image_pdfimage_print

Tous les articles par Florence VANCOILLIE

Florence VANCOILLIE

A propos Florence VANCOILLIE

Pasteur de l'Eglise évangélique libre de Toulouse depuis 2013, membre de la Commission synodale de l'UEEL.

Faire le bien et bien le faire (culte du SEL)

https://soundcloud.com/eel-toulouse/faire-le-bien-sel

Le SEL propose pour la prédication deux extraits de la 1e lettre de Pierre aux églises. Ces textes donnent un cadre à notre action dans le monde qui nous entoure. Dans ce monde, on trouve le mal, le refus de Dieu, mais aussi une grande détresse, la souffrance, la pauvreté, au loin et au près. Même si la Bible ne parle pas directement d’action humanitaire, elle est pertinente pour comprendre comment, pourquoi et dans quel but nous pouvons agir dans un monde qui souffre.

Lectures bibliques

1 Pierre 1.1-21 De la part de Pierre, apôtre de Jésus-Christ. A ceux que Dieu a choisis et qui vivent en exilés, dispersés dans les provinces du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie. 2 Dieu, le Père, vous a choisis conformément au plan qu’il a établi d’avance ; il vous a mis à part, grâce à l’Esprit Saint, pour que vous obéissiez à Jésus-Christ et que vous soyez purifiés par son sang. Que la grâce et la paix vous soient accordées avec abondance.

1 Pierre 2.11-1211 Je vous le demande, mes chers amis, vous qui êtes étrangers et exilés sur la terre : gardez-vous des passions humaines qui font la guerre à votre être. 

12 Ayez une bonne conduite parmi les païens ; ainsi, même s’ils médisent de vous en vous traitant de malfaiteurs, ils seront obligés de reconnaître vos bonnes actions et de louer Dieu le jour où il viendra.

Oui, Dieu nous appelle à faire le bien ! Et à bien le faire ! C’est le slogan/ l’objectif du SEL, de ses partenaires locaux, et c’est aussi notre vocation à chacun telle que Pierre la décrit.

1)     Notre identité : étrangers et choisis

Commençons par le commencement : avant de parler de ce que nous sommes appelés à faire, Pierre parle de ce que nous sommes. Il parle de notre identité. Et pour cela, dès la salutation de sa lettre, il utilise 2 mots : étrangers dans la dispersion/ exilés, et choisis, choisis par Dieu.

Quelques uns d’entre nous ne sont pas originaires de France, par choix ou parfois pour des raisons dramatiques (certains ont fui la guerre ou la pauvreté) – sûrement que vous comprenez mieux ce que signifie cette identité d’étranger. Pour les autres, qui se sentent chez eux ici, c’est peut-être moins naturel.

Le chrétien est un étranger, parce que par la foi, nous appartenons au peuple de Dieu. Par la foi nous sommes enfants du Père céleste, citoyens d’un Royaume qui n’est pas de ce monde. La lettre aux Hébreux cite toute une liste de croyants qui attendaient quelque chose de plus, qui n’étaient pas totalement chez eux dans la terre promise, mais qui regardaient au ciel pour trouver leur vraie patrie. Pour nous c’est pareil : français, angolais, australiens, vénézuéliens, ukrainiens, anglais, togolais, égyptiens, hollandais, congolais, et j’en oublie – nous sommes avant tout chrétiens, avant tout citoyens d’un Royaume qui n’est pas de ce monde.

Pourquoi ? Parce que nous avons été choisis. Dieu a mis tout son être dans ce choix, dans cette identité qu’il nous donne. Dieu le Père nous a désirés comme enfants, bien avant notre naissance. Pour chaque personne qui lui tournait le dos et perdait le lien avec son Père, Dieu le Fils est devenu un homme pour effacer nos fautes et notre ingratitude. Il s’est sacrifié, il a donné sa vie pour que nous puissions retrouver notre identité d’enfants de Dieu en recevant le pardon. Et puis Dieu l’Esprit, qui nous fait vivre de l’intérieur, qui conduit dans la vérité et dans l’amour, dans la justice et dans la paix. L’Esprit qui nous consacre, nous équipe, nous envoie pour vivre comme Dieu dans le monde. Le chrétien, enfant de Dieu, est appelé au bien sur la base de l’œuvre du Christ qui pardonne nos péchés, qui nous libère du mal, et de l’œuvre de l’Esprit, qui nous renouvelle de l’intérieur pour nous rendre bons.

A cause de ce choix de Dieu, notre identité profonde n’est plus ce qu’on trouve sur la carte d’identité : nous sommes d’abord citoyens du Royaume de Dieu. Et ça a des conséquences, en tout cas ça devrait en avoir : est-ce que nous nous considérons vraiment comme des étrangers, en route vers notre vrai chez-nous ? Est-ce que nous voyageons léger ou est-ce que nous nous sommes installés ici-bas comme si nous étions déjà arrivés ? Quelles sont nos ambitions, nos priorités ? Qu’est-ce qui compte à nos yeux ?

Comment est-ce que nous consommons, par exemple ? Sur le sujet de la pauvreté, notre façon d’acheter, de jeter, de dépenser notre argent, est essentielle. Car dans tous ces petits actes du quotidien, nous disons quelque chose de nos priorités, de ce à quoi nous accordons de la valeur, de notre rapport au monde présent et au monde à venir. Au quotidien, nous montrons où est notre trésor, et donc où est notre cœur, comme le disait Jésus. Est-ce que mon ambition c’est d’avoir une plus grande télé, de faire un plus beau voyage, d’avoir une plus grande maison ? D’avoir un statut social, de vivre comme les autres ? Ou alors de donner du sens à ce que j’ai, de faire de ma vie un lieu de bénédiction pour moi et pour les autres ?

Dieu est généreux avec nous : il nous a tout donné en Christ. Et même, en Occident, nous avons, quelque soit notre niveau de vie, globalement beaucoup de chance par rapport aux ¾ de la population mondiale. Se reconnaître enfant de Dieu, c’est aussi vivre dans la reconnaissance pour la générosité, pour la bénédiction de Dieu. Mais se reconnaître étranger, c’est entrer à notre tour dans cette générosité, chacun à sa façon.

Aucun de nous n’est irréprochable là-dessus, bien sûr, mais le SEL nous invite à faire un pas de plus : qu’est-ce qui changerait dans notre vie (peut-être une chose) si nous nous considérions sérieusement comme étrangers sur cette terre, mais aussi comme choisis par Dieu, bénis par Dieu et appelés à faire le bien ? Qu’est-ce qui pourrait changer ?

2)     Notre mission : faire le bien au milieu du monde

A cause de notre identité en Christ, notre vocation c’est de faire le bien. Dieu nous a sauvés pour une vie bonne. Pierre donne deux pistes.

