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Ecolo, à l’image de Dieu ?

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Lecture biblique : Genèse 1.24-31

La création de l’homme et de la femme apparaît comme le couronnement de l’oeuvre de Dieu. Les humains y ont un statut unique parmi les êtres vivants : ils sont créés à l’image de Dieu, appelés à dominer la création.

Pourtant, l’homme est bien la créature la plus meurtrière de ses semblables et la plus destructrice pour son environnement. Mais où est donc passée l’image de Dieu ?

Certes, notre monde n’est plus un monde idéal et parfait comme il apparaît à la fin du sixième jour de création lorsque Dieu voit son œuvre et dit que c’est une très bonne chose !. Le jardin d’Eden, c’est fini ! C’est vrai… Mais même pollué par le péché, le monde reste la création de Dieu. Même déformée, défigurée par le mal, l’image de Dieu demeure en tout être humain.

Ce texte a bien encore quelque chose à nous dire. Et si, finalement, il nous invitait à être écolo, à l’image de Dieu ?
1. L’image de Dieu

Il y a une insistance forte sur la création spécifique des humains, homme et femme, à l’image de Dieu :

Dieu dit : « Faisons les êtres humains à notre image, et qu’ils nous ressemblent vraiment ! » (v.26)

« Alors Dieu crée les humains à son image,
et ils sont vraiment à l’image de Dieu.
Il les crée homme et femme. » (v.27)

Même si l’expression garde sans doute une part de mystère, ses implications sont multiples, au niveau philosophique, théologique, anthropologique… Ce qui est certain, c’est qu’elle fait des humains des êtres à part parmi toutes les créatures. Aucune autre créature, pas même les anges, n’est décrite comme étant à l’image de Dieu !

Et ce statut unique demeure après l’apparition du péché. Après le déluge, lorsque Dieu fixe l’interdit absolu de tuer un humain, il le justifie par le fait qu’ils sont créés à l’image de Dieu :

« Celui qui fait couler le sang d’un être humain,
un autre humain fera couler son sang.
En effet, Dieu a créé les humains à son image. » (Genèse 9.6)

Tout être humain, quel qu’il soit, quoi qu’il ait fait… demeure à l’image de Dieu. Puissant ou faible, en bonne santé ou infirme, bon ou mauvais, tout être humain est à l’image de Dieu. Même si, dans certains cas, cette image est durement altérée, voire même défigurée au point d’en devenir monstrueuse…

Dans notre texte, l’image de Dieu s’exprime en particulier dans la mission spécifique que Dieu assigne à l’humanité et qui se résume en deux expressions : remplir la terre et dominer sur la création.
2. Remplir la terre

Cette mission, nous la partageons avec les autres animaux, qui habitent avec nous cette terre. Il est important de souligner que les humains sont d’abord liés aux autres créatures. Il n’y a pas de jour spécifique pour leur création. Dieu les fait le 6e jour, qui est aussi le jour de la création des animaux terrestres.

La formule de bénédiction que les humains reçoivent et l’ordre de se multiplier et de remplir la terre, les oiseaux et les poissons la reçoivent aussi, au 5e jour, pour remplir les mers et la terre.

La terre est notre maison commune avec toutes les autres créatures. Nous sommes solidaires de toute la création. Prendre soin de la terre et de toutes les créatures qui l’habitent, c’est aussi prendre soin de nous-mêmes. Nous faisons partie du même écosystème.

Il s’agit donc de remplir la terre pour l’habiter. Dans ce monde originel, il n’y a pas de frontières, pas de nations ou de peuples. Ils apparaissent plus tard dans l’histoire biblique, avec, souvent, les guerres qui vont avec… Et la perspective ultime, dans l’Apocalypse, est uà ln peuple innombrable, issu de tous les peuples rassemblés en un seul.

Il s’agit de remplir la terre pour la partager.. Car Dieu donne avec abondance : les arbres avec leurs fruits, les plantes avec leurs graines, l’herbe avec sa semence… Il y a abondance de ressources. Elles sont suffisantes pour tous… si on les partage. Et c’est vrai aujourd’hui encore !

3. Dominer sur la création

Contrairement à la précédente, cette mission est spécifique à l’humanité. Le verbe dominer n’est associé qu’aux humains dans le récit de la création. D’autres créatures sont bénies, d’autres reçoivent l’ordre de peupler la terre… mais seuls les humains doivent la dominer.

