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La pratique de l’autorité selon Dieu

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/la-pratique-de-lautorit-selon

Hébreux 13.7
Souvenez-vous de vos responsables qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Regardez comment ils ont fini leur vie et imitez leur foi.

Une fois n’est pas coutume, je vous propose donc ce matin de ne lire qu’un seul verset biblique ! C’est celui qui est proposé pour le 9e critère de Vitalité : la pratique de l’autorité selon Dieu. Un critère qui parle en fait du rôle des responsables dans l’Église.

Notre verset s’insère dans une série d’exhortations sur la vie dans l’Église, où on trouve des appels à l’hospitalité, à la solidarité, au respect du mariage, au contentement, à la vigilance. Et parmi toutes ces exhortations, il y a notre verset, qui se suffit à lui-même : imitez la foi de vos responsables.

La même idée se retrouve à plusieurs reprises sous la plume de l’apôtre Paul, qui le dit à propos de lui-même : « Soyez mes imitateurs », dit-il aux Corinthiens et aux Philippiens (1 Co 4.16, Ph 3.17). Et il précise en 1 Co 11.1 : « Imitez-moi, comme moi j’imite le Christ. ». Bien-sûr, le modèle, c’est le Christ. Mais il n’en demeure pas moins que l’exhortation à l’imitation des responsables demeure…

Comment la comprendre aujourd’hui ?

 

Imiter

C’est incontournable, qu’on le veuille ou non. Dans notre cheminement spirituel, on est tous influencé par des personnes qui nous ont marqué ou impressionné. Des parents, des grand-parents, des anciens dans l’église, des pasteurs, des missionnaires… Des gens qu’on prend comme modèle, des exemples en raison de leur foi, leur vie spirituelle, leur engagement, leur amour pour le prochain…

Et on a tous voulu, consciemment ou non, les imiter. Prier comme eux. Prêcher comme eux. Témoigner comme eux. S’engager comme eux. Et ça nous permet d’avancer. Ensuite, on se l’approprie, on le vit à notre façon, avec notre personnalité et nos dons. Et ça devient quelque chose d’autre. Pas forcément mieux ou moins bien. Différent. Mais inspiré par les exemples suivis.

Le risque, bien-sûr, c’est d’idéaliser les modèles. Et si on le fait, un jour ou l’autre on tombe de haut. Parce que le seul modèle parfait est le Christ. Tous les autres ont leurs limites et leurs failles. Mais le processus d’imitation est normal et légitime. Il est même encouragé dans notre verset, et ailleurs par l’apôtre Paul.

Pourquoi ? Parce que l’Église n’est pas un club auquel on adhère sur la base d’une confession de foi. C’est une communauté vivante, dans laquelle on s’efforce de vivre l’Évangile. Et l’Évangile est une bonne nouvelle à incarner. D’où la logique d’imitation…

 

Être un disciple

En fait, il me semble que cela se rapproche assez de la notion de discipulat. Que fait un disciple sinon de suivre l’exemple de son maître ?

Le modèle est laissé par Jésus. Il a lui-même choisi un groupe de disciples. Et avant de les quitter il les a appelé à leur tour à aller dans le monde et « faire de toutes les nations des disciples ». Pas des disciples des apôtres, pas des disciples d’une religion ou d’une Église. Des disciples du Christ : « Enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. »

On ne peut pas faire des disciples en ne transmettant qu’un message. Il faut aussi s’investir dans la relation et montrer l’exemple. Devenir disciple du Christ, c’est s’engager dans un long apprentissage. Il ne suffit pas de signer un déclaration de foi et de se faire baptiser pour grandir spirituellement. Nous avons besoin de l’aide des autres, que le Seigneur utilise pour notre croissance spirituelle. Des exemples, des modèles, qui nous aide à nous rapprocher du modèle suprême du Christ.

Voilà le type de relation que nous devrions développer dans l’Église. Des relations d’apprentissage mutuel. Où chacun peut profiter de l’expérience et de la sagesses des plus anciens. Où on parle, on prie, on discute, on apprend ensemble. Dans une relation de un à un. Dans des structures plus intimes comme les groupes de partage.

Bref, être vraiment une communauté de disciples !

 

Être un modèle

Du coup, il faut aussi considérer la question par l’autre bout de la lorgnette. Du côté des modèles. Nous sommes aussi appelés à devenir des modèles à imiter.

La question est forcément plus sensible pour ceux qui sont en poste de responsabilité dans l’Église. Les pasteurs, les responsables d’Eglise. Mais c’est vrai aussi pour les plus anciens, les plus expérimentés. Et d’une certaine façon, nous sommes tous concernés un jour ou l’autre.

Il est important d’être conscient de cela. Nos actes, nos paroles, notre façon de vivre notre foi et de se mettre au service des autres, tout cela a de l’importance. Car on a autour de nous des gens qui peuvent nous prendre pour modèle.

