte que vous devez lui rendre. 2 Ne suivez pas les coutumes du monde où nous vivons, mais laissez Dieu vous transformer en vous donnant une intelligence nouvelle. Ainsi, vous pourrez savoir ce qu’il veut : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.

En nous exhortant à offrir notre personne et notre vie comme un sacrifice à Dieu, Paul nous invite à faire de toute notre vie une adoration à Dieu. C’est du 100 % ! Mais comment est-ce possible ?

Un sacrifice vivant

Il faut mesurer combien l’appel de l’apôtre Paul dans ces deux versets est radical. On pourrait même se demander s’il ne pousse pas le bouchon un peu loin quand même ! Offrir notre vie entière comme sacrifice à Dieu, ce n’est pas rien… On ne parle pas ici de consentir dans notre vie à quelques sacrifices, comme donner une part de ses biens à ceux qui en ont besoin ou renoncer aux grasses matinées le dimanche pour aller au culte !

L’apôtre Paul ne nous appelle pas seulement à faire des sacrifices mais à offrir notre vie entière comme un sacrifice à Dieu. Il utilise ici un vocabulaire lié au temple (sacrifice, culte…) tout en parlant de notre vie entière. Littéralement, il invite à “offrir notre corps comme un sacrifice vivant”. On est bien dans la métaphore du sacrifice offert au temple mais il s’agit ici de vivre et non pas de mourir. Le sacrifice que Dieu attend de nous, c’est notre vie toute entière. Le culte, l’adoration, ne concerne pas que le temple ou l’église. Tout, dans notre vie, est appelé à être adoration de Dieu !

Et quand Paul dit que c’est ce qui est agréable à Dieu, ce qui lui plaît, ce n’est pas comme s’il parlait du bon plaisir du roi qui peut demander tout et n’importe quoi à ses sujets. Il ne s’agit pas de satisfaire ses caprices ! Dieu n’est pas un enfant gâté qui pique une crise si les chrétiens ne l’adorent pas assez ou ne le servent pas comme il faut !

Dieu nous aime et prend plaisir à l’adoration de ses créatures. Il nous a créés à son image, pour que nous soyons en relation avec lui. En faisant de notre vie une adoration de Dieu, nous retrouvons l’intention première de Dieu pour nous, le sens profond de notre vie. Quand vous aimez quelqu’un, vraiment, vous n’avez envie que d’une chose : lui faire plaisir ! Il en est de même dans notre relation avec Dieu. Il s’agit de trouver notre plaisir dans le plaisir de Dieu.

Tout est adoration

Pour le croyant, tout est donc adoration. Ou tout devrait l’être… parce que, avouons-le, ce n’est pas si simple que ça à vivre ! Pourtant il s’agit bien d’un concept clé pour comprendre la vie chrétienne.

Le risque si on l’oublie, c’est d’avoir une vie compartimentée : l’adoration est confinée au dimanche ou au temps de prière et de méditation personnelle, le reste, c’est du boulot, des loisirs, des corvées… mais pas de l’adoration ! L’adoration, c’est quand je chante des cantiques, quand je prie, quand je lis la Bible. Pas quand je suis au bureau, quand je passe l’aspirateur à la maison ou quand je fais du sport… à la rigueur quand je fais du bien à mon prochain !

Mais offrir toute notre vie comme un sacrifice à Dieu, ça concerne… toute notre vie ! Et ça impacte aussi ma vie de prière : si l’adoration vécue le dimanche matin au culte, et la prière personnelle vécue avec Dieu, sont complètement coupées de ma vie quotidienne, je suis à côté de la plaque !

Et le problème avec cette vision étriquée de l’adoration, c’est quand on veut essayer d’instiller artificiellement de l’adoration dans notre vie quotidienne. Alors, pour se donner bonne conscience, on place des références bibliques dans toutes ses discussions, on s’efforce de toujours bien montrer qu’on est un bon chrétien et on met le Seigneur à toutes les sauces dans ses paroles… C’est ce que j’appelle des bondieuseries évangéliques ! Ça sonne faux…

A l’extrême inverse, il ne faut pas diluer l’adoration dans une réalité floue qui n’engage plus vraiment, et qui pourrait même conduire, à la limite, à ne plus prier. Si tout est adoration, est-ce vraiment utile de prier et d’aller au culte le dimanche ? Je peux bien adorer Dieu chez moi, dans mon lit, ou allongé sur la plage !

Mais nous n’adorons pas Dieu à notre insu… L’adoration demande qu’on se tourne consciemment vers Dieu, qu’on fasse l’effort de chercher à lui faire plaisir. En toutes circonstances. En fait, si mon désir n’est pas que ma vie toute entière fasse plaisir à Dieu, mon Créateur et mon Sauveur, celui qui a tout donné pour moi en son Fils Jésus-Christ, c’est que je n’ai pas encore vraiment compris l’amour de Dieu pour moi…

Un besoin de transformation

Même si l’appel est là, Paul ne pense pas que c’est du tout cuit ! Loin de là. En réalité, l’adoration dont il est question, dans toutes ses dimensions, ne nous est pas naturelle. Pour y arriver vraiment, il faut nous laisser transformer par Dieu : “laissez Dieu vous transformer !”

L’enjeu, c’est de ne pas suivre les coutumes du monde. Ou, de façon plus littérale, de ne pas se conformer au monde présent. Mais attention, il ne faut pas croire que ces “coutumes” ou ce “monde” dont parle Paul seraient ce qui vient de l’extérieur et qui risque de nous contaminer. Les “coutumes du monde”, c’est notre façon naturelle de vivre ! La frontière du “monde” passe par notre coeur. La preuve : pour échapper à leur influence, il faut que notre intelligence, notre façon de penser, soit transformée. Si le problème venait de l’extérieur, on n’aurait pas besoin d’une transformation intérieure !

Paul assume ainsi que sans une transformation de notre intelligence, nous ne sommes pas capables de savoir ce que Dieu veut, et donc comment lui faire plaisir. Pour que notre vie soit une adoration, il faut que dans notre coeur il y ait une transformation. Il me semble donc que Paul parle ici d’une discipline de vie dont les effets se mesurent dans la durée. Cette transformation dont parle l’apôtre, c’est l’oeuvre de Dieu tout au long de notre vie chrétienne.

C’est un vrai défi à relever. Car il y a, c’est vrai, des domaines de notre vie où il est facile de percevoir une dimension d’adoration et d’autres où c’est moins évident… La question que nous sommes toujours appelés à nous poser est celle-ci : comment ce que je fais et ce que je vis dans mon quotidien peuvent-ils être adoration de Dieu ?