Il faut bien comprendre le sens de ce verbe ici. Il est utilisé dans la Bible pour désigner une relation de subordination, entre un roi et ses sujets ou un administrateur et ses employés par exemple. Il n’a pas de connotation négative et il peut être perçu positivement ou négativement selon les contextes.

Dans notre texte, la tâche de dominer sur la création est directement liée à l’idée d’image de Dieu. Dieu, le Créateur, a confié aux humains la tâche de le représenter sur terre, de gérer la Terre de manière responsable.

Le modèle de domination, c’est Dieu. Ce Dieu souverain et bon, patient, bienveillant, respectueux de la liberté de ses créatures.

On trouve une formule équivalente à cette mission dans le deuxième récit de création, où la terre est un jardin :

« Le SEIGNEUR Dieu prend l’homme et il le place dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. » (Genèse 2.15)

Cultiver ET garder. Les deux verbes sont nécessaires pour l’équilibre. Cultiver sans garder, c’est s’exposer au risque de surexploiter, de maltraiter et, à terme, de détruire le jardin. Garder sans cultiver, c’est sacraliser la terre, confondre le retour à la nature avec le retour à Dieu.

La création n’est pas sacrée. Comme si on ne pouvait pas y toucher. On est appelé à la cultiver. Mais parce qu’elle est l’oeuvre de Dieu, et parce que nous en faisons aussi nous-mêmes partie, nous devons aussi la garder, la préserver, en prendre soin.

Et c’est ici, dans cette mission spécifique, que les humains ont failli à leur responsabilité, notamment dans les dernières décennies. Avec la surexploitation des ressources naturelles, le gaspillage, le pillage des pays du Sud, la pollution, la maltraitance des animaux… Autant de façons de dominer la création sans respect, de façon égoïste et injuste.
Conclusion

Alors, devons-nous être écolo ? En tout cas, les préoccupations écologiques modernes peuvent entrer en écho avec la pensée biblique de la création. Le combat pour la préservation de la planète doit être un combat que nous soutenons en tant que chrétiens.

Il y a certes des enjeux internationaux sur lesquels nous n’avons pas d’emprise. Il convient alors de prier pour que les bonnes décisions soient prises par les autorités de nos pays. Mais on peut aussi s’interroger sur notre mode de vie, notamment en Occident : notre consommation, notre gaspillage, notre capacité ou non au partage…

Pour chacun de nous, c’est dans notre quotidien que nous sommes appelés à agir en tant que créatures à l’image de Dieu !

Une communauté chrétienne attirante

https://soundcloud.com/eel-toulouse/une-communaut-chr-tienne

Actes 2.42-47
42Régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l’enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble. 43Les apôtres font beaucoup de choses extraordinaires et étonnantes, et les gens sont frappés de cela. 44Tous les croyants sont unis et ils mettent en commun tout ce qu’ils ont. 45Ils vendent leurs propriétés et leurs objets de valeur, ils partagent l’argent entre tous, et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire. 46Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. 47Ils chantent la louange de Dieu, et tout le peuple les aime. Et chaque jour, le Seigneur ajoute à leur communauté ceux qui sont sauvés.

Nous sommes au lendemain de la Pentecôte. La première communauté chrétienne est tout feu tout flamme ! Il faut dire que le feu vient juste d’être allumé… C’est donc une Église au top de la vitalité ! Elle peut sans aucun doute nous inspirer aujourd’hui encore.

Or, qu’apprend-on de cette première communauté chrétienne ? Que faisait-elle ? Quatre éléments sont évoqués : l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain, les prières.

Dit comme ça, c’est un peu formel. On pourrait le comprendre ainsi : on écoute la prédication, on se rassemble pour le culte, on célèbre la Sainte-Cène et on va à la réunion de prière. Et ça vous donne envie, ça ?

La traduction Parole de Vie, en Français fondamental, est intéressante ici pour rafraîchir la perception de ce qui est dit : « Régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l’enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble. » (v.42)

C’est beaucoup plus vivant. On évoque une communauté qui vit ensemble, un peu comme une famille : ils vivent comme des frères et des sœurs. Et dans la famille, qu’est-ce qu’on fait ? On se rassemble autour des anciens, pour entendre leurs histoires. On passe du temps ensemble, on mange ensemble… et comme c’est une famille spirituelle, on prie ensemble. C’est vivant !