Redisons-le, le modèle n’est pas Paul ou n’importe quel leader spirituel. Le modèle demeure le Christ et le Christ seul. D’ailleurs immédiatement après notre verset l’auteur de l’épître aux Hébreux affirme : « Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et pour toujours. » (Hébreux 13.8)

Être un modèle, c’est refléter le Christ ! Dans l’Église, on est un bon modèle quand on sert le Christ pas quand on se sert soi-même, pour asseoir son autorité, défendre sa place ou ses privilèges, accentuer son pouvoir…

 

Dans la confiance et le respect

Evoquer la tâche des responsables de l’Église sous l’angle du discipulat ou de l’imitation permet de souligner la dimension éminemment relationnelle de la tâche.

Être en poste de responsabilité dans l’Église, ce n’est pas occuper une place à préserver, un pouvoir à entretenir, un privilège à garder jalousement. Et respecter l’autorité des responsables, ce n’est pas se soumettre aveuglément ou au contraire se méfier systématiquement.

Ce qui compte finalement, c’est la qualité des relations, dans la confiance et le respect, où on reconnaît à chacun sa place et son ministère. Avouons-le : nous autres français, on a souvent du mal avec ça. On se méfie des autorités en place, on est plus doué pour la suspicion que pour la confiance…

Alors réentendons cette exhortation : « Souvenez-vous de vos responsables qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Regardez comment ils ont fini leur vie et imitez leur foi. »

 

Conclusion

L’enjeu de ce critère de vitalité est lié aux responsables de l’Église. Mais pas pour dire que tout dépend d’eux. Pour souligner que beaucoup dépend de la relation entre les responsables et les membres : basée sur une confiance réciproque. Et plus largement, de la qualité des relations dans l’Église, de notre capacité à apprendre et recevoir les uns des autres.

Jésus lui-même a montré l’exemple en choisissant et en formant un groupe de disciples, en les envoyant faire à leur tour des disciples. C’est ainsi que l’Église est née ! Disciples à la suite des disciples, nous sommes appelés à vivre dans cette relation, tantôt modèle, tantôt imitateur, dans la confiance et le respect mutuel.

C’est ainsi que nous grandirons ensemble, spirituellement. Et que nous pourrons nous rapprocher de notre modèle suprême : Jésus-Christ.

Un culte édifiant et enthousiaste

 

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Lecture biblique : Jean 4.19-24

Une des préoccupations de la femme Samaritaine, une fois avoir reconnu en Jésus un prophète (pas encore comme le Messie…), est la question du culte, de l’adoration. C’était un vrai désaccord entre les Juifs et les Samaritains : où fallait-il adorer Dieu ? Les Samaritains sont issus d’un mélange au VIIIe siècle avant Jésus-Christ entre des Israélites qui n’avaient pas été exilés au moment de l’invasion assyrienne et d’autres peuples ayant colonisé cette région. Ils ont gardé leur propre culte, qui perdure d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui, et leur montagne sacré est le mont Garizim. Qui avait donc raison ? Fallait-il adorer Dieu sur le mont Garizim ou à Jérusalem ?

Bien que soulignant la prééminence de la tradition juive – « le salut vient des Juifs » – Jésus ouvre de nouvelles perspectives. Le moment est venue de se recentrer sur l’essentiel. Or l’essentiel, ce n’est pas le lieu mais la façon d’adorer Dieu. Peu importe que ce soit à Garizim ou à Jérusalem, en Samarie ou en Judée, dans un temple, une église, une maison ou ailleurs. Ce qui compte, c’est que ce soit une adoration « en esprit et en vérité. »
1. En esprit et en vérité

Quel est le sens de cette expression ?

Pour le mot « esprit », selon les versions françaises on peut trouver « Esprit » ou « esprit ». Il n’y a pas de majuscule ou de minuscule dans le texte grec original. Si on traduit « Esprit » alors c’est le Saint-Esprit. Si on traduit « esprit » alors c’est l’esprit du croyant.

Si on comprend « en Esprit » alors on souligne la nécessité de l’action du Saint-Esprit pour une vraie adoration. Si on comprend « en esprit », on souligne la préoccupation intérieure plus qu’extérieure. Le culte authentique est une affaire de cœur et non de lieu. Ou plus précisément, le lieu de l’adoration n’est pas le temple ou l’église mais l’esprit du croyant. Là, justement, où le Saint-Esprit agit. Et du coup, les deux options se rejoignent…

Quant à la « vérité », dans cette expression, que désigne-t-elle ? Une adoration en vérité pourrait être une adoration authentique et sincère. Une adoration qui n’est pas feinte ou superficielle mais qui prend racine dans le cœur, qui traduit dans les prières, les chants et les paroles dites, la réalité du cœur.

