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Face à l’adversité

https://soundcloud.com/eel-toulouse/predic191020

Parmi les textes bibliques proposés dans la liste de lectures de ce dimanche, il y a une histoire que l’on trouve dans le livre de l’Exode. C’est un récit de bataille, au cours de laquelle Moïse a adopté une attitude plutôt surprenante…

Exode 17.8-13
8 Les Amalécites vinrent attaquer les Israélites à Refidim. 9 Moïse dit à Josué : « Choisis des hommes capables de nous défendre et combats les Amalécites. Demain je me tiendrai au sommet de la colline, avec le bâton de Dieu à la main. » 10 Josué partit combattre les Amalécites, comme Moïse le lui avait ordonné, tandis que Moïse, Aaron et Hour se postaient au sommet de la colline. 11 Tant que Moïse tenait un bras levé, les Israélites étaient les plus forts, mais quand il le laissait retomber, les Amalécites l’emportaient. 12 Lorsque les deux bras de Moïse furent lourds de fatigue, Aaron et Hour prirent une pierre et la placèrent près de Moïse. Moïse s’y assit. Aaron et Hour, chacun d’un côté, lui soutinrent les bras, qui restèrent ainsi fermement levés jusqu’au coucher du soleil. 13 Josué remporta une victoire complète sur l’armée amalécite.

Nous sommes peu de temps après la sortie d’Egypte. L’euphorie qui devait accompagner cet épisode extraordinaire pour les Hébreux est retombée : tout n’est pas aussi simple qu’ils l’auraient imaginé. Tout le monde est fatigué, des tensions naissent, des récriminations s’élèvent. Bref, le peuple est fragilisé, vulnérable. Et c’est ce moment que les Amalécites, un peuple autochtone, choisissent pour attaquer. Le livre du Deutéronome, qui parle aussi de notre épisode, le souligne :

Deutéronome 25.17-18
17 Souviens-toi de ce qu’Amalec t’a fait, lorsque vous étiez en route, après la sortie d’Égypte. 18 Ils n’avaient aucune crainte de Dieu, si bien qu’ils t’ont attendu le long du chemin, alors que tu étais complètement épuisé. Ils ont attaqué les retardataires à l’arrière.

Les Amalécites apparaissent dans l’histoire biblique comme l’un des ennemis les plus acharnés d’Israël. L’Ancien Testament relate de nombreux conflits entre les deux peuples. C’est ici le premier d’entre eux.

C’est en particulier l’attitude de Moïse qui va nous intéresser. Il envoie Josué se battre et lui se tient en arrière, sur les hauteurs, avec le “bâton de Dieu”. Quand il lève les bras avec ce bâton, les Israélites dominent la bataille, quand il baisse les bras, ce sont les Amalécites qui dominent.

Ce “bâton de Dieu” est le même que Moïse a brandi au-dessus de la mer qui s’est ouverte en deux pour laisser passer le peuple Hébreux qui sortait d’Egypte et était poursuivi par le Pharaon et son armée. L’épisode est récent, impossible de ne pas y penser ! Le message est clair : comme le Seigneur a délivré son peuple de l’armée du Pharaon, Moïse espère qu’il le délivrera de son ennemi Amalec.

Mais comme la bataille dure, Moïse se fatigue et a besoin de l’aide d’Aaron et Hour pour maintenir ses bras en l’air… jusqu’au coucher du soleil, jusqu’à la victoire complète d’Israël..

On peut aussi voir dans la posture de Moïse une attitude de prière. En effet, au temps biblique c’est en élevant les mains que l’on priait. On en trouve à plusieurs reprise l’expression dans les Psaumes par exemple. Ainsi, sur la colline, lorsque Moïse levait ses bras il implorait Dieu de leur donner la victoire. Lorsqu’il baissait les bras, il cessait de prier. Et grâce à l’aide d’Aaron et Hour, il a persévéré dans la prière jusqu’au coucher du soleil. Jusqu’à la victoire totale.

Qu’est-ce qu’un tel récit peut nous dire aujourd’hui ? Les Amalécites ont disparu… Mais pour nous, ils peuvent représenter sans doute plutôt nos ennemis, extérieurs ou intérieurs, qui profitent de nos situations de faiblesse, de vulnérabilité, pour nous attaquer et chercher à nous détruire. L’exemple de Moïse peut nous inspirer face à l’adversité.

Prendre des initiatives

Avez-vous noté que dans ce récit, Dieu ne parle pas ? Il ne dit pas à Moïse d’attaquer les Amalécites, il ne lui dit pas de monter sur la colline et de brandir son bâton. Visiblement, Moïse fait tout cela de sa propre initiative. Il ne le fait pas sur un coup de tête ! Il a appris de ses expériences passées et il n’attend pas que Dieu lui dicte tout le temps ce qu’il doit faire pour agir ! N’y a-t-il pas là une leçon pour nous ?

Face à l’adversité, Dieu attend que nous prenions des initiatives !

Il ne veut pas des robots qui obéissent aux commandes. Il veut des croyants responsables, adultes spirituellement, capables d’agir et de réagir avec sagesse et discernement.

Evidemment, en prenant des initiatives, on risque de se tromper. Parfois, on fera des mauvais choix… Mais c’est aussi comme ça qu’on apprend. Et Dieu veillera sur nous. Ne croyons-nous pas qu’il peut corriger nos erreurs ?

Il ne s’agit pas non plus de faire n’importe quoi ! Moïse n’a pas fait n’importe quoi ! Sa réaction était réfléchie et sensée. Elle s’appuyait sur ce que Dieu avait promis et sur ce qu’il avait déjà accompli pour son peuple.

Bien-sûr que parfois on aura besoin d’aide, face à des décisions difficiles. Mais bien souvent, Dieu s’attend à ce ce que nous fassions preuve de logique, de discernement, d’initiative. C’est aussi très spirituel de prendre des initiatives, d’agir sans attendre toujours un ordre de mission ou un feu vert explicite de Dieu.

