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Florence VANCOILLIE

A propos Florence VANCOILLIE

Pasteur de l'Eglise évangélique libre de Toulouse depuis 2013, membre de la Commission synodale de l'UEEL.

Une brebis perdue et un berger éperdu

Cela vous est déjà arrivé, non ? De ne plus trouver vos clefs, vos lunettes, votre portefeuille, un papier important (ou, pire que tout, votre téléphone… !), et de chercher partout pendant loooongtemps, quitte à devoir appeler vos proches en panique (« dis, j’ai pas oublié mes lunettes chez toi ? »). Les scénarios tournent dans la tête alors qu’on essaie de retracer ses gestes ou ses pas. En même temps, un circuit parallèle s’enclenche pour trouver un plan B : et si je ne le retrouve pas… Untel a un double de mes clefs, je déplace mon rdv à demain, il faut que je retourne chez l’opticien, etc. Evidemment, si c’est votre téléphone que vous avez perdu, il n’y a pas de plan B : c’est la fin !

Quel soulagement quand on finit par retrouver ce qui était perdu : ce qui nous oppressait disparaît. On est reparti ! La vie tourne rond à nouveau. C’est vrai dans les petits moments du quotidien, pour nos clefs, nos lunettes, et a fortiori, bien sûr, avec des personnes : un ami perdu de vue qu’on recherche sur internet, une sœur avec qui on se réconcilie, un enfant qui a fugué et qu’on retrouve après des heures de recherche et d’angoisse…

Cette expérience, Jésus y fait référence dans une série de paraboles pour parler de Dieu.

Lecture biblique : Luc 15.1-7

1 Les collecteurs d’impôts et les pécheurs s’approchaient tous de Jésus pour l’écouter. 

2 Et les Pharisiens et les scribes murmuraient ; ils disaient : « Cet homme-là fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! »

3 Alors il leur dit cette parabole : 

4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et qu’il en perde une, ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? 

5 Et quand il l’a retrouvée, il la charge tout joyeux sur ses épaules, 6 et, de retour à la maison, il réunit ses amis et ses voisins, et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue !” 

7 Je vous le déclare, c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.

Jésus enchaîne en fait trois paraboles : celle-ci, une autre sur une femme qui perd l’équivalent de sa carte bleue, et l’histoire d’un homme dont l’un des deux fils part en claquant la porte (communément appelée la parabole du fils prodigue). Elles vont toutes dans la même direction, avec des nuances bien sûr, mais je vous propose de nous concentrer sur cette première parabole, la parabole de la brebis perdue.

          Un berger éperdu

Dans cette histoire, comme dans les Ecritures juives, le berger représente Dieu, et les brebis, son peuple, l’humanité. Ce berger possède une centaine de moutons. En comptant ses bêtes, il se rend compte qu’il en manque une : elle a dû se perdre en route.

Vu le contexte, Jésus associe clairement la brebis perdue aux collecteurs d’impôts, aux pécheurs qui sont venus l’écouter, ces gens qui se retrouvent en marge de la société juive, du peuple de Dieu, à cause d’un mode de vie contraire aux règles religieuses. Certains collecteurs d’impôts fricotaient avec le pouvoir romain, quitte à accepter la corruption financière, d’autres étaient mêlés à des pratiques licencieuses et immorales, d’autres encore n’en faisaient qu’à leur tête et ne respectaient rien.

Face à eux, comment Dieu peut-il réagir ? Instinctivement, on situerait Dieu sur un trône, raide, les bras croisés, attendant que le rebelle revienne en baissant les yeux. Or Jésus donne un portrait radicalement opposé : le berger laisse tout en plan et part chercher la brebis égarée. Pour Jésus, c’est une évidence : qui d’entre vous ne ferait pas ça ?

Est-ce si évident ? Clairement, il n’a pas entendu parler des 15% de pertes auxquelles on a droit ! Si vous avez oublié un article payé à la caisse, est-ce que vous laisseriez sur le parking votre caddie rempli de marchandises payées pour aller le chercher ! C’est trop risqué ! Alors, pour les 99 brebis, il n’y a peut-être personne qui va venir les voler, mais une bête sauvage pourrait attaquer, d’autres brebis pourraient se perdre… Ca ne paraît pas sage ! Ce serait plus rassurant si le berger laissait son troupeau sous surveillance, comme un père qui doit aller chercher son dernier à l’école et qui laisse les grands chez la voisine.

Evidemment, c’est une courte parabole, et il ne faut pas trop pousser les détails ! Cela dit, ce qui ressort, c’est l’impact sur le berger, le choc quand il comprend qu’une brebis s’est égarée : il laisse tout en plan et va la chercher.

Si le berger est Dieu, est-ce qu’on l’imagine s’interrompre, tout laisser en plan, pour partir à la recherche de celui qui s’est perdu ? faire tous les efforts, grimper, descendre, se faufiler, parfois courir, appeler à tous vents celui ou celle qui s’est éloignée ? face à la brebis perdue, Jésus nous montre un Dieu éperdu, un Dieu qui ne recule devant rien pour retrouver ceux qu’il aime.

Et quand il retrouve la brebis égarée, désorientée, sûrement paniquée, il la prend dans ses bras avec force et tendresse pour la ramener au bercail.

          Des brebis perdues mais précieuses

Peut-être que parmi vous, certains se sentent comme cette brebis : égarés, désorientés, en décalage avec Dieu, peut-être que vous vous êtes éloignés et que vous avez du mal à revenir, peut-être que vous avez l’impression de dériver, emportés par un courant contre lequel vous ne pouvez pas lutter, peut-être que vous vous demandez comment ce serait possible de revenir jusqu’à Dieu, et surtout, comment il pourrait bien vous accepter après cette séparation.

Le message de Jésus, c’est que Dieu ne vous attend pas : il vous cherche. Il vous appelle. Il vous court après, tellement vous êtes importants pour lui !

Finalement, je crois que c’est ça, le sens du troupeau de 99 brebis laissées de côté pour chercher 1 brebis : vous n’êtes pas un parmi d’autres, une perte que Dieu accepte dans son bilan comptable. Pour Dieu, vous avez une valeur inestimable. C’est pour cela qu’il vient dans l’humanité, à travers Jésus, pour chercher ceux qui se sont égarés (tout le monde, en fait, plus ou moins). C’est lui qui vient à notre rencontre, à votre rencontre, et s’il y a quelque chose qui vous pèse et vous empêche lui répondre, il le prend sur lui, berger devenu brebis, Dieu devenu homme en Jésus, prêt à porter tout le poids de ce qui nous accable, nos souffrances comme nos injustices, à endurer la pire condamnation, pour que nous n’ayons ‘’qu’à’’ répondre « oui ».

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : une fois la brebis retrouvée, la joie déborde. Trois fois Jésus cite la joie du berger. Il y a la joie de retrouver la brebis perdue, et aussi le contentement de retrouver son troupeau, sa famille, au complet.

En rentrant, il est dans une telle effervescence qu’il fait une fête, une grosse fête, avec tout le quartier ! Ceux qui sont perdus, Dieu part à leurs trousses pour les inviter à la fête, avec lui, dans la joie de son amour.

