Nous arrivons ce matin au dernier volet d’une trilogie de prédications inspirée d’une trilogie… celle du Seigneur des Anneaux. Tolkien, l’auteur des romans, était croyant et sa foi transparaît de différentes manières dans son oeuvre.
Pour ceux qui n’auraient pas lu les livres ni vu les films, sachez seulement que l’intrigue du Seigneur des Anneaux se déroule dans un monde imaginaire, la Terre du Milieu, où de nombreuses créatures coexistent avec les humains, notamment les hobbits, un peuple pacifique. L’un d’eux, Frodon, hérite par son oncle d’un anneau magique qui est en réalité un instrument de pouvoir absolu convoité par Sauron, le Seigneur maléfique. La seule solution pour que ce dernier ne s’en empare pas est d’amener l’anneau là où il a été forgé pour le détruire. Mais cela implique de se rendre au coeur du Mordor, là où Sauron réside.
Le premier volet, La Communauté de l’Anneau, évoque la constitution de la communauté chargée de cette mission, une communauté qui va devoir apprendre à vivre ensemble et surmonter ses inimitiés ancestrales. Nous avions fait ici le parallèle avec ce que nous sommes appelés à vivre en tant qu’Église, nous-mêmes une communauté diverse qui doit apprendre à vivre ensemble pour accomplir la mission qui nous est confiée.
Le deuxième volet, Les Deux Tours, fait référence à l’alliance des deux tours du Mordor et d’Isengard, celle de Sauron et celle de Saroumane, le mage qui s’est laissé séduire par Sauron et s’est mis à son service. Ils représentent le mal absolu, en quête de pouvoir absolu. Et la communauté de l’Anneau dispersée devra y faire face et résister à leurs assauts. Nous avions alors fait le parallèle avec le combat que chacun est amené à vivre face au mal, pour tenir ferme dans la foi.
Le troisième volet s’intitule Le Retour du Roi. C’est le dénouement épique de la trilogie, alors que tout semble ne plus tenir qu’à un fil. Sauron lance toutes ses troupes dans la bataille et Frodon tente d’atteindre secrètement la montagne du Destin pour y détruire l’anneau. Le roi dont il est question, c’est celui du Gondor, qui doit régner sur un royaume unifié, et dont le retour est annoncé par des prophéties. Mais la menace de Sauron est de plus en plus pressante. Beaucoup ont perdu tout espoir, mais d’autres continuent la lutte, même si l’issue fatale peut sembler inéluctable… Tant que Frodon est en vie, il y a de l’espoir.
Vous percevez sans doute la couleur biblique que peuvent avoir ces éléments du Seigneur des Anneaux, nous qui attendons aussi le retour du Roi… ou plus précisément, comme le nomme l’Apocalypse, le retour du Roi des rois ! Il y a d’ailleurs plusieurs personnages de la trilogie qui ont, pour différentes raisons, une dimension christique : au moins Frodon, Aragorn et Gandalf…
Le troisième volet de la trilogie du Seigneur des Anneaux nous permet donc d’évoquer notre espérance. Et pour cela, je vous propose de lire deux courts textes bibliques, tirés du Nouveau Testament :
Romains 8.24-25
24 Car nous avons été sauvés, mais en espérance seulement. Si l’on voit ce que l’on espère, ce n’est plus de l’espérance : qui donc espérerait encore ce qu’il voit ? 25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.
Hébreux 11.1
Mettre sa foi en Dieu, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce que l’on ne voit pas.
Fondamentalement, l’espérance est indissociable de la foi. L’une comme l’autre “voient l’invisible”. On pourrait dire que la foi voit ce qui est invisible, et l’espérance voit ce qu’on ne voit pas encore.
- Dieu, on ne le voit pas. Par définition, Dieu est invisible à nos yeux et il nous faut “les yeux de la foi” pour le voir agir dans notre vie, pour discerner sa présence à nos côtés dans les circonstances de notre quotidien.
- Et l’espérance attend la réalisation des promesses de Dieu qui, par définition, ne sont pas encore accomplies.
La foi et l’espérance se manifestent toutes deux dans la confiance. Notre foi aujourd’hui nourrit et affermit notre espérance pour demain. Toutes deux sont fondées sur les promesses de Dieu.
“Nous avons été sauvés, mais en espérance seulement.”
“Mettre sa foi en Dieu, c’est être sûr de ce que l’on espère”
Soulignons enfin que la clé de notre foi et de notre espérance se trouve en Jésus-Christ :
- En lui, Dieu est devenu homme et il s’est rendu visible à nos yeux.
- Par sa résurrection et son ascension, nous attendons ce que nous ne voyons pas encore : son retour et notre propre résurrection.
Quelles leçons tirer pour nous de cette espérance ?