Saisir les promesses de Dieu

Parlons un peu maintenant de ce “bâton de Dieu”. On l’a dit, c’est le même que Moïse avait utilisé lors de la traversée de la mer. Cette fois-là, d’ailleurs, c’est Dieu qui lui avait dit de lever son bâton au-dessus de la mer.

Brandir le bâton de Dieu, c’est se souvenir des délivrances passées, de ce que Dieu a déjà accompli, et de ce qu’il a promis de faire. Voilà sans doute ce que nous sommes aussi appelés à faire face à l’adversité.

Face à l’adversité, nous sommes appelés à nous saisir des promesses de Dieu.

Pas plus que le bâton de Moïse n’avait de vertu magique, les promesses de Dieu ne sont pas des formules magiques par lesquelles nous remportons la victoire. Mais les promesses de Dieu, celles qui sont consignées dans la Bible, celles qui découlent de l’oeuvre accomplie par le Christ, mort et ressuscité, ces promesses sont précieuses face à l’adversité. Parce qu’elles nous rappellent que Dieu nous aime et qu’il ne nous abandonnera pas. Elles nous rappellent que la mort n’aura pas le dernier mot car Jésus-Christ l’a vaincue le dimanche de Pâques. Elles nous permettent de tenir ferme, de résister, d’endurer avec patience… parce que nous avons une espérance.

N’hésitons pas à “brandir le bâton de Dieu”, à nous remémorer les promesses de Dieu pour nous !

Demander de l’aide

L’autre aspect étonnant de ce récit de bataille, c’est l’aide d’Aaron et Hour à Moïse pour qu’il puisse garder ses bras levés jusqu’au coucher du soleil !

Si les bras levés de Moïse sont bien un signe de prière de sa part, alors on comprend qu’il a dû lutter aussi, dans la prière, avec persévérance. Et qu’il a eu besoin d’aide pour y arriver.

Face à l’adversité, nous avons besoin d’aide.

Car l’adversité ne cessera jamais… Que nous soyons croyant ou non, nous avons tous à lutter, tout au long de notre vie, contre des ennemis extérieurs ou intérieurs à nous-mêmes. Nous avons tous nos combats, nos fragilités qui nous rendent vulnérables et qui menacent, parfois, de nous faire tomber, de nous détruire. Chacun, pour sa part, sait quels sont ses combats…

La première aide dont nous avons besoin, c’est celle de Dieu. Dans l’adversité, prions ! Avec persévérance, comme Moïse gardait ses bras levés ! Prions pour demander l’aide de Dieu. Jésus lui-même nous y invite lorsqu’il intègre, dans le Notre Père, la prière qu’il enseigne à ses disciples : “Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal !”

Mais il arrive aussi que nous ayons besoin d’une aide supplémentaire. Il nous faut des Aaron et des Hour qui nous soutiennent, qui sont avec nous sur la colline, qui trouvent des pierres où nous pouvons nous asseoir, qui maintiennent nos bras levés dans la prière. Nous avons besoin de compagnons de route, qui se tiennent à nos côtés, qui prient pour nous et avec nous.

Et si nous ne trouvons pas cette aide dans l’Eglise alors où la trouverons-nous ?

Conclusion

L’adversité est notre lot commun… et nos adversaires peuvent autant nous être extérieurs qu’intérieurs. Mais ils sont bien là. La vie est un combat. Face à l’adversité, l’exemple de Moïse dans notre récit nous invite à prendre des initiatives, à saisir les promesses de Dieu, et à demander de l’aide.

Moïse et le peuple d’Israël ont été secourus par Dieu et ils ont vaincu les Amalécites, leurs ennemis. Alors à plus forte raison pouvons-nous espérer dans le secours du Christ, qui a vaincu même la mort, cet ennemi ultime. Il combat avec nous, il se tient sur la colline avec nous, il nous permet de rester debout, ou il nous relève si nous tombons.

Face à l’adversité, le Christ est en nous et avec nous. C’est notre plus grand espoir, en toutes circonstances.

Prier, être exaucé… ou pas !

Parmi les nombreuses questions liées à la prière, il y a celle de l’exaucement. Et ce n’est pas la plus facile… Elle n’est pas évidente d’un point de vue théologique, et elle n’est pas évidente d’un point de vue pratique, parce qu’elle a forcément des échos dans notre vie de prière. Qui peut prétendre qu’il ne s’est jamais interrogé pourquoi Dieu n’a pas exaucé telle ou telle prière ? Qui peut affirmer haut et fort qu’il n’a aucun souci avec ses prières, qu’elles sont toutes exaucées et que si elles ne le sont pas, ça ne lui pose aucun problème, ça ne suscite en lui aucune question ?

Il n’y a sans doute pas de réponse simple à une question aussi complexe. La prière demeure, dans une certaine mesure, un mystère, qui ne se résout pas dans un discours théologique ou philosophique mais dans la relation avec Dieu. Ca ne veut pas dire que nous n’avons rien à en dire…

Jacques 5.13-18
13 Quelqu’un parmi vous souffre-t-il ? Qu’il prie. Quelqu’un est-il heureux ? Qu’il chante des louanges. 14 L’un de vous est-il malade ? Qu’on appelle les anciens de l’Église ; ceux-ci prieront pour lui et ils feront une onction d’huile sur sa tête au nom du Seigneur. 15 Une telle prière, faite avec foi, sauvera la personne malade : le Seigneur la remettra debout, et si elle a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. 16 Reconnaissez donc vos péchés les uns envers les autres, et priez les uns pour les autres, afin d’être guéris. La prière fervente d’une personne juste a une grande efficacité. 17 Élie était quelqu’un de semblable à nous : il pria avec ardeur pour qu’il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et demi. 18 Puis il pria de nouveau ; alors le ciel donna de la pluie, et la terre produisit ses récoltes.

Qu’est-ce que Jacques nous dit sur la prière dans ce texte ? D’abord qu’il y a toujours une prière appropriée à chaque situation. Dans la joie comme dans l’épreuve, seul ou avec d’autres, on peut toujours trouver une prière qui réponde à une situation particulière.

Il insiste en particulier sur les promesses d’exaucement de la prière, notamment pour les malades. Il le fait avec cette formule qui claque, qui résonne presque comme un slogan : “La prière fervente d’une personne juste a une grande efficacité.”

