Archives de catégorie : Prédication dimanche matin

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Disciples à plein temps ?

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Ce matin, nous commençons la campagne de rentrée proposée par notre Union d’Églises sur le thème : “Partout et tout le temps, suivre le Christ tout simplement”. J’ai participé à la formulation de cette thématique, et je l’assume. Mais je me dis quand même que c’est facile à dire et bien plus difficile à faire !

Suivre le Christ, est-ce vraiment si simple que ça ? Est-ce que vous trouvez que c’est facile de vivre en chrétien aujourd’hui ? On pourrait d’ailleurs élargir la question, que vous soyez croyant ou non : est-ce que vous trouvez que c’est facile de vivre au quotidien en cohérence avec vos convictions et vos valeurs ?

On a sans doute tous des convictions et des valeurs qui nous animent. J’espère que c’est votre cas ! C’est ce qui donne du sens à notre existence. Mais sans doute que, plus ces convictions sont fortes et plus ces valeurs sont élevées, plus il est difficile de les vivre et de les mettre en pratique. Parce que nos idéaux rencontrent la réalité, la réalité de notre monde et de ceux qui le composent, et il faut bien l’avouer aussi, la réalité de notre coeur, de notre volonté, pas toujours à la hauteur.

Évidemment, ce serait plus facile de vivre seulement avec ceux qui partagent nos convictions et nos valeurs. En l’occurrence, suivre le Christ serait déjà plus facile si ce n’était pas partout et tout le temps… Si on pouvait choisir les jours, les circonstances et les personnes avec qui suivre le Christ. Plus largement, si on pouvait côtoyer seulement ceux qui partagent nos valeurs et discuter seulement avec ceux qui ont les mêmes idées que nous, la vie serait tranquille !

Apprendre à vivre parfois en décalage voire à contre-courant, avec les frustrations, voire les souffrances que cela implique, faire face à la contradiction voire à l’opposition, ce n’est, certes, pas confortable… mais c’est incontournable, sauf à se retirer complètement du monde et vivre dans sa bulle. Et c’est une option que le croyant ne peut pas choisir, puisque le Christ envoie explicitement ses disciples dans le monde, pour être témoin de leur Seigneur.

Eh oui, nous sommes bel et bien appelés à suivre le Christ, partout et tout le temps.

C’est dans cette perspective que l’apôtre Pierre écrit à des croyants d’Asie Mineure. Et dans son adresse, il les désigne avec des termes qui peuvent surprendre au premier abord. Mais s’ils sont bien compris, ils restent pertinents pour nous aujourd’hui. Ils permettent même de dire comment nous sommes appelés à suivre le Christ, tout simplement.

1 Pierre 1.1-2
1 De la part de Pierre, apôtre de Jésus Christ.
À ceux que Dieu a choisis et qui vivent en immigrés, dispersés dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie. 2 Dieu, le Père, vous a choisis d’avance selon un projet qui est le sien ; il vous fait vivre pour Dieu, grâce à l’Esprit saint, pour que vous obéissiez à Jésus Christ et que vous soyez purifiés par le sang qu’il a versé.
Que la grâce et la paix vous soient données en abondance !
Les termes utilisés par Pierre pour décrire la situation des destinataires de sa lettre évoquent plutôt la précarité : ils sont immigrés et dispersés. Mais c’est pourtant ainsi que Dieu les a choisis (c’est affirmé deux fois dans le texte !), selon son projet.

Immigrés

Être immigré, c’est être dans une situation de précarité, qui peut certes s’améliorer avec les années, grâce à une intégration réussie, mais qui est souvent synonyme de difficultés multiples, d’incompréhension, de frustrations, voire de souffrance et de rejet…

On en parle souvent dans la Bible. Abraham et les patriarches étaient des migrants nomades. Et puis il y a eu l’Exode, avec la sortie d’Egypte et l’errance de 40 ans dans le désert, et aussi l’Exil, avec les 70 ans passées par les habitants de Juda en exil à Babylone.

Cet omniprésence du motif de l’immigration fonde les appels répétés à accueillir et aimer les immigrés, comme par exemple :

Deutéronome 10.19
Vous donc aussi, aimez l’immigré car vous avez été immigrés en Égypte.

Et s’il y a cet appel répété à aimer l’immigré, c’est que ce n’est pas forcément naturel… Hier comme aujourd’hui, le statut d’immigré est un statut précaire. Dans le Nouveau Testament, le motif est repris et compris de façon spirituelle : le croyant est un immigré ici-bas, il est seulement de passage sur Terre, en chemin vers sa patrie céleste.

Et c’est parfois aussi synonyme de difficultés multiples, d’incompréhension, de frustrations, voire de souffrance et de rejet…

Dispersés

Les destinataires de la lettre de Pierre sont non seulement immigrés mais aussi dispersés. Les provinces mentionnées ici étaient situées en Asie Mineure, la Turquie actuelle. Elles désignent sans doute des destinataires multiples d’une lettre appelée à circuler dans plusieurs Églises d’une même région. Bien que dispersés, ils reçoivent la même lettre, qui les désignent tous de la même manière : “ceux que Dieu a choisis” (dans les versions plus anciennes ont traduisait “les élus”)

On pourrait comprendre cette dispersion comme une faiblesse… Mais en y réfléchissant, j’ai pensé à une parabole de Jésus : la parabole du Semeur.

