Vivre la fraternité (6) Avec toute la création !

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Dans nos prédications, on vous parle de fraternité depuis plus d’un mois… Et si on a commencé par parler de fraternité entre nous, dans l’Eglise – et ce n’est pas toujours facile!- on s’est permis d’élargir le cercle, d’abord aux autres Eglises, ensuite à l’ensemble de l’humanité. Et vous vous disiez peut-être qu’on ne pouvait pas aller plus loin…

Sauf que les êtres humains ne sont pas les seuls êtres vivants sur cette terre. Peut-on parler de nos frères et soeurs les animaux ? Ou même de nos soeurs les fleurs et nos frères les arbres ? Forcément, si on parle de fraternité créationnelle, elle ne sera pas de même nature que la fraternité humaine. Mais ne peut-on pas affirmer une solidarité fondamentale avec le vivant, sous toutes ses formes ?

En tout cas, la préoccupation écologique est incontournable aujourd’hui. Les enjeux écologiques font partie des débats internationaux majeurs. On parle de transition écologique, d’énergie verte. Le marché du bio est en pleine expansion, on se soucie plus qu’avant de la cause animale, on nous incite à manger moins de viande, le véganisme est à la mode…

Que penser de tout cela d’un point de vue biblique ?

Forcément, pour répondre à ces questions, nous devons nous tourner en priorité vers ce que la Bible dit de la Création. Or, il y a deux récits de la création au début de la Genèse. Les deux affirment globalement la même chose : il y a un Créateur à l’origine de toutes choses et il a placé les êtres humains dans cette création avec un rôle particulier. Mais les deux récits le disent différemment, en mettant l’accent sur des points différents. Chacun des deux récits nous dit quelque chose de spécifique, et complémentaire, quant à la place des êtres humains dans la création.

Il faudrait lire tout le premier chapitre de la Genèse pour admirer la beauté de ce poème, cet hymne magnifique évoquant la Création du ciel et de la terre en six jours, parfaitement équilibrés. Mais centrons-nous sur ce qui est dit de la création des êtres humains, nous sommes au sixième jour :

Genèse 1.24-27
24 Dieu dit : « Que la terre produise toutes sortes d’animaux : animaux domestiques, petites bêtes et animaux sauvages de chaque espèce ! » Et cela arrive. 25 Ainsi, Dieu fait les différentes espèces d’animaux : les animaux sauvages, les animaux domestiques et les petites bêtes. Dieu voit que c’est une bonne chose.
26 Dieu dit : « Faisons les êtres humains à notre image, et qu’ils nous ressemblent vraiment ! Qu’ils commandent aux poissons dans la mer, aux oiseaux dans le ciel, aux animaux domestiques et à toutes les petites bêtes qui se déplacent sur le sol ! »
27 Alors Dieu crée les humains à son image,
et ils sont vraiment à l’image de Dieu.
Il les crée homme et femme.

Un animal comme les autres

Que nous dit ce texte de la place de l’être humain dans la création ? Qu’il est un animal comme les autres ! En effet, il n’y a pas un jour spécifique de création de l’être humain : il est créé le 6e jour, le même jour que tous les animaux terrestres.

Alors vous me direz que quand même, l’être humain a une place particulière parmi les autres créatures. C’est la seule dont on dise qu’elle est faite “à l’image de Dieu” et elle reçoit une mission particulière pour “commander” sur les autres animaux. C’est vrai. Et c’est ce qui fait que l’antispécisme n’est pas biblique… Un antispéciste dira que l’humain ne prime pas sur les autres espèces animales, il prône l’égalité entre toutes les espèces vivantes. Et le spécisme serait une sorte de racisme à l’égard des animaux… La Bible n’est pas antispéciste.

Il n’empêche… on ne peut pas nier que le récit biblique ne réserve pas un jour particulier de création pour l’homme. Les humains ne sont pas créés le 7e jour, comme couronnement de la Création. Ils sont créés le 6e jour, comme tous les autres animaux terrestres. Le même jour que les lions, les vaches et les vers de terre !

Même si on peut lui accorder un statut particulier, l’être humain n’est pas en dehors de la nature, il en fait partie. Il est solidaire de toute la Création qui, toute entière, est appelée à rendre gloire à Dieu ! Dans les Psaumes par exemple, on voit les animaux, les arbres et tous les éléments de la nature louer le Seigneur !

Un jardinier

Le deuxième récit de la Création nous transporte dans un jardin. La Création de l’homme et de la femme, leur relation à Dieu, sont plus développés que dans l’hymne du premier chapitre. D’une certaine façon, on y voit comment l’être humain agit en image de Dieu. Lisons deux paragraphes qui évoquent le lien des humains avec leur environnement.