D’abord, s’abstenir du mal. Nous avons été pardonnés, libérés de l’engrenage du mal et de l’égoïsme, et nous sommes appelés à nous défaire des résidus du mal en nous. Dans le texte, c’est l’appel à « se garder des passions humaines qui font la guerre à notre être ». Ces passions, dans le sens négatif, ce sont nos tendances à nous prendre pour les maîtres de notre vie, comme si tout tournait autour de nous et de notre satisfaction. Des tendances qui, même si elles paraissent ordinaires, peuvent nous détruire et détruire les autres, tout simplement, parce qu’elles nous éloignent de Dieu, qui est la source du véritable amour et qui peut seul nous donner le bonheur.

Ces tendances existent au niveau individuel et social, dans la société. Dans l’Israël ancien, les notables exploitaient les membres de leur peuple pour garder leurs privilèges. Ils vendaient, affamaient des frères, ils mentaient, ils étaient hypocrites et injustes. Et Dieu leur a maintes fois reproché cette société de consommation effrénée qui justifiait l’esclavage. C’est encore le cas aujourd’hui : malgré tous nos progrès, quand nos appétits égoïstes sont le moteur de la société, derrière il y a des personnes qu’on méprise – peut-être pas chez nous, mais en Asie ? En Afrique ? Quand Dieu nous demande de rejeter le mal, ce n’est pas du moralisme, mais par amour pour les plus faibles.

Mais faire le bien, c’est plus que s’abstenir du mal. La justice, c’est plus que l’absence d’injustice. Dans le texte, la conduite que Dieu nous demande d’avoir, elle est bonne, mais l’adjectif utilisé dans l’original c’est « beau », une « belle » conduite. C’est quoi le beau ? C’est ce qui nous émerveille, nous réjouit, nous est agréable. Le bien et le beau vont ensemble : ce qui est décent, est aussi bon, est aussi beau, et réjouissant.

Quel bien que Dieu nous demande de faire ? Toute la Bible regorge d’exemples, mais les deux commandements que Jésus pointe résument notre vocation : aimer Dieu et aimer l’autre. Honorer Dieu et honorer notre prochain. Participer à la justice de Dieu et agir pour le bien de l’autre. L’action sociale, par exemple, vise à répondre aux dysfonctionnements de notre société en s’engageant auprès des plus fragiles, des plus pauvres. C’est une façon d’honorer même les plus petits – ça fait partie des belles œuvres que nous sommes appelées à accomplir.

3)     Notre but : agir pour rendre gloire à Dieu

« Faire le bien », dans une perspective biblique, est quelque chose de centré sur Dieu, c’est motivé par le désir de l’honorer. Cela s’oppose à une manière de « faire le bien » qui consiste à se mettre soi-même en avant quand on fait le bien. Mais cela nous éloigne aussi de pensées humanistes qui font de la philanthropie une valeur en elle-même, indépendamment de toute relation de l’être humain avec Dieu.

Les chrétiens ne sont pas les seuls à s’engager socialement, ou à faire de l’humanitaire. Mais ce qui est différent, c’est notre motivation. Nous n’agissons pas à cause d’une valeur, mais à cause d’une personne : Dieu, révélé en Christ. Une personne réelle, qui a réellement donné sa vie pour nous, par amour. Alors nous voulons regarder l’autre comme Dieu le regarde, l’aimer comme Dieu aime, prend soin de lui comme Dieu prend soin de nous. En plus de l’amour pour les autres, nous sommes motivés par l’amour et la justice de Dieu. Nous voulons être témoins de la puissance restauratrice de Dieu, pour que d’autres la découvrent. Nous voulons que Dieu puisse être reconnu comme la source de toute vie, de toute joie, de tout amour, et que chacun puisse en être rempli, par le Christ.

Des relations plus justes

https://soundcloud.com/eel-toulouse/pour-un-regard-plus-juste

Des relations plus justes

Nous continuons dans notre parcours du sermon sur la montagne, ce panaché de discours de Jésus qui rassemble les bases de la vie chrétienne : le portrait du chrétien, sa mission, l’appel à la justice et à une spiritualité saine, et aujourd’hui son rapport aux autres.

Lecture biblique: Matthieu 7.1-12 (TOB)

1 « Ne vous posez pas en juge, afin de n’être pas jugés ; 2 car c’est de la façon dont vous jugez qu’on vous jugera, et c’est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous. 3 Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? 4 Ou bien, comment vas-tu dire à ton frère : “Attends ! que j’ôte la paille de ton œil” ? Seulement voilà : la poutre est dans ton œil ! 5 Homme au jugement perverti, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère.
6 « Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles aux porcs, de peur qu’ils ne les piétinent et que, se retournant, ils ne vous déchirent.
7 « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. 8 En effet, quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe on ouvrira. 9 Ou encore, qui d’entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? 10 Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? 11 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent.
12 « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes.
  • Un regard juste sur l’autre

Voilà une des phrases bien en vogue aujourd’hui : il ne faut pas juger ! Et c’est Jésus qui l’a dit ! Voilà une belle invitation à la tolérance et à la compassion envers l’autre. Ne jugez pas ! Et puis ça devient, au nom de l’amour : non il faut rien dire, faut pas juger, personne n’est parfait après tout… Et tout coule.

Mais qu’est-ce que Jésus entend par le fait de ne pas juger ? Lui il juge, des fois ! Il traite les gens d’hypocrites (notamment ceux qui jugent), d’insensés, de faux prophètes (ça c’est pour la prochaine fois) ou encore de chiens, de porcs (de bâtards ?). Bon, Jésus a un avantage sur nous : lui, il est irréprochable et il voit les choses bien plus clairement que nous. Mais quand même : ne pas juger, n’empêche pas d’appeler les choses par leur nom. Ce n’est pas tout excuser, ou appeler le mal « bien », ce n’est pas une tolérance douceâtre et molle : Jésus peut être intransigeant, p. ex. avec notre cupidité, notre orgueil, notre égoïsme, notre hypocrisie, notre jalousie, nos mensonges, nos tricheries, notre capacité à la débauche et au mal…

Non, ne pas juger ce n’est pas renoncer au bon sens ou au sens moral : c’est refuser de se poser en juge. De regarder l’autre du dessus, en supérieurs, comme si nous avions une autorité quelconque pour évaluer la vie de l’autre – comme si nous étions Dieu lui-même. Prêts à dégainer le jour où l’autre nous choque, nous scandalise : « quoi, il se dit chrétien, et il fait… ! (complétez avec ce qui vous choque) » Alors avec les meilleures intentions du monde, et un peu de condescendance, nous venons accuser ou triturer l’œil de celui qui nous a choqués.