Petit décalage : la parabole parle des efforts du berger pour retrouver sa brebis, alors que dans sa conclusion, Jésus évoque le mouvement de conversion des pécheurs. Se convertir, c’est se tourner vers… Alors, qui fait le mouvement ? le berger ou la brebis ? Dieu ou nous ? Les deux ! Dieu fait quasiment tous les efforts : il envoie une invitation, il appelle, il se déplace en personne… mais il faut répondre ! RSVP ! Cette réponse, c’est un lâcher-prise (oui !), une prière, voire une question « t’es sûr que tu m’aimes vraiment ? »…

Et cette réponse est un choix, un mouvement : répondre oui à l’invitation de Dieu, c’est comme s’inscrire à un événement – on renonce à être ailleurs, à faire autre chose, on renonce à ce qui nous empêche d’être avec Dieu.

          Changer de regard sur l’autre  

Pour qui Jésus raconte-t-il cette histoire ? Si on se sent brebis perdue, on est touché par ce message d’un Dieu qui nous aime de façon éperdue.

Pourtant Jésus ne vise pas ici les « brebis perdues »: il parle d’abord aux pharisiens, aux religieux bien-pensants et convenables qui viennent de le critiquer, de s’insurger qu’un prophète accepte de se mélanger avec ceux qui viennent des bas-fonds. Comme de bons élèves qui seraient choqués que le prof inclue les cancres pour une sortie découverte.

Le message de Jésus, c’est que Dieu ne voit pas ces « cancres », ces « rebelles », comme des intrus, mais comme des invités d’honneur ! Et on comprend pourquoi, puisque Jésus nous a révélé ce qui se passe dans le cœur de Dieu : son plus profond désir, c’est que tous reviennent à lui. Il est prêt à tout pour les retrouver. Alors quand Jésus voit s’approcher pour l’écouter ces « pécheurs » marginalisés, même sur la pointe des pieds, même sans avoir tout compris, il est tellement heureux, car il porte en lui ce désir de Dieu de retrouver ceux qui l’ont perdu de vue.

Quel contraste avec l’attitude des pharisiens ! Préoccupés à juste titre par la sainteté de Dieu, ils sont scandalisés par certaines choses. Le problème, c’est que ça a dérivé, ça a pris des proportions énormes et ils ont fini par juger les gens, par distinguer entre les bons et les mauvais, ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors – hors de question de les mélanger !

Aujourd’hui, dans notre société, il y a bien des principes et des comportements qui paraissent incompatibles avec la foi. Est-ce que nous en arrivons à éviter, à fuir, à repousser ( ?) ceux qui vivent ainsi ? S’ils venaient ici, sans s’être rangés, comme ils sont, seraient-ils les bienvenus ?

Dans le jugement des pharisiens, il y a de l’orgueil, oui, un aveuglement sur leurs propres failles (personne n’est de lui-même parfaitement en phase avec le Dieu saint, intègre, juste et bon !), et un oubli de l’essentiel : Dieu désire ceux qu’il a créés, il désire vivre avec eux, les combler de son amour, les inviter dans sa joie.

Jésus rappelle la posture de Dieu pour nous appeler à nous réjouir de ce qui réjouit Dieu, à accueillir ceux que lui invite – accueillir malgré les différences, les écarts, les incompréhensions, les « valises ». A changer de regard pour voir l’autre comme un précieux, invité d’honneur à la table de Dieu.

Et si on comprend ce désir éperdu de Dieu, sa ferveur, notre regard ne change pas seulement dans l’église, au culte ou dans les groupes. Il change aussi dehors, au quotidien : on dit qu’on se fait une idée des gens dans les 10 premières secondes. Et si notre première impression c’était que l’autre est précieux aux yeux de Dieu, que Dieu le désire et l’invite ? Notre collègue agaçant, notre voisine qui ronchonne, un copain survolté, une cliente impolie, tous ceux qui nous semblent à côté de la plaque : si l’amour fervent de Dieu venait transformer notre regard, qu’est-ce que ça donnerait ? au lieu de la suspicion, du jugement ou du rejet, d’une attitude défensive ou dégoûtée, peut-être de l’intérêt, de la curiosité, une écoute, une disponibilité pour aller boire un café, pour aller plus loin dans la relation. Expérimenter à notre tour le désir profond que l’autre reçoive, là où il est, l’amour de Dieu qui le cherche, voilà qui peut changer notre perspective, nos actes, et nos paroles – et peut-être, permettre à l’autre de se savoir aimé de Dieu, de façon éperdue.

Honorer la sainteté de Dieu

Comment honorer la sainteté de Dieu au quotidien ? C’est abstrait, comme concept, et il y a plusieurs réponses ! Je vous propose de suivre une histoire vécue par le roi David, qui nous fait réfléchir sur la façon dont nous honorons Dieu dans notre vie.

Nous sommes au tout début du règne du roi David, après que son rival Saül a enfin quitté le trône, après des décennies de conflits.

Lecture biblique : 1 Chroniques 13.1-14

1 David tient conseil avec les chefs de 1 000 soldats et de 100 soldats, et avec tous les notables. 2 Ensuite, il dit à tous les Israélites rassemblés :

« Si cela vous semble bon et si c’est la volonté du SEIGNEUR notre Dieu, envoyons un message à nos frères restés dans tout le territoire d’Israël. Allons trouver en particulier les prêtres et les lévites dans les villes et les endroits où ils habitent. Demandons-leur de venir avec nous. 3 Alors nous rapporterons chez nous le coffre de notre Dieu. En effet, nous ne nous sommes pas occupés de lui au temps de Saül. »

 4 Toute l’assemblée est d’accord pour réaliser ce projet, car tout le monde trouve que c’est une bonne idée. 5 David rassemble alors tous les Israélites, depuis la frontière d’Égypte au sud, jusqu’à Lebo-Hamath au nord. Ils veulent aller chercher le coffre de Dieu à Quiriath-Yéarim. 

En ce contexte post-électoral, nous saisissons l’impact de la décision de David : il vient juste de monter officiellement sur le trône, il est enfin roi… Les premières décisions donnent le ton de ce que sera le règne (ou le mandat) de celui qui gouverne. Elles représentent les valeurs profondes du gouvernement, et à ce titre elles sont hautement symboliques. Nous sommes en plein dedans, avec les commentaires sur chaque mesure que prend, ou devrait prendre, notre président fraîchement réélu.

Quelle est la première décision de David ? Faire venir le coffre de l’alliance à Jérusalem. Rembobinons une seconde : le coffre de l’alliance, c’est le coffre sacré, construit du temps de Moïse (environ 400-500 ans plus tôt). Il contient les deux tablettes de la Loi donnée à Moïse : c’est le symbole de l’alliance entre Dieu et son peuple, le rappel de la délivrance du peuple, de la fidélité de Dieu et de son autorité.

 

Ce coffre mesure plus d’un mètre de long sur 70 cm de large et de haut. Il est fait en acacia, un bois précieux, et entièrement plaqué or à l’intérieur et à l’extérieur. On voit des chérubins au-dessus : ils représentent la présence solennelle de Dieu.

arche

Ce coffre n’est pas la présence de Dieu, mais il en est le symbole matériel. A ce titre, il est interdit de le toucher. Plus tard, le roi Salomon, qui construira le Temple, fera placer le coffre dans le saint des saints, cet espace où personne ne va, sauf le grand-prêtre 1 fois par an.