Mais cette formule pose un certain nombre de questions…

  • Qu’est-ce qu’une prière fervente ? Et d’ailleurs, comment comprendre le mot “fervent” employé ici ? Est-ce que l’exaucement dépend de l’intensité de la prière ?
  • Qui est le “juste” qui prie ? Est-ce que l’exaucement dépend de l’intégrité morale et spirituelle de celui qui prie ?
  • De quoi parle-t-on quand on parle d’efficacité dans la prière ? S’agit-il d’un exaucement certain, presque automatique ?

A l’origine, comme tout le Nouveau Testament, cette lettre est écrite en grec. Et la traduction en français de cette phrase n’est pas évidente. Il suffit de comparer les différentes versions pour s’en convaincre :

  • “La prière fervente d’une personne juste a une grande efficacité.” (Nouvelle Français Courant)
  • “La prière d’un homme juste est très puissante.” (Parole de Vie)
  • “La prière agissante du juste a une grande efficacité.” (Colombe)
  • “Quand un juste prie, sa prière a une grande efficacité.” (Semeur)
  • “La prière du juste, mise en œuvre, a beaucoup de force.” (Nouvelle Bible Segond)
  • “La requête d’un juste agit avec beaucoup de force.” (Traduction Oecuménique de la Bible)

On comprend bien qu’on parle de la prière, et de la prière du juste. On retrouve dans tous les cas l’idée de force, de puissance ou d’efficacité liés à la prière. C’est donc bien l’exaucement de la prière qui est évoqué. La difficulté principale est dans la traduction d’un terme grec, un participe du verbe energeomai (qui a donné “énergie” en français). Il est carrément laissé de côté dans certaines versions (Parole de Vie, Semeur) et traduit différemment selon les autres : une prière “fervente” (Nouvelle Français Courant), “agissante” (Colombe), “mise en oeuvre” (Nouvelle Bible Segond), ou qui “agit” (TOB)…

L’exemple d’Elie, que Jacques évoque pour illustrer son propos, va nous aider à mieux comprendre. Il le souligne dès le début : Elie était quelqu’un comme nous. Il avait beau être prophète, il n’était pas un surhomme. Il avait aussi ses failles, ses faiblesses, ses limites. Le juste n’est pas celui qui est parfait. Elie ne l’était pas. Le juste est celui qui est fidèle à Dieu, attaché au Seigneur. Elie l’était.

Au temps du roi Achab, l’idolâtrie allait bon train en Israël. Le roi avait même fait ériger un temple dans la capitale en l’honneur de Baal, divinité païenne de l’orage et la pluie. Elie, lui, est resté fidèle au Seigneur. Il annonce alors que Baal, soit disant maître de la pluie, est en réalité incapable de la faire tomber. Il annonce que la sécheresse ravagera Israël, parce que le peuple n’adore plus le Seigneur. Et sa prière est exaucée : une sécheresse frappe le pays. Plus tard, après une période de découragement où Elie a même demandé à Dieu de lui ôter la vie, le prophète décide de défier les prophètes de Baal. Et ça sera l’occasion pour le Seigneur de montrer de manière éclatante sa puissance face au prières vaines des prophètes de Baal. C’est suite à cet épisode que la pluie est enfin de retour dans le pays. La prière d’Elie est une nouvelle fois exaucée.

Les prières d’Elie, que Dieu a exaucées, sont des prières exprimées avec confiance et audace, des prières auxquelles sont associées des paroles et des actes courageux, dont les exaucements permettaient de rendre gloire à Dieu. C’est sans doute un peu tout cela qu’il doit y avoir dans ces prières “ferventes” et/ou “agissantes” dont parle Jacques.

Sur la base de l’affirmation de Jacques, et de l’exemple d’Elie, nous pouvons souligner deux éléments clés pour un exaucement de la prière.

La conviction

Qu’on parle de ferveur ou de mise en action, ce qui pourrait caractériser la prière dont parle Jacques, c’est la conviction. Elie était tellement convaincu de sa prière qu’il n’a pas hésité à défier publiquement tous les prophètes de Baal.

C’était une prière courageuse, audacieuse. Une prière convaincue, c’est-à-dire une prière engagée, dans laquelle on est totalement investi. On est loin d’une prière dite du bout des lèvres, ou récitée par habitude. Il s’agit d’une prière dans laquelle nous ne sommes pas seulement spectateurs mais acteurs, une prière qui se prolonge dans des paroles et des actes.

Il y a donc bien un lien entre la ferveur, la conviction d’une prière et son exaucement. Mais ce n’est évidemment pas un lien mécanique. L’exaucement, ce n’est pas automatique ! On a de nombreux contre-exemples, y compris dans la Bible.

Si l’exaucement était mécanique, on pourrait dire que si on n’est pas exaucé, c’est parce qu’on n’est pas convaincu, parce qu’on manque de foi. On le dit parfois, ou on le sous-entend. Et c’est catastrophique !

Ce n’est pas notre foi qui exauce la prière, c’est le Seigneur. Mais il utilise notre foi, notre conviction, pour nous associer à son exaucement. Nous sommes aussi acteurs de notre prière. C’est comme dans les récits de guérison des Evangiles, c’est le Seigneur qui guérit mais Jésus dit au malade : “ta foi t’a sauvé !”

L’intégrité

C’est “la prière du juste” dont parle Jacques qui nous pousse à évoquer l’idée d’intégrité. Elle se manifeste dans la fidélité d’Elie, dans son attachement intact au Seigneur alors même que le roi entraînait le peuple loin de Dieu. L’intégrité est donc aussi un élément important dans l’exaucement de la prière. Rappelons-le, pour Jacques, c’est la prière du juste qui est exaucée.

Parler d’intégrité nous conduit à évoquer ce qui, en nous, peut faire obstacle à l’exaucement de nos prières. Or, un des principaux obstacles à l’exaucement, c’est notre péché. Il ne faut pas le nier. Si Dieu n’exauce pas notre prière, c’est peut-être parce que nous avons d’abord quelque chose à régler dans notre vie. Et que cette chose à régler est plus importante pour nous que l’objet de notre prière.