La version Parole de Vie traduit par une périphrase : « Comme le Fils l’a montré. », c’est-à-dire conformément à la vérité du Christ, à son exemple et selon ses enseignements. Du coup, d’une certaine façon, on rejoint aussi l’idée d’authenticité, dans la mesure où Jésus invite les croyants à purifier leur cœur pour porter du bon fruit, à la gloire de Dieu.

Le critère de Vitalité parle d’un culte édifiant et enthousiaste. A l’origine, en anglais, il est question de « Heartfelt worship » : une adoration sincère, qui vient du cœur. Ce qui compte dans un culte, c’est ce qui se passe à l’intérieur, ce qui vient de l’intérieur. L’extérieur n’a aucun intérêt s’il ne traduit pas une réalité intérieure. C’est bien une adoration en esprit et en vérité…

Du coup, osons nous poser la question : nos cultes du dimanche matin sont-ils vécus « en esprit et en vérité » ?
2. Les acteurs du culte

Tous les acteurs d’un culte sont concernés par cette question. Un culte sera vraiment édifiant et enthousiaste si tous ses acteurs le vivent en esprit et en vérité ! Or, il y a trois acteurs incontournables d’un culte.

a. Le SEIGNEUR

Le premier acteur d’un culte, c’est le Seigneur lui-même ! Ce n’est ni le lieu ni le moment qui compte mais la présence et l’action du Saint-Esprit.

Dans ce cas, on pourrait comprendre l’expression avec deux majuscules : « en Esprit et en Vérité ». L’Esprit fait référence au Saint-Esprit, et la Vérité au Christ ! L’adoration est toujours de l’ordre de la réponse à l’oeuvre de Dieu. Le but ultime de nos cultes ne doit pas être de passer un bon moment, d’être touchés ou transportés, ni même peut-être d’être édifié ou encouragé mais bel et bien de glorifier Dieu.

De plus, Dieu n’est pas que spectateur de notre adoration ! Il s’y implique, il la suscite et l’anime par son Esprit, il y répond par sa présence et sa bénédiction. Rien d’automatique ou de magique dans tout cela. Simplement, l’expression de la relation que le Seigneur entretient avec son Église, le Père avec ses enfants.

Sans la présence active du Seigneur, un culte n’est qu’une réunion comme une autre, où on chante et on parle ! C’est tout…

b. Les officiants

Ensuite, il y a ceux qui ont une responsabilité particulière dans le déroulement d’un culte. On pourrait les appeler les officiants. Et il ne faut pas penser ici seulement au président de culte et au prédicateur ! Il y a les musiciens, les techniciens, l’équipe d’accueil, de préparation de la Cène, etc. On pourrait même y ajouter ceux qui font le ménage et permettent ainsi au culte de se dérouler dans un temple propre. Bref, on parle de tous ceux qui se mettent au service de la communauté pour le bon déroulement d’un culte.

Pour ces acteurs aussi, il est important qu’ils agissent « en esprit et en vérité », autrement dit, avec un esprit de service authentique et un souci spirituel.

En effet, chacune de ces tâches, même les plus discrètes et les plus matérielles, sont des tâches spirituelles. Parce qu’elles permettent à l’Église de rendre un culte à Dieu. Parce qu’elles sont au service de la communauté. Le mot liturgie vient d’un terme grec qui signifie, étymologiquement, service public. Le mot étant utilisé dans la version grecque ancienne de l’Ancien Testament pour désigner le service au Temple, dans tous ses aspects.

Il y a aussi un danger, pour toutes ces tâches, de les exercer sans cet état d’esprit. Y compris les tâches les plus spirituelles en apparence : jouer d’un instrument ou chanter comme on le ferait dans sa salle de bain, bâcler la préparation d’une présidence de culte, préparer mécaniquement une prédication et la délivrer en ne comptant que sur ses talents oratoires. On n’est plus alors « en esprit et en vérité » !

c. L’assemblée

Enfin, dernier acteur incontournable d’un culte : l’assemblée. On pourrait aussi parler de l’Église. J’utilise le mot assemblée, qui a exactement la même signification mais qui souligne la dimension humaine. On ne parle pas de l’institution mais des gens, des croyants rassemblés. Et c’est bien une assemblée, pas seulement une audience, encore moins un public !

Un culte ne sera un culte « en esprit et en vérité » que si l’assemblée n’est pas seulement consommatrice mais actrice. Il faut une assemblée active et non passive. Active dans l’écoute, active dans la prière et le chant, active dans la communion. Quand on dirige un culte ou qu’on apporte une prédication, on sent si l’assemblée est active ou passive…

Or l’enjeu, ce n’est pas de faire plaisir au prédicateur pour qu’il se sente écouté mais bien d’être réceptif à l’action de Dieu par son Esprit !
3. Le test de l’envie

Avant de conclure, encore une question. Parler d’une adoration qui vient du cœur comme un signe de vitalité d’une Église peut paraître suspect à certains. N’est-ce pas donner trop d’importance à l’émotion, à la perception subjective ?