Ce qui me frappe dans ce descriptif, c’est le naturel et la simplicité. L’Église n’était pas encore structurée. Même le fait de vendre ses biens pour en partager le fruit entre tous semble spontané. Tout se passe naturellement, dans le quotidien : « Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. » (v.46).

L’essence de l’Église n’est pas dans ses structures mais dans ses relations. Une relation authentique avec le Christ. Des relations vraies les uns avec les autres. Et qu’est-ce que ça produit ? Une Église rayonnante. Le peuple les aime. Et chaque jour de nouvelles personnes s’ajoutent à la communauté.

Voici la leçon de ce texte : pour être une communauté chrétienne attirante, l’Église doit être une famille où règne l’amour fraternel

Aimez-vous les uns les autres !

Parmi les dernières instructions de Jésus à ses disciples, avant d’être arrêté, il leur a donné ce commandement : « Ayez de l’amour les uns pour les autres. Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. » (Jean 13.35).

Ce qui nous est décrit dans notre texte est en écho direct à ces paroles de Jésus. Il règne un véritable amour les uns pour les autres, et ça se voit de l’extérieur. Les gens voient qu’il se passe quelque chose dans cette communauté.

Dans le commandement de Jésus, il y a à la fois l’appel à l’amour les uns pour les autres et la promesse que cet amour sera, en lui-même, un témoignage pour le monde : « Alors tout le monde saura que vous êtes mes disciples. »

Mais pour cela, il faut que l’Église ne soit pas un bunker ou un camp retranché mais un lieu ouvert, une communauté visible. Pour que les gens voient quel amour nous anime. Il ne faut pas que cet amour s’exerce en vase clos mais qu’il s’exprime aussi envers l’extérieur. Et il faut surtout qu’il y ait un véritable amour entre nous !

Ce ne sont ni les bâtiments, ni les structures, ni l’histoire, la tradition ou la liturgie d’une Église qui sont déterminants. Mais l’authenticité de la foi, qui se traduit dans un amour vrai. L’expression concrète, dans nos relations, de l’amour de Dieu à l’oeuvre en nous. Ce sont les gens qui la composent qui rendront la communauté attirante… ou repoussante.

On ne choisit pas sa famille

Un autre aspect souligné dans notre texte c’est le caractère familial de l’amour évoqué. Ils vivaient ensemble comme des frères et des sœurs.

Qu’est-ce qui est à la base de l’amour fraternel ? C’est l’appartenance à une même famille. C’est d’ailleurs vrai pour toutes les familles, y compris les familles recomposées. On ne choisit pas ses frères et ses sœurs. On choisit ses amis, mais pas sa famille.

Mais on aimerait parfois que l’Église soit faite plutôt d’amis que de frères et sœurs… On choisit son Église, on choisit ceux qu’on va aimer dans l’Église, ceux qu’on va considérer comme nos frères et nos sœurs, et on oublie les autres.

Comment considère-t-on notre Église ? Comme un cercle d’amis chrétiens ? Comme un club d’adorateurs de Jésus-Christ ? Il y a des clubs de rugby, de jeux de société ou de tricot. Pourquoi pas l’Église comme club d’adorateurs de Jésus-Christ, juste rassemblés par un centre d’intérêt commun ?

Le Nouveau Testament nous invite à considérer l’Église, notre Église, comme une expression locale de la famille de Dieu. Unis par un même Père, notre Dieu. Frères et sœurs, tous adoptés, unis avec le seul Fils « naturel », Jésus-Christ. Ca n’exclut pas les affinités particulières, les amitiés avec certains et pas d’autres. Mais ça nous rappelle que notre unité ne naît pas de nos affinités mais de notre appartenance à Jésus-Christ !

C’est cette famille-là que formaient les premiers croyants à Jérusalem.

Plus qu’une Église du dimanche

Un dernier point à souligner se trouve dans le verset 46 « Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. »

Chaque jour… Vous me direz qu’il y avait sans doute l’enthousiasme du début et qu’il est difficile, et même impossible, aujourd’hui de faire la même chose, avec nos rythmes de vie, notre travail, notre vie de famille. Et vous avez raison !

Il n’empêche. Ce « chaque jour » nous interpelle. Sans aller jusque-là, avouons qu’on peut difficilement justifier bibliquement la pratique de « l’Église du dimanche » ! Comment être véritablement une famille spirituelle en ne se voyant, au mieux, qu’une fois par semaine pendant 1 heure 30 ou 2 heures ? C’est impossible.

