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Florence VANCOILLIE

A propos Florence VANCOILLIE

Pasteur de l'Eglise évangélique libre de Toulouse depuis 2013, membre de la Commission synodale de l'UEEL.

Le défi de l’amour sincère

Quand on parle d’amour, à quoi pensez-vous ? Aux amoureux des films d’Hollywood ? Aux retrouvailles pleines de chaleur lors des fêtes de famille ? A ce que vous ressentez en regardant votre bébé dormir ? A la force qui permet de surmonter les obstacles pour aider, soutenir, protéger ? Au souci que vous vous faites pour vos proches ? A l’écoute et à l’encouragement reçus auprès de vos amis ?

Nos représentations de l’amour peuvent varier… Mais il y a une constante, quand on pense à l’amour, c’est l’intensité : on ne peut pas être aimé à moitié ! En tout cas, on ne veut pas être aimé à moitié ! Dès qu’une incohérence survient, un compromis ou une condition, la question se pose : est-ce un amour véritable ? L’amour semble souvent nous glisser entre les doigts, alors qu’il est si essentiel. Et l’apôtre Paul surenchérit, en parlant de l’église dans une lettre aux chrétiens de Rome : il lance toute une série d’exhortations, qui vont un peu dans tous les sens, pour nous motiver à aimer plus et mieux.

Lecture biblique Romains 12.9-21

9 L’amour sincère.

Détestez le mal, embrassez le bien. 10 Aimez-vous de tout votre cœur comme des frères et sœurs chrétiens. Soyez toujours les premiers à vous respecter les uns les autres. 11 Soyez zélés, et pas paresseux. Soyez fervents, par l’Esprit. Servez le Seigneur avec dévouement.  12 Réjouissez-vous à cause de votre espérance. Restez patients dans le malheur, continuez à prier fidèlement. 13 Prenez part aux besoins des chrétiens, poursuivez l’hospitalité.

14 Souhaitez du bien à ceux qui vous poursuivent, souhaitez du bien et non du mal. 15 Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent. 16 Soyez bien d’accord entre vous. Ne cherchez pas de grandes choses, mais laissez-vous attirer par ce qui est simple. Ne vous prenez pas pour des sages.

17 Ne rendez à personne le mal pour le mal, cherchez à faire le bien devant tous. 18 Autant que possible, si cela dépend de vous, vivez en paix avec tous. 19 Amis très chers, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez la colère de Dieu agir. En effet, dans les Livres Saints, le Seigneur Dieu dit : « À moi la vengeance ! C’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite ! » (Deutéronome 32.35) 20 Mais il dit aussi : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire. Alors, si tu fais cela, c’est comme si tu mettais des charbons brûlants sur sa tête. » (Proverbes 25.21-22) 21 Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien.

L’amour sincère

Dans ces exhortations un peu décousues, c’est l’amour qui domine. Mais pas la nécessité de l’amour. L’amour est une évidence, puisque la Bonne Nouvelle qu’annonce et accomplit Jésus, c’est que Dieu nous aime – malgré tout. Paul insiste plutôt sur la sincérité de l’amour. Littéralement, un amour sans hypocrisie, sans faux-semblants, sans contrefaçons. Sous-entendu : il peut y avoir des faux amours, des amours superficiels, à moitié…

Cet amour sincère ne se vit qu’avec intensité (Détestez le mal, embrassez le bien [le mot évoque le fait de s’accrocher, de s’unir à, il est même utilisé dans 1 Co 6 pour parler de l’union physique entre un homme et une femme.] Embrassez le bien. Aimez-vous de tout votre cœur. Soyez toujours les premiers à vous respecter. Soyez zélés. Soyez fervents, par l’Esprit. Servez le Seigneur avec dévouement. Prenez part, poursuivez, cherchez le bien envers tous…) – c’est presque une obsession ! Comme si on se mettait des œillères afin de vivre l’amour, toujours, seulement.

Et si les conseils de Paul vont dans tous les sens, c’est que l’amour va dans tous les sens : vers Dieu, vers mes proches, vers mon frère ou ma sœur dans la foi, vers l’inconnu, même vers celui qui me cherche des noises…

Solidarité et respect

Comment définir l’amour ? Il y a une part de sentiment (la tendresse fraternelle). Mais les exemples de Paul évoquent essentiellement la solidarité, d’abord matérielle : rendre service, accueillir un voyageur chez soi (surtout à une époque où il y a peu de logement pour les voyageurs) entraide alimentaire, basique => aider à un déménagement, bricoler, entourer lors de soucis de santé… Cette solidarité, elle se vit parfois simplement dans la présence : être là, se réjouir avec dans les bons moments, accompagner dans la peine – avez-vous déjà remarqué combien la joie se multiplie quand elle est partagée ? et combien la peine s’allège quand on se sent soutenu ?

2 remarques. Aimer a un contenu objectif : vouloir le bien de l’autre, le bien tel que défini par Dieu – dans la justice, la vérité, la paix et la joie. Pour Dieu, aimer c’est plus une intention, une motivation, qu’un sentiment d’approbation (je l’aime bien car on a des atomes crochus…). Aimer, c’est vouloir le bien de l’autre, très concrètement. Si aimer largement veut dire apprécier tout le monde, on arrive vite à nos limites. Mais si aimer, c’est vouloir le bien et y contribuer quand je peux – même de celui que je ne comprends pas, même de celle que je ne connais pas trop, même de celui qui m’agace – alors aimer redevient possible.

Paul met aussi ensemble amour et respect : « soyez les premiers à vous respecter/ vous honorer les uns les autres ». Et ça, parfois, on l’oublie ! Sous prétexte de proximité, nous tombons parfois dans la familiarité, à dire des choses dont on ne tolèrerait pas le quart dans un autre contexte. Aimer, c’est aussi respecter.

Partout, tout le temps : dans l’église et en dehors

Paul entremêle ici l’amour dans l’église, et en dehors de l’église : dans tous les cas il faut aimer c’est-à-dire vouloir le bien de l’autre, depuis nos prières jusqu’à nos actions. Aimer tous ceux que nous rencontrons – Jésus n’a jamais mis d’exception à son amour. Mais Paul fait quand même une distinction : il y a l’amour entre chrétiens, et en dehors. Pourquoi cette différence ? Dans l’église, par définition, Dieu est au centre de nos relations : il nous unit en Christ, par son Esprit, pour toujours – et il nous inspire, nous transforme, pour nous apprendre à aimer comme lui.  Du coup, il peut y avoir un espoir que nous fassions chacun un pas vers plus d’amour.

Hors église, les priorités, ou les motivations, peuvent être différentes. Mais peu importe, pour Jésus, relayé par Paul, même si nous rencontrons l’agressivité ou l’injustice, nous n’avons pas d’autre choix que d’aimer ! c’est ce qu’il a fait, lui ! Il est venu nous apporter la réconciliation avec Dieu alors que nous lui tournions le dos. Il n’y a pas exigence de résultat, mais exigence de méthode : l’amour !

C’est dur… déjà en famille ou en église, quand on a tant en commun, aimer est difficile. Mais alors quand on est blessé, rejeté, méprisé, calomnié… face à l’injustice ou à la trahison, il est tentant de rendre les coups ! L’exemple du Christ, c’est de répondre à la malveillance par la bienfaisance : faire ce qu’on aimerait qu’on nous fasse (ne pas court-circuiter un collègue, ne pas dégrader les biens d’un voisin négligent, ne pas surenchérir dans la querelle, ne pas calomnier…), rester humain (ne pas rester indifférent aux besoins basiques de celui qui me tend la main), prier pour le bien de l’autre. C’est ainsi que l’amour triomphe de tout, comme le Christ a triomphé du mal et de la haine. On comprend l’idée ! Difficile à faire, mais on comprend.

