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Le Retour du Roi

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Nous arrivons ce matin au dernier volet d’une trilogie de prédications inspirée d’une trilogie… celle du Seigneur des Anneaux. Tolkien, l’auteur des romans, était croyant et sa foi transparaît de différentes manières dans son oeuvre.

Pour ceux qui n’auraient pas lu les livres ni vu les films, sachez seulement que l’intrigue du Seigneur des Anneaux se déroule dans un monde imaginaire, la Terre du Milieu, où de nombreuses créatures coexistent avec les humains, notamment les hobbits, un peuple pacifique. L’un d’eux, Frodon, hérite par son oncle d’un anneau magique qui est en réalité un instrument de pouvoir absolu convoité par Sauron, le Seigneur maléfique. La seule solution pour que ce dernier ne s’en empare pas est d’amener l’anneau là où il a été forgé pour le détruire. Mais cela implique de se rendre au coeur du Mordor, là où Sauron réside.

Le premier volet, La Communauté de l’Anneau, évoque la constitution de la communauté chargée de cette mission, une communauté qui va devoir apprendre à vivre ensemble et surmonter ses inimitiés ancestrales. Nous avions fait ici le parallèle avec ce que nous sommes appelés à vivre en tant qu’Église, nous-mêmes une communauté diverse qui doit apprendre à vivre ensemble pour accomplir la mission qui nous est confiée.

Le deuxième volet, Les Deux Tours, fait référence à l’alliance des deux tours du Mordor et d’Isengard, celle de Sauron et celle de Saroumane, le mage qui s’est laissé séduire par Sauron et s’est mis à son service. Ils représentent le mal absolu, en quête de pouvoir absolu. Et la communauté de l’Anneau dispersée devra y faire face et résister à leurs assauts. Nous avions alors fait le parallèle avec le combat que chacun est amené à vivre face au mal, pour tenir ferme dans la foi.

Le troisième volet s’intitule Le Retour du Roi. C’est le dénouement épique de la trilogie, alors que tout semble ne plus tenir qu’à un fil. Sauron lance toutes ses troupes dans la bataille et Frodon tente d’atteindre secrètement la montagne du Destin pour y détruire l’anneau. Le roi dont il est question, c’est celui du Gondor, qui doit régner sur un royaume unifié, et dont le retour est annoncé par des prophéties. Mais la menace de Sauron est de plus en plus pressante. Beaucoup ont perdu tout espoir, mais d’autres continuent la lutte, même si l’issue fatale peut sembler inéluctable… Tant que Frodon est en vie, il y a de l’espoir.

Vous percevez sans doute la couleur biblique que peuvent avoir ces éléments du Seigneur des Anneaux, nous qui attendons aussi le retour du Roi… ou plus précisément, comme le nomme l’Apocalypse, le retour du Roi des rois ! Il y a d’ailleurs plusieurs personnages de la trilogie qui ont, pour différentes raisons, une dimension christique : au moins Frodon, Aragorn et Gandalf…

Le troisième volet de la trilogie du Seigneur des Anneaux nous permet donc d’évoquer notre espérance. Et pour cela, je vous propose de lire deux courts textes bibliques, tirés du Nouveau Testament :

Romains 8.24-25
24 Car nous avons été sauvés, mais en espérance seulement. Si l’on voit ce que l’on espère, ce n’est plus de l’espérance : qui donc espérerait encore ce qu’il voit ? 25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.

Hébreux 11.1
Mettre sa foi en Dieu, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce que l’on ne voit pas.

Fondamentalement, l’espérance est indissociable de la foi. L’une comme l’autre “voient l’invisible”. On pourrait dire que la foi voit ce qui est invisible, et l’espérance voit ce qu’on ne voit pas encore.

  • Dieu, on ne le voit pas. Par définition, Dieu est invisible à nos yeux et il nous faut “les yeux de la foi” pour le voir agir dans notre vie, pour discerner sa présence à nos côtés dans les circonstances de notre quotidien.
  • Et l’espérance attend la réalisation des promesses de Dieu qui, par définition, ne sont pas encore accomplies.

La foi et l’espérance se manifestent toutes deux dans la confiance. Notre foi aujourd’hui nourrit et affermit notre espérance pour demain. Toutes deux sont fondées sur les promesses de Dieu.
“Nous avons été sauvés, mais en espérance seulement.”
“Mettre sa foi en Dieu, c’est être sûr de ce que l’on espère”

Soulignons enfin que la clé de notre foi et de notre espérance se trouve en Jésus-Christ :

  • En lui, Dieu est devenu homme et il s’est rendu visible à nos yeux.
  • Par sa résurrection et son ascension, nous attendons ce que nous ne voyons pas encore : son retour et notre propre résurrection.

Quelles leçons tirer pour nous de cette espérance ?

 

Garder espoir… toujours !

Nous pourrions résumer en deux mots l’impact de notre espérance sur nous: garder espoir !

On pourrait dire la même chose pour les héros du Seigneur des Anneaux, ils gardent l’espoir, jusqu’au bout. Au fil de l’histoire, l’horizon s’assombrit de plus en plus, la puissance de Sauron semble devoir l’emporter… Certains se sont découragé, d’autres se sont impatienté. Mais Frodon et ses compagnons font preuve de courage, de persévérance…. en un mot : d’espérance !

