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Lecture biblique: Jean 20.1-18
A chaque fois, c’est le même étonnement. Devant l’étrangeté de cette histoire. La foi chrétienne est bâtie sur la foi en la résurrection du Christ, et pourtant, Jésus ici apparaît presque en second rôle… le miracle n’est pas décrit, Jésus ressuscité non plus – tout ce qu’on a sur lui, c’est quelques paroles. Par contre, le projecteur se braque sur les disciples, hommes et femmes, de ce matin de Pâques. C’est avec leurs yeux que nous découvrons le Christ ressuscité, non comme une théorie ou une belle métaphore, mais comme un événement historique dont les disciples se font témoins. On est plongé dans le concret de leur expérience : dans le demi-jour de l’aube naissante, règnent la tristesse, l’inquiétude, l’agitation, la confusion. Des femmes et des hommes comme nous, déroutés par la Croix.
A chaque fois je m’étonne de ces témoignages sobres et prosaïques – nulle trompette, nul triomphe, nul cortège d’anges pour chanter « Gloire à Dieu dans les cieux ». Pas de leçon non plus, pas de théologie, simplement une expérience – vécue par les premiers disciples, vécue par des milliards de chrétiens, une expérience à vivre aujourd’hui.
1) La foi par différents chemins
Jean cite trois des premiers témoins de la résurrection : Marie de Magdala, Pierre, et le disciple que Jésus aimait (probablement Jean lui-même). Trois témoins, trois chemins. 3 chemins que je vous invite à reparcourir ensemble.
C’est Marie qui lance l’alerte : arrivée tôt au tombeau pour s’occuper du corps de Jésus, elle constate que le tombeau est ouvert. Il y a beaucoup de profanations de tombes à l’époque – on vole les corps et les objets. En plus, Jésus était très en vue, connu du grand public, arrêté et condamné dans des conditions troubles… Marie a peur, alors elle appelle la cavalerie : les disciples. Pierre l’intrépide et Jean se précipitent sur-place, et tous les deux sont confrontés à la réalité du tombeau vide. D’abord Pierre, puis Jean, constatent que la tombe est trop bien rangée pour qu’il y ait eu un vol : des malfrats auraient sûrement pris les tissus précieux, ils n’auraient pas dénudé le cadavre, et si une bandelette était tombée par terre dans la précipitation, ils ne l’auraient pas rangée !
Le tombeau vide et les linges rangés suffisent pour que Jean croie. Il croit sans comprendre : non pas que la foi s’appuie sur la bêtise ! Mais avant de comprendre intellectuellement, avant de saisir toute la portée théologique de l’événement, sans peut-être pouvoir mettre des mots dessus, Jean a cette intuition profonde que Dieu a agi, on ne sait pas comment, mais Jésus n’est plus dans la tombe, ce n’est plus le banal cadavre d’un énième condamné à mort : Dieu a agi. Le Dieu qui fait vivre a vidé la tombe et balayé la mort. C’est de l’ordre de l’évidence : Jean croit ! Il y a plusieurs façons de rencontrer Dieu, et parfois c’est simplement cette conviction dans nos tripes que Dieu est là. Que Dieu a conduit telle situation, a permis telle guérison ou telle réconciliation, a arrangé telle « coïncidence ». Cette impression d’être devant l’empreinte de Dieu, comme s’il marchait devant nous, invisible mais présent.
Pendant ce temps, Marie est revenue près du tombeau. Elle est la première à rencontrer le Christ vivant, ressuscité. Mais dans sa peine, ses larmes, son inquiétude, toute préoccupée par la mission qu’elle s’est donnée de retrouver Jésus, elle ne le reconnaît pas. Elle pense voir des hommes bien habillés – sans saisir qu’ils sont les messagers de Dieu. Elle pense voir le gardien du jardin, peut-être responsable du transfert du corps de Jésus – le généreux propriétaire du tombeau qui avait fait de la place à Jésus se serait-il ravisé ? Aurait-il finalement déplacé le corps pour ne pas être associé au condamné crucifié ? Marie est prise dans ses pensées.
Comment peut-elle ne pas reconnaître Jésus ? Peut-être que Jésus est différent d’avant, peut-être voit-elle mal ses traits dans l’obscurité et les larmes, peut-être aussi qu’elle ne le regarde à moitié, sans lui porter attention. C’est tellement impensable de voir Jésus debout qu’elle ne le voit même pas ! Marie est si absorbée par ses préoccupations qu’elle ne décode rien de ce qui l’entoure : elle a sa clef de lecture (Jésus a été déplacé) et tout ce qu’elle enregistre est interprété à cette lumière. Marie de Magdala est si proche de nous, dans notre capacité à nous auto-aveugler, à nous focaliser sur nos peurs ou nos missions au point de rater l’évidence : Dieu est présent. Jésus doit l’appeler par son nom pour qu’elle voie. C’est par une interpellation directe qu’il perce son aveuglement. Comme s’il la secouait par les épaules : « Marie, c’est moi ! »
Et là elle croit, elle se prosterne, elle le saisit – soulagée, stupéfaite, heureuse. Et Jésus lui donne alors une nouvelle mission, elle repart avec un objectif clair (témoigner auprès des autres disciples) – mais je reviendrai aux paroles de Jésus.