Or Paul donne un argument étonnant (v.19-20): si vous restez accrochés à l’amour, alors vous laissez agir la colère de Dieu et vous accumulez des charbons ardents sur la tête de votre agresseur. L’image des charbons ardents, dans la Bible, évoque habituellement la sainteté de Dieu et sa capacité à juger. Mais alors, aimer serait-il une façon détournée, évangéliquement correcte, d’ajouter à la culpabilité de l’autre ? Plus on aime notre agresseur, plus il sera condamné ? c’est un peu tordu, non ?

Certains ont trouvé une vieille pratique égyptienne, où on mettait sur sa tête un plat rempli de braises ardentes pour signifier sa repentance : rester bienveillant pousserait l’autre à la repentance.

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D’autres attirent l’attention que dans de nombreux pays, dont le Moyen Orient antique, on transporte beaucoup de choses sur sa tête : ajouter des chardons ardents sur la tête de l’autre, serait simplement lui rendre service en lui donnant de quoi ranimer son feu chez lui – vous, vous prêteriez des allumettes ou une lampe de poche.

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Sauf que Paul parle quand même de la colère de Dieu… le plus sérieux, il me semble, c’est d’admettre qu’il s’agit là d’un jugement de Dieu, mais tel que nous connaissons Dieu : c’est-à-dire que si le coupable se repent, il sera pardonné. Notre persévérance dans l’amour peut être un déclic pour lui.

Mais quand le coupable ne se repent pas, on peut se décourager, et se dire que notre amour est vain, inutile, que nous sommes perdants dans l’histoire, et que ce n’est pas juste. Or pour Dieu, le juste qui voit tout, même une seule goutte dans un océan d’injustice est remarquée – et cela a du poids, pour lui. Quand on aime, ce n’est jamais perdu, jamais du gâchis : pour Dieu, c’est précieux.

Le défi de l’amour en église

Dans toutes ces réflexions sur l’amour, j’aimerais revenir sur l’amour en église. La pandémie qui nous distancie les uns des autres a accentué une tendance à vivre sa foi « en individuel », avec la peur de la maladie, les confinements qui ont changé nos habitudes, et l’utilisation massive, pratique, des médias pour garder le lien. Plusieurs m’en ont parlé : nos cercles sociaux, et notre cœur peut-être, se sont rétrécis – on est moins patients, moins motivés, moins ouverts… Sans parler des tensions anciennes qui peuvent creuser des fossés entre nous, masqués par le statu quo.

Alors il y a de l’amour dans cette église – je suis aux bonnes loges pour le voir : l’armoire solidaire qui déborde, les coups de fil réguliers de certains membres, le groupe de visites, l’entraide et l’écoute, les messages, l’hospitalité jusqu’à parfois accueillir des étudiants chez soi ! Mais, mais… ces exhortations nous piquent : on ne peut jamais se dire qu’on a assez aimé, ou qu’il est temps de passer à autre chose. L’amour doit toujours être notre priorité d’église, là où nous investissons en premier. Les relations aimantes, bienveillantes, solidaires – voilà une des priorités de Dieu. Ca commence peut-être par rester à la fin du culte et parler à une nouvelle personne, échanger de vraies nouvelles et être attentif aux besoins, rejoindre un groupe, passer un coup de fil dans la semaine ou envoyer un petit message… Plus difficile, prier ou recontacter quelqu’un avec qui vous êtes en froid ?…

Les exhortations de Paul sont tellement diverses que ça pourrait nous impressionner et nous accabler d’avance : en réalité, c’est une invitation à poursuivre l’amour quel que soit votre profil. Vous êtes du genre à donner un coup de main ? dénoncez-vous  Vous êtes du genre à écouter ? passez boire un café chez quelqu’un qui n’habite pas loin ! Vous préférez inviter ? allez-y, même pour une simple balade ou un goûter. Priez pour une ou deux personnes que vous avez vues ce dimanche, ou pas vues depuis longtemps, et prenez contact.

Peu importe ce que vous faites, pour qui, comment : ce qui compte c’est de poursuivre l’amour. De faire de l’amour votre obsession : ainsi, vous ressemblerez, nous ressemblerons au Dieu qui nous aime tant qu’il s’est donné pour nous.

Emerveillés pour être (Suivre le Christ 4/4)

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Prédication d’Eglantine Eldin.

Aujourd’hui, nous entamons la dernière semaine de la campagne de notre Union d’églises « Partout et tout le temps, suivre le Christ, tout simplement ».

Mardi, alors que je marchais dans la capitale, je voyais une foule devant moi. Une foule d’êtres-humains ; des centaines d’humains pressés. Une foule qui ne connaissait pas ce que moi, j’étais en train de redécouvrir… Un message de dingue qui concernait cette foule, adressé à l’humanité toute entière.

L’apôtre Paul, alors qu’il est en prison, encourage les églises d’Asie mineure. Alors qu’il est emprisonné à cause de sa foi, il est émerveillé. Émerveillé devant le grand projet de Dieu. Et c’est son émerveillement qu’il veut partager pour les relever. De tout son être, Paul est passionné par ce message : les bénédictions de Dieu ont été déversées sur vous, chrétiens d’origine païenne comme sur nous, chrétiens d’origine juive. Ainsi, nous sommes ensemble de nouvelles personnes en Christ ! Des humains bénis et canaux de bénédictions  en Christ.

Je vous propose de lire sa lettre adressée aux Éphésiens, chapitre 1, versets 3 à 14.

Bénissons Dieu, le Père   de notre Seigneur  Jésus Christ !

Il nous a bénis en nous accordant toute bénédiction spirituelle dans les cieux dans notre union     avec le Christ.

(Mais quelle est cette mystérieuse bénédiction spirituelle ?)

 4 Avant la création du monde, Dieu nous a déjà choisis pour être à lui           par le Christ,

afin que nous fassions ce que Dieu veut et que nous soyons sans défaut à ses yeux.

Dans son amour, 5 Dieu a décidé par avance qu’il ferait de nous ses enfants

par Jésus Christ ;

dans sa bienveillance, voilà ce qu’il a voulu.

6 Louons donc Dieu pour le don magnifique qu’il nous a généreusement fait     en son Fils bien-aimé.

7 Car par le sang versé du Christ, nous sommes délivrés du mal et nos péchés sont pardonnés.

Dieu nous a ainsi manifesté la richesse de sa grâce, 8 qu’il nous a accordée avec abondance en nous procurant une pleine sagesse et une pleine intelligence.

9 Dans sa bienveillance, il nous a fait connaître (nous d’origine juive), le projet de salut qu’il avait décidé par avance de réaliser                            par le Christ.

10 Ce projet, que Dieu conduira à son accomplissement à la fin des temps, consiste à rassembler tout ce qui est dans les cieux et sur la terre sous une seule tête/sous un seul représentant,                le Christ.

11 Par notre union                    avec le Christ, nous avons reçu la part qui nous était promise,

car Dieu nous a choisis par avance, selon ce qu’il a décidé ; et Dieu réalise toutes choses conformément à ce qu’il a décidé et voulu.

12 Louons donc la grandeur de Dieu, nous qui avons été les premiers à mettre notre espérance                      dans le Christ !

13 Vous aussi, ceux d’origine païenne, quand vous avez écouté sa parole, qui est la vérité, la bonne nouvelle qui vous a apporté le salut, vous avez mis votre foi            en Christ ;

alors, Dieu a mis sa marque personnelle sur vous, en vous donnant l’Esprit saint promis.

14 L’Esprit saint nous garantit l’héritage que Dieu a réservé à son peuple ;

il nous assure que nous le posséderons quand notre délivrance sera complète.

Louons donc la grandeur de Dieu !

  1. Dieu a toujours voulu bénir l’humanité,

Avant même qu’il ne suscite la vie, « Que la lumière soit », Dieu avait le projet de répandre ses bénédictions sur l’humanité.