Et c’est une espérance qui peut même paraître une folie aux yeux de certains. Comment un simple hobbit, ce semi-homme, pourrait-il échapper à la vigilance de l’oeil de Sauron et parvenir au coeur de son repère pour jeter l’anneau dans le cratère du mont du Destin ?

L’espérance chrétienne aussi peut apparaître comme une folie aux yeux de certains… particulièrement peut-être lorsque le monde traverse un temps d’inquiétude généralisé, où l’avenir semble plus qu’incertain, comme c’est le cas aujourd’hui. Comment croire que Dieu reste maître de l’histoire, que son Royaume avance et que ses promesses de résurrection et de vie vaincront ? Comment croire que Dieu prendra soin de nous quand on est au coeur de l’épreuve ? Je crois que les plus belles démonstrations de foi et d’espérance ne sont pas forcément chez ceux qui triomphent de tous les obstacles mais bien souvent chez ceux qui font preuve de confiance et d’espoir, même au coeur de l’épreuve.

 

Attendre… en agissant !

Espérer, c’est s’attendre à Dieu, c’est attendre l’accomplissement de ses promesses. Mais cette attente n’est pas passive. Il s’agit d’attendre… en agissant.

C’est une mauvaise compréhension de l’espérance qui peut rendre les croyants résignés et passifs. Nous sommes, certes, dans l’attente de l’accomplissement des promesses de Dieu. Mais cette attente est active. La véritable espérance motive à l’action, parce que Dieu nous associe à l’oeuvre de son Royaume.

Dans le Seigneur des Anneaux, lorsque les différents compagnons sont dispersés, avec comme seul espoir que Frodon atteigne le mont du Destin pour détruire l’anneau, ils ne sont pas restés inactifs mais se sont battus. Et ce qu’ils faisaient était utile, d’une manière ou d’une autre, pour aider Frodon dans sa mission.

Quand les disciples assistent à l’ascension de Jésus, le livre des Actes nous dit qu’ils restent les yeux rivés vers le ciel. Des anges se montrent alors à eux et leur disent que Jésus va bien revenir comme il est parti mais qu’en attendant ils avaient du boulot : Jésus les avait envoyé comme témoins, jusqu’aux extrémités de la terre !

Il y a deux ennemis de l’espérance : le résignation et la nostalgie. Les deux nous rendent inactifs. Les deux nous mettent en retrait du monde. Les deux nous font abandonner notre mission de témoin du Christ vivant.

Si vous êtes résignés, sur vous-mêmes, sur les autres, sur le monde… Relisez les Béatitudes ! Elles nous invitent, certes parfois dans les pleurs et l’adversité, à avoir faim et soif de justice, à être plein de bonté, à être artisans de paix… C’est l’antidote de la résignation !

Quant à la nostalgie, c’est une espérance inversée. L’espérance chrétienne nous fait regarder avec confiance et espoir vers l’avenir, et pas avec nostalgie vers le passé. Le “c’était mieux avant” ne peut pas faire partie du discours du croyant… Notre espérance nous dit même que ça sera mieux demain, même si aujourd’hui c’est difficile. Car demain les promesses de Dieu s’accompliront.

 

Conclusion

Arrivé au terme de notre trilogie, le Seigneur des Anneaux nous a permis d’évoquer trois thématiques bibliques centrales pour le chrétien : la communauté, le résistance face au mal et l’espérance.

A vrai dire, les trois sont liées. En communauté, nous sommes plus forts pour résister au mal et nous nous encourageons dans notre espérance commune. Par ailleurs, notre espérance, c’est la victoire finale sur le mal, celle de la vie sur la mort. Et cette espérance, nous ne la gardons pas jalousement, comme si elle nous appartenait. Nous voulons la partager avec tous, parce qu’elle s’offre à tous.

Or, partager cette espérance, c’est partager le Christ. Car tout est centré sur lui :

  • Ce qui nous constitue en tant que communauté, c’est notre appartenance au Christ.
  • C’est au nom du Christ vivant que nous résistons au mal, comme lui a été tenté en tout sans jamais succomber à la tentation.
  • Enfin, notre espérance prend sa source dans la mort et la résurrection du Christ.

C’est lui, le Christ vivant, que nous voulons suivre et dont nous voulons être témoin !

Les Deux Tours

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Nous avons commencé dimanche dernier une trilogie de prédications inspirée d’une trilogie… celle du Seigneur des Anneaux.

Pour ceux qui n’auraient pas lu les livres ni vu les films, voici en quelques mots ce que vous devez savoir. L’intrigue du Seigneur des Anneaux se déroule dans un monde imaginaire, la Terre du Milieu, où de nombreuses créatures coexistent avec les humains, notamment les hobbits, un peuple pacifique appelé aussi semi-hommes. L’un d’eux, Frodon, hérite par son oncle d’un anneau magique qui est en réalité un instrument de pouvoir absolu convoité par Sauron, le Seigneur maléfique. La seule solution pour que ce dernier ne s’en empare pas est d’amener l’anneau là où il a été forgé pour le détruire. Mais cela implique de se rendre au coeur du Mordor, là où réside le terrible Sauron.

