Le contexte actuel a tendance à faire voler en éclat nos certitudes et nos espoirs. Et comme si les inquiétudes sanitaires ne suffisaient pas, la menace terroriste refait surface, les tensions et craintes politiques internationales se confirment…
Y a-t-il, aujourd’hui, quoi que ce soit dont nous puissions être sûr ? Et y a-t-il quoi que ce soit que nous puissions espérer, pour demain ?
Avec la deuxième vague de l’épidémie, les restrictions nouvelles qui s’imposent, les incertitudes grandissent, à tous les niveaux, pour demain, que ce soit pour notre monde, pour l’économie, pour notre santé ou celle de nos proches…
Nous avons pourtant, en tant que croyant, une assurance et une espérance à proclamer et à vivre. Une assurance et une espérance qui ne dépendent pas des circonstances mais de Dieu seul. Un des textes bibliques du jour pour ce dimanche nous le rappelle avec force :
1 Jean 3.1-3
1Voyez à quel point le Père nous a aimés : nous sommes appelés enfants de Dieu, et nous le sommes réellement ! Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il n’a pas connu Dieu. 2Très chers amis, nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais ce que nous deviendrons n’est pas encore clairement révélé. Cependant, nous savons que quand le Christ paraîtra, nous deviendrons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. 3Toute personne qui place son espérance en lui se rend pure, comme Jésus Christ lui-même est pur.
Il est intéressant de noter, dans ces quelques versets, la façon dont l’apôtre Jean évoque notre situation de croyant, aujourd’hui. Il la décrit dans une tension, entre ce que nous sommes et ce que nous ne sommes pas encore, entre ce que nous savons et ce qui n’est pas encore clairement révélé. Cette tension est le lot de tous les croyants. Et la question est celle de l’articulation entre l’assurance et l’espérance.
- Notre assurance : nous sommes enfants de Dieu.
- Notre espérance : nous deviendrons, demain, semblable au Christ.
Mais ce que nous serons alors reste, en bonne partie, mystérieux : “Nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais ce que nous deviendrons n’est pas encore clairement révélé.”
Nous retrouvons cette tension, évoquée tout à l’heure. Ici, grâce à la métaphore de l’enfant. Nous sommes enfants de Dieu. C’est merveilleux ! Mais nous ne sommes que des enfants de Dieu, des filles et des fils de Dieu en devenir.
Est-ce qu’un enfant sait quel adulte il sera ? Il a des souhaits, des rêves… mais il est bien rare que ces rêves se réalisent. Repensez à ce que vous vouliez être quand vous étiez petits. Moi, je voulais être conducteur de locomotives, pour faire des manoeuvres dans les gares ! C’est raté…
Mais en même temps, ces rêves sont des moteurs qui nous poussent à grandir. Ils évoluent : on n’en reste pas à nos rêves de petits enfants. Mais ce sont nos rêves et nos ambitions qui nous font élaborer des projets, qui nous motivent à nous former, qui nous poussent à grandir et qui font de nous les adultes que nous devenons.
Peut-être, finalement, devrions-nous plus concevoir notre assurance comme un émerveillement et notre espérance comme un rêve d’enfant !
J’ai l’impression qu’on a trop souvent tendance à penser l’assurance et l’espérance comme si elles étaient presque extérieures à nous-mêmes, comme s’il s’agissait de pures éléments objectifs : l’assurance c’est que celui qui croit en Jésus-Christ sera sauvé ; l’espérance c’est que le Christ revient pour établir son règne. Même en citant Jean 3.16, ça reste un peu froid, clinique.
Evidemment, tout cela est vrai. Mais qu’est-ce que ça veut dire pour moi ? On réduit trop souvent l’assurance à l’assurance du salut (ouf, je suis sauvé !) et l’espérance à l’espérance de la vie après la mort ou du retour de Jésus. Ce texte resitue l’assurance et l’espérance comme des impératifs existentiels, dans la tension féconde inhérente à tout enfant de Dieu. On doit penser l’assurance et l’espérance de façon plus personnelle. Et pourquoi pas, en effet, penser l’assurance comme un émerveillement et l’espérance comme un rêve d’enfant !