D’abord, Il a béni le premier couple d’êtres-humains. Mais ils l’ont méprisé. Ils ont cru que Dieu, pourtant leur Ami, leur Créateur, leur cachait une connaissance qui leur permettrait d’être plus grands encore, plus honorés, plus comblés ! Grosse erreur, Dieu n’est pas menteur, ni égoïste, ni avare. Dieu est don. Le péché, c’est aussi ça : soupçonner le mal, la malveillance, l’égoïsme, l’avarice en Dieu… Refuser sa bonté.

Malgré ça Dieu n’a pas abandonné son projet. Il a choisi Abraham pour le bénir lui, sa famille, et par cette seule famille, toute l’humanité ! Il choisit le peuple hébreu, Israël, le roi David et sa postérité, et pour que toujours, ils deviennent des canaux de bénédictions pour toutes les nations. L’être-humain n’a pas voulu recevoir la bénédiction, empêtré dans son péché. Mais la promesse de Dieu de bénir ces familles n’a jamais cessé.

Son immense projet bienveillant, il l’a pleinement accompli    par lui-même, par Jésus le Christ. Dieu est don. Il a pardonné en Lui notre suspicion, notre avidité. Il s’est fait l’élu humain en Christ.

En Christ, il a réconcilié l’humanité avec lui-même, pour répandre sur elle ses bénédictions…

 

C’est cela que Paul transmet avec passion et émerveillement dans ce poème à couper le souffle.

  1. En Christ,
  • Nouvelle identité

L’apôtre Paul annonce aux églises d’Éphèse, qui étaient des églises de maison, que leur foi, leur union avec Jésus-Christ, les revêts d’une nouvelle identité : l’Église est la nouvelle famille choisie pour être bénie et canal de bénédiction.

Leur identité ne dépend pas de leur estime d’eux-mêmes ou celle des autres sur eux, ni même de leur générosité ! Leur identité dépend de ce que Dieu a décidé, a prononcé sur eux.

Dieu dit à son Eglise : Je vous choisis en Christ. Par votre foi placée en Jésus-Christ, vous êtes  unis à lui. Par cette union, vous héritez de toute sa personne. Par conséquent, vous êtes     élus pour être miens parce qu’il est mien. Vous êtes   mes bien-aimés parce que je l’aime. Vous êtes saints, sans défaut à mes yeux, délivrés du mal et pardonnés de vos péchés, parce que    je les a pris à votre place.
Vous êtes mes enfants, parce que Christ est mon Fils. Vous êtes    une famille par laquelle je veux bénir l’humanité toute entière. Je décide de vous faire confiance.

Ce matin, Paul nous rappelle l’amour bienveillant, déterminé et persévérant de Dieu… envers nous, envers toi, envers moi. Son amour nous donne une identité nouvelle. Nous sommes la famille que Dieu a béni, et par laquelle il veut bénir. Il nous fait confiance, toi, moi, et nous ensemble pour faire le bien en son nom, comme le Christ  l’a fait.

Vous vous rendez compte ??

Cette identité, tous ces cadeaux sont appliqués par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est à la fois un des cadeaux et celui qui nous rend bénéficiaires de ces cadeaux.

  • La réconciliation

L’Esprit Saint est aussi le « pass » (excusez-moi l’expression) pour vivre les prémices de la réconciliation de deux réalités…

Au v10, Paul parle d’une réconciliation entre les cieux et la terre qui a commencée par l’œuvre de Jésus-Christ… Qu’est-ce que cela veut dire selon vous ?

Un peu vague tout de même. Dans une autre de ses lettres, celle aux Colossiens, il y a aussi un très beau poème qui parle de cette réconciliation. Colossiens 1.20 et suite :

20 « Et c’est par lui (le Fils) qu’il (Dieu le Père) a voulu réconcilier avec lui-même l’univers tout entier : ce qui est sur la terre et ce qui est au ciel, en instaurant la paix par le sang que son Fils a versé sur la croix.

21 Or vous, autrefois, vous étiez exclus de la présence de Dieu, vous étiez ennemis à cause de vos pensées qui vous amenaient à faire des œuvres mauvaises ;

22 Mais maintenant, Dieu vous a réconciliés avec lui par le sacrifice de son Fils qui a livré à la mort son corps humain, pour vous faire paraître saints, irréprochables et sans faute devant lui.

23 Mais il vous faut, bien sûr, demeurer dans la foi, fermement établis sur ce fondement sans vous laisser écarter de l’espérance qu’annonce l’Evangile. Cet Evangile, vous l’avez entendu, il a été proclamé parmi toutes les créatures sous le ciel, et moi, Paul, j’en suis devenu le serviteur. »

Cette semaine, j’ai demandé à Guy et Sylvie comment ils comprenaient la réconciliation, et on s’est rendus compte que leurs deux compréhensions se complétaient ! Tenez-vous bien.

Le monde céleste est le « lieu » où Dieu trône. Ce monde est la sphère où Christ est entré après sa résurrection et son ascension. C’est la sphère où sont les coulisses de l’histoire humaine. Et parce que Dieu y règne intensivement, la culture du Royaume y est vécue.

S’il y a réconciliation, c’est qu’il y a eut division. La division entre le monde terrestre et le monde céleste s’est opérée par le péché des premiers êtres-humains. Par leur manque de confiance en Dieu qui leur avait pourtant tout donné, ils sont sortis de la présence pleine de Dieu. C’est l’Eden métaphorique. Mais le Père a tout réuni en Christ.

 

Si vous me suivez encore, qu’est-ce que la réconciliation entre ces deux mondes signifie concrètement pour nous ?

Eh bien pour moi, cela signifie qu’en ce moment même, nous faisons l’expérience de cette réconciliation !

Là où est vécue la culture du Royaume de Dieu, on vit les prémices de cette réconciliation.

Là où le Dieu trinitaire est loué, là où l’histoire et l’identité de Jésus-Christ sont annoncées, là, on vit les prémices de la réconciliation.

Quand l’Église libre de Toulouse collabore avec les chrétiens des autres églises, là, on goûte cette réconciliation.

Quand l’Église de Toulouse est multiculturelle, multigénérationnelle, remplie d’hommes et de femmes, de tas de milieux sociaux différents, riche de ses multiples talents, des vocations d’humains touchés par la grâce de Dieu, alors là on goûte à la réconciliation.

  • Louons donc !

              Louons donc : c’est la conséquence naturelle de ce qu’on apprend. À quatre reprises, le texte nous appelle à louer Dieu. La louange encadre chaque nouveau dévoilement ! « Bénissons Dieu, louons donc Dieu, louons donc Dieu, louons donc Dieu ». La louange n’est pas seulement l’apothéose, le bouquet final, mais la louange nous accompagne constamment. Plus loin dans sa lettre, Paul conseille de chanter ensemble, mais aussi tout seul ! Est-ce que vous louez Dieu en chantant tout seul ?

La louange, c’est aussi vivre l’identité que Dieu nous a donné. Être individuellement une offrande de bonne odeur. Être l’Église, la famille bénie et bénissant…

Pour faire du bien à l’humanité, on a besoin bien sûr de se rassembler, de louer Dieu ensemble, de renouveler notre émerveillement devant qui il est, ce qu’il a accompli et prévu en Christ.

…Mais inévitablement, pour bénir la création toute entière, on a besoin de se disperser.

Pourquoi venez-vous ici le dimanche matin ? Pourquoi fréquentez-vous ces lieux ?

Pour être qui vous êtes en Christ, vous accueillerez dans une semaine ces femmes vulnérables, leur donnerait du repos, du ressourcement, de la sécurité et de la bienveillance.

Pour être qui vous êtes en Christ, vous ouvrez vos maisons pour des groupes de partages dans lesquels ceux qui ne connaissent pas Dieu pourraient être accueillis, écoutés, bénis et entendre la Parole de Dieu pour eux.