Dimanche dernier, nous avons évoqué le premier volet de la trilogie, La Communauté de l’Anneau, qui relate la constitution du groupe qui aura la mission de détruire l’anneau, une communauté diverse, qui va devoir apprendre à vivre ensemble et surmonter ses a prioris et même ses inimitiés ancestrales.

Nous avons fait le parallèle avec ce que nous vivons en tant qu’Eglise, nous-mêmes unis dans un même défi à relever, celui de vivre la communauté, avec une mission partagée : être témoin du Christ vivant, que nous soyons rassemblés ou dispersés sur nos lieux de vie.

Au début du deuxième volet de la trilogie, la Communauté de l’Anneau se retrouve séparée en plusieurs groupes. Mais l’anneau est toujours en possession de Frodon, tout est donc encore possible.

Ce deuxième volet s’intitule Les Deux Tours, en référence à l’alliance des deux tours du Mordor et d’Isengard. La tour du Mordor, c’est celle de Sauron, au sommet de laquelle son oeil scrute la Terre du Milieu à la recherche de l’anneau. La tour d’Isengard, c’est celle de Saroumane, le mage qui s’est laissé séduire par Sauron et s’est mis à son service. Ils représentent le mal absolu, en quête de pouvoir absolu. Et la communauté de l’Anneau dispersée devra y faire face et résister à leurs assauts.

Les Deux Tours, c’est la révélation des véritables ennemis. Et aussi la découverte de nouveaux ennemis… et de nouveaux amis. Les uns et les autres n’étant pas forcément ceux qu’on pourrait croire au premier abord.

Au coeur de la trilogie du Seigneur des Anneaux, il y a bien la question de la résistance face au mal. Il y a un ennemi, évident ou sournois, qui cherche à parvenir à ses fins par tous les moyens. Un ennemi face auquel il convient de rester vigilant et de résister si on veut en être vainqueur.

La résistance face au mal est bien aussi une thématique centrale dans la Bible. Le Nouveau Testament compare souvent la vie chrétienne à une lutte, un combat, qui implique parfois des souffrances, avec des victoires et des défaites. Ce combat nécessite également de bien identifier notre ennemi. Nous pouvons penser, par exemple, à cette exhortation de la première épître de Pierre, écrite dans un contexte de persécution pour les premiers chrétiens :

1 Pierre 5.8-11
8 Soyez lucides, veillez ! Car votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu’un à dévorer. 9 Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi. Rappelez-vous que vos frères et vos sœurs, dans le monde entier, endurent les mêmes souffrances. 10 Vous aurez à souffrir encore un peu de temps. Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l’union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. 11 À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.

Ici, ce n’est pas l’oeil de Sauron qui scrute mais un lion rugissant qui rôde… L’image est différente, mais le danger est similaire. J’aimerais relever dans ce texte trois éléments en lien avec notre lutte face au mal, et le Seigneur des Anneaux nous servira encore de référence et d’illustration.

Identifier l’ennemi

Il s’agit d’abord de bien identifier notre ennemi : “votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant.” Parfois, il est clairement identifié. Et là, aucune compromission n’est acceptable, au risque de se perdre. Dans le Seigneur des Anneaux, l’ennemi a le visage de Sauron et sa quête de pouvoir absolu, sa volonté de domination et de soumission.

Le diable a revêtu de nombreux visages de ce type au cours de l’histoire, jusqu’à aujourd’hui. Il a les traits des tyrans, l’apparence des régimes totalitaires de l’histoire des hommes, il se cache derrières des systèmes, parfois globalisés, qui exploitent, dominent, manipulent, corrompent… Il faut être vigilant car la bête renaît souvent, elle peut se cacher derrières des discours de respectabilité, elle sait manipuler les peurs, les colères, et flatter les bas instincts.

Dans le Seigneur des Anneaux, si Sauron incarne le mal absolu, et Saroumane celui qui est complètement corrompu et séduit par le mal, les autres ennemis sont plus sournois, et la frontière entre le bien et le mal est moins évidente…

A cet égard, un personnage de la trilogie est particulièrement intéressant, il s’agit de Gollum. Il a possédé un temps l’anneau, il y a de nombreuses années. Et puis l’anneau s’est trouvé un autre propriétaire en la personne de Bilbon, l’oncle de Frodon. Maintenant que l’anneau réapparaît, il rêve de le récupérer.

Bien des années auparavant, Bilbon aurait pu tuer Gollum mais il a eu pitié de lui. Frodon le regrette… et Gandalf lui dit alors :

“Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort, et les morts qui mériteraient la vie. Pouvez-vous la leur rendre Frodon ? Alors ne soyez pas trop prompt à dispenser morts et jugements. Même les grands sages ne peuvent connaître toutes les fins. Mon coeur me dit que Gollum a encore un rôle à jouer, en bien ou en mal, avant que cette histoire se termine. De la pitié de Bilbon peu dépendre le sort de beaucoup.”

Il y a une sagesse assez biblique dans ces paroles de Gandalf. La non compromission avec le mal n’exclut pas la pitié et la compassion pour ceux qui ont succombé ou été séduit par le mal. Le personnage de Gollum est double, tiraillé. Il interroge les frontières du bien et du mal, y compris dans notre propre coeur.

L’ennemi ne nous est pas seulement externe, il nous est aussi intime et personnel. On le trouve même en chacun de nous.