Or, dans les différents conflits avec leurs voisins philistins, les Israélites s’étaient fait piquer le coffre de Dieu, qui leur a été rendu environ 40 ans plus tôt ( 1 Samuel 4). Depuis, il est stocké chez Abinadab, mais personne ne s’en occupe.

Donc, lorsque David insiste pour aller chercher le coffre et le placer à Jérusalem, il envoie un signal très fort : il fait venir Dieu dans la capitale, au cœur du royaume, au cœur de son règne. Très clairement, sa priorité c’est d’honorer Dieu en lui donnant la place centrale.

 

6 David part avec eux à Baala, c’est-à-dire Quiriath-Yéarim, en Juda, pour reprendre le coffre de Dieu. Ce coffre porte le nom du SEIGNEUR qui est assis au-dessus des chérubins. 

7 Il se trouve dans la maison d’Abinadab. On le place sur un char neuf. Ouza et Ahio conduisent le char. 

8 David et tous les Israélites dansent devant Dieu de toute leur force. Ils chantent, accompagnés d’instruments de musique : cithares, harpes, tambourins, cymbales et trompettes. 

Quelle fête ! quel cortège ! On ne regarde pas à la dépense : un char neuf (pour nous, peut-être un jet privé), des danseurs, des chanteurs, des musiciens – si on avait pu mettre des feux d’artifice, David l’aurait fait. C’est un jour de joie pour Israël, un jour d’allégresse en l’honneur de Dieu.

Mais la fête tourne au drame.

 

9 Quand ils arrivent près de chez Kidon, là où on bat les céréales, les bœufs glissent. Ouza étend la main pour retenir le coffre sacré. 

10 Alors le SEIGNEUR se met en colère contre lui. Il le frappe à mort, parce qu’il a touché le coffre. Ouza meurt là, à côté du coffre.

11 David est fâché, parce que le SEIGNEUR a brisé la vie de Ouza. Il appelle l’endroit Pérès-Ouza (« brèche d’Ouza »), et ce nom existe encore aujourd’hui. 

Après la joie, la tragédie. On est parti d’un simple accident : les bœufs glissent. Ouza, plein de bonnes intentions, rattrape le coffre sacré, le touche de ses mains profanes, et s’attire les foudres de Dieu qui l’élimine. La fête est finie. La colère de Dieu s’est abattue, et on comprend : personne ne doit toucher le coffre. On comprend, mais un peu seulement. C’est violent, brutal, injuste : que fallait-il faire ? laisser le coffre s’écraser ? Sûrement qu’il valait mieux le protéger, même avec des mains profanes, plutôt que de courir le risque qu’il ne se brise, non ?

David à son tour se met en colère en voyant ce qui se passe – et on ne peut pas le blâmer : nous aussi, lecteurs modernes, nous sommes choqués, voire déçus. Pourquoi cette réaction disproportionnée, cette violence, cette injustice ? Le Dieu d’amour et de compassion que David lui-même a tellement chanté dans les psaumes, il paraît loin.

Où est le problème ? Regardez bien le coffre de l’alliance : vous voyez les barres, sur les côtés du coffre ? Lorsque Dieu donne à Moïse les instructions au sujet du coffre sacré, il précise que ce coffre devra toujours être porté au moyen des barres (Exode 25.12-15). Et oui, cela évite le genre d’accident rencontré par les bœufs… Normalement, le coffre n’aurait jamais dû être transporté sur un char : ça, c’est la façon philistine de faire. Ouza et Ahio ont simplement imité les étrangers qui avaient rapporté le coffre il y a des décennies. Ils y ont mis leur bonne volonté, mais ils n’ont pas respecté les instructions. Et personne ne trouve à y redire.

Deux explications possibles : soit ils ignoraient ce que Dieu avait prescrit – et c’est de la négligence –, soit ils ont considéré que la façon philistine de faire était plus pertinente – et c’est du mépris. En tout cas, leur désobéissance, volontaire ou pas, conduit au drame.

Dieu ne réagit pas à la première désobéissance. Mais, comme souvent, cette transgression conduit à des complications, qui conduisent à une nouvelle désobéissance qui transgresse là tout le système que Dieu a mis en place par les sacrifices, les prêtres, etc. C’est que Dieu réagit : on ne prend pas sa sainteté à la légère. Ce système des sacrifices et du temple veut enseigner physiquement au peuple que Dieu est saint, et qu’on ne l’approche pas n’importe comment. Il est intouchable. On ne touche pas l’intouchable, point.

C’est d’autant plus vrai en ce jour solennel censé mettre Dieu au centre : si Dieu est Dieu, les hommes doivent le respecter et respecter sa volonté, non ? Sinon, ce cortège, c’est de la publicité mensongère.

Conclusion :

12 Ce jour-là, David a peur de Dieu et il dit : « Je ne peux pas recevoir chez moi le coffre de Dieu ! » 

13 Il ne veut pas prendre le coffre chez lui, dans la « Ville de David ». Il le fait conduire dans la maison d’Obed-Édom, un homme de la ville de Gath. 

14 Le coffre reste trois mois chez lui, et le SEIGNEUR bénit la famille d’Obed-Édom et tous ses biens.

David a compris qu’il n’est pas prêt et il prend peur. Il comprend que Dieu n’est pas son égal. Même si David veut honorer Dieu, ça ne lui donne pas le droit de négliger sa Parole et son autorité. Même si David a expérimenté la présence, la force, l’affection de Dieu pendant toutes ces années, ça ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il veut comme il veut. Le privilège d’être proche de Dieu ne donne pas le droit de le prendre à la légère. La joie et la louange n’empêchent pas l’obéissance !

David annule le cortège, même si c’est la honte ; le coffre repart, et 3 mois plus tard, il revient dans un nouveau cortège, avec des lévites qui portent le coffre : David est prêt, cette fois-ci.

Et pour nous, chrétiens? 

 

Aujourd’hui, nous sommes loin du système du Temple etc. mais cet épisode nous rappelle la sainteté de Dieu, l’écart impressionnant entre lui et nous. Un écart rendu infranchissable par notre propension antédiluvienne à prendre Dieu à la légère : dès le jardin d’Eden, Eve et Adam méprisent la demande de Dieu (Genèse 3). Lorsqu’ils mangent du fruit interdit, ils déclarent de fait qu’ils savent mieux que Dieu ce qui est bon. Comment peut-on prétendre savoir mieux que le Dieu créateur et roi ? Comme avec Ouza, c’est la mort qui les guette, et qui les aspire, qui nous aspire, puisque depuis, nous continuons de vivre comme si nous étions nous-mêmes les maîtres du monde – et d’aller vers la mort.

Cet écart abyssal entre un Dieu saint et nous, Dieu le franchit en venant à notre rencontre en Jésus. Dans sa première lettre, Jean, le disciple de Jésus écrit avec excitation : celui qui était Dieu (Dieu !) est venu parmi nous, et nous l’avons touché (1 Jean 1.1-4). Quelle proximité ! Dieu a franchi l’abîme infranchissable ; le Dieu saint a rencontré les pécheurs, mais à son contact, ce n’est pas nous qui mourons pour prix de notre orgueil, c’est lui qui meurt sur la croix pour expier notre folie. Quelle grâce ! Couverts par le Christ, nous pouvons maintenant vivre dans la présence sainte de Dieu, proches de lui, notre sauveur, notre Père.

