L’église de rêve

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Lecture biblique: Apocalypse 3.7-13 (culte de sensibilisation à la cause des chrétiens persécutés, à l’initiative de l’ONG Portes Ouvertes)

Portes Ouvertes propose à notre méditation ce matin un passage du livre de l’Apocalypse. L’Eglise est alors persécutée à la fois par d’anciens compatriotes juifs, qui refusent de reconnaître en Jésus le Messie et font tout pour détruire les chrétiens, et par des païens qui luttent contre cette foi nouvelle qui ébranle leur mode de vie. Jean, disciple de Jésus, reçoit alors toute une série de révélations, qui ont pour but d’encourager l’Eglise persécutée : Dieu y révèle l’envers du décor, les coulisses du monde, invisibles à nos yeux, mais bien réelles. Il y rappelle essentiellement sa victoire, en Jésus mort et ressuscité, victoire déjà effective mais qui sera pleinement révélée lorsque Jésus reviendra. Au début du livre, Jean reçoit une vision du Christ, victorieux, fort, plein d’autorité, et le Christ lui demande d’écrire sept lettres, à destination de sept églises. Ces lettres suivent le même schéma : Jésus se présente, il adresse des compliments et/ou des reproches à l’église, puis des exhortations et/ou avertissements et une promesse à celui qui persévèrera dans la foi. Dans la lettre destinée à l’église de Philadelphie, il manque un des éléments… je vous invite à lire.        Lecture

Qu’est-ce qui fait une grande église ? Une église impressionnante, qui en jette ? De grands et beaux bâtiments (une grande église au sens littéral) ? son enracinement dans la tradition ? un soutien à beaucoup de missionnaires, des centaines d’invités au parcours Alpha, des enfants par dizaines… ? Peut-être une église avec beaucoup d’influence, avec un pasteur renommé, invité dans les conférences internationales… ? On a tous notre représentation de l’église de rêve ; mais quelle église impressionne Dieu ? La lettre à Philadelphie nous invite à regarder avec les yeux et les valeurs de Dieu : une église qui en jette, c’est une église fidèle. Une grande église, c’est une église fidèle. Peu importe le nombre de membres, peu importe le montant du budget ou le nombre de concerts d’évangélisation, une grande église, c’est une église fidèle à Dieu.

1)   Une église de valeur dans un écrin de faiblesse

La lettre à Philadelphie est une des deux seules, sur sept, à ne recevoir aucun reproche de la part du Seigneur. Bien plus, Jésus la félicite et l’encourage, et prend même la peine de lui dire explicitement qu’il l’aime. Elle est comme une perle précieuse à ses yeux.

Pourtant, c’est une église faible, avec peu de moyens, peu d’influence, peut-être peu de membres. Sa seule œuvre connue, c’est de tenir bon face aux persécutions des concitoyens juifs qui luttent contre l’« hérésie » chrétienne. Malgré toutes les pressions, ses membres refusent de renier le Christ. Leur « œuvre », c’est de croire, envers et contre tout, dans la puissance du Christ qui sauve par amour. Leur « œuvre » c’est la foi.

L’église de Philadelphie ressemble aux églises de l’ombre dont Pascale vous parlera tout à l’heure : des églises faites d’anciens musulmans, bouddhistes, hindous, qui vivent une persécution terrible de leurs proches, au point qu’ils perdent tout, parce qu’ils ont changé de foi.

A cette église, le Christ ne demande qu’une chose : « continue ! Tu es sur la bonne voie, petite église fidèle, restes-y ! persévère, c’est tout ce que je te demande ! » Il ne demande pas plus d’activité, d’influence, ou de puissance : non, « continue » !

Dieu chérit Philadelphie, mais il aime aussi les autres églises, bien sûr ! Les églises qui rayonnent, actives, dynamiques, avec beaucoup de membres, de baptêmes… Mais dans cette lettre, Dieu attire notre attention : dans toutes les églises, grosses ou petites, fortes ou fragiles, ce qui compte c’est la fidélité. D’ailleurs, dans les lettres qui s’adressent aux autres églises, souvent bien plus impressionnantes qu’à Philadelphie, le Christ adresse deux reproches : tu as perdu ton premier amour – ton enthousiasme pour Dieu, et, tu t’es laissée embarquée dans des compromis qui altèrent la Bonne Nouvelle du salut en Jésus seul.