Genèse 2.7-9,15-17
7 Le SEIGNEUR Dieu prend de la poussière du sol et il forme un être humain. Puis il souffle dans son nez le souffle de vie, et cet homme devient un être vivant. 8 Ensuite, le SEIGNEUR Dieu plante un jardin dans le pays d’Éden, vers l’est. Là, il met l’homme qu’il a formé. 9 Le SEIGNEUR Dieu fait pousser du sol toutes sortes de beaux arbres, avec des fruits délicieux. Au milieu du jardin, il place l’arbre de vie et l’arbre qui fait connaître ce qui est bien ou mal.
(…)
15 Le SEIGNEUR Dieu prend l’homme et il le place dans le jardin d’Éden pour le cultiver et pour le garder. 16 Le SEIGNEUR Dieu donne cet ordre à l’homme : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin. 17 Mais tu ne dois pas manger les fruits de l’arbre qui fait connaître ce qui est bien ou mal. Oui, le jour où tu en mangeras, tu mourras, c’est sûr. »

L’homme est créé à partir de la poussière du sol. Son nom, Adam, signifie “le terreux”, “le glaiseux”. Il est indissociablement lié à la terre dont il est tiré. Il fait partie intégrante de la nature créée, il en est solidaire.

Mais il reçoit une mission de la part de Dieu : cultiver et garder le jardin. Il est un jardinier. Les deux verbes utilisés sont complémentaires : vécus dans l’équilibre, nous évitent deux excès. Celui de l’idolâtrie de la nature : on est appelé à la cultiver, on peut agir sur elle, elle n’est pas sacrée ou divine. Mais aussi celui du non-respect de la nature : on est appelé à la garder, la protéger, la respecter.

J’aimerais m’arrêter un peu plus sur le deuxième verbe : garder. Parce qu’on peut se demander contre quel danger le jardin devait être gardé… Il n’y avait pas de danger au temps de Genèse 2 ! Tout était harmonieux et paisible dans le jardin. Pour constater le premier dérèglement de la nature, il faut aller au chapitre 3. L’homme et la femme se sont révolté contre Dieu, ils ont mis en doute la parole du Seigneur et on mangé du fruit interdit. Les malédictions prononcées par Dieu à leur égard expriment alors les conséquences du péché. Et parmi elles nous lisons :

Genèse 3.17-18
À cause de toi je maudis le sol.
Tu devras te fatiguer
tous les jours de ta vie
pour tirer ta nourriture de la terre.
Le sol produira pour toi
des plantes épineuses de toutes sortes.

C’est avec le péché de l’humanité qu’intervient le dérèglement de la nature. Autrement dit, le plus grand danger pour le jardin, c’était le jardinier ! Lorsqu’il le saccage, le surexploite, le défigure. Et ça n’a pas changé aujourd’hui… N’est-ce pas le péché de l’humanité qui s’exprime aujourd’hui encore dans la surexploitation et la surconsommation des ressources naturelles, dans la recherche du profit immédiat, de la rentabilité maximum, du bien-être égoïste ? Tous des comportements qui finissent par défigurer, détruire, polluer la création de Dieu…

Des chrétiens éco-responsables

Aimer Dieu, c’est aussi aimer sa Création. Soyons donc des chrétiens éco-responsables !

Gardons notre capacité d’émerveillement devant la création, admirons l’oeuvre de Dieu. Et sentons nous concernés quand elle est mise en péril. Ne doit-on pas s’inquiéter de voir la liste des espèces animales en voie de disparition s’allonger à cause de l’activité humaine ? Des chefs d’oeuvre de Dieu disparaissent devant nos yeux ! Et que dire de la forêt amazonienne pillée, de la fonte de la calotte glacière, de la profusion de déchets plastiques dans la Mer Méditérannée…

On parle beaucoup, aujourd’hui, de transition écologique. Et je trouve que cette démarche n’est pas sans résonance avec certaines notions bibliques. Cette idée d’une transformation intérieure, d’un changement de regard, qui se traduit dans le comportement n’est pas sans rappeler les notions de conversion et de sanctification où Dieu nous transforme intérieurement pour nous rendre capable de changer de comportement.

Notre mission prioritaire est, certes, d’annoncer l’Evangile à tout homme et à toute femme. Mais les exhortations du Nouveau Testament à une vie simple et respectueuse, au contentement, peuvent faire de nous des chrétiens éco-responsables, qui refusent la fuite en avant de la consommation à outrance. Nous pouvons intégrer des petits gestes éco-responsables dans notre quotidien. Et les intégrer aussi dans notre vie d’Eglise !

Nous pouvons soutenir ceux qui portent un plaidoyer pour la planète et questionnent nos gouvernants. Prier pour eux, et pour les dirigeants de notre monde, notamment ceux qui préfèrent les impératifs économiques aux impératifs environnementaux.

Conclusion

Sommes-nous donc frères et soeurs des animaux et des arbres ? Peut-être… en tout cas nous sommes interdépendants, et nous sommes appelés à être solidaires de toute la Création. Ne pas se soucier de la nature que Dieu a créée, c’est ne pas respecter le Créateur. Tout simplement.

D’autant que Dieu a un projet pour cette Création qui “souffre les douleurs de l’enfantement” selon les paroles de l’apôtre Paul aux Romains. Elle aussi aura part à la gloire promise aux enfants de Dieu. C’est une raison de plus de respecter et préserver cette terre, destinée elle aussi au salut !

Soyons donc des chrétiens éco-responsables, pour honorer le Créateur et le Sauveur de ce monde !

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