Mais qu’en est-il de notre attitude vis-à-vis de Dieu ? Même si Dieu ne nous foudroie pas sur-place lorsque nous le déshonorons, Dieu reste Dieu. Il reste le Dieu saint : Notre père qui es au cieux, que ton nom soit sanctifié – c’est-à-dire : que tous te reconnaissent comme saint. Que ta volonté soit faite – et non la nôtre !

Aimer Dieu, honorer Dieu, c’est aussi le respecter. Chantons-le avec force, passons du temps avec lui, réjouissons-nous de sa présence, mais n’oublions pas de le respecter : Dieu n’est pas notre égal. Sa volonté n’est pas une matière brute dans laquelle nous sélectionnons ce qui nous semble pertinent. Sa parole créatrice n’est pas une parole en l’air.

A quoi ressemble le fait d’honorer et respecter le Dieu saint ? Comme à l’époque de David, il est nécessaire de connaître sa Parole pour comprendre qui il est et ce qu’il veut. Lire la Bible n’est pas une option si nous voulons honorer Dieu : comment voulez-vous être en accord avec quelqu’un dont vous ne connaissez pas les idées ?

Connaître la Parole, et l’appliquer ! Dans le respect, il y a une part d’obéissance, même si nous ne comprenons pas toujours à l’avance pourquoi Dieu élimine telle option ou encourage telle autre. Mais faut-il en arriver aux complications pour se dire : ah oui, il n’avait pas tort ?

Il y a aussi des situations inédites où nous ne savons pas trop ce que Dieu attend de nous : prions ! prions ! Dieu nous promet sa sagesse – si nous la demandons – alors prions ! Mais prions avant… Dieu dans sa grâce répondra aussi si nous prions après, mais… la situation risque d’être plus compliquée, et les dommages plus graves et plus tristes. Prions avant… Cherchons la sagesse de Dieu – sans nous laisser berner par nos bonnes intentions ou nos progrès modernes : seule la sagesse de Dieu mérite d’être suivie.

Notre Dieu est extraordinaire : il est majestueux, saint, d’un amour incroyable – alors aimons-le, oui, et honorons-le, dans ce tout ce que nous sommes et dans tout ce que nous faisons. Non seulement il le mérite, mais c’est aussi auprès de lui, par sa sagesse, que nous trouverons un chemin sûr sur lequel avancer.

Marcher dans la lumière

Une des valeurs qui revient le plus dans les discours d’aujourd’hui, c’est l’authenticité : être authentique, être soi-même, être vrai – c’est incontournable. Ecouter nos rêves, exprimer nos valeurs, assumer notre ressenti. Et cette insistance sur l’authenticité a du sens : chacun de nous a été créé par Dieu, comme un exemplaire original, une pièce unique, et il se réjouit que nous puissions exprimer ce que nous sommes, sans se cacher derrière les autres ou se forcer dans un moule.

Cette soif d’authenticité est une soif légitime, juste aux yeux de Dieu – la soif de pouvoir exister pour ce que nous sommes, comme nous sommes, en liberté.

Toutefois, mettre en avant l’authenticité part du principe que ce qui est en nous vaut toujours la peine d’être exprimé et assumé. Désolée, je vais peut-être vous choquer, mais l’authenticité en elle-même ne peut pas une valeur suffisante : que diriez-vous si j’étais authentiquement raciste ou n’importe quelle sorte de “…phobe”, authentiquement vénale, authentiquement narcissique ? si c’était ça, « ma vérité », faudrait-il vraiment que je sois authentique ?

Dieu nous encourage à vivre dans l’authenticité, mais pas n’importe laquelle ! et je vous invite à lire un extrait de la lettre de Paul aux Ephésiens.

Lecture biblique : Ephésiens 5.1-9

1 Puisque vous êtes les enfants que Dieu aime, efforcez-vous d’être comme lui. 2 Que votre façon de vivre soit inspirée par l’amour, comme le Christ aussi nous a aimés et a donné sa vie pour nous, comme une offrande et un sacrifice dont l’agréable odeur plaît à Dieu.

3 Vous appartenez à Dieu, par conséquent il ne convient pas qu’une forme quelconque de débauche, d’impureté ou de cupidité soit même mentionnée parmi vous. 4 Il n’est pas convenable non plus que vous prononciez des paroles grossières, stupides ou sales. Adressez plutôt des prières de reconnaissance à Dieu. 5 En effet sachez-le bien : aucune personne qui vit dans la débauche, qui est impure ou avare (puisque l’avarice, c’est de l’idolâtrie) n’aura jamais part au règne du Christ et de Dieu. 6 Que personne ne vous égare par des raisonnements trompeurs : ce sont de telles fautes qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui s’opposent à lui. 7 N’ayez donc rien de commun avec ces gens-là. 

8 Vous étiez autrefois dans l’obscurité ; mais maintenant, par votre union avec le Seigneur, vous êtes dans la lumière. Par conséquent, comportez-vous comme des personnes qui vivent dans la lumière, 9 car la lumière a pour fruit toute sorte de bonté, de justice et de vérité. 

  1. L’authenticité dans l’imitation

Paul commence ce passage en parlant de notre identité : puisque vous êtes enfants de Dieu, puisque vous êtes passés des ténèbres à la lumière (et Paul l’a rappelé pendant les 3 premiers chapitres de sa lettre), vivez-le à fond ! La foi en Christ n’est pas une simple espérance, un réconfort dans la difficulté : elle change notre identité, elle change notre appartenance, elle change notre ADN – car Jésus, par sa mort et sa résurrection, rétablit notre connexion avec Dieu, qui vient demeurer en nous par son Esprit. Et cet ADN spirituel vaut pour toujours : pour toujours, nous sommes enfants de Dieu, fils et filles de l’Être le plus resplendissant qui soit. Être authentiques, c’est vivre cette nouvelle identité à 100%.

Et Paul nous invite à être authentiques par imitation : normalement, on oppose authenticité et imitation, mais en réalité, pour vivre notre identité à plein, nous sommes appelés à nous rapprocher de la source, de l’original : Dieu lui-même. Notre identité authentique se construit en ressemblant à Dieu, en nous laissant inspirer par le Christ, le Fils, le grand frère qui nous ouvre la voie et qui imprime en nous un air de famille.

A quoi ressemble cet air de famille ? C’est l’amour, dit Paul. Ce qui fait qu’on reconnaît Dieu entre mille (même s’il n’y en a qu’un !), c’est l’amour. C’est sa marque de fabrique ! Plus précisément : le fruit de la lumière, le fruit de la présence de Dieu en nous par l’Esprit, c’est la bonté, la justice, la vérité. Autrement dit, notre caractère, nos actions, nos paroles, pour le bien des autres et de nous-mêmes ; une vie qui, dans sa globalité, reflète la lumière de Dieu et lui fait honneur.

  1. Une authenticité qui recherche la pureté

Et pour être un enfant de Dieu authentique, il faut faire des efforts. Là aussi, Paul nous prend à revers : être authentique n’est pas être passif ! Viser l’authenticité exige une certaine pureté.