Ce n’est certes pas le seul critère mais pourquoi le laisser de côté ? Lorsque Jésus dit à la femme Samaritaine que le culte désormais doit se vivre « en esprit et en vérité », que l’essentiel se joue à l’intérieur, dans le cœur, il parle aussi de cette perception subjective.

Peut-être alors pouvons-nous, chacun, nous soumettre au test de l’envie…

– A la fin d’un culte, est-ce que vous avez envie de revenir la semaine suivante ?
– Est-ce que vous avez envie d’inviter vos amis intéressés ou en recherche à venir au culte ?
– Et le test peut-être le plus redoutable : le dimanche matin, quand le réveil sonne, est-ce que vous avez envie de vous lever pour aller au culte ?

Bien-sûr, cette envie, elle peut varier selon les circonstances de notre vie. Il y a des hauts et des bas. Inutile de se culpabiliser à l’excès. Mais si l’envie vous manque, au lieu de baisser les bras ou d’essayer d’aller voir ailleurs, pourquoi ne pas voir comment vous pourriez mieux vous impliquer, trouver un lieu de service, renouveler votre motivation ? Pourquoi ne pas prier pour tous ceux qui prennent part d’une manière ou d’une autre au déroulement du culte ?
Conclusion

Si nous fréquentons une Église, c’est que nous avons envie de vivre un culte édifiant et enthousiaste. Sinon, nous resterions au lit le dimanche matin !

Mais, avouons-le, nous n’avons pas forcément ce sentiment tous les dimanches… Mais à qui la faute ? En tout cas, un des acteurs du culte n’est jamais responsable, et c’est le premier d’entre eux : le Seigneur. Lui, il est toujours prêt à s’impliquer à fond, par son Esprit.

Ce sont les autres acteurs qui peuvent faire obstacle : les acteurs visibles ou les acteurs discrets, ceux qui sont debout sur l’estrade ou ceux qui sont assis sur les chaises. Car nous tous, nous sommes acteurs de nos cultes. Nous tous, nous sommes appelés par Jésus-Christ à adorer Dieu « en esprit et en vérité ».

Alors comment, chacun, accomplissons-nous notre part ?

Entre la grâce et la gloire

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Lecture biblique : Titre 2.11-14

L’épître à Tite est une lettre pastorale. L’apôtre Paul écrit à son collaborateur pour lui donner quelques conseils dans son travail : il est alors en Crête et aide la jeune communauté chrétienne de l’île à s’organiser. L’apôtre évoque les qualités requises pour un responsable, les dangers de certains enseignements pernicieux et il évoque aussi ce que Tite doit transmettre aux croyants. Ce ne sont pas d’ailleurs de grandes envolées théologiques mais des exhortations très pratiques qui concernent la vie de tous les jours.

Notre texte conclut une série d’exhortations adressées à différents types de population (les anciens et les jeunes dans l’Église, les esclaves envers leur maître). Le propos est plus général et théologique. Et il est centré sur la grâce : « elle s’est manifestée, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes. »

Le passage évoque la condition actuelle des chrétiens. Si j’ai choisi de le lire dans la version TOB, c’est qu’elle souligne bien le fait que cette condition des chrétiens est située entre deux « manifestations » ou « épiphanies » pour se référer aux termes grecs utilisés.

Le chrétien, aujourd’hui, se situe entre deux épiphanies : celle de la grâce de Dieu (v.12) et celle de la gloire de Dieu (v.13). Alors, entre la grâce et la gloire, que sommes-nous donc appelés à vivre aujourd’hui ?
Entre la grâce et la gloire

La manifestation de la grâce de Dieu a déjà eu lieu, dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Celle de la gloire de Dieu est encore à venir, au jour de l’accomplissement de notre espérance. En d’autres termes, nous sommes sous la grâce mais pas encore dans la gloire. Nous avons la grâce pour fondement et la gloire pour horizon.

La grâce, c’est le don gratuit de Dieu en Jésus-Christ. Présentée dans notre texte comme étant source de salut pour tous les hommes, elle s’est manifestée dans le don de Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour nous.

C’est un des fondamentaux de l’Évangile. Le salut est une grâce. Ce n’est pas un dû, ni une récompense, ni un privilège qui serait réservé à quelques-uns. C’est une grâce, un cadeau gratuit et immérité de la part de Dieu. Et il en est de même pour tous les hommes !

La gloire, c’est ce qui nous attend au jour du plein accomplissement du projet de Dieu. Parce que, c’est évident, nous n’y sommes pas encore… Pour chacun de nous, pour notre monde, pour l’humanité. Le mal, les injustices, la souffrance… tout cela est encore bien présent. Et l’espérance chrétienne est qu’un jour tout cela disparaîtra, la mort elle-même sera définitivement vaincue. Ça, c’est la gloire.

