Au cours des années, il m’est arrivé de rencontrer quelques personnes vraiment lumineuses. Des gens tout simples, d’apparence ordinaire (dans la rue je ne les aurais pas remarqués) mais quand ils commençaient à parler, c’était incroyable – ils irradiaient littéralement. Il y avait même quelque chose de l’ordre de la beauté, un peu comme un tableau d’art.
On a tous des gens qui nous ont marqués : souvent des personnes qui vous ont fait plaisir, ou qui vous ont donné de la joie, ou vous ont soutenus dans les difficultés… et puis il y a ces personnes qui vous ont montré qu’un autre chemin était possible : ils vous ont inspirés par leur sens de la justice, nourris par leur soif de vérité, fait du bien par leur attitude aimante et pacifique. Les rencontrer a marqué un tournant dans votre vie. Pour certains, c’est même des personnes qui ont marqué l’histoire et qui donnent le cap – comme un grand scientifique ou une personne qui s’est battue pour les autres. Ce sont des gens dans la meilleure version d’eux-mêmes, qui nous donnent envie de nous aussi devenir meilleurs.
Pourtant, si rencontrer ces gens nous inspire et nous remplit d’enthousiasme, il nous est bien difficile nous-mêmes de devenir comme eux, aussi lumineux. Et puis, nos « modèles » ont toujours leurs limites, leurs faiblesses – on le sait, ils sont humains comme nous, mais ça ne nous empêche pas d’être parfois profondément déçus quand la personne qui nous a fait si forte impression révèle son côté sombre.
Rechercher le meilleur modèle
Un des disciples de Jésus, l’apôtre Paul, écrit aux chrétiens de Corinthe, en Grèce, justement sur ce sujet : qu’est-ce qui m’influence ? Qu’est-ce qui me tire vers le haut ? On peut s’inspirer de la vie de nombreuses personnes, mais pour lui, la plus grande source d’inspiration, celle qui ne nous décevra jamais et dont on ne peut pas atteindre les limites, c’est celui qui n’a pas de côté sombre : Dieu, celui qu’il appelle le Maître, le Seigneur. Selon la Bible, nous avons été créés pour ressembler à Dieu qui se révèle parfaitement à travers le Christ.
2 Corinthiens 3.18
18 Nous tous, le visage découvert, nous reflétons la gloire du Seigneur ; ainsi, nous sommes transformés pour être semblables au Seigneur et nous passons d’une gloire à une gloire plus grande encore. Voilà en effet ce que réalise le Seigneur, qui est l’Esprit.
Je n’ai pas lu ce qu’il y avait avant, donc ça peut paraître bizarre. Paul parle de la spécificité de notre relation avec Dieu à travers Jésus, et il fait la comparaison avec la relation entre Dieu & Moïse (le grand prophète, le chef qui a conduit le peuple juif hors de l’Egypte, en passant par la mer rouge etc.). Moïse était très proche de Dieu – il y a notamment une période où il a passé de longues semaines seul en haut d’une montagne à noter par écrit le projet que Dieu avait pour son peuple. Ils étaient proches mais bien sûr Moïse ne le voyait pas directement. Quand il faisait des pauses et redescendait, il était si lumineux que le peuple avait presque peur ; alors Moïse mettait un voile pour atténuer son éclat. Imaginez que vous soyez si lumineux que vous en éblouissez les autres – et qu’ils doivent mettre des lunettes de soleil 😉 Nous avons chanté : ébloui, éblouis par Dieu – Moïse était ébloui par dieu, il était exposé à sa présence lumineuse au point d’en devenir éblouissant lui-même.
L’idée de Paul, c’est que Moïse n’a vécu cette expérience lumineuse que pendant une courte période – et voyez le résultat ! Mais le Christ révèle parfaitement qui est Dieu – c’est comme si Dieu était derrière nous et qu’il se laissait voir dans le reflet d’un miroir devant nous. L’image que nous voyons sur le reflet, c’est Jésus-Christ. Nous ne voyons pas encore Dieu complètement, mais nous avons déjà une image de lui très précise et très concrète, en Christ. Donc lorsque nous regardons Jésus par nos yeux ou à travers les récits de l’Evangile qui nous le décrivent, nous avons une représentation nette de la gloire, de l’être-même de Dieu (la gloire c’est le poids, la valeur, l’ampleur d’une personne). Lorsque nous regardons le Christ, il nous renvoie l’éclat de la lumière qui est en Dieu – et il n’est pas possible d’en sortir indemnes ! Quand vous allez au soleil, vous revenez avec de belles couleurs, imaginez le bien que nous fait la lumière de Dieu.
