Lecture biblique : Matthieu 11.28-30
C’est l’été, le temps des vacances. On est fatigués et on a besoin de repos… Eh bien, voilà un texte qui fait du bien, où Jésus promet le repos à tous ceux qui sont fatigués.
Mais de quel repos s’agit-il ? Et de quelle peine, de quelle fatigue s’agit-il ? Un regard sur le contexte immédiat de notre texte nous aidera à comprendre.
Juste avant, Jésus prie le Père et lui rend grâce d’avoir caché les choses du Royaume de Dieu aux sages et de les avoir révélées aux petits. Le Royaume de Dieu n’est pas réservé à une élite d’intelligence, de sagesse ou de pureté. Il est révélé aux humbles et aux petits. On ne mérite pas sa place dans le Royaume de Dieu, on la reçoit humblement.
Juste après, il est question du sabbat. Ça ne peut pas être une coïncidence ! Surtout compte-tenu du ton polémique avec les Pharisiens qui reprochent à Jésus de ne pas respecter le sabbat. Le poids du légalisme des Pharisiens ne serait-il pas ce fardeau si lourd dont Jésus veut libérer ? Et les efforts fournis pour plaire à Dieu ne seraient-ils pas cette peine dont il veut nous libérer ?
Le repos dont parle Jésus, ici, c’est sans doute celui du salut, que Dieu révèle aux petits et qui est réservé aux humbles.
Changer de fardeau
Quand on y regarde de plus près, on se rend compte que Jésus ne dit pas simplement : « Je vais vous donner le repos en vous déchargeant de vos fardeaux. ». Oui, il promet le repos. Et ce qu’il dit implique qu’il nous soulage des lourds fardeaux qui nous fatiguent. Mais c’est pour nous donner un autre fardeau… mais léger, celui-là. Il y a bien un lourd fardeau dont le Christ veut nous libérer mais aussi un autre, léger, dont il veut nous charger.
Pour la lourde charge, les deux verbes du début du verset 30 évoquent d’une part la fatigue résultant d’un dur labeur et d’autre part le fait de porter une lourde charge. La métaphore évoque ce qui peut nous peser, nous fatiguer, ce qui est lourd à porter. D’après le contexte de la polémique avec les Pharisiens, on pense tout de suite à leur légalisme, aux multiples commandements à respecter à la lettre, à la pression que les chefs religieux mettaient sur les gens, l’exigence absolue de pureté pour plaire à Dieu. Ça peut être aujourd’hui le poids d’une pratique religieuse pour mériter son salut ou le poids d’une culpabilité dont on n’arrive pas à se délivrer.
Ces fardeaux sont lourds. Trop lourds. C’est le poids de nos efforts, pour plaire à Dieu, ou pour satisfaire aux exigences qu’on se fixe ou que les autres fixent pour nous… Nous n’avons pas à porter ce fardeau. Jésus veut nous en décharger en nous accueillant dans sa grâce.
Certes, il nous confie alors un autre fardeau, mais bien plus léger, celui du disciple : « prenez la charge que je vous propose et devenez mes disciples ». Et Jésus précise : « Je suis doux et humble de coeur ». Quel rapport avec la charge à porter ? La version « Parole de Vie » traduit : « je ne cherche pas à vous dominer ». Certes, c’est une paraphrase mais c’est intéressant. L’idée est celle-là : « si je vous donne une charge, ce n’est pas pour vous écraser ».
L’accueil de Jésus est inconditionnel, dans sa grâce : il nous offre le repos. Il nous délivre des poids trop lourds que les autres nous font porter ou que nous nous imposons à nous-mêmes. Notre salut ne dépend pas de nos œuvres, c’est un fardeau trop lourd à porter, mais de l’oeuvre accomplie pour nous par le Christ. Le vivre et en témoigner en vérité, voilà notre seule charge !
Entrer dans le repos
Le repos que le Christ promet est donc celui qui résulte de la libération de ces lourdes charges, trop lourdes à porter. Mais le repos n’est pas dans l’absence de charge puisqu’il donne un autre fardeau, léger.
Le repos n’est pas forcément dans l’inactivité. Ça ne vous est jamais arrivé de terminer vos vacances plus fatigués qu’au début ? Ou de vous allonger, de ne rien faire sans pour autant vous reposer, parce que vous ressassez des soucis dans votre tête ? A l’inverse, on peut être très actif et se reposer, avec une activité vécue sans pression, sans souci de rendement, sans nécessité de rendre compte à un supérieur hiérarchique.
Se reposer, c’est changer d’activité. C’est surtout changer de façon d’être actif. Sans pression, sans devoir faire ses preuves… mais libérés, gratuitement. En réalité, ne serait-ce pas la grâce qui repose ? La grâce avec laquelle Jésus nous accueille. La grâce par laquelle Dieu nous sauve.
Et la grâce, bien-sûr, on la proclame… Mais pourquoi se sent-on toujours obligé d’ajouter : « la grâce oui, bien-sûr, mais ce n’est pas un prétexte pour faire n’importe quoi ! » Tous les « mais » qu’on ajoute à la grâce affaiblissent la grâce. Faites confiance à la grâce de Dieu ! Dans votre vie et dans celle de vos frères et sœurs !
Jésus nous invite à nous décharger de nos lourdes charges et à entrer dans sa grâce. Et nous tombons si facilement dans le travers des Galates à qui Paul disait : « Après avoir commencé par l’Esprit, allez-vous maintenant achever par la chair ? » (Ga 3.3) ou comme le traduit la version Parole de Vie : « Au début, vous avez compté sur l’Esprit Saint, et maintenant, est-ce que vous allez compter sur vos seules forces ? »
Parce qu’il y a quand même encore souvent un contraste entre l’annonce de la grâce et l’image qu’on peut se faire de la vie chrétienne, faite d’obligations, de contraintes, d’efforts de sanctification, d’exigence de fidélité. Et parfois j’ai l’impression qu’on reprend sur notre dos une lourde charge dont le Christ veut nous libérer.
Quand Jésus dit : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués de porter un lourd fardeau et je vous donnerai le repos. », on a vraiment envie d’aller à lui ! On peut donc oser la question : est-ce que nous donnons vraiment envie de venir à Jésus ? Donnons-nous vraiment l’image de disciples du Christ bien dans leurs baskets, avec le cœur léger et une vie libérée ? Ou est-ce qu’on donne l’impression de chrétiens fatigués, transportant sur leur dos la lourde charge d’être un bon chrétien ?
Conclusion
Promesse bienfaisante en ce début d’été, ces paroles de Jésus interrogent aussi notre façon d’être son disciple.
Quel fardeau suis-je en train de porter ? Celui, léger, de l’humble disciple ? Ou d’autres, bien trop lourds, que nous nous imposons ou que nous laissons d’autres nous imposer ? Les fardeaux d’une culpabilité tenace, d’une exigence de pureté, d’efforts pour plaire à Dieu, ou plaire aux hommes…
C’est donc bien sans cesse que nous devons revenir à Jésus pour être déchargé de ces fardeaux qui nous fatiguent. Pour recevoir tout à nouveau son repos, celui qui provient de sa grâce et qui fait de nous des témoins vivants de son salut offert à tous.