La croix : lieu de reconquête sur le mal (les sens de la Croix 4/4)

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Nous venons de chanter la victoire du Christ, victoire qui lui vaut la gloire, l’admiration et l’adoration pour toujours ! Le Christ, ressuscité, ouvre une espérance. C’est justement sur ce thème de la victoire que nous terminons notre série de prédications sur l’œuvre du Christ à la croix, avec les différents réseaux d’image que le Nouveau Testament pour parler de cet événement inédit.  

Nous avons vu ensemble que sur la Croix, Jésus se sacrifie pour que nous n’ayons pas à porter le poids de notre culpabilité devant Dieu. En prenant à notre place ce poids, cette honte, il détruit ce qui bloquait notre relation avec Dieu : nous sommes donc réconciliés, en paix, dans la plénitude de la joie de Dieu.

Avec une autre image : Jésus paye nos dettes. Ainsi, nous ne sommes plus débiteurs, nous ne sommes plus liés, sous l’emprise du mal commis – en rachetant nos dettes, Jésus nous libère et nous ouvre la possibilité d’une vie nouvelle. Le thème du Christ vainqueur (la reconquête) se rattache à cet angle, et je vous propose de le voir avec un passage de la lettre de Paul aux Colossiens.

Ne vous étonnez pas si vous ne voyez pas de suite le thème dans le texte : j’ai choisi de lire les versets clefs dans leur contexte, qui est très marqué par le contexte des Colossiens.

Cette église d’Asie mineure, en Turquie actuelle, est perturbée par des enseignants qui s’éloignent de l’Evangile et égarent l’assemblée. L’apôtre Paul écrit à l’église pour remettre les idées en place.

Lecture biblique : Colossiens 2.6-19

6 Ainsi, puisque vous avez reçu Jésus Christ le Seigneur, vivez unis à lui.

7 Soyez enracinés en lui et construisez toute votre vie sur lui. Soyez toujours plus fermes dans la foi, conformément à l’enseignement que vous avez reçu, et soyez pleins de reconnaissance.

8 Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie, par une philosophie aux arguments vides de sens ; elle se fonde sur des traditions humaines et sur les forces qui gouvernent ce monde, et non sur le Christ. 

9 Car tout ce qui est en Dieu a pris corps dans le Christ, et habite pleinement en lui ; 10 et c’est par lui que vous avez tout reçu pleinement. Il est le chef de toute autorité et de tout pouvoir.

11 Dans l’union avec lui, vous avez été circoncis, non pas de la circoncision faite par des mains humaines, mais de la circoncision qui vient du Christ et qui nous délivre de notre être pécheur. 12 En effet, quand vous avez été baptisés, vous avez été mis au tombeau avec le Christ, et vous êtes aussi ressuscités avec lui parce que vous avez cru en la puissance de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. 

13 Autrefois, vous étiez comme morts à cause de vos fautes ; vous étiez des incirconcis, des païens. Mais maintenant, Dieu vous a fait revivre avec le Christ. Il nous a pardonné toutes nos fautes. 14 Il a annulé le document qui nous accusait et qui nous était contraire par ses dispositions légales. Il a supprimé ce document, il l’a cloué sur la croix. 15 C’est ainsi que Dieu a désarmé les autorités et les pouvoirs spirituels ; il les a donnés publiquement en spectacle, en les emmenant comme prisonniers dans le cortège triomphal de son Fils.

16 Ainsi, ne laissez personne vous juger à propos de ce que vous mangez ou de ce que vous buvez, ou pour une question de fête, de nouvelle lune ou de jours de sabbat. 17 Tout cela n’est que l’ombre des biens à venir ; mais la réalité, c’est le Christ. 

18 Ne vous laissez pas condamner par des gens qui prennent plaisir à des pratiques extérieures soi-disant humbles et au culte des anges, et qui attachent beaucoup d’importance à leurs visions. De tels êtres sont enflés d’un vain orgueil par leur façon toute humaine de penser ; 19 ils ne restent pas attachés au Christ, qui est la tête. C’est pourtant grâce au Christ que le corps entier est nourri et qu’il est bien uni par ses jointures et ses articulations ; ainsi il grandit comme Dieu le veut.