Chaque église a ses projets, son profil, ses talents, mais ce qui compte en deçà, pour chacune, en tout temps et en tout lieu, c’est sa loyauté au Christ.

2)   Forts dans la faiblesse

Devant la fidélité de Philadelphie, malgré sa fragilité, le Christ déploie ses promesses : lui qui est fort, plein d’autorité (il a les clefs du Royaume de Dieu, il a l’autorité suprême – personne ne peut défaire ce que le Christ a fait, personne ne peut contrecarrer les plans du Christ ressuscité et victorieux), lui qui est fort va fortifier son église. Il va ouvrir une porte devant elle, lui assurer un avenir. De fait, historiquement, l’église de Philadelphie a été le dernier bastion chrétien à tenir face aux Turcs au XIVe siècle.

Il va lui livrer ses opposants, les persécuteurs – Jean parle de synagogue de Satan parce que ce sont des Juifs qui luttent contre l’église, il aurait parlé autrement si ç’avait été des païens, des athées, des bouddhistes, des musulmans… ce qu’il vise, c’est le persécuteur ! Peut-être que la porte ouverte, c’est les persécuteurs livrés à l’église, qui reconnaissent enfin, dans cette communauté, que Dieu les aime, que Dieu sauve en Jésus-Christ.

J’ai été très impressionnée, il y a quelques mois, par le témoignage d’une jeune femme emprisonnée, qui devait être torturée pour renier sa foi au Christ. Elle a beaucoup prié pour ne pas être torturée, mais elle n’a pas pu y échapper. Pourtant, au pire de l’interrogatoire, elle a ressenti une paix et une assurance inimaginables, et elle a pu affirmer, clairement, que Jésus est son sauveur. Les gardes l’ont reconduite dans sa cellule, mais au milieu de la nuit, l’un d’eux est venu frapper à sa porte pour en savoir plus sur Jésus : depuis, il croit, sa famille croit, il est même devenu pasteur.

Peut-être que c’est aussi ce genre de porte ouverte que le Christ promet à son église : malgré la fragilité et la simplicité, son témoignage fidèle portera du fruit.

Le Christ ajoute d’autres promesses : il la gardera dans l’épreuve – il lui donnera la force de persévérer et de tenir, il veillera sur elle. Et puis, à ceux qui auront persévéré jusqu’au bout, il accordera une place de choix aux côtés de Dieu, un nom nouveau, une carte d’identité du royaume de Dieu aussi permanente qu’une colonne. Ceux qui ne dorment plus que d’un œil, harcelés par leurs proches ou leur gouvernement, ceux que tous ont rejeté, ceux qui ont tout perdu (travail, famille, maison), à cause de leur foi au Christ, ceux-là reçoivent cette promesse extraordinaire d’être des colonnes inébranlables dans la maison de Dieu, pour toujours.

Conclusion

Apocalypse, livre des révélations. Que nous révèle cette lettre ? D’abord, que l’habit ne fait pas le moine – Dieu regarde au cœur, et il se réjouit avant tout d’une foi sincère et persévérante, même si elle paraît simplette à d’autres.

Ensuite, Dieu nous invite à deux choses : d’abord soutenir les frères et sœurs ballottés par les vents – dans la prière, la rédaction de cartes postales d’encouragement, l’envoi de Bibles : tout ce qui pourra les aider à tenir jusqu’au bout. Ne méprisons pas ce que Dieu chérit, ne soyons pas éblouis par les chrétiens célèbres au détriment de nos frères et sœurs qui luttent, dans l’ombre, mais en qui Dieu voit la même valeur.

Dieu nous invite à soutenir les églises de Philadelphie d’aujourd’hui, et il nous demande aussi de nous laisser enseigner par elles. De les prendre pour modèles. Que nous aussi, nous soyons forts par la force de Dieu. Que nous aussi, avec notre puissance et nos facilités, nous soyons d’abord pleins de loyauté et de fidélité envers Dieu, que nous proclamions l’Évangile avec joie et fierté – car celui qui nous a sauvés est le sauveur, le Seigneur, qui offre une nouvelle vie à ceux qui se tournent vers lui.

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