Le repos du salut

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grace de dieu

Lecture biblique: Ephésiens 2.1-10

« C’est par la grâce que vous êtes sauvés, en Christ, par le moyen de la foi ». Voilà un résumé de l’Evangile, la clef de notre repos, le fondement inébranlable de notre paix. J’ai puisé dans la richesse de ce que nous avons lu quelques éléments pour nous aider à mieux nous approprier le repos du salut en Christ.

1) Sauvés par grâce

Comme toute la lettre aux Ephésiens, ce texte nous donne le vertige. Paul commence par souligner la gravité de notre situation avant d’être sauvés : nous étions morts, esclaves de nos pulsions, esclaves d’un système de pensée, esclaves d’un tentateur manipulateur et destructeur. Tous, sans exception, partent de cette situation : les païens comme les Juifs, ceux qui n’avaient aucune notion de Dieu, qui vivaient dans la débauche et dont la vision du monde était fausse, autant que ceux qui avaient grandi dans la connaissance de Dieu et de ses Ecritures. Tous, sans exception, sont esclaves. Esclaves, mais responsables aussi des injustices qui suscitent la colère de Dieu.

Dans ce tableau sombre, la lumière apparaît : « mais Dieu, riche en bonté, nous a aimés d’un grand amour ». Malgré tout, malgré notre noirceur, Dieu dans sa bonté, nous a aimés. Ca vient de lui, de sa générosité, de son cœur, et non de nos mérites. Dans son amour, il s’est tourné vers nous et nous a tendu la main pour nous relever.

Paul met l’accent sur la générosité de Dieu, sur la richesse de son action envers nous : non seulement il prend l’initiative, mais il fournit tous les ingrédients du salut. Dieu a tout fait : il nous a fait revivre, comme une nouvelle création, il nous a relevés, il nous a fait asseoir avec le Christ, il nous a préparé un chemin d’œuvres bonnes. Le salut qu’il nous offre est un repas complet, de l’entrée au café, auquel il ne manque absolument rien. Nous n’avons rien à compléter, à prouver, à confirmer : c’est parfait !

Cela ne veut pas dire pour autant que nous soyons passifs : le salut est un don parfait, mais ce cadeau il faut le recevoir, ce repas complet il faut le manger. C’est la foi : saisir la main que Dieu nous tend, de toutes nos forces. Même si la foi nous engage totalement, dans une démarche active, ce n’est pas une œuvre que nous faisons, ce n’est pas un plat ou un complément alimentaire que nous ajoutons sur notre plateau, c’est simplement le fait de recevoir.

Revenons rapidement sur le salut que Dieu nous offre. Dieu nous offre la possibilité d’être solidaires du Christ, de recevoir notre part de ce qu’il a vécu : il est mort, subissant à notre place la colère de Dieu contre le mal des hommes, il s’est relevé de la mort, il a reçu une vie nouvelle, et il est monté auprès de Dieu, à côté de qui il est assis. Tout ce qu’il a vécu, tout ce qu’il a reçu, il nous l’offre, il nous invite à en être bénéficiaires : sa mort, c’est notre acquittement, sa résurrection, c’est notre vie, son éternité, c’est la nôtre, sa proximité avec Dieu, la nôtre. En Christ, tout nous est offert.

La Bonne Nouvelle que nous proclamons, c’est que Dieu nous a aimés alors que nous ne méritions pas son amour, qu’il nous a fait revivre alors que nous étions morts, et que ce salut est un cadeau de A à Z. C’est la définition de la grâce de Dieu : il prend toutes les initiatives, il prépare tout, il fait tout, par amour pour nous, pour qu’aucun obstacle ne nous sépare de la vie qu’il nous offre.

2) Disciples par grâce

Dans la vie de celui qui est sauvé, il y a deux grandes phases. La première consiste à recevoir le salut en Jésus-Christ – le contact s’établit avec Dieu, c’est le début d’une vie nouvelle (cette phase peut prendre 3 secondes comme s’étaler sur 20 ans). Ensuite, c’est tout le reste, le fait de marcher sur cette route nouvelle où Dieu nous a conduits, et c’est la vie de l’enfant de Dieu qui est né à nouveau lorsqu’il a reçu le salut en Jésus-Christ et qui grandit, autrement dit, la vie de disciple.

Il y a beaucoup à dire sur ce cheminement de toute une vie, mais j’aimerais simplement en souligner un aspect : tout comme nous sommes nés de nouveau du fait de l’amour généreux de Dieu, nous grandissons par grâce. Tout comme la vie que nous avons reçue et qui nous a fait passer des ténèbres à la lumière est un don de Dieu, notre vie dans la lumière est un don de Dieu.

Il me semble que parfois, on tend à commencer par l’amour de Dieu et à continuer avec nos œuvres, comme s’il fallait mériter a posteriori le salut qu’on a reçu gratuitement, justifier l’amour de Dieu pour nous, comme si le salut nous avait été accordé sous réserve d’un potentiel que nous devons maintenant exploiter sous peine de perdre ce salut. En réalité on tend un peu, parfois, certes pas moi ni vous, à mettre des conditions à un salut inconditionnel, gratuit, offert. La vie que Dieu nous offre avec lui est un cadeau que nous ne méritons ni avant de le recevoir, ni pendant, ni après : c’est une grâce.