Il faut, bien-sûr, trouver notre propre rythme, adapté à nos diverses obligations et notre réalité moderne. Mais on ne peut pas se contenter du minimum syndical : le culte du dimanche matin…

Trouvons des solutions pour que notre communion fraternelle s’étende au-delà du dimanche. Soyons créatifs, prenons des initiatives, profitons de ce qui existe, inventons d’autres choses.

Conclusion

J’aimerais revenir à l’impression globale produite par ce texte : sa spontanéité et son naturel. On n’est pas du tout dans la contrainte : il faut qu’on s’aime les uns les autres, et on se culpabilise parce qu’on ne le fait pas assez !

On n’y arrivera pas comme ça ! En réalité, c’est par le Saint-Esprit que les premiers chrétiens ont été amenés, naturellement, à vivre une réelle communion fraternelle. Et ainsi être un communauté attirante.

Si nous cultivons, chacun et ensemble, notre communion avec Dieu par le Saint-Esprit, alors notre communion fraternelle sera naturellement vivante. Et nous vivrons vraiment l’Église comme une une famille, une communauté bienfaisante. Ça doit être notre prière !

Une détermination à évangéliser

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Lecture biblique : Matthieu 28.16-20

Ce sont les dernières paroles de Jésus à ses disciples dans l’Évangile selon Matthieu. Non pas ses dernières paroles avant sa mort, puisqu’il est ressuscité ! Mais ses dernières paroles avant son ascension, avant de retourner auprès de son Père. Elles sont donc d’une importance particulière.

Tout est fait pour le souligner. Jésus a fixé un rendez-vous à ses disciples, sur une montagne, pour les leur transmettre. Et il commence avec une affirmation solennelle qui donne le ton : « J’ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre. »

Et puis viennent les exhortations : allez chez tous les peuples, baptisez-les, apprenez-leur à obéir à mes commandements… La tâche est si grande, elle ne peut pas concerner les seuls apôtres réunis alors sur cette montagne ! Elle concerne toute l’Église, l’ensemble des disciples de Jésus-Christ d’hier, aujourd’hui et demain.

Ces paroles résument en quelques mots la mission de l’Église. Le mandat que Jésus-Christ lui a confié. Un mandat qui, par sa formulation, fait écho à un autre mandat, celui que le Créateur avait donné à toute l’humanité en Genèse 1.28 :

« Ayez des enfants, devenez nombreux. Remplissez la terre et dominez-la. Commandez aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel et à tous les animaux qui se déplacent sur la terre. » 

L’humanité devait se multiplier et remplir la terre pour la dominer, c’est-à-dire y jouer son rôle de gestionnaire confié par Dieu. Ce mandat demeure, bien-sûr. Mais pour les disciples du Christ, un nouveau mandat vient s’ajouter, celui de remplir la terre… pour y faire des disciples du Christ.

Un mandat impératif

Premier élément à relever : c’est un commandement, pas une option. Jésus dit : « Allez ! » Il ne dit pas : « Ceux qui ont envie de le faire, allez-y ! », ou « ceux d’entre vous qui se sentent appelés à le faire, allez ! ». L’impératif est pour tous ! C’est le mandat de l’Église, et l’Église, c’est vous et moi.

Il est intéressant de remarquer que jusqu’ici, lorsque Jésus annonçait la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, il disait en général à ceux qui l’écoutaient : « Viens et suis-moi ! ». Mais maintenant, à ceux qui l’ont suivi il dit : « Allez ! ». Suivre le Christ, ce n’est pas rester entre nous, c’est aller chez tous les peuples.

Aller chez tous les peuples, c’est rejoindre l’autre là où il se trouve. Le connaître, l’aimer, chercher à le comprendre.

On est bien au-delà d’une présentation froide et objective de l’Évangile. Il ne suffit pas de glisser un traité dans la boîte aux lettres ou de donner un calendrier biblique pour répondre à l’appel de Jésus. L’objectif, c’est qu’ils deviennent des disciples. Il faut les enseigner à garder les commandements de Jésus. Bref, tout cela demande du temps, un investissement personnel, dans une vraie relation.

Alors certes, tout le monde n’est pas évangéliste au sens d’un ministère spécialisé. Mais tous nous sommes appelés à être témoins de l’Évangile, en paroles et en actes. Le mandat que Jésus confie à ses disciples, c’est à chacun de nous qu’il le confie aussi ! Quelle place réservons-nous à cet impératif dans notre vie de tous les jours ?