Mais la lumière nous transforme aussi à l’intérieur : comme le soleil vous fait secréter de la vitamine D qui est bonne pour vos os, votre humeur ou votre immunité, s’exposer à la lumière de Dieu fait naître en nous de bonnes choses. Dieu, quand nous nous tournons vers lui à travers Jésus, Dieu nous inspire, nous motive, nous guérit, nous corrige, nous allège – il nous transforme. Il répare ce qui est tordu, assainit ce qui moisit, fortifie ce qui est faible.
Alors, est-ce qu’on a vraiment besoin d’être réparés ? Est-ce que nos défauts ne font pas partie de notre charme ? Faut-il absolument de devenir meilleurs ? On l’entend souvent : si tout le monde était parfait, on s’ennuierait…
Est-ce que c’est si vrai, que sans nos défauts, la vie perdrait de son charme ?
Evidemment, si vous pensez à un artiste tellement dans les nuages qu’il en est un peu tête en l’air, ou à quelqu’un de si spontané qu’il met parfois les pieds dans le plat…
Mais nos défauts, en vrai, c’est pas ça ! c’est ce qui nous attriste quand on se regarde dans la glace : nos mensonges, trahisons, échecs, colères, peurs, agressivité, tout ce qui est tordu voire pervers que nous ne voulons pas toujours avouer… ce qui peut vite nous faire basculer dans celui qu’on ne veut pas être, ce qui nous fait fuir chez l’autre. Je crois qu’on s’en passerait bien, de ça, non ? de ces poids, de ces fardeaux, de ces lourdeurs, de ces pilotages automatiques qui nous emmènent parfois droit au désastre…
Une chose que Paul et les ouvrages de développement personnel ont en commun : le processus est progressif ! Ca c’est sûr ! Mais la différence, c’est qu’est-ce qui me transforme. Combien de fois j’ai essayé d’être gentille, paisible, altruiste, courageuse – par moi-même c’est des sauts de puce et quand je m’améliore d’un côté, je relâche d’un autre. Mais la bonne nouvelle de l’Evangile (Evangile ça veut dire bonne nouvelle), c’est qu’en Jésus, Dieu lui-même porte nos défaillances – quand dieu me regarde à travers le miroir de la foi, il voit la justice la bonté et la paix de Jésus. Et quand je regarde Jésus, je reçois la vie de Dieu lui-même, qui par son saint esprit répare nos défaillances. Quand je me tourne vers Jésus, sa lumière agit en moi – et il met toute sa force pour me faire progresser.
De là où nous sommes, quel que soit notre parcours de vie, nous aspirons à un mieux, nous aspirons à devenir meilleurs, une meilleure version de nous, plus belle, plus généreuse, plus humble, plus courageuse ! A qui regarder ? Nous pouvons nous inspirer de milliers d’exemples, mais seul le Christ nous met en contact avec la source de toute justice, de toute joie, de toute vérité et de toute paix, d’un amour inégalé – et cette source nous transforme de l’intérieur.
S’exposer activement à la lumière du Christ
Alors si c’est Dieu qui me transforme, je n’ai plus rien à faire ?! Si, bien sûr. Dieu ne me transforme pas malgré moi : c’est un processus où je suis impliqué ! Pour grandir, pour ressembler de plus en plus au Christ, je dois m’exposer activement à sa lumière. Et ça veut dire deux choses : 1/ renoncer à ce qui est sombre, 2/ rechercher tout ce qui est lumineux, tout ce qui vient de Dieu.