L’assurance comme un émerveillement
L’assurance, c’est celle d’être enfants de Dieu. Et l’apôtre Jean, alors qu’il était sans doute déjà âgé et expérimenté lorsqu’il a écrit cette épître, l’exprime bel et bien avec émerveillement : “nous sommes appelés enfants de Dieu, et nous le sommes réellement !” Pour moi, cette précision, “et nous le sommes réellement !”, sonne comme un émerveillement. Non seulement nous sommes appelés enfants de Dieu mais ce n’est pas seulement une façon abstraite de parler : nous le sommes vraiment. Dieu est notre Père et nous sommes ses enfants. C’est formidable !
L’assurance d’être vraiment enfants de Dieu, ce n’est pas seulement l’affirmation que nous sommes créés par lui. C’est l’assurance d’être reconnus, adoptés par Dieu. C’est être assurés de son amour, quoi que nous fassions. Un enfant qui fait des bêtises cesse-t-il d’être l’enfant de ses parents ? Non, évidemment ! Il y a bien, dans ce monde, des parents qui renient leurs enfants, à cause de ce qu’ils font ou même de ce qu’ils sont devenus. Et c’est un drame terrible et intolérable. Quelle qu’en soit la raison !
Mais Dieu n’est pas ainsi. Nous pouvons avoir l’assurance de son amour, quoi que nous fassions. Ca ne signifie pas qu’il approuve tout ce que nous faisons mais que son amour nous est acquis. Pour toujours. Parce qu’il est notre Père et que nous sommes ses enfants.
N’y a-t-il pas de quoi s’émerveiller ? L’assurance est intimement liée à la grâce, cet amour inconditionnel de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
L’espérance comme un rêve d’enfant
L’espérance, c’est celle d’être, un jour, semblable au Christ. Pour prolonger la métaphore de l’enfant et de l’adulte, le Christ est comme le grand frère déjà adulte, celui auquel on veut ressembler, notre modèle.
Pourtant, notre perception du Christ est encore imparfaite : c’est plus tard, quand il paraîtra, que nous le verrons tel qu’il est. Aujourd’hui, nous pouvons bien-sûr apprendre à le connaître, à travers les Evangiles. Cette connaissance n’est que partielle, imparfaite… mais elle est largement suffisante pour entretenir nos rêves et notre espérance.
Parler de notre espérance, ce n’est pas parler d’un calendrier eschatologique, des événements plus ou moins catastrophiques liés au retour de Jésus, c’est d’abord parler de ce que nous serons demain. C’est parler de ce que nous serons, libérés de nos pesanteurs, de nos failles et de nos fardeaux d’aujourd’hui.
Cette espérance nous pousse à réfléchir à ce que nous allons mettre en oeuvre aujourd’hui pour devenir celui ou celle que nous serons demain.
Conclusion
A quoi ça sert, des chrétiens qui s’émerveillent et qui gardent vivaces leurs rêves d’enfant ? En réalité, j’ai l’impression que ça peut être très utile… En tout cas plus utile que des chrétiens qui se désolidarisent du monde et se réfugient dans un discours apocalyptique.
Notre assurance et notre espérance nous donne une identité apaisée d’enfants de Dieu, sûrs de l’amour de leur Père, en toutes circonstances. Ca devrait nous rendre capable d’aimer, de faire preuve de grâce et de bienveillance, d’être artisans de paix dans un monde inquiet, d’envisager un avenir dans la main de Dieu malgré les incertitudes qui se multiplient.
Voilà autant de façons concrètes de témoigner de notre assurance et de notre espérance. Aucune circonstance, quelle qu’elle soit, ne peut nous ravir notre espérance en Jésus-Christ, mort et ressuscité. C’est une Bonne Nouvelle, pour tous !