Un mandat universel

Jésus dit : « Allez chez tous les peuples… » La dimension universelle de ce mandat souligne le fait que tout le monde a besoin de recevoir l’Évangile. Notre voisin comme celui qui vit dans un peuple jamais atteint par l’Évangile.

Une telle affirmation peut paraître agressive, intolérante. La perspective d’aller chez tous les peuples pour faire des disciples peut s’apparenter à une stratégie de conquête qui peut faire peur.

Mais, il faut le souligner, il n’y a aucune contrainte. Un disciple, c’est celui qui décide de suivre son maître. On ne peut pas faire des disciples de Jésus-Christ sous la contrainte. Des adeptes d’une religion peut-être, mais pas des disciples de Jésus-Christ.

Or l’Évangile, ce n’est pas une religion. C’est une bonne nouvelle pour tous les hommes, celle de l’amour de Dieu manifesté pour tous les hommes, celle du pardon de Dieu offert grâce à la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

Tous ceux qui ne connaissent pas cette bonne nouvelle se perdent. En avons-nous la conviction ? Sommes-nous bien sûrs que chacun, quel qu’il soit, a besoin de l’Évangile ? Je crois que souvent on vit comme si ce n’était pas le cas. On est content d’être chrétien, l’Évangile est important dans notre vie, on est peut-être déçu voire triste que nos proches n’aient pas la foi… Mais avons-nous vraiment le même regard que Jésus, ému de compassion en regardant la foule :

Jésus voit les foules et son cœur est plein de pitié. En effet, les gens sont fatigués et découragés, comme des moutons qui n’ont pas de berger. Alors Jésus dit à ses disciples : « Il y a une grande récolte à faire, mais les ouvriers ne sont pas assez nombreux. »  (Mt 9.36-37)

Un mandat assorti d’une promesse

On pourrait se dire que la tâche est immense et la responsabilité écrasante. Mais il ne faut pas oublier que ces paroles de Jésus se terminent par une promesse : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. ».

Alors oui, la tâche est immense et la responsabilité écrasante. Mais Jésus-Christ est là, avec nous. Après avoir dit au cours de son ministère : « Viens et suis moi. », Jésus nous dit maintenant : « Allez… et je vous suivrai ! »

« Allez… pour que les gens deviennent mes disciples. » Voilà l’objectif : faire des disciples du Christ. Pas des disciples de nous-mêmes, ou de notre Église, ou de notre religion. Il s’agit de présenter le Christ pour permettre à ceux qui ne le connaissent pas de le rencontrer.

Et c’est là que la présence du Christ est essentielle. C’est lui qui agit, c’est lui qui appelle, c’est lui qui convainc. C’est lui le maître.

Dans notre témoignage, il s’agit de présenter le Christ qui est vivant en nous par son Esprit. C’est pour cela que notre témoignage ne passe pas seulement par des mots mais aussi par notre façon de vivre. Laisser le Christ transparaître dans notre vie, c’est le début du témoignage.

Souvenons-nous en : annoncer l’Évangile, c’est présenter Jésus-Christ. Ce n’est pas enseigner une doctrine, une morale ou une religion.

Conclusion

Le troisième indice de vitalité qui nous est proposé est la détermination à évangéliser. Et ici, le mot détermination est important. Il est de notre ressort, en tant que disciple du Christ et en tant qu’Eglise, de placer l’évangélisation, l’annonce de la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, comme une priorité de notre vie.

C’est bien le mandat que Jésus a donné à ses disciples. Et ça ne nous est pas forcément naturel… Il faut aller, se lancer, prendre le risque du rejet ou du mépris. Mais c’est bien notre tâche. Car comme le dit bien l’apôtre Paul :

Comment invoquer le Seigneur si on ne croit pas en lui ? Et comment croire au Seigneur si on n’a pas entendu parler de lui ? Et comment entendre parler de lui si personne ne l’annonce ? (Romains 10.14)