Car il nous reste un troisième témoin. Pierre, lui, repart ébranlé, perturbé, sans savoir trop quoi penser. Comme les autres disciples, il aura besoin de voir Jésus ressuscité pour croire. Il aura besoin d’une preuve directe – pour l’instant, il se pose des questions. Peut-être que certains parmi vous se sentent plus proches de Pierre : intrigués, ni croyants ni non-croyants, devinant que Dieu agit mais hésitant à sauter le pas de l’incroyable. Peut-être que, comme Marie et les autres disciples, vous avez besoin d’une rencontre personnelle, indubitable, avec Dieu – mais qu’il y a encore du chemin avant d’être prêt à vivre cette expérience. La bonne nouvelle, c’est que près du tombeau vide, il y a de la place aussi pour votre chemin.
Le témoignage de Jean raconte les choses telles qu’elles se sont passées, avec honnêteté et sobriété. Étonnamment, près du tombeau vide, le Christ est peu présent. Ce sont les disciples qui occupent le devant de la scène. L’accent ne porte pas sur le miracle, mais sur la réaction des hommes, sur leur foi ou leurs questions. Car Jean ne veut pas nous faire rêver en nous racontant des histoires, même merveilleuses – il veut que nous nous prenions position : et moi, qu’est-ce que je crois ? Devant le tombeau vide et bien rangé, devant tous les témoignages de ceux qui ont rencontré de Jésus ? Devant l’assurance de Marie ? Devant les doutes de Pierre qui, quelques semaines plus tard, risquera sa vie pour prêcher sur la grande place la nouvelle du Christ ressuscité ? C’est bien de fêter Pâques, de chanter le Christ crucifié et revenu à la vie, mais si je ne crois pas, si vous ne croyez pas, Pâques n’est qu’une fête de plus. Habitué de l’église ou nouveau, peut-être même convaincu que quelque part un Dieu existe, si nous ne laissons pas le Christ ressuscité nous interpeller, nous rencontrer, nous transformer, Pâques perd son sens.
2) Un plus grand projet
Revenons aux paroles de Jésus à Marie : elle l’a saisi, toute à sa joie. « Il est là, bien vivant ! » Mais Jésus la rassure : « tu peux me lâcher, tout va bien. Je suis là. Je ne repars pas tout de suite ! » Il la rassure, et en même temps il la prépare à son départ prochain : Jésus ressuscité va rester quelques semaines avec les disciples. Mais il ne sera plus constamment avec eux, il fera juste quelques apparitions, et il quittera la terre pour rejoindre Dieu (Ascension). Là aussi, les disciples auront du mal à comprendre : quoi, Jésus est ressuscité, le seul de l’histoire de l’Humanité à ressortir de la mort plein d’une vie surnaturelle, et il s’en va déjà ?
Pour comprendre cette parole de Jésus à Marie, il faut relire e que Jésus dit aux disciples avant son arrestation : « Maintenant, je m’en vais vers celui qui m’a envoyé (Dieu le Père). Il vaut mieux pour vous que je parte, car si je ne pars pas, celui qui doit vous aider ne viendra pas à vous, mais si je pars, je vous l’enverrai. Quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité toute entière. » (Jean 16.5, 7, 13) A sa résurrection, Jésus reprend cette idée : « je m’en vais ! Pas pour vous laisser orphelins, mais pour vous donner l’Esprit de Dieu! » Pourquoi ? Le Christ ressuscité n’est-il pas suffisant ? Non. (ne me jetez pas de pierres !) Non le Christ ne suffit pas car il reste extérieur à nous. Il nous montre la puissance de Dieu, l’amour infini et la justice de Dieu, il œuvre pour nous, mais il reste comme un frère, extérieur à nous. Son but, le but de Dieu, c’est de venir non seulement nous entourer, mais aussi nous habiter. Que la résurrection ne reste pas un événement historique extérieur, mais prenne vie en nous, luttant contre les forces de mort et de mal en nous, pour nous restaurer et nous remplir de la lumière de Dieu. C’est l’Esprit qui fait de nous les enfants de Dieu, c’est l’Esprit qui fait de nous les témoins et les disciples du Christ, c’est l’Esprit qui trace en nous des chemins de vérité et de justice, de bonté et de paix. La venue, la mort et la résurrection du Christ, ce n’est pas la fin du projet de Dieu pour l’humanité : c’est l’inauguration ! Dieu se rend alors particulièrement présent par l’Esprit, en chacun de nous, partout où nous sommes.
Conclusion
Le Christ ressuscité était sûrement glorieux, grandiose, bouleversant ! Pourtant, autant dans les rencontres que dans ses paroles, Jésus nous renvoie à ce que nous sommes prêts à vivre avec lui, avec Dieu, dans l’Esprit. Est-ce que, comme Marie, nous chercherons ce qui n’est pas là ? est-ce que nous nous accrocherons à une certaine image de Dieu, de la réalité, de notre vie ? Ou est-ce que nous laisserons Jésus nous emmener sur des chemins qui dépassent notre imagination ? Des chemins où Dieu agit, où l’espoir transfigure la réalité, où la résurrection l’emporte sur la mort ?
Marcher dans les pas de Jésus, par l’Esprit ; le suivre…
Ce n’est pas facile
MAIS
même si l’on se trompe, par Son Esprit Saint, Il nous remet sur la bonne voie.
“ENCORE, FAUT-IL SAVOIR L’E C O U T E R”
Que Notre Seigneur Jésus accompagne l’église libre de Toulouse en TOUTES CHOSES !