Par exemple, un sac en cuir authentique est 100% cuir, un saucisson authentique (100% viande), un bijou 100% or, en or massif, dont on vérifie l’authenticité pour en définir la valeur. S’il y a mélange, par exemple avec du miel coupé au sirop de glucose ou du lait coupé à l’eau, la substance est dénaturée, corrompue, impure.

Viser l’authenticité, c’est refuser les mélanges. Et Paul de dénoncer des pratiques incompatibles avec notre ADN spirituel.

Il utilise des mots très généraux, la laideur, l’impureté, la corruption : ce qui s’oppose à la bonté, la justice, la vérité – donc ce qui est mauvais, injuste, et faux.

Dans cette laideur, Paul cite 3 fléaux en particulier, 3 fléaux qui caractérisaient la société de son époque, mais… rien de nouveau sous le soleil, nous sommes encore en plein dedans !

  • Immoralité sexuelle

A l’époque de Paul, dans le monde gréco-romain, on trouve de nombreux cas de prostitution sacrée, des parties fines qui accompagnent les stratégies commerciales ou politiques, et l’idée paradoxale que le corps n’a pas beaucoup d’importance dans la quête spirituelle et morale, donc on fait ce qu’on veut. En sommes-nous loin ? Les scandales, dans la société et dans notre monde chrétien, nous alertent. Mais il n’y a pas que les scandales officiels. J’entendais quelqu’un dire récemment : les appétits du corps sont équivalents et neutres. Tant qu’on ne fait de mal à personne, la sexualité c’est comme boire ou manger. Sauf que dans cette optique, l’autre est là pour satisfaire nos besoins, en présentiel ou sur écran, comme un verre d’eau que l’on vide après avoir bu. On utilise l’autre, ou on s’utilise l’un l’autre, puis on se débarrasse.

Or pour Dieu, l’union des corps exprime concrètement l’amour, la communion, le partage le plus intime qui soit. Vivre cette communion sans la vivre, c’est de la contrefaçon. La vraie intimité s’enracine dans la relation de deux personnes qui se connaissent, se respectent, s’aiment, et se donnent l’une à l’autre, avec vulnérabilité et confiance, dans la fidélité.

En tant qu’évangéliques, on est à l’aise pour dénoncer cette forme d’immoralité. Un humoriste écrivait dans les années 90 : problèmes sociaux dont les évangéliques se soucient : la famille, l’avortement – point. [Crises de foi, le retour, PBU, p.86]. Mais Paul dénonce deux autres fléaux, qui devraient nous choquer autant : la cupidité, et les paroles vaines.

  • La cupidité

La cupidité, l’avarice, revient deux fois, et Paul la dénonce comme une idolâtrie. Ce besoin d’avoir toujours plus, plus, plus – plus d’argent, plus de pouvoir, plus de plaisir, plus de possessions… La dégradation causée par l’immoralité sexuelle est terrible, mais pas plus que celle causée par la cupidité, qui pénètre tous nos niveaux de fonctionnement. Nous le voyons au quotidien, certes, dans la rivalité, la performance, le jugement… Et au niveau mondial, nous découvrons les sordides histoires d’esclavage économique qui sous-tendent notre train de vie à l’Occidentale (mais sur c’est sur d’autres continents, donc, ça ne compte pas ?!).

Il n’y a pas que les travailleurs qui en souffrent, la terre elle-même : la surexploitation des ressources, la pollution, la déforestation anarchique, viennent perturber les écosystèmes, accélérer au centuple les extinctions d’espèces, et dégrader des régions entières (mais là aussi, c’est essentiellement d’autres continents qui trinquent, donc…). Et la cause ? nos cupidités, nos « plus, plus, plus ».

Pourquoi est-ce une idolâtrie ? Parce que notre quête effrénée de satisfaction, et parfois derrière, une quête identitaire, de statut, se tourne vers des choses ou des expériences, alors que le seul qui puisse répondre à cette soif, c’est Dieu. Le seul qui puisse combler nos vides, c’est le Dieu qui a créé le monde et qui nous aime de façon infinie.

  • Les paroles vaines

Dans l’Antiquité, on était prêt à tout pour un bon mot, pour un trait d’esprit. Et aujourd’hui, pour faire le buzz, pour un tweet bien relayé ? Pour une vidéo avec plus de vues ? Pour plus d’audimat ? A quoi est-on prêt ? Paul dénonce les paroles laides, sottes ou grotesques. Ce qui avilit l’autre, ce qui humilie, ce qui abaisse au lieu d’élever. Alors, on n’est pas tous concernés par ces pratiques de média, quoique, sur les réseaux sociaux, presque tous ont une parole publique.

Nos paroles ont du poids – pas le même que la corruption financière ou l’exploitation sexuelle, mais nos paroles donnent le ton de notre relation aux autres. Et on le voit bien dans nos relations, puisque la plupart de ce qui nous blesse, c’est la parole d’un autre.

Ces pratiques, il s’agit de leur résister fermement : qu’on n’en entende même pas parler parmi vous ! Ceux qui les pratiquent (attention) n’ont pas leur place auprès de Dieu, ils ne sont pas dignes de cet héritage. Et toute personne qui vous dit le contraire, qui vous invite à la complaisance, à une identité frelatée, est un menteur, qui réveille l’indignation de Dieu. Être enfant du Dieu de lumière est incompatible avec de sombres pratiques de bas-fonds : pour vivre la vie de Dieu de façon authentique, il faut refuser toute complicité avec la laideur.

Ce serait étonnant que Paul demande de ne plus fréquenter du tout ceux qui ne partagent pas notre foi et notre identité en Christ : Jésus mangeait avec les pécheurs et les mécréants ! Mais il s’agit de refuser toute emprise qui nous éloigne de la vie lumineuse que Dieu aime.

3. L’authenticité se vit progressivement

Cette dénonciation, légitime et juste, nous plonge dans l’incohérence de nos propres vies. Honnêtement, le problème ce n’est pas seulement « les autres », ou « la société », ce sont nos compromissions, nos accommodations, notre attirance maladive pour le sordide ou le frelaté. Et c’est là que c’est tellement important de revenir à notre identité en Christ : lui, lumière du monde, est venu plonger dans nos ténèbres pour nous en délivrer. Il a pataugé dans le moribond pour faire émerger en nous la vie et la fécondité (le fruit). Nous sommes sauvés par grâce, adoptés par Dieu par grâce, héritiers par grâce. Comment revenir en arrière ? comment tolérer encore l’intolérable aux yeux de Dieu ?

Paul est conscient que la vie chrétienne est un chemin : marchez dans l’amour, devenez les imitateurs (pas « imitez » : devenez !). Le réalisme sur la lenteur de notre progression n’empêche pas la détermination. La détermination à vivre avec toujours plus d’authenticité notre identité en Christ, à exposer toujours plus à sa lumière, à son Esprit, à sa Parole, notre vie entière : notre cœur, nos actes, nos paroles.

Et je termine avec une piste donnée par Paul, v.4. La reconnaissance, la gratitude comme antidote aux paroles indignes. C’est une bonne stratégie de remplacement : au lieu de dire n’importe quoi, je respire et je prie, merci Seigneur.  Mais je me demande si la reconnaissance n’est pas une bonne stratégie en général pour grandir en sainteté, pour devenir de plus en plus authentiques dans notre identité chrétienne.

