La paix avec Dieu

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Dans les deux premières prédications de notre mini-série, nous avons évoqué la paix de Dieu. Celle que le Christ donne à ses disciples juste avant de les quitter, une paix que nul autre ne peut donner. Celle qui découle de notre communion avec Dieu, une paix qui dépasse toute intelligence.

Ce matin, je propose que nous nous arrêtions sur un autre aspect de la paix de Dieu, à partir d’une formule utilisée par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains où il parle non pas de la paix de Dieu mais de la paix avec Dieu.

Qu’est-ce que la paix avec Dieu ? Est-ce que ça signifie que nous sommes en conflit avec lui ? Est-ce que nous devons faire la paix avec Dieu ? Qu’est-ce que ça change pour nous, aujourd’hui, d’être en paix avec Dieu ?

Le texte que nous allons lire se situe après une présentation détaillée du plan de salut de Dieu pour l’humanité, partant de la réalité universelle du péché, le mal présent en chacun de nous, jusqu’à la mort du Christ sur la croix à notre place, dont nous recevons les bienfaits par la foi.

Romains 5.1-11
1 Ainsi, nous avons été reconnus justes par la foi et nous sommes maintenant en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. 2 Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu. 3 Bien plus, nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, 4 que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance. 5 Cette espérance ne nous déçoit pas, car Dieu a répandu son amour dans nos cœurs par l’Esprit saint qu’il nous a donné.
6 En effet, quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable. 7 Déjà qu’on accepterait difficilement de mourir pour quelqu’un de droit ! Quelqu’un aurait peut-être le courage de mourir pour une personne de bien. 8 Mais Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs. 9 Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes ; à plus forte raison serons-nous sauvés par lui de la colère de Dieu. 10 Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils. À plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par la vie de son Fils. 11 Il y a plus encore : nous mettons notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, grâce auquel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu.

Paul se place à deux niveaux dans son argumentation. Il y a le niveau théologique global et le niveau plus personnel, de l’ordre de l’appropriation.

 

L’humanité ennemie de Dieu

Le niveau théologique global évoque les relations entre l’humanité en général et Dieu. Il parle d’une rupture fondamentale, celle que relatent les premiers chapitres de la Genèse, où l’humanité s’est coupée de son Créateur, voulant devenir son propre dieu. C’est l’épisode du jardin d’Eden, avec la tentation du serpent qui incite Adam et Eve à manger du fruit de la connaissance du bien et du mal. C’est une prétention à l’autonomie sans Dieu. Dans la suite de son argumentation, à partir du verset 12, Paul va développer ce lien fondamental au péché d’Adam. Mais cette rupture fondamentale, c’est aussi l’épisode du Déluge, qui survient alors que l’humanité s’enfonce de plus en plus dans le mal, n’en faisant qu’à sa tête. C’est enfin l’épisode de la tour de Babel, lorsque les humains ont voulu construire une tour “qui touche les cieux”, s’élevant jusqu’à la place de Dieu. Il y a bien-sûr une dimension symbolique à ces récits qui répètent d’une certaine façon le même schéma, témoignant du fait que la rupture de l’humanité avec son Créateur est bel et bien profondément ancrée en elle.

C’est en cela que l’humanité est “ennemie de Dieu” (cf. v.10). Elle s’est coupée elle-même de son Créateur. Cette rupture fondamentale continue à se manifester, de multiples manières, dans l’histoire de l’humanité, jusqu’à aujourd’hui : on la voit dans les régimes totalitaires, dans les violences et les oppressions systémiques de tous ordres et leurs conséquences sociales, économiques, environnementales… L’humanité “ennemie de Dieu” change de visage au cours de l’histoire mais elle demeure bien réelle.

La réponse de Dieu a été d’envoyer son Fils, Jésus-Christ, pour prendre l’initiative de la réconciliation : “quand nous étions encore sans force, le Christ est mort pour les pécheurs au moment favorable.” (v.6) Et Paul souligne la pure miséricorde de Dieu dans cet acte, sa grâce : ”Dieu nous a prouvé à quel point il nous aime : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs.” (v.8)

C’est le mystère de la croix, par lequel Jésus-Christ meurt, à notre place, victime de l’humanité “ennemie de Dieu”. Il meurt, lui le juste, pour nous injustes : “Par le don de sa vie, nous sommes maintenant reconnus justes… Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils.” (v.9-10).

Voilà l’argumentation théologique globale de l’apôtre Paul dans notre passage.