C’est aussi pour cela que Jacques parle dans notre texte de la confession et du pardon des péchés ! Dans la perspective de l’Evangile, est juste celui qui est pardonné… Le pardon de Dieu peut libérer des exaucements dans notre vie !

Et le non-exaucement d’une prière peut être un message de la part du Seigneur, pour nous inviter à nous demander s’il n’y a pas, dans notre vie, un obstacle à l’exaucement, une zone d’ombre à laisser éclairer par la lumière de Dieu, un péché à confesser.

Conclusion

Prier, être exaucé… ou pas ! C’est l’expérience de tout chrétien. Il n’y a pas de truc pour garantir l’exaucement. Ca n’est pas automatique. Dieu n’est pas obligé de répondre favorablement à notre prière, même si nous le lui demandons avec conviction. D’ailleurs, le non-exaucement peut être parfois la meilleure réponse à notre prière, parce que nous avons besoin d’autre chose.

Il n’y a pas de truc… mais il y a bien une promesse : “La prière fervente d’une personne juste a une grande efficacité.”

Grâce à elle, Jacques nous encourage à nous saisir de la prière, en toutes circonstances. Il nous invite à comprendre tout le potentiel que Dieu met dans la prière, par laquelle il nous associe à son oeuvre.

Mais il nous avertit aussi. Si nous voulons voir des exaucements dans notre vie, il y a quelques principes à respecter :

  • Ayons une prière fervente, persévérante, intense, dans laquelle on s’engage pleinement, avec conviction. Osons des prières audacieuses et ardentes !
  • Cherchons à être intègre et juste devant le Seigneur, en approfondissant notre communion avec Dieu. Ca nous évitera aussi de demander des choses qui ne sont pas selon le coeur de Dieu…

A chacun de voir sur lequel de ces principes il doit le plus travailler…

Christ est ma vie (2) Être transformé par le Christ

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/christ-est-ma-vie-2-etre-transforme-par-le-christ

Est-ce que vous êtes satisfait de ce que vous êtes ? Et si vous êtes croyant, est-ce que vous êtes le chrétien ou la chrétienne que vous rêvez d’être ? Sans doute pas… En tout cas, moi, je n’ai pas cette impression pour moi-même.

La semaine dernière nous nous sommes interrogés sur ce que cela impliquait d’être disciple du Christ : répondre à l’appel du Christ et choisir de le suivre, en s’efforçant chaque jour de discerner ce qu’il attend de nous. On a beau vouloir suivre le Christ, se laisser inspirer par son exemple, le prendre comme modèle… on n’y arrive pas toujours. Malgré toute notre bonne volonté, on est rapidement confronté à nos limites. Sans compter nos incohérences et parfois nos mauvais choix… Et c’est une source de frustration, de découragement voire de culpabilité.

On peut vite se dire qu’on n’est pas à la hauteur, qu’on ne progresse plus… bref, qu’on n’est pas un bon chrétien !

Or, on veut tous être quelqu’un de bien. Et si on est croyant, on veut être un bon chrétien… Mais qu’est-ce que c’est être quelqu’un de bien ? Qu’est-ce qu’un bon chrétien ? Comment va-t-on mesurer le fait d’être quelqu’un de bien ? Qui va nous dire si nous sommes un bon chrétien ?

Bien-sûr, il est légitime de se dire que notre marche à la suite du Christ va nous changer, qu’elle doit nous rendre, d’une certaine manière, meilleur… Parce que notre maître est le meilleur modèle qui soit ! Mais comment l’évaluer ? Et comment entrer, ou rester, dans une dynamique positive ? Comment peut-on être transformés par le Christ ?

Voyons ce qu’en dit l’apôtre Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens :

2 Corinthiens 3.12-18
12 C’est parce que nous avons une telle espérance que nous faisons preuve d’une grande franchise. 13 Nous ne faisons pas comme Moïse, qui se couvrait le visage d’un voile pour empêcher les Israélites de fixer leur attention sur la disparition de l’éclat passager. 14 Mais ils ont refusé de comprendre ; en effet jusqu’à ce jour, ce même voile est présent quand ils lisent les livres de l’ancienne alliance. Il ne leur a pas été révélé que c’est à la lumière du Christ que ce voile disparaît. 15 Aujourd’hui encore, chaque fois qu’ils lisent les livres de Moïse, un voile recouvre leur intelligence. 16 Mais, comme il est écrit : «Lorsqu’on se tourne vers le Seigneur, le voile est enlevé.» 17 Or le Seigneur, ici, c’est l’Esprit ; et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. 18 Nous tous, le visage dévoilé, nous contemplons en Christ, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur, et nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore. Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l’Esprit.

Les versets 12 et suivants proposent une lecture métaphorique d’un épisode de l’Ancien Testament. Moïse se tenait dans la présence même de Dieu, sur le mont Sinaï, et lorsqu’il redescendait, son visage rayonnait de la gloire de Dieu. Pour protéger les Israélites, qui n’étaient pas prêts à être ainsi confrontés à la gloire de Dieu, Moïse se voilait le visage. L’apôtre Paul y voit le symbole du voile qui recouvre les yeux de ses frères et soeurs Juifs, incapables de discerner en Jésus-Christ le Fils de Dieu. Mais grâce au Christ, le voile est levé. Et en lui un processus de transformation en profondeur peut s’enclencher en nous : “nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur”.

Au coeur de ce processus de transformation, il y a la gloire de Dieu. Au premier abord, ça peut surprendre… Il convient donc de bien comprendre de quoi il s’agit.

La gloire de Dieu

Le terme hébreu utilisé dans la Bible et que l’on traduit par “gloire” dérive d’une racine qui évoque le poids. Dans le monde antique en particulier, le poids permettait de mesurer la valeur de quelque chose. La gloire de Dieu, c’est son “poids”, sa valeur, son importance.