Je le disais tout à l’heure, Paul veut corriger les hérésies propagées par certains enseignants. Comment ces enseignants égarent-ils l’assemblée ? Nous n’avons pas la description exacte de ce qui se passait, aucun de leur discours n’est resté (heureusement peut-être ?), mais on peut trouver quelques indices :

  • (v.8) La place des spéculations, des systèmes philosophiques humains (derrière « philosophie », Paul évoque aussi la théologie, tout ce qui est réflexion sur ce qu’on vit) : Dieu n’interdit pas de réfléchir !! La philo, c’est bien ! mais quand on fait face à des questions profondes sur lesquelles Dieu ne nous donne pas de réponse, attention avec nos petits arguments, nos petites connaissances, notre logique assez limitée. La logique de Dieu surpasse nos raisonnements.
  • (v.18) La place des visions, avec des prophètes, des apôtres, qui viennent imposer des façons de faire parce que Dieu leur a dit que – en complet décalage avec Jésus : c’est ainsi que naissent les meilleures sectes ! Là, Paul parle d’un culte des anges (dont on ne trouve aucune trace dans la spiritualité biblique), mais ça pourrait être autre chose.
  • (v.16) l’imposition de règles sur ce qu’on mange, ce qu’on boit, ce qu’on fait et quand, et avec qui, et comment… on revient sur des règles formelles, stéréotypées, religieuses, en ratant le fond : la vie avec Dieu, la relation avec lui. C’est très pharisien, de se concentrer sur l’observance en oubliant à quoi elles sont censées servir.

Pourquoi Paul prend-il le temps de corriger ? Est-ce qu’on ne peut pas penser ce qu’on veut ? Parce que ces « traditions humaines », ces spéculations mettent la pression sur les croyants et les font en quelque sorte retomber sous emprise. Le Christ a tout fait pour nous libérer, il a tout préparé pour qu’on puisse entrer dans une relation avec Dieu qui est simple, directe, joyeuse, libre avec de la place, de l’espace – une relation vivante et authentique, où chacun, humain et Dieu, est respecté et aimé. Mais non, ces faux enseignants veulent compliquer les choses, re-donner des règles très objectives, très visibles, sûrement rassurantes pour mesurer notre sainteté – mais ils remettent (sur eux-mêmes et surtout les autres) un poids que Dieu ne demande pas.

Face à ces déviances, Paul revient au Christ et à son enseignement, et c’est là qu’il développe le thème du Christ victorieux pour balayer ces abus doctrinaux et autres que les faux enseignants développent. J’arrive au thème de la victoire, mais je souligne cette insistance de Paul sur l’enseignement et sur le discernement à avoir : les écrits du NT ont été rédigés par des gens qui ont connu personnellement Jésus (même Paul, qui a connu Jésus après coup) et c’est pour ça que nous leur faisons confiance. C’est cette connexion à Jésus qui fait la force du texte biblique et il est essentiel d’y revenir sans cesse, pour ne pas croire tout et n’importe quoi – dans la bouche du pasteur, ou d’un frère de l’église, ou encore sur internet (où on trouve de tout) : il faut revenir sans cesse au texte biblique, chercher, et retenir ce qui est bon. C’est la qualité de notre relation avec Dieu qui est en jeu !

          Alors, cette victoire du Christ !

Une victoire en forme de croix

Spontanément, on associe la victoire à la résurrection, au moment où Jésus revient à la vie et met la mort KO ! Et pourtant, dans ce texte, Paul n’évoque quasiment pas la résurrection du Christ : c’est sur la croix que Jésus est vainqueur. Ce qui était lieu d’humiliation, de souffrance, de défaite, devient pour Jésus le lieu où il renverse la défaite en victoire. Sur la croix où on le cloue, c’est lui qui cloue les papiers qui nous accusent, la liste de nos dettes et de nos transgressions (v.13b-14). En mourant, il emporte avec lui, il fait donc mourir, tout ce qui nous accable devant Dieu.

