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5 Solae (3) Par la foi seule

Regardez la prédication ici.

Ce matin, je ne vais pas vous traiter de personnes à la foi écœurante, mais … d’insensés !

LECTURE – Lettre aux Galates, 3.1-14

1Ô Galates insensés ! Qui vous a ensorcelés ? Pourtant, c’est une claire vision de Jésus Christ mort sur la croix qui vous a été présentée. 2Je désire que vous répondiez à cette seule question : avez-vous reçu l’Esprit de Dieu parce que vous avez obéi en tout à la Loi, ou parce que vous avez entendu et cru la bonne nouvelle ? 3Comment pouvez-vous être aussi insensés ? Ce que vous avez commencé par l’Esprit de Dieu, voulez-vous l’achever maintenant par vous-mêmes ? 4Avez-vous fait de telles expériences pour rien ? Il n’est pas possible que ce soit en vain. 5Dieu, qui vous accorde son Esprit et qui met en œuvre sa puissance au milieu de vous, le fait-il parce que vous obéissez à la Loi, ou parce que vous entendez et croyez la bonne nouvelle ?

6C’est ainsi qu’il est dit au sujet d’Abraham : « Il eut confiance en Dieu, et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi. » 7Comprenez-le donc : ceux qui vivent selon la foi, ce sont eux les enfants d’Abraham. 8L’Écriture a prévu que Dieu reconnaîtrait ceux qui ne sont pas Juifs justes à ses yeux à cause de leur foi. C’est pourquoi elle a annoncé d’avance à Abraham cette bonne nouvelle : « Dieu bénira tous les peuples de la terre à travers toi. » 9Abraham a cru et il fut béni ; ainsi, toutes les personnes qui croient sont bénies comme il l’a été. 10En revanche, ceux qui comptent sur l’obéissance à la Loi sont frappés d’une malédiction. En effet, l’Écriture déclare : « Maudit soit celui qui ne met pas continuellement en pratique tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. » 11Il est d’ailleurs clair que personne ne peut être reconnu juste aux yeux de Dieu au moyen de la Loi, car il est écrit : « Celui qui est juste par la foi vivra. » 12Or, la Loi n’a rien à voir avec la foi. Au contraire, comme il est également écrit : « Celui qui met en pratique les commandements de la Loi vivra par eux. » 13Le Christ, en devenant objet de malédiction pour nous, nous a délivrés de la malédiction de la Loi. L’Écriture déclare en effet : « Maudit soit celui qui est pendu à un arbre. » 14C’est ainsi que la bénédiction promise à Abraham est accordée aussi à ceux qui ne sont pas Juifs grâce à Jésus Christ, et que nous recevons tous par la foi l’Esprit promis par Dieu.

Après ces “douces paroles”, je vous invite à prier.

PRIERE

Notre Dieu notre Seigneur, renouvelle nous par ton Esprit. Rafraîchit et dépollue notre foi de tout ce qui ne vient pas de toi. Que nous écoutions et croyons à ta promesse certaine de délivrance et de pardon, par pure grâce. Amen.

INTRODUCTION

Ce matin, nous continuons notre série sur les 5 affirmations centrales de la Réforme protestante, en abordant aujourd’hui le par la foi seule. Il fait suite à ces affirmations : l’Écriture seule, la grâce seule, et suivront le Christ seul, à la gloire de Dieu seul.

La Bonne Nouvelle qui nous a été annoncée par l’Écriture, est celle de la grâce de Dieu qui pardonne nos fautes et guérit le cœur humain de toute sa corruption. Et cette grâce, elle est reçue par la foi seule. La grâce de Dieu ne peut être reçue sans une réponse de l’être-humain… Sa foi seule.

Et il faut le reconnaître, il n’est pas facile d’accueillir un cadeau dont on est terriblement indigne… La foi chrétienne est la seule qui parle d’un pardon divin gratuit, où les efforts ne comptent pas dans l’équation. ça n’a jamais été facile de renoncer à ajouter son “petit mérite” à la grâce de Dieu, même pour nos frères et sœurs chrétiens des premiers siècles.

La lettre que nous venons de lire a été écrite par l’apôtre Paul, aux chrétiens de Galatie. Il écrit plein d’émotions, vous vous en doutez ! Ceux à qui il a annoncé l’Evangile de Jésus-Christ se sont détournés de son enseignement… Les galates croient en un Evangile confus, mélangé, un salut “offert mais“. “Mais”, c’est important tout de même de se faire circoncire, de manger tel aliment et non tel autre, de célébrer les fêtes juives, de rechercher la perfection, etc.

Paul est tellement remonté par leur confusion qu’il les traite d’insensés, manquant d’intelligence. Alors il les enseigne à nouveau, avec pédagogie. Il leur pose une question… en cinq.

1 question = 5

Qui vous a ensorcelé ? Ce que vous avez commencé par l’Esprit, voulez-vous l’achever par vous-mêmes ? Avez-vous fait de telles expériences pour rien ? Mais une seule question est déterminante : Avez-vous reçu l’Esprit de Dieu grâce à vos bonnes œuvres, ou parce que vous avez accueillis la grâce de Dieu ?

Les chrétiens de Galatie sont confus. Ils ont perdu l’intelligence de la foi. Ils ont été ensorcelés, endoctrinés. Nul besoin d’un magicien pour ensorceler. Il suffit de bons orateurs, bien appréciés et convaincants, pour chambouler une conviction.

Selon Paul, être intelligent dépend du fait d’avoir gardé intact l’Evangile. L’Evangile pur, c’est l’Evangile non pollué par quelconque message supplémentaire à la celui de la croix. C’est l’Evangile scandaleux de la grâce. Être intelligent pour Paul, c’est garder ce que l’on a entendu et cru : la vision de Jésus-Christ sur la croix, et je rajouterais, le tombeau vide du Christ ressuscité.

Manifestement, les galates ont détourné leur regard de Christ sur la croix pour se regarder eux-mêmes. Ils ont oublié que sans la grâce de Dieu en Christ, et sans le don de son Esprit, ils sont incapables de se racheter eux-mêmes ! Il y a une déchirure entre ce qu’ils ont entendu et cru au début de leur vie chrétienne, et maintenant… Ils ont besoin d’entendre et de croire à nouveau ! (v3/5)

3Ce que vous avez commencé par l’Esprit de Dieu, voulez-vous l’achever maintenant par vous-mêmes ?