Luc 8.5-8
5 « Le semeur sortit pour semer du grain. Comme il semait, une partie des grains tomba au bord du chemin : on marcha dessus et les oiseaux les mangèrent. 6 Une autre partie tomba sur un sol pierreux : dès que les plantes poussèrent, elles se desséchèrent parce qu’elles manquaient d’humidité. 7 Une autre partie tomba dans les ronces qui poussèrent en même temps que les bonnes plantes et les étouffèrent. 8 Mais une autre partie tomba dans la bonne terre ; les plantes poussèrent et produisirent des épis : chacun portait cent grains. » Et Jésus ajouta : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »

Certes, quand Jésus explique cette parabole, il dit bien que la semence c’est la Parole de Dieu et que les différents terrains représentent les différentes façons d’accueillir ou non cette Parole. Mais qui sont les porteurs de la Parole du Christ aujourd’hui sinon ceux qu’il envoie, ses disciples ? Qui sont-ils sinon, au temps de l’apôtre Pierre, ces croyants dispersés dans les différentes provinces d’Asie Mineure ? Ils sont comme autant de graines que le Semeur jette et qui tombent dans différents terrains.

Cette dispersion peut donc aussi être perçue comme une chance d’être présent partout, “dans tous les terrains”. Dans notre contexte, on peut l’entendre sans doute comme le fait d’être dispersés sur nos lieux de vie, dans nos familles, sur nos lieux de travail ou d’engagement. Là où nous sommes dispersés, du lundi au samedi… Car c’est bien ce que nous sommes la plupart de notre temps. C’est une exception, et une exception heureuse, lorsque nous sommes rassemblés, comme ce matin. Mais la plupart du temps, nous sommes dispersés… et ce n’est pas un problème. C’est même tout à fait normal.

On peut même dire que dans une perspective biblique, on n’est pas dispersés par hasard ni même par nécessité. On y est envoyés par Dieu, pour y vivre en disciples du Christ !

Choisis

Le problème n’est pas d’être dispersés, c’est d’être isolé. Quand la dispersion résulte de l’éclatement ou du chacun pour soi, alors c’est difficile à vivre. C’est pour cela qu’il est essentiel de comprendre que nous sommes envoyés par Dieu sur nos lieux de vie. Ce n’est pas un éclatement subi, c’est ce que Dieu veut. Et on n’y est pas seulement pour soi mais pour les autres.

Car on peut être dispersés sans être isolés. On peut être dispersés et connectés ! Connectés les uns aux autres. Et on a plein de moyens de le faire aujourd’hui ! Et surtout connectés, ensemble, au même Dieu, qui est avec nous et qui nous unit dans un même appel.

C’est ce que Pierre souligne. Il y a bien une réalité qui unit tous ces croyants dispersés, c’est d’avoir été choisis selon le projet de Dieu. Il ne s’agit pas, ici, pour Dieu, de seulement connaître par avance ce qui va se passer. Dieu n’est pas un spectateur passif de l’histoire, même par avance… il est pleinement actif dans son projet. Et Pierre le souligne avec une formulation trinitaire : le projet du Père, l’oeuvre accomplie par le Fils à la croix et par le Saint-Esprit en nous. Dieu est tout entier, Père, Fils et Saint-Esprit, engagé dans la réalisation de son projet.

Le projet de Dieu, c’est nous !

Immigrés… nous sommes de passage sur cette Terre. Notre horizon s’étend au-delà de ce monde, au-delà de cette vie.

Dispersés… nous sommes envoyés par Dieu sur nos lieux de vie. Nous n’y sommes pas par hasard ou par nécessité mais parce que Dieu nous y envoie.

Choisis… nous sommes unis à Dieu et les uns aux autres. Bien que dispersés, nous ne sommes pas seuls.

En fait, pour faire encore plus court, on pourrait dire que le projet de Dieu, c’est nous ! Dans notre quotidien, nous sommes autant de graines semées par Dieu sur tous types de terrain, pour y porter la semence du Royaume de Dieu.

Et nous ne sommes pas dispersés seulement pour “prêcher la bonne parole”… mais pour vivre la Bonne Nouvelle. Cette Bonne Nouvelle, c’est Jésus-Christ mort et ressuscité. C’est Jésus-Christ vivant, pour toujours avec nous.

Bien-sûr, il s’agit aussi de dire cette Bonne Nouvelle, quand c’est le moment approprié. Mais avant tout, il s’agit de la mettre en pratique, à la maison, au bureau, sur les bancs de l’amphi, sur le terrain de sport… Il s’agit de la manifester concrètement, en laissant transparaître ce que produit l’Esprit de Dieu en nous et dont l’apôtre Paul cite une liste non exhaustive : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi (cf. Galates 5.22)… Voilà une façon toute concrète d’être disciple du Christ au quotidien, partout et tout le temps !

Car être disciple de Jésus-Christ, ce n’est pas venir au culte le dimanche matin. Ou en tout cas pas seulement… C’est marcher avec le Christ vivant sur les chemins de notre vie, car il nous accompagne du lundi au samedi aussi. Car c’est alors que nous verrons si nous nous conduisons en disciples du Christ… Bref, si nous suivons le Christ, tout simplement.

Jésus dans nos tempêtes

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La rentrée n’est pas toujours facile à vivre ! Après les vacances, on a besoin d’un petit temps pour se remettre dans le bain « en douceur », progressivement, sinon, on se retrouve submergé, angoissé, en panique…

Sans parler de la rentrée, il y a bien des situations qui peuvent nous submerger : quand notre santé, physique ou mentale, défaille ; quand il y a des conflits ; quand la charge professionnelle s’accumule ; quand l’argent manque ; que plusieurs changements ou pertes arrivent en même temps… ou quand on regarde autour de nous : les situations terribles de certains, sans parler des catastrophes ou des menaces politiques, écologiques… Et ces tempêtes sont déstabilisantes, au point parfois de déstabiliser notre foi : où est Dieu dans tout ça ? que fait-il ? que pouvons-nous attendre de lui ?