Dire merci à Dieu, c’est reprendre conscience de sa présence, nous remettre, avec nos décisions ou nos pulsions, dans sa lumière. Dire merci, c’est nous rappeler tout ce qu’il a fait pour nous délivrer des fléaux qui accablent et dégradent notre humanité. Dire merci, c’est nous enraciner dans tout ce qui est bon, agréable, parfait – comment dire merci au Christ avec sincérité, pour plonger ensuite dans ce qui le dégoûte ?

Le processus prend du temps, Dieu a une part incontournable dans cette transition vers une identité plus lumineuse, plus authentique, mais chercher Dieu, chercher ce qui lui plaît, prendre parti aujourd’hui (et chaque jour), c’est déjà vivre dans sa lumière, c’est passer des ténèbres à l’aube. Nous ne sommes peut-être pas encore en plein soleil, à 100% rayonnants, mais la lumière est là et elle grandit, car Dieu est fidèle !

Jésus, avec nous par son Esprit

Trouver Dieu dans notre quotidien. Il est vrai que par moments, nous voyons des signes de la présence de Dieu : dans la Nature, à travers les fonctions du quotidien, dans des situations qui se débloquent ou des expériences de sa paix, de sa tendresse, de sa force. Mais entre ces moments, il nous arrive d’être absorbés par ce que nous vivons, sans avoir conscience que Dieu est là (en cour de récré, dans le bus, lors d’une démarche administrative…)/ sans le chercher, ou de chercher Dieu sans vraiment le trouver. La connexion avec Dieu semble se faire par intermittences, comme s’il y avait des connexions et des déconnexions, des présences et des absences.

Lorsque Jésus était sur terre, sa présence était indéniable, visible, palpable. Mais nous, nous n’avons pas Jésus, là, à nos côtés, ce qui rend bien plus difficile la perception de sa présence. Or Jésus est tout à fait conscient de ce défi, il en parle même à ses disciples la nuit avant de se faire arrêter : il sait ce qui l’attend – arrestation, procès, mise à mort, et par anticipation, il veut encourager ses disciples qui n’ont pas encore saisi la gravité de ce qui arrive. Nous sommes donc dans les derniers moments où Jésus est avec ses disciples, cette nuit de Pâque juive qui précède sa mort.

Lecture biblique : Jean 14.15-20

15 Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. 

16 Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre défenseur pour qu’il soit avec vous pour toujours, 17 l’Esprit de la vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il sera en vous.

18 Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous. 19 Encore un peu, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, parce que, moi, je vis, et que vous aussi, vous vivrez. 20 En ce jour-là, vous saurez que, moi, je suis en mon Père, comme vous en moi et moi en vous. 

L’envoi de l’Esprit

A l’approche de son arrestation, Jésus sait que ses disciples vont se sentir abandonnés, et il veut les rassurer en leur promettant l’envoi de l’Esprit saint (v.16-17). Cette promesse est un peu mystérieuse : Dieu leur enverra un autre défenseur (dans d’autres traductions : un autre consolateur, un autre Paraclet). Le paraclet (chez les Grecs à l’origine, mais c’était répandu aussi en Israël à l’époque de Jésus), c’est quelqu’un appelé à vos côtés, en particulier lors d’un procès, pour vous conseiller sur le plan juridique et éventuellement parler à votre place. Si vous vous sentez désemparés devant une situation trop complexe, que vous avez du mal à comprendre ou à vous défendre, le paraclet est là pour vous soutenir.

Jésus annonce donc une période difficile, qui ressemblera à un procès : comme lui-même, ses disciples seront rejetés, accusés, persécutés – mais ils ne seront pas seuls : Dieu viendra à leurs côtés pour les soutenir et les défendre. Sous pression, on peut être tenté de changer de version, ou de douter de ce qu’on pensait savoir : Dieu leur rappellera ce qui est vrai, comme un témoin véridique qui aide à y voir clair. Jésus est vraiment venu, il a vraiment fait des miracles, il a vraiment offert l’amour et la sagesse de Dieu, il a vraiment accompli les promesses de Dieu. Il y aura un conflit, entre ceux qui ont cru en Jésus et les autres (« le monde »), mais Dieu lui-même viendra soutenir ceux qui croient en Jésus.

Jésus se considérait lui-même comme un témoin de la vérité de Dieu : à l’heure de son départ, il promet un successeur, un autre défenseur : son Esprit, qui sera avec les disciples, à côté des disciples, et dans les disciples. Autrement dit, il sera du côté des disciples, il sera proche d’eux, tellement proche qu’il sera « dedans ».

Qui est la personne humaine la plus proche de vous ? Même cette personne n’est pas toujours avec vous, 24/7. Il y a des intermittences. La seule personne qui soit toujours avec vous, c’est vous. Or Jésus promet d’envoyer un soutien qui ne sera pas simplement à nos côtés, comme un ami, un parent, un conjoint, avec des moments proches et plus distants (ne serait-ce que sur le plan géographique) : Dieu viendra lui-même soutenir ses disciples 24/7, en se répandant dans tout ce que nous vivons, dans tout ce que nous sommes. Dieu est à côté des croyants, pour les soutenir (geste du bras) et il est en eux, pour qu’il n’y ait jamais de déconnexion.

C’est particulièrement important vu les conflits qui vont s’ouvrir autour des disciples de Jésus, ceux qui sont avec lui dans la pièce la nuit de Pâque mais ensuite, tous ceux qui croiront en lui, jusqu’à nous. Dans le livre des Actes, les disciples sont accusés, condamnés, emprisonnés parfois mis à mort – comme bien d’autres chrétiens aujourd’hui, persécutés ou sous pression pour s’éloigner du Christ.

Mais la promesse de l’envoi de l’Esprit n’est pas limitée aux cas difficiles : elle rassure pour les moments difficiles, mais une fois que l’Esprit est en nous, il ne part plus ! Il est là, pour toujours, même si nous ne sommes pas persécutés.

Si vous avez du mal à vous représenter la présence de Dieu en vous, une présence spirituelle et pas matérielle, bienvenue au club ! Une image imparfaite : l’éponge. Une fois imbibée d’eau, vous ne pouvez pas faire la différence entre l’éponge et l’eau. Et partout où va l’éponge, l’eau suit. Quand vous ferez la vaisselle la prochaine fois, rappelez-vous que l’Esprit vous remplit comme l’eau imbibe l’éponge!

          La vie du Christ en nous

Jésus continue. Peut-être a-t-il senti que ses disciples ne sont pas complètement rassurés : ce qui compte pour eux, c’est Jésus, et Jésus annonce son départ. Alors il insiste : je ne vous laisserai pas orphelins, mais je reviens. A mots couverts, Jésus fait sûrement référence à sa résurrection : il s’en va, il va mourir, mais il reviendra vers ses disciples ; alors ils sauront que Jésus est vivant, d’une vie éternelle, autre, que Jésus veut partager avec tous ceux qui se tournent vers lui avec foi.

Et là, ça devient un peu confus : Jésus va faire envoyer un défenseur, l’Esprit, mais il va lui aussi revenir (ressuscité), et il sera dans les disciples et les disciples en lui, comme Jésus est en Dieu : là on revient plutôt à l’Esprit, non, puisque c’est en nous ?