Entre la grâce et la gloire, nous vivons dans une tension. Entre ce que nous avons déjà reçu par grâce, et ce que nous recevrons dans la gloire. Entre ce que nous sommes déjà, par grâce, et ce que nous serons au dernier jour, dans la gloire.

On est sous la grâce mais pas encore dans la gloire. Grâce et gloire ne s’opposent pas. Elles se complètent. Nous avons besoin de l’une pour nous mettre en route et de l’autre pour continuer d’avancer.

Parce que la grâce est réelle, notre salut n’est pas qu’une affaire qui regarde notre avenir. Le salut commence aujourd’hui, dans une relation personnelle, dans la foi, avec le Christ vivant. Et cela change déjà notre vie aujourd’hui. Mais parce que la gloire est encore à venir, nous n’avons pas tout, tout de suite, ici et maintenant. Et toute théologie qui prétendrait que le chrétien devrait, s’il est fidèle, connaître la prospérité à tous égards est une théologie qui s’égare loin de l’Évangile de grâce.

Entre la grâce et la gloire, nous sommes appelés à vivre dans une tension féconde. Parce que nous sommes sous la grâce, nous pouvons connaître une vraie communion avec Dieu aujourd’hui. Parce que la gloire est encore à venir, nous avons une espérance qui nous permet de surmonter les épreuves dans l’attente des promesses merveilleuses que Dieu garde en réserve pour nous.
Avec modération

La question qui nous concerne donc, est de savoir comment nous sommes appelés à vivre dans cette tension entre la grâce et la gloire. L’apôtre Paul l’évoque dans notre texte en parlant de notre vie « dans le temps présent » (v.12). Voici ce qu’il nous en dit :

« (La grâce de Dieu) nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux désirs de ce monde, pour que nous vivions dans le temps présent avec réserve, justice et piété »

On est quand même loin de la gloire ! Paul ne parle pas ici d’une vie glorieuse et puissante, fait d’exploits et de miracles. Il parle d’une vie de renoncement. Il fait l’éloge de la simplicité, de la modération.

Ça ne veut pas dire pour autant que c’est facile ! Il y a bien l’idée de renoncement… et Paul parle ici de renoncer à l’impiété et aux « désirs de ce monde ». Les mots mérites qu’on les expliquent. L’impiété, c’est le contraire de la piété. C’est-à-dire ce qui nous coupe de Dieu. Le « monde » dont il est question ici est péjoratif. C’est ce qui est terrestre, en opposition au céleste, la sphère de Dieu. « L’impiété et les désirs de ce monde », c’est tout ce qui nous éloigne de Dieu.

Nous avons tous, dans notre vie, des comportements, des pensées, des pratiques qui nous éloignent de Dieu. Des préoccupations qui viennent brouiller notre relation avec lui. Des pensées qui parasitent notre communion avec lui. Des pratiques qui nous mettent en contradiction avec ce que nous savons être conforme à la volonté de Dieu. Entre la grâce et la gloire, nous sommes appelés à y renoncer.

Mais il ne s’agit pas seulement de renoncer à certaines choses, il convient aussi d’en développer d’autres. Cette « vie dans le temps présent » est décrite par trois adverbes en grec, que la TOB traduit par « avec réserve, justice et piété. ».

La justice, c’est ce qu’il est juste et bon de dire et de faire. Ça touche à notre comportement dans le quotidien, notre relation à notre prochain. La piété, c’est ce qui concerne notre relation à Dieu. Aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même. Évidemment. C’est classique.

Le premier adverbe est plus étonnant. La TOB traduit « avec réserve », la Parole de Vie « raisonnable », la NBS « d’une manière pondérée ». Le mot évoque donc la modération. Pourquoi est-ce important ? Sans doute pour aller loin ! Si vous démarrez un marathon comme si vous couriez un 100 mètres, vous n’irez pas bien loin ! Or, la vie chrétienne « dans le temps présent » est une course d’obstacles de longue haleine, dans laquelle il convient de gérer son effort pour arriver jusqu’au bout.

Je trouve vraiment intéressant cet éloge de la modération. Elle entre en écho avec de nombreuse valeurs de l’Évangile : la maîtrise de soi, le contentement, la reconnaissance, la paix…

Et elle n’implique pas du tout la tiédeur ou la mollesse. Le verset 14 évoque en effet l’Église comme un peuple « plein d’ardeur pour les belles œuvres. » Il s’agit donc d’être ardemment modérés !

Bien-sûr, nous sommes appelés à être des hommes et des femmes de conviction, bouillants pour le Seigneur, zélés pour l’Évangile. Ça ne doit pas pour autant faire de nous des agités ou des illuminés ! La sagesse est dans la modération, dans l’équilibre. Car il s’agit d’être persévérant et pas seulement bling-bling !
Conclusion

Certes, la condition des chrétiens n’est pas toujours confortable, située dans un entre-deux qui peut être source de frustrations voire de souffrance. Pour autant, entre la grâce et la gloire, le chrétien est déjà au bénéfice du salut de Dieu et ce qui l’attend est plus grand encore.