Pour être qui vous êtes en Christ,

  • vous êtes écolos : dans le soin et la restauration de la création de Dieu ;
  • vous êtes animateurs jeunesse : modèle d’une foi vivante et actuelle ;
  • vous êtes évangélistes de plein de manières : là où vous vous trouvez, vous racontez l’histoire de Christ et son identité ;
  • vous êtes engagés pour la justice sociale, l’égalité, et ainsi répandez la culture du Royaume de Dieu ;
  • vous êtes à votre travail connue pour être la personne bienveillante et encourageante, reflet du Christ au quotidien.

Et là où nous vivons notre identité en Christ, là, Dieu règne.

Louons donc notre Dieu.

CONCLUSION

Dieu a toujours voulu bénir l’humanité, la création toute entière, et il l’a accompli par lui-même, en Christ.

Nous sommes la famille que Dieu a béni, et par laquelle il veut bénir. Il nous fait confiance, toi, moi, et nous ensemble pour faire le bien en son nom, comme le Christ l’a fait.

Louons donc notre grand Dieu à toujours bienveillant.

 

Emerveillons-nous devant son beau et immense projet… Ce projet dont nous sommes au bénéfice dès aujourd’hui, et bientôt pour l’éternité !

Emerveillons-nous et faisons de cet émerveillement un élan pour bénir en Christ, au quotidien.

N’oublions pas que l’Esprit Saint est notre collaborateur pour devenir toujours plus qui nous sommes en Christ !

Portez du fruit

Suivre la prédication en vidéo ici.

Jésus nous rejoint, il se donne, pour que nous ayons accès à Dieu à travers lui et que nous vivions, vraiment ! Et après ? Que se passe-t-il ? Qu’est-ce que ça implique pour nous ?

La semaine dernière, nous avons commencé une série sur le thème : « partout, tout le temps, suivre le Christ tout simplement » à partir du livret proposé par notre Union d’églises. Vincent nous rappelait que si nous croyons, si nous suivons Jésus comme des disciples, c’est à plein temps ! Nous sommes unis à lui, jour et nuit !

Aujourd’hui, dans cette deuxième semaine, nous nous concentrons sur la mission que Jésus nous confie, à partir d’un extrait de son dernier discours, prononcé dans la dernière nuit avant sa mort. Jésus l’a déjà fait, il se compare à des objets très concrets de la vie quotidienne pour expliquer qui il est. Je suis le pain, je suis la lumière, je suis le berger, je suis le chemin… Ici, il se compare au cep de vigne – mais il va moins parler de lui que de nous : que se passe-t-il quand nous nous attachons au Christ par la foi, quand nous ne faisons qu’un avec lui ? Jésus brode sur l’image de la vigne sans chercher à tout décrire de A à Z : il pointe différents éléments, qui forment comme une constellation et il nous donne les contours essentiels de la vie avec lui. Il y a pas mal d’étoiles dans cette constellation… je vais lire tout le passage, mais ensuite je me concentrerai particulièrement sur la mission que Jésus nous confie, en lien avec le thème du livret que nous suivons.

Lecture biblique Jean 15.1-17

1 Moi je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. 

2 Il enlève tout sarment qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque sarment qui porte du fruit, afin qu’il en porte encore plus. 3 Vous, vous êtes déjà purs grâce à la parole que je vous ai dite. 

4 Demeurez unis à moi, comme je suis uni à vous. Un sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même, sans être uni à la vigne ; de même, vous non plus vous ne pouvez pas porter de fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. 5 Moi je suis la vigne, vous êtes les sarments. La personne qui demeure unie à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. 6 La personne qui ne demeure pas unie à moi est jetée dehors, comme un sarment, et elle sèche ; les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. 7 Si vous demeurez unis à moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voulez et cela sera fait pour vous. 

8 Voici comment la gloire de mon Père se manifeste : quand vous portez beaucoup de fruits et que vous vous montrez ainsi mes disciples. 9 Tout comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme j’ai obéi aux commandements de mon Père et que je demeure dans son amour. 11 Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. 

12 Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 13 Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce qu’un serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. 16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ; je vous ai donné une mission afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Alors, le Père vous donnera tout ce que vous lui demanderez en mon nom. 17 Ce que je vous commande, donc, c’est de vous aimer les uns les autres.

 Les conséquences de l’union avec le Christ : porter du fruit

Pour décrire la vie avec lui, Jésus utilise une image : nous sommes appelés à porter du fruit, comme un sarment qui sort d’un cep de vigne. Avant de préciser les contours et le goût de ce fruit que portent ses disciples, Jésus commence par une mise en garde : la personne qui est unie au Christ par la foi doit porter du fruit. C’est la priorité du vigneron, c’est-à-dire Dieu, qui soigne sa vigne, son peuple, en faisant tout pour que la vigne produise un fruit bon et beau. Et comme tout bon jardinier ou agriculteur, il taille la plante lorsque les branches inutiles ou malades empêchent la sève de circuler avec vigueur pour donner du fruit.

Et si le sarment ne porte pas de fruit ? Au bout d’un moment, le vigneron s’en occupe, le taille etc. mais si ça dure, que le sarment reste sec, ça veut dire qu’il n’est pas vraiment rattaché au cep… alors le vigneron finit par le couper et le jeter. C’est violent comme image, quand on pense que le sarment, c’est nous ! « Portez du fruit, sinon… »

Est-ce que Jésus voudrait nous faire peur, ici ? Oui, un peu. Il insiste sur la nécessité de porter du fruit : le but du sarment n’est pas d’être attaché au cep, c’est de porter du fruit. Le but du vigneron n’est pas d’occuper le plus de place possible avec des sarments… c’est d’avoir une belle récolte de fruits.

Il ne faut pas trop tirer sur l’image, mais Jésus insiste ici : porter du fruit n’est pas optionnel. Ca fait partie de la vie avec lui. Si on est son disciple, il doit en sortir quelque chose. La foi ne s’arrête pas à l’intériorité secrète de notre cœur : c’est une connexion à la vie de Dieu, à travers le Christ, qui doit rejaillir dans notre existence.

Un appel à la fécondité

On pourrait dire que lorsqu’on vit avec Jésus, il y a exigence de résultat.

Mais. Mais ce résultat, quel est-il ? Jésus parle beaucoup du fruit, il évoque l’obéissance à ses commandements, l’amour, le fait que le fruit honore Dieu. Et voilà !

Jésus en a déjà parlé ailleurs : le fruit, c’est aimer Dieu, l’honorer par une vie intègre, par une confiance grandissante, et aimer l’autre par un regard pur, une main tendue, une parole saine. Il invite ses disciples à être témoins de l’amour de Dieu, auprès de chacun, en parole et en acte. Paul, disciple de Jésus, reprendra l’image du fruit pour parler du caractère que Jésus, par son esprit (sa sève) produit en nous : amour, douceur, maîtrise de soi, bienveillance, esprit de service…

Ce qui est très beau, dans l’image du fruit, c’est que c’est organique : le fruit exprime la nature de la plante. La plante n’est pas appelée à faire semblant, à se travestir. Ce n’est pas un fardeau, de porter du fruit : c’est s’épanouir. Mais là où la culture d’aujourd’hui nous encourage à nous développer, à nous épanouir, à grandir coûte que coûte, l’image du fruit nous rappelle que nous développer n’est pas un projet qui ne concerne que nous, au mépris des autres : lorsque nous sommes vraiment épanouis, tout le monde en profite !

Si on regarde bien, depuis la création, Dieu a comme objectif que nous portions du fruit : multipliez-vous, croissez, soyez féconds… Avoir des enfants, c’est porter du fruit ! Mais au-delà, porter du fruit c’est vivre dans la justice et la vérité, construire la paix, choisir la générosité et l’amour… Être fécond, c’est ressembler à Dieu sur cette terre, Dieu le créateur de l’abondance, Dieu l’innovant, Dieu le généreux. Lorsque nous portons du fruit, nous sommes vraiment nous-mêmes, tels que Dieu nous rêve depuis la création du monde.

