Partager, c’est multiplier !

image_pdfimage_print

 

https://soundcloud.com/eel-toulouse/partager-cest-multiplier

Lecture biblique : Luc 9.10-17

Peu de temps avant notre récit, Jésus avait envoyé ses douze apôtres, deux par deux, pour annoncer le Royaume de Dieu et guérir les malades. Jésus leur en a donné le pouvoir. De retour auprès de Jésus, ils ont plein de choses à raconter. Et ils sont peut-être aussi un peu fatigués… Du coup, Jésus les emmène à l’écart de la foule.

Mais impossible d’être tranquille et de souffler un peu… Jésus semble dépassé par son succès ! Les foules le suivent partout, elles ne sont pas rassasiées de son enseignement et de ses miracles. Et Jésus les accueille. Il leur parle du Royaume de Dieu et guérit les malades. Toujours disponible…

Et une fois de plus, les disciples vont avoir un petit peu de mal à suivre Jésus. Le dialogue qu’ils ont avec leur maître en témoigne. Les disciples voient Jésus accueillir et guérir ceux qui viennent à lui. Tout ça c’est bien joli mais il faut garder un peu les pieds sur terre. Et les disciples sont là pour ça ! Il commence à se faire tard, il faut penser aux besoins premiers des foules : il faut qu’ils trouvent un lieu pour se loger et se nourrir. Ils pourront toujours revenir demain… « Allez, Jésus, renvoie-les ! » Parler du Royaume de Dieu c’est bien, mais il y a aussi des besoins physiques qu’il faut combler. Il y a un temps pour tout…

Et là, Jésus répond : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Bon… les disciples ne se démontent pas, ils gardent toujours les pieds sur terre : ce n’est pas avec cinq pains et deux poissons qu’on va nourrir toute cette foule ! On va devoir aller acheter de la nourriture pour tout le monde ? On offre une tournée générale ? Et là, Judas, qui tenait la bourse, a dû un peu tiquer quand même !

En fait, pas du tout, Jésus a une autre solution. Il y a environ 5000 personnes ? Bon, on le fait asseoir par groupes d’une cinquantaine. Les disciples obéissent… pas sûr qu’ils comprennent vraiment où Jésus voulait en venir mais ils n’en sont pas à une surprise près avec leur maître ! Peut-être qu’il organise leur départ pour que ça se passe dans l’ordre, sans mouvement de foule excessif.

Et là Jésus prend les 5 pains et 2 poissons. Peut-être pour dire aux foules : « Vous voyez, on n’a que ça à manger, ça ne suffit pas. Il faut qu’on aille acheter de la nourriture pour tout le monde ! » Peut-être qu’il va même demander à ce que les foules participent financièrement ! On partage l’addition !

Mais non, il lève les yeux vers le ciel et prie. Une simple prière de bénédiction sur les pains et les poissons. Il y a tout juste assez pour le petit groupe des disciples. « On ne va quand même pas manger devant la foule qui nous regarde ? » Non, il faut les distribuer à la foule ! 5 pains et 2 poissons ! Pour 5000 personnes !!!

Et les disciples obéissent. Que peuvent-ils faire d’autre ? Mais avec ce qu’ils ont, le repas va être plus que frugal… Alors ils commencent à distribuer. Sans doute des toutes petites parts… et en sachant qu’il n’y en aura pas pour tout le monde ! Enfin, c’est ce qu’ils font au moins au début. Parce qu’à chaque fois qu’ils reviennent vers Jésus, il reste du pain et des poissons. Si bien qu’ils commencent à donner de plus grosses parts. Ceux qui avaient été servis en premier reçoivent sans doute une deuxième part, plus généreuse. Et finalement, tout le monde mange à sa faim. Incroyable. Les 5000 personnes ! Et il y a même 12 paniers de reste ! De quoi nourrir les disciples pour les prochains jours…

Alors que retenir de cet épisode ? C’est un miracle qui ne ressemble à aucun autre. Et qui est, à sa façon, comme tous les miracles des évangiles, un signe du Royaume de Dieu.
Un miracle qui invite au partage

Jésus aurait pu, en un clin d’oeil, multiplier les pains et les poissons. Il ne l’a pas fait. Dieu aurait pu faire que, immédiatement après la prière de Jésus, les paniers se remplissent de pains et de poissons. Il ne l’a pas fait non plus.

La multiplication se déroule alors que les disciples distribuent la nourriture. C’est en partageant que le miracle s’accomplit. Et il y a là un signe fort : le Royaume de Dieu, c’est le partage !

Le Royaume de Dieu, c’est Dieu qui s’est fait homme. Dieu qui est venu partager notre condition, Jésus-Christ qui a donné sa vie en partage et qui donne la vie éternelle à tous ceux qui croient.

Le Royaume de Dieu, c’est là où l’amour doit être partagé : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. » La première communauté de disciples l’avait compris, de façon très concrète : ils vendaient tous leurs bien pour les mettre en commun, ils les partageaient pour que personne ne manque de rien. (Actes 2.44-45) C’était un peu radical ? Peut-être… Mais plus tard, l’apôtre Paul organisera une collecte en faveur des chrétiens de Jérusalem, invitant clairement les églises au partage.

