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Motivés par l’essentiel (2) Façonnés pour la famille de Dieu

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« En famille » à l’église

Si je vous dis qu’hier soir, j’ai passé une soirée où je me suis sentie « en famille », vous ne me demanderez pas forcément qui de ma famille est venu me voir mais vous comprendrez que je me suis sentie bien, à l’aise, que j’étais moi-même, dans un environnement de confiance et chaleureux. C’est ça, le sens de l’expression « en famille » : quand on se sent à sa place, reconnu, accueilli tel qu’on est, avec tout ce qu’on est. Ca arrive en famille justement, dans ces relations où on sait qu’on n’a rien à prouver, qu’on est aimé et valorisé sans avoir mérité quoi que ce soit. On a notre place.

Malheureusement, nos familles ne sont pas toujours ces lieux où nous nous sentons complètement accueillis ou en confiance… Combien de tensions avec nos parents, nos frères et sœurs, notre belle-famille ?… Pour certains, les réunions de famille relèvent plus du cauchemar auquel on se prépare 3 mois à l’avance que d’un havre de paix et d’amour ! Vous me direz, il n’y a pas qu’en famille qu’on se sent en famille ! Nous retrouvons avec certains amis proches cette liberté, cette aisance, cette simplicité dans les relations. Même là, les questions de temps, de mobilité, de loyauté, font que les liens d’amitié, même s’ils sont très forts pendant une période, peuvent se disloquer, à notre grand regret.

Tous, que nous soyons plutôt solitaires ou sociables, nous avons au fond de nous cette soif de relations profondes et authentiques où nous nous savons acceptés et aimés quoi qu’il arrive. Et même si au quotidien nous avons du mal à étancher cette soif, il n’en demeure pas moins que nous avons été créés, câblés, façonnés pour vivre des relations « en famille », des relations authentiques et pleines d’amour donné et reçu. Dans notre série « Motivés par l’essentiel » (livret), c’est le 2e essentiel de notre vie sur terre : le premier, c’est que nous avons été conçus pour le plaisir de Dieu, pour trouver notre joie en sa présence. Mais le 2e essentiel, c’est que nous avons été façonnés pour aimer.

Lecture biblique: Ephésiens 1.3-6

3 Louange à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! En effet, il nous a bénis dans le Christ en nous communiquant les dons de son Esprit qui viennent du ciel. 
4 Avant la création du monde, Dieu nous a choisis dans le Christ pour que nous soyons saints et sans défaut devant ses yeux. Dieu nous aime 5 et, depuis toujours, il a voulu que nous devenions ses fils par Jésus-Christ. Il a voulu cela dans sa bonté.
6 Alors chantons la gloire de Dieu pour la grandeur de ses bienfaits ! Il nous les donne généreusement par son Fils très aimé.

Dieu veut une famille nombreuse

De toute éternité, Dieu aime. Dieu est amour, on le dit souvent. Mais est-ce qu’on saisit à quel point Dieu est amour ? Est-ce qu’on saisit que l’une des caractéristiques éternelles de Dieu, bien avant la création de notre monde, c’est les relations d’amour qui existent entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint ? C’est ce qu’on dit quand on parle de « trinité » : d’autres religions croient que le dieu ou la divinité est puissant, juste, créateur, vrai… certains vont même dire que ce dieu est bon ou plein de compassion envers nous – ça rejoint l’une des affirmations centrales de la Bible. Mais comment Dieu pourrait-il être aimant de toute éternité s’il n’avait jamais connu de relation avant nous ? Dire que Dieu est amour, ça veut dire que Dieu expérimente cet amour – et si ça fait partie de son essence, alors c’est des relations éternelles. L’image que donne la Bible, notamment ici, c’est l’image de la famille : de toute éternité, Dieu est « en famille », Dieu est une famille.

Mais il a voulu une famille nombreuse. (diapo) Non que le Fils divin ne lui suffise pas, non que l’Esprit saint le déçoive, mais l’amour de Dieu est vaste, et large, et immense, et Dieu voulait… toujours plus ! Il voulait aimer, et voir aimer ! Il nous aime, lui, mais il désire aussi pour nous des relations aimantes et bienfaisantes avec d’autres – comme en reflet de ce que lui a toujours vécu.