Pourquoi c’est un problème de juger ? D’abord parce qu’on n’est pas Dieu, le juge parfait, mais qu’on est au même niveau que les autres – au rang des humains pécheurs, faibles, fautifs. Mais Jésus fait intervenir une deuxième raison : quand on juge, quand on s’offusque, bien souvent on est un peu hypocrite. Nous sommes facilement aveuglés sur notre propre compte, à trouver des excuses, des justifications, des circonstances atténuantes… « Une poutre dans mon œil ? Nooon, non, c’est juste une paille, et encore, une poussière ! Mais l’autre… tt tt tt, lui c’est grave ! »  Franchement, combien de fois la paille de l’autre me scandalise, me fait pousser des hauts cris, mais ma poutre ? Oh, je ne suis qu’humaine ! Ne nous posons pas en juges, ce n’est pas notre rôle, et en plus, nous ne sommes pas tout blancs ! Nous aussi, chacun, nous avons des poutres à enlever, des travers à corriger…

Ne soyons pas juges des autres, mais frères et sœurs. Au même niveau, embarqués ensemble avec Dieu. Être frères et sœurs ne signifie pas que tout soit acceptable – il est quand même question d’aider l’autre à enlever ce qui le gêne, ce qui l’empêche de voir clair pour avancer avec Dieu. Mais avant de nous improviser « spécialistes en extraction de paille », deux choses : 1) humilité – nous aussi nous avons de lourds bagages, donc pas de condescendance, 2) cohérence – commençons déjà à enlever notre propre poutre.

  • le regard du pécheur pardonné

Derrière tout ça, il y a ce que nous vivons avec Dieu. L’humilité, la cohérence, la bienveillance – ce ne sont pas juste des valeurs à la mode, telles qu’on peut les entendre en dehors de l’église : ce sont des valeurs qui s’enracinent dans l’Evangile, dans cette bonne nouvelle que Jésus nous annonce. Ces belles valeurs, elles s’appuient sur notre repentance. Nous sommes faillibles, et fautifs, devant Dieu. Nous choquons Dieu, nous le scandalisons – parfois même inconsciemment. Mais Dieu, le Créateur, le Maître suprême, lui qui a toute autorité pour nous juger en toute vérité et justice, lui-même a choisi de ne pas se poser en juge devant nous. Il est venu à côté de nous, comme un frère, en Jésus. Il est venu récolter nos pailles, nos poutres, il en a fait une croix et il est mort dessus, pour nous en délivrer. Notre humilité, elle commence quand nous sommes humbles et repentants devant Dieu.

La repentance – et la louange, la reconnaissance ! Ca va ensemble ! Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, alors nous pouvons nous émerveiller de l’amour de Dieu pour nous, un amour généreux, patient, qui pardonne jour après jour.

Quand nous regardons l’autre, nous avons un détour à faire : regarder à Dieu. Nous rappeler qui Dieu est, et qui nous sommes devant lui, pécheurs pardonnés. Et ce n’est qu’en regardant à Dieu, le Dieu qui prend nos fautes en Jésus pour nous pardonner, que nous pourrons regarder l’autre de manière juste. Plaçons-nous sous le regard du Christ pour regarder l’autre avec humilité. Enracinons-nous dans l’accueil du Christ pour accueillir l’autre avec bienveillance. Écoutons pour nous-mêmes la patiente exigence du Christ, pour encourager l’autre, fraternellement, de côté, à aller plus loin avec Dieu. En fait c’est en regardant au Père qui a donné son Fils pour faire de nous ses enfants, que nous pourrons être des frères pour ceux qui nous entourent.

Donc faire aux autres ce qu’on aimerait qu’on nous fasse. Ce n’est pas juste ne pas faire ce qu’on ne veut pas subir, ne pas déranger pour ne pas être dérangé. Non, c’est offrir positivement à l’autre ce que nous aimerions recevoir : l’amour ? le respect ? la patience ? la compassion ? l’écoute ? le bénéfice du doute ? le soutien, l’entraide ?

Il y a un enjeu ici : soit nous appliquons aux autres la grille d’évaluation que Dieu nous applique en Christ – la grâce, soit Dieu nous appliquera la grille d’évaluation que nous avons appliquée sur les autres – le jugement. Il y a un choix à faire !

Je dois quand même parler des chiens & des porcs : c’est une parole violente ! Étonnante, même, vu l’appel à la générosité dans le regard sur l’autre. Mais être généreux ce n’est pas être naïf : il faut savoir reconnaître ceux qui s’endurcissent et rejettent à répétition compassion, pardon, encouragement. Bien sûr il faut les aimer, et persévérer dans cet amour, prier pour eux, mais il ne faut pas s’acharner à parler à ceux qui se bouchent les oreilles et nous tournent le dos, voire nous donnent des coups. Ca peut être quand nous témoignons – reconnaître un cœur endurci qui après moult conversations sur Jésus réagit avec toujours la même férocité ; ou bien dans nos relations – il y a des gens nocifs pour nous. Nous pouvons les aimer, prier pour eux, peut-être agir pour leur bien, mais les laisser nous détruire année après année n’est pas de l’amour.

En fait, quoi qu’il arrive, de près ou de loin, nous sommes appelés à donner ce que nous avons reçu de Dieu : amour, pardon, générosité.

  • prier avec confiance le Dieu de grâce

Dieu est généreux et il nous aime : c’est la base de notre foi, de notre joie, et même de nos relations. Et ce Dieu généreux, nous pouvons lui faire confiance. Et Jésus parle de la prière. Nous pouvons demander à Dieu ce dont nous avons besoin – ou envie. Simplement, comme un enfant à ses parents. Si nous, avec tous nos défauts et notre égoïsme, nous arrivons à prendre soin de nos petits, Dieu, qui est bon et parfait, Dieu qui nous aime du plus profond de ses entrailles, qui nous a désirés de toute éternité, qui a des projets, des rêves pour chacun de nous, lui qui s’est sacrifié pour nous en Jésus, ce Dieu-là ne répondra-t-il pas à nos prières avec une infinie bonté ? Osons ! Osons lui demander ! Osons, simplement, lui faire confiance !

Oui mais, on prie, on prie, et parfois il ne se passe rien ! Alors ? Dieu donne à celui qui demande ou pas ? Je pense qu’il y a deux types de demandes, et les deux ont leur place. Nous pouvons demander à Dieu ce qu’il veut expressément nous donner : sa joie, sa paix, une foi plus grande, le pardon (reçu et donné), la sagesse, la protection dans la difficulté et dans la tentation, les mots pour témoigner… Dieu répondra.

Et puis il y a d’autres prières, sur des sujets « neutres » comme le travail, la santé, le couple, la famille…  Là, même si nous pensons demander de bonnes choses, Dieu peut ne pas répondre comme on le voudrait. Soit que ce n’est pas très bon pour nous ou pour d’autres, soit que c’est bon mais pas maintenant, soit que c’est mieux pour nous de nous en passer : Dieu est le mieux placé pour faire le tri. Mais trier nos demandes, c’est le rôle de Dieu, prier, c’est le nôtre. Quoi que nous voulions, prions ! avec persévérance ! Et si Dieu ne répond pas pendant longtemps, alors demandons-lui de nous montrer ce que lui veut. Notre rôle c’est de demander – nous n’avons rien à perdre !

Conclusion

Dans nos relations avec les autres, et avec Dieu, nous avons besoin de retrouver notre juste place. Une place de témoin et de frère, de sœur, auprès de nos proches, une place d’enfant auprès du Père céleste. Une place où nous apprenons l’humilité, la reconnaissance, la générosité et la confiance. C’est simple ! Et pourtant si dur ! On a compris ce que Jésus nous dit, mais, est-ce qu’on le vit ? Demandons à Dieu de nous apprendre à vivre ces relations plus justes avec les autres, avec lui, avec nous-mêmes. Demandons-le simplement, avec confiance, et Dieu nous répondra.