Quand la gloire de Dieu se manifeste, notamment dans des visions données à des prophètes, elle se manifeste toujours sous la forme d’un éclat éblouissant qui émane de Dieu. Dans la vision d’Esaïe (chapitre 6), par exemple, l’éclat de la gloire de Dieu est si vif que les séraphins eux-mêmes, ces êtres célestes qui vivent dans la présence même de Dieu, sont obligés de cacher constamment leurs yeux avec leurs ailes.

D’ailleurs, dans l’Ancien Testament, la gloire de Dieu inspirait la crainte voire la terreur. Il y avait une maxime qu’on répétait sans cesse : on ne peut pas voir Dieu et rester en vie !

Dans le Nouveau Testament, on trouve le terme grec doxa. Il évoque la valeur. Mais il est aussi utilisé pour évoquer l’éclat (par exemple d’un astre ou d’une lumière). Il s’applique naturellement à Dieu aussi.

La gloire de Dieu c’est donc sa valeur inestimable, c’est son éclat, sa perfection, sa sainteté. Elle nous est inaccessible, elle nous terrasse, nous qui sommes pécheurs.

“Nous contemplons en Christ, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur…”

Aujourd’hui pourtant, cette même gloire, nous pouvons la contempler. Qu’est-ce qui a changé ? La venue de Jésus-Christ !

“La Parole est devenue un homme et il a habité parmi nous. Nous avons vu sa gloire, la gloire qu’un Fils unique, plein du don de la vérité, reçoit du Père.” (Jean 1.14)

Le Christ n’est pas un voile qui nous sépare de la gloire de Dieu, il est un filtre qui nous permet de la contempler. Un peu comme les lunettes spéciales qu’on doit chausser pour regarder une éclipse de soleil.

Pour Paul, ce nouvel accès, par le Christ, à la gloire de Dieu, change tout ! C’est la clé de notre transformation.

“Nous contemplons en Christ, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés…”

C’est de la contemplation que naît la transformation ! Contempler, c’est s’exposer. C’est une démarche gratuite, d’ouverture, d’accueil. Il s’agit de puiser dans l’éclat de Dieu l’énergie qui nous fait grandir. Comme une plante a besoin de la lumière du soleil pour croître.

Il nous faut redécouvrir les vertus de la contemplation. Elle nous décentre de nous-mêmes, de nos soucis, nos craintes, nos culpabilités, nos frustrations, mais aussi nos exigences, nos revendications, nos mécontentements, nos égocentrismes… Elle nous tourne vers Dieu : c’est lui qui est vraiment important, le seul à avoir du poids. Et sa gloire, sa lumière, sa vie, nous transforme.

“Nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur…”

Il ne s’agit pas de nous améliorer par nos propres forces, de chercher à nous transformer nous-mêmes mais à nous laisser transformer par Dieu. C’est l’oeuvre de l’Esprit saint en nous. C’est même la raison pour laquelle l’Esprit saint vient habiter en nous.

Le Saint-Esprit qui habite en nous, c’est la sainteté de Dieu qui habite en nous. C’est sa gloire dans notre coeur. La proximité avec la gloire de Dieu, le Christ qui nous la révèle, voilà ce qui nous transforme. Comme Moïse était transfiguré en redescendant de la montagne.

“Nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore.”

Le processus de transformation est enclenché, et il n’est pas censé s’arrêter… On passe d’une gloire à une gloire plus grande encore. Dieu prend de plus en plus de poids dans notre vie.

La transformation n’est certes pas linéaire. Elle est plus ou moins rapide, parfois elle semble un peu stagner, mais elle est réelle. C’est Dieu qui s’en charge !

Être transformé

En centrant son exhortation sur la contemplation de la gloire de Dieu en Christ, l’apôtre Paul ne nous dit pas de chercher à être quelqu’un de bien, à être un bon chrétien. Il nous invite à nous laisser transformer par Dieu, à travers le Christ, à le laisser prendre de plus en plus de poids dans notre vie.

Pourtant j’ai l’impression que nous sommes souvent préoccupés par le fait d’être quelqu’un de bien. Et parfois même, on peut avoir l’impression que notre but, en tant que croyant, est d’être un bon chrétien.

Si c’est le cas, nous faisons fausse route. Ou du moins, nous posons mal le problème. Parce que cela nous conduit à une logique de performance. C’est un mal de notre siècle, un conditionnement auquel il est difficile de se soustraire. On le voit aussi dans l’Eglise : on se compare aux autres, on n’est pas suffisamment ceci ou cela. Alors on est découragé parce qu’on n’est pas un bon chrétien, c’est-à-dire un chrétien performant, dans son témoignage, dans sa vie de piété, dans son engagement dans l’Eglise… Et là c’est vrai qu’on n’est jamais assez bon !

Dans cette optique, on risque de tomber aussi dans une vision utilitariste de l’Eglise : elle doit m’aider à devenir un bon chrétien. Elle doit me fournir des services qui contribuent à mon développement personnel, à ma croissance spirituelle, elle doit me faire me sentir bien dans ma vie de bon chrétien. Et le maître étalon, c’est moi…

Entendons l’appel de l’apôtre Paul à contempler la gloire de Dieu et nous laisser transformer par elle. Autrement dit, ce qu’il faut rechercher, ce n’est pas notre transformation mais c’est la gloire de Dieu.

Si ce que je recherche, c’est ma transformation pour devenir un bon chrétien, je risque de m’éloigner de la gloire de Dieu, en me centrant sur moi-même. Mais si je cherche à contempler, à m’exposer à la gloire de Dieu, alors elle me transformera. Dieu prendra de plus en plus de poids dans ma vie, et je changerai.

“Nous tous, le visage dévoilé, nous contemplons en Christ, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur, et nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore. Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l’Esprit.”

Christ est ma vie (1) Être disciple du Christ

https://soundcloud.com/eel-toulouse/christ-est-ma-vie-1-etre-disciple-du-christ

Nous commençons notre campagne de quatre semaines sur le thème “Christ est ma vie” en parlant du fait d’être disciple du Christ. Et ça tombe bien en ce dimanche de rentrée de l’Eglise ! Pourquoi ? Parce que, dans le Nouveau Testament, le mot « disciple » traduit le grec mathetes, c’est celui qui apprend. Le mot français « mathématique » vient de la même racine grecque. Un disciple, c’est donc un élève, un étudiant.