Tous ces croyants sont habités par l’Esprit de Dieu. L’Esprit de Dieu n’est pas une récompense reçue à la fin de notre marche chrétienne, mais un énième cadeau de Dieu pour le suivre. Il n’est pas le fruit de nos efforts, mais il est notre aspiration à connaître Dieu. L’Esprit Saint nous titillait déjà à croire en l’Evangile avant même que nous en soyons l’hôte. L’Esprit Saint est le commencement de la vie avec Christ. Il est notre collaborateur, notre influenceur fidèle. C’est grâce à lui que nous avons eu la foi. Comment voudrions-nous terminer par nos propres forces ou nos efforts ?

Seul l’Esprit est capable de me faire tenir devant Dieu, de me rendre meilleure, de me faire persévérer dans la foi. Dieu nous donne son Esprit non pas parce que nous serions persévérants, parce que nous sommes gentils, de « bons chrétiens », que l’on est martyr ou que l’on se flagelle tous les jours, mais par grâce. On reçoit sa grâce non par mérite, mais par confiance en ses promesses. Croyons dans les promesses de Dieu. Laissons l’Esprit régner en nous, nous inspirer, nous renouveler, nous amener à ressembler au Christ. Laissons-le agir au milieu de nous par sa puissance, sans tomber dans le piège de « je ne mérite pas sa grâce », « je ne peux pas me faire baptiser encore parce que je n’ai pas lu la bible en entier, parce que je suis trop jeune, trop vieux, pas assez parfait, trop indigne…

Nous ne parviendrons jamais à atteindre la justice de Dieu. C’est pourquoi dans son amour “extravagant”, surabondant, il nous a donné son Esprit.

Regardons à la croix de Christ et aux œuvres de l’Esprit plutôt qu’à nous-mêmes.

Ne comptons pas nos bonnes œuvres, mais comptons sur l’Esprit Saint en nous qui œuvre. C’est cela l’intelligence de la foi.

2 régimes en valent zéro

2 régimes en valent zéro. La Loi et la foi font mauvais mélange. Toutes les additions ne sont pas bonnes. Les galates ont voulu rajouter au régime de la grâce leurs efforts, leurs ressources, leurs formules mathématiques. Mais Paul les reprend : les deux ne sont pas additionnables ! Il y a deux voies : soit la voie des œuvres humaines, soit celle de la foi. Soit celle de l’obéissance aux commandements de Dieu, à une justice réellement accomplie, comme le disent les v10 et 12 (citations empruntées au Dt 27.26 dans son ancienne version grecque et Lv 18.5). Celui qui fera ces choses vivra par elles, et malheur à celui qui n’y obéit pas !

La première voie est pour tous une impasse. Nul ne peut être justifié par ce moyen, car toutes les œuvres que présentent les humains sont inadéquates, et ne peuvent satisfaire la justice, la sainteté de Dieu. C’est une autre voie qui mène à la vie, celle de la foi. La foi qui regarde à la croix de Christ, lui qui a pris notre malédiction, lui qui a satisfait la sainte justice de Dieu pour nous bénir de sa vie.

Nos frères et sœurs galates avaient saisi cela. Ils avaient entendu et cru en cette Bonne Nouvelle. Puis ils ont perdu l’intelligence… Ils ont confondus conversion et sanctification.

Et c’est là que nous pouvons être particulièrement rejoint à mon sens… Il est si facile de confondre conversion et sanctification, le commencement et la suite. Comment vous distingueriez les deux ?

Et en pratique, ne jugeons-nous pas les autres ou nous-mêmes en fonction de ce qu’on les voit faire, dire ou être ?

Bien sûr, il y a l’épître de Jacques qui avertit que la foi porte forcément des fruits. Seulement, PARCE QUE je suis sauvée par la foi, je laisserai l’Esprit produire des œuvres bonnes par moi. La foi même n’est pas une œuvre, mais un acte pour recevoir ce que Dieu offre.

C’est bien joli de le dire, mais concrètement, ce “par la foi seule” me dérange.

Je fus vraiment interpellée par Dieu ces derniers mois sur ce “par la foi seule”. Une dame parmi mes connaissances a fait du mal durant sa vie. Elle a construit des relations malsaines et destructrices et ainsi semé pour toute une vie de la division et des conflits, sans éviter un certain légalisme religieux. Et pour autant, elle n’a jamais lâché le Christ. Elle s’en est toujours remis à sa grâce, par la foi, bien que polluée. Dans ces derniers souffles, elle n’avait qu’une hâte : entrer dans la présence de son Seigneur fidèle. Vous savez quoi ? Son visage affichait le sourire le plus apaisé et mystérieux que je n’ai pu voir durant toute sa vie.

La grâce de Dieu n’a pas de limites. Lorsqu’il promet que la foi seule suffit, la foi profonde et sincère, il ne ment pas. Bien qu’elle puisse être vacillante parfois, gorgée de doutes, l’Esprit Saint nous fait demeurer dans cette promesse. La croix seule suffit, il n’y a rien à rajouter. J’irai plus loin… Ni mon engagement dans l’église locale, ni mes dons financiers ou spirituels, ni mon orientation sexuelle, ni la compréhension de mon genre ne peuvent m’éloigner de la promesse du salut de Dieu par la foi seule.

La foi seule est l’acte par lequel je m’en remets totalement à Dieu, en réponse à son offre miséricordieuse, à la promesse que quiconque croit sera sauvé. La simple croyance ne sauve pas. Les démons aussi croient en Dieu et ils tremblent.

“La foi est le mouvement du plus profond de l’être qui se projette dans la miséricorde de Dieu” (Henri Blocher).

1 promesse = ∞

Avant même que Dieu ne donne des règles à son peuple pour le réorienter, il promettait à Abraham de le sauver à cause de sa foi. En Gn 15.5, l’Eternel dit à Abraham : « Contemple et compte » les étoiles, si tu en es capable. Tes descendants seront aussi nombreux qu’elles”. Abraham crut en cette promesse, il eut confiance en Dieu. Et Dieu porta sa foi à son crédit, et le déclara juste.