Des activités créatrices ou solidaires peuvent facilement être perçues comme des expressions de l’image de Dieu en nous, une façon d’honorer le Dieu Créateur et amour.

Un esprit de service dans les tâches pratiques, le souci du travail bien fait peuvent aussi être une façon d’honorer Dieu, y compris dans les choses concrètes du quotidien. Les intentions donnent de la valeur à nos actes. Et Dieu connaît notre coeur !

Même le repos (pas la paresse !) fait partie de ce que Dieu veut pour nous : la 4e parole du Décalogue concerne le sabbat ! Certes, il permet la contemplation qui est une forme d’adoration. Mais le sabbat nous rappelle aussi que notre valeur devant Dieu ne dépend pas de ce que nous produisons… Vivre la gratuité, c’est vivre quelque chose de la grâce. Nous n’avons pas besoin d’être “utile” pour adorer Dieu. Voyez dans les évangiles la femme qui verse le parfum sur Jésus. Les disciples le lui reprochent en disant que ça aurait été plus utile de le vendre pour donner l’argent aux pauvres… mais Jésus honore cette femme pour ce qu’elle a fait : une geste généreux d’adoration.

Conclusion

Dieu attend 100 % de notre vie parce qu’il s’est donné à 100 % pour nous en Jésus-Christ ! On ne peut pas se satisfaire de demies mesures… Toute notre vie est appelée à être adoration.

Mais pour arriver à 100 %, ou au moins s’en rapprocher, il faut élargir notre vision de l’adoration. Et pour cela, laisser Dieu nous transformer de l’intérieur pour comprendre comment faire de notre quotidien, et pas seulement des temps explicitement spirituels, une adoration de Dieu.

L’appel de l’apôtre Paul, c’est que nous ayons une vie qui cherche toujours à faire plaisir à Dieu, dans laquelle notre plaisir est de faire plaisir à Dieu.

L’Eglise, une identité et une vocation

image_pdfimage_print

identity chrits 2

[Culte de consécration dans le Parcours Vitalité]

Pour nous inspirer dans le défi que nous avons à relever en tant qu’église, je vous invite à lire un extrait de la première lettre de l’apôtre Pierre.

Lecture biblique: 1 Pierre 2.9-10

9 Mais vous, vous êtes la race choisie, la communauté des prêtres du Roi, la nation sainte. Vous êtes le peuple que Dieu a choisi pour annoncer les grandes choses qu’il a faites. Il vous a appelés à sortir de la nuit, pour vous conduire vers sa lumière magnifique. 

10 Autrefois, vous n’étiez pas le peuple de Dieu, mais maintenant, vous êtes son peuple. Autrefois, Dieu n’avait pas pitié de vous, mais maintenant, il a pitié de vous.

Sur votre carte d’identité, qu’est-ce qu’on trouve ? Votre nom, prénom, votre date & lieu de naissance, votre taille, la couleur de vos yeux et de vos cheveux… Parfois une vieille photo qui fait ricaner vos proches, mais finalement cette carte ne dit pas grand-chose de la personne que vous êtes. De vos goûts, de vos valeurs, de vos motivations – tout ce qui détermine votre vie, vos choix, vos actions, vos façons de faire.

On n’a pas de papiers spirituels, mais spontanément, si vous deviez vous définir, vous diriez peut-être que vous êtes chrétiens, protestants, que vous êtes enfant de Dieu, sauvé, en chemin…

Quand l’apôtre Pierre décrit notre identité,  il ne parle pas de taille, de couleur ou d’âge, il reprend les mots que Dieu avait utilisés pour le peuple d’Israël à la sortie d’Egypte (Ex 19.6) : vous êtes mon peuple, la nation que j’ai choisie, les prêtres qui m’entourent. Tous les Juifs ne sont pas prêtres ! Mais Dieu parle ainsi de la proximité avec lui : comme des prêtres, vous avez accès à ma présence sainte et pure. Pierre applique les mêmes caractéristiques à l’église : notre identité c’est d’appartenir à Dieu et d’être proches de lui. Qu’est-ce que ça signifie, pour nous, aujourd’hui, au moment où nous voulons entrer dans une nouvelle dynamique d’église ?

  • Une identité à vivre ensemble

En parlant d’identité, Pierre s’attache à ce que nous sommes ensemble : un peuple, une communauté, une nation. Il ne s’arrête pas à ce que nous sommes individuellement (justifiés, pardonnés, déclarés enfants de Dieu et cohéritiers du Christ) mais il va plus loin : il regarde à ce que nous sommes, ensemble.

Peut-être qu’en Occident, nous sommes un peu défavorisés pour comprendre ce que Pierre veut dire, parce que nous sommes très attentifs à la réussite personnelle, à l’épanouissement de l’individu, à nos projets privés, plus que dans d’autres pays. Et c’est vrai que pour Dieu, qui agit en chacun de nous, qui connaît chaque recoin de notre âme et chacune de nos cellules, l’individu est précieux. Dans la Bible, Dieu met d’ailleurs l’accent sur notre relation personnelle avec lui, notre authenticité, notre intimité. Pour Dieu, l’individu est précieux, oui, mais son projet est global, universel, cosmique. Son projet, c’est d’établir la justice et l’amour sur notre terre, de restaurer notre monde et d’y faire vivre, en communion avec lui, une humanité nouvelle, marquée par la paix et la fraternité.

Le projet de Dieu va plus loin que notre sort individuel : Dieu fait de nous un peuple, le germe de cette humanité nouvelle, unie par son Esprit. Le salut en Jésus donne une autre dimension à notre identité, il l’élargit : je suis plus que moi – je suis membre de l’Eglise, muscle du corps du Christ, pierre vivante du temple de Dieu, sœur dans une immense fratrie. Notre identité, notre vocation, notre projet de vie, en Christ, est plus grand que ce que nous accomplissons personnellement – ça englobe aussi ce que nous sommes en église.  Et cette identité, Dieu nous appelle à l’explorer, à la déployer, à la vivre ensemble : c’est ensemble que nous pouvons découvrir différentes facettes de que Dieu est et de ce que Dieu veut, ensemble que nous pouvons nous encourager pour rester près de lui, ensemble encore que nous nous entraînons à la fraternité, à l’amour, à la vérité, au pardon (du coup), au service.