Une spiritualité centrée sur Dieu

https://soundcloud.com/eel-toulouse/sons-de-dimanche-matin-5

Lecture biblique: Matthieu 6.1-18

1 « Attention ! Quand vous faites ce que la loi de Dieu demande, ne le faites pas devant tout le monde pour que les gens vous regardent. Sinon, votre Père qui est dans les cieux ne vous donnera pas de récompense.

2 « Donc, quand tu donnes de l’argent aux pauvres, ne cherche pas à te faire remarquer. Les gens faux agissent ainsi, dans les maisons de prière et dans les rues. Ils cherchent les compliments des autres. Je vous le dis, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense. 3 Mais toi, quand tu donnes de l’argent aux pauvres avec ta main droite, ta main gauche ne doit pas le savoir. 4 Ainsi, ce que tu donnes reste secret. Dieu, ton Père, voit ce que tu fais en secret et il te récompensera. »
5 « Quand vous priez, ne faites pas comme les hommes faux. Ils aiment prier debout, dans les maisons de prière et au coin des rues, pour que tout le monde les voie. Je vous le dis, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense. 6 Mais toi, quand tu veux prier, va dans la pièce la plus cachée de la maison. Ferme la porte et prie ton Père qui est là, même dans cet endroit secret. Ton Père voit ce que tu fais en secret et il te récompensera.7 « Quand vous priez, ne parlez pas sans arrêt, comme ceux qui ne connaissent pas Dieu. Ils croient que Dieu va les écouter parce qu’ils parlent beaucoup. 8 Ne faites pas comme eux. En effet, votre Père sait ce qu’il vous faut, avant que vous le demandiez. »
 9« Vous devez donc prier de cette façon : 

“Notre Père qui es dans les cieux, ton nom est saint.Fais que tout le monde le connaisse ! 10 Fais venir ton Royaume. Fais que ta volonté se réalise sur la terre comme dans le ciel. 11 Donne-nous aujourd’hui le pain qu’il nous faut. 12 Pardonne-nous le mal que nous avons commis, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont fait du mal. 13 Et ne permets pas que nous soyons tentés. Mais libère-nous de l’esprit du mal.”14 « En effet, si vous pardonnez leurs fautes aux autres, votre Père qui est dans les cieux vous pardonnera aussi. 15 Mais si vous ne pardonnez pas aux autres, votre Père ne vous pardonnera pas vos fautes non plus. »

16« Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme les gens faux. Ils changent de visage, pour que tout le monde voie qu’ils jeûnent. Je vous le dis, c’est la vérité : ils ont déjà leur récompense. 17 Mais toi, quand tu jeûnes, lave-toi le visage et parfume-toi la tête. 18 Ainsi, tu ne montreras pas aux autres que tu jeûnes. Mais ton Père le verra, lui qui est là dans cet endroit secret. Ton Père voit ce que tu fais en secret et il te récompensera. »

Jésus parle de l’aumône, du jeûne et de la prière, mais on sent que ce qui l’intéresse, c’est notre spiritualité en général : temps de prière, de silence, retraites, lecture de la Bible, méditation, culte, mais aussi groupes de partage, engagement dans un service, dans une association… Il aurait pu aussi dire : Quand tu es au culte, ne vérifie pas que tout le monde a bien noté ta présence – reste discret. Quand tu distribues des sandwiches dans la rue, ne poste pas des photos sur instagram pour te faire mousser devant des amis. Quand tu invites des gens chez toi, ne laisse pas traîner tes Bibles bien en vue pour impressionner tes amis…

Un refrain revient : ne faites pas comme eux, les religieux hypocrites qui sont dans l’apparence, vivez votre relation avec Dieu dans le secret, concentrez votre spiritualité sur Dieu. Finalement c’est ça l’enjeu : la question de notre posture spirituelle – avec quand même un focus sur la prière : pas comme les hypocrites mais pas comme les païens non plus, et puis il donne un modèle, fait un petit commentaire… Pourquoi ? Parce que la prière c’est la base de notre relation avec Dieu. Pour exprimer votre affection à vos proches, vous leur faites des cadeaux, vous les emmenez au cinéma, ou vous leur donnez un coup de main quand ils en ont besoin – mais de toute façon, que vous soyez bavard ou taiseux, pudique ou expansif, vous leur parlez !

  • Ma relation avec Dieu : quelles sont mes motivations ?

Une des choses qui agace régulièrement Jésus – et nos contemporains, croyants ou pas – c’est l’hypocrisie. Le « faites ce que je dis mais pas ce que je fais ». En particulier sur le plan religieux, puisque théoriquement, c’est entre Dieu et moi. Mais l’hypocrisie peut être plus subtile que ça : parfois on fait tout bien, sans faute, avec cohérence – mais il y a un problème de motivation. L’hypocrite fait les bonnes choses, mais pour de mauvaises raisons – pour se faire voir, se faire bien voir.

Souvent, c’est dans le regard des autres qu’il cherche l’estime et l’admiration – à l’église, dans sa famille, même hors du cadre privé (ah lui, il est engagé ! Il va au culte tous les dimanches, il lit sa Bible à toutes les pauses repas… C’est un vrai spirituel !). Mais quand ma motivation, c’est… ma réputation, ma performance spirituelle, ma connaissance, mon altruisme dans le service, mes compétences, ma sainteté, en fait c’est moi la motivation ! Dieu n’est plus qu’un prétexte, relégué au second plan, tandis que je cherche ma valeur dans l’appréciation des autres. Comme si Dieu était un trophée, un faire valoir auprès des autres. Quand on brandit Dieu à bout de bras, en fait on le met à distance.

L’invitation à la solitude, au secret, c’est une façon de nous protéger de ce risque. Sauf que c’est un peu plus subtil que ça. Le secret, ce n’est pas la solitude : même seul, nous arrivons encore, parfois, à zapper Dieu parce que nous nous regardons nous-mêmes (ah qu’est-ce que je suis bien ! J’ai bien prié ce soir, hein ! J’ai bien lu ma Bible – je suis sûr qu’il n’y en a pas beaucoup de l’église qui en font autant !…) J’exagère à peine.

Et là, que ta main droite ne sache pas ce que fait ta main gauche ! Quand tu es avec Dieu, ne cherche pas à t’impressionner toi-même… Etre seul dans sa chambre ne suffit pas : c’est la posture intérieure qui compte. Quand je dis à Dieu que je l’aime, sur quoi je mets l’accent ? Est-ce que je dis : « JE t’aime, Dieu. Moi ! » ou « je T’aime, toi ! » ? Une relation centrée sur moi, ce n’est pas une relation avec l’autre, que ce soit un frère ou Dieu !