Car la grâce a été manifestée dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Et cette grâce, elle nous est donnée dès aujourd’hui et par elle, nous sommes en communion avec Dieu. La gloire n’est pas encore venue. C’est notre horizon, notre espérance. Mais les promesses qui lui sont liées sont extraordinaires… et elles sont pour l’éternité !

Alors, entre la grâce et la gloire, vivons pleinement dans le temps présent. Soyons ardemment modérés, à la fois bouillants pour le Seigneur, zélés pour l’Évangile, et sage et équilibré. Car il s’agit de tenir ferme, jusqu’au bout, dans le beau combat de la foi.

Un épisode banal et prophétique à la fois

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Lecture biblique : Luc 2.40-52
Les évangiles canoniques sont peu bavards sur l’enfance de Jésus. Pourtant, on pourrait légitimement se poser des questions : Comment était Jésus enfant ? Quelle conscience avait-il de sa personne et sa mission ? Accomplissait-il des miracles ?

En réalité, si on excepte la visite des mages qu’on peut difficilement dater et les premiers jours de sa vie, cet épisode est le seul qui évoque un moment de la vie de Jésus entre sa naissance et le début de son ministère public. Il est le seul qui lève le voile sur 30 ans de présence incognito du Fils de Dieu sur la terre !

Un épisode banal

Si les évangiles canoniques sont presque muets sur l’enfance de Jésus, les évangiles apocryphes, par contre, contiennent de nombreux récits parfois extravagants. On voit Jésus accomplir des miracles en enfant capricieux : par exemple il pétrit des moineaux à partir de terre glaise un jour de sabbat et leur donne vie d’un claquement de mains, ou alors, irrité par un enfant qui le bouscule, il le terrasse d’une seule parole. Ailleurs il apparaît comme un surdoué qui remet en place son maître d’école.

Tout cela contraste avec l’extrême sobriété des évangiles bibliques. Car au premier abord, même s’il y a bien quelques aspects étonnants, le seul récit de l’enfance dans les évangiles canoniques est banal. Il apparaît même dans le texte comme une parenthèse : les versets 40 et 52, qui encadrent notre récit, disent à peu près la même chose. C’est donc l’histoire d’un enfant perdu dans une foule et finalement retrouvé par ses parents. On pourrait presque entendre : « Le petit Jésus a perdu ses parents et les attend à la réception ».

Les pèlerinages à Jérusalem pour les différentes fêtes suscitaient de grands mouvements de foules. On s’y rendait en famille, au sens large, et on se déplaçait en grands groupes. Ce qui explique que Marie et Joseph n’aient pas réalisé tout de suite que Jésus n’était plus avec eux. Ils pensaient sans doute qu’il était avec les autres enfants. Quand ils réalisent qu’il n’est plus dans le groupe, l’angoisse les saisit. Ils font demi-tour et vont le chercher à Jérusalem. Et ils finissent par le retrouver au temple.

Puis tout redevient comme avant : « Jésus grandit, sa sagesse se développe et il se rend agréable à Dieu et aux hommes. »

Nous voyons ici un incident banal au milieu d’une enfance tout ce qu’il y a de plus normale, comme pour n’importe quel enfant. Mais cette banalité est importante car elle témoigne de la réalité de l’incarnation. Pour que le Fils de Dieu devienne homme, il fallait qu’il nous rejoigne aussi dans notre banalité, notre quotidien. Ça n’aurait pas été le cas s’il s’était incarné en surhomme, comme nous le présente un peu les évangiles apocryphes. Jésus n’est pas un super-héros, il est notre frère en humanité.

Un récit prophétique

Ceci dit, derrière la banalité se cache autre chose, notamment dans la façon dont Luc raconte cet épisode. Une phrase en fin de récit nous met la puce à l’oreille : « Sa mère garde toutes ces choses dans son cœur. » Et si on mène l’enquête, on se rend compte qu’il y a quelques indices cachés indiquant que ce texte va au-delà de l’épisode banal.

Tout d’abord, les événements se passent alors que Jésus a 12 ans. Était-ce la première fois qu’il accompagnait ses parents à Jérusalem pour la Pâque ou le faisait-il chaque année, on ne sait pas. Mais il se trouve que ce nombre 12 a une portée symbolique dans la Bible, désignant le peuple de Dieu (les 12 tribus, les 12 apôtres…).

Autre élément intéressant lorsqu’on connaît la suite de l’histoire : Jésus est retrouvé par ses parents le troisième jour. Autrement dit, pendant 3 jours Jésus était perdu, comme mort pour ses parents. Et le troisième jours ils le découvrent vivant ! Et en plus ça se passe pendant la fête de la Pâque ! Est-ce vraiment une coïncidence ?