Jésus et ses disciples ont traversé bien des tempêtes, naturelles ou figurées. Je vais lire le récit d’une de ces tempêtes : c’est une histoire vécue, pas un symbole, mais avec une portée tellement forte qu’elle a du sens aussi pour nos tempêtes. Et si vous n’êtes pas dans une tempête, aujourd’hui, que vous voguez plutôt sur un lac ensoleillé, cet épisode révèle suffisamment de Jésus pour que cela puisse nourrir votre foi !

On trouve cette histoire dans l’évangile de Marc, et le récit est tellement prenant que je vais le commenter au fur et à mesure, pour ne rien perdre du suspense ! et je tirerai quelques conclusions à la fin. Jésus a passé la journée à enseigner les foules.

Lecture biblique Marc 4.35-41

35 Le soir de ce même jour, Jésus dit à ses disciples : « Passons de l’autre côté du lac. » 

36 Ils quittèrent donc la foule ; les disciples emmenèrent Jésus dans la barque où il se trouvait encore. D’autres barques l’accompagnaient. 

37 Et voilà qu’un vent violent se mit à souffler, les vagues se jetaient dans la barque, à tel point que, déjà, elle se remplissait d’eau. 

38 Jésus dormait sur un coussin, à l’arrière du bateau. Ses disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous allons mourir ! Cela ne te fait rien ?» 

         Cette tempête, soudaine, est terrible et dangereuse, ce qui arrivait régulièrement sur le lac de Galilée, entouré de collines qui forment comme une cuvette. Même les disciples, chez qui on trouve des pêcheurs aguerris, paniquent (« nous allons mourir ! »).

Et dans cette tempête, avec le vent qui se déchaîne, les vagues qui font bouger la barque et qui remplissent le bateau, Jésus dort. Il dort ! Certes, il était sûrement fatigué, même épuisé, par les voyages, les enseignements, les rencontres… Enfin, il faut être très fatigué pour dormir dans une barque ballottée par la tempête ! Le sommeil de Jésus à ce moment-là est assez incongru… Et les disciples sont choqués.

Ils prennent sur eux de réveiller Jésus avec ce cri de panique : « Maître, nous sommes perdus ! » – détresse – « Cela ne te fait-il rien ? »

Notez qu’ils ne réveillent pas Jésus pour lui demander de l’aide. Jésus n’est qu’un charpentier, et un guide spirituel, et oui, il a fait quelques guérisons. La tempête n’a rien à voir avec ça. Les disciples réveillent Jésus parce qu’ils sont vexés : « ça ne te fait rien ? on va mourir, et tu t’en fiches ? »

Si Jésus avait été sur le pont, gonflé d’adrénaline comme les autres, même s’il ne faisait rien de plus que d’aider à écoper – c’était déjà énorme ! Il aurait pu les encourager, les soutenir… Mais non, il dort. Il ne prie pas ! Il dort.

Combien de fois, dans nos difficultés, nous avons l’impression que Dieu est en train de dormir… Nous ne le voyons pas agir, il paraît absent, et nous avons l’impression d’être seuls dans nos galères. Et dans l’intensité de l’épreuve, comme les disciples, nous sautons vite à l’interprétation : Si Dieu ne fait rien dans cette situation, c’est que… il s’en fiche ! il ne m’aime pas ou plus ; il m’a laissé tomber ; il me punit ; je ne vaux rien à ses yeux ; il est incapable ou il tolère l’injustice ; ou absent ; peut-être, même, inexistant ?…

39 Jésus, réveillé, menaça le vent et dit au lac : « Silence ! tais-toi ! » Alors le vent tomba et il y eut un grand calme. 

Jésus a une sacrée autorité ! D’un mot, il a calmé la tempête – sans aucun effort ! C’est la première fois dans l’Evangile que sa puissance se dévoile avec une telle ampleur : c’est plus qu’une guérison, il maîtrise la nature, et la nature dangereuse !

Puissance, maîtrise sur la nature, parole… on a l’impression de se retrouver au début de la Genèse, quand Dieu crée le monde par sa Parole : Dieu dit « que la lumière soit ! » et la lumière fut (Gn 1.3). Jésus montre, ici, qu’il est plus qu’un homme doué, il a quelque chose du Créateur.

Certains, et c’est légitime, se demanderont si ça s’est vraiment passé ! Dans la vie de Jésus ou dans la Bible : le miracle est miracle parce qu’il est anormal. Mais si on considère que Dieu a créé le monde et qu’il y reste impliqué, ses interventions exceptionnelles nous impressionnent, oui, mais elles ne sont pas impossibles.

C’est un peu comme avec un logiciel : vous et moi utilisons le mode normal, de l’utilisateur, mais le concepteur du logiciel, qui a tous les codes d’origine, peut si besoin forcer quelques actions, sans remettre en question tout le fonctionnement du logiciel.

Dans son Evangile, Marc juxtapose 3 miracles à ce récit de tempête apaisée : la délivrance d’un homme possédé, la guérison d’une femme hémorragique et la résurrection de la fille du prêtre Jaïrus. Dans cette suite de miracles, Marc souligne la puissance de Jésus qui maîtrise tout : le naturel, le surnaturel, jusqu’à la mort elle-même. Et cette puissance est en faveur de la vie, une puissance libératrice, éclatante, vivifiante.

Dans la tempête, Jésus commence à montrer qui il est : homme et Dieu, Créateur parmi les créatures. C’est pour ça que depuis tout à l’heure, je mets Jésus en parallèle avec Dieu, Dieu qui dort, Dieu qui agit, et pas simplement avec un ami ou un guide.

