L’ouverture sur l’extérieur

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Lecture biblique: Actes 1.3-8

Indice de Vitalité n°5

Nous sommes après la résurrection de Jésus, à la fin des 40 jours avec ses disciples. Jésus va partir, monter au ciel, c’est l’Ascension, mais avant cela il laisse aux disciples une parole forte : vous recevrez le Saint Esprit, promis par les prophètes de la part de Dieu – c’est la Pentecôte, qui se produira 10 jours plus tard. Avant de faire quoi que ce soit, les disciples doivent attendre l’Esprit puis, ils pourront aller de plus en plus loin, de Jérusalem à la Judée, à la Samarie, cette région voisine mal aimée des Juifs, et jusqu’au bout du monde, au plus loin dans le monde connu, et le livre des Actes va raconter comment les apôtres vont de Jérusalem, à la Judée, à la Samarie, aux régions voisines, jusqu’à attendre la capitale du monde méditerranéen, Rome. Le livre des Actes s’arrête avec le discours de Paul à Rome, montrant que cette dernière parole de Jésus s’est bien accomplie.

1)   L’Esprit, moteur pour suivre le Christ    

Ce qui est premier, dans ce que dit Jésus, c’est la venue de l’Esprit. Le Saint Esprit, troisième personne de la Trinité divine, est assez difficile à se représenter, parce qu’il n’a pas de « visage », comme le Fils incarné en Jésus ou même Dieu le Père que l’on se représente plus ou moins. Jésus parle d’une force, ou, dans d’autres traductions, d’une puissance. Je trouve que c’est parfois mal compris, comme un ensemble de pouvoirs – en fait, le terme original a donné « dynamique », « dynamo » en français, et je me dis que le Saint Esprit c’est, plus qu’un pouvoir qui nous serait ajouté, un moteur qui va nous mettre en route (diapo) – comme il a mis en route les disciples pour parcourir le monde jusqu’à la Rome.

L’Esprit, moteur pour suivre le Christ. Le Saint Esprit a plusieurs cordes à son arc, mais une de ses spécificités, c’est qu’il est Dieu en nous pour nous aider à suivre le Christ, à lui ressembler, à développer le caractère et les priorités de Dieu. C’est le fameux fruit de l’Esprit, dans la lettre aux Galates, l’Esprit produit en nous : amour, joie, paix, patience, bienveillance, etc. à l’image de Dieu (Ga 5.22-23). C’est lui qui nous fait adopter l’attitude que Jésus décrit dans les Béatitudes (Mt 5) : heureux les doux, ceux qui ont soif de justice, ceux qui œuvrent à la paix, etc.

Le Saint Esprit nous transforme de l’intérieur, non seulement dans notre caractère (à ne pas confondre avec la personnalité mais je ne vais pas rentrer dans ce sujet aujourd’hui), mais aussi dans nos priorités. Il nous met en route comme il a conduit Jésus à parcourir les chemins pour annoncer l’amour de Dieu, la bonne nouvelle du salut. Se mettre en route, c’est s’ouvrir, oser aller à la rencontre des autres, c’est s’intéresser à l’autre, s’adapter, servir, aimer, et c’est l’Esprit en nous qui nous pousse, comme un moteur qui nous met en route sur les pas du Christ.

2)   L’appel à élargir ses perspectives

De même que le Christ ne s’est pas soucié d’établir le royaume politique d’Israël dans un espace confiné mais s’est consacré à chercher le règne spirituel de Dieu, dans les cœurs, de même l’Esprit élargit nos perspectives. Il ne s’agit pas d’être ici, cloisonné, renfermé sur ma petite expérience, ou notre petite expérience, mais de prendre de la hauteur pour s’inscrire dans les projets de Dieu pour le monde, avec ses valeurs et ses priorités – et pour s’élever, s’ouvrir, nous avons bien besoin de ce souffle qui vient de Dieu.

                     Participer à l’œuvre de Dieu dans l’Eglise universelle

Adopter le point de vue de Dieu, c’est prendre conscience que le peuple de Dieu dépasse notre communauté, notre ville ou notre Union (diapo). Dieu est à l’œuvre dans le monde entier, Dieu appelle dans le monde entier, Dieu sauve de lointains inconnus qui deviennent nos frères et nos sœurs par leur foi en Jésus-Christ. Voir le monde comme Dieu le voit, c’est comprendre la solidarité de cette famille en Christ dans laquelle nous serons pour l’éternité. Ca implique plusieurs éléments : prier pour les chrétiens en détresse, notamment ceux qui sont persécutés pour leur foi, leur venir en aide autant que possible – et pour ça nous avons la chance d’avoir des associations qui facilitent cette solidarité, comme p. ex. Portes Ouvertes ou le SEL. Notre solidarité avec les chrétiens n’est pas une option : laisseriez-vous dans la détresse votre frère pris en otage ? Laisseriez-vous mourir de faim ou de désespoir votre nièce ? Les liens spirituels qui nous unissent aux autres chrétiens sont des liens éternels, qui nous engagent dès aujourd’hui.

