Cette semaine, dans le quotidien La Croix, est sorti un dossier intitulé “La galaxie des évangéliques en France”. Et c’est plutôt un bon dossier, honnête, loin des caricatures et des clichés qu’on entend bien trop souvent sur les évangéliques, dans les médias en général, et jusque chez certains responsables politiques.
On dit et on entend tout et n’importe quoi sur les évangéliques. Ou plutôt sur les “évangélistes” comme on en parle souvent abusivement… Faut-il le rappeler : il y a quatre évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean) et 600 000 protestants évangéliques en France, plus de 600 millions dans le monde. Mais nous appeler “évangélistes”, ça permet de faire rimer le terme avec intégriste, islamiste, populiste, complotiste, tous des mots en -iste qui font peur.
C’est vrai qu’on a souffert depuis quatre ans d’un certain évangélisme politique en provenance des Etats-Unis qui ne nous a pas aidé dans notre image médiatique… C’est vrai aussi qu’il peut y avoir, y compris en France, des discours ou des pratiques regrettables voire condamnables dans certaines Églises évangéliques. Mais d’une manière générale, les évangéliques en France sont des gens comme les autres, respectueux des principes de la République, attachés à la liberté de conscience puisqu’ils insistent sur l’importance d’une foi personnelle et libre, et qui prient même régulièrement pour les responsables politiques en place, comme la Bible les y invitent. Franchement, il n’y a pas de quoi avoir peur de nous !
On peut être agacé par cette image faussée, par ces clichés… mais qu’on le veuille ou non, il y a des mots qui sont piégés. Ça ne veut pas dire qu’il faut y renoncer. Mais il faut sans doute être vigilant, et exemplaire, pour redorer le blason médiatique des évangéliques.
Et justement, pour cela, il s’agit de s’attacher à l’essentiel, qui n’est pas l’étiquette évangélique mais bel et bien l’Évangile dont nous nous réclamons. Mais le mot Évangile lui-même n’est-il pas, aussi, un mot mal compris, y compris chez les chrétiens, y compris même chez les évangéliques ?
Est-ce qu’on n’a pas tendance à oublier que le mot français, Evangile, n’est qu’une transcription du terme grec euangelos qui se traduit très facilement en français. Ça veut dire “bonne nouvelle”. L’Evangile, c’est la Bonne Nouvelle qui se rapporte à Jésus-Christ. Je trouve, d’ailleurs, qu’il vaudrait mieux utiliser le moins possible le mot “Evangile” pour le remplacer par l’expression qui lui correspond en français : “Bonne Nouvelle”.
Mais en quoi est-ce une bonne nouvelle ? Et comment est-ce que ça peut l’être pour nous, et pour les autres ?
Pour répondre à cette question, je vous propose de lire un très court texte tiré de l’Evangile (la Bonne Nouvelle !) selon Marc qui, comme à son habitude, dit en très peu de mots ce qui est l’essentiel.
Marc 1.14-15
14 Après que Jean eut été mis en prison, Jésus se rendit en Galilée ; il y proclamait la bonne nouvelle de Dieu. 15 « Le moment favorable est venu, disait-il, et le règne de Dieu est tout proche ! Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle ! »
La Bonne Nouvelle…
C’est Jésus !
La première chose que Jésus dit est : “Le moment favorable est venu”. Les versions plus anciennes traduisent, plus littéralement : “le temps est accompli”. Mais le temps dont il est question ici, ce n’est pas le temps qui s’écoule (le grec chronos), c’est l’instant T, le moment favorable (le grec kairos).
La Bonne Nouvelle, c’est qu’avec Jésus, l’instant T de l’histoire de l’humanité est arrivé. C’est le moment de l’accomplissement de la promesse de Dieu. Si bien qu’on pourrait presque dire, pour aller vraiment à l’essentiel, que la Bonne Nouvelle, c’est Jésus ! C’est Dieu qui devient homme. C’est sa vie, son exemple, son enseignement, sa mort et sa résurrection.
C’est que le Royaume de Dieu est là
Quelle bonne nouvelle Jésus proclamait-il ? Elle commence par cette affirmation : “Le règne de Dieu est tout proche !” On pourrait même traduire : “Le Royaume (ou le règne) de Dieu est là !”
Or, le Royaume de Dieu, c’est là où Dieu règne, là où sa présence se manifeste. Et la Bonne Nouvelle, c’est que nous n’avons pas à attendre l’au-delà pour vivre dans la présence de Dieu. Ce n’est pas pour demain seulement, c’est pour aujourd’hui. La vie éternelle, ce n’est pas que la vie après la mort, c’est la vie avec Dieu, dès aujourd’hui.