La Parole de Dieu au centre

Cette prédication est la première d’une série sur les 10 indices de vitalité, empruntés au processus « Vitalité » proposé par l’UEEL pour une revitalisation des Églises. Ces indices bibliques veulent aider les Églises à porter un regard juste sur elles-mêmes, en vue de devenir des Églises saines et missionnaires.
Et comme une Église, c’est avant les membres qui la composent, ces indices de vitalité peuvent aussi nous aider à faire le point sur notre propre vie spirituelle.
Lecture biblique : 2 Timothée 3.10-17
2 Timothée 3.16 est sans doute un des versets bibliques préférés dans nos Églises évangéliques, un de ceux qui sont les plus cités… Après Jean 3.16 évidemment ! Nous aimons ce texte qui souligne l’inspiration des Écritures, et grâce auquel nous pouvons dire que la Bible est la Parole de Dieu.
Mais pour bien le comprendre, il est utile de le replacer dans son contexte. La deuxième épître à Timothée est une épître tardive du Nouveau Testament. Elle contient les dernières instruction de l’apôtre Paul à son protégé Timothée. Nous sommes dans un contexte de lutte, la persécution contre les chrétiens s’intensifie et Paul dit à Timothée que ça va être dur, qu’il va continuer à rencontrer de l’opposition, qu’il devra se battre et risquer la persécution.
Pour faire face à tout cela, il y a un fondement solide sur lequel s’appuyer : la Bible, Parole de Dieu. Paul invite Timothée à la mettre au cœur de son ministère. La Parole de Dieu au centre. Voilà bien un premier signe de vitalité, pour un chrétien comme pour une Église. Mais qu’entend-on par là ?
La Parole de Dieu est au centre si son autorité est respectée
L’autorité de la Parole de Dieu découle de son inspiration. Si la Bible est la Parole de Dieu, alors elle doit être prise au sérieux et être LA référence pour notre foi et notre vie chrétienne. A cause de Celui qui l’a inspirée.
Comment sait-on si l’autorité de la Parole de Dieu est respectée ? Si elle sert toujours d’étalon à notre foi et notre pratique. Si tout ce que nous faisons cherche à être en accord avec l’enseignement biblique.
Et on a beau dire que la Bible est notre autorité en matière de foi, avouons qu’en pratique, d’autres choses lui contestent cette autorité. Le poids des traditions et des habitudes, la recherche d’expériences ou de sensations fortes, la comparaison (pour ne pas dire la compétition) avec les autres…
Qu’est-ce qui gouverne notre vie ? Qu’est-ce qui est le fondement de nos différents comportements ? Qu’est-ce qui oriente notre vie d’Eglise ? Pourquoi fait-on telle ou telle activité ? Dire : « On a toujours fait comme ça… » n’est jamais une réponse valide !
Il s’agit de remettre les habitudes et les traditions à leur place. Il n’y a pas de tradition qui ne puisse être mise en doute, pas d’habitude qui ne puisse être questionnée. Ça ne veut pas dire qu’on va forcément rejeter toute tradition. Mais il faut que nous soyons prêts à les réévaluer sans cesse à la lumière de la Parole de Dieu.
La Parole de Dieu est au centre si elle étudiée avec sérieux
Pour certains, on pourrait croire qu’il suffit de citer un verset biblique pour justifier telle doctrine ou tel comportement pour avoir respecté l’autorité de l’Ecriture. C’est une erreur ! Je sais qu’il y a cette habitude bien évangélique de vouloir toujours trouver un verset biblique qui réponde de manière définitive à chaque question. Mais la Bible n’est pas un livre de recettes…
L’apôtre Paul rappelle à Timothée que la Parole de Dieu est utile « pour enseigner la vérité, pour persuader, pour corriger les erreurs, pour former à une vie juste. » Cela implique bien plus que de simples citations de versets bibliques mais une étude sérieuse, une lecture intelligente.
Une lecture intelligente de la Bible, c’est d’abord une lecture qui la prend pour ce qu’elle est : une véritable bibliothèque, riche de toute sa diversité. Avec une intention première : révéler le projet de salut de Dieu. Mettre la Parole de Dieu au centre, c’est développer sa culture biblique. Lire et relire la Bible, toute la Bible. Il faut privilégier l’ensemble par rapport au détail. Préférer une lecture continue à une lecture fragmentée.
Ca implique sans doute aussi d’éviter une lecture solitaire. La lecture personnelle est importante, bien-sûr. Mais lire intelligemment la Bible, c’est aussi la lire ensemble, dans l’écoute mutuelle, en acceptant les débats. Pas de pensée unique dans la lecture intelligente de la Bible ! Il s’agit d’être prêt à se laisser surprendre, à être remis en question.
La Parole de Dieu est au centre si elle est mise en pratique
Il faut aller plus loin. Une lecture intelligente ne s’arrête pas à l’intellect. L’apôtre Paul termine son paragraphe en soulignant le but ultime visé, qui n’est pas d’augmenter sa connaissance mais d’être « parfaitement préparé et formé pour faire tout ce qui est bien. » (v.17)
L’objectif pointé par l’apôtre Paul, ce n’est pas une connaissance encyclopédique de la Bible mais une vie transformée et façonnée par elle. La Bible pour elle-même ne sert à rien. Son étude, sa méditation, n’a de sens que si elle nous permet d’avancer spirituellement, de progresser dans la foi.
La Bible sera au centre de notre vie, au centre de notre Église, si elle est mise en pratique. La centralité de la Parole de Dieu se mesure aux fruits qu’elle nous fait porter dans notre vie. Comment la lecture de la Bible continue-t-elle à vous transformer aujourd’hui ?
Il est triste, et parfois même scandaleux, de voir des chrétiens qui connaissent la Bible sur le bout des doigts avoir un comportement en complet désaccord avec l’Évangile : dans le jugement, refusant de pardonner, étant fauteur de trouble, dans le mensonge ou les magouilles… Ce n’est peut-être pas le dimanche au culte, mais pendant la semaine sur leur lieu de travail ou dans leur famille. Ces chrétiens ont beau connaître la Bible par cœur, la Parole de Dieu n’est certainement pas au centre de leur vie !
Conclusion
Affirmer la centralité de la Parole de Dieu, pour une Église ou pour un chrétien, est une évidence. Mais il ne suffit pas de connaître la Bible par cœur pour que ce soit vraiment le cas.
La Parole de Dieu est au centre si son autorité est respectée, si on l’étudie avec sérieux et si elle est mise en pratique. Sinon, elle n’est qu’un élément parmi d’autres dans notre Église et dans notre vie. Et nous ne devrons pas nous étonner alors de manquer de vitalité spirituelle…
Par contre, si elle est vraiment au centre de notre vie, alors l’oeuvre de Dieu en nous sera réelle et elle portera du fruit !

