L’amour fou de Dieu (IV): Répondre à l’amour de Dieu

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Pour la prédication, je vous propose de terminer notre parcours de juillet dans le livre d’Osée. Dans les épisodes précédents, nous avons vu Dieu secouer son peuple, Israël. Il lui a dit ses quatre vérités, la gravité du mal commis, le scandale de la trahison, la vanité des relations que le peuple entretient avec d’autres pays, avec d’autres « dieux », et ce qui attend le peuple qui tourne le dos à Dieu : il perdra tout. Dieu a crié sa colère, sa déception, son indignation. Mais au-delà de ces quatre vérités, Dieu a rappelé sa fidélité, son amour, sa compassion pour son peuple, qui est pour lui comme une épouse chérie, un fils choisi. Au-delà du jugement, légitime, Dieu renouvelle ses promesses, il tend à nouveau la main malgré des siècles de rebuffades. Le livre se termine avec une interpellation : Quelle est la réponse que Dieu attend de son peuple ? comment se tourner vers Dieu ? Nous trouvons des indices pour le peuple infidèle que Dieu appelle à revenir à lui, mais aussi pour tous ceux qui veulent se tourner vers Dieu.

Je lirai deux textes. Le premier se trouve au début du chapitre 6. Israël se tourne enfin vers Dieu. Lecture Osée 6.1-3

Quelle belle prière ! On y sent l’enthousiasme et la confiance. Le peuple est prêt à revenir vers Dieu, à chercher Dieu, à vraiment le connaître, c’est-à-dire chercher à lui plaire, à faire ce qu’il faut, à vivre pour honorer Dieu. On y entend la confiance dans le Dieu sauveur, qui peut tout résoudre, pour qui rien n’est un obstacle, qui peut tout ramener à la vie. On lit l’assurance que Dieu est bien le Dieu de grâce, le Dieu qui fait compassion sur mille générations, et limite sa colère à 3 ou 4 générations. Dieu qui a puni ne restera pas dans sa colère mais fera grâce à nouveau. « Dieu fera grâce, Il est fidèle, bon et puissant ; revenons à lui, il nous sauvera ! »

Comment Dieu répond-il? Osée 6.4-6

Voilà une réponse qui fait mal ! Vanité, toute cette prière n’est que paroles creuses et vides ! Dieu continuera dans sa voie, car ces mots sont superficiels & faux. Dieu jugera son peuple, car ce qu’il désire, c’est un changement de cœur, et non des rituels, des paroles, des apparences illusoires.

Ce n’est pas que Dieu refuse de faire grâce ! Il l’annonce depuis le début : Il veut faire grâce ! Mais il manque quelque chose à la prière du peuple. Dans leur ignorance et leur culpabilité, même leurs bonnes intentions sont abîmées, et ils ont besoin que Dieu leur enseigne comment revenir. Les disciples de Jésus lui dirent une fois : Seigneur apprends-nous à prier – et il enseigna le Notre Père. De même, le ch.14 d’Osée, que je vais lire maintenant, c’est le Seigneur qui enseigne comment revenir à lui, comment se tourner vers lui d’une manière honorable et juste. Lecture Osée 14.2-10

On ne va pas jouer au jeu des 7 différences ! Cette prière-ci est la bonne, celle qui plaît à Dieu, à laquelle Dieu peut répondre par le pardon et la compassion, par des bénédictions extraordinaires : ceux que j’ai mis à la porte, je les réinstallerai, je ferai couler le lait, le miel, le vin dans leurs jarres, je les rendrai féconds et prospères, comme un cèdre du Liban, car mon souffle sera sur eux, mon amour les régénérera comme la rosée rafraîchit la terre assoiffée. La colère de Dieu se détourne de son peuple, car son peuple s’est tourné vers lui. Quelle est alors la grande différence entre la première prière, que Dieu avait rejetée, et celle-ci, que Dieu enseigne ? C’est la repentance. Israël est appelé à se repentir profondément pour recevoir la grâce de Dieu.

