Vous êtes le corps du Christ (4) La communauté d’abord !

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Lecture biblique:  Colossiens 3.12-15

Nous sommes en plein milieu d’un développement : Paul a commencé sa lettre aux chrétiens de Colosses avec un panorama de l’œuvre du Christ, qui montre l’impact de tout ce que le Christ a accompli. Non seulement Jésus nous a sauvés, mais en plus il a posé les bases d’un monde nouveau – dont nous attendons la venue. Ce renouvellement concerne le monde, mais commence déjà en nous, lorsque nous entrons dans une relation avec Dieu par la foi en Jésus ; Paul dit au v.10 : « Comme si vous aviez mis un vêtement neuf, vous êtes devenus une personne nouvelle. Cette personne se renouvelle sans cesse, et ressemble de plus en plus à son Créateur. » Tout un programme… Et Paul essaie de donner des pistes concrètes pour expliquer ce que cette transformation veut dire. D’un côté, il y a tout ce qui disparaît peu à peu de nous, et de l’autre, tout ce qui apparaît sous l’influence de l’Esprit de Dieu. Dans ce qui disparaît : l’égoïsme, la colère, l’immoralité, la méchanceté, la violence, le mensonge… Dans ce qui apparaît : la compassion, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience, l’amour, la paix, la gratitude… Toute ressemblance avec le fruit de l’Esprit dans la lettre aux Galates ou le passage sur l’amour en 1 Co 13 n’est évidemment pas fortuite…

1)   La communauté d’abord

Ce qui ressort de toutes ces qualités en germe, en pousse, c’est que ce sont toutes des qualités liées aux relations. Paul aurait pu citer des qualités liées aux mérites personnels : la pureté, la sagesse, le zèle… d’ailleurs, à d’autres endroits, Paul l’évoque aussi. Mais là, dans cette lettre, il met l’accent d’abord sur la communauté et sur les liens qui la tissent. Reprenons l’image du corps, si appropriée pour parler de l’église que ce n’est presque plus une image : si Paul était médecin et devait établir un premier diagnostic de votre santé, il n’irait pas regarder votre tension, ou votre taux de cholestérol (je vais me faire gronder par les médecins) mais les connexions entre les différentes parties de votre corps. Il évaluerait la qualité des connexions entre vos bras et votre cerveau, entre votre foie et votre intestin, entre vos veines et vos muscles… Le premier indicateur de votre vitalité qu’il irait regarder, c’est la qualité des connexions entre les membres de votre corps.

Quand Paul parle de santé spirituelle, de vitalité, de transformation en devenir, c’est sur les relations qu’il se concentre d’abord. Bien sûr, il parle aussi du reste, d’intégrité, de justice, de pureté, mais les qualités relationnelles occupent une place primordiale dans la transformation que Dieu opère en nous. C’est-à-dire que si tous les organes fonctionnent bien mais qu’il n’y a pas de bonne relation entre eux, le corps est en mauvaise santé. L’inverse est vrai aussi, mais nous avons plus souvent tendance à oublier la qualité des connexions et à nous concentrer sur notre santé, à nous, petit organe. Or Paul met l’accent sur la qualité de nos relations.

D’ailleurs, la lettre a d’abord été écrite pour la communauté. Même si la plupart des enseignements peuvent être appliqués à l’individu, Paul s’adressait d’abord à l’assemblée, comme moi ce matin, il écrivait avec ce groupe-là en tête. Et la lettre était, non pas lue par des individus, dans le secret de leur chambre, mais écoutée par une assemblée réunie. L’assemblée prenait donc d’abord ces paroles pour le groupe, et pas pour les individus, même si évidemment, ça ne s’exclut pas.