Et sa résurrection, c’est la preuve qu’il a effectivement vaincu le mal qui abîme le projet vivifiant de Dieu. C’est parce que Jésus a remporté la victoire sur la croix qu’il remporte la victoire sur les conséquences du mal – à savoir la mort, qui nous séparait définitivement de Dieu.

Ainsi la victoire que nous acclamons avec joie, c’est une victoire en forme de croix, la victoire dans l’humilité d’un Sauveur qui avait la puissance de s’imposer mais qui choisit d’encaisser de plein fouet le choc du mal.

Le thème du Christ vainqueur

          Cette victoire du Christ, Paul la décrit avec une image culturelle de son époque : lorsqu’un général de la puissante armée romaine remportait une victoire décisive, il défilait dans Rome avec ses ennemis humiliés devant et sa troupe derrière son char, en cortège. Jésus a remporté la victoire, pas seulement face à nos échecs et nos fautes, mais sur tout ce qui nous contraint à l’échec, sur les forces extérieures et intérieures qui nous poussent vers la destruction (v.15) : il leur a mis la honte ! il les a dépouillés, ils ne peuvent plus rien faire.

          Il paraît qu’hier le Stade Toulousain a remporté la victoire contre les Sharks 54 à 20. C’est un beau score ! Une belle victoire, bien nette !

Imaginez un résultat Jésus – le Mal à 777 000 – 666. C’est encore plus net ! Jésus a marqué tous ces points d’un coup, en jetant non pas des ballons, mais lui-même, sa vie entière.

Le hic, c’est que nous sommes encore sur le terrain, il reste 5 minutes avant la fin (des minutes de Dieu 😉) : mais même en 5 minutes, le score ne va pas changer. Le camp adverse a beau être déchaîné, essayer encore de marquer quelques points ou de blesser quelques joueurs, notre capitaine d’équipe a déjà assuré la victoire ! Même si le match n’est pas terminé en ressenti, objectivement, tout est joué !

La victoire du Christ n’est pas encore visible de tous au grand jour : nous attendons son retour ! Nous attendons la fin du match, pour vivre cette troisième mi-temps éternelle et faire la fête avec le vainqueur ! Même si l’équipe adverse nous attaque, nous insulte, nous blesse, en regardant sur le tableau des scores, nous relevons la tête. La joie de Pâques nous relève la tête, en dépit des circonstances, en dépit des apparences, parce que nous savons que tout est joué : le Christ a remporté la victoire !

Se saisir non de la victoire mais du Christ

          Comme dans toutes ses lettres, Paul insiste sur la centralité du Christ : c’est en lui que Dieu réside pleinement. C’est en lui que nous trouvons Dieu pleinement, que nous sommes connectés à Dieu. Pas besoin d’en rajouter… Le Christ est le chemin qui nous conduit à Dieu. Il est la tête de son corps, le chef de son peuple, le capitaine de son équipe – parce que nous sommes connectés à lui, nous avons accès à tout ce qu’il vit (v.6-7)

C’est lui et lui seul la clef. Ce n’est pas de la victoire que nous nous saisissons, ni de la plénitude, ni de la vérité, ni de la joie ou de la liberté (ce que nous recherchons ! et que les mouvements de développement personnel essaient de proposer avec des méthodes) – comme si c’était des choses qu’on pouvait contenir, posséder. Non, Dieu nous invite à nous unir, nous entremêler au Christ lui-même, qui nous fait entrer dans une relation d’amour avec Dieu qui déborde, qui déborde ce que nous pouvons imaginer ou tenir dans nos mains : c’est tellement plus grand ! Nous voulons allumer des bougies alors que Dieu nous invite à vivre en plein soleil !

          Alors saisissons-nous, dès aujourd’hui par la foi, de la vie en Christ – que le Christ vivant, victorieux par sa mort et sa résurrection, nous remplisse de son Esprit et nous fasse déjà goûter à la joie de la vie avec Dieu.

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