Et lorsque le mal s’est mis en travers, lorsqu’il a déformé notre relation avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes, Dieu n’a pas supporté de nous perdre. Le Fils a tout donné, il s’est donné lui-même pour que nous puissions retrouver notre place auprès de Dieu, comme des enfants adoptés, retrouvés, près de lui, pour toujours. Grâce à ce don du Christ, Dieu nous remplit à nouveau de son Esprit, pour combler notre vie de sa présence.

Il y a de quoi chanter la grandeur de l’amour de Dieu ! Il y a de quoi célébrer le Christ ! Il y a de quoi nous réjouir de la présence du Saint Esprit ! Mais nous pouvons aussi nous réjouir de la famille que Dieu nous donne. Car oui, en devenant ses fils et ses filles bien-aimés, nous recevons des frères et sœurs dans la foi. De fait, tous ceux qui croient en Jésus-Christ et qui appellent Dieu « Père », tous ceux-là sont frères et sœurs… pour l’éternité ! Vous qui avez des frères et sœurs, comment auriez-vous pu ignorer votre fratrie à la maison ? Quand vous êtes nés, ils étaient là ! A table, ils étaient là ! Dans la voiture, en vacances, aux réunions de famille, aux anniversaires… ils étaient là ! Et tout parent vous le dira : l’amour entre les enfants compte presque autant que la relation avec les parents…

De toute éternité, Dieu désire et se prépare une famille nombreuse, avec des enfants de tous âges, et de tous styles, qui se réjouissent ensemble, se soutiennent dans les difficultés, s’entraident aux différentes étapes de la vie : tout simplement une fratrie qui s’aime, comme le Père aime ses enfants !

Vivre l’église « en famille »

L’Eglise, dans l’histoire et dans le monde, est le rassemblement visible des enfants de Dieu, disons que c’est la grande famille de Dieu. Et toutes les communautés locales, temporaires, que nous formons sont les branches de cette famille – vous savez, comme les branches que l’on trouve dans les arbres généalogiques.

A partir du moment où l’on dit que l’église est un morceau de la famille de Dieu, notre attente, légitime, c’est qu’elle soit « familiale ». Surtout dans nos églises évangéliques, où nous sommes très attachés à cette notion de fraternité, d’accueil, de chaleur fraternelle. Mais qu’entend-on par une église « familiale » ? Il y a parfois des soupirs de regrets : ah, l’église a grandi, on ne connaît plus tout le monde, c’est anonyme… Et nous ne sommes que 200 ! Imaginez les églises qui comptent plusieurs milliers de membres ! Il y a derrière ces regrets la nostalgie d’une vie d’église intense, riche, avec des relations fortes. Mais le côté « familial » ne dépend pas du nombre de membres. Vous trouverez des petites familles froides et indifférentes, avec des repas de Noël à 5 pleins de tension et de malaise, alors qu’il y a de grandes familles chaleureuses et aimantes ! Vivre l’église comme une famille ne dépend pas du nombre de membres, mais de la qualité des relations que nous avons entre nous. C’est la fraternité entre nous qui détermine à quel point notre église est « familiale ».

Si nous voulons, si vous voulez, vivre pleinement votre vie chrétienne, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur vos frères et vos sœurs. Ils font partie intégrante de votre relation avec Dieu. Et vivre l’église en famille demande que chacun de nous investisse dans des relations fraternelles. Pas avec tout le monde, c’est impossible ! Mais si chacun d’entre nous décide de s’investir dans une relation familiale avec mettons 2 personnes (l’objectif est modéré ! c’est pour commencer…), notre église, notre vie !, ne sera plus la même.