Alors comment Paul décrit-il ces fameuses qualités qui entretiennent de bonnes connexions entre les membres ? Tendresse & pitié… Il ne s’agit pas de tendresse à l’eau de rose, ou de pitié condescendante, mais d’empathie. Paul utilise ici l’expression entrailles de miséricorde : laissez-vous prendre aux tripes ! ou, prenez les autres à cœur ! ne vous enfermez pas dans une bulle d’indépendance zen, mais impliquez-vous dans les relations. Et dans ces relations, soyez… humbles, doux, patients.  Lâcher du lest, faciliter les échanges, ne pas toujours chercher à avoir raison ou à faire valoir votre point de vue, mais considérer les besoins des autres, et leur donner autant d’importance qu’aux vôtres. Considérez que les besoins du foie sont aussi importants que ceux de la main, du nez ou du ventricule droit de votre cœur ! Cette liste n’est pas un ensemble de règles morales à cocher, mais l’expression d’une impulsion intérieure – l’amour. Nous n’avons pas à faire semblant, mais à laisser Dieu transformer notre cœur pour nous rendre semblables à lui, dans tout notre être. En effet, toutes ces qualités sont finalement le portrait de Dieu tel qu’il s’est révélé au travers du Christ : ému par nos faiblesses et notre détresse, il a mis nos intérêts en premier, il s’est donné lui-même pour rendre notre salut, et notre bonheur, possibles.

2)   Réalisme et souplesse

Ressembler au Christ, rien que ça ! Voilà notre objectif ! Mais nous sommes contraints de constater que peu d’entre nous sont déjà au terme du processus ! Pour la grande majorité, nous sommes quelque part sur le chemin et il n’est pas rare de s’entrechoquer les uns les autres ! Paul est très réaliste : l’église n’est pas une communauté de gens parfaits, ou qui ont tout compris !  C’est une communauté rassemblée par le même amour de Dieu, qui vise un même but : vivre et répandre cet amour.

Du coup, dans l’église, il peut y avoir – et il y a ! – des accrochages. Parfois ce n’est pas très grave : un malentendu sur une tâche à accomplir, sur un horaire, sur un planning, mais parfois ça l’est ! Une remarque irréfléchie qui blesse durablement, une fixation sur tel objectif qui nous fait perdre de vue les autres, une difficulté énorme à se comprendre à cause de personnalités ou de vécus opposés… Et d’autres choses qui nous déçoivent, nous dégoutent voire nous traumatisent et nous donneraient bien envie de claquer la porte. D’autant qu’en bons protestants, nous avons le départ facile ! Malheureusement, bien de nouvelles églises naissent de divisions…

Paul est réaliste : même si Dieu nous rassemble dans le même corps, les connexions sont loin d’être toujours fluides… Et les membres, d’être sain(t)s ! D’où l’insistance de Paul sur le fait de se supporter, et de se pardonner les uns aux autres. Supportez-vous ! à la fois soutenez-vous, et supportez-vous ! supportez, avec patience et douceur, en vous rappelant que vous n’êtes pas meilleurs, supportez l’autre ! D’ailleurs, supporter et pardonner ce n’est pas la même chose ! on pardonne à celui qui nous a blessé, mais on supporte celui qu’on ne comprend pas ! on supporte par exemple celui qui fait ses premiers pas dans tel service et rencontre des difficultés… D’où la patience ! la douceur, qui met de l’huile dans les rouages, et arrondit les angles ! Et l’humilité… Pour pardonner les fautes et supporter les échecs, en vue de la paix.

Est-ce qu’il faut tout supporter ? Non ! Mais, même si nous arrivons à la conclusion que telle situation ne peut plus durer, et que nous pensons devoir aller trouver la personne ou un groupe, c’est avec empathie, douceur, patience et humilité que Dieu nous demande de le faire, avec amour, en cherchant le bien de l’autre autant que le mien, en acceptant qu’il soit aussi long à la détente que moi, en visant sa progression plus que ma tranquillité. C’est vrai que parfois, le dialogue restera bloqué et qu’il faudra peut-être se résoudre à partir parce que c’est insoutenable. Mais, dans la grande majorité des cas, il nous faut chercher la paix et la réconciliation. De toute façon, toujours tout essayer en faveur de la paix, et la plupart du temps, chacun en ressortira grandi et la situation redeviendra vivable, voire agréable.