Participer à l’œuvre spirituelle de Dieu, c’est aussi prendre à cœur l’annonce de l’Evangile dans le monde entier, soutenir l’œuvre des missions au près et au loin, avec le souci qui était celui du Christ que le plus grand nombre vive, que le plus grand nombre soit sauvé du mal et de la mort et découvre la bouleversante nouvelle de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. C’est soutenir les distributions de Bibles, les projets du SEL qui permettent à des enfants d’entendre parler de Dieu, etc. Le troisième critère Vitalité, c’était la détermination à annoncer l’Evangile : si on croit vraiment que, en Jésus, nous passons de la mort à la vie, alors comment pourrions-nous mettre des limites à cette annonce ? Bien sûr, il faut annoncer autour de nous ici, mais ailleurs aussi, pour que le plus grand nombre connaisse l’amour de Dieu.

                       S’engager pour le monde 

Adopter le point de vue de Dieu sur le monde, c’est non seulement prendre à cœur l’annonce de l’Evangile et la cause de l’Eglise, mais c’est aussi grandir dans la justice et la compassion (diapo). Une chose qui me frappe, dans les Evangiles, c’est que Jésus ne venait pas en aide seulement à ceux qui croyaient en lui : dans son immense amour, il a guéri, nourri, délivré des gens qui, finalement, l’ont abandonné, mais il l’a fait parce que son amour n’a pas de barrières, de murs. Ce n’était pas un échange : je te viens en aide si et seulement tu me suis – il s’est retrouvé seul à la Croix ! mais sans cesse il a donné, relevé, béni, ceux qui s’approchaient de lui. Le lien qui nous unit aux chrétiens du monde est un lien unique, mais qui ne nous dispense pas de nous engager pour ceux qui ne sont pas chrétiens. C’est aussi un témoignage – le témoignage d’un amour gratuit, qui s’offre comme le Christ s’est offert pour nous. Chaque être humain est image de Dieu, digne de notre respect, de notre compassion, de notre solidarité. Le Saint Esprit nous conduit à regarder chaque personne comme digne de la compassion de Dieu, et donc de la nôtre.

Il y a bien sûr ceux qui souffrent de pauvreté, les victimes de conflits, les réfugiés, les malades, les prisonniers, que les chrétiens ont de tout temps cherché à secourir, au nom de l’amour de leur Créateur. Mais j’aimerais évoquer un domaine d’engagement moins traditionnel : le climat. Vous savez peut-être qu’en décembre la France accueillera la prochaine conférence mondiale, donc c’est une question politique d’actualité. Mais le monde chrétien se mobilise aussi sur le climat : la Fédération Protestante de France, le pape avec son encyclique Laudato si, le Défi Michée sur la question du développement durable etc. La question des changements climatiques, et de notre responsabilité, n’est pas juste politique – en fait, derrière elle se cache une question de justice humaine, puisque les dégâts des changements climatiques pèsent sur les épaules des plus fragiles de notre Terre et entraînent p. ex. des sécheresses, des famines, des migrations… Nous en reparlerons en novembre avec un culte spécial, mais c’est juste pour dire que notre ouverture au monde au nom de la justice et de la compassion de Dieu nous entraîne sur des chemins de solidarité bien connus et sur d’autres que nous n’aurions pas imaginé mais dont l’importance est réelle.

3)   Enracinés ici et tournés vers l’extérieur : un équilibre à découvrir

L’Esprit de Dieu ouvre nos perspectives à 360° et nous envoie sur les chemins de l’amour et de la justice de Dieu, à tous les niveaux.

C’est beau, mais c’est très perturbant (diapo), parce que cette ouverture maximale, qui est celle de Dieu, nous dépasse, nous écartèle presque, et on a tendance à soit se lancer dans le grand large, avec le risque de l’activisme, soit à se reculer, à resserrer les barrières, parce que c’est trop, et parce que le quotidien nous presse. Evidemment, le nouveau cartable du fils qui rentre en CP paraît dérisoire devant cet enfant qui meurt de faim au Burkina ; cela étant, il faut bien un nouveau cartable. C’est vrai dans notre vie personnelle mais aussi dans notre vie d’église : si quelque chose ne va pas chez nous, même si ce n’est pas vital, il faut bien le régler – non seulement parce que notre négligence n’améliorera pas le sort des autres, mais en plus parce que ce que nous vivons ici est important aussi.

