Vivre avec la porte entrouverte

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Aujourd’hui nous terminons notre série sur la lettre de Jacques, apôtre, aux premières églises. Jacques ne fait pas vraiment de conclusion classique, avec salutations et résumé, mais il termine avec des exhortations, un peu pêle-mêle, qui rappellent les thèmes déjà évoqués : par exemple, le poids de la parole, l’importance de la persévérance, ou encore le soutien aux faibles.

Lecture biblique Jacques 5.7-20

Il est là. Il est vraiment là. Il est sur le seuil. Il attend son heure, sur le pas de la porte, au seuil de notre temps, mais il est déjà là, prêt à entrer. Jésus est là, le Ressuscité, vainqueur du mal et de la mort, se tient prêt, prêt à revenir manifester au monde entier sa victoire d’il y a 2000 ans.

Prenons-nous cette affirmation au sérieux ? Comment vivons-nous à la lumière de ce « bientôt » ? Alors certes, Jacques dit que Jésus revient bientôt – et ça fait presque 2000 ans. Bientôt : cela signifie surtout que Jésus est proche, qu’il est à la porte, et qu’il peut entrer à n’importe quel moment, demain, dans 10 ans, dans 3000 ans… N’importe quand, mais peut-être ce soir ! Il est sur le seuil. A ceux qui savent que Jésus est proche, la porte est comme entr’ouverte, car nous distinguons dans l’ombre sa présence et son regard. Il est là, nous le savons.

Prenons-nous cette affirmation au sérieux ? Jacques termine sa lettre avec diverses recommandations, mais au fond, un appel retentit : persévérez ! Tenez bon, car le Christ est à la porte, et la porte est entr’ouverte… Sans reprendre tout en détail, j’aimerais ce matin souligner trois caractéristiques de cette persévérance que Jacques nous appelle à vivre.

1)   Dans la prière

Qu’est-ce que la persévérance ? il ne s’agit pas d’attendre en se tournant les pouces ou en se résignant à l’impuissance : persévérer, c’est faire œuvre d’endurance. C’est tenir bon, jusqu’au bout – comme un coureur de fond qui serre les dents et qui tient, jusqu’au dernier mètre ! Jacques s’adresse à des chrétiens en grande partie éprouvés – par l’oppression sociale, la persécution, la maladie – tentés de se décourager et de baisser les bras, ou au contraire de prendre les armes et de se révolter, cédant à la violence et la l’injustice. Jacques appelle à persévérer, comme l’agriculteur bien forcé d’attendre que les saisons passent pour pouvoir récolter ce qu’il a semé. Il ne part pas en vacances pendant trois mois ; mais il ne creuse pas non plus le sol pour tirer sur les plants de tomates ou de haricots ! Il attend, oui, mais activement, préparant le terrain, préparant sa ferme, pour le jour J. Il attend avec confiance, sachant que dans la terre, invisibles à l’œil nu, poussent tranquillement les plantes semées.

Persévérer, endurer, attendre activement, voilà l’attitude à avoir, une attitude qu’illustre très bien la prière. Que fait celui qui prie ? Il ne se résigne pas à la situation, mais il ne prend pas non plus le pouvoir : il s’en remet à Dieu. Il tend les mains vers Dieu, pour lui confier ce qu’il vit : sa vie, sa personne, ses relations, ses peines, ses joies, ses projets…

Jacques s’attarde en particulier sur la prière pour les malades. Il encourage l’église à prier avec foi pour ceux qui sont gravement malades : avec foi, avec la confiance de ceux qui savent que Jésus est sur le seuil, et qu’il peut, s’il le veut, passer sa main par la porte entrebâillée pour relever celui qui agonise. Car si Jésus est là, tout près, il peut intervenir dans notre vie. Vivre en sachant que la porte est entr’ouverte, c’est oser prier que Dieu donne, dès maintenant, comme un avant-goût de ce que nous vivrons avec lui dans l’éternité, parce que la résurrection du Christ a fait sauter les verrous de la porte et que le règne de Dieu est tout près.

Cela étant, loin de Jacques l’idée d’ordonner à Dieu de guérir, de faire ceci ou cela : non, prier avec foi, c’est prier avec la certitude que Dieu est puissant, qu’il est bon, et qu’il nous répondra – tout en recevant avec humilité et confiance la réponse que Dieu décidera de nous donner : parfois la délivrance, parfois la foi nécessaire pour supporter l’épreuve.

2)   Dans la fidélité

Lorsqu’il évoque la prière pour les malades, Jacques touche à un aspect qui vous a peut-être interpellés : la question du péché, du mal dont nous nous rendons coupables. Il ne dit pas que toute maladie vient d’une faute à expier, d’ailleurs Jésus a souvent résisté à cette interprétation, et l’histoire de Job est bien l’exemple du juste éprouvé, jusque dans son corps, sans lien avec une faute particulière.