Alors cette posture « du secret », elle est valable en privé et aussi en public, du coup ! Jésus ne dit pas qu’il ne faut jamais rien faire de spirituel en public : il a enseigné, guéri, prié en public – mais il ne s’est jamais soucié du regard des autres, il s’est toujours centré sur Dieu. Il n’interdit pas les prières en public, l’engagement visible, ou les témoignages, mais il interroge nos motivations. A quoi je porte attention quand je prie ? Quand je donne, quand je prends la parole dans un groupe ?

  • Ma relation avec Dieu: le voir comme mon Père

Centrés sur Dieu ! C’est le sens de toute spiritualité, et c’est particulièrement clair dans la prière du Notre Père : quand vous priez, dit Jésus, concentrez-vous d’abord sur Dieu. Rappelez-vous qui il est – Dieu du ciel devenu votre Père. Reprenez conscience de son poids, de sa valeur – ce qu’on appelle « sa gloire ». Mettez-vous à son écoute : que fait-il, que veut-il, quels sont ses projets à lui ? Là, notre perspective s’élargit : « oui, tu es Dieu. j’ai des préoccupations, et on va en parler, mais la priorité c’est toi. Ce que tu fais, ce que tu veux – car c’est le meilleur ! »

Le NP on peut le prier tel quel, ou s’en inspirer, mais il nous montre où est la priorité : en Dieu. Priorité pour notre monde, mais aussi pour moi – que dans ma vie, ta volonté soit faite.

Et ensuite viennent les demandes liées à nos besoins : nos besoins concrets, matériels, physiques ; nos besoins spirituels et relationnels – pardonne-nous et apprends-nous le pardon ; notre besoin de justice – éloigne-nous du mal.

C’est une prière simple, qui nous replace devant Dieu tel qu’il est – Dieu du ciel – et tels que nous sommes : dépendants, faibles, faillibles, pécheurs… Avec Dieu nous n’avons pas besoin de prouver quoi que ce soit, de faire semblant, d’être impressionnants : Seigneur j’ai besoin de pain, de force, de courage. J’ai besoin de ton pardon pour ce que j’ai mal fait ou pas fait, pour mes intentions ambiguës, pour ma dureté et mon orgueil. J’ai besoin d’apprendre à aimer et pardonner comme toi. J’ai besoin que tu me protèges et que tu me guides sur le bon chemin.

C’est à une spiritualité simple que Jésus nous appelle, une relation de confiance où nous pouvons nous appuyer sur Dieu, nous épancher, nous oublier aussi… parce que nous savons que lui, il ne nous oublie pas. Cette relation de confiance, Jésus la résume en un mot : Père. Dieu, notre Père, votre Père, mon Père.

Alors c’est vrai que l’image du Père n’est pas toujours facile à entendre. Pour certains, oui, ils ont eu un père attentionné, aimant, présent, faillible mais bienfaisant. En regardant à Dieu, ils voient un Père encore plus grand, dont l’amour n’a pas de limites, dont l’attention est sans mesures. Mais pour d’autres, le souvenir du père – ou de la mère – fait obstacle : sans parler de violence ou d’abus, il y a l’indifférence, la dureté, la lâcheté, l’immaturité…

Mais Jésus nous invite à regarder à Dieu pour le laisser définir lui-même ce qu’est un vrai Père, un Père modèle. Dieu est un Père qui est prêt à tout pour nous ! Il ne nous a pas seulement donné la vie, il nous a donné sa vie ! Notre recherche d’approbation, souvent vaine, auprès des autres, elle s’arrête au pied de la Croix : Dieu nous aime ! Tels que nous sommes ! Bien sûr que nous sommes indignes de lui, mais Dieu n’a pas voulu que nous prouvions quelque chose (c’était d’ailleurs impossible) – c’est lui qui nous a prouvé qu’il nous aime. Devenu homme en Jésus, il vient nous prouver que nous avons notre place dans son cœur, auprès de lui. Oui, en donnant sa vie sur la croix, Jésus comble nos insuffisances par sa justice, il lave nos indignités par son innocence. A travers Jésus, Dieu ne porte pas sur nous un regard dur, accusateur, mais un regard généreux et fier – pour l’éternité. Ce regard nous libère : si Dieu, le Dieu du ciel, nous regarde avec joie, et nous appelle « Ma fille, mon fils », de quelle approbation avons-nous encore besoin ?

  • Ma relation avec Dieu : dans toute ma vie

L’aumône, le jeûne, la prière, sont trois exemples non exhaustifs pour illustrer notre vie spirituelle. Pourtant le choix de Jésus n’est pas anodin : ces trois exemples tracent à grands traits une spiritualité qui s’exprime dans toute notre vie – dans nos paroles et nos actes ; vers Dieu et vers les autres lorsque nous prenons soin d’eux, lorsque nous pardonnons ; une spiritualité de l’humilité (c’est avant tout ce qu’exprime le jeûne : humilité, repentance, dépendance) et de la joie, de la générosité, du partage.

La relation que nous avons avec Dieu nous prend entièrement et nous ouvre à Dieu. Dans notre vie spirituelle, nous n’avons rien à prouver, rien à négocier, aucun point à gagner. Tout est donné, en Christ. Tout est donné, par l’Esprit de Dieu qui vit en nous. Mais nous apprenons à le vivre concrètement. Là, dans la prière, dans la méditation, dans la rencontre, nous nous exerçons à écouter Dieu, à entendre ces paroles incroyables qu’il murmure à notre oreille. Nous découvrons ses priorités et elles nous réorientent, elles donnent un autre sens à notre vie. Et nous expérimentons, dans tous les domaines, la vie nouvelle que Dieu nous offre, son amour, sa joie, son pardon. C’est ça, notre récompense : pas le regard des autres, pas l’approbation ou l’admiration, mais l’intimité avec Dieu, au quotidien, en public et en privé, où Dieu nous fait découvrir dès aujourd’hui les extraordinaires bienfaits de sa présence.

L’ambition de la justice

Quelle est notre ambition dans la vie ? quelle est votre ambition dans la vie ? Et quelle est l’ambition de Dieu pour votre vie ? Que nous soyons, sel et lumière dans le monde, de ceux qui redonnent le sourire, qui font réfléchir et grandir… Comment ? Continuons notre parcours du sermon sur la montagne, où Jésus vient nous interpeller sur ce que nous sommes.

Lecture biblique : Matthieu 5.17-37

Avec Jésus souffle un vent de liberté. Certains verront en lui un révolutionnaire, mais d’autres, un hérétique !                           Alors dès le début, Jésus met au clair ses positions : rien, dans ce que Dieu a dit, dit ou dira, n’est à jeter. Tout ce qui émane de Dieu est vrai, bon et juste. Et malheur à celui qui se permettra de relativiser une seule parole qui vient de Dieu, car c’est comme rejeter Dieu.

