Sel et lumière

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/sel-et-lumiere

 

Matthieu 5.13-16
13 « Vous êtes le sel de toute la terre. Mais quand le sel perd son goût, comment lui rendre son bon goût ? Il ne sert plus à rien. On le jette dehors et les gens marchent dessus.
14 « Vous êtes la lumière du monde. Quand une ville est construite sur une montagne, elle ne peut pas être cachée. 15 Et quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous un seau ! Au contraire, on la met bien en haut, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16 De la même façon, votre lumière doit briller devant tout le monde. Alors les autres verront le bien que vous faites. Ils pourront chanter la gloire de votre Père qui est dans les cieux. »

Sel de la terre ! Lumière du monde ! Rien que ça… N’est-ce pas un peu « gonflé » de se prétendre sel de la terre et lumière du monde ? Certes, c’est Jésus qui le dit mais quand même ! Imaginez d’inscrire ça sur votre profil Facebook ou Twitter !!!

Oui mais… Jésus n’est pas en train de caresser ses disciples dans le sens du poil ! Il ne leur dit pas : « Vous êtes des gens formidables, la crème de la crème ! ». Il les met plutôt face à leurs responsabilités : il parle quand même d’un risque pour le sel d’être jeté dehors et foulé aux pieds ! Car il y a des dangers : que le sel perdre son goût et que la lumière soit cachée.

C’est sur ces dangers que j’aimerais me concentrer ce matin. Vous êtes sel de la terre… Mais ne perdez pas votre goût ! Vous êtes lumière du monde… mais ne cachez pas votre lumière !

Pour que le sel ne perde pas son goût

La version Parole de Vie traduit : « Si le sel perd son goût ». Littéralement c’est « si le sel devient stupide », on pourrait traduire inutile ou inefficace. Quant à la suite de la question, « Comment lui rendre son goût », littéralement c’est « comment sera-t-il salé ? »

Comment comprendre le sens de la métaphore ? Dans l’Antiquité, on avait de nombreux usages pour le sel mais il s’agit sans doute ici d’un usage domestique. Quand le sel de la métaphore devient inutile, il est jeté dehors. C’est dire que son utilité était à l’intérieur de la maison où il était en particulier utilisé pour conserver les aliments… et aussi pour leur donner du goût.

Par ailleurs, l’expression « être jeté dehors » évoque d’autres images bibliques associées au jugement. Dans les paraboles de Jésus, c’est le sort réservé à l’invité à la noce qui n’a pas revêtu l’habit de fête, ou au serviteur inutile qui n’a pas fait fructifier ses talents.

Il y a donc bien dans ces paroles de Jésus une mise en garde à ses disciples pour qu’ils ne soient pas des serviteurs inutiles. En effet, quand il leur dit qu’ils sont le sel de la terre, il leur dit qu’il sont utiles pour le monde. Et de fait, si on regarde l’histoire de l’humanité, on voit de nombreux chrétiens avoir été utiles pour le monde, en étant à l’origine de grandes avancées sociales, au nom de l’Evangile.
Mais on voit aussi que ça n’a pas toujours été le cas, malheureusement… Parfois, l’empreinte laissée par les chrétiens dans le monde a un goût amer…

Cette métaphore du sel est la plus forte des exhortations en faveur d’une présence réelle des chrétiens dans le monde. Alors qu’il y a toujours eu la tentation de se couper du monde. Aujourd’hui encore. Comment être sel de la terre en dehors du monde ?

Pour que le sel conserve les aliments , ou pour qu’il leur donne du goût, il faut qu’il se mélange aux aliments. Il ne suffit pas de poser une salière, même pleine à ras bord, sur la table pour donner du goût à votre plat ! Or parfois l’église est comme une salière hermétiquement fermée… Parce qu’on veut garder la pureté du sel intacte !!!

Comment être sel de la terre en dehors du monde ? Comment être utile à mon prochain si je ne vais pas à sa rencontre ?