1/ Renoncer à ce qui est sombre. On ne peut pas suivre des influences contradictoires dans notre vie. Si nous voulons nous rapprocher de Dieu, nous devons renoncer à ce qui nous éloigne de lui. Si nous voulons plus de lumière, nous devons renoncer à ce qui tue la lumière en nous. Ca peut être renoncer à des penchants dégradants ou des habitudes destructrices, mais aussi à des fonctionnements stériles ou à des valeurs égoïstes. Peut-être aussi réfléchir à ce qui m’influence dans ma vie : ce que je regarde, ce que j’écoute, qui je fréquente (il n’y a pas que les ados qui ont de mauvaises fréquentations !). Qu’est-ce qui me fait grandir, et qu’est-ce qui me tire vers le bas ?
Pour vivre avec Dieu, il faut nous détourner de ce qui nous détourne de lui.
2/ Pour lui ressembler davantage, nous devons choisir ce qui nous rapproche de lui.
Ca demande d’abord de connaître Jésus, de toujours mieux le connaître, car on n’a jamais fait le tour de tout ce qu’il a à nous apprendre. Pour le connaître, le mieux c’est encore les évangiles : quatre biographies de Jésus qui présentent sa vie, ses actes, ses paroles, ses attitudes. Le reste de la Bible, avant et après, permet de comprendre les enjeux et la portée de la vie de Jésus. Donc lire les Evangiles, les méditer, s’en imprégner, c’est s’exposer à la lumière du Christ.
Il ne suffit pas de connaître Jésus. Si vous voulez vous mettre à la course, et que vous avez lu un manuel sur la meilleure méthode pour la course à pied et acheté de bonnes chaussures, mais c’est tout, vous n’irez pas loin ! Il faut vous y mettre, vous entraîner ! C’est pareil pour ressembler à Jésus : il faut s’entraîner concrètement à vivre comme lui. Il ne s’agit pas de fréquenter seulement des gens ou des lieux chrétiens ! D’ailleurs, Jésus n’était pas comme ça : il allait partout et fréquentait des gens de tous bords.
Vivre comme Jésus demande de changer de filtre par rapport à notre vie : au lieu d’agir par automatisme, demandons-nous comment Jésus réagirait, comment lui il aborderait la situation. Dans tout ce que nous vivons, facile ou difficile, nous pouvons grandir en choisissant de laisser Jésus nous inspirer.
Parfois/ souvent, nous nous tromperons – comme à la course, vous vous ferez des claquages ou vous tomberez – mais ce n’est pas grave : nous nous entraînons ! Peu à peu, les muscles se forment, le chemin se fait, la ressemblance au Christ grandit.
Tout cela, nous ne pouvons le vivre que dans la prière, car si nous avons notre part à faire, c’est surtout Dieu qui agit et nous le savons.
« Dieu, que veux-tu transformer en moi en ce moment ? »
ou « Conduis-moi dans ces circonstances confuses, car je ne sais pas où aller : montre-moi le chemin, donne-moi un signe ! » et le Dieu qui a créé la terre trouvera bien le moyen de vous guider !
ou, quand nous savons où aller mais que nous nous sentons faibles : « Donne-moi la force et la volonté de choisir le meilleur ! »
Conclusion
Est-ce que si nous ressemblons tous à Jésus nous serons tous pareils ? Non, car nous lui ressemblerons à notre manière. Imaginez que nous soyons tous des lampes avec des abat-jours de formes et de couleurs différentes. De très belles lampes ! mais éteintes. En nous approchant de Dieu par Jésus, le courant se branche à nouveau, et la lumière arrive dans l’ampoule (à faible consommation d’énergie) qui gagne progressivement en luminosité.
En marchant avec Jésus, la vie ne sera pas forcément plus simple ou plus facile, mais elle sera plus légère : avec le temps, certaines questions ne se posent plus, certaines tentations disparaissent, des évidences se forment – Dieu porte notre vie avec nous. Avec lui, nous vivrons plus de joie, car il agit en nous et autour de nous pour le meilleur. Et la paix ! La paix de se savoir toujours avec lui, dans sa lumière, une lumière que rien ni personne ne peut éteindre. Oui, laissant derrière nous la confusion et les tiraillements, nous recevrons la paix – car nous marchons dans la lumière de Dieu, vers le meilleur.
Superbe prédication. Merci à toi !
Brigitte