Mais Jésus n’est pas le seul à vouloir mettre la volonté de Dieu en pratique : les pharisiens aussi (ces religieux juifs très puristes) ont voué leur vie à respecter la volonté de Dieu. Ils ont recensé tous les commandements, toutes les interdictions, et leur quotidien consiste à rester dans l’étroit rectangle ainsi délimité, à rester purs et saints devant Dieu. Jésus renvoie à ses disciples une exigence qui dépasse encore la consécration pharisienne : chercher la justice de Dieu devrait être notre priorité. Comment dépasser les puristes ? pas en comparant les performances, mais en entrant dans une autre dynamique. C’est ce que Jésus montre, avec 6 exemples de la vie de tous les jours (j’en ai lu 4), 6 règles divines plus ou moins bien comprises dont Jésus va révéler le sens profond.

1)     Une justice qui commence à l’intérieur

Avec l’exemple du meurtre et de l’adultère, Jésus reprend deux des 10 commandements. Mais il remonte à la source : le mal ne commence pas lorsqu’il est commis, mais lorsqu’il est prémédité, médité, ressassé. Et même s’il ne se concrétise apparemment pas – on peut fantasmer sur sa collègue de bureau ou haïr son beau-frère sans jamais passer à l’acte – ce penchant intérieur est déjà terrible aux yeux de Dieu. Pourquoi ? Au moins pour deux raisons. D’une part, nos pensées préparent nos actes futurs : si toute haine ne conduit pas au meurtre, bien des meurtres naissent de la haine. Nos pensées sont parfois la première étape d’un engrenage incontrôlable (cf. David & Bathshéba). D’autre part, nos pensées influencent notre comportement aujourd’hui : la haine ou le désir vont teinter notre regard, notre attitude, nos décisions, toute la relation en fait. Demandez à votre femme si elle ne se sent pas trahie quand son mari déshabille du regard une autre femme… Et l’inverse est vrai aussi! C’est un mythe, de croire que nos pensées n’ont pas d’impact sur nos actes.

Une vie juste et bonne commence avec des bonnes pensées. Oui, mais, Jésus y va fort ! Parfois on a raison d’être en colère, d’ailleurs, Jésus lui-même s’est emporté devant l’injustice de certains ! Mais Jésus m’interpelle : contre quoi se porte ma colère ? est-ce de l’indignation devant un acte, un fait ? Ou ma colère se transforme-t-elle en haine, en mépris d’une personne ? Est-ce que cette colère vient m’aveugler, cacher l’autre à ma vue, entamer voire enterrer notre relation ?

Quant au désir, à la convoitise… Remarquer la beauté ou le charme de quelqu’un, c’est neutre. Mais c’est différent de s’y complaire, imaginer, emprunter par la pensée des chemins inappropriés à la relation existante.

Martin Luther utilise une image très parlante : tu ne peux pas empêcher l’oiseau de voler au-dessus de ta tête, mais tu peux l’empêcher d’y faire son nid. Tu n’es pas responsable de ce qui te passe par la tête, mais tu es responsable de ce que tu laisses s’enraciner en toi.

La Loi donnée par Dieu condamnait des actes répréhensibles (le meurtre, l’adultère), mais Jésus montre que l’injustice dépasse les actes. Dès que je réduis l’autre à un objet – que je peux convoiter/ posséder ou dont je veux me débarrasser – j’entre dans une dynamique destructrice et malsaine. La vraie justice implique des pensées justes.

2)     Un engagement sincère

Les deux autres exemples, sur le divorce et le serment, ne s’appuient pas sur des commandements mais plutôt sur des pratiques tolérées dans la Loi juive. A l’époque de Jésus, certains divorcent pour un oui ou pour un non : la femme samaritaine est divorcée 5 fois,  et certains rabbins déclarent « divorçable » toute femme décevante, par exemple si elle fait brûler le repas… La pratique s’est détournée du principe originel : on ne se marie pas pour divorcer ! On ne se marie pas non plus en pensant au divorce, comme on entrerait dans un CDD. On se marie pour construire un projet à deux, pour la vie. Et si Dieu a autorisé le divorce, ce n’est pas car c’est anodin, mais par réalisme, parce que parfois c’est un moindre mal. Mais l’exception ne doit pas devenir la règle ou l’habitude.

L’exemple du serment va dans le même sens : la pratique a dévié, et beaucoup des contemporains de Jésus jurent par ci, par ça. Ils en font des tonnes… Vous le savez, on se méfie de ceux qui jurent sur la tête de leur mère, de leur grand-mère, de leur arrière-grand-tante etc. A force d’en rajouter, la parole en perd sa valeur. Mais il y a un deuxième écueil : quand on rajoute des couches et des couches, des garanties à n’en plus finir, on crée des zones grises qui peuvent nous dégager de notre serment. « Oui c’est vrai je t’ai promis ça, j’ai juré sur Jérusalem, mais maintenant j’ai déménagé à Césarée, donc, tu comprends… »

En fait, le point commun des deux situations, c’est la critique d’une parole qui perd son poids et sa valeur. Un véritable engagement n’a pas d’arrière-pensées, il est sincère. Il ne prémédite pas les portes de sortie possibles. Quand on dit « je le veux » ou « oui » – ou même « non », car on a le droit de dire « non », c’est même ce qui permet de dire de vrais « oui » – quand on s’engage donc, engageons-nous avec sincérité, à faire tout notre possible pour respecter notre parole.

3)     Prendre nos responsabilités

Jésus nous renvoie à nos responsabilités. Et il est radical ! En entendant ses paroles, on a envie de nuancer : « oui, mais Jésus, quand tu parles de convoitise, ça commence quand ? Et c’est quel type de femme ? mariée, pas mariée ? Si on est tous les deux célibataires, c’est pas comme un adultère, quand même ! Et si c’est quelqu’un que je ne connais pas, dans un film par exemple ? » Et pareil pour le reste. Parfois sur internet, on voit des théories très raffinées sur ce qui est permis ou pas, dans quel cas faire ci, dans quel cas faire ça… Mais Jésus ne rentre pas dans ce jeu-là, dans ces petits calculs qui coupent les cheveux en quatre : il nous donne des principes fondamentaux, quelques exemples, et à nous d’en tirer les conséquences. A nous de voir si nous sommes dans une situation qui peut nous mettre en difficulté : un conflit, une relation ambiguë, une dette… et d’y remédier.

Jésus ne dit pas comment, mais il nous interpelle sur l’impérieuse nécessité de nous sortir de ces situations le plus vite possible : en cherchant un arrangement, en prenant l’initiative de la réconciliation, en évitant les situations de tentation, avant que ça ne devienne plus grave. Il nous réveille de notre torpeur, de ce que nous rangeons facilement dans le « normal » – non, le mal n’est pas normal, qu’il soit visible ou en germe, et il faut nous en débarrasser. L’image de l’amputation est parlante : si votre jambe malade met en danger la santé du corps entier, le médecin n’hésitera pas à vous sauver de la gangrène en vous amputant. Soyons donc vigilants, pour éviter d’être gangrénés !

J’entends aussi un encouragement dans les paroles claquantes de Jésus : si les situations les plus ordinaires peuvent conduire à l’injustice, l’inverse est vrai aussi. La justice ne concerne pas seulement les grands actes héroïques, elle se vit aussi au quotidien, dans nos pensées, nos paroles, nos relations, dans un respect délibéré de l’autre, une recherche farouche du pardon et de la paix, jour après jour.