Investir dans des relations fraternelles, c’est y passer du temps  : eh oui ! vous investissez avec vos précieuses ressources – à la banque c’est l’argent, en famille c’est le temps ! si vous n’appelez jamais vos frères et sœurs ou vos parents, si vous ne passez jamais de temps ensemble, si vous ne faites rien ensemble… comment sera votre relation ? Une relation familiale demande du temps ! Du temps en petit comité, du temps pour se connaître, pour s’apprivoiser, pour s’épauler… Les activités que nous avons dans l’église ce sont des retrouvailles de famille, mais nous développons notre fraternité dans les petits groupes (de partage ou de service, organisés par l’église ou spontanés). Par exemple en invitant à manger ou proposant un café à un autre membre de l’église, en donnant de vraies nouvelles quand on vous dira à la fin du culte « ça va ? ». En rejoignant un groupe. En proposant à quelqu’un de prier avec lui, ou de lire la Bible ensemble. Réfléchissez à comment vous pourriez vivre des relations un peu plus fraternelles, juste un pas supplémentaire.

J’insiste sur le fait de vraiment se connaître les uns les autres, pour vivre une vraie fraternité. Une relation familiale, c’est une relation authentique, où chacun est lui-même, sans faux-semblants, sans chercher à se cacher ou à en imposer, avec ses points forts, ses limites, ses défauts. Et nous chrétiens, étrangement, nous avons du mal avec l’authenticité. Nous qui croyons en un Dieu de grâce qui nous prend tels que nous sommes et nous lave, nous purifie, nous transforme avec patience, quelque soit l’état de dégradation dans lequel nous étions. Nous qui affirmons et chantons que le salut par grâce est un salut immérité, que nous avons simplement à croire, en laissant Jésus porter (et emporter) notre honte et notre culpabilité. Nous qui disons avec les réformateurs Luther et Calvin que nous sommes toujours des pécheurs pardonnés, fautifs et imparfaits mais couverts par le sang du Christ – en lui nous avons l’assurance d’être aimés de Dieu.

Nous qui croyons tout cela, pourquoi avons-nous tant de mal à vivre dans l’église des relations authentiques ? Sûrement que quelque part, il y a le désir de bien faire – Dieu m’a sauvée et lavée pour que j’apprenne à mener une vie sainte, juste et belle : quand j’échoue, j’ai honte. Et puis je veux montrer aux autres mes bons côtés, mes réussites, c’est normal ! Il y a peut-être aussi la peur – la peur d’être la seule à n’avoir rien compris (le diable s’évertue toujours à nous couvrir d’accusations et c’est ainsi qu’il nous isole – de Dieu et des autres), la peur de décevoir, d’être jugée, d’être rejetée… Chacun se demande : qu’est-ce qu’ils penseraient de moi s’ils me connaissaient vraiment ? Nous avons tant d’exemples où nous avons fait confiance, en famille, en amitié, en amour, et la porte s’est refermée.

Le problème, c’est que nous n’avons pas le choix ! Soit nous aimons de vraies personnes, soit nous aimons des mirages – mais je doute que ça marche pour Dieu. Pour aimer, nous devons avoir le courage de l’authenticité, au moins avec quelques uns. Le courage d’être nous-mêmes, de confier nos joies, nos projets, nos rêves, nos doutes, nos peurs, nos échecs. Le courage de demander conseil, et la prière. Le courage de chercher Dieu ensemble.

Mais aussi le courage de regarder l’autre en frère, en sœur, même quand il me déplaît ou que je ne comprends pas. Le courage d’écouter sans rétorquer au quart de tour, en choisissant la grâce, comme Dieu l’a fait avec nous, le courage du pardon et de l’accompagnement. Le courage aussi de parler, en disant à l’autre ce qu’il n’a pas forcément envie d’entendre, mais pour le faire grandir pas pour l’écraser, sans remettre en question sa place auprès de Dieu ou parmi nous.

Vivre l’éternité aujourd’hui

Comment vivre cette véritable fraternité en église si déjà c’est difficile avec nos proches ?  Je crois que si Dieu a mis tant d’énergie à se façonner une famille, depuis la création jusqu’à la croix, la résurrection, le don de l’Esprit, il va nous éduquer ! ou nous rééduquer ! Ayons confiance : Dieu donne à chacun de ses enfants le saint Esprit qui agit dans nos cœurs, qui guérit les blessures, qui arrondit les angles, qui ouvre de nouvelles possibilités. Il nous donne le Christ pour compagnon et pour modèle.

