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Résumé des épisodes précédents
Lorsque son mari Elimélek et ses deux fils meurent alors qu’elle est exilée en Moab, Noémi décide de retourner en Juda. Ruth, une de ses belles-filles, refuse de la quitter et choisit de l’accompagner.
Sans le savoir, Ruth se retrouve alors à glaner des épis dans le champ de Booz, un proche parent d’Elimélek. Pour Noémi, ça ne peut pas être un hasard : le Seigneur l’a conduite jusqu’à ce champ. Elle va alors mettre au point une stratégie, en faisant référence à une loi de Moïse interprétée selon les coutumes de l’époque, pour que Booz épouse Ruth.
L’un et l’autre semblent tout à fait consentants, mais il reste un obstacle. Un autre homme est un plus proche parent que Booz. C’est lui qui a la priorité. Booz va donc tenter de régler cette affaire au plus vite…
Lecture biblique : Ruth 4
Explication
Voilà donc le dénouement de l’histoire ! Un véritable happy end, au-delà même de ce qu’on pouvait espérer.
Comme Noémi l’avait prédit, et comme il s’y était engagé devant Ruth, Booz s’empresse de s’occuper de l’affaire, et en plus dans les règles. Sur la place publique, il rassemble des témoins et traite avec l’autre proche parent d’Elimélek. Il le fait selon les coutumes de l’époque : le symbole de la sandale doit d’ailleurs être expliqué aux premiers lecteurs du livre de Ruth.
Il faut d’ailleurs noter que cet autre proche parent, dont on ne dit jamais le nom, était au courant du retour de Noémi au pays (v.3), et sans aucun doute aussi de la présence de Ruth à ses côtés. Mais il n’a rien entrepris pour exercer son droit… Il n’en avait, semble-t-il, tout simplement pas les moyens. Il le dit : il ne peut pas à la fois racheter le champ et prendre Ruth pour femme, prendre soin d’elle. Et il a bien dû se rendre compte aussi que Booz, lui, était motivé ! Il lui laisse le champ libre : « prends pour toi le droit de racheter » !
Booz et Ruth se marient alors, pour la joie de tous. Y compris celle de Noémi, accentuée encore après la naissance de leur fils, dont Noémi va s’occuper comme s’il s’agissait du sien.
On pourrait presque dire à la fin : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. C’est le happy end traditionnel… Sauf que l’épilogue va encore plus loin et donne une dimension particulière à l’histoire de Ruth. Obed, le fils de Booz et Ruth, deviendra le grand-père du roi David. Il entre dans la lignée royale, la lignée messianique. Ruth est d’ailleurs une des rares femmes mentionnées dans la généalogie de l’évangile selon Matthieu (1.5) qui fait du reste de Rahab, une autre femme non-juive, une habitante de Jéricho ayant caché les espions Israélites, la mère (ou l’ancêtre) de Booz. Voilà encore des signes que la providence de Dieu est bien à l’oeuvre…
Application
Au-delà des beaux exemples de fidélité dont témoigne cette histoire familiale, l’épilogue du livre lui donne une nouvelle dimension, qui transcende le personnage de Ruth.
Une dimension universelle : la fidélité de Dieu
On y voit l’expression de la fidélité de Dieu, par la mise en œuvre de sa providence, bien au-delà de l’histoire de Ruth. C’est la fidélité de Dieu dans l’Histoire qui est soulignée. Jusqu’à l’accomplissement de son plan, avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Une fidélité qui s’étend à travers les siècles et qui se manifeste dès le jour où l’humanité s’est détournée de son Créateur. Dans la Genèse, Dieu donne une promesse de victoire, assurant à la descendance de la femme d’écraser la tête du serpent (Gn 3.15). Cette fidélité de Dieu, tout au long de l’histoire, passe par Noé, Abraham, Moïse, David, les prophètes… mais elle passe aussi par Ruth et Booz !
Nos histoires s’imbriquent dans l’Histoire, par la providence de Dieu. Le même Dieu, fidèle à son projet pour l’humanité, se montre fidèle dans notre vie. Nos histoires personnelles ont de l’importance aux yeux de Dieu. Jamais Ruth, ni Booz, n’auraient pu imaginer être intégrés dans la lignée qui allait conduire au Messie. Jamais ils n’auraient imaginé que leur petit-fils allait devenir le grand roi David. D’autant que Ruth était moabite, une étrangère… comme Rahab était habitante de Jéricho. Mais la bénédiction de Dieu s’étend à toutes les familles de la terre, comme il l’avait promis à Abraham.
Une dimension typologique : l’évangile selon Ruth
La dimension messianique de l’épilogue nous invite à une lecture typologique de l’histoire de Ruth. Il s’agit de discerner, derrière les événements décrits, des préfigurations du Christ. Il faut être prudent avec une telle lecture mais le Nouveau Testament nous invite bien à considérer que tout l’Ancien Testament conduit au Christ.
Ainsi, l’épilogue du livre de Ruth est caractéristique. En effet, l’espoir renaît avec la naissance d’un fils à Ruth dont tout le monde dit : « Qu’elle ressemble à Rachel et à Léa, les deux femmes de Jacob qui ont donné naissance au peuple d’Israël ! ». De plus, cet enfant naît à Bethléem, il est ancêtre de David par la lignée duquel naîtra le Christ. Il s’appelle Obed. Or, son nom signifie « serviteur » : la figure du serviteur est bien une figure messianique !
Si on regarde l’ensemble de l’histoire de Ruth, on peut aussi la voir comme une typologie du salut. La foi – fidélité de Ruth a changé le cours de sa vie, grâce à Booz, son rédempteur. Booz y apparaît comme une figure du Christ. C’est lui qui rachète Ruth et Noémi, qui les sauve. Noémi pourrait même être perçue comme une figure du peuple d’Israël, et Ruth une figure des païens, toutes deux sauvées, rachetées par Booz. Comme le Christ a racheté, sauvé, Juifs et non-Juifs par amour, les unissant dans un même peuple. De plus, le Christ aussi est notre « proche parent » : il est notre frère par l’incarnation, le Fils de Dieu devenu homme.
Nous le voyons, derrière cette belle histoire familiale se cache un message d’une profondeur insoupçonnée. Un véritable évangile selon Ruth.
Conclusion
Gardons les deux niveaux de lecture de ce récit. Prenons exemple sur la fidélité de Ruth et la générosité de Booz. Inspirons-nous d’eux pour être à notre tour fidèle et généreux. Mais contemplons aussi avec reconnaissance l’action de Dieu dans l’Histoire. Soyons émerveillés par son plan de salut, accompli en Jésus-Christ, et dont il nous donne de nombreuses illustrations tout au long de l’Ecriture. Louons-le pour son action dans nos vies, le salut mis en œuvre pour nous en Jésus-Christ. Il est notre Rédempteur, celui qui nous sauve et nous donne une espérance nouvelle.