D’une certaine façon, on peut donc dire que ce matin, c’est notre rentrée de disciples !

Evidemment, les disciples au temps de Jésus n’étaient pas tout à fait comme les étudiants aujourd’hui… Pas de prépa, de concours ou de parcours sup ! Pas de week-end d’intégration, de carte étudiant ou de logement étudiant à trouver…

Mais il y avait des enseignants. Ou plutôt il y avait en général un maître auquel le disciple s’attachait. C’est ce qu’ont fait les disciples dans les évangiles. C’est ce qu’on fait les premiers croyants du Nouveau Testament. Et c’est pour cette raison que les disciples de Jésus ont été appelés chrétiens. C’est le livre des Actes qui nous en parle : « C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. » (Ac 11.26) Ce ne sont pas les disciples qui ont choisi eux-mêmes de s’appeler chrétiens, c’est un nom qu’on leur a donné, peut-être même comme un sobriquet au début. Mais c’est un nom qui leur convenait bien et qui s’est imposé. Un disciple se définit par son maître : un disciple de Christ (Christos) est un chrétien (christianos).

Mais qu’est-ce que cela implique d’être disciple de Jésus-Christ ? Voyons ce que Jésus lui-même en dit, dans l’évangile selon Matthieu :

Matthieu 16.24-28
24 Puis Jésus dit à ses disciples : «Si quelqu’un veut me suivre, qu’il s’abandonne lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive. 25 En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. 26 À quoi bon gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Que donnerait-on en échange de sa vie ? 27 En effet, le Fils de l’homme va venir dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon la façon dont il aura agi. 28 Je vous le déclare, c’est la vérité : quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront pas avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir comme roi.»

Juste avant ces paroles de Jésus, Pierre avait publiquement confessé le Christ, reconnaissant en Jésus le Messie. Puis Jésus avait annoncé à ses disciples sa mort et sa résurrection… Une annonce que les disciples ont d’ailleurs du mal à comprendre, en particulier Pierre qui fait même des reproches à Jésus en lui disant que ça ne lui arrivera pas !

Probablement que pour Pierre, tout va bien. Jésus accomplit des miracles, les foules sont subjuguées par son enseignement. Que peut-il lui arriver ? Il est invincible… et ses disciples avec lui ! Sauf que Jésus n’est pas dupe et qu’il sait très bien comment les choses vont se terminer… alors il se doit de remettre les points sur les i pour ses disciples. Et leur rappeler à quoi ils se sont engagés.

Suivre Jésus

“Si quelqu’un veut me suivre…” Voilà, fondamentalement, ce qu’est un disciple : quelqu’un qui suit son maître. Jésus-Christ est notre maître, nous le suivons !

Cet appel à suivre le Christ, qui traverse les évangiles, nous invite à ne pas définir la foi chrétienne d’abord comme une appartenance à une religion, une adhésion à des articles de foi mais comme le choix de suivre Jésus-Christ. Quand je dis que je suis chrétien, je ne devrais pas être en train de dire : “je crois en ceci ou cela”. Je devrais être en train de dire : “je suis Jésus, je m’efforce de suivre le Christ”

Suivre Jésus, c’est d’abord, un jour, répondre à son appel : “viens et suis-moi”. On devient disciple de Jésus quand on se met en marche à sa suite. Et on le reste en continuant de marcher. Ça ne s’arrête jamais ! Le chemin est sans cesse renouvelé. La vie chrétienne n’est vraiment pas une vie de routine… et si on la vit comme ça, c’est de notre faute, pas de celle du Christ !

Suivre Jésus, c’est regarder à lui comme un guide, un exemple, un modèle. Concrètement, c’est se poser la fameuse question : “Que ferait Jésus à ma place ?” Je n’ai pas toujours trouvé cette question très pertinente… Je me disais que c’était un peu simpliste, que ça ressemblait trop à une formule, une méthode trop mécanique. Et puis j’ai changé d’avis. Et aujourd’hui je me dis qu’il n’y a probablement pas de meilleure question à se poser en tant que disciple de Jésus.

“Que ferait Jésus à ma place ?” Une telle question implique bien plus que des réponses toutes faites, qu’une soumission servile à une liste d’interdits et d’obligations, elle ne trouve pas la réponse dans un verset biblique miracle qu’il suffirait de citer. Pour répondre correctement à cette question, il faut apprendre à connaître Jésus tel qu’il nous est présenté dans les évangiles : ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, la façon dont il a réagi dans telle ou telle situation, ce qui était vraiment important pour lui… Et il nous faut approfondir notre relation avec lui, aujourd’hui, dans la prière. C’est cela, suivre Jésus !

Un disciple du Christ, c’est donc celui ou celle qui choisit un jour de répondre à l’appel du Christ : “Viens et suis-moi !”, et qui chaque jour se demande : “que ferait Jésus à ma place ?”

Payer le coût

Mais Jésus ne cache pas qu’il y a un coût à payer pour le suivre… Il n’est pas en train de dire que la vie de disciple est un long fleuve tranquille, un chemin bordé de roses sans épine. L’Evangile n’est pas une publicité mensongère !

Mais avouons que les paroles de Jésus dans notre texte ne sont pas agréables à entendre. On peut même les trouver choquantes ! “Si quelqu’un veut me suivre, qu’il s’abandonne lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive.” S’abandonner soi-même, prendre sa croix… qui a envie de le suivre dans ces conditions ?

S’abandonner soi-même

L’expression est souvent traduite par “se renier soi-même”, et c’est bien ce que le verbe grec signifie. Il s’agit de s’effacer derrière le Christ, de lui donner la priorité, la première place dans notre vie. Le Christ passe d’abord… et je passe ensuite, parce que je le suis ! Je ne choisis par d’emmener le Christ avec moi, de l’intégrer dans ma vie, c’est lui qui m’emmène avec lui.

C’est à lui que revient la première place dans la vie d’un disciple du Christ. Florence a bien montré la semaine dernière les implications pour nous de donner la priorité au Christ, et que cela ne se fait pas au détriment des autres, bien au contaire. Je vous invite à relire sa prédication !