Tous ceux qui placent leur confiance en la promesse de Dieu sont ces enfants d’Abraham. Nous sommes la réalisation de la promesse de Dieu envers Abraham ! Regardez-vous les uns les autres, vous êtes la promesse faite à Abraham.

Nous sommes cette génération sauvée par la foi SEULE. Comme Habacuc (Ga 3.11 //Ha 2.4), bien que le présent nous dessine une réalité contraire, nous comptons sur les promesses de Dieu. Nous comptons sur sa délivrance promise à venir.

Contemple et compte.

Aujourd’hui, contemplons la grâce de Dieu surabondante… Celle qui promet la vie en abondance, par seule confiance en sa promesse. Contemplons le Christ sur la croix. Comptons sur sa grâce par la foi seule. Contemplons et comptons les œuvres de l’Esprit qui agit en nous !

Que l’Esprit Saint, notre fidèle compagnon, vous fasse contempler la grâce de notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, et compter sur sa promesse jusqu’au bout, par la foi seule.

5 Solae (1) L’Ecriture seule

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Ce matin nous commençons une série de cinq prédications autour des affirmations théologiques fondamentales de la Réforme. On les cite en général dans leur formulation latine : sola Scriptura, sola gratia, sola fide, solus Christus, soli Deo gloria. En français, ça donne l’Ecriture seule, la grâce seule, la foi seule, le Christ seul et à Dieu seul soit la gloire.

Nous allons choisir cinq textes bibliques qui permettent d’évoquer chacune de ces cinq affirmations au coeur de la foi protestante. Nous commençons ce matin avec l’Ecriture seule. En théologie protestante, cette affirmation signifie que la Bible est la seule autorité pour le croyant, en matière de foi et de vie chrétienne.

Une enquête récente de l’Ifop (2010) révèle que 34 % des Protestants lisent la Bible au moins une fois par semaine. J’aurais envie de dire : seulement ? Certes, ils sont 74 % chez les protestants évangéliques… Mais “au moins une fois par semaine”, ça veut dire quoi ? Il n’y a pas la catégorie “presque tous les jours” qui est un peu le standard, au moins officiellement, chez les évangéliques ! Et l’enquête ne précise pas comment la Bible est lue. Ce n’est pas la même chose de lire un passage biblique dans un esprit de méditation et de prière, d’approfondir et d’étudier un texte biblique ou de lire simplement le verset biblique du jour dans le calendrier.

Je ne veux pas avoir ici un discours culpabilisant. Chacun fait ce qu’il peut… Mais quand même, ces chiffres nous interrogent quant à la place que la Bible occupe dans notre vie de foi. D’autant que, toujours selon l’enquête Ifop, il y a quand même 24 % des protestants qui ne lisent jamais la Bible. Et ils sont même 9 % chez les protestants évangéliques !

La lecture et la méditation de la Bible, c’est un enjeu crucial de la vie chrétienne. Je vous propose de l’évoquer à partir d’un texte de la deuxième épître de Paul à Timothée :

2 Timothée 3.14-17
14 Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et accueilli avec une entière conviction. Tu sais de quels maîtres tu l’as appris. 15 Depuis ta tendre enfance, en effet, tu connais les saintes Écritures ; elles peuvent te donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus Christ. 16 Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et former à une manière de vivre conforme à ce que Dieu demande. 17 Ainsi grâce à elle, toute personne qui est au service de Dieu sera parfaitement préparée et équipée pour bien agir à tous égards.

 

Inspirée de Dieu… et alors ?

Le verset 16 est LE texte fondamental pour affirmer l’inspiration divine de la Bible. Une affirmation à laquelle, nous autres protestants évangéliques, sommes très attachés. Mais en affirmant l’inspiration divine de toute la Bible, on a tout dit… et on n’a rien dit !

On a tout dit parce qu’on affirme que la Bible n’est pas un livre comme les autres. Elle est l’expression de la révélation de Dieu. C’est Dieu qui nous parle par elle. Il a conduit et inspiré les auteurs humains, de différentes façons, si bien que la Bible peut être reçue comme la Parole de Dieu.

Mais on n’a rien dit si on s’arrête là… On manque peut-être l’essentiel si l’affirmation de l’inspiration de la Bible est tout ce qu’on dit de la Bible, si elle est considérée comme une fin en soi, un simple article de foi. “Je crois que la Bible est la Parole de Dieu”. OK… et alors ? Qu’est-ce que ça change pour toi ? Que fais-tu de cela ?

Notre préoccupation première par rapport à la Bible ne devrait pas être de défendre son authenticité, son autorité, son inspiration… elle se défend très bien toute seule. Notre principal souci devrait d’abord être de nourrir notre foi grâce à elle.

En réalité, il y a un petit mot très important dans ce verset 16. Un mot qui change tout. C’est le mot “utile”.

 

La Bible est utile

La Bible est utile. La lire nous est profitable. Le croyant en a besoin. C’est pour ça que c’est inquiétant quand un croyant dit qu’il ne lit jamais la Bible…

Si la Bible est utile, alors il faut l’utiliser ! Mais à quoi sert-elle ? L’apôtre Paul utilise quatre verbes au verset 16 : enseigner, réfuter, corriger et former.

  • La Bible nous enseigne. La connaître, c’est connaître la vérité révélée de Dieu. Plus on connaît la Bible, plus on connaît Dieu qui l’a inspirée.
  • La Bible réfute l’erreur. Elle permet de nous armer contre les attaques de ceux qui mettent en doute notre foi. Elle rend notre foi plus forte et solide, elle affermit nos convictions.
  • La Bible corrige les fautes. Elle nous permet de rectifier le tir lorsque nous nous écartons de ce que Dieu attend de nous. Elle agit un peu comme une boussole nous permettant de corriger la trajectoire de notre vie chrétienne.
  • La Bible nous forme. C’est le travail en profondeur de Dieu en nous. Ici, il ne s’agit pas seulement de ce que nous croyons mais de ce que nous vivons. C’est la valeur éducative de la Bible pour le croyant. Et il en a besoin tout au long de sa vie chrétienne.

La Bible est donc utile, pour le croyant, pour approfondir sa connaissance de Dieu, pour affermir sa foi, pour rectifier la trajectoire de sa vie et le faire grandir spirituellement. Ce n’est pas rien !

 

Pourquoi l’Écriture seule ?

