https://soundcloud.com/eel-toulouse/jonas-episode-3
Résumé des épisodes précédents : Au VIIIe siècle avant J-C, alors que la redoutable Assyrie terrifie toute la région, le Seigneur envoie son prophète Jonas annoncer la destruction de Ninive, la capitale assyrienne. Contre toute attente, Jonas refuse d’obéir à Dieu et prend un bateau pour Tarsis, à l’exact opposé de Ninive. Mais le Seigneur déclenche une tempête qui ne pourra être apaisée qu’en jetant le prophète à la mer. Dieu envoie alors un grand poisson dans le ventre duquel Jonas passe 3 jours et 3 nuits. Un temps qu’il met à profit un retour à Dieu, dans la prière. Alors, Dieu donne l’ordre au poisson de recracher Jonas sur la terre ferme…
Lecture biblique : Jonas 3
1 Une deuxième fois, le SEIGNEUR dit à Jonas : 2 « Debout ! Va à Ninive, la grande ville. Annonce-lui le message que je te donne. » 3 Alors Jonas se lève. Il part, mais cette fois, il va à Ninive, comme le SEIGNEUR l’a demandé. Ninive est une ville extraordinairement grande. Il faut trois jours pour la traverser. 4 Jonas entre dans la ville, il marche pendant un jour entier. Il annonce aux gens : « Dans quarante jours, Ninive sera détruite ! » 5 Aussitôt, les gens de Ninive croient à la parole de Dieu. Ils décident de ne rien manger. Tous mettent des habits de deuil, les riches comme les pauvres. 6 Le roi de Ninive apprend la nouvelle. Il se lève de son siège. Il enlève son habit royal, il met un habit de deuil, et s’assoit sur de la cendre. 7 Puis le roi et ses ministres donnent cet ordre : « Criez dans la ville ces paroles : “Il est interdit aux habitants et aux bêtes, bœufs, moutons et chèvres, de manger et de boire ! 8 Tout le monde doit mettre des habits de deuil, les gens et les bêtes ! Chacun doit crier vers Dieu de toutes ses forces. Chacun doit abandonner sa mauvaise conduite et arrêter les actions violentes qu’il fait ! 9 Qui sait ? Dieu changera peut-être d’avis. Il abandonnera sa colère contre nous, et nous ne mourrons pas.” »
10 Dieu voit leurs efforts pour abandonner leur mauvaise conduite. Il change d’avis. Il regrette le mal qu’il voulait leur faire, et il ne le fait pas.
Les rebondissements continuent dans notre mini-série de l’été ! Et ce troisième épisode des aventures de Jonas est celui des repentances.
– Celle des habitants de Ninive, bien sûr. Radicale et spectaculaire.
– Mais aussi celle de Jonas. Ou du moins, c’est un test pour voir si sa repentance dans le ventre du poisson a vraiment porté ses fruits.
– Et enfin la plus étonnante des repentances, celle de Dieu !
Jonas : un repenti
Au début de ce troisième épisode, on reprend le déroulement de l’histoire, presque comme si rien ne s’était passé sur la mer. La tempête, le gros poisson… on n’en parle plus ! Le Seigneur redonne à Jonas le même ordre de mission, mot pour mot. Notez juste la mention supplémentaire que Dieu s’adresse « une deuxième fois » à Jonas… C’est bien une seconde chance que le Seigneur lui donne.
Voilà incontestablement un signe de la grâce et de la patience de Dieu. Sa grâce permet au prophète de repartir à zéro. C’est toujours la promesse que Dieu lie à la repentance. Le vrai pardon restaure la relation et exclut la rancune. Il n’y a pas de « je pardonne mais… » dans le pardon de Dieu… comme trop souvent dans les nôtres ! Et parce que Dieu est patient, il continue avec Jonas, malgré la mauvaise volonté manifestée jusqu’alors de sa part. Dieu ne se lasse pas de nous appeler à le suivre et le servir, malgré nos défaillances et nos infidélités… Il ne se lasse pas de pardonner, preuve de son amour pour nous.
Bref, pour la seconde fois, Dieu appelle Jonas à se lever et à aller à Ninive. Et cette fois le prophète obéit… Ceci dit, avait-il vraiment le choix ? A moins de vouloir faire un nouveau séjour dans le ventre d’un poisson ou Dieu sait où encore !
Jonas finit donc par aller à Ninive et y délivrer le message de la part de Dieu. On n’a pas vraiment l’impression qu’il y mette tout son coeur… Il fait le minimum syndical : « Dans 40 jours Ninive sera détruite… » C’est tout ! Mais après tout, ça semble bien être le message que Dieu lui a demandé de proclamer. Mais il ne fait rien de plus…
Ninive : une repentance soudaine
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’effet de la prédication de Jonas est radical ! Rapidement, un élan de repentance monte jusqu’au roi de Ninive qui proclame un édit invitant tout le peuple à la repentance : que tout le monde, y compris les animaux, portent le deuil, que tous crient à Dieu et changent de comportement !