Rester vigilant

Si on revient à la première épître de Pierre, notre texte contient une première exhortation : “Soyez lucides, veillez !”

J’aime bien la traduction de la Bible Nouvelle Français Courant : “Soyez lucides, veillez !” Le terme grec utilisé est habituellement traduit par sobre, en faisant référence au fait de ne pas boire pour ne pas avoir l’esprit embrouillé par l’alcool. L’idée est donc de garder la tête sur les épaules, de ne pas baisser la garde, bref, de rester vigilants.

Cette exhortation à être lucide dans notre lutte face au mal me paraît particulièrement appropriée car on peut facilement se nourrir de fantasmes et d’illusions. Il s’agit d’éviter deux excès : soit de voir le diable partout, soit d’oublier la réalité de l’ennemi. Car il est aussi peu lucide de vouloir tout spiritualiser que de vouloir tout rationaliser.

Certains voient des influences démoniaques et des enjeux spirituels partout et toujours, dans la moindre difficulté, la moindre contrariété rencontrée… c’est une attaque spirituelle ! Et on s’engage dans une véritable chasse aux sorcières irrationnelle. D’autres, à l’inverse, pensent que rien n’est spirituel, que tout est matériel ou psychologique, purement rationnel… se donnant l’illusion de tout pouvoir maîtriser, toujours.

Rester vigilant, c’est rester lucide, pour ne tomber ni dans un excès ni dans l’autre.

Résister

L’autre exhortation de notre texte appelle à la résistance : “Résistez-lui en demeurant fermes dans la foi.”

Je ne suis pas à l’aise avec certains discours guerriers, conquérants, utilisé parfois parmi les chrétiens. Notre appel n’est pas partir en guerre mais de résister et de tenir ferme. Quand Jésus envoie ses disciples en mission, il les envoie “comme des brebis au milieu des loups” (Matthieu 10.16)… pas comme des chasseurs armés jusqu’aux dents !

C’est en demeurant fermes dans la foi que nous résistons à l’ennemi ! La foi étant cette confiance placée en Dieu, en toutes circonstances, favorables ou non.

La foi aussi est une des thématiques du Seigneur des Anneaux. Elle prend la forme de l’audace et du courage, de l’abnégation, de la loyauté et la fidélité, de l’espoir jusqu’au bout. Elle est présente chez Frodon et d’autres personnages, mais peut-être plus encore chez Sam, le plus fidèle ami de Frodon. Sam n’est pas dans l’esbroufe, il n’a rien d’un va-t-en-guerre ! Il aspire à une vie simple et paisible… mais il est loyal et sait se montrer redoutable et déterminé quand il le faut.

Ce sont des qualités qu’on retrouve dans la foi : la fidélité, la simplicité, la détermination… S’y tenir ferme est loin d’être évident. C’est une lutte de tous les instants. C’est là notre véritable combat spirituel.

Conclusion

Comme souvent dans une trilogie, le volet central est celui de tous les dangers. La possibilité d’un accomplissement de la quête ne tient plus qu’à un fil. A la fin des Deux Tours, nous sommes dans l’expectative.

Nos luttes et nos combats, publics ou intimes, nous placent aussi parfois dans une telle expectative. Nous pouvons avoir l’impression parfois que notre vie ne tient plus qu’à un fil…

Mais ne perdons pas courage. Gardons le cap. Souvenons-nous de ces trois points : identifier l’ennemi, rester vigilant et résister. Nous ne sommes pas seuls. D’autres souffrent et luttent, comme nous. Et surtout, nous sommes au bénéfice d’un appel de grâce de la part de Dieu, en Jésus-Christ, mort et ressuscité. C’est bien ce que proclame avec force la fin de notre texte de l’épître de Pierre :

“Vous aurez à souffrir encore un peu de temps. Mais Dieu, source de toute grâce, vous a appelés à participer à sa gloire éternelle dans l’union avec Jésus Christ ; lui-même vous perfectionnera, vous affermira, vous fortifiera et vous établira sur de solides fondations. À lui soit la puissance pour toujours ! Amen.” (1 Pierre 5.10-11)

La Communauté de l’Anneau

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Je vous propose de commencer ce matin une série de trois prédications. Une trilogie ! Eh oui, il y en a des célèbres dans le cinéma, d’autres en littérature… alors pourquoi pas en prédication ? Et pourquoi pas une trilogie de prédications qui s’inspire d’une trilogie ?

Je pense à l’une des plus célèbres d’entre elles, que plusieurs d’entre vous connaissent, soit par les films soit par les livres dont ils sont inspirés (ou les deux !). Les films ont été une entreprise monumentale, sans doute la plus chère de l’histoire du cinéma, et ont récolté 17 Oscars. Et depuis leur première publication en 1954, les romans ont été traduits dans plus de 20 langues et vendus à 150 millions d’exemplaires !

Je vous propose de commencer aujourd’hui une trilogie de prédications inspirée de la trilogie du Seigneur des Anneaux !