Jésus a été utile auprès des petits, des délaissés, des exclus de la société de son époque. Utile comme un médecin pour des malades. Il s’est mélangé à eux, il accueillait ceux qui venaient à lui et les guérissait, il allait manger chez ceux qui l’invitaient, y compris les pécheurs et les gens de mauvaise réputation… Ses ennemis le lui a assez reproché !

En quoi suis-je utile aux autres ? Quel goût je diffuse autour de moi ? Quelle influence j’ai sur mon prochain ? Il ne s’agit pas forcément de révolutionner notre société… mais déjà d’avoir un impact positif sur notre entourage, nos amis. Apporter de la paix, de la joie, de l’espoir, du réconfort… c’est aussi cela être sel de la terre !

Pour que la lumière ne soit pas cachée

Si le danger pour le sel était de devenir insipide, inutile, le danger pour la lumière est qu’elle soit cachée. L’accent est sur les actes plus que les paroles, sur ce que les gens voient plutôt que ce qu’ils entendent :

« votre lumière doit briller devant tout le monde. Alors les autres verront le bien que vous faites. Ils pourront chanter la gloire de votre Père qui est dans les cieux. » (Mt 5.16)

J’ai souvent interprété ces paroles de Jésus comme une exhortation à vaincre nos timidités et nos peurs, pour laisser briller l’Evangile à travers notre vie. Et je pense que ça reste une lecture possible… Mais l’insistance de Jésus sur le fait de ne pas cacher la lumière me semble orienter vers une autre interprétation. Pourquoi cacherait-on une lumière si ce n’est parce qu’on n’a pas vraiment envie que cette lumière soit vue par tous ? Peut-être parce qu’on préfère cacher certains actes peu glorieux plutôt que de s’exposer.

Et cette compréhension se confirme quand on compare ces paroles aux versions de Marc et de Luc de cette métaphore :

Marc 4.21-22
Jésus leur dit encore : « Quand quelqu’un apporte une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous un seau ou sous un lit ! Au contraire, il la place bien en haut. Tout ce qui est caché, on pourra le voir, tout ce qui est secret, cela paraîtra en pleine lumière. »

Ici, il y a bien une formule qui évoque le jugement, où chacun aura à rendre compte de ses actes, y compris ceux qu’il a voulu cacher… Il y a, dans notre vie, des lumières qu’on est prêt à laisser briller, et d’autres qu’on préfère cacher. La question que nous devons entendre est donc : de quel genre de lumière brillons-nous ?

Il ne s’agit pas d’être une lumière aveuglante, qui cherche à en mettre plein la vue : « Regardez comme je suis spirituel, comme je suis épanoui dans ma foi, comme je suis bon et généreux envers les autres… » Ailleurs dans le évangiles, c’est exactement l’attitude superficielle que Jésus dénonce chez les Pharisiens…

Ce n’est pas ainsi que le Christ, véritable lumière du monde, est venu. Il est venu, humblement, en serviteur. Certes, il a brillé un peu plus fort lorsqu’il accomplissait des miracles, plus fort encore le jour de sa résurrection. Mais la plupart du temps, sa lumière était douce et bienfaisante.

Matthieu 11.28-30
28 « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. 29 Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. 30 Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. »

Nous sommes lumière du monde si notre vie reflète la lumière du Christ. Si notre lumière n’attire pas le regard sur nous mais sur le Seigneur. Car, Jésus le souligne, l’objectif de cette lumière est que ceux qui la voient glorifient Dieu. Que notre lumière soit donc douce et humble, qu’elle rassure, qu’elle réchauffe, qu’elle apaise !

Conclusion

Il n’y a qu’une manière d’avoir une vie qui donne du goût, utile aux autres, et qui rayonne de la lumière du Christ. C’est de toujours nous rapprocher du Christ, nous exposer à sa lumière et la laisser nous remplir.

« Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde ». Alors ne devenez pas insipide ! N’ayez pas honte de votre lumière ! Ou, pour le dire plus simplement encore : Soyez utiles dans ce monde et que votre vie reflète l’amour de Dieu !

C’est ainsi que nous pourrons glorifier Dieu ici-bas… et encourager ceux qui ne connaissent pas encore cette lumière à la découvrir !

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