Récemment, je me suis converti ! J’ai abandonné les ceintures pour me convertir aux bretelles ! Et je ne regrette pas ce choix, ça a changé ma vie : je ne perds plus mes pantalons ! Ce n’est évidemment pas le choix le plus important que j’ai fait dans ma vie mais quand même…
En réalité, la vie est faite d’une succession de choix, souvent petits, parfois grands, dont on ne mesure pas toujours les conséquences. Certains choix comptent plus que d’autres, parce qu’ils peuvent impacter durablement notre vie.
On a tous des choix importants à faire, qui orientent notre vie, que ce soit pour les études, pour une profession, pour notre vie sentimentale, familiale, mais aussi à propos de la foi et de la pratique religieuse.
D’une manière générale, même dans ces domaines, il n’y a pas un choix initial qui déterminerait tout, une fois pour toutes… Chaque choix est révisable, corrigeable. Évidemment, en fonction de leur importance et de leurs conséquences, ces choix sont plus ou moins difficile à modifier. Même quand vous vous tenez à un choix initial, c’est un choix. Vous choisissez de poursuivre vos études jusqu’au bout, vous choisissez de rester avec votre conjoint, vous choisissez de continuer votre pratique religieuse… Continuer, c’est choisir.
Et même quand, dans un domaine ou un autre, vous vous laissez porter par le courant, par l’avis majoritaire, vous vous pliez à l’opinion commune… vous faites un choix. Celui de suivre le mouvement. Ne pas choisir, c’est déjà choisir !
Notre vie est fait d’une succession de choix, petits ou grands. Vivre, c’est choisir ! Un des textes bibliques proposés à notre lecture ce matin parle justement de l’importance de nos choix.
Deutéronome 30.15-20
15 Regarde : aujourd’hui je place devant toi la vie et le bonheur d’une part, la mort et le malheur d’autre part. 16 Mets en pratique ce que je t’ordonne aujourd’hui. Aime le Seigneur ton Dieu. Suis le chemin qu’il te trace. Obéis à ses commandements, à ses lois et à ses règles. Ainsi tu vivras, tu te multiplieras. Le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. 17 Mais si tu te détournes de lui, si tu lui désobéis, si tu adores d’autres dieux, 18 alors tu disparaîtras complètement. Je vous préviens dès aujourd’hui ; vous ne resterez pas longtemps dans le pays dont tu vas prendre possession au-delà du Jourdain.
19 Oui, je vous avertis solennellement aujourd’hui, les cieux et la terre m’en sont témoins : je place devant toi la vie et la bénédiction d’une part, la mort et la malédiction d’autre part. Choisis donc la vie et tu vivras, toi et ta descendance. 20 Aime le Seigneur ton Dieu ! Écoute sa voix ! Reste-lui fidèlement attaché. Alors tu vivras et passeras de longues années dans le pays que le Seigneur a promis de donner à tes ancêtres Abraham, Isaac et Jacob.
Ces paroles s’adressent au peuple Hébreu. Après 40 ans d’errance dans le désert, ils s’apprêtent, enfin, à entrer dans le pays que Dieu leur a promis. Ce sont, en quelque sorte, les dernières instructions que le Seigneur leur donne, par l’entremise de son prophète Moïse. Les promesses et les avertissements qu’on y trouve font écho à leur expérience : ils ont vu les promesses de Dieu se manifester, lors de la sortie d’Egypte, mais ils ont vu aussi que leur incrédulité avait des conséquences négatives, avec les 40 années de traversée du désert. Ils comprennent bien que leurs choix ont des conséquences.
Le peuple d’Israël avait, à nouveau, un choix à faire. Un choix qu’il devront renouveler une fois entré dans le pays, de génération en génération. Et c’est là que ce texte nous rejoint. Nous sommes aussi, d’une manière ou d’une autre, dans notre vie personnelle, confrontés à la nécessité de faire des choix et de les assumer. Vivre, c’est choisir.
Dieu nous dit aussi : “choisis la vie !”. Comment l’entendons-nous ?
Choisir la vie
La façon dont Dieu pose l’alternative au peuple d’Israël peut sembler radicale : “Je place devant toi la vie et la bénédiction d’une part, la mort et la malédiction d’autre part. Choisis donc la vie et tu vivras, toi et ta descendance.” (v.19)
On pourrait se dire qu’on ne se retrouve pas si souvent que cela devant un choix entre la vie et la mort. On peut penser à des situations extrêmes, en temps de guerre, dans une dictature ou face à une grave crise, par exemple. Dans de telles circonstances, on peut percevoir l’alternative entre la vie et la mort, parfois de façon littérale… On peut penser aussi à des moments cruciaux de notre existence, lorsque les choix que l’on est amené à faire déterminent tout le reste de notre vie ou presque, ou en tout cas nous orientent durablement dans une direction. Ce sont moins directement des choix de vie ou de mort, mais ce sont bel et bien des choix qui impactent profondément notre vie.
Le peuple d’Israël était devant un tel choix crucial : “Mets en pratique ce que je t’ordonne aujourd’hui. Aime le Seigneur ton Dieu. Suis le chemin qu’il te trace. Obéis à ses commandements, à ses lois et à ses règles. Ainsi tu vivras, tu te multiplieras.” (v.16)
Pour le peuple d’Israël, l’invitation à choisir la vie signifie choisir la confiance en Dieu : aimer Dieu, suivre le chemin qu’il trace, obéir à ses commandements. C’est, d’une certaine façon, la définition même de la foi !
Deux questions se posent alors à nous :
- La foi est-elle un choix ?