Je vous rassure, si vous n’avez ni lu les livres ni vu les films, vous pourrez suivre sans problème. Je ne vais ni raconter toute l’histoire (ce serait beaucoup trop long) ni l’analyser en détail. Je vous propose simplement d’utiliser le Seigneur des Anneaux comme une toile de fond, une référence globale, une illustration de certains principes bibliques. Car, au cas où vous ne le sauriez pas, Tolkien, l’auteur des romans, était un grand ami de CS Lewis (auteur des Chroniques de Narnia), et il était aussi un fervent croyant. Et même si ses romans ne sont pas des ouvrages explicitement spirituels, sa foi transparaît de manière évidente dans plusieurs aspects de son oeuvre.

En quelques mots, pour vous rafraîchir la mémoire ou vous donner les repères nécessaires, l’intrigue du Seigneur des Anneaux se déroule dans un monde imaginaire, la Terre du Milieu, où coexistent des humains, des elfes, des nains et d’autres créatures, notamment les hobbits, un peuple pacifique appelé aussi semi-hommes. L’un d’eux, Frodon, hérite par son oncle d’un anneau magique. Or il se trouve que cet anneau est un instrument de pouvoir absolu convoité par Sauron, le Seigneur maléfique. Si ce dernier s’en empare, il régnera alors sur le monde et réduira en esclavage toute la Terre du Milieu. La seule solution est d’amener l’anneau là où il a été forgé pour le détruire. Mais cela implique de se rendre au coeur du Mordor, là où réside le terrible Sauron.

Le premier volet de la trilogie s’intitule La Communauté de l’Anneau. On y assiste à la constitution de la communauté qui va avoir pour mission de détruire l’anneau, ses premières aventures et épreuves. C’est une communauté diverse, constituée de 4 hobbits, un elfe, un nain, deux humains et un magicien. La plupart ne se connaissent pas vraiment, ils ont même souvent des a prioris et même des inimitiés ancestrales les uns envers les autres. Mais ils vont devoir apprendre à vivre ensemble, unis dans une même quête.

Un des thèmes centraux du Seigneur des Anneaux, c’est celui de la communauté, avec l’idée que nous sommes toujours plus forts en communauté, et que nous avons besoin les uns des autres. Nous ne pouvons pas accomplir seul notre mission. L’amitié, la solidarité, l’altruisme sont des armes puissantes contre la quête de pouvoir absolu, l’oppression et le totalitarisme.

Or la notion de communauté est aussi centrale dans la Bible. Qu’il s’agisse de la communauté du peuple d’Israël dans l’Ancien Testament, ou de celle de l’Eglise dans le Nouveau Testament. Pour cette dernière, on peut bien-sûr penser aux portraits de la première Église dans le livre des Actes des apôtres, ou aux métaphores utilisées par l’apôtre Paul pour décrire l’Église, en particulier celle du corps où chaque membre est solidaire des autres, avec son utilité propre.

Mais je vous propose plutôt de lire une exhortation de l’épître aux Hébreux, qui est un vibrant appel à vivre la communauté :

Hébreux 10.24-25
24 Veillons les uns sur les autres pour nous inciter à mieux aimer et à agir en tout avec bonté. 25 N’abandonnons pas nos assemblées, comme certains ont pris l’habitude de le faire. Au contraire, encourageons-nous les uns les autres, et cela d’autant plus que vous voyez approcher le jour du Seigneur.

Il est intéressant de noter que juste avant ces versets, l’auteur de l’épître aux Hébreux encourage ses lecteurs à s’approcher de Dieu en toute confiance, grâce au chemin ouvert pour nous par le Christ, à travers sa mort et sa résurrection. Et c’est dans le même élan qu’il les invite à vivre la communauté, en veillant les uns sur les autres, en s’encourageant mutuellement, et en résistant à la tentation d’abandonner l’assemblée. La foi n’est pas qu’une affaire privée et individuelle. Elle nous engage devant Dieu, certes. Mais elle nous engage aussi devant et avec les autres. Elle nous incorpore à une communauté.

Ne pas abandonner la communauté

Arrêtons-nous d’abord sur la mise en garde que contient notre texte : “N’abandonnons pas nos assemblées, comme certains ont pris l’habitude de le faire.” Rien de nouveau sous le soleil, comme dirait l’Ecclésiaste… Il semble bien que déjà dans les premiers temps de l’Église, on entendait dire : “Ca ne me plaît plus, je vais voir ailleurs.” Ou : “Celui-ci ou celle-là, je ne la supporte plus, je m’en vais.”

Je ne dis pas qu’il faut toujours rester, coûte que coûte, dans une Église… Mais il est légitime de se demander s’il ne nous arrive pas de placer nos aspirations et nos intérêts personnels avant le souci de la communauté. Autrement dit, si nos motivations ne sont pas tout bonnement égoïstes. Finalement, on peut dire qu’on “abandonne l’assemblée” non pas seulement quand on la quitte, mais quand on fait passer son intérêt propre avant le bien de la communauté…

Dans le Seigneur des Anneaux, plusieurs vont être tentés de s’emparer de l’anneau, au sein de la communauté ou autour d’elle. Parfois, ils tenteront de le justifier avec de belles paroles, en prétendant que c’est avec des motivations nobles, pour faire le bien et apporter la paix… avant de se rendre compte, parfois trop tard, que c’est une illusion de le croire. Et que les motifs sont, finalement, bien personnels. Accepter de détruire l’anneau, c’est refuser toute tentation du pouvoir absolu, même “au nom du bien”.