1)   Avec repentance : lucidité et engagement

Le premier point que j’aimerais souligner, c’est que sans repentance, la foi n’est pas complète. Aujourd’hui on est mal à l’aise avec l’idée de la repentance, qui semble venir d’une religion oppressant, ancienne, sombre, et – ô péché mortel aujourd’hui – culpabilisante ! Si la société d’aujourd’hui veut nous libérer à tout prix de l’inconfort du sentiment de culpabilité, en le niant, Dieu propose de nous en libérer en l’avouant, en l’assumant, en recevant un pardon salvateur. Dans la Bible, la foi véritable en Dieu s’accompagne toujours de repentance.

Je vais prendre un exemple. Imaginez que votre voisin, un ami à qui vous avez confié votre double de clefs pendant les vacances, en profite pour vous cambrioler, revendre vos biens précieux, voler vos papiers, saccager et abattre les murs… Il ne reste plus rien quand vous rentrez, et il vous faudra des mois pour retrouver un chez-vous correct. Quelques jours après, ce voisin vient vous voir : « Allez, je sais que tu as bon cœur ! Tu ne peux pas rester en colère, tu finiras bien par m’apprécier à nouveau ! Et puis, tu es un battant ! je sais que tu es courageux, tu travailles beaucoup, donc ce sera vite fait pour toi de reconstruire ta maison. Et puis tu sais ce qu’on dit, ce qui ne tue pas nous rend plus forts ! »

Pour que ce voisin réintègre un jour – si votre cœur est généreux – votre cercle d’amis, il manque un élément de taille. La repentance. Reconnaître ses fautes. C’est que Dieu invite les croyants à faire : reconnaître la faute qui a fait tomber, demander pardon à Dieu. Comment se réconcilier avec quelqu’un qui traiterait à la légère ce qui a détruit votre relation ? Quelqu’un qui vous blesse et dit : « C’est pas grave ! »

La repentance : lucidité sur nos fautes, et engagement à faire mieux. Cet engagement, on le trouve aussi dans la prière. Israël cherchait secours auprès des hommes et non de Dieu ? Il s’engage : « L’Assyrie ne peut pas nous sauver. » Israël comptait sur ses forces humaines ? « Nous ne monterons plus sur les chevaux, les chars, nous ne compterons plus sur nos épées et nos prouesses. » Israël suppliait d’autres dieux de l’aider ? « Nous n’appellerons plus ‘Seigneur’ les statues que nos mains ont fabriquées. »

L’engagement à vivre autrement prouve qu’on a vraiment compris que notre comportement, nos idées, nos paroles etc. sont destructeurs, et qu’on n’en veut plus. Qu’on regrette d’avoir suivi ce chemin, et qu’on fera tout notre possible pour en sortir. Et cela se nourrit a) de lucidité sur notre responsabilité, et b) de lucidité sur la puissance et la bonté de Dieu, qui veut et peut nous aider à changer pour vivre avec lui.

2)   Heureux ceux qui se reconnaissent pauvres en eux-mêmes…

Ces deux prières d’Israël nous interpellent dans notre spiritualité, sur notre façon de nous adresser à Dieu, seul ou en église. Un culte qui ne serait que louange, intercession, méditation, serait incomplet. Louer Dieu, célébrer sa bonté et sa grandeur, se rappeler ses promesses, nous encourage beaucoup, mais, tout comme la première prière d’Israël, c’est parfois une demi-vérité. Oui, Dieu est bon, saint, juste, Dieu nous aime, Dieu nous accueille dans sa présence… mais pas avec légèreté ! Si on regarde Dieu tel qu’il est, alors on doit aussi porter un regard lucide sur nous-mêmes, nos faiblesses, nos fragilités, nos doutes, nos questions, et nos fautes. Aller à Dieu en disant : « quel grand Dieu ! » sans le laisser nous remettre en question, ce n’est que la moitié de la démarche.