La Bonne Nouvelle, c’est que le Royaume de Dieu peut faire irruption dans votre vie, là, tout de suite !
C’est que le changement est possible
Comment l’accueillir ? Jésus le dit : “Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle !” C’est le fameux verbe traduit anciennement par “repentez-vous” mais qui signifie plus largement un changement radical, un changement de pensée, de compréhension, un changement de vie. Et c’est un changement rendu possible par la foi.
Ce que dit Jésus, c’est que le changement est possible. Si on croit à cette Bonne Nouvelle, si on fait confiance à Dieu, si on ose l’aventure de la foi, le changement est possible. Et ça c’est une bonne nouvelle !
Le Royaume de Dieu est devenu tellement proche qu’il s’installe en nous. Dieu veut faire sa demeure dans notre vie. Et là où Dieu s’installe, tout change !
Une Nouvelle toujours bonne ?
C’est une Bonne Nouvelle pour tous, elle s’offre à tous. Mais elle risque, si nous n’y prenons pas garde, de perdre de sa saveur pour nous et pour les autres. Il y a un risque que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ cesse d’être une bonne nouvelle.
La Bonne Nouvelle n’en est plus une quand, au lieu de présenter une personne, elle présente un code de morale ou un corpus théologique. La Bonne Nouvelle, ce n’est pas qu’on puisse adhérer à une religion mais qu’on puisse rencontrer par la foi le Christ vivant. Pour Jésus, croire à la Bonne Nouvelle, c’est changer de vie, pas changer de croyance ou de religion.
La Bonne Nouvelle n’en est plus une quand elle n’est qu’une promesse pour demain, un ticket pour le Paradis, un passeport pour l’au-delà. Le Royaume de Dieu est là, tout proche. Maintenant. Dieu est présent dans notre vie, pour peu qu’on apprenne à ouvrir les yeux.
La Bonne Nouvelle n’en est plus une quand elle est réduite à des valeurs et des principes. La Bonne Nouvelle concerne notre vie quotidienne, nos préoccupations, nos luttes, nos épreuves mais aussi nos joies, nos découvertes et nos enthousiasmes. La Bonne Nouvelle, c’est la vie, la vie avec Dieu, aujourd’hui, et pour l’éternité.
La Bonne Nouvelle n’en est plus une quand elle est un message archaïque, exprimé dans un langage dépassé, compréhensible par des initiés seulement, appuyée sur des valeurs d’un autre âge. Parce que Dieu chemine avec l’humanité, son Royaume est contemporain et moderne. La Bonne Nouvelle est pertinente aujourd’hui, et elle doit pouvoir se formuler dans un langage clair et moderne, dans des modes d’expression et des supports médiatiques d’aujourd’hui.
La Bonne Nouvelle n’en est plus une quand nos belles paroles sont contredites par nos actes, notre vie de tous les jours. Quand ce n’est plus qu’un message abstrait, désincarné, qui n’est pas vécu. La Bonne Nouvelle s’incarne dans des vies transformées par Dieu.
La Bonne Nouvelle n’en est plus une quand elle réduit Jésus à un homme exemplaire, un révolutionnaire pacifiste ou un théoricien de l’amour. Même devenu homme, le Christ n’en demeure pas moins le Fils de Dieu. Sa vie, sa mort, sa résurrection sont uniques. Ce n’est pas seulement une bonne nouvelle parmi d’autres. C’est LA Bonne Nouvelle, pour tous !
Conclusion
En fait, pour que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ reste une bonne nouvelle, il faut que nous la laissions nous transformer, aujourd’hui, et que ça se voie…
Il faudrait que la présence d’une Église soit perçue comme une Bonne Nouvelle pour la ville, la population où elle est installée. Il faudrait que la présence d’un disciple de Jésus-Christ soit une bonne nouvelle pour ses amis et ses proches. Il faudrait que l’assurance et l’espérance qui s’y rattache soient une bonne nouvelle pour un monde dans l’incertitude et la crainte.
Alors à nous de jouer ! Avec l’aide de Dieu et de son Esprit, évidemment. Sans lui, nous n’y arriverons pas… Ne craignons pas les étiquettes, les clichés et les idées fausses. Vivons simplement et partageons cette bonne nouvelle, LA Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
« Le moment favorable est venu, et le règne de Dieu est tout proche ! Changez de vie et croyez à la bonne nouvelle ! »