Ensuite, il y a le fait que Jésus discute avec les maîtres de la Loi. Il les écoute et pose des questions. Et il fait preuve d’une sagesse qui étonne ceux qui l’entendent. Plus tard, ce seront eux, les chefs religieux, qui poseront des questions à Jésus, la plupart du temps pour le piéger. Et les foules seront toujours étonnées par sa sagesse… C’est comme si l’affrontement futur de Jésus avec les chefs religieux se préparait déjà, ici, dans le temple, lorsque Jésus a 12 ans.

Enfin, il y a la réponse de Jésus à l’inquiétude de ses parents : « Vous m’avez cherché, pourquoi ? Vous ne savez donc pas que je dois être dans la maison de mon Père ? ». Et là, ces paroles sont vraiment étonnantes. Elles traduisent déjà un lien particulier de Jésus avec ses parents, préfigurant ce qu’il dira plus tard et qui sera mal perçu par sa famille :

20Alors on annonce à Jésus : « Ta mère et tes frères sont là, dehors, ils veulent te voir. » 21Mais Jésus dit à tout le monde : « Ma mère et mes frères, ce sont les gens qui écoutent la parole de Dieu et qui lui obéissent. » (Luc 8.20-21)

Il y a dans ce dialogue de Jésus enfant avec ses parents quelque chose du décalage et de l’incompréhension à laquelle Jésus devra faire face dans son ministère, de la part des siens.

Je ne crois pas que tous ces indices soient des coïncidences. La façon dont Luc raconte cet épisode banal de l’enfance de Jésus annonce ce que sera le ministère de Jésus un peu moins de vingt ans plus tard. Petit à petit, Dieu préparait Jésus à l’accomplissement de sa mission.

Dieu prend le temps de la préparation de son plan. Toute l’histoire biblique en témoigne, déployant sur plusieurs siècles l’action de Dieu jusqu’à l’accomplissement de la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Dieu prend le temps…

Et c’est vrai aussi dans notre vie où nous aimerions souvent que les choses avancent plus vite, que tout soit réglé d’un claquement de doigt ou d’une simple prière. Il y a des accomplissements qui demandent une attente et une préparation. Et Dieu sait prendre ce temps… pour nous c’est souvent plus difficile !

Conclusion

Au seuil d’une nouvelle année, cet épisode au premier abord banal nous invite à voir la présence de Dieu dans notre quotidien. La plupart des jours de 2016 seront sans doute banals pour chacun d’entre nous. Ça ne signifie pas que le Seigneur n’y sera pas présent et qu’il ne sera pas en train d’accomplir, ou de préparer l’accomplissement de ses promesses !

Gardons cette assurance dans notre cœur. Nous en aurons sans doute bien besoin.

Jean-Baptiste : Père Fouettard de l’Avent ?

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Lecture biblique : Luc 3.1-18

Jean-Baptiste est un personnage incontournable de l’Avent. Et il est fascinant par sa personnalité et son ministère. Mais c’est aussi un personnage dérangeant, un empêcheur de tourner en rond. A l’approche de Noël, il ressemble moins au Père Noël qu’au Père Fouettard !

Comment un tel personnage serait-il accueilli aujourd’hui ? Surtout dans le contexte actuel… Il serait sans doute arrêté, soupçonné de radicalisation ! Un homme dangereux au discours inacceptable, très loin du politiquement correct.

La question se pose : y a-t-il de la place pour un discours dérangeant dans le temps de l’Avent ?

La légitimité de Jean : sa place dans l’histoire

Jean-Baptiste, personnage atypique et non consensuel, a pourtant bien sa légitimité et Luc l’exprime de façon minutieuse.

L’évangéliste, en bon historien, commence par ancrer le ministère de Jean dans l’histoire. Il donne de nombreux indices qui inscrivent le prophète dans son temps, à un moment précis de l’histoire des hommes : le nom de l’empereur et le moment de son règne, le nom des différents gouverneurs de la région, ceux des grands-prêtres…

Mais en bon théologien, Luc replace aussi Jean-Baptiste dans le déroulement de l’histoire du salut, en citant un texte du prophète Esaïe. Jean est celui qui accomplit la prophétie, celui qui prépare la venue du Messie. Plus tard, Jésus lui-même confirmera cette interprétation témoignant en faveur de Jean-Baptiste :

Qu’est-ce que vous êtes allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et même plus qu’un prophète ! En effet, Jean est celui que les Livres Saints annoncent quand Dieu dit :
“Je vais envoyer mon messager devant toi.
Il préparera le chemin pour toi.”
(Luc 7.26-27)

Jésus ajoute même :

Je vous le dis : il n’y a jamais eu un homme plus important que Jean. Pourtant, celui qui est le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus important que lui.
(Luc 7.28)

Dans l’histoire du salut, Jean était le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance, celui qui précédait immédiatement la venue du Messie. C’est en cela aussi qu’il est appelé le plus important par Jésus. Mais avec l’avènement du Royaume de Dieu, avec la venue de Jésus, le plus petit dans ce Royaume est plus important que lui.

