Solidaires !

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/solidaires

goutte d'eauLe deuxième dimanche de janvier est traditionnellement consacré à l’épisode du baptême de Jésus. Un récit qui, dans la version de Marc, nous est relaté de façon très sobre, et qui peut même entrer en écho de façon surprenante avec l’actualité sombre de cette semaine.

Lecture biblique : Marc 1.6-11

Il est remarquable de souligner que le ministère public de Jésus débute avec son baptême. Pas avec un miracle spectaculaire, pas avec un enseignement éloquent à une grande foule. Il commence dans un acte plein d’humilité, d’identification à l’humanité qu’il est venu sauver.

Le baptême de Jésus-Christ, c’est le signe de son incarnation. C’est le choix de la solidarité. Il n’est pas venu sauver l’humanité « de l’extérieur » mais de l’intérieur : en devenant l’un des nôtres. Il n’est pas venu seulement « prendre chair », ou prendre un corps comme on revêt un costume. Il est véritablement devenu homme. Il a accepté d’avoir faim et soif, d’être fatigué, de devoir se reposer et dormir. Il est venu épouser notre condition de pécheur, sans toutefois pécher. Il a accepté nos limites, nos faiblesses, nos blessures. Il a accepté de souffrir. Il a accepté de mourir.

D’une certaine façon, le baptême de Jésus était le premier pas sur le chemin qui allait le mener jusque sur la croix. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle l’Esprit saint est descendu sur lui sous la forme d’une colombe ? Peut-être est-ce aussi pourquoi la voix de son Père a retenti du ciel, pour lui : « Tu es mon fils très aimé. C’est toi que j’ai choisi avec joie. » Peut-être avait-il besoin d’un soutien, d’une promesse pour le chemin difficile à venir…

La décision de Dieu, en Jésus-Christ, de choisir la solidarité est bouleversante. Parce que Dieu nous aime, il a choisi de lier son sort au nôtre. Il aurait pu laisser tomber. Tout recommencer ailleurs. Il a décidé, au contraire, de nous sauver, en devenant l’un des nôtres.

Et solidaire, il l’est aujourd’hui encore. Jésus-Christ, mort et ressuscité, est toujours notre frère en humanité. Ne pensez-vous pas qu’il souffre de voir ce que ses frères humains sont capables de faire, qui plus est au nom de Dieu ? Cette semaine, la terreur a frappé à nos portes. Et cela rend plus tangible peut-être la terreur que des milliers d’hommes et de femmes affrontent depuis si longtemps dans certaines parties du globe. Victimes de la haine et du fanatisme. D’ailleurs cette semaine aussi, Portes Ouvertes a fait paraître son index mondial de la persécution des chrétiens, rappelant que cette triste réalité ne faiblit pas. Bien au contraire.

Solidaire, voilà un mot que nous avons besoin d’entendre aujourd’hui ! Nous devons être solidaires des familles endeuillées, à Paris comme ailleurs dans le monde, là où règne la terreur par la folie des hommes. Solidaires de nos frères et sœurs persécutés pour leur foi. Mais solidaires aussi de toutes les victimes collatérales, exposés aux discours racistes et réducteurs qui mettent dans le même sac terrorisme, musulmans, arabes, immigrés… Solidaires aussi avec ceux qui défendent la liberté de la presse, la liberté d’expression, la liberté d’opinion, partout dans le monde. Une liberté qui doit pouvoir s’exprimer aussi à travers l’humour, la satire. Y compris pour dénoncer les travers de toutes les religions. Y compris quand ça nous concerne…

Qu’est-ce qui blesse le plus Dieu ? Un dessin satirique, même jugé blasphématoire ? Ou une folie meurtrière en son nom ? Ce qui touche le Seigneur, ce qui le fait souffrir, ce sont les horreurs qu’on commet en son nom. Ce sont nos discours empreints de haine, notre racisme latent, parfois caché derrière un vernis religieux. C’est notre indifférence à ceux qui souffrent, à la manière du Pharisiens et du prêtre de la parabole du bon Samaritain. C’est notre silence face à l’injustice…

Solidaire. Jésus-Christ a choisi de l’être avec nous, son baptême en est un signe d’une grande force. Comment ne pourrions-nous pas aussi être solidaires de nos frères en humanité ?

 

De l’espoir, quand même ?

Revenons au récit du baptême de Jésus. La lecture que j’en ai proposée, à la lumière des événements récents, est certes sombre. Mais ne peut-on pas y puiser aussi de l’espoir ? La colombe, symbole de l’Esprit saint, est bien un signe d’espoir. C’est une colombe qui est venu annoncer à Noé la fin du déluge et la possibilité d’un nouveau départ. Dans ses paroles adressées à son Fils, le Père ne parle-t-il pas d’amour et de joie ? Toute la Trinité est mobilisée pour cet épisode, jalon essentiel dans l’accomplissement du projet de salut de Dieu.

Si, pour Jésus, le baptême est le premier pas de son chemin vers la croix, pour nous, c’est le premier pas de notre chemin de salut. Dieu lui-même a jugé bon d’élaborer un plan pour nous sauver, et de lier son sort au nôtre. Il y a bien de l’espoir. Toujours.

S’il y a un espoir à garder dans l’humanité, c’est parce qu’elle est créée à l’image de Dieu. L’image de ce Dieu qui a choisi de nous sauver en Jésus-Christ, de ce Dieu qui a fait preuve de la plus belle des solidarités. Capable du pire, à cause de son péché et de son arrogance, l’humanité est aussi capable du meilleur quand elle laisse l’image de Dieu en elle se manifester.

S’il y a un espoir, donc, c’est moins à cause de l’homme que grâce à Dieu. C’est moins par humanisme que par espérance et foi. C’est moins à cause de la solidarité entre les hommes que grâce à la solidarité de Dieu avec nous. Mais l’espoir est réel. A cause de l’amour de Dieu. Jésus lui-même a été victime de la haine et de la barbarie des hommes. Il a été condamné, lui l’innocent. Et il est mort, crucifié. Mais la haine a été vaincue, sur la croix, quand Jésus a dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » La mort elle-même a été vaincue : Jésus-Christ est ressuscité.

Dieu est toujours capable de faire surgir la vie de la mort, de faire éclater la lumière des ténèbres. C’est notre espérance, celle qui naît de l’Évangile !

Conclusion

En guise de conclusion, je vous propose un dessin… de Cabu.

CabuOn n’impose pas la foi par la force ou la terreur. Jamais. Toutes les formes de violence justifiées au nom de Dieu sont autant d’atteintes directes à Dieu. Voilà les vrais blasphèmes !

L’exemple que Jésus nous a laissé, le jour de son baptême, est celui de l’humilité et de la solidarité. Si nous voulons être vraiment ses disciples et ses témoins, c’est le même chemin que nous devons emprunter !

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