Venons-en maintenant à la formule Sola Scriptura des Réformateurs. Pourquoi l’Écriture seule ? Que peut-on être tenté d’y ajouter ? Dans le contexte de la Réforme du XVIe siècle, c’était en particulier les traditions de l’Église, comprises comme des ajouts humains qui pouvaient prendre autant voire plus d’importance que le texte biblique.

a. L’Ecriture seule, c’est l’Écriture sans magistère

L’Ecriture seule, c’est l’Écriture sans magistère, sans une institution ou une personne disant comment elle doit être lue et interprétée. C’est l’Écriture elle-même qui est sa propre autorité et il n’y a aucune autorité humaine qui puisse se placer au-dessus d’elle pour dire comment la comprendre.

Attention toutefois, s’ils ne sont pas institutionnels chez les protestants, une certaine forme de magistère problématique existe sans doute. Il peut y avoir des Églises ou des enseignants qui ne laissent guère de marge dans la compréhension de la Bible et son message, s’assurant que chaque croyant marche droit, selon les prescriptions de l’Eglise. On ne laisse plus alors la Parole de Dieu nous interpeller, on l’enferme dans un schéma d’interprétation préconçu.

En tout cas, concrètement, l’absence de magistère invite le croyant à intégrer dans sa vie chrétienne un face-à-face avec l’Écriture, une lecture personnelle de la Bible. L’Ecriture seule, c’est passer du temps seul à seul avec l’Écriture…

b. L’Ecriture seule, c’est aussi toute l’Ecriture

L’Écriture seule, c’est aussi toute l’Écriture. D’ailleurs, on pourrait comprendre le verset 16 ainsi : “Toute l’Écriture est inspirée de Dieu.” D’où l’importance d’une vision d’ensemble et non fragmentée de la Bible. Citer des versets bibliques isolés est rarement pertinent. C’est même le meilleur moyen d’instrumentaliser la Bible et de lui faire dire ce qu’on veut.

C’est le principe de la Bible qui s’interprète par elle-même. Plus on a une connaissance globale de la Bible, plus on arrive à comprendre un texte en particulier. D’où l’importance aussi d’une lecture intelligente de la Bible qui tient compte de la richesse, de la diversité et de la complexité du texte biblique.

Il faut être conscient que toute lecture de la Bible implique une interprétation. Quand quelqu’un dit “moi je n’interprète pas la Bible, je la cite”, ou “ce n’est pas moi qui le dit, c’est la Bible qui le dit”, ce n’est jamais neutre. C’est un choix d’interprétation de citer tel texte plutôt qu’un autre dans telle ou telle situation ! De même, prendre au pied de la lettre un texte biblique, c’est un choix d’interprétation. Une lecture littérale de la Bible peut se justifier dans certains cas mais elle est un contresens dans d’autres cas.

c. L’Écriture seule, ce n’est pas l’Écriture sans le Saint-Esprit

Le terme grec qu’on traduit pas “inspirée par Dieu”, theopneustos, signifie littéralement soufflée de Dieu et se réfère au souffle de Dieu, son Esprit. Il convient donc de souligner l’importance du Saint-Esprit dans notre lecture de la Bible. L’Écriture seule, ce n’est pas l’Écriture sans le Saint-Esprit !

Il est logique de considérer que le même Esprit saint qui a inspiré les auteurs bibliques nous permet de comprendre le sens des Ecritures pour nous aujourd’hui. Ou dit autrement : sans l’action du Saint-Esprit, lire la Bible n’aura pas plus d’effet sur nous que la lecture de n’importe quel livre. Ce qui peut être déjà pas mal ! Il y a des romans dont la lecture vous bouleverse… Mais pour expérimenter la Bible comme Parole de Dieu, il faut l’action du Saint-Esprit en nous.

 

Conclusion

Je ne sais pas à quelle catégorie de l’enquête vous appartenez quant à la lecture de la Bible… Mais je sais que même si vous êtes convaincus de l’importance de lire la Bible en tant que croyant, c’est souvent un sujet de frustration voire de culpabilité, parce qu’on a du mal à vraiment la lire autant qu’on le voudrait.

Mais si, comme le dit l’apôtre Paul, “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et former à une manière de vivre conforme à ce que Dieu demande.”, alors c’est une préoccupation qui doit être au cœur de notre vie chrétienne. L’Écriture seule, la Bible seulement, est l’autorité pour notre foi et notre vie chrétienne. Ne pas la lire, c’est prendre un risque pour notre foi, celui de ne pas la nourrir, l’affermir, l’approfondir… et du coup, de stagner spirituellement.

Cette Écriture, inspirée de Dieu, est vraiment utile, et même essentielle à notre vie chrétienne. Si notre bonne volonté ne suffit pas, tournons-nous vers le Seigneur. Car finalement c’est bien lui, le même Saint-Esprit qui a inspiré les Écritures qui pourra entretenir en nous ou nous faire retrouver le goût de la lecture de la Bible !

L’horizon de notre espérance

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Il me semble qu’en ce premier culte de l’année, il est légitime de parler d’espérance. Et c’est sans doute d’autant plus vrai dans le contexte que nous connaissons depuis deux ans… Je vous propose de le faire à partir du texte de l’Ancien Testament proposé pour ce dimanche de l’épiphanie.

Mais d’abord, quelques éléments de contexte avant de lire le texte. Les derniers chapitres du livre du prophète Esaïe s’adressent au peuple de Juda en Exil à Babylone, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Ils sont découragés, loin de chez eux, déracinés. Leur avenir est bouché, sans espoir. Si le prophète leur adresse de vibrants appels à un retour à Dieu pour un peuple qui s’est écarté de l’alliance que Dieu avait faite avec eux, son message contient aussi de magnifiques promesses de restauration. Une espérance est possible, même dans les temps troublés qu’ils traversaient ! Le début du chapitre 60 est une des plus éclatantes expressions de cette espérance.