Mais ne nous leurrons pas : la fraternité dans l’église reste un défi ambitieux à relever. Nous devons faire le choix du partage, voire du pardon. Mais est-ce vraiment un choix ? Pouvons-nous ignorer les autres enfants de Dieu qui habitent la même maison que nous ? Pouvons-nous rester dans notre coin ? Pouvons-nous décréter que l’amour dans la famille du Dieu d’amour est une option ?

De toute éternité, Dieu nous a préparé une place dans sa famille. Et je ne sais pas trop à quoi ressemblera la vie dans l’éternité de Dieu, mais une chose est sûre, nous y serons ensemble ! Aujourd’hui, nous avons un avant-goût de l’éternité au sein d’une branche de la famille. Aujourd’hui, nous pouvons déjà expérimenter, goûter, tester à quoi ressemble l’amour tel que Dieu l’imagine. Aujourd’hui, nous pouvons laisser cet avant-goût de l’éternité transformer nos relations, nous éduquer à la fraternité – et peut-être même qu’ayant appris à aimer comme Dieu ici, nous pourrons mieux aimer ailleurs.

Motivés par l’essentiel (1) Conçus pour le plaisir de Dieu

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Si vous deviez estimer la part que l’adoration prend dans votre journée, quel pourcentage donneriez-vous ? Soyez honnêtes ! Enlevons 8 heures de sommeil, il reste 16 heures dans la journée… presque 1000 minutes. Ca ferait quel pourcentage pour l’adoration ? 1% ? 5 % ? Plus ?

Pour l’apôtre Paul, le pourcentage que nous devrions viser n’est pas de 1%, 5 %, ni même 10 % de notre vie mais 100 % !

Romains 12.1-2
1 Frères et sœurs chrétiens, Dieu est plein de bonté pour nous. Alors, je vous demande ceci : offrez-lui votre personne et votre vie, c’est le sacrifice réservé à Dieu et qui lui plaît. Voilà le vrai culte que vous devez lui rendre. 2 Ne suivez pas les coutumes du monde où nous vivons, mais laissez Dieu vous transformer en vous donnant une intelligence nouvelle. Ainsi, vous pourrez savoir ce qu’il veut : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.

En nous exhortant à offrir notre personne et notre vie comme un sacrifice à Dieu, Paul nous invite à faire de toute notre vie une adoration à Dieu. C’est du 100 % ! Mais comment est-ce possible ?

Un sacrifice vivant

Il faut mesurer combien l’appel de l’apôtre Paul dans ces deux versets est radical. On pourrait même se demander s’il ne pousse pas le bouchon un peu loin quand même ! Offrir notre vie entière comme sacrifice à Dieu, ce n’est pas rien… On ne parle pas ici de consentir dans notre vie à quelques sacrifices, comme donner une part de ses biens à ceux qui en ont besoin ou renoncer aux grasses matinées le dimanche pour aller au culte !

L’apôtre Paul ne nous appelle pas seulement à faire des sacrifices mais à offrir notre vie entière comme un sacrifice à Dieu. Il utilise ici un vocabulaire lié au temple (sacrifice, culte…) tout en parlant de notre vie entière. Littéralement, il invite à “offrir notre corps comme un sacrifice vivant”. On est bien dans la métaphore du sacrifice offert au temple mais il s’agit ici de vivre et non pas de mourir. Le sacrifice que Dieu attend de nous, c’est notre vie toute entière. Le culte, l’adoration, ne concerne pas que le temple ou l’église. Tout, dans notre vie, est appelé à être adoration de Dieu !

Et quand Paul dit que c’est ce qui est agréable à Dieu, ce qui lui plaît, ce n’est pas comme s’il parlait du bon plaisir du roi qui peut demander tout et n’importe quoi à ses sujets. Il ne s’agit pas de satisfaire ses caprices ! Dieu n’est pas un enfant gâté qui pique une crise si les chrétiens ne l’adorent pas assez ou ne le servent pas comme il faut !