A un moment, nous avons fait pleinement confiance à Dieu pour croire que tout ce que Jésus-Christ a fait et vécu suffit pour nous rendre dignes de vivre en présence du Dieu saint, juste et pur, nous sommes entrés dans une vie nouvelle caractérisée par la grâce de Dieu – et il n’est pas question d’en ressortir ! Sur toutes les étapes de notre chemin, c’est le même Dieu qui nous a sauvés qui nous accompagne : celui qui déborde de générosité reste généreux, celui qui relève les cadavres nous relève quand nous tombons, celui qui éclaire la nuit illumine aussi nos jours gris.

De même que pour entrer dans cette vie nouvelle, il nous fallait croire et recevoir, de même, à chaque étape, il nous faut croire et recevoir la vitalité que Dieu nous offre. Paul parle des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance : ces œuvres font partie du salut, elles en sont la conséquence et le but. Nous avons été pardonnés, délivrés, re-créés pour vivre la vraie vie, celle qui correspond aux projets du Créateur. Nous avons été sauvés pour être justes, aimants, vrais, pacifiques, créatifs…

Une image qui éclaire la manière dont ces œuvres se réalisent dans notre marche chrétienne, c’est celle des fruits. Jésus nous invite, en Jn 15, à nous attacher à lui pour pouvoir porter du fruit. Paul, dans la lettre aux Galates, dit que Dieu insuffle sa vie en nous par son Esprit, et que des fruits en découlent : l’amour, la joie, la paix, la maîtrise de soi… Tout comme Dieu nous a fait revivre, il renouvelle en nous sa vie jour après jour, il nous transforme et nous sommes appelés à lui laisser le champ libre, pas à faire le travail à sa place !

3) Une grâce exigeante

On pourrait détailler à l’infini l’impact d’une relation empreinte de grâce avec Dieu sur notre identité, notre caractère, notre travail, nos relations avec les autres, nos attentes dans la vie, mais j’aimerais continuer un peu avec la notion de grâce. Contrairement à l’idée qu’on s’en fait, ce n’est pas parce que c’est donné que c’est facile à recevoir. La grâce nous coûte, et accepter jour après jour la vie nouvelle de Dieu nous demande des efforts.

En effet, nous devons nous battre. En Christ nous avons été délivrés des liens qui nous rendaient esclaves – oui mais, nos anciens maîtres n’ont pas encore disparu. Ils essaient de nous entraîner, de nous séduire, de nous ramener chez eux. Paul identifiait 3 maîtres : le diable, notre penchant au mal, et le « système » opposé à la vie de Dieu. Ils n’ont plus le pouvoir de nous maintenir dans l’esclavage et la mort mais ils sont extrêmement convaincants… Vivre par la grâce, c’est lutter contre leurs discours et les habitudes apprises chez eux. Par exemple, ce peut être désapprendre le culte de la performance, de l’utilité, de la réussite écrasante, de l’apparence, pour apprendre le service, l’humilité, la gratuité, la profondeur. Vivre par la grâce, c’est se rendre sourd aux mensonges et aveugle aux illusions de notre monde, de notre cœur, de notre tentateur, pour se concentrer uniquement sur la main de Dieu qui nous tient fermement et qui nous conduit sur le chemin de la vie.

Pour nous aider, nous avons Dieu qui travaille en nous par son Esprit ; nous avons sa Parole qui nous montre ce qu’implique la vie avec Dieu ; nous avons dans l’Eglise des frères et des sœurs avec qui partager nos retards, nos détours, nos avancées, nos sprints et nos chutes, des frères et des sœurs qui nous soutiennent et nous encouragent ; nous avons aussi la prière, ce dialogue intime avec Dieu où nous lui remettons nos craintes, nos attentes, nos espoirs, ce dialogue où nous pouvons lui dire : « transforme-moi ! fais briller ta lumière dans les coins sombres de ma vie ! fais le ménage ! détruis, par ta vérité, les mensonges que j’ai toujours crus ! Fais-moi grandir ! » et Dieu le fait ! Rassurez-vous, quand on invite Dieu à agir, il agit ! je l’ai testé, il agit ! à 400% !

Conclusion

Le salut en Jésus-Christ est notre vrai repos. C’est le repos de la personne qui n’a plus rien à prouver, plus rien à mériter, aimée et redressée par le Dieu vivant. C’est le repos de celui qui boit à la source, apaisé et comblé dans la présence de Dieu. Tout est prêt, tout est là, nous n’avons qu’à ouvrir les portes et les fenêtres de notre vie pour laisser Dieu nous restaurer.

Toutefois, ce repos nous demande de l’énergie, pour rechoisir jour après jour de vivre avec Dieu, de laisser son amour et sa justice remplir notre vie, de laisser son Esprit nous transformer. Certains disent qu’il faut se convertir chaque jour : je crois que c’est un peu vrai. Chaque jour, il faut nous ouvrir à nouveau à la vie de Dieu, chaque jour nous détourner de ce qui nous détruit pour nous tourner vers Dieu et saisir sa main. Jour après jour, semaine après semaine, année après année, revenir au Christ, en qui nous recevons notre salut, notre valeur, notre sens, notre vie.

Une réflexion sur « Le repos du salut »

  1. Le repos dans le salut et la grâce reçu gratuitement pour mon salut éternel en Jésus Christ semble EVIDENT.
    Mais l’est-ce vraiment, réellement, concrètement ?
    Le vis-je chaque jour? A chaque seconde que Dieu me donne ?

    Répondre oui serait mentir à moi-même, aux autres et au Seigneur.

    La leçon que je reçois par ce texte et ce commentaire, est que je dois rester attentif à l’action de mon Sauveur, dans ma vie, dans mon coeur pour agir dans le partage de la Bonne Nouvelle du Salut par la croix.

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