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NB : Au cours du culte nous avons accueilli un couple de missionnaires en Argentine qui nous ont parlé de leur travail.
On a raison de rappeler qu’il n’y a pas besoin d’aller à des milliers de kilomètres pour être missionnaire. Aujourd’hui plus qu’hier sans doute, la mission commence à notre porte, et elle commence même parfois à l’intérieur de nos maisons !
Selon une enquête récente, en France, 29 % des personnes interrogées se disent athées convaincus et 34 % affirment n’appartenir à aucune religion. Et parmi ceux qui se reconnaissent dans une religion, combien sont pratiquants ? Une minorité ! Et cela dans toutes les religions. Un quart des catholiques se dit pratiquant mais seulement 5 % assistent à la messe chaque dimanche. Parmi les protestants, il n’y a que 24 % de pratiquants réguliers…
Bref, l’évangélisation et la mission sont plus que jamais d’actualité en France !
Mais alors, de façon un peu provocatrice, on pourrait poser la question : pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? L’Argentine, c’est loin… Et il y a déjà bien assez de boulot et de besoins ici !
Pour répondre à cette question, je vous propose de lire les dernières paroles que Jésus a dites à ses disciples, dans l’Evangile selon Matthieu.
Matthieu 28.16-20
16 Les onze disciples partent pour la Galilée. Ils arrivent sur la montagne où Jésus leur a dit d’aller. 17 En voyant Jésus, ils l’adorent mais certains hésitent à croire. 18 Jésus s’approche et leur dit : « J’ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre. 19 Allez, faites des gens de toutes les nations mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. 20 Apprenez-leur à obéir à tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
Les dernières paroles de Jésus à ses disciples ont forcément une importance particulière. Ce sont les ultimes instructions qu’il leur donne, juste avant de les quitter. Et de fait, on y trouve par exemple les paroles d’institution du baptême chrétien, prononcées rituellement depuis 2000 ans par les chrétiens du monde entier !
Mais les paroles de Jésus ici sont avant tout un appel :
1° Il y a un envoi en mission : « allez ».
2° Cette mission est universelle : « faites des gens de toutes les nations mes disciples ».
3° L’appel est assorti d’une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Une mission : « Allez ! »
Rien qu’avec ce premier verbe, on a une réponse à ma question du début. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que justement ils ont, un jour, répondu à cet « allez » du Christ. Ils ont perçu un appel de Dieu et y ont répondu.
Et cela, d’une façon ou d’une autre, nous interpelle. Parce que l’appel à « aller » n’est pas adressé seulement aux premiers disciples de Jésus. Il est adressée à l’Eglise, à tous les disciples de tous les temps. Il est donc pour nous aujourd’hui encore.
Nous ne sommes pas tous appelés à aller en Argentine. Nous ne sommes pas tous appelés à quitter notre job, notre maison, notre pays… Mais nous sommes tous appelés à vivre en disciples du Christ, et le disciple est appelé à son tour à faire des disciples.
C’est notre mission première, ici comme ailleurs, dans quelque pays qu’on se trouve : faire des disciples du Christ. Attention : pas des disciples de son Eglise ou de sa mission. Des disciples du Christ. Notre mission, en Argentine comme en France, n’est pas de convertir à une religion, de recruter pour une Eglise ou une mission, ou de susciter l’adhésion à une doctrine. Notre mission, c’est d’être témoin de Jésus-Christ, en paroles et en actes, et d’inviter à une rencontre par la foi avec lui.
Notez enfin que l’appel du Christ est aussi intéressant à entendre pour une Eglise. Il nous dit aussi : « Allez ! » Pas seulement « rassemblez-vous », pas seulement « accueillez » mais « allez ! » Où devons-nous aller en tant qu’Eglise ? Où le Seigneur nous appelle-t-il ?
Une mission universelle : « Faites des gens de toutes les nations mes disciples… »
Jésus ne se contente pas de dire « allez ! » à ses disciples, il poursuit. Et la suite de la phrase donne un autre élément de réponse à notre question. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que la mission confiée par Jésus-Christ à son Eglise est universelle. Et la mission est universelle parce que l’Evangile est universel.
Je pense à une vision de l’Apocalypse qui, je trouve, entre en résonance directe avec ces paroles de Jésus. Au chapitre 7, Jean décrit la vision d’une foule innombrable, vêtue de blanc et chantant les louanges de Dieu. Et il dit que cette foule, « ce sont des gens de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. » (Ap 7.9)
L’Evangile n’est pas lié à une culture mais trouve à s’incarner dans toutes les cultures. Aujourd’hui plus que jamais on a besoin de l’entendre parce que notre société est plus que jamais multiculturelle. Et les Eglises devraient être, de part leur vocation, à la pointe du multiculturel et du transculturel !
L’appel universel de Jésus devrait aussi nous encourager à développer une conscience globale, une ouverture sur le monde, une préoccupation universelle. L’Eglise de Jésus-Christ est universelle. Ce qui concerne les chrétiens à l’autre bout du monde me concerne parce que je fais partie du même corps. D’ailleurs, comment pourrait-on dire que l’Evangile est universel et ne s’intéresser qu’à sa propre Eglise et son propre pays ?
Une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Cette promesse de Jésus, qui termine ses dernières paroles à ses disciples, est essentielle à l’accomplissement de la mission qu’il leur confie. C’est la présence de Jésus avec nous, tous les jours, qui peut nous permettre de répondre à son appel. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que leur témoignage nous aide à prendre conscience que c’est le même Seigneur qui est à l’oeuvre ici comme là-bas. Notre unité et notre force, elles sont en Christ.
Et ce rappel est essentiel. Parce que si le Christ n’est pas avec nous, nous n’accomplirons pas sa mission !
Car Jésus nous dit : « allez ! ». Mais il dit aussi « je suis avec vous tous les jours. » Il nous accompagne par son Esprit là où il nous envoie. Et heureusement, parce que c’est lui qui agit ! C’est lui qui change les cœurs, c’est lui qui convainc.
Par ailleurs, Jésus nous demande de faire des disciples… Mais il dit aussi « je suis avec vous tous les jours. » En réalité, on ne peut pas faire des disciples de Jésus-Christ sans qu’il soit là, avec nous. Sans la présence du Christ avec nous, on risque de faire des disciples de notre Eglise, de notre religion voire de nous-mêmes… mais pas des disciples de Jésus-Christ.
Conclusion
Finalement donc, on fait bien d’accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine !
C’est l’occasion pour chacun de nous interroger sur notre appel, de prendre mieux en compte la dimension universelle de l’Evangile et de se réapproprier la promesse du Seigneur d’être, tous les jours, avec ceux qu’il envoie.
Car c’est vrai : Jésus-Christ est avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Et il nous envoie, au loin comme au près, annoncer cette bonne nouvelle !