Faire l’expérience de Dieu

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Lecture biblique: 1 Jean 1.1-4

Il n’en revient toujours pas. Même là, devant son bureau, après des années, des décennies, il n’en revient pas. Il l’a vu ! Entendu, touché, avec ses mains ! vu avec ses yeux ! Il l’a vu ! et il n’en revient toujours pas… malgré le temps passé depuis le départ de Jésus, malgré des années de prédications, d’implantation d’églises, de persécutions aussi, Jean est encore bouleversé par cette bonne nouvelle : la vie (la vie !), l’éternité, Dieu, l’inexprimable, l’indéfinissable, l’invisible, est entré dans le monde, et il l’a entendu, vu, touché !

Jean a expérimenté Dieu, et ça a bouleversé sa vie.

Après tant d’années, au moment de parler du Christ, Jean ressent toujours le même enthousiasme, la même joie, la même effervescence – comme tous ceux qui ont rencontré Jésus et ont compris qu’il était « plus », plus qu’un homme, plus qu’un prophète, plus qu’un sage : dès le début, Marie, Elizabeth et l’enfant dans son ventre qui tressaille d’allégresse, Joseph, les bergers et les mages, Anne la prophétesse et le vieux Siméon ; et aussi plus tard les premiers disciples (tel André à son frère Simon : Nous avons trouvé le Messie !) ou la femme samaritaine, qui court dire à tout le village qu’elle a rencontré au puits celui qui donne la vie… et les apôtres, les premiers chrétiens : la liste de ceux que l’expérience de Dieu a bouleversés est longue…

On pourrait croire que cette joie s’atténue avec le temps, que c’était l’excitation du moment, la nouveauté, le buzz, mais Jean, des décennies plus tard, loin d’être blasé, est toujours aussi bouleversé quand il parle de Jésus.

  • Témoin de l’indescriptible

Jean est bouleversé parce qu’il a été témoin de l’indescriptible : ce qui était dès le commencement, dès avant le monde, avant les étoiles et les dinosaures… ce qui était avec Dieu, ce qui est Dieu depuis toujours, ce qui est la vie – comment le décrire ? – est entré dans nos vies, dans notre tissu humain. Cela s’est manifesté, s’est présenté à nos sens. Cela est rentré dans les réalités du quotidien, irruption de l’éternel dans le temporel – Dieu n’est pas abstrait, au-dessus, loin : il s’est fait concret, chair et sang, proche, à notre hauteur…

Je dis cela, parce que Jean dit « cela » (ce que nous avons vu etc. et non pas « celui »), car en Jésus il y a plus qu’une personne humaine, il y a de l’indéfinissable, de l’éternel. Devant le Christ, homme et bien plus qu’un homme, nos cadres de pensée explosent, nos mots touchent leurs limites : l’infini est entré dans le fini, le créateur s’est fait créature, le peintre s’est fait tableau – il y a de quoi être bouleversé !

C’est impensable, et pourtant c’est réel : Jean est là pour en témoigner. Avec d’autres, il a vu le Christ marcher sur les eaux, guérir les lépreux, arrêter la tempête, multiplier les pains et transformer l’eau en vin, il l’a vu mort et vivant à nouveau, traverser les murs et s’élever dans les airs.

Ces expériences contredisent le bon sens et bousculent la logique, et pourtant elles sont là, réelles, étalées sur 3 ans, devant des centaines de témoins de toutes origines – ces expériences concrètes, Jean est bien obligé de les croire ! Et la seule explication, la seule qui tienne, c’est celle que Jésus a donné de lui-même : fils des hommes, il est aussi fils de Dieu. En lui, Dieu s’est fait homme – il est entré dans nos vies.

  • Une expérience qui se partage

On comprend bien que Jean soit bouillonnant : il a touché Dieu ! Et cela le bouleverse tellement que malgré les difficultés et le risque de persécution, Jean ne peut que proclamer, annoncer, partager ce dont il a été témoin. L’expérience de rencontrer Dieu en Jésus était si forte – est si forte ! parce que maintenant que Jésus n’est plus sur terre, Dieu ne s’est pas éloigné, Jean n’est pas abandonné mais il vit la présence de Dieu tous les jours, par la foi.

Cette expérience, Jean ne peut pas la garder pour lui – il a prêché, il a implanté des églises, et il continue, inlassablement, de transmettre ce message qui fait vivre : Dieu est accessible, il est entré dans nos vies.

La vie avec Dieu ne se garde pas pour nous, mais elle nous lance dans une dynamique, vers les autres. Autrement dit, un chrétien est forcément témoin.