  • Une identité dynamique

Vous avez sûrement déjà vu des photos avant/après pour montrer l’efficacité d’un régime alimentaire, d’une opération ou d’un exercice physique : le changement est si frappant que parfois je me demande si c’est bien la même personne. Ce changement marque notre identité d’église. Au cœur de notre identité, personnelle et commune, il y a l’action de Dieu : son intervention, qui a changé radicalement notre vie. Pierre dit que nous sommes passés des ténèbres à la lumière, un changement radical – qu’on retrouve dans certains témoignages spectaculaires de conversion au Christ. Mais même si nous n’avons pas expérimenté de changement brutal, et que nous avons progressivement cru en Dieu, le processus est le même : grâce au Christ, nous avons échappé à nos ténèbres, à la fatalité du mal en nous, à l’engrenage de notre péché. Le Christ a porté dans sa mort le péché, le mal, les ténèbres qui nous étouffent – et dans sa résurrection il a fait jaillir la vie de Dieu, éclatante et lumineuse, et cette vie il nous l’offre si nous nous attachons à lui.

Au cœur de notre identité, il y a Dieu qui agit – et c’est notre point commun.

Dieu qui agit par amour, par compassion, par pitié – par grâce, c’est-à-dire motivé par son amour pour nous et non par nos mérites : par Jésus, Dieu a pardonné à des coupables, il a lavé des gens sales, il a guéri des gens malades. Dieu a pris l’initiative de nous ramener à lui.

Dieu qui agit en créateur : tout comme à l’aube du monde il a fait jaillir la lumière et l’harmonie au milieu des ténèbres et du chaos, tout comme dans la mort de Jésus il a fait jaillir la résurrection, en nous, au cœur de nos faiblesses et de nos fautes, il fait jaillir une vie nouvelle par son Esprit qui œuvre en nous. Dieu crée en nous un homme neuf, une femme neuve. Dieu fait naître une espérance : aucune fatalité ne peut triompher de lui.

Notre identité, c’est d’être les nouvelles créations de Dieu, nées de son amour et de sa fidélité, porteuses d’espérance.

  • Une vocation de témoins

Avant j’étais…, je croyais…, je faisais…, mais maintenant, inspirée par Dieu, ma vie est différente. Comme une guérison miraculeuse : j’étais aveugle et je vois, sourde, et j’entends, paralysée, et je marche. Mais ce serait faux de croire que le projet de Dieu s’arrête là ! Dieu est continuellement à l’œuvre autour de nous, dans notre monde, dans notre entourage : il fait avancer son règne, il attire et fait revivre sans cesse de nouvelles personnes – et nous ? Nous ne sommes pas spectateurs, nous ne sommes pas des cas classés dans un dossier au fond d’un tiroir : il fait de nous ses ambassadeurs, ses témoins. Nous étions paralysés, mais maintenant que nous marchons, Dieu nous envoie par équipes arpenter le monde avec lui. Il nous envoie proclamer ce qu’il a fait, en paroles et en actes.

Il ne s’agit pas de nous substituer à Dieu : nous ne sauvons personne. Mais, un peu comme des maisons témoin, nous pouvons montrer ce qui est possible avec Dieu. Pas montrer à quel point nous sommes devenus des gens bien (même si je n’en doute pas), mais ouvrir notre vie aux autres pour montrer comment Dieu agit. Par nos paroles, en décrivant nos expériences, ou par nos actes, en montrant le résultat de ce que Dieu fait en nous – lorsque nous nous abstenons d’une pratique futile ou destructrice, d’une parole mauvaise, ou quand nous choisissons ce qui est juste et bienfaisant pour l’autre.

Assommés par le quotidien, nous oublions parfois que Dieu est à l’œuvre aujourd’hui. Autour de nous, il y a des personnes qui cherchent –  sans forcément mettre des mots dessus, mais qui cherchent le pardon, la paix, l’espoir… Dieu ! Et Dieu les cherche, elles aussi, il les appelle et les invite à croire. Et nous ? nous pouvons être des ponts, des passerelles, des indices, pas parce que nous avons tout compris ou tout réussi, mais parce que nous pouvons témoigner que oui, ce pardon, cette paix, cet espoir sont à portée de main en Christ. Dieu nous envoie dans le monde participer à son œuvre de créateur, de sauveur : avec lui, avec d’autres, nous proclamons qu’une autre vie est possible, dans sa lumière.

Conclusion

Vous, vous êtes la race choisie, la communauté des prêtres du Roi, la nation sainte. Vous êtes le peuple que Dieu a choisi pour annoncer les grandes choses qu’il a faites. Il vous a appelés à sortir de la nuit, pour vous conduire vers sa lumière magnifique.

L’identité que nous recevons en Christ est pleine de possibilités. Tout est possible au Dieu qui nous a sauvés, et tout est possible à ceux qui le suivent par la foi. Cette identité, commune, dynamique, ouverte sur l’autre, elle est large, riche, magnifique ! Car elle découle de l’œuvre d’un Dieu large, riche et magnifique, le Dieu que révèle Jésus-Christ.

Et le parcours Vitalité alors ? Il ne change pas notre identité. Nous sommes le peuple de Dieu. Il ne change pas notre vocation : nous sommes appelés à témoigner. Mais il nous le rappelle de manière pressante : être sain(t), c’est être proche de Dieu. Être missionnaire, c’est répondre à son appel et œuvrer avec lui dans le monde qui nous entoure. Vitalité nous met au défi, aujourd’hui, de prendre au sérieux notre identité et notre appel : Dieu nous sauve et nous envoie, son Eglise, nous ! – comment répondrons-nous ?