Prendre sa croix

Je vais donc me concentrer un peu plus sur la deuxième expression, qui n’est pas moins choquante. Elle se réfère au supplice de la crucifixion, qui était courant au temps de l’empire romain. Or celui qui allait être crucifié portait lui-même sa croix, du moins le poteau transversal de celle-ci. De plus, la crucifixion était une mort infamante. Elle était réservée d’abord aux esclaves, puis aux brigands, et n’était pratiquement jamais pratiquée pour les citoyens romains, sinon dans des cas exceptionnellement graves, à titre d’humiliation.

Bref, on ne peut pas dire que la perspective soit enthousiasmante ! Mais entendre cet appel de Jésus me fait toujours penser à ces chrétiens pour qui devenir disciple du Christ impliquait une mort quasi-certaine, en martyr. Et c’est encore vrai aujourd’hui, dans certains pays où les chrétiens sont persécutés à cause de leur foi. Dans notre contexte, ces paroles résonnent différemment… Mais elles demeurent. Suivre le Christ a un coût, qui peut impliquer certaines souffrances.

Les disciples ne pouvaient sans doute pas percevoir toute la portée des paroles de Jésus. Et ils ne pouvaient certainement pas comprendre ce qu’il a dit ensuite : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. » Mais nous qui savons par quel chemin le Christ est passé, nous pouvons le comprendre. Cette croix dont Jésus parle, il l’a lui-même portée. Il a été crucifié. Suivre Jésus c’est aussi emprunter le même chemin que lui, porter sa croix c’est aussi suivre le Christ crucifié.

Mais à la lumière du récit de la Passion, nous pouvons affirmer :
Que la croix ne sera pas la fin de l’histoire de Jésus. Il est ressuscité. Il l’annonce d’ailleurs juste avant notre texte. Les épreuves et les souffrances que nous pouvons connaître en tant que disciple du Christ, les croix que nous pouvons porter, ne sont jamais le dernier mot de notre histoire. Notre espérance triomphe même de la mort !
Que la croix que nous portons, Jésus la porte avec nous… c’est pour cela qu’il a promis à ses disciples de leur envoyer “un autre consolateur”, le Saint-Esprit, Dieu qui vient habiter en nous. C’est un peu comme Simon de Cyrène, dans le récit de la Passion, qui a porté la croix de Jésus alors qu’il n’avait plus la force de le faire. Jésus-Christ, par son Esprit, fait de même pour nous. Nous ne sommes jamais seuls dans nos épreuves et nos souffrances. Il les porte avec nous.

Conclusion

Être disciple du Christ, c’est un choix ! Et vous pouvez très bien choisir de ne pas suivre le Christ. D’ailleurs Jésus dit : “si quelqu’un veut me suivre”. Chacun fait ce qu’il veut… Mais si vous choisissez de suivre le Christ, alors vous devez savoir à quoi ça vous engage.

Et, il faut le dire, suivre le Christ a un coût. Un vrai coût, qui implique un renoncement. Mais y a-t-il un seul choix important dans la vie qui n’implique aucun renoncement ? Choisir c’est aussi toujours renoncer à ce qu’on ne choisit pas !

Et choisir de suivre le Christ, c’est choisir la vie. C’est choisir comme maître celui qui est mort et ressuscité, et qui nous fait connaître Celui qui est la source de toute vie. Ça en vaut vraiment la peine !

Les prières les plus courtes peuvent être les meilleures !

Je vous propose de commencer par un petit quiz…

Connaissez-vous le verset le plus court de la Bible ?
Jean 11.35 : « Jésus pleura »

Et le plus long ?
Esther 8.9 : « Le même jour, le troisième mois, ou mois de Sivan, le 23 du mois, on réunit les secrétaires du roi. Selon les ordres de Mardochée, ils écrivent des lettres. Ils les envoient aux Juifs, aux représentants du roi, aux gouverneurs et aux fonctionnaires importants des 127 provinces du royaume, qui s’étend de l’Inde jusqu’à l’Éthiopie. Ils écrivent ces lettres avec l’écriture des habitants de chaque province et dans la langue de chaque peuple. Ils les écrivent aussi dans la langue des Juifs avec leur écriture. »

Certes, la numérotation en chapitres et versets est un ajout tardif dans la Bible, des repères qui ont été intégrés dans le texte biblique pour nous aider à nous repérer. Mais il y a bien dans la Bible des livres plus ou moins longs… Ainsi par exemple quel est le prophète dont le livre est le plus long ? Esaïe, avec 66 chapitres. Et le plus court ? Abdias, un seul chapitre qui tient sur une page de la Bible.

Au-delà du quiz, cela témoigne de la diversité de la Bible, c’est une indice de sa richesse. Elle contient aussi bien une longue épître en forme d’exposé théologique structuré et complet comme l’épître aux Romains, ou l’épître aux Hébreux, qu’une petite lettre personnelle de quelques lignes adressée à un certain Philémon à propos d’un de ses ex-esclaves devenu chrétien.

La même diversité se retrouve dans les Psaumes. Quel est le psaume le plus long ? Le psaume 119 avec ses 176 versets. Il faut près d’un quart d’heure pour le lire en entier à haute voix ! C’est un psaume très structuré : ce qu’on appelle un psaume alphabétique (chaque strophe de 8 versets commence par la même lettre de l’alphabet). Il décline toutes les facettes de la richesse de la Parole de Dieu. C’est une belle façon de dire qu’on ne fait jamais le tour de cette Parole, et que de nouvelles richesses se révèlent toujours à nous.

Et puis quel est le psaume le plus court ? Le psaume 117. Il ne fait que deux versets… C’est sur celui-là que je vous propose de nous arrêter ce matin :

1 Pays du monde entier, chantez la louange du SEIGNEUR !
Tous les peuples, chantez la grandeur de Dieu !
2 Oui, son amour envers nous est le plus fort.
La fidélité du SEIGNEUR est pour toujours.
Chantez la louange du SEIGNEUR !