C’est tellement large ! Et impressionnant… Pourtant, Jésus n’insiste pas sur les critères de réussite. Ce qui compte, c’est que du fruit soit porté. Il n’y a pas de compétition ou de performance : ce qui compte, c’est que la vie de Dieu rejaillisse. Que sa vitalité ait un impact sur nous et autour de nous. Mais on peut imaginer que selon le contexte, et là je sors de l’image, le fruit n’ait pas toujours exactement la même couleur ou le même goût…

Quelles conditions météo? 

Alors, en bonne Française, j’ai envie de dire « oui, mais… » Oui, mais, ce n’est pas toujours évident de porter du fruit ! Parfois les conditions ne sont pas réunies : trop chaud, trop froid, trop sec, trop humide, il gèle trop tôt, ou trop tard… sans compter les parasites, les maladies,… On se donne ce genre d’excuses, non ? « Non, mais là, je ne pouvais pas, mais c’est pas ma faute, c’est le climat qui convenait pas ». Comme s’il fallait que les conditions extérieures soient optimales pour porter du fruit.

Jésus est très clair : la seule condition qui compte, pour porter du fruit, c’est d’être attaché à lui. Peu importe la météo, si nous sommes remplis de la vie de Dieu par le Christ, cela rejaillira d’une façon ou d’une autre.

Alors ça nous prive d’excuses : si nous ne portons pas de fruit, ce n’est pas la faute du monde qui nous entoure, mais peut-être qu’il faut revoir la vigueur de notre attachement au Christ, éventuellement laisser Dieu tailler les branches malades qui nous gangrènent ou les branches mortes qui bloquent la circulation de la sève… (là j’improvise sur l’image !)

Mais c’est aussi tellement encourageant de savoir que Jésus seul est la condition pour que nous portions du fruit : peu importe le contexte (chez vous, au travail, dans les transports, dans une réunion zoom, sur les réseaux, dans un devoir ou un dossier à rendre, quand vous faites des courses ou des démarches administratives), peu importe votre statut (jeune ou âgé ; bien portant ou non ; pauvre ou riche ; écolier, actif, retraité), peu importe votre personnalité (un peu ours ou… dauphin) – peu importe ! Le Christ vit en vous par la foi, et c’est lui qui nourrit le fruit que vous portez… Peu importe quel sarment vous êtes, tant que vous êtes attaché au Christ vivant, tout-puissant, débordant d’amour, vous avez tout ce dont vous avez besoin pour porter du fruit…

Comment être attaché ?

          La stratégie de Dieu pour que nous portions du fruit, c’est le Christ. C’est une tactique indirecte, par un travail sur nos racines. Aucune plante ne produit du fruit quand on tire sur la branche ! Porter du fruit, c’est le but, mais c’est un processus que nous ne contrôlons pas. La seule chose que nous puissions faire, c’est puiser notre sève à la source, dans le vrai et bon cep de vigne, le Christ.

Pourquoi ? Parce que Jésus-Christ et Dieu sont totalement imbriqués : nous rapprocher de Jésus, c’est nous rapprocher de Dieu lui-même. Le péché, c’est cette rupture avec Dieu qui nous coupe de la vie dans toute son abondance, qui nous fait goûter à la mort et au morbide. Or Jésus nous tend la main de la part de Dieu, il enjambe le fossé de la séparation et rouvre un accès à Dieu.

Dieu demeure en Jésus qui vient lui-même demeurer en nous par son Esprit lorsque nous croyons, et cette cascade de vie, d’amour, déborde tout autour de nous. Il y a une espèce d’alignement sur Dieu qui conduit à l’abondance. Et je crois que c’est dans ce sens qu’il faut comprendre que nos prières sont exaucées : lorsque nous nous alignons sur Dieu, ses projets deviennent nos priorités, notre prière.

Comment faire pour nous attacher au Christ de façon vivifiante ? Jésus évoque deux pistes : mettez en pratique mes commandements et aimez comme je vous ai aimés. Les deux vont ensemble, d’ailleurs le commandement principal que Jésus donne, c’est d’aimer. Mais ce n’est pas un amour éthéré, spirituel, idéal : non, c’est un amour concret. L’amour, le vrai, a un contenu : l’amour pardonne, l’amour relève l’autre, l’amour rend service, l’amour se réjouit de la vérité et de la justice, l’amour cherche ce qui est beau et bon, l’amour est patient…

Bon ben, y a plus qu’à… ! Être attaché au Christ, c’est un processus, pas un acte ponctuel. C’est une dynamique qui se renouvelle constamment : fréquenter le Christ, et Dieu en lui, à travers les Ecritures, apprendre toujours plus à le connaître pour qu’il nous inspire de mieux en mieux. Nous recentrer sur Dieu dans la prière, dans la proximité, ressentir sa présence aujourd’hui en nous. Nous encourager les uns les autres quand nous sommes démunis ou le nez dans le guidon…

 

Les méditations cette semaine nous conduiront à explorer tel ou tel aspect du fruit que Jésus nous appelle à porter, aujourd’hui, dans notre vie. Mais rappelons-nous : notre seule stratégie, c’est de nous rapprocher du Christ, de demeurer en lui pour que sa vie déborde en nous.

Livret de méditations “Partout, tout le temps, suivre le Christ tout simplement” à télécharger ici, (c) UEEL

Jésus dans nos tempêtes

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La rentrée n’est pas toujours facile à vivre ! Après les vacances, on a besoin d’un petit temps pour se remettre dans le bain « en douceur », progressivement, sinon, on se retrouve submergé, angoissé, en panique…

Sans parler de la rentrée, il y a bien des situations qui peuvent nous submerger : quand notre santé, physique ou mentale, défaille ; quand il y a des conflits ; quand la charge professionnelle s’accumule ; quand l’argent manque ; que plusieurs changements ou pertes arrivent en même temps… ou quand on regarde autour de nous : les situations terribles de certains, sans parler des catastrophes ou des menaces politiques, écologiques… Et ces tempêtes sont déstabilisantes, au point parfois de déstabiliser notre foi : où est Dieu dans tout ça ? que fait-il ? que pouvons-nous attendre de lui ?

Jésus et ses disciples ont traversé bien des tempêtes, naturelles ou figurées. Je vais lire le récit d’une de ces tempêtes : c’est une histoire vécue, pas un symbole, mais avec une portée tellement forte qu’elle a du sens aussi pour nos tempêtes. Et si vous n’êtes pas dans une tempête, aujourd’hui, que vous voguez plutôt sur un lac ensoleillé, cet épisode révèle suffisamment de Jésus pour que cela puisse nourrir votre foi !

On trouve cette histoire dans l’évangile de Marc, et le récit est tellement prenant que je vais le commenter au fur et à mesure, pour ne rien perdre du suspense ! et je tirerai quelques conclusions à la fin. Jésus a passé la journée à enseigner les foules.

Lecture biblique Marc 4.35-41

35 Le soir de ce même jour, Jésus dit à ses disciples : « Passons de l’autre côté du lac. » 

36 Ils quittèrent donc la foule ; les disciples emmenèrent Jésus dans la barque où il se trouvait encore. D’autres barques l’accompagnaient. 

37 Et voilà qu’un vent violent se mit à souffler, les vagues se jetaient dans la barque, à tel point que, déjà, elle se remplissait d’eau. 

38 Jésus dormait sur un coussin, à l’arrière du bateau. Ses disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous allons mourir ! Cela ne te fait rien ?» 

         Cette tempête, soudaine, est terrible et dangereuse, ce qui arrivait régulièrement sur le lac de Galilée, entouré de collines qui forment comme une cuvette. Même les disciples, chez qui on trouve des pêcheurs aguerris, paniquent (« nous allons mourir ! »).