L’approbation de Dieu et/ou celle des hommes

image_pdfimage_print

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/lapprobation-de-dieu-et-ou

Deutéronome 4.1-8
1 Moïse dit : Et maintenant, Israélites, écoutez les lois et les règles que je vous enseigne pour que vous leur obéissiez. Ainsi, vous vivrez et vous pourrez posséder le pays que le SEIGNEUR, le Dieu de vos ancêtres, vous donne. 2 N’ajoutez rien aux commandements que je vous communique de la part du SEIGNEUR votre Dieu. N’enlevez rien non plus, mais respectez tous ces commandements. 3 Vous avez vu vous-mêmes ce que le SEIGNEUR votre Dieu a fait dans l’affaire du dieu Baal de Péor. Il a tué tous ceux du peuple qui avaient suivi ce faux dieu. 4 Mais vous, vous êtes restés attachés au SEIGNEUR votre Dieu, et vous êtes tous vivants aujourd’hui.
5 Voyez, je vous enseigne des lois et des règles, comme le SEIGNEUR mon Dieu me l’a ordonné. Quand vous serez entrés dans le pays que vous allez posséder, obéissez à ces lois et à ces règles. 6 Si vous les gardez et si vous leur obéissez, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents. En effet, quand ils connaîtront toutes ces lois ils diront :
« Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans ce grand peuple ! » 7 Chaque fois que nous appelons à l’aide le SEIGNEUR notre Dieu, il est vraiment proche de nous. Est-ce qu’il y a un autre peuple, même parmi les plus grands, qui a des dieux aussi proches ? 8 L’enseignement que je vous présente aujourd’hui contient des lois et des règles très justes. Est-ce qu’il y a un autre peuple, même parmi les plus grands, qui a des lois et des règles aussi justes ?
Je suis un petit peu actif sur les réseaux sociaux… Et j’avoue que quand j’écris un post sur facebook ou twitter, je me demande toujours si je vais avoir beaucoup de like et qui va me retweeter. Et je regarde régulièrement, sur mon ordinateur ou mon smartphone, si j’ai de nouvelles notifications. Rassurez-vous, ce n’est pas une obsession, ce n’est pas ma raison de vivre. Je ne suis pas accroc. Enfin pas complètement… Les réseaux sociaux accentuent, sans doute à l’excès, cette course à l’approbation… ou à la provocation.

Je ne sais pas comment vous vous situez par rapport au regard des autres, quelle importance vous donnez à l’opinion que les gens ont de vous. Mais ne me dites pas : “je me fiche pas mal de ce que les gens pensent de moi.” J’aurais vraiment du mal à le croire…On vit tous, au moins en partie, à travers le regard des autres.On a tous besoin du regard approbateur, au moins de ceux qu’on aime… et sans doute plus largement encore.

D’ailleurs, en tant que croyant, il me paraît tout à fait légitime de nous soucier de ce que les gens pensent de nous. C’est une question de témoignage : notre vie, notre comportement, nos paroles peuvent être des obstacles ou au contraires des atouts dans notre témoignage au nom de l’Evangile. Alors ce qu’ils pensent de nous compte dans cette perspective !

C’est cette corde sensible de la réputation que Moïse fait vibrer dans notre texte : “Si vous gardez (ces commandements) et si vous leur obéissez, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents. En effet, quand ils connaîtront toutes ces lois ils diront : « Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans ce grand peuple ! »” (v.6)

Et là je me demande, si on transpose ce verset dans notre cas, retrouverait-on la même approbation ? Quelle sagesse, quelle intelligence chez ce croyant, cette croyante ! Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans cette Eglise ! Est-ce vraiment cela que les gens disent de nous ?

Evidemment, on pourrait aussi s’étonner de l’importance que Moïse donne au regard des autres peuples… Le plus important n’est-il pas d’avoir l’aprobation de Dieu, parfois au détriment de l’approbation des autres ? Ne faut-il pas préférer l’approbation de Dieu à celle des hommes ?

Voilà la question que nous pose ce texte : faut-il forcément mettre en tension, voire en opposition, l’approbation de Dieu et celle des hommes ?

L’approbation de Dieu, d’abord

Il faut bien-sûr le dire : l’approbation de Dieu est première. Les commandements dont parle Moïse viennent de lui, ce sont ses promesses qui y sont associées. Et Moïse rappelle un épisode douloureux de l’histoire des Hébreux, avec l’affaire du Baal de Péor. Cet épisode, relaté dans le livre des Nombres (Nb 25.1-15), évoque comment les Israélites se sont laissés entraînés à la débauche et à l’idolâtrie, et comment le jugement de Dieu s’est abattu sur son peuple tombé dans le chaos. Cet épisode qui a fait des milliers de morts rappelle l’importance de la loyauté au Seigneur. Car l’idolâtrie, c’est un problème de loyauté, qui entraîne la désapprobation de Dieu.

L’approbation de Dieu, c’est donc la priorité absolue. Et le moyen d’avoir l’approbation de Dieu se trouve dans l’obéissance à ses commandements. A tous les commandements. “N’ajoutez rien aux commandements que je vous communique de la part du SEIGNEUR votre Dieu. N’enlevez rien non plus, mais respectez tous ces commandements.” (v.2)

Et ne faisons pas le raccourci de dire trop vite : “ça c’était l’Ancien Testament, maintenant c’est différent”. Jésus a dit explicitement qu’il n’était pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. Il a dit clairement que pas un seul trait de lettre de la Loi ne devait disparaître. L’amour pour Dieu et l’amour du prochain que Jésus place au sommet de la Loi ne remplacent pas les commandements de l’Ancien Testament, ils les accomplissent.

Le problème, ce ne sont pas les commandements de Dieu, c’est ce que nous en faisons. Toute une partie du Sermon sur la Montagne montre comment Jésus cherche à “rectifier le tir”, corriger ce que les chefs religieux ont fait des commandements de Dieu, en les développant, ou en les tordant, ou en les restreignant… pour revenir au coeur de la loi. Et Jésus montre qu’il ne s’agit pas d’avoir une obéissance servile, sans réflexion, mais une obéissance à ses principes de vie. C’est la distinction entre la lettre et l’esprit, pour utiliser le langage de l’apôtre Paul.

Ce qui a changé, c’est qu’on ne cherche plus dans l’obéissance aux commandements une voie de salut. Le salut nous est acquis par le sacrifice de Jésus-Christ qui, lui, a parfaitement accompli la Loi. Mais aujourd’hui comme hier, le croyant est appelé sans cesse à se demander ce que Dieu attend de lui, comment lui faire plaisir. A chercher l’approbation de Dieu, d’abord.

Une bonne réputation réputation, aussi

Pour autant, cela signifie-t-il que l’approbation des hommes n’a aucune importance ? Certainement pas. On l’a dit, il y a là un enjeu pour le témoignage. Notre réputation, le regard que les autres posent sur nous, peuvent nous ouvrir ou nous fermer des portes dans notre témoignage à l’Evangile.