Esaïe 60.1-6
1 Debout, Jérusalem, brille de mille feux, car la lumière se lève pour toi : la gloire du Seigneur t’éclaire comme le soleil levant. 2 L’obscurité couvre la terre, la nuit enveloppe les peuples. Mais toi, le Seigneur t’éclaire comme le soleil qui se lève. Au-dessus de toi apparaît sa présence lumineuse. 3 Alors des peuples marcheront vers la lumière dont tu rayonnes, des rois seront attirés par l’éclat dont tu te mettras à briller.
4 Regarde bien autour de toi, et vois tous tes enfants : ils viennent et se rassemblent auprès de toi. Tes fils arrivent de loin, on ramène tes filles en les portant dans les bras. 5 En les apercevant, tu rayonnes de bonheur ; tu en es tout émue, ton cœur éclate de joie. Car les richesses de la mer arrivent chez toi, les trésors du monde affluent jusqu’à toi. 6 Ton pays se couvre d’une foule de chameaux : ce sont les caravanes de Madian et d’Éfa, arrivant toutes de Saba. Elles apportent de l’or et de l’encens en chantant les exploits du Seigneur.

C’est bien un texte pour l’épiphanie. Le mot signifie apparition, manifestation. Il n’est pas limité à l’épisode de la visite des mages pour voir la manifestation de Dieu dans l’enfant Jésus. On peut l’utiliser pour toute manifestation particulière de Dieu, toute révélation de sa gloire. D’une certaine façon, toute démarche de foi prend naissance dans une épiphanie : une révélation de Dieu, une expérience de sa présence, une prise de conscience de son existence. Elle peut être radicale et spectaculaire, comme Paul sur le chemin de Damas. Elle peut être plus secrète et intime, au fond de notre coeur.

Dans le contexte de l’Exil du peuple de Juda, le texte évoque un retour à Jérusalem. C’est un mouvement inverse à l’Exil : non seulement les enfants de Juda reviennent à Jérusalem mais les peuples et leurs rois se rendent aussi à Jérusalem, attirés par la lumière de la gloire du Seigneur.

Le retour de Juda à Jérusalem a bien eu lieu, quelques années plus tard. Mais ça ne s’est pas fait avec l’éclat et la gloire décrits dans ces versets. L’accomplissement de la promesse était encore à venir… Elle a alimenté l’espérance messianique des croyants Juifs. Elle alimente aussi aujourd’hui l’espérance chrétienne.

D’une certaine manière, on a un écho de ce texte dans le récit de la visite des mages chez Matthieu. Mais la lumière que les sages d’Orient sont venus contempler, guidés par une étoile, rayonnait sur le visage d’un enfant. C’est bien pourtant la lumière de la gloire de Dieu qui resplendissait, encore discrète. Elle sera plus éclatante lorsque cet enfant devenu adulte ressuscitera après sa mort. Elle brillera de tout son éclat le jour où, selon ses promesses, il reviendra pour établir le Royaume de Dieu.

La portée de ce texte d’Esaïe s’enrichit donc de la venue du Fils de Dieu sur terre, en Jésus-Christ, de sa vie, sa mort et sa résurrection, et de son retour prochain. Le plein accomplissement de la promesse d’Esaïe est encore à venir, au jour de la pleine révélation de la gloire de Dieu.

J’aimerais simplement souligner, à partir de ce texte d’Esaïe, trois effets de l’espérance sur le croyant.

 

L’espérance nous met debout

“Debout, Jérusalem !” (v.1) C’est par cet appel que commence notre texte. Debout ! Ne restez pas abattus, épuisés, découragés.

Notre espérance nous met debout, ou elle nous remet debout. Quelles que soient les circonstances de notre vie, quel que soit le contexte dans lequel nous vivons, l’espérance nous tient debout… et nous permet d’avancer.

Bien-sûr qu’il y a des raisons d’être fatigués, découragés, inquiets aujourd’hui. Je n’ai pas besoin de vous faire un dessin… Et si notre espoir n’est que dans ce monde, je ne suis pas sûr du tout qu’il y ait beaucoup de raisons de se mettre debout !

Mais Jésus-Christ est ressuscité, il s’est relevé de la mort. Avec lui, nous pouvons nous tenir debout. La puissance de sa résurrection est à l’oeuvre en nous aujourd’hui : elle nous restaure, elle nous purifie et nous pardonne, elle nous communique la vie et nous donne la victoire. Il ne s’agit pas d’être triomphaliste et de nier les combats que nous devons continuer à mener en tant que croyant. Mais il s’agit bien de saisir les promesses de Dieu, de laisser l’Esprit de Dieu faire son oeuvre de restauration en nous et d’expérimenter la puissance de la grâce de Dieu.

Et même si nous sommes accablés par l’épreuve, incapable de la surmonter, nous savons qu’un jour nous nous relèverons aussi de la mort, nous nous tiendrons debout en présence du Christ ressuscité, pour l’éternité. Au dernier jour, l’espérance nous mettra debout, pour toujours !

 

L’espérance nous donne un horizon

Au coeur de notre texte, il y a la lumière. Une lumière qui est celle du soleil qui se lève : “La gloire du Seigneur t’éclaire comme le soleil levant.” (v.1) Que regarde-t-on quand on contemple le spectacle d’un lever de soleil ? On regarde au loin, l’horizon.

L’espérance nous donne un horizon, un avenir qui ne s’arrête jamais. Elle permet de voir au-delà des épreuves et des difficultés du moment, aussi intenses soient-elles. Elle nous garantit que notre histoire ne se terminera pas dans ce monde mais qu’elle se prolongera pour l’éternité, dans un monde nouveau. Oui, l’horizon est dégagé depuis que Jésus a vaincu la mort !

On ne sait pas de quoi sera fait cette année 2022 qui s’ouvre devant nous. On a appris depuis deux ans à être prudent et à utiliser le conditionnel… Mais ce qui est certain, c’est que notre espérance n’est pas dans les laboratoires pharmaceutiques ou les candidats à l’élection présidentielle ! Ça ne veut pas dire que nous devions nous en désintéresser, évidemment. Mais nous devons toujours garder nos yeux fixés sur l’horizon de notre espérance.

C’est ce qui nous permettra de relativiser les espoirs et les désespoirs de ce monde, et voir plus loin, avec les yeux de la foi. Ainsi, quand l’avenir semble bouché, l’espérance voit au-delà, vers l’horizon du Royaume de Dieu qui vient.