Cet épisode dévoile l’identité de Jésus, et ses priorités : faire vivre, secourir, sauver. Ce fil se tire jusqu’à la croix, où Jésus meurt à notre place, et ressuscite, se réveille d’entre les morts, pour vaincre totalement la puissance du mal et de la mort, et nous permettre de partager sa vie, dans tout son éclat.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là !

40 Jésus dit aux disciples : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? » 

C’est au tour de Jésus de faire des reproches à ses disciples… Mais ! c’est normal qu’ils aient eu peur, au milieu d’une tempête ! Qu’auraient-ils dû faire ? Aller se coucher, comme Jésus ? laisser Jésus dormir ? le réveiller, mais autrement ?

De quelle peur parle Jésus : la peur face à la tempête, ou la peur que Jésus les abandonne ? Après tout, leur reproche, c’était que Jésus ne s’intéressait pas à eux.

41 Mais ils éprouvèrent une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres : « Qui est donc celui-ci, pour que même le vent et les flots lui obéissent ? »

Les disciples écoutent à peine Jésus, ils sont encore tétanisés de ce qu’ils viennent de voir : Jésus a grondé le vent, et la tempête s’est calmée, comme un enfant. Les disciples ont presque plus peur après que pendant la tempête. La tempête, c’est grave, mais on connaît. Un homme qui maîtrise la tempête, ça, c’est fou. Les disciples commencent à comprendre ce qu’on a vu tout à l’heure : leur maître est aussi maître de la nature, Jésus est plus qu’un homme, il a l’autorité du Créateur…

Et pour nous, dans nos tempêtes ?

Ce qui s’est passé dans cette tempête nous rejoint, nous, lorsque nous sommes ballottés par le vent, individuellement ou collectivement.

  • Reconnaître que Jésus est présent

Un premier encouragement, c’est que dans les pires situations, quand nous sommes en panique, Dieu/Jésus/ n’est pas absent. Même si on a l’impression qu’il dort, parce qu’on ne le voit pas en train d’agir, Dieu n’est pas absent, il est avec nous dans la barque. Lorsque les vagues montent, et notre peur avec, rappelons-nous que nous ne sommes pas seuls – Dieu est avec nous dans la barque.

  • Un Dieu inclassable

Mais Jésus/ Dieu/ n’est pas là où on l’attend, et il est là où on ne l’attend pas. Il dort,  minimum du minimum, et puis, il arrête la tempête, maximum du maximum. Les disciples attendaient une solution médiane, de l’intérêt, un petit coup de main, des mots d’encouragement… Mais Jésus est complètement décalé par rapport à leur attente.

Notre Dieu est hors cadre, il est inclassable. Il sort de nos définitions, il déborde de nos stratégies, avec un autre processus de résolution des problèmes. Lui, il est à un autre niveau, et il agit à un autre niveau, avec un autre rythme ! Et même si nous ne comprenons pas bien, il est proche de nous, et il est efficace.

  • Nous tourner vers lui… avec foi !

Alors, à quoi pourrait ressembler la foi dans la tempête ? Jésus n’a pas répondu, alors je me risque à une suggestion…

Reconnaître la réalité de ce qui se passe. Jésus ne nie pas la réalité ! Réveillé, il ne se retourne pas sur son coussin en disant : « laissez-moi, tranquille, c’est dans votre tête ! » Non, le problème est réel : il se lève et il le règle. Avoir la foi ne nous empêche pas de reconnaître ce qui se passe, dans toute son ampleur, ni même d’avoir peur si c’est effrayant !

Mais face à cette réalité, nous pouvons crier à Dieu. « réveiller Jésus » C’est la prière ! On peut appeler Dieu à l’aide parce qu’on a peur – si ça ce n’est pas de la foi ?! Croire que Dieu peut nous délivrer !

On peut même, voyez dans les psaumes, crier à Dieu notre ressenti, nos inquiétudes, notre lassitude (j’en peux plus…), nos questions (pourquoi tu ne fais rien ?…), notre désarroi (je ne comprends pas…) En nous rappelant que Dieu est bien plus grand, et plus aimant, que ce que nous imaginons.

L’écart avec les disciples est minime mais toute la différence est là : ils n’ont pas appelé Jésus à l’aide ! Ils ont cru qu’il les laissait tomber.

Et pourtant, malgré leur manque de foi, Jésus les a délivrés ! Alors, dans la tempête, tournez-vous vers Dieu, priez, criez à lui – allez-y, même si vous priez « mal » ou que votre foi défaille, Dieu, le Dieu tout-puissant, le Dieu tout proche qui nous aime, le Dieu que révèle Jésus, ce Dieu-là ne vous abandonnera pas !

Artisans de paix

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J’ai commencé ce parcours de quatre prédications sur le thème de la paix de Dieu parce que, dans le contexte troublé que nous connaissons, j’avais le sentiment que nous en avions besoin… avec le tumulte, voire la cacophonie ambiante. Et je n’ai pas l’impression que ça ait beaucoup changé. Nous avons plus que jamais besoin de la paix de Dieu !

Une paix que le Christ nous donne et qu’il garantit par sa présence à nos côtés à chaque instant, une paix qui dépasse toutes circonstances et toutes nos capacités de réfléchir et de penser, une paix qui trouve son origine dans la réconciliation avec Dieu : la paix de Dieu découle de la paix avec Dieu…

Pour terminer cette mini-série, il m’a semblé naturel de réfléchir à la paix que nous sommes appelés à donner. Avec la conviction que c’est en recevant la paix de Dieu que nous pouvons aussi donner la paix autour de nous. Il y a une béatitude de Jésus qui l’exprime avec force :

Matthieu 5.9
9 Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés enfants de Dieu !