 

Faire la paix avec Dieu

Mais il y a aussi un niveau plus personnel dans l’argumentation de l’apôtre, qui est de l’ordre de l’appropriation. C’est l’usage du “nous” dans tout ce texte. Paul aurait pu dire la même chose de manière impersonnelle, en parlant de l’humanité ou même des croyants. En disant “Nous sommes maintenant en paix avec Dieu”, ou “Nous étions les ennemis de Dieu, mais il nous a réconciliés avec lui”, il rend sa démonstration éminemment personnelle, appelant ses lecteurs à s’inclure dans ce “nous”. Il nous invite à vivre personnellement ce chemin de réconciliation avec Dieu.

La question de la paix avec Dieu n’est pas seulement entre l’humanité et Dieu, c’est entre chacun de nous et notre Créateur. Il s’agit de prendre conscience que nous avons tous besoin de faire la paix avec Dieu.

Et pas seulement si nous sommes des athées convaincus, en guerre ouverte contre Dieu. Là, c’est évident… Faire la paix avec Dieu, pour le non-croyant, c’est choisir le chemin de la foi. C’est renouer le contact perdu avec son Créateur en répondant à l’initiative prise par Dieu en Jésus-Christ. Ce n’est que le début du chemin mais c’est l’étape décisive de la réconciliation avec Dieu.

Mais parce que ce n’est que le début du chemin, le croyant devra aussi parfois refaire la paix avec Dieu. Pas forcément parce qu’il sera en conflit ouvert avec lui… Mais par exemple, lorsque, consciemment ou non, nous tenons Dieu pour responsable de malheurs qui nous arrivent, lorsque, d’une manière ou d’une autre, nous lui en voulons. Ou lorsque, sans forcément toujours nous en rendre compte, nous menons notre barque sans lui, quand finalement nous décidons tout seul de ce qui est bien ou mal…

C’est alors que nous nous sommes laissés à nouveau embarqués par l’humanité ennemie de Dieu, dont il reste toujours quelque chose au fond de nous-mêmes. C’est ce que Paul appelle ailleurs le “vieil homme” dont il faut sans cesse se débarrasser. C’est Luther qui disait : “J’ai voulu noyer le vieil homme, mais le bougre sait nager !”

Refaire la paix avec Dieu, pour le croyant, c’est retrouver le chemin de la confiance et de l’abandon à Dieu.

 

L’impact de la paix avec Dieu

L’apôtre Paul évoque enfin l’impact personnel de cette paix retrouvée avec Dieu. C’est là que la paix avec Dieu rejoint la paix de Dieu… car elle procure une force incroyable au quotidien. D’abord parce qu’elle nous donne une espérance, celle de la gloire : “Par Jésus nous avons, par la foi, eu accès à la grâce de Dieu en laquelle nous demeurons fermement. Et nous mettons notre fierté dans l’espoir d’avoir part à la gloire de Dieu.” (v.2)

Et c’est une perspective qui change tout ! Quelles que soient les circonstances de notre vie, quoi qu’il nous arrive, nous savons que notre horizon ne s’arrête pas à cette vie ici et maintenant. Il s’étend jusque dans l’éternité. Rien ni personne ne peut nous ôter cela !

Concrètement, cette espérance change notre regard sur les épreuves de la vie. C’est ce que l‘apôtre exprime dans l’enchaînement étonnant des versets 3-4, qui commence par une affirmation paradoxale : “nous mettons notre fierté même dans nos détresses, car nous savons que la détresse produit la persévérance, que la persévérance produit le courage dans l’épreuve et que le courage produit l’espérance.”

On n’est pas du tout ici dans une forme de masochisme spirituel où le croyant se réjouirait de ses épreuves et de ses détresses. On est plutôt dans l’affirmation d’une paix qui permet d’aborder les épreuves d’une façon différente, de voir au-delà des détresses. Parce que nous savons que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! Plus encore, dans nos détresses elles-mêmes, Dieu peut changer le mal en bien, parce qu’au bout de la chaîne, il y a l’espérance !

 

Conclusion

En somme, être en paix avec Dieu, c’est être aussi en paix avec soi-même, et trouver la paix même dans l’épreuve. Parce que Dieu est de notre côté, quoi qu’il arrive ! La paix avec Dieu nous procure la paix de Dieu, cette paix que nul autre ne peut nous donner, une paix qui dépasse toute intelligence.

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