Jonas – épisode 1

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Pour ce dimanche et les trois à venir, je vous propose un petit feuilleton de l’été. Avec une histoire pleine de rebondissements, un héros surprenant, de l’action, de l’humour et si c’était un film, des effets spéciaux spectaculaires ! C’est l’histoire d’un prophète anti-héros du nom de Jonas.

L’histoire se déroule au VIIIe siècle avant J-C, dans le Royaume d’Israël, le Royaume du nord, sous le règne de Jéroboam II, un roi qui déplaisait aux yeux du Seigneur mais qui avait pourtant plusieurs victoires militaires à son actif, grâce notamment aux conseils d’un prophète patriote, Jonas, fils d’Amittaï, de Gath-Hépher.

Mais en ce temps-là une super puissance terrorise toute la région : l’Assyrie, dont la capitale est Ninive. Sa volonté d’expansion ne semble avoir aucune limite et sa puissance militaire aucune rivale…

Lecture biblique : Jonas 1

1 Un jour, le SEIGNEUR adresse cet ordre à Jonas, le fils d’Amittaï : 2 « Debout, va à Ninive, la grande ville. Tu menaceras ses habitants en disant : “Le SEIGNEUR en a assez de voir vos actions mauvaises.” »

3 Jonas se met en route, mais pour fuir à Tarsis, loin du SEIGNEUR. Il arrive à Jaffa. Là, il trouve un bateau qui part pour Tarsis. Il paie son voyage. Puis il monte dans le bateau, pour aller avec les marins à Tarsis, loin du SEIGNEUR.

4 Mais le SEIGNEUR lance sur la mer un vent violent, et la tempête est si forte que le bateau risque de se casser. 5 Les marins ont peur, chacun crie vers son dieu. Ils jettent à la mer tous les objets qui sont dans le bateau pour le rendre plus léger. Pendant ce temps, Jonas est descendu au fond du bateau, il s’est couché et dort profondément. 6 Le capitaine du bateau s’approche de lui et lui dit : « Quoi ? Tu dors ! Lève-toi, crie vers ton dieu ! Il pensera peut-être à nous, et nous ne mourrons pas. » 7 Puis, les marins se disent entre eux : « Pour connaître le responsable du malheur qui nous arrive, tirons au sort. » Ils tirent au sort, et le sort tombe sur Jonas. 8 Alors les marins lui disent : « Notre malheur vient de toi. Dis-nous : qu’est-ce que tu fais ici ? D’où viens-tu ? De quel pays et de quel peuple es-tu ? » 9 Jonas répond : « Je suis hébreu, et c’est le SEIGNEUR que j’adore, le Dieu qui est au ciel, celui qui a fait la mer et la terre. » 10 Puis il leur raconte son histoire. Les marins ont très peur. Ils disent à Jonas : « Qu’est-ce que tu as fait là ! » En effet, maintenant, ils savent que Jonas fuit loin du SEIGNEUR. Ils lui demandent : 11 « Qu’est-ce que nous allons faire de toi pour que la mer se calme autour de nous ? » En effet, les vagues montent de plus en plus. 12 Jonas répond aux marins : « Prenez-moi et jetez-moi à la mer. Ainsi la mer deviendra calme autour de vous. Oui, je le sais, cette violente tempête vous attaque à cause de moi. » 13 Les marins rament pour rejoindre la côte, mais ils n’y arrivent pas. Les vagues montent de plus en plus contre eux. 14 Ils prient le SEIGNEUR et disent : « Ah ! SEIGNEUR, ne nous fais pas mourir à cause de cet homme ! Ne nous rends pas non plus responsables de la mort d’un innocent. En effet, c’est toi, SEIGNEUR, qui as fait ce que tu as voulu. »

15 Puis, ils prennent Jonas et ils le jettent à la mer. Alors la colère de la mer se calme. 16 Ensuite, les hommes sont remplis d’un grand respect envers le SEIGNEUR. Ils lui offrent un sacrifice et ils lui font des promesses avec serment.

Prophète rebelle

Notre histoire commence comme n’importe quelle histoire de prophète dans la Bible : Dieu adresse sa parole à son prophète et lui donne un ordre de mission. Mais bien vite, tout bascule. Normalement le prophète se lève, obéissant, même s’il parlemente un peu parfois, et il accomplit la mission que lui confie le Seigneur. Jonas, lui, se lève, certes… mais pour s’enfuir ! Le Seigneur lui demande d’aller à l’est, Jonas cherche un bateau pour aller à l’ouest, le plus loin possible…

On ne donne aucune explication à la fuite de Jonas. Lui-même ne dit rien du tout, il n’essaye même pas de négocier avec le Seigneur, comme d’autres l’ont fait parfois. On en saura plus dans la suite du récit… mais il est déjà clair que Jonas ne veut pas aller à Ninive, capitale de l’Assyrie, cet empire païen dominant et redoutable.

Jonas connaît le Seigneur, c’est quand même bien un prophète. Il ne s’imagine pas une seconde pouvoir échapper à Dieu ! Il sait parfaitement que ce n’est pas en fuyant de l’autre côté de la grande Mer qu’il échappera au Dieu Créateur du ciel et de la terre !