Car la paix que le Christ nous offre n’est pas l’émotion zen que je ressens lorsque tout le monde me laisse tranquille ! Ce n’est pas non plus une paix de façade, comme un encéphalogramme plat qu’aucun pic de colère ne vient troubler, mais la solidarité et la fraternité qui dépassent les conflits, la réconciliation qui vient rassembler ceux qui s’étaient éloignés. Voilà la paix que le Christ nous appelle à vivre, car c’est cette paix-là qu’il est venu établir. Une paix fondée sur le pardon, car alors que nous étions en conflit avec Dieu, il a choisi de nous pardonner en Christ. Et dans sa grâce, il nous comble de son amour sans que nous ne le méritions. Ou pour le dire autrement, Dieu, dans sa patience, nous supporte sur le long chemin de transformation qui est le nôtre. Dieu nous supporte et nous pardonne, lui qui est parfait ; il se laisse émouvoir et nous manifeste sa tendresse, sa douceur, nous conduisant là où nous pouvons aller, même si tout ne se règle pas d’un coup ; il se montre humble, en Jésus, lorsqu’il devient, par amour pour nous, petit enfant, maître itinérant, paria accusé à tort et cloué sur une croix.

Conclusion

Quel est le rôle de la gratitude dans tout cela ? pourquoi toujours dire merci ? C’est peut-être la clef. Parce que cela nous rappelle d’où nous venons, ce que Dieu a fait pour nous, combien il nous a pardonné, combien il nous supporte jour après jour (parce qu’il sait que notre transformation prend du temps), combien il nous aime. Et c’est d’ailleurs avec ça que le texte commence : Dieu vous a choisis, il veut que vous lui apparteniez et il vous aime ; donc, aimez… Se plonger dans l’amour de Dieu pour nous, c’est la meilleure école et la meilleure motivation pour aimer à notre tour. C’est même la meilleure habitude à développer, en particulier quand l’autre me pose problème : regarder à Dieu, à son amour illimité, à son pardon qui se renouvelle mille fois par jour… Cela remet tout en perspective !

C’est en nous baignant toujours davantage dans l’amour de Dieu que nous pourrons être transformés à son image et offrir aux autres la même grâce que celle que nous avons reçue.

Une réflexion sur « Vous êtes le corps du Christ (4) La communauté d’abord ! »

  1. Nous faisons partie du corps de Christ !

    Comparons ce corps à une maison, un édifice, un monument…
    Elle est bâtie sur un fondement solide, en béton armée : Christ, Son Esprit et Son enseignement.

    Chaque disciple est une pierre de cet ensemble liée aux autres (dessous, dessus, à droite et à gauche) par du ciment frais et séché : nos relations les uns avec les autres. Elles doivent être solides, sans faiblesse ni défaillance ; s’accorder les unes AVEC les autres.
    Tant que l’ensemble se construit, il faut vérifier la situation de chaque élément.
    Si un élément est défaillant, alors, on l’enlève (sans la remplacer ? Non) et on en remet un autre plus costaud.
    Même chose pour les fenêtres, portes, charpente, grenier, garage et cave.

    Tout cela se fait en fonction de l’état du sol (très friable, moins ou pas du tout) ; en fonction tout doit être fait au mieux ; que dis-je…au MEILLEUR.

    Il en est de même pour chacun de nous dans le monde entier afin d’appartenir au Corps de Christ (l’Eglise) infaillible, indestructible, sans aucune fissure.
    TOUTES LES DIFFICULTES SONT LA !

    A chacun de nous et entre nous de faire le nécessaire, le mieux possible pour assurer l’édification solide de cet édifice : l’Eglise au sens spirituel (pas le bâtiment seulement). Prendre le temps, le soin de des uns des autres avec des encouragements, des exhortations et même, parfois des sanctions justifiées (qu’elles soient le plus rare possible, telle est ma prière).

    A l’Eternel, Son Fils Jésus, Son Esprit Saint soit toute la Gloire pour l’éternité.

    Merci à Florence pour cet enseignement.

    André

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