Jésus et l’Esprit sont tellement liés que recevoir l’Esprit, c’est recevoir Jésus. Jésus a un corps, même après sa résurrection, donc il ne va pas venir s’installer à l’intérieur de nous, en poussant nos organes (ce serait inconfortable) : il demeure en nous par son Esprit. Être rempli de l’Esprit, c’est donc être rempli de Jésus – et par là, rempli de la présence de Dieu. Comme l’oxygène qui est présent dans l’eau (H2O) qui vient imbiber l’éponge.

Par l’Esprit, Jésus demeure en nous et nous attache solidement à lui, pour que nous puissions participer à la vie de Dieu. C’est pour cela qu’il est venu sur cette terre : pour s’approcher de nous, pour écarter tout ce qui nous sépare de lui (nos fautes, nos révoltes, nos mensonges, nos indifférences) et nous reconnecter à son amour, pour toujours.

La fidélité, de part et d’autre

S’arrêter là serait mettre de côté un élément important sur lequel Jésus insiste avant et après la promesse d’être avec nous par l’Esprit : « si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (v.15, 21). Les commandements, ce sont… aimer, rester authentiquement dans la vérité de Dieu, c’est-à-dire aimer Dieu de tout notre cœur en l’honorant dans tout ce que nous sommes, et aimer notre prochain, notre lointain, et même notre ennemi.

Jésus conditionnerait-il le don de l’Esprit à notre obéissance ? comme si Jésus allait retirer son Esprit lorsque nous nous égarons ? C’est ce que nous imaginons parfois. Mais il n’y a pas de lien de cause à effet dans le texte, faisant de l’obéissance la base pour recevoir la présence de Dieu – et heureusement ! Sinon, je crois que Dieu ne serait pas souvent avec moi, en tout cas pas toujours : qui se croirait totalement aimant et saint ? Jésus vient nous rejoindre dans nos mensonges, nos faiblesses, nos échecs, il ne va pas conditionner sa présence à notre réussite !

Cela dit, être sauvés par grâce ne veut pas dire que nous restons passifs. Dans une relation, même si l’initiative n’a été prise que par l’un des deux, si on veut que la relation perdure, il faut que chacun y mette du sien, il faut de la réciprocité, ou en tout cas du répondant. Dieu met tout : sa vie, en Jésus, jusqu’au sacrifice, et son Esprit. Et nous ? Nous sommes appelés à cultiver notre relation avec Dieu, à rester fidèles, à le suivre, à le chercher, à respecter ses principes – même, et peut-être en particulier, quand nous sommes un peu perdus, que nous ne savons pas où aller, que la pression est forte : Jésus nous invite à lui rester fidèles, à nous accrocher à lui – parce que lui ne bouge pas, il est là, que nous le voyons ou pas, il est là.

Alors, dans les moments faciles ou difficiles, laissons cette vérité nous remplir, comme l’eau remplit l’éponge : Dieu est avec nous, à chaque instant, grâce à Jésus, par son Esprit. Que sa vérité et son amour soient notre boussole pour avancer…

Apporter nos pépites à Dieu

Regarder la vidéo ici.

Depuis quelques semaines, nous explorons le thème de la justice. Mais dans un monde qui ne tourne pas très rond, on a parfois l’impression que nos actes de justice apportent bien peu de résultats, et que quoi qu’on fasse, c’est l’injustice qui l’emporte. Quand un adversaire est trop puissant, que les dysfonctionnements s’enracinent dans un système international ou que tout simplement, nous retombons dans les mêmes travers…

L’apôtre Jean, disciple de Jésus, écrit vers la fin de sa vie (vers 90 ap. JC) aux églises d’Asie mineure (Turquie) dans le but de les encourager à tenir ferme, sans céder au découragement – et elles avaient de quoi être découragées : elles étaient persécutées, elles baignaient dans un système économique injuste, corrompu, dans une atmosphère spirituelle complètement détournée de Dieu. Jean leur écrit parce qu’il a reçu une série de révélations, de visions, sur le fait que Dieu règne aujourd’hui (malgré les apparences, il n’est pas dépassé) et surtout, qu’il est en train de réaliser son projet, pour instaurer son royaume de justice et de paix, pour toujours.

C’est cette espérance dans le royaume qui vient, que je vous propose de nous réapproprier ce matin, avec un extrait de la dernière vision de Jean, une vision glorieuse : des nouveaux cieux, une nouvelle terre, un monde transfiguré dans lequel descend une ville, la Nouvelle Jérusalem, symbole de la cité de Dieu, symbole du peuple de Dieu. Lisons donc un extrait de cette vision.

Lecture biblique : Apocalypse 21.1-2, 22-27

1 Ensuite, je vois un ciel nouveau et une terre nouvelle. En effet, le premier ciel et la première terre ont disparu […]. 

2Et je vois la ville sainte, la Jérusalem nouvelle. Elle descend du ciel, envoyée par Dieu. Elle s’est faite belle comme une jeune mariée qui attend son mari. 

22 [là] Je ne vois pas de Temple, car le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, est son Temple, ainsi que l’Agneau. 

23 La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour y briller, car la gloire de Dieu l’éclaire, et sa lampe, c’est l’agneau. 

24 Les nations marcheront à sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. 

25 Ses portes ne se fermeront jamais pendant le jour — or là il n’y aura pas de nuit. 

26 On y apportera la gloire et l’honneur des nations. 

27 Il n’y entrera jamais rien de souillé, ni faiseur d’abomination ou de mensonge, mais ceux-là seuls qui sont inscrits dans le livre de la vie de l’agneau.

Une remarque de méthode avant d’aller plus loin : Jean utilise un langage imagé, très imagé ! Il intègre aussi des références aux prophètes juifs (surtout Esaïe et Ezechiel) et il ajoute ce qu’il sait, depuis la venue de Jésus. Cela donne des images et des symboles qui se superposent, destinés aux églises du 1er siècle, avec leur culture, ce qui fait qu’il faut rester prudent dans l’interprétation des détails concrets : je crois fermement à l’instauration d’un monde nouveau, mais je ne mettrais pas ma main au feu que l’éternité ressemblera exactement à ça. Jean ici donne une vision pour encourager, pas forcément une description littérale, comme on mettrait des photos sur le bon coin pour une annonce. Il y a une part de symbole, d’autant que, de toute façon, dans notre état actuel, nous ne pouvons pas imaginer complètement l’éternité de la vie avec Dieu.

Essayons de voir quand même comment cette vision façonne notre espérance.

  • La vie dans la plénitude de la présence de Dieu

Jean marque le contraste entre l’ancien, et le nouveau. Ainsi, dans cette ville sainte :

Plus de Temple – le Temple juif, déjà détruit quand Jean écrit, c’était le lieu de la rencontre avec Dieu : un lieu glorieux, mais limité, à l’accès codifié et discriminant… Il n’est pas remplacé par un nouveau Temple, mais par la présence de Dieu partout, tout le temps, visible de tous. Sa gloire remplit la ville. Le Seigneur, Dieu, le Tout-Puissant – le trois fois saint – se déploie dans toute sa densité, et tous y ont accès. Lui qui est aujourd’hui caché, distant – parce que nous sommes trop indignes pour l’accueillir – à ce moment-là, dans un monde apaisé, guéri, renouvelé, il se rendra pleinement présent.