 

L’espérance éclaire nos ténèbres

“L’obscurité couvre la terre, la nuit enveloppe les peuples. Mais toi, le Seigneur t’éclaire comme le soleil qui se lève” (v.2)

Vous remarquerez la forme verbale au présent. Ce n’est pas “le Seigneur t’éclairera, un jour, plus tard…” mais bien “le Seigneur t’éclaire”. C’est vrai dès aujourd’hui. C’est aussi cela l’espérance : non pas seulement un espoir pour demain mais une assurance dès aujourd’hui. C’est un peu la promesse de Jésus à ses disciples, qu’il fait juste avant de les quitter : “Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde”.

Quand le soleil se lève, à l’horizon, sa lumière nous atteint. Elle commence à paraître même avant que le soleil se lève. Nous attendons encore, bien-sûr, le plein accomplissement de notre espérance. Mais sa lumière nous atteint dès aujourd’hui. Elle éclaire nos ténèbres, elle chasse la nuit qui nous entoure.

Notre vie dès aujourd’hui est illuminée par notre espérance, elle éclaire notre vie. D’ailleurs, dans notre texte, Jérusalem est appelée à briller de mille feux ! Je ne sais pas si notre espérance nous fait briller de mille feux… mais elle est au moins appelée à transparaître de notre vie.

Il y a une question pertinente à se poser en tant que croyant aujourd’hui, particulièrement dans le contexte que nous connaissons : comment pouvons-nous être porteurs d’espérance ? “Que votre lumière brille aux yeux de tous”, disait Jésus à ses disciples (Mt 5.16) Comment être porteur d’espérance dans un monde où règnent l’incertitude, la peur, la méfiance et le soupçon ?

Plutôt que de suivre comme des moutons, et de relayer soit les discours anxiogènes soit les discours complotistes, les chrétiens aujourd’hui ne devraient-ils pas avoir une voix discordante exprimant la confiance en Dieu, la paix, l’espérance ?

 

Conclusion

Je ne sais pas dans quel état psychologique et/ou physique vous vous trouvez au début de cette nouvelle année. Vous êtes peut-être fermement debout, prêt et déterminé. Vous êtes peut-être chancelant, mal assuré, fatigué ou inquiet. Et vous êtes peut-être même à terre, découragé, au fond du trou.

Dans tous les cas, je vous invite à lever les yeux et regarder vers l’horizon, celui du Royaume de Dieu qui vient. Je vous invite à laisser sa lumière vous rejoindre et la laisser vous guider. Je vous encourage à puiser dans votre espérance la force de vous relever ou de rester debout. Car une espérance solide est possible, grâce à Jésus-Christ, mort et ressuscité, qui a promis d’être avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde !

Personne n’est trop petit pour connaître Dieu

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(Dialogue avec les enfants) : Est-ce que vous savez qu’on parle de vous dans la Bible ? Est-ce que vous savez que Jésus parle de vous ? Plusieurs fois, Jésus parle des enfants. Et non seulement, il dit que les enfants sont importants, mais il dit même aux adultes qu’ils doivent les prendre en exemple !

Depuis deux semaines, le début du temps de l’Avent qui conduit jusqu’à Noël, nous méditons des textes des évangiles qui nous parlent des enfants.
Il y a deux semaines, Eglantine avait parlé de l’épisode où Jésus a, contre l’avis de ses disciples, accueilli des enfants qu’on lui amenait pour qu’il les bénisse. Il les a même pris en exemple en disant à ceux qui l’entouraient : « Laissez les enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. » Il s’agit, pour connaître Dieu et son Royaume, c’est-à-dire son oeuvre, de se reconnaître vulnérable et dépendant devant Dieu, comme des enfants.
La semaine dernière, Florence a évoqué un autre épisode qui souligne l’importance d’accueillir les petits. Jésus a pris un enfant dans ses bras et il a dit à ses disciples, qui se disputaient pour savoir qui était le plus grand : « Qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là, m’accueille moi-même ; et qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » Être grand, c’est accueillir le petit… et c’est dans ce processus d’accueil que Jésus vient nous rencontrer.

Le texte de ce matin est dans la même veine. Sa particularité est qu’il s’agit d’une des très rares prières de Jésus dont on connaisse le contenu. Les évangiles nous disent à plusieurs reprises que Jésus aimait s’isoler pour prier. Il a donné à ses disciples un modèle de prière, c’est le Notre Père. Mais ici, c’est Jésus lui-même qui prie à haute voix, s’adressant autant à Dieu qu’à ses disciples qui l’entendent prier.

On ne connaît pas précisément le contexte de cette prière mais dans les versets qui précèdent, Jésus a fait référence aux personnes qui l’ont vu accomplir des miracles et qui pourtant ont refusé de croire. Et avant encore, il parlait de tous ceux qui avaient entendu l’appel de Jean-Baptiste, qui annonçait la venue de Jésus, mais qui n’ont pas voulu l’écouter ou qui n’ont pas cru.

Face aux blocages et aux résistances de ceux qui ne voulaient ou n’arrivaient pas à croire, Jésus s’émerveille dans une prière à haute voix :

Matthieu 11.25-26
25 En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, je te loue d’avoir révélé aux tout-petits ce que tu as caché aux sages et aux personnes instruites. 26 Oui, Père, dans ta bienveillance, tu as voulu qu’il en soit ainsi. »

En gros, ce que dit Jésus dans cette prière, c’est que Dieu a renversé les valeurs. Ce n’est pas aux grands et aux sages qu’il se révèle mais aux petits. Qu’est-ce que ça signifie ?

(Dialogue avec les enfants) : Est-ce que vous aimez aller à l’école ? Pourquoi ? Finalement, pourquoi est-ce que vous allez à l’école ?

Si on a besoin d’aller à l’école, c’est pour apprendre… Et ça peut être la première leçon de la prière de Jésus.

 

Pour connaître, il faut avoir besoin d’apprendre

Les petits enfants ont tout à apprendre. Et pas seulement apprendre à lire ou à compter. Ils ont tout à apprendre d’eux-mêmes, des autres, de la vie… Je suis grand-père depuis quelques mois seulement. Et je me régale de voir l’évolution de mon petit-fils, qui découvre petit à petit son corps et son environnement, l’interaction avec les autres, par des sourires, des babillements… Quoi de plus beau que les yeux pétillants d’un enfant, émerveillé devant une nouvelle découverte, un nouvel apprentissage ?