Le modèle, dans l’Eglise, n’est pas celui du pouvoir et de la domination, c’est celui du service. N’oublions jamais que Jésus-Christ, le chef de l’Eglise, est celui qui a renoncé à lui-même, acceptant jusqu’à la mort sur la croix, pour le salut de l’humanité ! Or, de tout temps, se sont manifestés dans l’Églises des mécanismes de domination, de manipulation, de jugement… Il faut les condamner et les combattre !

 

Veiller les uns sur les autres et s’encourager mutuellement

Arrêtons-nous ensuite sur la double exhortation de notre texte : veiller les uns sur les autres pour nous inciter à mieux aimer, et s’encourager les uns les autres.

Attention : veiller les uns sur les autres, ce n’est pas se surveiller mutuellement… On surveille quelqu’un dont on se méfie, on veille sur quelqu’un qu’on aime. Et justement, le but, c’est d’aimer mieux. D’aider l’autre à progresser, à grandir spirituellement. Le but, c’est de s’encourager, pas de se juger. L’Eglise est appelée à être un lieu de bienveillance et d’encouragement. Voilà deux vertus dont nous avons tant besoin aujourd’hui, et qui se manifestent dans une communauté qui vit dans la confiance et la paix.

On a besoin les uns des autres pour accomplir, ensemble, l’appel que nous partageons. Dans le Seigneur des Anneaux, même lorsque la communauté sera dispersée, ce qui arrive avant la fin du premier volet de la trilogie, chacun aura son rôle à jouer et aidera ainsi à l’accomplissement de la mission. La solidarité de la communauté se poursuit, même lorsqu’elle est dispersée.

On peut dire, d’une certaine manière, que c’est encore une autre façon d’abandonner l’assemblée que de ne se sentir concerné par elle que le dimanche matin. Or, nous ne sommes pas une Église que lorsque nous sommes réunis pour le culte. Nous le sommes chaque jour, lorsque nous accomplissons, réunis ou dispersés, l’appel que nous partageons. C’est tous les jours que nous sommes appelés à aimer et à agir avec bonté.

On vit l’Eglise au quotidien quand on cultive notre appartenance commune, dans la solidarité, la fraternité, la prière les uns pour les autres… et cela bien-sûr au-delà même des limites de l’Eglise locale. C’est cela qui nous encourage et qui nous fait progresser spirituellement !

 

La communauté… de l’Agneau

Pour conclure, revenons à notre comparaison avec le Seigneur des Anneaux. En tant qu’Eglise, nous formons ensemble une communauté, unie dans une mission partagée. Il ne s’agit pas pour nous de détruire un anneau mais d’être témoin, en paroles et en actes, de Jésus-Christ mort et ressuscité.

Bref, nous ne sommes pas la communauté de l’anneau mais la communauté… de l’Agneau (un titre attribué au Christ et qui fait référence à sa mort en sacrifice) !

Nous ne devons pas oublier que nous avons une mission à accomplir, définie par le Christ. La raison d’être d’une Eglise, ce n’est pas seulement d’être un lieu de fraternité, de communion, de ressourcement… C’est bel et bien de répondre à l’appel que le Christ nous adresse.

Ce que nous vivons, notre façon de vivre l’Eglise, nos activités, notre projet… est-ce que tout cela contribue à l’accomplissement de la mission du Christ ? C’est la seule véritable question à se poser en tant qu’Église.

Et pour chacun, à notre niveau, nous pouvons nous demander : quel rôle, aussi modeste soit-il, ai-je, moi, à jouer pour contribuer à cette mission ?

Je vous laisse avec ces deux questions… en attendant le prochain volet de notre trilogie.

Rafraîchis… et rafraîchissants! (Dieu, source de notre vitalité 4/4)

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Pour terminer ma série de prédications estivales autour de l’eau comme signe de la vitalité de Dieu dans notre vie, j’aimerais reprendre avec vous cette parole de Jésus qui invite ceux qui ont soif à venir à lui pour boire.

Lecture biblique : Jean 7.37-39 (traduction Nouvelle Bible Segond)

37 Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! 

38 Celui qui met sa foi en moi, — comme dit l’Ecriture — des fleuves d’eau vive couleront de son sein. 

39 Il dit cela au sujet de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui mettraient leur foi en lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié.

 

1/ « Je suis la source »

L’invitation de Jésus est claire : c’est en lui, auprès de lui, que nous pouvons étancher nos soifs profondes. Jésus se définit comme la source qui vient nous combler, dans la lignée d’autres affirmations que Jean se plaît à souligner dans son Evangile : je suis le pain de vie (Jn 6), je suis la lumière du monde (Jn 8), je suis le chemin, la vérité et la vie (Jn 14), je suis le cep (qui connecte les sarments à Dieu) (Jn 15), je suis la résurrection et la vie (Jn 11).

Les « je suis » de Jésus ne sont pas dogmatiques : il ne suit pas un programme déterminé pour révéler progressivement des indices sur son identité… En fait, on se rend compte que bien souvent Jésus réagit au contexte de la situation pour révéler un peu mieux qui il est. Par exemple, il déclare « je suis le pain de vie » après avoir multiplié pains et poissons pour nourrir la foule, et il faut comprendre : le pain fait de céréale nourrit notre corps, mais c’est par Jésus que notre âme se nourrit et trouve satiété.