De la longueur des prières…

Un psaume, c’est d’abord une prière. Et dans le recueil des 150 psaumes de la Bible, on y trouve des prières de toutes sortes, abordant des sujets nombreux, avec une grande variété de couleurs et de tons utilisés, et une longueur très variable. C’est d’une richesse incroyable.

Une première leçon que l’on peut tirer de la présence d’un psaume si court dans la Bible est que les prières les plus courtes peuvent aussi être les meilleures… En tout cas, qu’il n’y a pas besoin de longues prières compliquées pour qu’elles soient entendues par Dieu, que ce soit dans la prière communautaire ou dans la prière personnelle.

Il faut le reconnaître : certaines personnes ont un don pour la prière communautaire. Leur prière à haute voix est une source d’encouragement et d’édification. C’est une vraie richesse pour une Eglise !

Mais je ne pense pas forcément ici à ceux qui utilisent les mots les plus compliqués ou qui citent le plus de versets bibliques dans leurs prières ! D’ailleurs, on est en droit de se demander, parfois, pour qui certaines personnes prient. Par qui veulent-ils être entendu ? C’est ce que Jésus dénonce quand il parle des hypocrites qui prient dans les synagogues ou au coin des rues pour que tout le monde les voie (cf. Matthieu 6.5).

On dit parfois de certaines personnes qu’elles s’écoutent parler. Eh bien je crois qu’il y a aussi le risque, pour certains croyants, de s’écouter prier… et de vouloir que les autres les écoute.

Sans compter qu’il y a parfois des croyants qui, dans leurs prières publiques, déballent leur vie privée ou, pire, règlent leurs comptes avec des gens présents autour d’eux (j’en ai déjà entendu)…

Mais heureusement, à l’inverse, il y a aussi des prières toutes simples, très courtes, parfois même constituées d’une seule phrase, mais qui vont droit au cœur… Elles sont humbles, authentiques, profondes. Et Dieu prend plaisir à de telles prières. Bien plus qu’à celles de ceux qui s’écoutent prier…

Alors oui, pas de doute : les prières les plus courtes peuvent parfois être les meilleures…

Pour une prière universelle

Si on s’arrête maintenant au contenu du Psaume 117, on constate qu’il est comme un condensé de psaume, centré sur la louange. Il va à l’essentiel.

Le Psaume commence par une invitation universelle, adressée aux pays du monde entier et à tous les peuples, une invitation à louer le Seigneur. On se situe ici entre la promesse universelle faite à Abraham et la promesse de la vision de Jean dans l’Apocalypse :

Genèse 12.3
A travers toi, je bénirai toutes les familles de la terre.

Apocalypse 7.9
Je vois une très grande foule : ce sont des gens de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. Personne ne peut les compter. Ils sont debout devant le siège du roi et devant l’Agneau. Ils portent des vêtements blancs et ils tiennent une palme à la main.

Ce petit psaume nous invite à travailler la dimension universelle de notre prière ! Même s’il est légitime d’adresser des demandes personnelles à Dieu dans la prière, il nous faut aussi sortir d’une prière égocentrée, où on ne prie que pour soi, pour ses problèmes, ses besoins, ses attentes.

La prière doit nous ouvrir sur les autres, sur le monde. C’est Karl Barth, le célèbre théologien suisse, qui disait que pour le croyant « la journée doit commencer avec une Bible dans une main et le journal dans l’autre. » Voilà qui devrait inspirer notre prière et lui donner un véritable caractère universel. Notre prière doit se nourrir de la Bible et du journal (ou de votre tablette). Il faut qu’elle cultive une dimension universelle. Et ça doit être vrai autant de la prière personnelle que de la prière communautaire.

Alors peut-être aurons-nous à faire un effort, pour décentrer un peu notre prière, pour plus l’ouvrir sur le monde. En sachant que le monde commence avec notre prochain, notre voisin…

Compter sur l’amour et la fidélité de Dieu

Le verset 2 évoque la raison principale de la louange, résumée en deux mots complémentaires appliqués à Dieu : l’amour et la fidélité.

Le psalmiste l’affirme : « Oui, son amour envers nous est le plus fort. ». Le verbe utilisé ici se trouve ailleurs dans la Bible. Par exemple, dans une bataille, il désigne le camp qui prend le dessus sur l’autre : « Quand Moïse lève son bras, les Israélites sont les plus forts. Mais quand il le laisse retomber, les Amalécites sont les plus forts. » (Exode 17.11). Le même verbe évoque les eaux du Déluge qui dépassent les plus hautes montagnes (cf. Genèse 7.18-20)

Notre psaume affirme que l’amour de Dieu nous dépasse, qu’il est le plus fort. L’expression évoque une situation de conflit ou de lutte. Car il y a de nombreuses forces dans notre vie qui essayent de contrecarrer l’amour de Dieu. Mais l’amour de Dieu est plus fort. Plus fort que nos adversaires. Plus fort que nos tentations et nos épreuves. Plus fort que nous-mêmes et nos faiblesses.

Quant à la fidélité de Dieu, elle est pour toujours. Elle n’est pas conditionnelle, limitée dans le temps ou incertaine. On peut compter sur elle.

On pourrait se demander si ce message n’est pas idéaliste, peu conforme à la réalité. Car parfois, l’épreuve semble nous submerger, notre foi vacille, le mal semble triompher, la réponse de Dieu semble tarder et son silence s’installer durablement…
Mais justement, ce psaume nous invite à percevoir l’amour de Dieu comme un combat, et mesurer la fidélité de Dieu à l’aune de l’éternité. La prière est le lieu de ce combat. On y apprend la patience et la persévérance. Et on peut y expérimenter cette espérance : oui, l’amour de Dieu est le plus fort !

Conclusion

Finalement, que nous apprend ce psaume sur la prière ?

  • Que ce n’est pas la longueur ou la complexité de la prière qui en fait sa valeur.
  • Qu’elle doit nous ouvrir sur le monde, à une dimension universelle
  • Qu’elle est le lieu où on expérimente que l’amour de Dieu est le plus fort et où on apprend la patience et la persévérance.

C’est quand même pas mal pour un psaume qui ne fait que deux versets !