Ruth, la moabite (4)

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Résumé des épisodes précédents

Lorsque son mari Elimélek et ses deux fils meurent alors qu’elle est exilée en Moab, Noémi décide de retourner en Juda. Ruth, une de ses belles-filles, refuse de la quitter et choisit de l’accompagner.

Sans le savoir, Ruth se retrouve alors à glaner des épis dans le champ de Booz, un proche parent d’Elimélek. Pour Noémi, ça ne peut pas être un hasard : le Seigneur l’a conduite jusqu’à ce champ. Elle va alors mettre au point une stratégie, en faisant référence à une loi de Moïse interprétée selon les coutumes de l’époque, pour que Booz épouse Ruth.

L’un et l’autre semblent tout à fait consentants, mais il reste un obstacle. Un autre homme est un plus proche parent que Booz. C’est lui qui a la priorité. Booz va donc tenter de régler cette affaire au plus vite…

Lecture biblique : Ruth 4
Explication

Voilà donc le dénouement de l’histoire ! Un véritable happy end, au-delà même de ce qu’on pouvait espérer.

Comme Noémi l’avait prédit, et comme il s’y était engagé devant Ruth, Booz s’empresse de s’occuper de l’affaire, et en plus dans les règles. Sur la place publique, il rassemble des témoins et traite avec l’autre proche parent d’Elimélek. Il le fait selon les coutumes de l’époque : le symbole de la sandale doit d’ailleurs être expliqué aux premiers lecteurs du livre de Ruth.

Il faut d’ailleurs noter que cet autre proche parent, dont on ne dit jamais le nom, était au courant du retour de Noémi au pays (v.3), et sans aucun doute aussi de la présence de Ruth à ses côtés. Mais il n’a rien entrepris pour exercer son droit… Il n’en avait, semble-t-il, tout simplement pas les moyens. Il le dit : il ne peut pas à la fois racheter le champ et prendre Ruth pour femme, prendre soin d’elle. Et il a bien dû se rendre compte aussi que Booz, lui, était motivé ! Il lui laisse le champ libre : « prends pour toi le droit de racheter » !

Booz et Ruth se marient alors, pour la joie de tous. Y compris celle de Noémi, accentuée encore après la naissance de leur fils, dont Noémi va s’occuper comme s’il s’agissait du sien.