Jean lui-même en était conscient. Il était pleinement au clair sur les limites de sa mission. Alors que les gens se demandaient si c’était lui le Messie, il répondait :

Moi, je vous baptise avec de l’eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de lui enlever ses sandales. Lui, il vous baptisera avec le feu de l’Esprit Saint. (v.16)

Jean était la bonne personne à la bonne place. Conscient de sa mission et de ses limites. C’est ce qui lui donne une force de conviction sans pareil. Si la question se pose de façon aiguë pour des vocations particulières, elle a sa pertinence pour nous tous, « petits prophètes » du Christ que nous sommes, ses témoins.

La conviction de se savoir à sa place est essentielle. Est-ce votre cas ? Est-ce une question que vous vous posez, dans votre engagement dans l’Église, dans votre vie publique, professionnelle, familiale ?

La radicalité de Jean : son message sans équivoque

La force de conviction de Jean-Baptiste se traduit par un message sans équivoque, un appel à la repentance adressé à tous. Et les foules viennent à sa rencontre et veulent se faire baptiser.

C’est là que Jean les accueille de façon un peu particulière ! En guise de parole d’accueil : « espèce de vipères ! » Il les avertit ensuite que la colère de Dieu arrive et qu’ils n’y échapperont pas. A ceux qui croient pouvoir se targuer d’être descendants d’Abraham il leur répond que leur prétention est nulle et non avenue : « vous voyez ces pierres, ici. Eh bien, Dieu peut les changer pour en faire des enfants ! »

Voilà une drôle de préparation au baptême… Mais Jean-Baptiste compte bien réveiller les conscience, quitte à déranger et provoquer pour y arriver. En réalité, c’est le sens profond de la repentance qui est en jeu.

La paraphrase de la version Parole de Vie est pertinente : « Faites-vous baptiser, pour montrer que vous voulez changer votre vie, et Dieu pardonnera vos péchés. » Ce n’est pas le baptême qui importe, c’est la volonté de changer. Car c’est cela la repentance, le changement radical.

Certes, on peut être étonné par l’insistance de Jean-Baptiste sur le jugement, avec une vision assez terrifiante d’un Messie qui vient comme un juge impitoyable. Ce que Jean n’avait peut-être pas encore pleinement compris, c’est qu’il y aura bien un jugement… mais que le Messie, Jésus, allait le prendre sur lui-même, à notre place !

Quoi qu’il en soit, ce à quoi Jean appelle, c’est un vrai changement de vie. C’est ce qui ressort des conseils qu’il donne à différentes personnes qui s’adressent à lui.

Les foules lui demandent que faire. Jean leur répond : « Celui qui a deux vêtements doit en donner un à celui qui n’en a pas. Celui qui a de la nourriture doit en donner à celui qui n’en a pas. » Ce ne sont pas des recommandations religieuses mais pratiques. Ce qui témoigne de notre changement de vie, c’est notre vie, et rien d’autre ! Et ça commence dans les petites choses du quotidien. Ici, le partage et la solidarité.

Et quand des employés des impôts demandent conseil à Jean, il leur dit d’être honnête, tout simplement. Et dans le contexte de l’époque, c’était déjà pas mal. De même pour les militaires auxquels Jean dit de ne pas profiter de leur position de force pour s’enrichir.

En fait, je trouve très intéressant de constater qu’un message aussi radical, avec un appel aussi radical, est appelé à se concrétiser tout simplement, dans la vie quotidienne, dans l’amour du prochain, le respect de l’autre, l’intégrité. Preuve qu’on peut être radical sans être fanatique.

Conclusion

Y a-t-il une place pour un message dérangeant, qui nous bouscule, dans le temps de l’Avent ?

L’Avent, c’est l’attente de la venue du Christ. Le souvenir qu’il est venu il y a 2000 ans à Bethléem, qu’il vient aujourd’hui encore à notre rencontre, dans la foi, et qu’il reviendra pour établir son règne. C’est donc le temps de la préparation à un accueil renouvelé du Christ dans notre vie.

Et peut-être que ce temps d’attente ne doit pas forcément se passer paisiblement. Peut-être qu’il y a place aussi pour être dérangé, bousculé, interpellé. Sans doute doit-il y avoir une place laissée à Jean-Baptiste, qui n’interpellait pas seulement ses contemporains d’il y a 2000 ans mais qui nous interpelle aujourd’hui : « Changez votre vie ! »

Car rappelons cette évidence, qui reste toujours vrai aujourd’hui : ce qui témoigne de notre changement de vie, c’est notre vie, et rien d’autre !