- La foi est-elle un choix de vie ou de mort ?
La foi est-elle un choix ?
Après tout, on peut se poser la question. Est-ce que la foi ne serait pas plutôt quelque chose qui est donné à l’un et pas à l’autre ? On entend parfois des gens qui disent : “moi, j’aimerais bien croire, mais je n’y arrive pas !” Est-ce qu’il n’y aurait pas d’un côté ceux qui ont la foi, mystérieusement, et de l’autre côté ceux qui ne l’ont pas reçue, on ne se l’explique pas vraiment mais on ne peut rien y changer ?…
En réalité, il me semble que la foi est, par définition, un choix. Sinon pourquoi y aurait-il cet appel que Dieu adresse ici à son peuple ? Pourquoi y aurait-il, dans les Evangiles, l’appel répété de Jésus à le suivre ? Pourquoi le coeur du message de la Bible serait-il une bonne nouvelle à recevoir… par la foi, c’est-à-dire en décidant de faire confiance à Dieu ?
Si on attend que la foi nous tombe dessus, on ne croira jamais… Croire, c’est choisir.
Et ce n’est pas seulement un choix initial, qu’on fait une fois pour toutes et c’est fini. Sans cesse, chaque jour, il s’agit de choisir de suivre Jésus-Christ. La foi est d’abord une question de confiance, qui se joue dans la relation avec Dieu. La confiance, ça se vit au quotidien. Sans cesse nous sommes appelés à renouveler notre confiance en Dieu, chaque jour nous sommes appelés à choisir de le faire.
Je m’adresse ici particulièrement à ceux qui sont croyants depuis longtemps. Il faut que nous intégrions dans notre quotidien des moments où nous pouvons exprimer notre choix renouvelé de suivre Jésus-Christ. C’est un des rôles de nos rassemblements cultuels, c’est aussi un des rôle de nos temps de qualité avec Dieu, dans la prière et la méditation de sa Parole.
On dit souvent que c’est important de prier et de lire la Bible pour se nourrir spirituellement. C’est vrai… mais pas seulement pour ça. On en a aussi besoin pour renouveler, consciemment, intentionnellement, notre choix de suivre le Seigneur. Comment est-ce que je renouvelle personnellement mon choix de suivre Jésus-Christ ?
La foi est bel et bien un choix, et c’est même un choix sans cesse renouvelé de suivre le Christ.
La foi est-elle un choix de vie ou de mort ?
Il me semble qu’on peut d’abord dire que la foi est un choix de vie ou de mort parce que c’est un choix qui impacte profondément notre vie. La foi est bien plus qu’une opinion ou même une croyance. C’est un choix qui oriente toute notre existence. Il impacte tous les domaines de notre vie, personnelle, familiale, sociale, parce que la foi change notre façon de voir le monde, de voir les autres et de nous percevoir nous-mêmes.
Mais la perspective biblique va plus loin encore. Dans notre texte, choisir la vie, c’est choisir d’aimer Dieu, de suivre le chemin qu’il trace, et d’obéir à ses commandements. On peut évidemment ne pas être d’accord avec cela mais dans la perspective biblique, la vie, c’est la vie avec Dieu. La mort, c’est la vie sans Dieu. Simplement parce que Dieu est la source de toute vie et qu’en tant que créatures faites à son image, c’est-à-dire pour être en relation avec lui, vivre sans Dieu c’est être coupé de la source de toute vie.
Dans cette perspective-là, la foi est un choix de vie ou de mort. C’est choisir de vivre avec Dieu ou choisir de vivre sans lui. Et ne pas choisir, c’est déjà choisir, c’est choisir de rester sans Dieu.
Ce choix de la foi, ce choix de vivre avec Dieu se manifeste dans notre quotidien, dans les grandes comme dans les petites décisions. Si bien que, d’une certaine façon, c’est tous les jours que nous sommes appelés à choisir entre la vie et la mort. Pas forcément littéralement, mais spirituellement, en choisissant de rester attaché à Dieu, source de toute vie.
L’enjeu, ici, n’est pas celui d’une obéissance servile, sans réfléchir. Obéir à ses commandements, c’est aimer Dieu. On pourrait dire l’inverse : aimer Dieu, c’est obéir à ses commandements. On n’obéit pas aux commandements de Dieu parce qu’on a peur, sinon, d’être puni (quelle vision terrible de Dieu !). On ne le fait pas non plus pour mériter sa faveur. Son amour nous est acquis. On le fait parce que c’est une façon de lui témoigner notre amour.
Or, la foi, comme l’amour, est fondamentalement un choix. Vous croyez qu’on peut aimer vraiment son prochain sans choisir de l’aimer ? Vous croyez qu’on peut aimer et rester fidèle à son conjoint sans choisir de l’aimer ? Il en est de même de la foi. C’est un choix qui, comme l’amour, s’affermit dans la relation.
La question que le croyant doit se poser, chaque jour, c’est donc : “qu’est-ce que mon amour pour Dieu me dicte comme choix dans ma vie, aujourd’hui ?”
Conclusion
Vivre, c’est choisir. Croire, c’est choisir. Aimer, c’est choisir. Toute notre vie est faite de choix, que nous sommes appelés à assumer.
La foi est-elle un choix ? Oui, sans cesse renouvelé. La foi est-elle un choix de vie ou de mort ? Oui, à chaque instant ! Parce que c’est le choix qui nous relie à Dieu, source de vie. Choisir la vie, c’est choisir de l’aimer, de suivre le chemin qu’il trace et d’obéir à ses commandements. C’est choisir de lui faire confiance, chaque jour, de manière renouvelée.