Dieu nous aime et prend plaisir à l’adoration de ses créatures. Il nous a créés à son image, pour que nous soyons en relation avec lui. En faisant de notre vie une adoration de Dieu, nous retrouvons l’intention première de Dieu pour nous, le sens profond de notre vie. Quand vous aimez quelqu’un, vraiment, vous n’avez envie que d’une chose : lui faire plaisir ! Il en est de même dans notre relation avec Dieu. Il s’agit de trouver notre plaisir dans le plaisir de Dieu.

Tout est adoration

Pour le croyant, tout est donc adoration. Ou tout devrait l’être… parce que, avouons-le, ce n’est pas si simple que ça à vivre ! Pourtant il s’agit bien d’un concept clé pour comprendre la vie chrétienne.

Le risque si on l’oublie, c’est d’avoir une vie compartimentée : l’adoration est confinée au dimanche ou au temps de prière et de méditation personnelle, le reste, c’est du boulot, des loisirs, des corvées… mais pas de l’adoration ! L’adoration, c’est quand je chante des cantiques, quand je prie, quand je lis la Bible. Pas quand je suis au bureau, quand je passe l’aspirateur à la maison ou quand je fais du sport… à la rigueur quand je fais du bien à mon prochain !

Mais offrir toute notre vie comme un sacrifice à Dieu, ça concerne… toute notre vie ! Et ça impacte aussi ma vie de prière : si l’adoration vécue le dimanche matin au culte, et la prière personnelle vécue avec Dieu, sont complètement coupées de ma vie quotidienne, je suis à côté de la plaque !

Et le problème avec cette vision étriquée de l’adoration, c’est quand on veut essayer d’instiller artificiellement de l’adoration dans notre vie quotidienne. Alors, pour se donner bonne conscience, on place des références bibliques dans toutes ses discussions, on s’efforce de toujours bien montrer qu’on est un bon chrétien et on met le Seigneur à toutes les sauces dans ses paroles… C’est ce que j’appelle des bondieuseries évangéliques ! Ça sonne faux…

A l’extrême inverse, il ne faut pas diluer l’adoration dans une réalité floue qui n’engage plus vraiment, et qui pourrait même conduire, à la limite, à ne plus prier. Si tout est adoration, est-ce vraiment utile de prier et d’aller au culte le dimanche ? Je peux bien adorer Dieu chez moi, dans mon lit, ou allongé sur la plage !

Mais nous n’adorons pas Dieu à notre insu… L’adoration demande qu’on se tourne consciemment vers Dieu, qu’on fasse l’effort de chercher à lui faire plaisir. En toutes circonstances. En fait, si mon désir n’est pas que ma vie toute entière fasse plaisir à Dieu, mon Créateur et mon Sauveur, celui qui a tout donné pour moi en son Fils Jésus-Christ, c’est que je n’ai pas encore vraiment compris l’amour de Dieu pour moi…

Un besoin de transformation

Même si l’appel est là, Paul ne pense pas que c’est du tout cuit ! Loin de là. En réalité, l’adoration dont il est question, dans toutes ses dimensions, ne nous est pas naturelle. Pour y arriver vraiment, il faut nous laisser transformer par Dieu : “laissez Dieu vous transformer !”

L’enjeu, c’est de ne pas suivre les coutumes du monde. Ou, de façon plus littérale, de ne pas se conformer au monde présent. Mais attention, il ne faut pas croire que ces “coutumes” ou ce “monde” dont parle Paul seraient ce qui vient de l’extérieur et qui risque de nous contaminer. Les “coutumes du monde”, c’est notre façon naturelle de vivre ! La frontière du “monde” passe par notre coeur. La preuve : pour échapper à leur influence, il faut que notre intelligence, notre façon de penser, soit transformée. Si le problème venait de l’extérieur, on n’aurait pas besoin d’une transformation intérieure !