Et dans cette tempête, avec le vent qui se déchaîne, les vagues qui font bouger la barque et qui remplissent le bateau, Jésus dort. Il dort ! Certes, il était sûrement fatigué, même épuisé, par les voyages, les enseignements, les rencontres… Enfin, il faut être très fatigué pour dormir dans une barque ballottée par la tempête ! Le sommeil de Jésus à ce moment-là est assez incongru… Et les disciples sont choqués.

Ils prennent sur eux de réveiller Jésus avec ce cri de panique : « Maître, nous sommes perdus ! » – détresse – « Cela ne te fait-il rien ? »

Notez qu’ils ne réveillent pas Jésus pour lui demander de l’aide. Jésus n’est qu’un charpentier, et un guide spirituel, et oui, il a fait quelques guérisons. La tempête n’a rien à voir avec ça. Les disciples réveillent Jésus parce qu’ils sont vexés : « ça ne te fait rien ? on va mourir, et tu t’en fiches ? »

Si Jésus avait été sur le pont, gonflé d’adrénaline comme les autres, même s’il ne faisait rien de plus que d’aider à écoper – c’était déjà énorme ! Il aurait pu les encourager, les soutenir… Mais non, il dort. Il ne prie pas ! Il dort.

Combien de fois, dans nos difficultés, nous avons l’impression que Dieu est en train de dormir… Nous ne le voyons pas agir, il paraît absent, et nous avons l’impression d’être seuls dans nos galères. Et dans l’intensité de l’épreuve, comme les disciples, nous sautons vite à l’interprétation : Si Dieu ne fait rien dans cette situation, c’est que… il s’en fiche ! il ne m’aime pas ou plus ; il m’a laissé tomber ; il me punit ; je ne vaux rien à ses yeux ; il est incapable ou il tolère l’injustice ; ou absent ; peut-être, même, inexistant ?…

39 Jésus, réveillé, menaça le vent et dit au lac : « Silence ! tais-toi ! » Alors le vent tomba et il y eut un grand calme. 

Jésus a une sacrée autorité ! D’un mot, il a calmé la tempête – sans aucun effort ! C’est la première fois dans l’Evangile que sa puissance se dévoile avec une telle ampleur : c’est plus qu’une guérison, il maîtrise la nature, et la nature dangereuse !

Puissance, maîtrise sur la nature, parole… on a l’impression de se retrouver au début de la Genèse, quand Dieu crée le monde par sa Parole : Dieu dit « que la lumière soit ! » et la lumière fut (Gn 1.3). Jésus montre, ici, qu’il est plus qu’un homme doué, il a quelque chose du Créateur.

Certains, et c’est légitime, se demanderont si ça s’est vraiment passé ! Dans la vie de Jésus ou dans la Bible : le miracle est miracle parce qu’il est anormal. Mais si on considère que Dieu a créé le monde et qu’il y reste impliqué, ses interventions exceptionnelles nous impressionnent, oui, mais elles ne sont pas impossibles.

C’est un peu comme avec un logiciel : vous et moi utilisons le mode normal, de l’utilisateur, mais le concepteur du logiciel, qui a tous les codes d’origine, peut si besoin forcer quelques actions, sans remettre en question tout le fonctionnement du logiciel.

Dans son Evangile, Marc juxtapose 3 miracles à ce récit de tempête apaisée : la délivrance d’un homme possédé, la guérison d’une femme hémorragique et la résurrection de la fille du prêtre Jaïrus. Dans cette suite de miracles, Marc souligne la puissance de Jésus qui maîtrise tout : le naturel, le surnaturel, jusqu’à la mort elle-même. Et cette puissance est en faveur de la vie, une puissance libératrice, éclatante, vivifiante.

Dans la tempête, Jésus commence à montrer qui il est : homme et Dieu, Créateur parmi les créatures. C’est pour ça que depuis tout à l’heure, je mets Jésus en parallèle avec Dieu, Dieu qui dort, Dieu qui agit, et pas simplement avec un ami ou un guide.

Cet épisode dévoile l’identité de Jésus, et ses priorités : faire vivre, secourir, sauver. Ce fil se tire jusqu’à la croix, où Jésus meurt à notre place, et ressuscite, se réveille d’entre les morts, pour vaincre totalement la puissance du mal et de la mort, et nous permettre de partager sa vie, dans tout son éclat.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là !

40 Jésus dit aux disciples : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? » 

C’est au tour de Jésus de faire des reproches à ses disciples… Mais ! c’est normal qu’ils aient eu peur, au milieu d’une tempête ! Qu’auraient-ils dû faire ? Aller se coucher, comme Jésus ? laisser Jésus dormir ? le réveiller, mais autrement ?

De quelle peur parle Jésus : la peur face à la tempête, ou la peur que Jésus les abandonne ? Après tout, leur reproche, c’était que Jésus ne s’intéressait pas à eux.

41 Mais ils éprouvèrent une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres : « Qui est donc celui-ci, pour que même le vent et les flots lui obéissent ? »

Les disciples écoutent à peine Jésus, ils sont encore tétanisés de ce qu’ils viennent de voir : Jésus a grondé le vent, et la tempête s’est calmée, comme un enfant. Les disciples ont presque plus peur après que pendant la tempête. La tempête, c’est grave, mais on connaît. Un homme qui maîtrise la tempête, ça, c’est fou. Les disciples commencent à comprendre ce qu’on a vu tout à l’heure : leur maître est aussi maître de la nature, Jésus est plus qu’un homme, il a l’autorité du Créateur…

Et pour nous, dans nos tempêtes ?

Ce qui s’est passé dans cette tempête nous rejoint, nous, lorsque nous sommes ballottés par le vent, individuellement ou collectivement.

  • Reconnaître que Jésus est présent

Un premier encouragement, c’est que dans les pires situations, quand nous sommes en panique, Dieu/Jésus/ n’est pas absent. Même si on a l’impression qu’il dort, parce qu’on ne le voit pas en train d’agir, Dieu n’est pas absent, il est avec nous dans la barque. Lorsque les vagues montent, et notre peur avec, rappelons-nous que nous ne sommes pas seuls – Dieu est avec nous dans la barque.

  • Un Dieu inclassable

Mais Jésus/ Dieu/ n’est pas là où on l’attend, et il est là où on ne l’attend pas. Il dort,  minimum du minimum, et puis, il arrête la tempête, maximum du maximum. Les disciples attendaient une solution médiane, de l’intérêt, un petit coup de main, des mots d’encouragement… Mais Jésus est complètement décalé par rapport à leur attente.

Notre Dieu est hors cadre, il est inclassable. Il sort de nos définitions, il déborde de nos stratégies, avec un autre processus de résolution des problèmes. Lui, il est à un autre niveau, et il agit à un autre niveau, avec un autre rythme ! Et même si nous ne comprenons pas bien, il est proche de nous, et il est efficace.

  • Nous tourner vers lui… avec foi !

Alors, à quoi pourrait ressembler la foi dans la tempête ? Jésus n’a pas répondu, alors je me risque à une suggestion…

Reconnaître la réalité de ce qui se passe. Jésus ne nie pas la réalité ! Réveillé, il ne se retourne pas sur son coussin en disant : « laissez-moi, tranquille, c’est dans votre tête ! » Non, le problème est réel : il se lève et il le règle. Avoir la foi ne nous empêche pas de reconnaître ce qui se passe, dans toute son ampleur, ni même d’avoir peur si c’est effrayant !

Mais face à cette réalité, nous pouvons crier à Dieu. « réveiller Jésus » C’est la prière ! On peut appeler Dieu à l’aide parce qu’on a peur – si ça ce n’est pas de la foi ?! Croire que Dieu peut nous délivrer !

On peut même, voyez dans les psaumes, crier à Dieu notre ressenti, nos inquiétudes, notre lassitude (j’en peux plus…), nos questions (pourquoi tu ne fais rien ?…), notre désarroi (je ne comprends pas…) En nous rappelant que Dieu est bien plus grand, et plus aimant, que ce que nous imaginons.