Pourquoi évoquer alors la question du péché ? D’abord parce que parfois – mais bien sage qui saura le discerner chez l’autre – parfois, une faute cause une maladie ou empêche la guérison. Mais, plus largement, c’est un appel à la cohérence. Si je demande à Dieu de me guérir, physiquement, comment pourrais-je rester aveugle sur mes troubles intérieurs ? le corps est important, mais l’âme encore plus ! Quand je prie pour être guérie, je demande à Dieu de me relever physiquement, mais la logique veut que si je prie pour être relevée, j’accepte aussi que Dieu me relève spirituellement, que Dieu me guérisse de ma culpabilité, de mon péché, des mensonges et des amertumes qui pourrissent ma vie…

Avec persévérance, nous cherchons à vivre toujours plus comme demain, quand Jésus aura passé la porte et instauré sa justice et sa paix : ne plus juger les autres mais les soutenir, ne plus mépriser le petit mais l’élever, ne plus regarder aux richesses illusoires mais chercher ce qui dure, ce qui est beau et bon aux yeux de Dieu. Être fidèle au Christ, c’est par exemple résister à la tentation de la manipulation ou de l’hypocrisie : Jacques évoque les contrats, les serments – que votre oui soit oui ! Tenez votre parole, sans ajouter de lignes en petits caractères pour vous dédouaner quand ça vous arrange ! Ce qui paraît être un détail de la vie chrétienne, nos serments, est un appel à l’intégrité et à la sainteté : cherchez à honorer Dieu dans toute votre vie, dans les grands moments et les petits détails !

3)   Dans la communauté

Dans la prière comme dans la recherche de sainteté, la communauté est essentielle. Comme les coureurs qui vont à plusieurs pour s’encourager et se soutenir quand l’un ou l’autre faiblit, les chrétiens ont besoin les uns des autres pour s’encourager à persévérer en attendant que Jésus passe la porte.

Prenez la prière : la nécessité d’avoir une relation personnelle avec Dieu, dans l’intimité et la solitude, n’empêche pas de partager nos joies et nos peines en communauté ; c’est d’autant plus vrai quand on touche le fond et qu’on ne peut plus prier qu’avec difficulté et angoisse, car alors le soutien de la communauté est nécessaire – non pas en entier dans la chambre du malade, mais représentée par ses responsables, les membres du conseil p. ex. Toute notre vie gagne à être vécue avec les autres croyants, mais il y a des moments où c’est indispensable : quand pointent le besoin de réconciliation, la lutte contre l’amertume ou la culpabilité, l’égarement, le découragement, l’angoisse. Il ne s’agit pas de tout confier à tout le monde, mais de compter sur quelques uns, dans l’église, avec qui nous ferons équipe pour aller plus loin. Un exemple : dans les périodes de tentation, de quelque nature qu’elle soit, lutter seul est une aberration. Se confier, par contre, à quelqu’un, et prier à deux, toutes les semaines, tous les jours s’il le faut, pour résister et se fortifier, voilà  qui permet de persévérer. Dieu nous offre les moyens de tenir le bon cap, quelque soit la force des vents ou la hauteur des vagues : c’est sa Parole, la Bible, c’est la prière, c’est le soutien des autres, par lesquels Dieu agit pour nous relever.

Conclusion   

Vivre en sachant que Jésus est sur le seuil et que la porte est entr’ouverte, c’est persévérer, dans la prière – en nous confiant à Dieu, dans la fidélité – en cherchant à vivre toujours mieux en accord avec ce Dieu que nous prions, dans la communauté des croyants – où nous expérimentons concrètement l’amour et la solidarité. Debout sur le seuil, Jésus nous invite à faire un pas de plus dans la bonne direction, il nous encourage à tenir malgré les difficultés.

Jacques s’est concentré sur la part que nous avons à faire, mais à la fin de cette lettre résonne encore la promesse du début : si quelqu’un manque – de sagesse, de persévérance, de sainteté, de patience, d’amour, de solidarité… – qu’il la demande à Dieu, avec foi, en sachant que Dieu va répondre, parce qu’il est généreux et bienveillant, plein de grâce et de compassion.

Une réflexion sur « Vivre avec la porte entrouverte »

  1. C’est vrai, persévérance et patience sont nos atouts pour avancer dans la foi vers Jésus.
    Est-ce facile ?
    Non et il ne faut pas croire ceux qui vous disent le contraire.
    Moi-même, combien de fois ai-je privilégié MON opinion, MA vue des choses au détriment de la Volonté de Notre Seigneur et Maître qui m’a connu parfaitement bien avant ma naissance ?
    Cela veut-il dire que Dieu nous laisse faire en prenant NOTRE chemin plutôt que de suivre le sien ?
    Non, dans TOUS les cas, il veille sur nous et nous montre que nous nous trompons. Encore faut-il L’ECOUTER et S’OUBLIER (Sa Volonté et non la mienne)
    Voilà un apprentissage de TOUS les jours, a TOUT instant.

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