La repentance, elle est au cœur de la conversion, cette grande étape, plus ou moins étalée dans le temps, où on renonce à la vie sans Dieu, et où on embrasse la vie avec Dieu, c’est le grand tournant de notre vie : on rejette le mal, et on accepte le salut. Mais tant que nous ne sommes pas irréprochables – et qui de nous l’est ? – la repentance reste un passage nécessaire pour nous lorsque nous nous approchons de Dieu, parce que nous sommes encore ambigus, en lutte, en progrès. Parce que tant de choses déplaisent encore à Dieu – nos mensonges, notre orgueil, notre désir d’autosuffisance, nos tentatives de vivre par nos forces et non les siennes, notre égoïsme…

Par la foi, on reconnaît en Dieu le Père tout-puissant, le Père compatissant. Mais ce père-là est le Dieu de ceux qui se reconnaissent orphelins sans lui, nus en eux-mêmes, pauvres et démunis. Dans les mains tendues et vides de celui qui prie avec confiance et repentance, Dieu dépose le cadeau de son pardon et de sa grâce.

Comment est-ce possible ? Comment l’indignité, les fautes, les trahisons, tout ce qui nous fait honte, peuvent-ils être effacés en demandant simplement pardon ? En disant, « je ne le ferai plus » ? Et cela, même après une, deux, ou cent rechutes ?

Le Dieu de grâce et de vérité nous accueille grâce au Christ. Jésus est la clef qui nous ouvre la porte de la maison du Père, car par sa mort il a remboursé nos dettes. Lorsque lui est ressuscité, trois jours après la Croix, il a prouvé que notre ardoise était effacée. C’est lui qui nous donne accès aux promesses de Dieu ! mais la foi que nous avons en lui, la reconnaissance et la louange, la confiance, ne peuvent être complètes que si nous venons à Dieu avec repentance et humilité, conscients que si le regard de vérité de Dieu ne nous condamne pas, c’est parce que le Christ s’est interposé pour dévier sur lui la juste colère de Dieu, et nous laisser son regard d’amour.

Alors la guérison de Dieu commence : en nous donnant l’Esprit saint, Dieu vient lui-même par son Esprit œuvrer en nous, pour nous orienter dans notre nouvelle vie, pour assécher les marécages et faire fleurir nos déserts intérieurs, pour nous conduire à vivre une vie qui honore Dieu, une vie sainte, bonne, et agréable à Dieu.

Conclusion

Dieu ne nous demande pas grand-chose, ni à son peuple au temps d’Osée, ni à nous : juste un « pardon » sincère qui nous engage. Juste nos mains tendues et vides, pour recevoir sa grâce. Mais il nous demande tout, car il nous demande de nous placer entièrement sous son regard, de nous confier entièrement à lui, de l’inviter au plus profond de nous pour qu’il rénove et transforme notre vie. Il nous demande notre vie, pas comme un sacrifice de corps, mais comme une offrande de cœur.

Et c’est juste ! parce que Dieu s’attache à nous de tout son être, aussi incroyable que cela puisse paraître ! Dieu aime tellement le peuple d’Israël, figure de l’église, du peuple des croyants, qu’il ne peut supporter de laisser le fossé de notre culpabilité nous séparer de lui. Alors dans sa grâce, dans la folie de son amour, il envoie son fils unique, Dieu comme lui, devenir un homme comme nous, s’attacher à l’humanité pour toujours, Jésus, pour nous sauver. L’amour fou de Dieu pour l’humanité appelle en réponse un amour tout aussi entier, dans la foi.

Ainsi, le dernier verset résonne à nos oreilles : celui qui est sage comprendra ces choses. Il comprendra que Dieu n’attend qu’une main tendue pour nous saisir et nous relever, guérir et bénir, pardonner et sauver. Ceux qui se tournent vers Dieu se relèveront, ceux qui se détournent de lui ratent cette nouvelle chance, et ne peuvent avancer. Voilà un choix que Dieu nous appelle à faire, chaque jour : comment répondrons-nous à son amour ?

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