Pourtant la parole proclamée par Jonas ne semblait pas laisser d’espoir : Ninive sera détruite. Point. Pas de condition, pas d’appel à la repentance… Rien. Et on peut compter sur Jonas pour ne pas l’avoir suggéré ! Ce n’est certainement pas sa persuasion ou son éloquence qui a poussé les habitants de Ninive à la repentance… Mais ne sous-estimons pas la puissance de la parole de Dieu. Au temps de Jonas comme aujourd’hui. Car la parole de Dieu a touché les coeurs et les habitants de Ninive se disent : « Qui sait ? Dieu changera peut-être d’avis… »
Il y a quelque chose de presque excessif dans la repentance de Ninive, entraînant jusqu’aux animaux dans le mouvement. D’ailleurs, leur attitude ne correspond pas à celle des païens, qui auraient apporté des offrandes, des sacrifices, pour calmer la colère des dieux (comme l’ont fait les marins au milieu de la tempête, dans le premier épisode). Non, ils font ce que le Seigneur demande sans cesse à son peuple : non pas des sacrifices mais la repentance.
Et c’est là qu’on comprend le ton polémique de cet épisode… Ce que Ninive a compris ici, les Israélites sont incapables de le comprendre. N’oublions pas que le livre est écrit non pas pour des païens mais pour le peuple d’Israël. Au temps de l’Exil, c’est une repentance comme celle des habitants de Ninive que Dieu aurait attendue de la part son peuple. C’est pour cela qu’il a envoyé des prophètes… mais le peuple ne les a pas écouté !
Le message que Dieu adresse à son peuple est clair : « Ninive s’est repentie et n’a pas été détruite. Si vous vous étiez repentis, vous n’auriez pas été exilés… » D’ailleurs, il n’y a pas que dans le livre de Jonas où les non-croyants donnent l’exemple à la place des croyants… C’est, malheureusement, encore bien le cas aujourd’hui ! En cela le livre de Jonas garde une criante actualité et nous interpelle : quelle est l’authenticité de nos conversions ? Nos repentances changent-elles vraiment nos comportements ?
Le Seigneur : une repentance surprise
A la repentance de Ninive, Dieu répond aussi par une « repentance ». Il change d’avis, il regrette le mal qu’il voulait faire aux habitants de Ninive. Finalement, contrairement à ce que Jonas a annoncé de la part de Dieu, au bout des 40 jours, Ninive ne sera pas détruite ! C’est la repentance surprise !
Voilà qui souligne encore plus le scandale du refus de repentance des croyants. Dieu lui-même est capable de repentance. Ça n’a pas exactement le même sens que pour les hommes, bien-sûr. C’est une façon humaine de parler. Dieu change d’avis, non pas qu’il se soit trompé mais parce qu’il change d’attitude envers ceux qui se repentent.
La « repentance » de Dieu nous apprend que le but d’une prophétie de jugement, c’est d’abord de conduire à la repentance ! Le prophète Jérémie le dit clairement :
« Tantôt je parle, à propos d’une nation ou d’un royaume, de déraciner, de démolir et de faire disparaître ; mais si cette nation contre laquelle j’ai parlé revient du mal qu’elle a fait, je renonce au mal que je pensais lui faire.
Et tantôt je parle, à propos d’une nation ou d’un royaume, de bâtir et de planter ;
mais si cette nation fait ce qui me déplaît, sans m’écouter, je renonce au bien que j’avais parlé de lui faire. » (Jérémie 18.7-10)
En réalité, ce que Dieu cherche toujours, c’est de restaurer la relation perdue avec les hommes. C’est pour cela qu’il a créé les humains à son image… Et la restauration de cette relation passe par la repentance, par un changement radical de pensée et de manière d’agir.
L’histoire de Jonas soulignait jusqu’ici la souveraineté de Dieu. Dieu fait ce qu’il veut. Mais cette souveraineté ne signifie pas distance ou insensibilité. Le Dieu souverain n’est pas inflexible. Parce que ce n’est pas un Dieu distant et détaché mais un Dieu qui s’investit dans la relation. Il ne met pas à exécution ses menaces si la relation est rétablie. Il n’accomplit pas ses promesses si la relation est brisée. C’est là que se trouve l’enjeu de la repentance et du pardon : dans la relation restaurée.
Conclusion
La leçon principale de ce troisième épisode de l’histoire de Jonas concerne la repentance. Se repentir, ce n’est pas seulement regretter… C’est accepter de changer, comme les habitants de Ninive implorant le pardon à Dieu, comme Dieu lui-même qui ne met pas ses menaces à exécution. Mais pas comme Jonas, le prophète rebelle et inflexible !
Changer d’avis, changer de projet, changer de comportement, changer de pensée… voilà ce qui est nécessaire si on veut restaurer une relation brisée. Et c’est vrai autant dans notre relation à Dieu que dans nos relations les uns avec les autres.
Sommes-nous prêts à changer ? Et à accepter que les autres peuvent changer ? Le pardon et la réconciliation sont à ce prix !