Les béatitudes ouvrent le Sermon sur la Montagne. Elles constituent comme une charte du Royaume de Dieu, la description d’un idéal pour le croyant. Elle contient des formules parfois étonnantes (“Heureux les humbles de coeur…”), voire paradoxales (“Heureux ceux qui pleurent… Heureux ceux qu’on persécute…”). Mais elles se terminent toujours par une promesse, avec toujours la même structure : “Heureux… car…”

Matthieu 5.9
9 Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés enfants de Dieu !

Cette septième béatitude, sur laquelle nous allons nous arrêter ce matin, nous parle de la paix. Pour la comprendre et l’appliquer à notre vie, je propose des éléments de réponse à trois questions à propos des “artisans de paix” :

  • Qu’est-ce qu’un artisan de paix ?
  • Pourquoi seront-ils appelés enfants de Dieu ?
  • En quoi sont-ils heureux ?

 

Qu’est-ce qu’un artisan de paix ?

Le terme grec utilisé ici (eirênepoioi) ne se trouve pas ailleurs dans la Bible. C’est un terme composé qui vient de eirêne, la paix et du verbe poieô, faire. Il est traduit de différentes façon dans les versions françaises :

  • Segond : “ceux qui procurent la paix”
  • TOB : “ceux qui font oeuvre de paix”
  • Semeur : “ceux qui répandent la paix autour d’eux”
  • Parole de Vie : “ceux qui font la paix autour d’eux”
  • Nouvelle Bible Segond et Nouvelle Français Courant : “les artisans de paix”

C’est sans doute cette dernière traduction que je préfère. Elle exprime bien le fait que la paix n’est pas quelque chose qu’on donne comme ça, sans que ça nous coûte ou sans que ça demande du travail. Au contraire, la paix, ça se fabrique, ça se façonne, et ça demande du temps. Comme le travail d’un artisan. On peut même comparer la paix à un objet artisanal : c’est une pièce unique ! Elle doit trouver sa forme adaptée à chaque situation. Il n’y a pas de moule universel de la paix !

Un artisan de paix, c’est quelqu’un qui sait mettre à profit son expérience, son savoir-faire, et qui sait prendre le temps qu’il faut pour façonner la paix qui convient à une relation, dans un groupe de personnes, dans une situation conflictuelle…

Si la paix se façonne et se construit, c’est qu’elle n’est pas simplement l’absence de quelque chose. Elle doit être quelque chose en plus. La paix, ce n’est pas seulement l’absence de conflit, c’est la réconciliation. Ce n’est pas seulement l’absence de rancune, c’est le pardon. La paix, c’est la plénitude d’une relation restaurée. D’ailleurs le mot hébreu shalom qu’on traduit habituellement par paix évoque cette idée de plénitude.

C’est pourquoi la paix parfaite est celle qui découle de la plénitude de la présence de Dieu dans notre vie… Les artisans de paix sont ceux qui savent apporter un peu de cette plénitude à ceux qu’ils côtoient.

 

Pourquoi seront-ils appelés enfants de Dieu ?

Le premier artisan de paix, c’est Dieu lui-même. Toute l’histoire biblique témoigne de ce long travail de Dieu pour restaurer la paix brisée avec ses créatures, avec son peuple. Un véritable travail d’artisan, adapté parfaitement à la situation. Il a mis les mains dans le cambouis par l’incarnation, en devenant humain ! L’oeuvre de paix de Dieu a atteint sa plénitude dans la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ, une oeuvre de salut, de pardon, de réconciliation.

Celui qui est artisan de paix au nom du Christ montre qu’il a appris de l’exemple suprême. Il sera appelé enfant de Dieu parce qu’il aura agi comme son Père.

La question qu’on peut se poser, du coup, est la suivante : N’y a-t-il que les chrétiens qui puissent être artisans de paix ? Non ! Certainement pas ! On sait très bien que ce n’est pas le cas. Mais, en tenant compte de cette béatitude de Jésus, ne pourrait-on pas dire alors que ceux qui sont artisans de paix, sans être croyant, agissent en enfant de Dieu sans le savoir ? Ils agissent conformément à l’image de leur Créateur, inscrite en eux.

Le croyant, lui, est enfant de Dieu non seulement par le fait qu’il est créé à l’image de Dieu mais aussi par adoption, par sa foi en Jésus-Christ. Alors si les artisans de paix seront appelés enfants de Dieu, ceux qui sont enfants de Dieu sont aussi appelés aujourd’hui à être artisans de paix ! Il faut être cohérent… Ce n’est pas une option, c’est lié à notre identité d’enfant de Dieu.

C’est pour cela, par exemple, que l’apôtre Paul est si sévère dans ses lettres envers ceux qui amènent le trouble et la division dans les Eglises. Si les enfants de Dieu ne sont pas des artisans de paix mais des fauteurs de trouble, quelle image de Dieu cela renvoie-t-il ?

 

En quoi sont-ils heureux ?

Mais il ne faut pas oublier que notre texte de ce matin est une béatitude : Jésus dit des artisans de paix qu’il sont heureux !

Il suffit de lire l’ensemble des béatitudes pour comprendre que Jésus n’est pas en train de dire qu’ils auront une vie facile, sans difficulté, en étant toujours dans la joie : dans les paroles de Jésus, sont heureux aussi ceux qui pleurent et même ceux qui sont persécutés à cause de leur foi…

Il me semble qu’être heureux, selon les béatitudes, c’est d’abord être en accord avec la volonté de Dieu. En témoignent les promesses associées à chacune des béatitudes et qui expriment l’approbation de Dieu. Ils sont heureux, les artisans de paix, parce qu’il font l’oeuvre du Dieu d’amour et de paix. Ils sont heureux parce qu’ils recevront l’approbation de leur Créateur.