Notez la présence de l’Agneau, c’est-à-dire Jésus, le Crucifié, sacrifié pour rembourser nos injustices, l’Agneau ressuscité est présent à côté de Dieu, et il partage sa gloire.

Plus de soleil ni de lune : c’est Dieu qui illumine, avec l’Agneau. Plus besoin de sources de lumière ici et là, imparfaites et partielles, accompagnées de leur ombre : la lumière de Dieu resplendira complètement.

Jean nous indique, incidemment, que le monde créé, la Nature qui nous entoure, sont des signes de ce que Dieu est : le plus beau des couchers de soleil, le plus majestueux des ciels étoilés, ne sont que des fragments de l’immense splendeur de Dieu, que nous pourrons contempler à loisir. Autrement dit, prenez ce qui vous émeut, ce que vous trouvez beau : ce n’est qu’un fragment de la beauté de Dieu, que nous verrons face-à-face.

La lumière est aussi symbole de sécurité, de vérité, de sûreté – opposée aux ténèbres et au mensonge. Dans la même veine, on voit que les portes de la ville ne se ferment pas : les portes, dans les murailles, se fermaient la nuit pour protéger la ville du danger. Là, il n’y a plus de danger, c’est fini : paix, sécurité, liberté.

Et on le voit, ça circule, il y a du mouvement : les peuples entrent et sortent, tous sont libres et respectés, il n’y a plus d’exploitation, de guerre, de famine…

Le mal, l’abomination, le mensonge n’ont plus droit de cité : il n’y a plus personne pour abîmer ce que Dieu a instauré. Tout est cohérent, harmonieux, marqué par l’abondance et la paix, et la vie peut s’épanouir pleinement, à la lumière de Dieu.

  • La gloire des peuples, ajoutée à la gloire divine

Une image frappante, ce sont les nations qui apportent leurs trésors à Dieu, comme un cortège d’hommages pour honorer Dieu. Elles prennent ce qu’elles ont de plus beau et elles l’offrent à Dieu. C’est inspirant, de se dire que ce dont nous sommes fiers, notre patrimoine collectif, peut honorer Dieu : en art, en savoir-faire, en gastronomie, en architecture, en couture, en génie civil, en philosophie, en initiatives sociales… comme des dessins d’enfant qui honorent notre Père, notre Dieu créateur et sauveur.

Mais je me demande si ça ne va pas un peu plus loin, car Jean utilise un mot étonnant pour parler de nos trésors : il dit que les nations apportent leur gloire (et il le dit 2 fois, donc ce n’était pas une erreur !). Leur gloire. Nos trésors peuvent paraître dérisoires devant la gloire de Dieu – après tout, même le soleil et la lune disparaîtront ! Mais Dieu les regarde comme une gloire et un honneur, des gloires ajoutées à sa gloire, des gloires intégrées à sa gloire.

Imaginez… Imaginez un père, artiste peintre, qui prépare une grande fresque sur les murs de la ville : ses enfants lui apportent leurs dessins maladroits, et il les accroche dans sa fresque, en plein milieu de son œuvre. Imaginez un compositeur qui écrit une œuvre triomphale pour un orchestre de talent, et qui choisit d’intégrer la nouvelle clarinettiste dans un solo. Imaginez encore une mère qui prépare de délicieux cookies et qui laisse ses enfants y ajouter des pépites de chocolat, en fin de préparation. Eh bien, dans sa gloire éclatante, Dieu choisit d’intégrer nos pépites.

Je n’en reviens pas de voir à quel point Dieu est généreux : lui qui est tout, qui a tout, qui peut tout, qui surpasse tout, quand il remplira le monde de toute sa plénitude, il n’écrasera personne, mais au contraire, quand il aura toute la place, il nous fera une place, il intègrera tout que nous avons fait de beau, de bon, de juste et de vrai, à sa gloire, comme des pépites dans ses délices éternels.

Cela ne devrait pas nous étonner, parce que Dieu est comme ça depuis le début : à la création, dans la Genèse, il fait de l’être humain son ambassadeur dans le monde, appelé à cultiver et développer ce qu’il a semé. Lorsque Jésus vient annoncer la Bonne Nouvelle du salut, Dieu fait des croyants ses ambassadeurs à nouveau, ses partenaires dans le partage de l’amour de Dieu – il pouvait agir seul ! Mais non, il fait de nous ses partenaires. Et c’est vrai jusque dans l’éternité : il nous associe à son œuvre, il nous associe à sa gloire.

Entendons-nous bien : ce que nous faisons de bien n’est pas vraiment de notre fait – c’est l’Esprit de Dieu qui nous inspire, nous pousse, nous tire, nous coache, pour nous donner la joie de participer à l’œuvre vivante et vivifiante que Dieu réalise, dans ce qui est visible et invisible. Imaginez une célèbre pianiste, qui invite une jeune élève à jouer à quatre mains dans une grande salle de concert : évidemment, elle la prépare en amont ! elle lui montre comment faire, elle lui apprend, dans le but d’expérimenter cette joie complice de jouer ensemble. Sa joie déborde. Dieu ne nous laisse pas spectateurs de sa virtuosité, mais il nous invite par son Esprit à expérimenter cette complicité dans son œuvre : il est tellement fier (glorifié) quand nous sommes heureux avec lui et en lui. Quelle grâce !

  • L’impact de notre espérance sur le quotidien

Après quelques dimanches sur le thème de la justice, dans un contexte marqué par les inquiétudes, les questions, les élections, cette vision de Jean nous rappelle quelques fondamentaux.

D’abord, le royaume de justice et de paix n’est pas encore établi (au cas où vous en doutiez !), et nous sommes invités à attendre avec espérance : sa justice et sa paix vont s’établir – parole de Créateur ! Il nous appelle à relever la tête pour tourner nos yeux vers l’horizon, en nous accrochant à sa promesse. L’Agneau ressuscité est le garant que cette promesse est vivante, solide, en route.

Puisque la perfection est pour « demain », il est logique (atrocement douloureux et frustrant, mais logique) que le monde d’aujourd’hui soit encore dans l’injustice. Notre espérance s’accompagne de réalisme pour aujourd’hui : même si Dieu est présent, il agit pour l’instant en coulisses, par petites touches, avant de se révéler au grand jour.

A la lumière de cette espérance, nos actes d’aujourd’hui sont des avant-goûts du Royaume, mais pas seulement : ce sont aussi des pépites dont Dieu se délectera pour l’éternité. Ce que nous vivons aujourd’hui, avec maladresse et imperfection, certes, mais marqué par l’amour, la fraternité, l’hospitalité, la patience, l’endurance, la vérité, la justice, la paix, la beauté, la minutie, la créativité, la joie, la sagesse, le courage,… ce que nous vivons, et faisons, aujourd’hui, aussi simple et temporaire que cela paraisse, tout a de la valeur, parce que Dieu, dans son incroyable générosité, donne le poids de l’éternité, le poids de la gloire, à tout ce qui est bon et beau, juste et vrai.

Alors que Dieu nous inspire, aujourd’hui, demain, dans les moments simples du quotidien, pour créer avec lui, dans la complicité de son Esprit, des pépites à la saveur éternelle. Que gloire lui soit rendue !