Ici, c’est pareil : Jésus lance cette parole d’invitation au dernier jour de la fête des Tabernacles/ des Huttes/ des Tentes. C’était la troisième fête des moissons dans l’année juive : célébrée vers septembre-octobre, elle évoquait les moissons d’automne et les vendanges. Pour protéger les récoltes, on construisait des petites cabanes/ huttes au-dessus des plantes, qui rappelaient du coup la période du désert, à l’époque de Moïse, entre la sortie d’Egypte et l’entrée en Terre Promise, où les Juifs avaient dû vivre sous tente, en nomades. A partir des petites huttes, le peuple était invité à méditer sur la façon Dieu l’avait conduit dans le désert.

Quel rapport avec l’eau ? A la fin de l’été, la sécheresse était importante, et cette fête était associée à des prières pour qu’il pleuve et que la récolte soit abondante. A l’époque, une grande partie de l’économie juive repose sur l’agriculture, donc prier pour avoir de l’eau, c’est prier pour avoir de quoi vivre ! Mais du coup, comme il y avait aussi cette méditation sur la traversée du désert, l’accent était porté sur la soif dans le désert, et sur la façon dont, par deux fois, en l’absence d’un point d’eau, Moïse avait fait surgir de l’eau à partir d’un simple rocher – clairement des miracles de Dieu pour prendre soin de son peuple.

Pendant la fête des Huttes, il y avait donc prières & rituels pour demander de l’eau pour les récoltes, mais aussi, pour demander à Dieu d’étancher les soifs spirituelles – une prière pour le présent qui touche aussi pour l’avenir, avec l’attente d’un renouveau profond (cf. Ezechiel 47 avec l’image du fleuve d’eau vive qui vivifie le pays).

Jésus promet paix et rafraîchissement à ceux qui viennent à lui, peu importe qui ils sont, du moment qu’ils reconnaissent leur besoin de Dieu. Par rapport à tout ce contexte, Jésus se positionne donc en disant que c’est lui, la vraie source, celle qui vient directement de Dieu. C’est lui la source tant attendue, celle qui vient étancher les soifs. Par lui, Dieu se donne lui-même en Esprit (même s’il faut attendre que Jésus soit mort, ressuscité, et auprès de Dieu pour recevoir cet Esprit divin – ce sera l’événement de la Pentecôte, qui se reproduit quand nous nous tournons vers Jésus avec foi).

2/ Nos soifs étanchées en Christ

Comment Dieu vient-il étancher notre soif ? Par Jésus, il nous accueille, nous relève, nous réconforte, nous soulage, nous pardonne, nous libère de la honte et de la culpabilité, il nous donne sa paix, il donne une direction et un sens, et quoi que nous traversions, il nous assure de sa présence.

Ca ne signifie pas que nous n’ayons aucune autre soif ! Humainement, nous avons besoin d’un minimum de sécurité, d’être en santé, de relations familiales et amicales bienfaisantes, de contribuer à la société, etc. La fameuse pyramide de Maslow liste ces besoins et même les organise : si vous avez un travail génial et épanouissant (en haut) mais qu’il ne vous permet pas de manger à votre faim, ou que vous êtes par ailleurs dans une relation de couple qui met votre vie en danger, votre vie sera bancale…

maslow

Mais cette pyramide ne prend pas en compte les besoins spirituels. Où les placer ? Tout en haut, comme la cerise sur le gâteau de la vie : quand on a tout, on peut se poser la question de Dieu ? OU tout en bas, au fondement : mais quand on est épuisé de fatigue ou de faim, il est peut-être difficile de penser à Dieu. OU complètement à côté, comme un truc facultatif dont on peut très bien se passer ?

Je pense que pour Jésus, notre soif spirituelle se situe en fait à tous les niveaux, comme en toile de fond, qui n’efface pas les autres besoins mais qui nous fait vivre autrement. Vous pouvez manquer de beaucoup de choses, être en très mauvaise santé par exemple, ou traverser une tragédie, et pour autant, en même temps, expérimenter la chaleur de la présence de Dieu. A l’inverse, vous pouvez tout avoir, et pourtant vous demander à quoi sert la vie… Etre entouré d’amis, avoir une famille soudée et bienveillante, tout en vous demandant encore si vous en valez la peine.

Jésus ne promet pas de régler aujourd’hui tous nos problèmes d’un coup de baguette magique. Mais à travers lui, Dieu promet de répondre à nos soifs intérieures, de nous soutenir, et nous conduire même à travers les pires tempêtes. Et il promet de nous aimer, dans le meilleur et dans le pire, aujourd’hui et toujours.

3/ Être rafraîchis… pour devenir rafraîchissants !