Du coup, être heureux, c’est aussi être en paix avec soi-même, en vivant en accord avec ce que nous sommes, des créatures faites à l’image de Dieu. Ils sont donc heureux les artisans de paix parce qu’ils se conduisent en accord avec cette image de Dieu inscrite au plus profond d’eux. Le Seigneur est un Dieu de paix : nous sommes faits pour la paix et non le conflit. Ils sont heureux, les artisans de paix, parce que la haine, la rancune ou la jalousie sont des émotions délétères qui nous détruisent à petit feu.

 

Conclusion

La paix que Jésus donne, la paix de Dieu, la paix avec Dieu… le parcours aurait été incomplet si nous nous étions arrêtés là. Car cette paix de Dieu, qui fait de nous pleinement ses enfants, nous responsabilise. Nous ne pouvons pas seulement la recevoir, même si elle nous est largement accordée par Dieu. Nous devons aussi la donner autour de nous. Nous sommes appelés à être des artisans de paix.

C’est ainsi que nous serons vraiment, par notre conduite, des enfants de Dieu. Et alors nous serons heureux. Heureux d’accomplir la volonté de Dieu. Heureux de manifester un peu de l’amour et la paix de Dieu que nous avons reçues à notre prochain. Heureux d’accomplir notre vocation d’hommes et de femmes créés à l’image de Dieu, des artisans de paix au nom du Dieu de paix.

Nous serons heureux et en paix. Aujourd’hui et pour l’éternité.

La paix avec Dieu

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Dans les deux premières prédications de notre mini-série, nous avons évoqué la paix de Dieu. Celle que le Christ donne à ses disciples juste avant de les quitter, une paix que nul autre ne peut donner. Celle qui découle de notre communion avec Dieu, une paix qui dépasse toute intelligence.

Ce matin, je propose que nous nous arrêtions sur un autre aspect de la paix de Dieu, à partir d’une formule utilisée par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains où il parle non pas de la paix de Dieu mais de la paix avec Dieu.

Qu’est-ce que la paix avec Dieu ? Est-ce que ça signifie que nous sommes en conflit avec lui ? Est-ce que nous devons faire la paix avec Dieu ? Qu’est-ce que ça change pour nous, aujourd’hui, d’être en paix avec Dieu ?

Le texte que nous allons lire se situe après une présentation détaillée du plan de salut de Dieu pour l’humanité, partant de la réalité universelle du péché, le mal présent en chacun de nous, jusqu’à la mort du Christ sur la croix à notre place, dont nous recevons les bienfaits par la foi.

Romains 5.1-11
1 Ainsi, nous avons été reconnus justes par la foi et nous sommes maintenant en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. 2 Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu. 3 Bien plus, nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, 4 que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance. 5 Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par l’Esprit saint qu’il nous a donné.
6 En effet, quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable. 7 Déjà qu’on accepterait difficilement de mourir pour quelqu’un de droit ! Quelqu’un aurait peut-être le courage de mourir pour une personne de bien. 8 Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. 9 Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes ; à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. 10 Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils. À plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par la vie de son Fils. 11 Il y a plus encore : nous mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, grâce auquel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu.

Paul se place à deux niveaux dans son argumentation. Il y a le niveau théologique global et le niveau plus personnel, de l’ordre de l’appropriation.

 

L’humanité ennemie de Dieu

Le niveau théologique global évoque les relations entre l’humanité en général et Dieu. Il parle d’une rupture fondamentale, celle que relatent les premiers chapitres de la Genèse, où l’humanité s’est coupée de son Créateur, voulant devenir son propre dieu. C’est l’épisode du jardin d’Eden, avec la tentation du serpent qui incite Adam et Eve à manger du fruit de la connaissance du bien et du mal. C’est une prétention à l’autonomie sans Dieu. Dans la suite de son argumentation, à partir du verset 12, Paul va développer ce lien fondamental au péché d’Adam. Mais cette rupture fondamentale, c’est aussi l’épisode du Déluge, qui survient alors que l’humanité s’enfonce de plus en plus dans le mal, n’en faisant qu’à sa tête. C’est enfin l’épisode de la tour de Babel, lorsque les humains ont voulu construire une tour “qui touche les cieux”, s’élevant jusqu’à la place de Dieu. Il y a bien-sûr une dimension symbolique à ces récits qui répètent d’une certaine façon le même schéma, témoignant du fait que la rupture de l’humanité avec son Créateur est bel et bien profondément ancrée en elle.

C’est en cela que l’humanité est “ennemie de Dieu” (cf. v.10). Elle s’est coupée elle-même de son Créateur. Cette rupture fondamentale continue à se manifester, de multiples manières, dans l’histoire de l’humanité, jusqu’à aujourd’hui : on la voit dans les régimes totalitaires, dans les violences et les oppressions systémiques de tous ordres et leurs conséquences sociales, économiques, environnementales… L’humanité “ennemie de Dieu” change de visage au cours de l’histoire mais elle demeure bien réelle.

La réponse de Dieu a été d’envoyer son Fils, Jésus-Christ, pour prendre l’initiative de la réconciliation : “quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable.” (v.6) Et Paul souligne la pure miséricorde de Dieu dans cet acte, sa grâce : ”Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.” (v.8)

C’est le mystère de la croix, par lequel Jésus-Christ meurt, à notre place, victime de l’humanité “ennemie de Dieu”. Il meurt, lui le juste, pour nous injustes : “Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes… Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils.” (v.9-10).

Voilà l’argumentation théologique globale de l’apôtre Paul dans notre passage.