L’écart avec les disciples est minime mais toute la différence est là : ils n’ont pas appelé Jésus à l’aide ! Ils ont cru qu’il les laissait tomber.

Et pourtant, malgré leur manque de foi, Jésus les a délivrés ! Alors, dans la tempête, tournez-vous vers Dieu, priez, criez à lui – allez-y, même si vous priez « mal » ou que votre foi défaille, Dieu, le Dieu tout-puissant, le Dieu tout proche qui nous aime, le Dieu que révèle Jésus, ce Dieu-là ne vous abandonnera pas !

La lumière de Sa présence (Quand Dieu se révèle 4/4)

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D’après Exode 40.16-38

16 Moïse exécuta scrupuleusement les ordres du Seigneur : 17 le premier jour du premier mois, une année après le départ d’Égypte, on édifia la demeure. 
18 Moïse fit dresser la demeure : il mit en place les socles, les cadres et les traverses, de même que les colonnes. 19 Il déploya les toiles de tente sur la demeure, puis il plaça la couverture protectrice par-dessus, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse. 
20 Moïse prit les tablettes de pierre des dix paroles et les déposa dans le coffre ; il mit en place les barres du coffre et il recouvrit celui-ci de son couvercle. 21 Il l’introduisit dans la demeure, puis il suspendit le rideau de séparation pour cacher le coffre, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
22 Il plaça la table dans la tente, du côté nord, devant le rideau de séparation ; 23 il y arrangea les pains offerts au Seigneur, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
24 Il plaça le porte-lampes dans la tente, du côté sud, en face de la table ; 25 il en alluma les lampes, devant le Seigneur, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
26 Il plaça l’autel d’or dans la tente, devant le rideau de séparation ; 27 il fit brûler dessus le parfum, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
28 Il fixa le rideau d’entrée de la demeure, 29 puis il plaça l’autel des sacrifices près de l’entrée de la demeure de la tente de la rencontre ; il y fit brûler un sacrifice complet et une offrande végétale, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
30 Il plaça le bassin entre la tente et l’autel, et il le remplit d’eau, pour les purifications. 31 Moïse, Aaron et ses fils utilisaient cette eau pour se laver les mains et les pieds. 32 Ils se purifiaient de cette manière chaque fois qu’ils pénétraient dans la tente de la rencontre ou qu’ils s’approchaient de l’autel, comme le Seigneur l’avait ordonné à Moïse.
33 Moïse fit dresser les tentures de la cour, tout autour de la demeure et de l’autel, et il fit suspendre le rideau à l’entrée de la cour. Il mit ainsi un terme aux travaux.

34 Alors la nuée vint recouvrir la tente de la rencontre et la gloire du Seigneur remplit la demeure. 35 Moïse ne pouvait plus pénétrer dans la tente, car la nuée y demeurait et la gloire du Seigneur remplissait la demeure.
36 Pour leurs déplacements successifs, les Israélites ne se mettaient en route que si la nuée s’élevait au-dessus de la demeure. 37 Si la nuée ne bougeait pas, ils ne partaient pas ; ils attendaient le jour où elle s’élevait.38 Le Seigneur manifesta sa présence aux Israélites par la nuée qui enveloppait la demeure pendant le jour ou par le feu qui y brillait pendant la nuit, et cela tout au long de leur voyage.

Ca y est, les travaux sont presque finis ! Enfin ! C’était tellement long… plusieurs mois pour rassembler et construire tout ce qui était demandé… Dans ce contexte, en plus, c’était très compliqué de trouver les ressources nécessaires ! Il a fallu trouver les bons tissus, les bonnes pierres, les bons matériaux… et surtout, croiser les bonnes personnes ! Même en y mettant le prix, c’était compliqué ! Les chefs de projet en ont passé, des nuits sans dormir ! Mais bon, ça y est, presque 9 mois après le lancement du projet, tout est prêt pour l’assemblage final…

Ce n’est pas la première fois que Siméon & ses collègues travaillent sur un projet de bâtiment : en Egypte déjà, ils étaient dans le milieu de la construction. Mais là, le projet est vraiment à part ! Il ne faut pas se tromper, les exigences sont hautes. Vous comprenez, le bâtiment qu’ils construisent, c’est pour Dieu ! Rien que ça ! Pour Dieu !

Siméon se souvient, il y a 9 mois, quand Moïse est redescendu du Mont Sinaï avec un genre de contrat entre Dieu et le peuple d’Israël : Dieu allait guider son peuple avec fidélité, vers un pays où le peuple serait libre, en sécurité, et plongé dans l’abondance.

En retour, le peuple devait accepter que vivre avec Dieu, ce n’est pas vivre avec n’importe qui ! Pour vivre avec Dieu, le grand Dieu tout-puissant, dont la force n’a d’égale que la pureté et la sagesse, pour vivre avec ce Dieu là, on ne peut donner que le meilleur.

Pour symboliser le lien, la relation entre son peuple et lui, Dieu a aussi demandé qu’on lui construise un genre de temple mobile, un lieu qui concrétise la rencontre.

Ils ont eu du mal à trouver un nom pour ce lieu inédit : la tente de la rencontre, la demeure ? D’après ce que Siméon a compris, ils ont opté finalement pour le mot « tabernacle ».

Et donc, pendant 9 mois, tout en avançant dans le désert, ils ont rassemblé les matériaux, mis en commun leurs possessions, quand ça n’allait pas ils échangeaient avec les caravanes de commerçants qu’ils rencontraient sur la route, jusqu’à ce qu’ils aient tout le nécessaire pour bâtir ce temple mobile, ce tabernacle.

 

Ils ont patienté quelques semaines, ici, pour attendre la date anniversaire : un an, tout juste, après leur libération, un an qu’ils sont sortis d’Egypte sous la houlette de Moïse. Siméon revoit l’agitation de cette nuit-là, la course, le bras de mer qui s’ouvre pour les laisser passer, et les chants, les danses, les pleurs, même, quand ils ont compris qu’ils étaient enfin libres !

Moïse s’avance. Tôt ce matin, il a fait rassembler tout le peuple. Il a prié pour que Dieu conduise cette journée solennelle. Maintenant, il appelle son équipe, triée sur le volet pour manier les matériaux précieux avec respect et précision. Les instructions fusent, tout le monde est concentré. Moïse surtout, lui qui est responsable, on dirait qu’il n’a pas dormi de la nuit, qu’il a répété pendant des heures dans sa tête le schéma de l’assemblage de ce tabernacle, le lieu de résidence du Dieu très-haut – il ne faut pas se tromper !

Siméon est là, sur le côté, et il regarde avidement s’achever l’œuvre à laquelle il a participé.

D’abord, les ouvriers mettent en place le cœur du tabernacle, l’espace très saint : ils y mettent un coffre, avec les tablettes où sont gravés les Dix Commandements. Ils ajoutent les décorations : Siméon n’a jamais vu autant d’or – c’est une façon d’honorer le Dieu tout-puissant qui les a libérés. Ensuite, les ouvriers placent la structure tout autour, puis ils suspendent les couvertures richement brodées, et enfin les rideaux qui ferment ce lieu que Siméon ne verra plus jamais : seul le grand-prêtre pourra y entrer, une fois par an, pour la fête du Grand Pardon, qui célèbre la justice et la compassion de Dieu.

Dans le prolongement de ce lieu caché, les ouvriers construisent le lieu saint. Ils y placent la table pour les pains offerts quotidiennement à Dieu – non que Dieu en ait besoin pour manger ! c’est une façon plutôt de reconnaître chaque jour que tout vient de Dieu, que c’est lui qui prend soin de nous, et de l’en remercier. Les ouvriers placent aussi la lampe rituelle – un rappel que Dieu est lumière, et que comme la lumière, il réchauffe ceux qui s’approchent de lui, comme la lumière il les conduit, même quand la nuit se fait noire et le chemin incertain. Siméon voit aussi qu’on y met la table pour le parfum, l’encens, qui symbolise les prières qui montent vers Dieu. Là non plus, Siméon ne rentrera jamais ! Ce lieu saint est réservé aux prêtres.