On pourrait presque dire à la fin : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. C’est le happy end traditionnel… Sauf que l’épilogue va encore plus loin et donne une dimension particulière à l’histoire de Ruth. Obed, le fils de Booz et Ruth, deviendra le grand-père du roi David. Il entre dans la lignée royale, la lignée messianique. Ruth est d’ailleurs une des rares femmes mentionnées dans la généalogie de l’évangile selon Matthieu (1.5) qui fait du reste de Rahab, une autre femme non-juive, une habitante de Jéricho ayant caché les espions Israélites, la mère (ou l’ancêtre) de Booz. Voilà encore des signes que la providence de Dieu est bien à l’oeuvre…
Application

Au-delà des beaux exemples de fidélité dont témoigne cette histoire familiale, l’épilogue du livre lui donne une nouvelle dimension, qui transcende le personnage de Ruth.

Une dimension universelle : la fidélité de Dieu

On y voit l’expression de la fidélité de Dieu, par la mise en œuvre de sa providence, bien au-delà de l’histoire de Ruth. C’est la fidélité de Dieu dans l’Histoire qui est soulignée. Jusqu’à l’accomplissement de son plan, avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Une fidélité qui s’étend à travers les siècles et qui se manifeste dès le jour où l’humanité s’est détournée de son Créateur. Dans la Genèse, Dieu donne une promesse de victoire, assurant à la descendance de la femme d’écraser la tête du serpent (Gn 3.15). Cette fidélité de Dieu, tout au long de l’histoire, passe par Noé, Abraham, Moïse, David, les prophètes… mais elle passe aussi par Ruth et Booz !

Nos histoires s’imbriquent dans l’Histoire, par la providence de Dieu. Le même Dieu, fidèle à son projet pour l’humanité, se montre fidèle dans notre vie. Nos histoires personnelles ont de l’importance aux yeux de Dieu. Jamais Ruth, ni Booz, n’auraient pu imaginer être intégrés dans la lignée qui allait conduire au Messie. Jamais ils n’auraient imaginé que leur petit-fils allait devenir le grand roi David. D’autant que Ruth était moabite, une étrangère… comme Rahab était habitante de Jéricho. Mais la bénédiction de Dieu s’étend à toutes les familles de la terre, comme il l’avait promis à Abraham.
Une dimension typologique : l’évangile selon Ruth

La dimension messianique de l’épilogue nous invite à une lecture typologique de l’histoire de Ruth. Il s’agit de discerner, derrière les événements décrits, des préfigurations du Christ. Il faut être prudent avec une telle lecture mais le Nouveau Testament nous invite bien à considérer que tout l’Ancien Testament conduit au Christ.

Ainsi, l’épilogue du livre de Ruth est caractéristique. En effet, l’espoir renaît avec la naissance d’un fils à Ruth dont tout le monde dit : « Qu’elle ressemble à Rachel et à Léa, les deux femmes de Jacob qui ont donné naissance au peuple d’Israël ! ». De plus, cet enfant naît à Bethléem, il est ancêtre de David par la lignée duquel naîtra le Christ. Il s’appelle Obed. Or, son nom signifie « serviteur » : la figure du serviteur est bien une figure messianique !

Si on regarde l’ensemble de l’histoire de Ruth, on peut aussi la voir comme une typologie du salut. La foi – fidélité de Ruth a changé le cours de sa vie, grâce à Booz, son rédempteur. Booz y apparaît comme une figure du Christ. C’est lui qui rachète Ruth et Noémi, qui les sauve. Noémi pourrait même être perçue comme une figure du peuple d’Israël, et Ruth une figure des païens, toutes deux sauvées, rachetées par Booz. Comme le Christ a racheté, sauvé, Juifs et non-Juifs par amour, les unissant dans un même peuple. De plus, le Christ aussi est notre « proche parent » : il est notre frère par l’incarnation, le Fils de Dieu devenu homme.

Nous le voyons, derrière cette belle histoire familiale se cache un message d’une profondeur insoupçonnée. Un véritable évangile selon Ruth.
Conclusion

Gardons les deux niveaux de lecture de ce récit. Prenons exemple sur la fidélité de Ruth et la générosité de Booz. Inspirons-nous d’eux pour être à notre tour fidèle et généreux. Mais contemplons aussi avec reconnaissance l’action de Dieu dans l’Histoire. Soyons émerveillés par son plan de salut, accompli en Jésus-Christ, et dont il nous donne de nombreuses illustrations tout au long de l’Ecriture. Louons-le pour son action dans nos vies, le salut mis en œuvre pour nous en Jésus-Christ. Il est notre Rédempteur, celui qui nous sauve et nous donne une espérance nouvelle.