Sa fuite est donc un acte de rébellion ouverte. Une façon de montrer au Seigneur qu’il ne veut pas lui obéir. C’est comme s’il lui disait : « allez, trouve quelqu’un d’autre ! Il y a bien d’autres prophètes… »

Sans aller jusqu’à la rébellion, n’avons-nous jamais dit au Seigneur : « trouve quelqu’un d’autre ! » ? Parce qu’on se sent incapable, parce qu’on n’en a pas envie, parce qu’on pense que d’autres le feront bien mieux que nous, parce qu’on a d’autres projets… « Trouve quelqu’un d’autre ! »

Mais si le Seigneur nous demande quelque chose, ce n’est pas parce qu’on est meilleur que les autres ou parfaitement équipé pour le faire. C’est parce qu’Il veut le faire en nous et par nous. C’est sa grâce qui appelle…

Prophète traqué

Mais le Seigneur ne lâche pas Jonas. On ne se rebelle pas contre le Dieu souverain si facilement que cela… Et le Seigneur sort l’artillerie lourde : il déclenche une terrible tempête. Les marins eux-mêmes paniquent et n’ont d’autre issue que d’invoquer leurs dieux pour qu’ils soient délivrés.

La rébellion de Jonas ne le met pas seulement en danger, lui, mais aussi ceux qu’il accompagne. Nos choix de vie, nos décisions ont souvent des répercussions sur ceux qui nous entourent… Mais Jonas, lui, dort. Il fuit jusque dans le sommeil… ce qui suscite la colère des marins ! « Toi aussi invoque ton dieu ! »

Cette tempête n’est pas normale, les marins le sentent. Elle a une cause surnaturelle. Quelqu’un attire le malheur sur le bateau. Alors ils tirent au sort… et le sort tombe sur Jonas ! Comme par hasard…

Traqué jusqu’au bout, Jonas n’échappera pas à la souveraineté de Dieu !

N’y a-t-il pas là encore une leçon ? Pour celui qui ne veut pas obéir au Seigneur, sa souveraineté est pesante, envahissante et ressemble à de l’acharnement. Mais pour celui qui veut obéir au Seigneur, sa souveraineté est bienfaisante et apaisante. Elle est l’assurance que c’est lui qui tient les rennes !

Prophète malgré lui

Mais revenons à notre tempête… Le sort est tombé sur Jonas et c’est le tournant de l’histoire. Le prophète ne peut plus fuir, il ne peut plus nier l’évidence. Et il propose une solution : puisque tout est de sa faute, qu’il soit jeté à la mer, en pleine tempête !

S’agit-il d’un élan suicidaire de Jonas, la mort étant la seule issue pour échapper à l’appel du Seigneur ? Ou est-ce là un vrai sursaut de conscience du prophète : il faut qu’il se sacrifie pour sauver l’équipage… et si le Seigneur veut vraiment l’envoyer à Ninive, il le délivrera !

Toujours est-il que cela fonctionne. Aussitôt jeté à la mer, la mer se calme. Et ici s’arrête la fuite de Jonas.

Et quand on y regarde de plus près, on peut percevoir toute l’ironie de l’histoire : c’est malgré lui que Jonas va être prophète.

A son insu, Jonas est l’instrument d’une « conversion » des marins païens. Regardez le changement chez eux : avant que Jonas révèle son identité, les marins implorent Jonas de prier son dieu, après ils implorent eux-mêmes le Seigneur ; avant, au coeur de la tempête, ils implorent leurs dieux, après, lorsque la tempête est apaisée, ils offrent des sacrifices au Seigneur…

Voilà une véritable « conversion » dont le prophète Jonas a été l’instrument… mais à son insu. Et sans trop vous spoiler la suite de l’histoire, ce n’est pas la dernière fois que cela arrivera pour Jonas…

Plus fort encore, l’expérience de Jonas a peut-être elle-même une portée prophétique plus grande. N’est-ce pas ici, dans la tempête, que commence le « signe de Jonas » dont parlera Jésus à propos de lui-même ? D’une certaine manière, Jonas « donnant sa vie » pour sauver tout l’équipage peut évoquer le sacrifice de Jésus, donnant sa vie pour sauver l’humanité.

Conclusion

La leçon de ce premier chapitre de l’histoire de Jonas est claire : Dieu est souverain et nul ne peut s’opposer à sa volonté. Pas même un prophète !

La question n’est donc pas de savoir si on peut ou non échapper à Dieu et sa volonté souveraine, mais comment sa volonté souveraine s’accomplira dans notre vie.
Est-ce que ce sera contre notre gré, à notre corps défendant ? Dans ce cas nous allons au devant de dangereuses tempêtes et nous nous compliquerons la vie…
Ou alors est-ce que ce sera dans l’obéissance et la confiance en Dieu ? Et là nous trouverons la paix.

Nous ne sommes pas tous des Jonas, appelés à nous lever pour proclamer le message de Dieu. Mais nous sommes tous les destinataires de l’appel de Dieu, sous différentes formes, pour différentes missions. Nous recevons tous son appel à le suivre, à le servir.

Quelle est donc notre réponse, aujourd’hui, à l’appel de Dieu ?

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