Mais quand on a dit tout ça, on n’a évoqué que la moitié de ce que Jésus dit, une moitié tellement apaisante qu’elle nous suffit ! Jésus est la source qui vient de Dieu, de lui coulent avec abondance amour et liberté, paix et espérance. Pourtant, il reste le verset 38… « Celui qui met sa foi en moi, — comme dit l’Ecriture — des fleuves d’eau vive couleront de son sein. »

Et c’est un verset vraiment problématique. Déjà parce qu’aucun texte de l’Ancien Testament ne dit cela exactement – il faut penser que Jésus fait plutôt ici un résumé, basé sur les lectures bibliques de la fête du Tabernacle. Ensuite, parce que, de qui coulent ces fleuves d’eau vive ? De Jésus, bien sûr ! Il vient de dire qu’il est la source ! Pourtant, ce n’est pas comme ça que la phrase est formulée… Quand on lit naturellement, on comprend que les fleuves coulent plutôt du croyant ! Quand Jésus se décrit, bien souvent il invite à venir à lui, et ensuite, il décrit les conséquences pour celui qui a foi en lui, ce qui correspond bien à nos versets.

           a/ une vocation pour nous aussi 

Celui qui vient à Jésus avec la soif sera non seulement désaltéré, mais il recevra aussi une abondance torrentielle : quand Dieu donne à boire, ce n’est pas avec parcimonie ! Et la quantité n’efface pas la qualité : c’est de l’eau vive et vivifiante qui coule…

Mais a-t-on épuisé tout ce que Jésus veut dire ici ? Par définition, un fleuve s’écoule vers un endroit (la mer) : ce n’est pas une fontaine ou un geyser. Non, un fleuve, avec une direction, un environnement, des rives etc. La semaine dernière, nous évoquions ensemble la vision du prophète Ezechiel, ch.47, qui voit le fleuve de Dieu renouveler le désert et même vivifier la Mer Morte.

Serait-il possible que Jésus nous dise qu’en allant à lui, non seulement nous serons désaltérés, que nous pourrons plonger dans le fleuve de Dieu, être immergés dans sa vie et son amour… mais qu’en plus, nous pourrons devenir nous-mêmes des mini-fleuves et irriguer autour de nous ?

Précision : nous ne serons jamais LE fleuve, LA source de vie – nous ne sommes pas des petits dieux… Mais l’impact désaltérant de Dieu se limite-t-il à notre âme ? Ou Dieu voudrait-il faire de nous des bénéficiaires ET des acteurs de son œuvre revitalisante ?

Alors je vous propose l’image suivante : connectés à la source vivante qu’est Dieu, nous pouvons devenir des pics d’arrosage… Participer nous-mêmes, activement, tels que nous sommes et où nous sommes, à l’œuvre de Dieu dans ce monde.

garden sprinkler on the green lawn

Est-ce vraiment si étonnant ? A plusieurs reprises, Jésus évoque notre participation à l’œuvre de Dieu, à partir de ce que nous vivons avec lui. 2 exemples :

Je suis la lumière du monde (Jn 8.12) -> Vous êtes la lumière du monde (Mt 5.14)

Je suis le cep (Jn 15.5) -> vous êtes les sarments (Jn 15.5) – ceux qui portent du fruit ! Jésus porte du fruit sur nos branches !

Nous pourrions considérer que c’est de l’arrogance, que c’est se mettre à la place de Dieu… Et pourtant, dès la création, Dieu donne un statut particulier à l’humanité : nous ne sommes pas seulement ses enfants qu’il aime, nous sommes aussi ses collaborateurs, appelés à cultiver et garder le monde qu’il a créé. L’arrogance, ce serait de croire qu’on peut le faire sans lui, qu’on peut gérer le monde sans se préoccuper de son propriétaire ! Mais ne tombons pas dans le tout ou rien… Même si Dieu est LA source de vie, c’est sa joie de nous faire participer… De nous voir aimer l’autre en puisant à son amour, de nous voir créer, imaginer, travailler, éduquer, soigner, organiser, développer, clarifier, servir, nourrir, construire… Il pourrait le faire tout seul, mais il choisit de le faire avec nous et par nous, pour sa joie !

b/ rafraîchis et rafraîchissants

Dieu veut nous rafraîchir, et nous rendre, nous-mêmes, de plus en plus rafraîchissants ! C’est un objectif & un processus, bien sûr!

A quoi ressemblerait, pour vous, quelqu’un de rafraîchissant ?

Une définition possible, pour moi : quelqu’un de libre et de libérateur, de sincère et honnête, de joyeux et constructif, de reconnaissant et généreux, de paisible et réconfortant, d’équilibré et sage… En fait, quelqu’un qui va bien et qui permet aux autres d’aller bien. Evidemment c’est un idéal !

Comment arroser autour de nous ? Comment rafraîchir notre carré de terrain ? Je vous propose juste 3 pistes pour mieux arroser :

  • Mieux être présent, à l’écoute, patient, fidèle, bienveillant… accueillir comme Dieu accueille
  • Nous mettre au service de ceux qui nous entourent : sans nous noyer, mais intégrer par exemple les besoins de l’autre dans nos projets, dans notre temps…
  • Oser dire notre espérance (je ne parle pas exclusivement de notre témoignage de conversion en 3 points ou d’un traité biblique, mais simplement d’évoquer un peu plus librement la réalité de notre vie de foi, de notre espérance, de la vie que nous avons en compagnie de Dieu…)

Et bien sûr, la prière… la prière pour recevoir de Dieu, et pour nous rendre disponibles devant lui. Seigneur, à quoi m’appelles-tu aujourd’hui ? Comment puis-je irriguer, en ton nom, la terre que je vais fouler ? Rafraîchis-moi, et permets-moi de participer à ton œuvre de rafraîchissement, même avec une simple goutte d’eau.