C’est souvent un sujet de culpabilité pour nous, pour moi en tout cas, car on a souvent du mal à parler de cette bonne nouvelle qu’est Jésus, par peur de dire des bêtises, de passer pour un illuminé ou encore de récolter mépris et moqueries. Parfois on pense aussi que c’est une question privée.

Mais si on revient à l’essentiel, à l’énormité qu’est le Christ, cet homme à qui j’ai donné ma vie parce que je pense qu’il est Dieu, alors il vaut la peine que je partage avec d’autres cette extraordinaire nouvelle. Faire et refaire l’expérience de Dieu, par la foi, seul ou avec d’autres, en nous replongeant dans la Bible, en mettant à part du temps pour prier – comme une priorité dans nos agendas bien chargés -, en décryptant la présence de Dieu dans notre quotidien… redécouvrir Dieu dans notre vie. Nous avons tous besoin, régulièrement, de revenir à Dieu, pour être tellement remplis de sa vie et de sa présence que ça déborde – peu importe comment, par des gestes, des paroles, une attitude, mais que ça déborde.

Mais Jean donne l’impression que ça marche aussi dans l’autre sens : témoigner, à rendre compte de notre foi, de notre expérience, sans jugement ni dogmatisme, simplement ce que nous vivons avec Dieu, va nous aider à reprendre conscience de la puissance de Dieu dans notre vie. Raconter pour mieux expérimenter. Vous savez, c’est comme les couples : quand on raconte ou qu’on se redit son histoire, comment on est tombé amoureux, la fameuse demande en mariage, comment on a surmonté telle épreuve, notre amour en est renforcé, fortifié, renouvelé. Avec Dieu c’est pareil : en partageant ce que nous avons reçu, la valeur du don de Dieu se dévoile à nouveau.

Ainsi, se rapprocher de Dieu nous lance dans une dynamique de témoignage et de partage, mais partager nous rapproche aussi de Dieu : le mouvement se nourrit lui-même et nous permet d’entrer plus profondément dans la joie de Dieu.

  • De la joie à la joie

En effet, Jésus fait entrer Dieu dans nos vies pour nous faire entrer dans la joie de Dieu, qui existe depuis toujours et pour toujours.

Prenons un peu de recul : Dieu, dès le commencement, était heureux, épanoui, réjoui, il était bien. Et puis l’amour a débordé, Dieu a voulu associer d’autres à sa joie – car la joie ne se garde pas pour soi. Et il a créé le monde, pour faire entrer d’autres êtres dans sa joie. Après la création, Dieu se repose et partage sa joie avec le monde nouveau-né. Oui mais voilà, une brèche a fissuré cette harmonie, et l’homme s’est engouffré dedans, perdant tout. En Jésus, Dieu comble cette brèche et tend à nouveau la main pour ramener l’humanité et le monde dans sa joie parfaite. Il va très loin, puisqu’il scelle en lui-même, en son identité, l’alliance entre l’homme et lui – plus jamais l’homme ne pourra se dissocier de Dieu, car Dieu, en Jésus-Christ, a revêtu l’humanité, pour toujours, pour une joie éternelle.

C’est ce mouvement que suit Jean : sa joie de connaître le Christ déborde jusqu’aux autres, pour que lui et eux soient dans la même joie, la joie d’expérimenter le Dieu qui fait vivre. Certes, aujourd’hui, la joie n’est pas encore complète, il reste tant de souffrances et de difficultés, mais Dieu promet d’établir un monde entièrement gouverné par sa justice et sa paix. Pour l’instant, nous pouvons déjà vivre l’amour de Dieu qui déborde et nous tourne vers les autres – et c’est là qu’intervient l’église : nous vivons la présence de Dieu en présence des autres, nous vivons la joie de Dieu en la partageant avec d’autres. Nous vivons un avant-goût de cette joie éternelle que nous éprouverons ensemble, avec Dieu, et avec les autres.

Conclusion

Jésus, Emmanuel – Dieu avec nous, est né il y a bien 2000 ans. Il a fait exploser nos cadres, bouleversé nos vies, pour nous remplir de sa vie, une vie généreuse, joyeuse, qui déborde et inclut les autres. Que « Dieu avec nous » nous rende « avec Dieu » et « avec les autres », pour que nous fassions l’expérience, avec toujours de plus de force, de l’indescriptible amour de Dieu pour nous, qui est entré dans nos vies pour nous faire entrer dans sa joie.

2 réflexions sur « Faire l’expérience de Dieu »

  1. Que dire de plus ?
    Ah, que c’est la Vraie Vérité !

    Merci Florence et que Notre Seigneur Jésus te bénisse abondamment.
    André

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