D’ailleurs, dans le Nouveau Testament, la “bonne réputation”, y compris parmi les non croyants, est même perçue parfois comme une qualité spirituelle. Ne la trouve-t-on pas dans la liste des qualités requises pour les responsables d’Eglise ? 1 Timothée 3.7 : “Il faut aussi que ceux du dehors lui rendent un beau témoignage…” (Nouvelle Bible Segond) ou comme le traduit la version Parole de Vie : “Il faut aussi que les non-chrétiens pensent du bien de ce responsable.” Et dans le portrait de la première Eglise, à Jérusalem, au lendemain de la Pentecôte, le livre des Actes des apôtres dit des chrétiens qu’il “louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple” (Actes 2.42).

Demandons-nous toujours, quand on nous accuse d’être moralisateurs, réactionnaires, coincés, rabat-joie, présomptueux, etc… si ce n’est pas vrai, au moins en partie ! Ce n’est pas forcément le cas… mais, honnêtement, est-ce que ça ne peut pas l’être un peu quand même, parfois ? La Parole de Dieu est une parole de vie qui libère. Et un croyant qui vit selon les principes de Dieu devrait être un croyant qui donne envie de croire ! Et je ne suis pas sûr que ce soit toujours l’image que nous renvoyons du chrétien ou de l’Eglise…

Avoir une bonne réputation auprès des non-croyants ne doit certainement pas être notre but ultime. Sinon on peut s’exposer à de fâcheuses compromissions. Par souci de fidélité à Dieu, on peut être amené à écorner un peu notre image auprès des non-croyants. Mais si on veut être pertinents dans notre témoignage, accessibles à nos contemporains, capables d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, alors la façon dont les autres nous voient est importante.

Arrêtons de voir les commandements de Dieu comme des prescriptions qui nous mettront toujours en porte à faux avec les non-croyants. Ça peut arriver, bien-sûr. Mais l’amour du prochain, qui est au coeur de la Loi, le respect de la vie, le souci des plus faibles, l’écoute, le service, la solidarité qui s’expriment dans de si nombreux commandements bibliques, surtout quand ils sont vécus comme Jésus les a vécus, croyez-moi, c’est reconnu et apprécié par nos contemporains ! Mais il faut que nous les vivions vraiment !

Conclusion

Faut-il donc forcément mettre en tension, voire en opposition, l’approbation de Dieu et celle des hommes ? Dans certains cas, oui, évidemment. On en a des exemples dans l’histoire biblique et dans toute l’histoire de l’Eglise, jusqu’à aujourd’hui. Si pour être approuvé des autorités d’un pays il faut renier sa foi chrétienne, alors clairement l’approbation de Dieu est plus importante que l’approbation des hommes !

Mais bien souvent, nous n’avons pas à les opposer. En particulier dans un pays comme le nôtre… Et le premier adversaire qui nous met au défi de la fidélité à Dieu n’est pas la plupart du temps l’autre qui ne partage pas ma foi, mais plutôt moi-même, dans ma difficulté à vivre pleinement les commandements de Dieu à l’image de Jésus-Christ.

Le croyant ne vit pas sa vie chrétienne seul devant son Dieu, il la vit avec des frères et soeurs en Christ, et en relation avec son prochain, quel qu’il soit. Et pour que ces relations soient fécondes, porteuses de foi, d’espérance et d’amour, il faut bien aussi se préoccuper de ce que les autres pensent de nous. D’autant que, parfois, cela permet aussi de mettre en lumière chez nous des travers qu’il nous faut bel et bien corriger.

Quand le Christ transforme le mariage

image_pdfimage_print

couple 2

Pour la prédication, j’ai choisi un des textes du jour, tiré de la lettre de Paul à l’église d’Ephèse. Après avoir décrit tout ce que Dieu a fait pour nous en Christ, Paul encourage les chrétiens à mener une vie digne de cette œuvre. Purifiés par le Christ, remplis de l’Esprit de Dieu, les chrétiens sont appelés à imiter Dieu dans tous les domaines de leur vie – dans la communauté de l’église, mais aussi dans leur mariage, leur famille, leur travail. Le texte sur le mariage montre comment le Christ transforme notre façon de vivre le couple. Mais si vous n’êtes pas en couple, ne partez pas ! Même quand Paul parle du mariage, il parle aussi aux autres et donne des pistes pour une vie qui honore Dieu.

Lecture (Bible en français courant)

21 [Dans l’église] Soumettez-vous les uns aux autres à cause du respect que vous avez pour le Christ.

22 Femmes, soyez soumises à votre mari, comme vous l’êtes au Seigneur. 23 Car le mari est le chef de sa femme, comme le Christ est le chef de l’Église. Le Christ est en effet le Sauveur de l’Église qui est son corps. 24 Les femmes doivent donc se soumettre en tout à leur mari, tout comme l’Église se soumet au Christ.

25 Maris, aimez votre femme tout comme le Christ a aimé l’Église jusqu’à donner sa vie pour elle. 26 Il a voulu ainsi rendre l’Église digne d’être à Dieu, après l’avoir purifiée par l’eau et par la parole ; 27 il a voulu se présenter à lui-même l’Église dans toute sa beauté, pure et sans défaut, sans tache ni ride ni aucune autre imperfection.

28 Les maris doivent donc aimer leur femme comme ils aiment leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. 29 En effet, personne n’a jamais haï son propre corps ; au contraire, on le nourrit et on en prend soin, comme le Christ le fait pour l’Église, 30 son corps, dont nous faisons tous partie. 31 Comme il est écrit : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux deviendront un seul être. » 32 Il y a une grande vérité cachée dans ce passage. Je dis, moi, qu’il se rapporte au Christ et à l’Église.

33 Mais il s’applique aussi à vous : il faut que chaque mari aime sa femme comme lui-même, et que chaque femme respecte son mari.

Voilà un texte magistral, mais difficile à entendre. Ne serait-ce que pour l’expression « femme soumise », bien peu audible aujourd’hui. C’est typiquement le genre de texte qu’on ne lit pas de façon neutre : on y met nos présupposés, notre expérience, nos mauvais souvenirs, nos peurs aussi… Mais disons-le d’emblée : Paul n’encourage pas la tyrannie masculine, ni un modèle de femme transparente, effacée, sans voix ni volonté. Paul ne cherche pas non plus à flatter la société patriarcale de l’époque. En fait, à l’époque de Paul (1er s.) et en Asie mineure (Ephèse & environ), le contexte social est marqué par la diversité. Un bon nombre de foyers vivent sous l’autorité de l’homme qui est seul maître, seul agent moral, seul citoyen. Mais depuis quelque temps, certaines femmes, en particulier dans les milieux aisés : elles s’instruisent, elles travaillent, elles enseignent, on trouve même des femmes directrices d’établissement scolaire ou occupant un poste dans la municipalité. Et des mouvements religieux récents valorisent la place de la femme, parfois avec excès.