 

Faire la paix avec Dieu

Mais il y a aussi un niveau plus personnel dans l’argumentation de l’apôtre, qui est de l’ordre de l’appropriation. C’est l’usage du “nous” dans tout ce texte. Paul aurait pu dire la même chose de manière impersonnelle, en parlant de l’humanité ou même des croyants. En disant “Nous sommes maintenant en paix avec Dieu”, ou “Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui”, il rend sa démonstration éminemment personnelle, appelant ses lecteurs à s’inclure dans ce “nous”. Il nous invite à vivre personnellement ce chemin de réconciliation avec Dieu.

La question de la paix avec Dieu n’est pas seulement entre l’humanité et Dieu, c’est entre chacun de nous et notre Créateur. Il s’agit de prendre conscience que nous avons tous besoin de faire la paix avec Dieu.

Et pas seulement si nous sommes des athées convaincus, en guerre ouverte contre Dieu. Là, c’est évident… Faire la paix avec Dieu, pour le non-croyant, c’est choisir le chemin de la foi. C’est renouer le contact perdu avec son Créateur en répondant à l’initiative prise par Dieu en Jésus-Christ. Ce n’est que le début du chemin mais c’est l’étape décisive de la réconciliation avec Dieu.

Mais parce que ce n’est que le début du chemin, le croyant devra aussi parfois refaire la paix avec Dieu. Pas forcément parce qu’il sera en conflit ouvert avec lui… Mais par exemple, lorsque, consciemment ou non, nous tenons Dieu pour responsable de malheurs qui nous arrivent, lorsque, d’une manière ou d’une autre, nous lui en voulons. Ou lorsque, sans forcément toujours nous en rendre compte, nous menons notre barque sans lui, quand finalement nous décidons tout seul de ce qui est bien ou mal…

C’est alors que nous nous sommes laissés à nouveau embarqués par l’humanité ennemie de Dieu, dont il reste toujours quelque chose au fond de nous-mêmes. C’est ce que Paul appelle ailleurs le “vieil homme” dont il faut sans cesse se débarrasser. C’est Luther qui disait : “J’ai voulu noyer le vieil homme, mais le bougre sait nager !”

Refaire la paix avec Dieu, pour le croyant, c’est retrouver le chemin de la confiance et de l’abandon à Dieu.

 

L’impact de la paix avec Dieu

L’apôtre Paul évoque enfin l’impact personnel de cette paix retrouvée avec Dieu. C’est là que la paix avec Dieu rejoint la paix de Dieu… car elle procure une force incroyable au quotidien. D’abord parce qu’elle nous donne une espérance, celle de la gloire : “Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu.” (v.2)

Et c’est une perspective qui change tout ! Quelles que soient les circonstances de notre vie, quoi qu’il nous arrive, nous savons que notre horizon ne s’arrête pas à cette vie ici et maintenant. Il s’étend jusque dans l’éternité. Rien ni personne ne peut nous ôter cela !

Concrètement, cette espérance change notre regard sur les épreuves de la vie. C’est ce que l‘apôtre exprime dans l’enchaînement étonnant des versets 3-4, qui commence par une affirmation paradoxale : “nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance.”

On n’est pas du tout ici dans une forme de masochisme spirituel où le croyant se réjouirait de ses épreuves et de ses détresses. On est plutôt dans l’affirmation d’une paix qui permet d’aborder les épreuves d’une façon différente, de voir au-delà des détresses. Parce que nous savons que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! Plus encore, dans nos détresses elles-mêmes, Dieu peut changer le mal en bien, parce qu’au bout de la chaîne, il y a l’espérance !

 

Conclusion

En somme, être en paix avec Dieu, c’est être aussi en paix avec soi-même, et trouver la paix même dans l’épreuve. Parce que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! La paix avec Dieu nous procure la paix de Dieu, cette paix que nul autre ne peut nous donner, une paix qui dépasse toute intelligence.

Une paix qui dépasse toute intelligence

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La semaine dernière, nous avons évoqué la paix que le Christ laisse à ses disciples peu de temps avant de les quitter, une paix qui découle de sa présence auprès d’eux, auprès de nous et en nous par son Esprit. C’est une paix que nul autre ne peut nous donner ! Ce matin, je vous propose de nous arrêter sur un autre aspect de la paix de Dieu, que l’apôtre Paul évoque dans son exhortation aux chrétiens de Philippe.

Les deux versets que nous allons lire font partie des différentes recommandations que l’apôtre adresse à ses lecteurs, à l’issue de sa lettre. Le contexte n’est pas facile, tant pour Paul que pour ses lecteurs. L’apôtre est en prison lorsqu’il écrit sa lettre. Et les chrétiens de Philippe font face eux-mêmes à des difficultés. Paul les considère comme ses partenaires dans la lutte pour la propagation de la Bonne Nouvelle du Christ. Car elle progresse, malgré les oppositions.

Dans un tel contexte, qui peut être source de craintes et d’inquiétudes, au coeur de ses exhortations, l’apôtre Paul adresse un appel à ses lecteurs, avec une promesse, celle de la paix de Dieu :

Philippiens 4.6-7
6 Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant. 7 Et la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.

 

Une paix qui dépasse toute intelligence

Intéressons-nous d’abord à la formule originale utilisée par Paul au verset 7 : “la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence”. Qu’est-ce que ça signifie exactement ? De quelle intelligence parle-t-on ?

C’est le terme grec noûs qui est utilisé ici. Un terme qu’on peut traduire avec plusieurs termes en français : l’esprit, la pensée, la raison, l’intellect… En fait, on peut dire que le terme désigne notre faculté de penser.

Paul affirme donc que la paix de Dieu dépasse notre faculté de penser. Est-ce à dire que c’est une paix qui n’a rien à voir avec l’intelligence ? Une paix irrationnelle, qui ne s’explique pas ? Il me semble que c’est plutôt une paix qui surpasse les limites de notre intelligence.