Conclusion : L’ambition incroyable de Dieu pour notre vie

Jésus place devant nous le modèle d’une vie entièrement juste, des actes, aux paroles, aux relations, jusqu’aux pensées ! Cette justice parfaite n’est pas la clé pour être sauvé – ce serait impossible ! Mais Jésus est la clé. Lui qui était parfaitement juste, du témoignage de tous, a choisi de mourir pour nous afin d’échanger sa justice contre notre injustice. Par la foi en lui, nous sommes sauvés, revêtus de la justice de Jésus. Avec ce vêtement, nous recevons une identité : fils et filles du Dieu de lumière. Et avec cette identité, nous recevons une vocation : vivre dans la lumière, la justice et la bonté, comme Dieu est lumière, justice, et bonté.

Dieu a une sacrée ambition pour notre vie, comme un sommet qu’il nous invite à gravir. Que faire devant cette ambition ? La rejeter, sous prétexte que c’est impossible aujourd’hui ? L’aménager, la ramener à notre hauteur ? Seul Dieu est capable d’une telle justice ! Ca tombe bien, c’est Dieu qui s’implique à nos côtés avec le Christ, et en nous par son Esprit ! Alors devant ce haut, très haut sommet, osons demander à Dieu son aide et sa grâce pour faire un pas de plus sur le chemin de sa justice.

Un autre bonheur

https://soundcloud.com/eel-toulouse/un-autre-monde

Nous vous proposons avec Vincent une série de prédications sur le fameux discours de Jésus dans les collines – le « Sermon sur la Montagne ». Nous sommes au début de l’Evangile de Matthieu, au début du ministère de Jésus : après son baptême, il choisit quelques disciples pour le suivre, et se met à enseigner. Jésus proclame que le règne de Dieu s’est approché, il invite à changer de vie, à se tourner vers Dieu pour entrer dans cette existence nouvelle. Très vite, sa réputation le précède : de nombreuses foules viennent à lui – il prêche, il guérit, il délivre. Dans ce tumulte, Jésus fait une pause pour enseigner un peu plus en profondeur à quoi ressemble la vie avec Dieu. Il ne dit pas encore comment on y arrive, mais il décrit la vie de celui/celle qui entend l’invitation de Dieu, se tourne vers lui et change de vie. Et il commence avec un portrait.

Lecture de l’Evangile de Matthieu (ch. 5, v.1-12)

1 Jésus voit les foules qui sont venues. Il monte sur la montagne, il s’assoit et ses disciples viennent auprès de lui. 2 Jésus prend la parole et il les enseigne en disant :

3 « Ils sont heureux, ceux qui ont un cœur de pauvre, parce que le Royaume des cieux est à eux !

4 Ils sont heureux, ceux qui pleurent, parce que Dieu les consolera !

5 Ils sont heureux, ceux qui sont doux, parce qu’ils recevront la terre comme un don de Dieu !

6 Ils sont heureux, ceux qui ont faim et soif d’obéir à Dieu, parce qu’ils seront satisfaits !

7 Ils sont heureux, ceux qui sont bons pour les autres, parce que Dieu sera bon pour eux !

8 Ils sont heureux, ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu !

9 Ils sont heureux, ceux qui font la paix autour d’eux, parce que Dieu les appellera ses fils.

10 Ils sont heureux, ceux qu’on fait souffrir parce qu’ils obéissent à Dieu. Oui, le Royaume des cieux est à eux ! 11 Vous êtes heureux quand on vous insulte, quand on vous fait souffrir, quand on dit contre vous toutes sortes de mauvaises paroles et de mensonges à cause de moi. 12 Soyez dans la joie, soyez heureux, parce que Dieu vous prépare une grande récompense ! En effet, c’est ainsi qu’on a fait souffrir les prophètes qui ont vécu avant vous. »

Jésus regarde et il voit. Il voit les foules, les gens malades, pauvres, en pleurs, en souffrance. Dans la foule autour de lui, dans la foule de ce matin, il voit – ceux qui sont insatisfaits de leur vie, ou qui nagent à contre-courant. Ceux qui languissent et qui peinent, ceux qui crient et espèrent. Et Jésus saisit l’opportunité de montrer à ses disciples, et aux foules, comment Dieu regarde cette situation.

1)     Heureux ceux que Dieu voit

Le discours tout entier est bien structuré, avec le balancement : heureux ceux qui… car Dieu leur répondra. Ce qui frappe, c’est le paradoxe de ses formulations. Heureux ! Heureux, bénis, chanceux, sont… ceux qui se savent pauvres, qui pleurent, qui languissent, qui sont persécutés… Heureux ?!? Jésus prend clairement le contre-pied de nos a priori, à l’époque comme aujourd’hui. Nous avons tous reçu des vœux de bonne année, de bonne santé, de réussite et de prospérité, éventuellement de joie & d’amour… Pourtant, Jésus affirme que l’avenir appartient aux décalés, à ceux qui se retrouvent sur le côté de la route. Certains s’y retrouvent de force, marginalisés ou ralentis par la maladie, le chômage, le deuil, l’angoisse… D’autres par conviction, parce qu’ils vivent à contre-courant, qu’ils cherchent le sens de la vie ailleurs, qu’ils ne se font pas à la violence et au cynisme du monde.

Eux tous, nous tous, Jésus les voit et reconnaît leur situation. Ce que nous vivons ne passe pas inaperçu, mais nos luttes, même discrètes, ont du poids aux yeux de Dieu. Jésus rappelle les psaumes, les prophètes, qui décrivent Dieu comme le Dieu des opprimés, des veuves et des orphelins, celui qui essuie les larmes et qui dissipe le deuil de ceux qui se tournent vers lui.

Si tous ces décalés sont déclarés heureux, ce n’est pas par dolorisme ! Mais parce que. Parce que Dieu les voit et leur donne une espérance au-delà du présent : à ceux qui se tournent vers lui, Dieu offre une identité (fils de Dieu), un héritage, une place près de lui, la plénitude, la joie – pour toujours. L’avenir lumineux, éclatant, invite à ne pas se décourager, à persévérer malgré des situations bien sombres…

Nous avons peut-être particulièrement besoin de l’entendre, à notre époque. En effet, nous sommes bien souvent le nez dans le présent, sans perspective d’avenir, coincés dans le court terme sans voir la globalité de ce que Dieu prévoit. C’est vrai que dans le passé, l’écueil était inverse : les croyants regardaient tant vers l’avenir glorieux qu’ils acceptaient le présent même le plus sombre, justifiant parfois des atrocités. Cela a été dénoncé avec raison. Cela dit, de nos jours, c’est le contraire, une grande partie de notre attente – voire sa totalité – est concentrée sur le bien-être présent, comme s’il n’y avait pas de perspective plus lointaine.