J’imagine bien Jésus avec les mêmes yeux pétillants (s’il les a gardés ouverts…) en disant cette prière. Car c’est bien une prière d’émerveillement qui appelle notre émerveillement. Car la foi demande d’avoir gardé son âme d’enfant, avec une soif de découverte et d’émerveillement.

Les petits enfants ont un autre grand avantage sur les adultes : leur regard n’est pas encore pollué par les a priori et les présupposés. Mais ça vient très vite… Les présupposés, c’est quand on dit : “ah oui, ça je sais, ça je connais, je n’ai plus besoin d’en apprendre…” Et c’est dramatique quand ça concerne les gens, qu’on enferme dans des cases ou des catégories. Mais les présupposés sont aussi très nombreux en ce qui concerne la foi. “La religion, je connais”, “je connais les chrétiens, la Bible, Dieu…”

Mais dans la prière de Jésus, la révélation de Dieu est pour ceux qui ne savent pas, pas pour ceux qui savent déjà… Pour connaître, il faut avoir besoin d’apprendre ! Du coup, l’avertissement reste valable qu’on soit croyant ou non. Pour le croyant aussi, le risque de penser savoir, de n’avoir plus besoin d’apprendre, existe. Et c’est un réel danger pour notre vie spirituelle…

 

Personne n’est trop petit pour connaître Dieu

Le deuxième élément que j’aimerais souligner dans la prière de Jésus, c’est la formidable promesse qu’on y trouve. Et c’est cette promesse qui est sans doute la principale source d’émerveillement de Jésus. La voici : personne n’est trop petit pour connaître Dieu !

Connaître Dieu, le grand Dieu, le “Seigneur du ciel et de la terre”, c’est possible ! Et c’est même possible pour tout le monde !

Se penser trop petit, ça peut être une question d’âge. On peut se dire : “moi, je suis trop jeune…” Mais pas besoin d’attendre d’être un adulte pour avoir la foi ! Bien-sûr qu’un enfant peut connaître Dieu. Évidemment, il ne vivra pas sa foi de la même manière qu’un adulte. Mais c’est la même chose pour un adolescent, un jeune adulte, ou quelqu’un au soir de sa vie. La foi évolue, elle nous accompagne tout au long de notre vie. Alors ce serait dommage de repousser à plus tard… Quel que soit votre âge, aujourd’hui, vous pouvez connaître Dieu, lui faire confiance et recevoir son amour.

Se penser trop petit, ça peut être une question de capacité intellectuelle, d’éducation, de niveau d’étude… Mais il n’y a pas besoin de diplômes particulier, pas besoin d’un certain niveau de QI, pas besoin d’avoir multiplié les expériences spirituelles pour connaître Dieu… c’est révélé aux tout-petits. C’est donné à ceux qui ont soif de comprendre. Essayez, vous verrez !

En fait, c’est même une chance de se savoir petit, d’une manière ou d’une autre, pour connaître Dieu. Parce que ceux qui se croient grands et sages risquent bien de croire qu’ils n’ont pas besoin de Dieu. Et dans ce cas, ils sont sûrs de ne pas le trouver…

 

Conclusion

Cette étonnante prière de Jésus convient bien à ce temps de l’Avent qui nous conduit jusqu’à Noël. C’est le temps de l’émerveillement, c’est le temps de la rencontre, pour petits et grands.

Le message de Noël, celui de la naissance de Jésus, c’est Dieu qui se met à notre portée. Le Dieu très grand se fait tout petit, le Fils de Dieu devient petit enfant, né dans une étable. Il vient à notre rencontre. Et aujourd’hui, si nous avons soif d’apprendre et de le connaître, nous pouvons le rencontrer par la foi. Personne n’est trop petit pour connaître Dieu !

Comme un enfant (Jésus et les enfants 1/4)

Prédication d’Eglantine Eldin.

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Il est important de prier pour la jeunesse. J’imagine que les parents n’ont souvent pas le choix ! Les enfants sont source de joie, d’émerveillement, mais aussi de souci ! Quand Jésus était sur terre, des gens sont venus lui demander de prier pour des enfants…

Et nous pouvons lire un de ces épisodes dans l’évangile de Matthieu, chapitre 19, versets 13 à 15

13 Des gens amenèrent des enfants à Jésus pour qu’il pose les mains sur eux et prie, mais les disciples leur firent des reproches. 14 Jésus dit : « Laissez les enfants venir à moi et ne les en empêchez pas, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. » 15 Il posa les mains sur eux, puis partit de là.

I. Comme un enfant, vulnérable et dépendant

Est-ce que vous imaginez la scène ? Des gens viennent à Jésus, peut-être font la queue pour que l’homme célèbre pour sa compassion et ses miracles prie pour leurs enfants. Ce ne sont pas des malades que l’on apporte, ni des personnes possédées, mais des enfants…! Original ! Et là, les disciples, ne voient aucun intérêt à ce que leur Messie se soucie de ces petits individus. Ils les rabrouent ! Ils rabrouent les enfants comme Jésus a rabroué la tempête, les démons… et que Pierre a fait des reproches à Jésus lorsqu’il annonce qu’il doit monter à Jérusalem pour souffrir beaucoup, être tué et ressusciter. Les disciples ont appris de Jésus à rabrouer, mais, leur apprentissage est complètement désorienté ! Leur apprentissage désorienté devient un obstacle entre le Christ et les personnes qui le recherchent. Alors Jésus regarde ses apprentis : « les amis, vous n’avez rien capté. Vous devez ressembler à ces petits pour entrer dans le Royaume ». Plus tôt, en Mt 18, les disciples ont déjà été appelé à ressembler aux enfants plutôt que de débattre qui serait le plus parmi eux sous le règne de Jésus. Mais ces apprentis, n’ont pas compris l’enseignement du maître, ni son identité. Dans notre passage, Jésus est sur le chemin de Jérusalem pour être tué et ressusciter. Mais voilà, dans la tête des disciples, le Messie est forcément guerrier, victorieux ! Leur culture a tronqué leur espérance, et ils ont projeté sur Jésus un Messie qu’il n’était pas. Leur Messie était un homme politique qui allait renverser le pouvoir romain et ainsi libérer l’Israël national par la force… Par mourir et ressusciter, ils comprenaient la métaphore. Jésus serait livré aux romains, pour ensuite se relever, et diriger un soulèvement militaire. Deux siècles avant eux, un soulèvement militaire avait réussi : les Maccabées. Alors, ils espéraient comme leurs prédécesseurs, être les compagnons du libérateur qui gagneraient un statut important sous son règne. Sans s’en rendre compte, ils étaient devenus comme des politiciens, réunis autour d’un nouveau leader à succès, rivalisant pour les meilleurs postes. En se croyant importants, les disciples ont écarté ceux que Jésus considère comme les plus importants.