Car, il faut le dire, notre intelligence peut nous procurer une certaine paix. Face à une situation de stress ou d’inquiétude, on peut se raisonner, analyser le problème. On peut mettre à profit notre expérience, nos connaissances, faire preuve de sagesse. Et cela peut suffire à nous procurer la paix, lorsqu’on comprend, ou qu’on maîtrise la situation.

Dieu nous a donné une intelligence et nous appelle à faire preuve de bon sens. Cela suffit à nous procurer la paix dans un certain nombre de cas. Ce n’est pas parce qu’on est croyant qu’on est obligé de vivre toujours dans l’irrationnel !

Mais il y a des circonstances qui échappent à notre compréhension et notre sagesse, des situations qu’on ne maîtrise pas du tout, qui nous dépasse, où on se sent complètement démuni… C’est alors que la paix de Dieu est si importante, elle qui surpasse toutes nos facultés intellectuelles.

La paix de Dieu va au-delà de notre sagesse et notre bon sens. Elle nous est accordée même lorsque notre intelligence ne peut nous procurer aucune paix. Même quand, humainement, il ne semble y avoir aucune issue favorable possible, le croyant peut être rempli de la paix de Dieu. De nombreux exemples peuvent être cités, hier et aujourd’hui, pour des croyants face à la persécution, dans le creuset de l’épreuve ou au cœur de la maladie. Alors que tout semble perdu humainement, ils font preuve d’un calme, d’une confiance et d’une paix incroyables. Cette paix-là est d’ailleurs parfois un témoignage plus fort et parlant qu’un miracle. En fait, elle est un miracle… parce qu’elle est l’effet direct de l’oeuvre de Dieu.

 

La paix dans l’union avec Jésus-Christ

Arrêtons-nous maintenant sur la suite de l’exhortation de l’apôtre Paul, qui permet de préciser ce qu’est cette paix de Dieu qu’il promet. Relisons l’ensemble du verset 7 : “la paix de Dieu, qui dépasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées unis avec Jésus Christ.”

Le fruit de la paix de Dieu chez le croyant, c’est de garder son coeur et ses pensées unis avec Jésus-Christ. Le coeur et les pensées, ce sont différentes dimensions de notre être intérieur. Le coeur, c’est plutôt le siège de la volonté, de nos intentions et de nos motivations. Les pensées (le terme grec est apparenté à noûs) sont le fruit de notre intellect, nos réflexions, nos préoccupations…

Les soucis, les inquiétudes, les préoccupations peuvent altérer notre paix intérieure. Mais pour le croyant que nous sommes, ils peuvent aussi facilement nous éloigner du Christ, nous faire oublier sa présence, nous donner l’impression de ne plus la ressentir. Absorbés que nous sommes par les soucis et l’inquiétude, on peut en venir à oublier la présence du Christ à nos côtés…

Or la paix de Dieu garde nos coeurs et nos pensées unis avec Jésus-Christ. On pourrait même dire qu’on a ici une sorte de définition de la paix pour le chrétien : c’est avoir son coeur et ses pensées unis avec Jésus-Christ. Être en harmonie avec le Christ. Se reposer en lui.

On pourrait appeler cela le cercle vertueux de la paix de Dieu. Elle garde notre coeur et nos pensées unis au Christ, et le fait de garder notre coeur et nos pensées unis au Christ nous procure la paix en toutes circonstances !

 

Le rôle de la prière

Si on revient un peu en arrière dans l’exhortation de Paul, on constate qu’il y a un rôle spécifique de la prière pour recevoir la paix de Dieu. C’est le verset 6 : “Ne vous inquiétez de rien, mais en toute circonstance demandez à Dieu dans la prière ce dont vous avez besoin, et faites-le avec un cœur reconnaissant.”

Il s’agit donc, en toutes circonstances, de demander à Dieu ce dont nous avons besoin, et de le faire avec un coeur reconnaissant.

Ca ne veut pas dire que Dieu nous donnera automatiquement tout ce que nous lui demanderons. L’apôtre Paul n’est pas en train de nous donner un truc infaillible pour obtenir de Dieu tout ce qu’on veut ! L’idée de cette exhortation est qu’en demandant à Dieu tout ce dont nous avons besoin, nous lui exprimons notre attente, notre confiance, nous reconnaissons que nous dépendons de lui.

Le faire avec un coeur reconnaissant, c’est justement le faire dans la confiance que Dieu répondra selon nos besoins, qu’il prendra soin de nous. Ici encore, ce n’est pas une formule magique. Comme s’il suffisait de dire merci par avance pour avoir ce qu’on demande. Vous savez que certains l’ont compris comme ça ! Ce n’est plus de la reconnaissance, c’est une tentative de manipulation… et une sacrée preuve d’immaturité chrétienne !

Il ne faut pas oublier que ce que Dieu promet en réponse à nos prières, dans cette exhortation de l’apôtre, ce n’est pas forcément ce qu’on lui demande mais c’est toujours sa paix. Notre texte dit : “Demandez à Dieu tout ce dont vous avez besoin… et il vous donnera sa paix.” Que l’on obtienne ou non ce que nous avions demandé, Dieu promet de nous donner sa paix.

 

Conclusion

Je nous invite ce matin à entrer dans le cercle vertueux de la paix de Dieu ! Gardons notre coeur et nos pensées unis au Christ pour recevoir la paix de Dieu, cette paix qui elle-même gardera notre coeur et nos pensées unis au Christ !

Ce cercle vertueux nous gardera en paix, quelles que soient les circonstances de notre vie, quelles que soient les menaces ou le tumulte qui nous entoure.