Comment recevons-nous, aujourd’hui, cette invitation au partage ? Quel partage vivons-nous dans l’église ? Quelle place le partage a-t-il dans notre vie ?

Il faut dire que le partage, c’est presque une valeur subversive dans notre société individualiste et matérialiste… Et pourtant, c’est une soif que nos contemporains ont ! Les grognes sociales d’aujourd’hui traduisent cette soif. Même s’il y a des excès dans les discours et les méthodes… Mais il y a un sentiment général que le gâteau n’est pas partagé par tout le monde. On vit quand même dans un monde où 1% de la population mondiale possède autant de richesse que les autres 99% ! En France, un grand patron gagne, en moyenne, 105 fois plus qu’un salarié de base.

Dans ce contexte, l’Évangile a quelque chose à apporter… s’il est authentiquement vécu par les chrétiens. Et s’il est difficile de faire changer en profondeur une société, notre récit de l’Évangile souligne que dans le Royaume de Dieu, très peu (5 pains et 2 poissons) peut devenir beaucoup (12 paniers de restes). Ne négligeons pas les petits commencements…

Et cela entre en échos avec plusieurs paraboles du Royaume, comme celle du grain de moutarde, si petit, qui pourtant donne naissance à une plante aussi grande qu’un arbre. Ou celle du levain, presque invisible, mais qui fait lever toute la pâte.

Croyons-nous à la puissance du Royaume de Dieu ? Croyons-nous à la nécessité, et l’urgence, de le partager ?

Le Royaume de Dieu, c’est le partage. Et dans le partage, ce qui est petit devient grand. Partager, ce n’est pas diviser, c’est multiplier !
Avant le miracle : une prière ordinaire

Avant que le miracle ne se produise, rien ne le laissait présager. Une simple prière le précède. Et quelle simplicité dans la prière de Jésus ! Il ne demande pas à Dieu de multiplier les pains et les poissons. Il aurait pu… Mais il prononce simplement une bénédiction, comme on le fait avant n’importe quel repas. C’est tout. Et le miracle a lieu…

L’extraordinaire surgit de l’ordinaire, à un moment et d’une façon auxquelles on ne s’attend pas. Il en est de même du Royaume de Dieu. Il s’incarne dans le quotidien, et il peut parfois, à notre surprise, transformer l’ordinaire en extraordinaire.

L’ordinaire de la foi mise en pratique. Dans la confiance. J’aime voir dans cette prière de Jésus l’expression de sa confiance dans son Père. « 5 pains et 2 poissons pour 5000 personnes ? Je te fais confiance ! ».

L’ordinaire du partage, de la solidarité, de l’amour. L’ordinaire de l’Évangile incarné dans notre quotidien. De cet ordinaire-là peut surgir l’extraordinaire du Royaume de Dieu, et de la rencontre avec le Christ vivant.
Après le miracle : les restes

Un autre élément intéressant dans ce récit est ce qui se passe après le miracle. Il y a des restes ! Le Seigneur aurait pu se contenter de pourvoir juste à ce qu’il fallait pour que tout le monde mange à sa faim. Ca aurait déjà été pas mal ! Mais non, il va au-delà. Parce que le Royaume de Dieu, c’est un Royaume d’abondance.

Plus de monde encore aurait pu être nourri, la foule aurait pu être plus grande, il y avait encore de la place pour d’autres. Il y a toujours de la place dans le Royaume de Dieu ! Les 12 paniers de reste sont une invitation à poursuivre le partage. Toujours.

Conclusion

Ce miracle de Jésus, comme tous les autres, n’est pas gratuit. Il ne l’accomplit pas pour épater la galerie mais pour poser un signe du Royaume de Dieu. Et ce miracle est une invitation au partage.

Le Royaume de Dieu est partage. Et nous sommes appelés à le vivre et à le transmettre. Est-ce que je suis convaincu que partager, c’est multiplier ? Multiplier les occasions d’aimer, multiplier les manifestations concrètes du Royaume de Dieu.

Alors quels sont les pains et les poissons que j’hésite encore à partager ? Comment pourrais-je demain laisser plus de place au partage qu’aujourd’hui ? Quel est le prochain pas que je suis appelé à faire ?

Une réflexion sur « Partager, c’est multiplier ! »

  1. Ce texte et sa méditation montre bien que ce que pense le monde : l’argent appelle l’argent, ou la richesse quelle qu’elle soit (philosophique, culturelle, historique, matérielle, etc…) appelle la richesse ; est faux et va à contre-sens des écritures.
    L’homme y croit et s’y adonne parce-qu’elle est palpable, réelle, tangible, démontrée par la science MAIS combien FACILE, TRES FACILE.
    Alors que la Parole, le message de la Bonne Nouvelle en Jésus Christ, Dieu fait homme ; Le Royaume de Dieu, le partage et l’abondance ne le sont pas.

    Croire en soi, jusqu’à l’égocentrisme, en SES capacités entraîne le désordre, la cupidité, le combat contre l’autre (humain) ; mais on le voit, on le sent et on le montre.

    La foi en Dieu, croire en Ses Promesses ne peuvent pas se démontrer ; mais SE VIVRE et cela se voit par le témoignage, les actes.

    Merci Père pour ce que Tu as accompli POUR CHACUN D’ENTRE NOUS.
    Amen.

Laisser un commentaire