Comment s’ouvrir aux perspectives de Dieu en étant réaliste et sage ? Comment répondre aux exigences d’ici sans perdre de vue les exigences de là-bas ? Nos détails, si dérisoires sont-ils, sont devant nos yeux, urgents, pressants, et apparemment incontournables. Le mouvement que l’Esprit opère en nous, c’est de gérer ces détails comme des détails, en comprenant que l’essentiel est ailleurs. C’est choisir le cartable en gardant en tête l’enfant qui meurt de faim – ça influencera les critères de choix, le temps passé à choisir, le budget. Vivre pleinement ici en intégrant au maximum les projets de Dieu. C’est renoncer au dernier téléphone à la mode pour soutenir un projet de solidarité ou d’évangélisation. Au niveau de la communauté, revenir sans cesse aux priorités de Dieu doit aussi nous conduire à remettre les choses à leur juste place, à rechercher la sobriété – ce qui n’exclue pas la qualité ! –, parce que Dieu inscrit dans nos priorités le souci des autres, le souci des frères et sœurs chrétiens qui se battent ailleurs, le souci des hommes et des femmes porteurs de l’image de Dieu que l’on méprise, que l’on bafoue, que l’on torture. Même en restant à Toulouse, Dieu nous ouvre sur ses projets à lui.

Par rapport aux autres critères, puisque ce critère fait partie d’un ensemble qui dessine les bases de la vie chrétienne, vous voyez le lien avec la Parole de Dieu au centre et l’œuvre du Saint Esprit qui transforme nos vies ! Si nous connaissons mieux Dieu, nous connaîtrons mieux ses projets ! Si nous nous laissons transformer par son Esprit, et adoptons son caractère, ses valeurs, nous adopterons aussi ses priorités ! Si nous nous attachons à méditer par exemple la générosité du Christ qui a laissé de côté ses privilèges divins pour aller jusqu’à mourir en notre faveur, et que nous prions Dieu de nous rendre semblables par l’œuvre de l’Esprit en nous, alors nous aussi nous deviendrons peu à peu plus généreux ! Notre engagement commence ici, dans les cultes, les groupes de partage, les temps de prière, seuls et en groupes, il commence lorsque nous invitons Dieu à nous guider par le Christ et à nous propulser par l’Esprit – et ce que nous demandons à Dieu, la sagesse, la consécration, l’amour de ce qu’il aime, la justice, la compassion, il nous le donnera ! Pourquoi ne le ferait-il pas ? Approchons-nous de Dieu, ouvrons-nous à sa Parole, à son Esprit, laissons-nous conduire, entraîner, bouleverser, sur ces chemins où le Christ nous envoie et nous précède !

Prière :

Notre père qui es aux cieux, merci d’avoir créé ce monde et de l’aimer, avec ceux qui y demeurent. Quel monde merveilleux, étonnant, avec sa diversité de peuples, de cultures, de langues, qui chacun à sa manière portent ton image et reflètent ta gloire. Merci car le christ est mort sur la croix pour que la vie éternelle soit accessible à tous.

Nous voulons confesser que trop souvent, notre vision est limitée et que nous nous concentrons sur nous-mêmes, pensant que le monde tourne autour de nous. Viens élargir notre regard pour voir le monde avec tes yeux, permets-nous de commencer à percevoir tes projets pour les peuples. Aide-nous à entendre à nouveau la puissance de ta parole, source de vie pour nous et pour les autres. Apprends-nous à prier et à pleurer pour ce monde, comme Jésus a pleuré pour Jérusalem.

Envoie-nous hors de nos zones de confort et donne-nous la force et le courage de te servir dans le monde. Donne-nous l’ardent désir de prier pour ce monde, pour les autres, pour les gouvernements. Fais de nous une communauté qui s’ouvre, qui envoie, qui soutient tes serviteurs. Donne-nous aussi les ressources dont nous avons besoin pour te suivre, ressources spirituelles et matérielles.

Donne-nous la sagesse, la foi, l’espérance, pour discerner tes projets et les soutenir, pour aller dans le monde en témoins du Christ. Parce que tu es le Dieu qui vit et qui fait vivre, parce que tu nous as tout donné en Jésus-Christ et que nous voulons te répondre en nous donnant à toi : fais tomber nos murs, nos œillères, nos barrières, et transforme-nous par ton Esprit. Amen

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