Dans son discours sur le mariage, Paul s’adresse à tous ces courants, qui ressemblent à ceux de notre société, où le machisme ordinaire côtoie le féminisme le plus exacerbé. Le texte de Paul choque son auditoire, à l’époque comme aujourd’hui, parce qu’il nous met au défi de vivre le mariage, non pas comme nos ancêtres l’ont vécu, non pas comme les têtes d’affiche le vivent, mais en imitant le Christ – et franchement, aucune culture, à aucune époque, n’a vécu cette réalité sans effort. Comme tout ce qui est saint et parfait, c’est inédit pour nous et nous avons besoin de laisser Dieu nous apprendre à quoi peut bien ressembler le mariage tel que lui le désire.

Paul s’appuie sur le parallèle biblique entre le mariage et l’alliance de Dieu avec son peuple, qui devient l’alliance du Christ avec l’Eglise, au point que Paul voit même dans la création du mariage (Gn 2) une annonce voilée de cette extraordinaire relation entre Jésus et l’Eglise : une relation d’intimité, d’unité, qui ressemble au lien entre la tête et le corps.

Aujourd’hui comme à l’époque, chaque couple a sa propre dynamique, certains plus comme ci, d’autres plus comme ça : Paul ne propose pas un carcan dans lequel tous doivent entrer, mais des principes larges qui nous interpellent tous, et même célibataires.

1) Deux je pour un nous – s’engager pour l’autre

Ce qui est frappant, c’est que Paul s’adresse à chacun en leur rappelant leur devoir à eux. Paul ne dit pas : « mari soumets ta femme, fais-toi servir ; femme, fais-toi honorer ». Mais il en appelle à ce que chacun peut faire, à son positionnement propre : ce n’est pas le mari qui soumet sa femme (avec les dérives qu’on peut imaginer) mais la femme qui se soumet, elle-même, volontairement. Ce n’est pas la femme qui manipule l’homme pour avoir ce qu’elle veut, mais l’homme qui de lui-même la chérit et prend soin d’elle. En fait, Paul invite chacun à s’engager lui-même dans le mariage, et non à engager l’autre à son service, comme un contrat où je le vire s’il ne correspond pas aux critères attendus. Chacun est appelé à se positionner devant l’autre, indépendamment de ce que l’autre mérite, parce qu’il veut manifester l’amour qui vient de Dieu.

Cet amour, c’est un amour qui se décentre pour se focaliser sur le bien de l’autre, un amour qui n’a pas peur de s’abaisser pour élever l’autre – c’est l’amour du Christ (Paul le décrit en Philippiens 2), c’est l’amour que nous sommes tous appelés à vivre, avec tous (dans des contextes adaptés). Le texte qu’on a lu dérive de ce principe général : soumettez-vous les uns aux autres. Tout amour soutient l’autre, le valorise, œuvre pour lui, est loyal, prend l’initiative de la réconciliation… Cette réciprocité vaut dans le couple : chacun œuvre pour l’autre, élève l’autre, en se mettant à son service, dans une dynamique féconde qui bénit et l’un et l’autre.

Cela dit, ce principe général n’exclut pas certaines spécificités, sinon on se serait arrêté au v. 21.

2) Les devoirs propres à chacun 

Paul décrit les devoirs propres à chacun ainsi, littéralement : la femme est invitée spécifiquement à se soumettre, càd à respecter son mari (v.33). Le mari est appelé spécifiquement à honorer sa femme, càd à l’aimer (v.33).

a. se soumettre / respecter

Commençons par ce que ce n’est pas : obéir [autre verbe], tout accepter, se laisser dégrader/ humilier, faciliter le péché de l’autre [ex : acheter alcool ou drogue pour addict]. Pourquoi Paul dit-il alors que la femme doit se soumettre « en tout » ? Paul insiste ici sur l’attitude générale, par défaut, de la femme. Parfois nous nous focalisons tellement sur les exceptions, légitimes, que nous en négligeons le principe. Enfin, la femme ne doit pas se soumettre à son mari comme à un dieu (ce serait idolâtre !) mais le respecter par égard pour Dieu.

Au minimum, je crois que ce texte nous interpelle, épouses, sur l’attitude que nous avons dans notre couple. Est-ce que j’ai l’impression de respecter mon mari ? (est-ce que lui se sent respecté ?) Est-ce que parfois je m’autorise à le dénigrer ou le rabaisser, est-ce que je passe mon temps à le critiquer, est-ce que je le brime ? Dans mes paroles, est-ce que je pique là où ça fait mal ? Quel regard je porte sur ce qu’il fait, sur son travail ou ses efforts ? Nous connaissons tant d’hommes tyrans, violents et dominateurs, que nous oublions parfois que les femmes aussi peuvent blesser, écraser, humilier leur époux. On ne répond pas à une dérive par une dérive inverse. Cultiver le respect, c’est chercher d’abord ce qui est beau chez notre époux, pour valoriser et soutenir ses dons, ses qualités, ses initiatives. De quoi peut-il être fier (et moi avec) ?

b. honorer / aimer

Et maintenant, le mari : la recommandation est trois fois plus longue :s Non pas que l’homme soit moins doué pour l’amour, mais Paul insiste ici car ce qu’il va dire, personne à son époque ne l’a dit – aujourd’hui il mettrait peut-être l’accent autre part.

L’épouse est semblable à l’église, qui suit de bon cœur le Christ. Le mari est semblable au Christ, la tête, le maître, le roi… le serviteur ! Celui qui exprime son autorité en s’abaissant pour laver les pieds de ses disciples, celui qui renonce à tous ses privilèges pour faire du bien à ceux qu’il aime.

Ca va sans dire : l’analogie avec le Christ ne touche pas le salut ! Vous n’êtes pas le sauveur ni l’espérance de votre femme, mais le mari doit imiter le Christ dans son attitude.

Paul prend l’image de la tête qui agit en communion avec son corps, càd pour le bien du corps et le sien : la relation est interactive. L’époux, la tête, le Christ ont pour points communs de protéger, soigner, nourrir, donner ce dont l’autre a besoin.