Jésus présente la réalité de la vie avec Dieu autrement : l’espérance nous tourne vers l’avenir, vers les promesses, vers demain. Mais ce que Dieu promet n’est pas cantonné à un futur inaccessible ! Dès aujourd’hui, cette lumière de l’avenir vient adoucir notre présent, alléger nos peines, encourager notre cœur. Tout nous est promis, demain, mais nous en avons un avant-goût par la foi, aujourd’hui.

Jésus nous interpelle donc en montrant comment Dieu voit notre monde, nos situations : ceux qui ont les mains vides aujourd’hui, tendues vers Dieu, ne sont pas des perdants ! Dieu veille sur eux et leur réserve ses bénédictions. Quel réconfort !

Mais les béatitudes dépassent ce simple constat de fait : ces promesses ne sont pas juste le résultat de la compassion de Dieu, elles témoignent aussi des principes et des valeurs de Dieu. Qu’est-ce qui le touche dans notre vie ? Qu’est-ce qu’il valorise, qu’est-ce qu’il veut récompenser ? Au-delà du réconfort, il y a une invitation pour tous à entendre les critères de Dieu pour une bonne vie.

2)     Heureux ceux qui vivent les valeurs de Dieu

Et là c’est le clash avec les définitions habituelles – autant dans l’Antiquité qu’aujourd’hui. Jésus prend le contre-pied de notre idéal : l’homme ou la femme qui sait, fort, indépendant, pragmatique, dynamique, positif, charismatique… On a presque l’impression que Jésus fait l’apologie de l’impuissance, de la bonne poire qui se fait avoir, qui donne qui donne sans recevoir, du naïf idéaliste qui ne sait pas profiter de la vie et qui perd son temps à des causes perdues…

En fait, si on creuse, les valeurs de Dieu sont un peu différentes. Je relèverai 3 caractéristiques principales.

D’abord, Jésus met l’accent sur l’intériorité. Dieu regarde au cœur, au-delà des apparences. Tout commence avec le cœur. On peut avoir la plus belle vie qui soit, la plus pieuse ou la plus pure, si notre cœur n’est pas tourné vers Dieu, il manque l’essentiel. Dieu ne demande pas qu’on fasse nos preuves ou qu’on rentre dans les bonnes cases, mais qu’on s’ouvre à lui. Qu’on entre tout entier dans une relation profonde avec lui – et bien sûr, il y aura des fruits visibles, mais ça c’est la conséquence, pas le commencement. La bénédiction de la présence de Dieu s’offre à ceux qui se mettent à nu devant lui pour la recevoir.

Ensuite, l’humilité est centrale. Jésus invite à se reconnaître pauvre devant Dieu, devant les autres, avec nos manques, nos défaillances, nos fautes. Ce n’est pas forcément agréable ! Nous pouvons même parfois en pleurer. Mais c’est en nous plaçant devant Dieu en vérité que nous pouvons être graciés, réconfortés, transformés. Cette humilité, c’est le chemin vers la douceur et la bonté, l’empathie, la patience, la bienveillance. Pour accueillir l’autre tel qu’il est, comme Dieu m’accueille moi-même. L’humilité peut paraître assez naturelle au début, mais c’est peut-être difficile de persévérer dans l’humilité, après plusieurs ou de nombreuses années de vie chrétienne, pour redécouvrir chaque jour l’ampleur de la grâce de Dieu envers nous – et envers les autres.

Enfin, ce qui frappe dans ces béatitudes, c’est un profond courage. Le courage de voir la vérité en face, de reconnaître difficultés et souffrances sans sauter immédiatement à une joie illusoire. Le courage de s’impliquer pour le bien : prendre l’initiative du pardon, œuvrer pour la réconciliation, pour l’équité. La foi nous rend actifs ! Le courage d’obéir à Dieu, quitte à renoncer à nos partis-pris, à notre confort, à nos propres schémas. Le courage enfin de prendre des risques par fidélité envers Dieu – Jésus est réaliste : œuvrer pour la vérité, le bien et la justice dérangera forcément certains.

C’est une vie à contre-courant ! Loin d’une existence myope et sourde, centrée sur la récompense du présent, la tranquillité, le triomphe de l’ego, la joie illusoire née des divertissements, la fierté mal placée de ceux qui écrasent les autres, du pouvoir né de la domination. Soyons clairs, il y a un certain bonheur à vivre comme ça, à la force de ses bras, chacun dans son coin, bien protégé entre quatre murs, en essayant d’entasser autant que possible. Mais ce bonheur s’obtient avec combien d’efforts, de compromis, de rejets, et d’incertitudes péniblement contrées par nos calculs ? et pour combien de temps, alors que la maladie, l’accident, la mort peuvent intervenir n’importe quand ?

Jésus invite à un autre bonheur. A une autre dynamique, inspirée par un objectif éternel. A une autre paix, ancrée dans l’amour et la réconciliation. A une autre force, tirée de la confiance dans le Dieu tout-puissant. A une autre satisfaction, construite sur le bien et la justice. A une autre joie, née des promesses de Dieu.

3)     Heureux ceux qui suivent Jésus

Creusons encore un peu. Qui se dessine derrière les paroles de Jésus ? Qui a pleuré sur le mal, la violence, et même le scandale de la mort ? Qui a accueilli avec douceur hommes et femmes, citoyens et étrangers, riches et pauvres, bien portants et malades, religieux et gens de mauvaise réputation ? Jésus. Jésus s’est fait pauvre, de riche qu’il était, il s’est fait homme, de Dieu qu’il était. Il a vécu sans injustice, bien plus, avec justice, en faisant tout ce que Dieu aime. Et il a été persécuté, rejeté, condamné. Oui Jésus s’est abaissé, il s’est fait serviteur des hommes, jusqu’à la mort, la mort sur la croix, par amour, pour nous réconcilier avec Dieu. Jésus a incarné les valeurs de Dieu, et il a expérimenté la profondeur du décalage, du déchirement, de la souffrance qui peuvent en résulter – mais sa résurrection témoigne que les promesses de Dieu aux humbles, aux doux et aux courageux se sont réalisées.

Vivre les béatitudes, finalement, c’est suivre Jésus, c’est faire de lui notre modèle. Vous me direz, ce modèle est haut, exigeant, inaccessible ! Vous risquez de le penser plusieurs fois en lisant le sermon sur la montagne… C’est vrai : vivre les valeurs de Dieu est le plus haut défi que nous puissions nous fixer. Pourtant Jésus ne cherche pas à nous narguer ou à nous décourager ! Il donne un but, une direction, une orientation à notre vie.

En tant que personnes, nous évoluons, nous avançons – vers quoi ? Choisissons ce que Dieu aime – et nous le verrons à l’œuvre en nous, près de nous, devant nous. Cultivons en nous le caractère que Jésus avait, entraînons-nous à la paix et à la justice, apprenons les valeurs de Dieu – car c’est elles qui auront cours dans l’éternité. Et n’ayons pas peur, même si nous avançons à contre-vent, à contre-courant : si nous nous ouvrons à Dieu, si nous nous risquons à le suivre et à vivre avec lui, il nous conduira lui-même sur le chemin du véritable bonheur, par son Esprit.