Garder espoir… toujours !
Nous pourrions résumer en deux mots l’impact de notre espérance sur nous: garder espoir !
On pourrait dire la même chose pour les héros du Seigneur des Anneaux, ils gardent l’espoir, jusqu’au bout. Au fil de l’histoire, l’horizon s’assombrit de plus en plus, la puissance de Sauron semble devoir l’emporter… Certains se sont découragé, d’autres se sont impatienté. Mais Frodon et ses compagnons font preuve de courage, de persévérance…. en un mot : d’espérance !
Et c’est une espérance qui peut même paraître une folie aux yeux de certains. Comment un simple hobbit, ce semi-homme, pourrait-il échapper à la vigilance de l’oeil de Sauron et parvenir au coeur de son repère pour jeter l’anneau dans le cratère du mont du Destin ?
L’espérance chrétienne aussi peut apparaître comme une folie aux yeux de certains… particulièrement peut-être lorsque le monde traverse un temps d’inquiétude généralisé, où l’avenir semble plus qu’incertain, comme c’est le cas aujourd’hui. Comment croire que Dieu reste maître de l’histoire, que son Royaume avance et que ses promesses de résurrection et de vie vaincront ? Comment croire que Dieu prendra soin de nous quand on est au coeur de l’épreuve ? Je crois que les plus belles démonstrations de foi et d’espérance ne sont pas forcément chez ceux qui triomphent de tous les obstacles mais bien souvent chez ceux qui font preuve de confiance et d’espoir, même au coeur de l’épreuve.
Attendre… en agissant !
Espérer, c’est s’attendre à Dieu, c’est attendre l’accomplissement de ses promesses. Mais cette attente n’est pas passive. Il s’agit d’attendre… en agissant.
C’est une mauvaise compréhension de l’espérance qui peut rendre les croyants résignés et passifs. Nous sommes, certes, dans l’attente de l’accomplissement des promesses de Dieu. Mais cette attente est active. La véritable espérance motive à l’action, parce que Dieu nous associe à l’oeuvre de son Royaume.
Dans le Seigneur des Anneaux, lorsque les différents compagnons sont dispersés, avec comme seul espoir que Frodon atteigne le mont du Destin pour détruire l’anneau, ils ne sont pas restés inactifs mais se sont battus. Et ce qu’ils faisaient était utile, d’une manière ou d’une autre, pour aider Frodon dans sa mission.
Quand les disciples assistent à l’ascension de Jésus, le livre des Actes nous dit qu’ils restent les yeux rivés vers le ciel. Des anges se montrent alors à eux et leur disent que Jésus va bien revenir comme il est parti mais qu’en attendant ils avaient du boulot : Jésus les avait envoyé comme témoins, jusqu’aux extrémités de la terre !
Il y a deux ennemis de l’espérance : le résignation et la nostalgie. Les deux nous rendent inactifs. Les deux nous mettent en retrait du monde. Les deux nous font abandonner notre mission de témoin du Christ vivant.
Si vous êtes résignés, sur vous-mêmes, sur les autres, sur le monde… Relisez les Béatitudes ! Elles nous invitent, certes parfois dans les pleurs et l’adversité, à avoir faim et soif de justice, à être plein de bonté, à être artisans de paix… C’est l’antidote de la résignation !
Quant à la nostalgie, c’est une espérance inversée. L’espérance chrétienne nous fait regarder avec confiance et espoir vers l’avenir, et pas avec nostalgie vers le passé. Le “c’était mieux avant” ne peut pas faire partie du discours du croyant… Notre espérance nous dit même que ça sera mieux demain, même si aujourd’hui c’est difficile. Car demain les promesses de Dieu s’accompliront.
Conclusion
Arrivé au terme de notre trilogie, le Seigneur des Anneaux nous a permis d’évoquer trois thématiques bibliques centrales pour le chrétien : la communauté, le résistance face au mal et l’espérance.
A vrai dire, les trois sont liées. En communauté, nous sommes plus forts pour résister au mal et nous nous encourageons dans notre espérance commune. Par ailleurs, notre espérance, c’est la victoire finale sur le mal, celle de la vie sur la mort. Et cette espérance, nous ne la gardons pas jalousement, comme si elle nous appartenait. Nous voulons la partager avec tous, parce qu’elle s’offre à tous.
Or, partager cette espérance, c’est partager le Christ. Car tout est centré sur lui :
- Ce qui nous constitue en tant que communauté, c’est notre appartenance au Christ.
- C’est au nom du Christ vivant que nous résistons au mal, comme lui a été tenté en tout sans jamais succomber à la tentation.
- Enfin, notre espérance prend sa source dans la mort et la résurrection du Christ.
C’est lui, le Christ vivant, que nous voulons suivre et dont nous voulons être témoin !
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