Et puisque le Christ s’est sacrifié par amour pour nous, l’époux est appelé à la même posture. Alors on pense aux situations dramatiques de vie ou de mort, où l’homme chevaleresque protège sa femme jusqu’à en mourir. Certes, mais c’est peu fréquent. L’interpellation retentit pour le quotidien : chers maris, comment honorez-vous votre épouse ? Comment vous mettez-vous à son écoute ? Que faites-vous pour elle ? Comment l’associez-vous à vos projets ? Est-ce que vous êtes submergés par les difficultés du quotidien, la pression au travail et le besoin de décompresser au point de devenir sourds à ses besoins à elle ? Honorer, aimer, ça peut être simplement de faire de votre épouse une priorité explicite dans votre quotidien, dégager du temps à passer avec elle – pour l’écouter, faire une activité commune, ou lui rendre service en la déchargeant d’une corvée (et lui montrer ainsi que vous êtes solidaires). Des sacrifices ordinaires qui n’en sont pas moins réels, puisque vous donnez de votre personne pour la faire passer devant.

3) Un mariage marqué par la grâce

Au-delà des indications spécifiques, Paul décrit surtout un mariage marqué par la grâce. Un mariage où on abandonne les luttes de pouvoir : il ne s’agit plus d’obtenir ou d’exiger, mais d’offrir, de s’offrir. Inspiré par l’amour du Christ, le mariage devient l’alliance de deux individus affirmés qui existent sainement par eux-mêmes, qui ne cherchent pas à s’opposer mais qui s’unissent l’un à l’autre sans réserves. Un mariage où l’un et l’autre œuvrent pour grandir ensemble, pour apprendre ensemble. Même si les mots sont différents, homme et femme sont appelés à veiller aux intérêts de l’autre, à entrer dans le service joyeux qui élève leur conjoint, quitte à renoncer à leur intérêt propre.

La perspective change : on passe des droits aux devoirs – et ça aujourd’hui c’est difficile à entendre, dans une époque où tout est dû, où nous exigeons beaucoup, où nous sommes très concentrés sur nos droits, et beaucoup moins sur nos responsabilités. Paul demande à chacun de devenir adulte : de sortir de l’attente où l’autre doit satisfaire tous mes désirs, pour prendre l’initiative d’aimer gratuitement mon conjoint.

Le mariage tel qu’il est décrit ici demande de laisser Dieu renouveler et transformer notre façon de voir les choses, nos réflexes, notre culture, nos attentes – pour le laisser modeler notre attitude, et faire de nous des personnes qui aiment, servent, élèvent leur prochain. Cette perspective-là, de responsabilité, d’initiative, de grâce, de service, que vous soyez mariés ou non, elle vous concerne ! Dans le couple, mais aussi en famille, avec les collègues, les amis, les voisins, en voiture, le Christ nous appelle chacun à l’imiter en toutes circonstances – c’est ainsi que nous pourrons vraiment faire l’expérience de son amour.

Prions : Ô Dieu, nous avons tellement besoin de ton Esprit saint. Viens transformer les couples que nous formons, apprends-nous à aimer et respecter comme toi, à valoriser notre moitié et à la servir de bon cœur. C’est notre prière pour chacun, couple ou célibataire : délivre-nous de l’égocentrisme, de l’orgueil, de l’appétit de pouvoir, et apprends-nous à encourager plutôt qu’écraser. Que nous soyons de ceux qui élèvent l’autre, et qui portent haut le flambeau de ton amour.

 

 

Pour aller plus loin :

Dr Emerson Eggerichs, L’amour et le respect, éd. Ministère Multilingue International, 2013 (sur la dynamique d’Ephésiens 5).

Gary Thomas, Vous avez dit oui à quoi ? et si Dieu avait imaginé le mariage pour vous rendre saint, éd. BLF, 2012 (sur le mariage comme lieu d’apprentissage de l’amour du Christ).

 

Jonas – épisode 4

image_pdfimage_print

https://soundcloud.com/eel-toulouse/jonas-episode-4

Résumé des épisodes précédents : Au VIIIe siècle avant J-C, alors que l’Assyrie terrifie toute la région, le Seigneur envoie son prophète Jonas annoncer la destruction de Ninive, la capitale assyrienne. Contre toute attente, Jonas refuse d’obéir à Dieu et prend un bateau pour Tarsis, aux antipodes de Ninive. Il faut que le Seigneur déclenche une tempête et suscite un grand poisson qui engloutit Jonas pour faire entendre raison au prophète. Une fois recraché sur la terre ferme, Jonas se voit confier à nouveau la même mission par le Seigneur… et cette fois il obéit. Mais il n’a pas fini de parcourir Ninive en annonçant sa destruction qu’un grand mouvement de repentance gagne toute la ville, jusqu’au roi. Et, surprise, Dieu renonce alors à la destruction de Ninive !

Le livre de Jonas aurait pu s’arrêter au troisième épisode, sur un happy end… Toute une ville qui se repent grâce à la proclamation de Jonas : c’est le rêve de tout prophète ou de tout prédicateur ! Mais on n’est jamais au bout de nos surprises avec Jonas… Nous allons le voir avec ce quatrième et dernier épisode.
Lecture biblique : Jonas 4

1 Jonas n’est pas content du tout, vraiment pas du tout. Il se met en colère. 2 Il fait cette prière au SEIGNEUR : « Ah ! SEIGNEUR, je le savais bien quand j’étais encore dans mon pays. C’est pourquoi je me suis dépêché de fuir à Tarsis. Je le savais bien, tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d’amour, et tu regrettes tes menaces. 3 Maintenant, SEIGNEUR, laisse-moi mourir. Oui, je préfère la mort à la vie. »
4 Le SEIGNEUR répond à Jonas : « Est-ce que tu as raison de te mettre en colère ? »
5 Jonas sort de la ville et il s’arrête à l’est de Ninive. Là, il se construit un abri et s’assoit dessous, à l’ombre. Il veut voir ce qui va se passer dans la ville. 6 Alors le SEIGNEUR Dieu fait pousser une plante au-dessus de Jonas. De cette façon, il aura de l’ombre et sera guéri de sa mauvaise humeur. Jonas est rempli de joie à cause de la plante. 7 Mais le jour suivant, un peu avant le lever du soleil, Dieu envoie un ver. Le ver pique la plante, et la plante sèche. 8 Puis, quand le soleil se lève, Dieu envoie de l’est un vent brûlant. Le soleil tape sur la tête de Jonas. Il va bientôt s’évanouir. Alors il souhaite la mort et dit : « Je préfère la mort à la vie. »
9 Dieu demande à Jonas : « Est-ce que tu as raison de te mettre en colère à cause de cette plante ? »
Jonas répond : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère et de souhaiter la mort ! »
10 Le SEIGNEUR lui dit : « Toi, tu as pitié de cette plante. Pourtant, elle ne t’a demandé aucun travail. Ce n’est pas toi qui l’as fait pousser. En une nuit elle a grandi, en une nuit elle a séché. 11 À Ninive, il y a plus de 120 000 habitants qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. Il y a aussi beaucoup d’animaux. Alors, est-ce que je ne peux pas, moi, avoir pitié de cette grande ville de Ninive ? »
Jonas : un homme en colère