Enfin, autour de ces lieux cachés, comme dans une cour, on place l’autel pour les sacrifices qu’on offrira à Dieu en signe de reconnaissance, de repentance ou d’engagement. Il y a aussi une cuve, là, pour que les prêtres se lavent avant d’entrer pour les rituels.

C’est tellement solennel ! tout ce protocole ! Tous ces espaces, toutes ces étapes, tous ces gestes, qui matérialisent la distance avec le Dieu créateur. Siméon reprend conscience de la majesté de Dieu : comment un simple mortel pourrait-il prétendre s’approcher de Dieu ?

Les ouvriers s’affairent. Les dernières tentures sont accrochées, le tabernacle est fermé. Le sentiment de satisfaction est palpable : ça y est, ils ont fini – et en même temps, comme une attente. Maintenant que le tabernacle est terminé, que va-t-il se passer ? Quelle page va s’ouvrir pour eux ?

 

C’est d’abord le bruit qui les alerte, comme un souffle de vent, ou un bourdonnement ? Puis une masse, comme un nuage, mais en plus dense, plus épais, qui leur apparaît, là, d’un coup, au-dessus du tabernacle. Elle descend et couvre entièrement l’édifice. On dirait même que cette masse s’infiltre dans le tabernacle, et qu’elle le remplit jusqu’à en déborder… Siméon voit, ou plutôt ressent, dans tout son être, la présence de ce « nuage » : il ne peut pas se tromper – ce nuage, c’est le même que celui qui est apparu, à l’époque, sur le Mont Sinaï, quand Dieu a fait alliance avec son peuple ; c’est le même nuage que celui qui les a guidés de l’Egypte jusqu’ici ; c’est le même nuage qui rencontrait Moïse dans la petite tente à l’extérieur du camp – ce nuage, c’est la façon dont Dieu montre sa présence. Mais Siméon ne l’a jamais vu si près, si dense, si large… C’est comme si Dieu s’installait dans le tabernacle, qu’il en faisait sa maison : Dieu vient habiter parmi son peuple !

Siméon se souvient de tous ces temples qu’il a vus en Egypte, ces lieux de culte avec une, deux, trois, dix statues de divinités… On les voyait, on leur adressait des prières, on leur faisait des cadeaux… Mais Dieu, Yahwé, celui qui s’est révélé à Moïse dans un buisson enflammé, qui a lutté avec le Pharaon à coups de fléaux pour le pousser à libérer le peuple juif, ce Dieu-là est trop grand, trop insaisissable, trop puissant, pour se laisser enfermer dans une statue qu’on mettrait dans une pièce. Le nuage lui va bien : on le voit, on sent son ombre, mais on ne peut pas le contenir ni le maîtriser…

Siméon est impressionné. Il se sent en présence de Dieu, presque écrasé par les vibrations de sa gloire. Reconnaissant : Dieu est tout près ! Presque effrayé : Dieu est tout près ! Autour de lui, personne ne parle, personne ne bouge, tous sont subjugués. Même Moïse, le prophète, familier de Dieu, même Moïse se tient à l’écart, au bord, les yeux écarquillés : Dieu prend toute la place.

Cela dure – combien de temps ? jusqu’à la nuit. Dès que le soleil disparaît, le nuage devient comme du feu : lumière réconfortante et majestueuse à la fois… Le feu s’estompe, et peu à peu, chacun rejoint sa tente et sa tribu pour la nuit. La journée a été longue !

 

Cette nuit-là, Siméon fait un rêve. Il est seul, sur une route, le nuage est devant lui. Il marche, il marche, il marche, et il arrive à une ville un peu en hauteur. Là, sur une esplanade, il voit un grand temple de pierre, un roi, un cortège, des prêtres et des taureaux pour les sacrifices, des chanteurs, des musiciens, des danseurs, toute une foule rassemblée et concentrée… Il entend le roi prier, remercier Dieu pour le chemin parcouru dans le désert, pour l’installation dans le pays promis, pour sa fidélité à toute épreuve. Et ce roi prie que Dieu continue de se rendre présent, malgré les failles et les limites du peuple. Alors le nuage, fumant, radieux, remplit le temple. Les chants s’élèvent, les gens se prosternent… Dieu est là !

Puis la vision disparaît, et Siméon se trouve à nouveau sur un chemin. Il marche, il marche, il marche, et il croise un homme. Le nuage quitte Siméon et tourne autour de cet homme, qui se met à briller. Sur son manteau est brodé « Yeshoua » (Dieu sauve) et sur sa manche, « Immanuel » (Dieu avec nous). Mais qui ? qui est cet homme, qui semble habité de lumière comme le tabernacle était habité de Dieu ?

Siméon voit défiler les foules autour de Yeshoua, des gens malades le touchent, des enfants jouent avec lui… Il participe à des banquets, des débats, des fêtes… Il vit avec eux, comme eux – et au milieu d’eux, il rayonne.

Une croix se dresse sur le côté – mais avant que Siméon ait pu s’approcher, tout disparaît à nouveau, et Siméon se retrouve sur le chemin. Il marche, marche, marche, avec le nuage devant lui. Il traverse une vallée, un petit bois, et voilà, un palais ! Le nuage se pose sur le palais, et les murs du palais tombent, s’évaporent, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un trône d’où coule une lumière aveuglante, comme un fleuve de soleil.

Siméon éprouve la même sensation que devant le tabernacle : c’est réconfortant, et impressionnant en même temps. Au milieu de cette lumière, Siméon reconnaît l’homme de tout à l’heure. Yeshoua lui sourit.

La lumière se répand, touche chaque arbre, chaque oiseau, chaque rivière. Des foules arrivent des quatre coins de l’horizon, en courant, en dansant, en riant, pour se plonger dans cette lumière. L’air vibre à nouveau –

Et Siméon se réveille. Il se redresse sur sa paillasse, chamboulé par ce qu’il vient de vivre. C’était un rêve, oui, mais bien plus… presque une promesse. La promesse que Dieu allait habiter parmi les hommes, les abreuver de sa bonté, les rassasier de sa justice. Siméon comprend que Dieu n’a pas seulement en vue un peuple, un pays, mais le monde entier, en totale harmonie. Immanuel : Dieu, avec nous.

« Siméon ! » Son frère l’appelle : il est temps de se mettre en route, le nuage s’est levé, prêt à conduire le peuple sur le chemin de Dieu.

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“Yeshoua”, Jésus, a incarné Dieu parmi les hommes. Bien plus, il a accompli tout le protocole nécessaire pour que nous puissions approcher Dieu : dans sa mort sur la croix, il a assumé nos fautes et nos limites, nos failles et nos défaillances, comme l’ultime sacrifice. Il a donné sa vie, pour que nous puissions, par la foi, recevoir la vie et la présence de Dieu. Avant d’être arrêté et condamné à mort, Jésus annonce à ses disciples lors d’un repas que sa vie, son corps, son sang, va sceller le contrat, l’alliance entre Dieu et nous : en Jésus, Dieu garantit son amour et son pardon.

Jésus, dans ce dernier repas, invitait ses disciples à manger le pain en souvenir de son corps meurtri, à boire le vin en souvenir de son sang versé. Comme une invitation à nous laisser remplir – en effet, par la foi en Christ, nous recevons un avant-goût de la présence glorieuse de Dieu, en nous, par son Esprit qui vient demeurer en nous et qui nous accompagne sur notre chemin, comme des petits temples mobiles d’où Dieu fait briller sa lumière.