L’épisode où Jésus prie pour les enfants est placé par l’évangéliste Matthieu entre deux autres épisodes… Et c’est loin d’être un hasard ! Dans l’épisode précédent, on a des chefs religieux qui se perdent dans des raisonnements complexes. Ils cherchent à piéger Jésus avec leurs questions compliquées et tordues. Ils tombent dans un orgueil qui ne permet pas de voir qu’ils sont en réalité pauvres spirituellement ; qu’ils ont profondément besoin de la grâce de Dieu. Bien plus, non seulement ils passent à côté de leur Sauveur, mais ils rejettent les petits : le faible, le vulnérable… Ils sont tellement perdus dans leurs leur orgueil, qu’ils méprisent ceux qui pour Dieu sont les plus importants. Dans l’épisode suivant, le jeune homme riche demande à Jésus comment avoir la vie éternelle. Mais lui, a contrario des enfants, n’est pas accueilli sur la base de son statut social. Jésus lui demande de vendre tout ce qu’il a pour être complètement dépendant de Lui.

Mais alors, qu’est-ce que veut dire ressembler à un enfant… ? Être comme un enfant, c’est être innocent… vraiment ? Ceux qui ont été parents doutent qu’il s’agisse d’innocence… En fait, on ne naît pas innocent. On naît vulnérable et dépendant. Les enfants sont une image de dépendance. Aux yeux de la société, ils n’ont aucun statut, aucun droit. Tels les femmes et les esclaves, les enfants sont complètement dépendants de la volonté de leur chef masculin de famille. En plus, le taux de mortalité des enfants à ce moment-là et dans ces régions était vraiment haut… Pas étonnant que des gens viennent vers un homme de foi, faiseur de miracles, afin qu’il prie pour leurs enfants !

Si on résume, un disciple qui ressemble à un enfant, ça donne quoi ? Comme un enfant qui n’a rien à offrir, c’est se reconnaître pauvre et vulnérable. Pour venir devant Dieu, nous avons besoin de se reconnaître pauvre spirituellement (Mt 5.3). Nous ne pouvons rien amener au Christ si ce n’est notre nécessité de le connaître et d’être connu de lui. Nous avons besoin aussi de son intercession constante pour nous… (Rm 8.34).

Comme un enfant, un disciple bienheureux se reconnaît vulnérable et dépendant du Christ. Et moi, est-ce que quelque chose m’empêche de venir les mains vides devant Dieu ?

II. Comme un enfant, Dieu s’est fait.

Comme d’habitude, lorsque Jésus nous enseigne qui devenir, il nous a déjà précédé… On entre aujourd’hui dans le temps de l’Avent. On fait mémoire de l’incarnation de Dieu en être humain, dans la personne de Jésus-Christ il y a 2025 ans. Le grand mystère de Noël, c’est le mystère de l’humilité de Dieu… Dieu s’est rendu vulnérable. Dieu s’est rendu dépendant de ses créatures.

Comme un enfant, Dieu s’est fait. Il vint nu sur la terre, sans gloire, dépourvu de force, et pourtant Dieu. L’unique humain de toute l’histoire qui naquit innocent. Un bébé pas comme les autres, qu’Hérode a voulu tuer, mais adoré par des mages venus de très loin, et des bergers avertis par des anges de sa naissance… Un bébé devant lequel le prêtre Siméon a dit à Dieu : « J’ai vu de mes propres yeux ton salut, ce salut que tu as préparé devant tous les peuples : c’est la lumière qui te fera connaître aux populations et qui sera la gloire d’Israël, ton peuple » (Lc 2.30-32). Dieu s’est rendu vulnérable et dépendant pour chacun d’entre nous. Il a choisi de se faire comme nous, humains, pour nous réconcilier avec lui, pour pardonner notre dureté de cœur. En plus, Christ n’a pas cessé de manifester AU QUOTIDIEN sa tendresse et sa compassion pour d’autres « petits » de ce monde… Il a accueilli et aimé les faibles, les méprisés, les sans-droits, les pauvres, les captifs… Il a guéri, sauvé, aimé, béni. Les derniers aux yeux du monde sont les plus importants aux yeux de Dieu.

III. Comme un enfant, accueilli et béni.

Pour entrer dans le Royaume de Dieu, il nous faut devenir comme un enfant. Être comme un enfant, c’est se reconnaître spirituellement pauvre (Mt 5.3), nu devant Dieu, sans rien à lui offrir en échange de son pardon. C’est lui dire « je suis complètement dépendant de ta grâce mon Dieu ». Reconnaître Jésus-Christ comme mon Sauveur et mon Seigneur me permet d’être accueilli par Lui, et béni par sa grâce…. Qu’est-ce qui nous empêche d’être complètement dépendants de Dieu ?

Ensuite, sommes-nous des obstacles entre les enfants et le Christ ? Est-ce que l’on considère les enfants avec autant d’importance que le Dieu le fait ? En tant qu’Eglise, comment valoriser la jeunesse comme Christ le ferait ?

Finalement, est-ce que l’on accueille les « petits » de ce monde comme Christ l’a fait ? Ce que les enfants et les « petits » de ce monde en ont commun, c’est leur faiblesse, leur vulnérabilité. Ils se trouvent tous deux dans le dénuement. C’est dur et non naturel de prêter attention aux personnes en situation de vulnérabilité, de handicap, de pauvreté, de détresse ; plutôt que de montrer de l’intérêt pour les gens impressionnants. Mais Christ nous a précédé, alors demandons-lui sa tendresse pour eux.

CONCLUSION

Comme un enfant, je veux être vulnérable devant Dieu et dépendant de la grâce du Christ. Dieu lui-même m’a montré l’exemple. Alors à mon tour, une fois accueilli et béni par lui, je veux accueillir et bénir la jeunesse et les petits de ce monde avec la tendresse de Dieu.