« Je le savais ! » Voilà la réaction de Jonas. « Je le savais et c’est pour ça que je ne voulais pas obéir ! »

Jonas est en colère. Il éclate. Ce qu’il tenait enfoui dans son coeur (et qui n’échappait pas à Dieu qui connaît notre coeur…), ce qu’il se retenait de dire jusqu’ici, il l’exprime enfin et on comprend enfin pourquoi il a voulu désobéir à Dieu !

Ce n’était pas parce qu’il ne comprenait pas pourquoi Dieu lui confiait cette mission. C’était au contraire parce qu’il le comprenait trop bien ! Jonas sait qui est le Seigneur. Sa confession de foi est parfaite : « tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d’amour, et tu regrettes tes menaces. » Et c’est justement ce que Jonas n’accepte pas : que Dieu puisse pardonner aux habitants de Ninive. Il ne supporte pas que Dieu soit bon et compatissant. Ou du moins que cette compassion s’exerce en faveur des habitants de Ninive ! Jonas voulait en quelque sorte décider qui a droit à la compassion de Dieu ou non. Et pour lui, Ninive n’y avait pas droit.

Ca ne vous est jamais arrivé d’avoir envie de « donner des conseils » à Dieu ? De vous dire que là, quand même, il devrait faire quelque chose, il devrait intervenir, il devrait répondre… Peut-être que vous ne l’avez pas fait avec la même véhémence que Jonas, peut-être vous êtes-vous contenté d’y penser, de façon implicite… Mais quand même…

L’histoire de Jonas nous enseigne que lorsque nous ne comprenons pas le Seigneur (et bien-sûr que ça arrive!), même lorsque ce qu’il fait (ou ne fait pas) nous paraît injuste, le problème ne vient pas de Lui mais de nous…
Une bonne leçon pour Jonas

Plutôt que de s’expliquer avec Jonas, d’argumenter pour se justifier, le Seigneur va lui donner une leçon. C’est le maître de la Création qui se manifeste une fois de plus : après la tempête et le grand poisson, il utilise une plante (un ricin), un ver et un vent d’est étouffant.

Il s’agit pour le Seigneur de confondre Jonas et de lui montrer l’absurdité de sa réaction. Il va donc faire en sorte que le prophète se mette en colère… à cause d’une plante ! Et la situation est cocasse : Jonas se met est en colère parce que Dieu détruit une plante alors qu’avant il était en colère parce que Dieu n’a pas détruit une ville entière ! En d’autres termes, il est capable de pitié (et encore, avec des motifs tout à fait égoïstes) pour une plante et il n’accepte pas que Dieu puisse avoir pitié de 120 000 hommes et femmes qui se repentent !!! Si Jonas trouve une raison (même égoïste) d’épargner une plante, ne peut-il pas trouver une raison d’épargner 120 000 êtres humains perdus ?

D’autant que, comme le dit le Seigneur, Jonas s’émeut pour une plante qu’il n’a pas fait pousser. Dieu, lui, a non seulement fait pousser le ricin mais il a aussi créé les habitants de Ninive… En réalité, si Dieu est bon avec les humains, toujours prêts à nous pardonner, c’est qu’il nous a créé et qu’il nous aime. Tout simplement…
Ce n’est pas à nous de dire à Dieu ce qu’il convient de faire ou non. C’est lui qui fait pousser, c’est lui qui crée, c’est lui qui est à l’origine de toutes choses et qui seul peut dire ce qui doit être détruit ou non. L’ironie de cette histoire, c’est que les hommes reprochent souvent à Dieu les malheurs et les catastrophes alors que Jonas reproche à Dieu sa bonté… Mais qui sommes-nous pour contester avec Dieu ?

En réalité, Jonas voulait un Dieu bon pour lui (n’oublions pas qu’il lui a donné une seconde chance et qu’il l’a secouru dans le ventre du poisson) mais implacable pour les autres… Sommes-nous prêts à vouloir pour les autres, ce que nous espérons pour nous ? Ou, comme le dit Jésus dans le sermon sur la Montagne, à faire aux autres ce que nous aimerions qu’ils nous fassent ? » (cf. Matthieu 7.12)
Conclusion

Nous voilà donc arrivés au terme du feuilleton de Jonas… Avec une fin qui peut paraître un peu abrupte. On aurait pu s’attendre à un cinquième chapitre qui décrirait la réaction du prophète à leçon que le Seigneur lui a donnée. On aurait peut-être voulu savoir si Jonas s’est obstiné dans sa rébellion ou s’il a finalement capitulé devant la bonté de Dieu. Ou connaître l’évolution du comportement des habitants de Ninive, d’autant que quelques décennies plus tard, Ninive sera bel et bien détruite… Mais non, rien de tout cela.

L’auteur du livre de Jonas préfère une fin ouverte qui, au-delà de susciter notre imagination nous invite à l’interrogation, à l’appropriation. Plus que la réaction de Jonas et la suite de l’histoire des habitants de Ninive, c’est notre attitude qui compte, notre réponse aux questions et aux interpellations de l’histoire de Jonas.

Acceptons-nous que la bonté de Dieu soit la même pour tous, que nous n’avons aucun privilège à faire valoir ? Ou sommes-nous comme Jonas, jaloux de la miséricorde divine, espérant un Dieu bon pour nous et implacable pour les autres (en particulier ceux que nous avons du mal à aimer…) ?

Qu’avons-nous fait, aujourd’hui, de nos repentances passées ? Ont-elles changé notre vie, durablement ? Avons-nous un nouveau chemin de repentance à emprunter aujourd’hui ? Comment percevons-nous la souveraineté de Dieu dans notre vie ? Avec inquiétude voire dans la crainte ou dans la paix et la confiance ?

Voilà autant de question, et peut-être d’autres encore, que la fin ouverte du livre de Jonas nous laisse… A chacun de nous d’y répondre, devant Dieu !