Paul assume ainsi que sans une transformation de notre intelligence, nous ne sommes pas capables de savoir ce que Dieu veut, et donc comment lui faire plaisir. Pour que notre vie soit une adoration, il faut que dans notre coeur il y ait une transformation. Il me semble donc que Paul parle ici d’une discipline de vie dont les effets se mesurent dans la durée. Cette transformation dont parle l’apôtre, c’est l’oeuvre de Dieu tout au long de notre vie chrétienne.

C’est un vrai défi à relever. Car il y a, c’est vrai, des domaines de notre vie où il est facile de percevoir une dimension d’adoration et d’autres où c’est moins évident… La question que nous sommes toujours appelés à nous poser est celle-ci : comment ce que je fais et ce que je vis dans mon quotidien peuvent-ils être adoration de Dieu ?

Des activités créatrices ou solidaires peuvent facilement être perçues comme des expressions de l’image de Dieu en nous, une façon d’honorer le Dieu Créateur et amour.

Un esprit de service dans les tâches pratiques, le souci du travail bien fait peuvent aussi être une façon d’honorer Dieu, y compris dans les choses concrètes du quotidien. Les intentions donnent de la valeur à nos actes. Et Dieu connaît notre coeur !

Même le repos (pas la paresse !) fait partie de ce que Dieu veut pour nous : la 4e parole du Décalogue concerne le sabbat ! Certes, il permet la contemplation qui est une forme d’adoration. Mais le sabbat nous rappelle aussi que notre valeur devant Dieu ne dépend pas de ce que nous produisons… Vivre la gratuité, c’est vivre quelque chose de la grâce. Nous n’avons pas besoin d’être “utile” pour adorer Dieu. Voyez dans les évangiles la femme qui verse le parfum sur Jésus. Les disciples le lui reprochent en disant que ça aurait été plus utile de le vendre pour donner l’argent aux pauvres… mais Jésus honore cette femme pour ce qu’elle a fait : une geste généreux d’adoration.

Conclusion

Dieu attend 100 % de notre vie parce qu’il s’est donné à 100 % pour nous en Jésus-Christ ! On ne peut pas se satisfaire de demies mesures… Toute notre vie est appelée à être adoration.

Mais pour arriver à 100 %, ou au moins s’en rapprocher, il faut élargir notre vision de l’adoration. Et pour cela, laisser Dieu nous transformer de l’intérieur pour comprendre comment faire de notre quotidien, et pas seulement des temps explicitement spirituels, une adoration de Dieu.

L’appel de l’apôtre Paul, c’est que nous ayons une vie qui cherche toujours à faire plaisir à Dieu, dans laquelle notre plaisir est de faire plaisir à Dieu.

L’Eglise, une identité et une vocation

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[Culte de consécration dans le Parcours Vitalité]

Pour nous inspirer dans le défi que nous avons à relever en tant qu’église, je vous invite à lire un extrait de la première lettre de l’apôtre Pierre.

Lecture biblique: 1 Pierre 2.9-10

9 Mais vous, vous êtes la race choisie, la communauté des prêtres du Roi, la nation sainte. Vous êtes le peuple que Dieu a choisi pour annoncer les grandes choses qu’il a faites. Il vous a appelés à sortir de la nuit, pour vous conduire vers sa lumière magnifique. 

10 Autrefois, vous n’étiez pas le peuple de Dieu, mais maintenant, vous êtes son peuple. Autrefois, Dieu n’avait pas pitié de vous, mais maintenant, il a pitié de vous.

Sur votre carte d’identité, qu’est-ce qu’on trouve ? Votre nom, prénom, votre date & lieu de naissance, votre taille, la couleur de vos yeux et de vos cheveux… Parfois une vieille photo qui fait ricaner vos proches, mais finalement cette carte ne dit pas grand-chose de la personne que vous êtes. De vos goûts, de vos valeurs, de vos motivations – tout ce qui détermine votre vie, vos choix, vos actions, vos façons de faire.

On n’a pas de papiers spirituels, mais spontanément, si vous deviez vous définir, vous diriez peut-être que vous êtes chrétiens, protestants, que vous êtes enfant de Dieu, sauvé, en chemin…

Quand l’apôtre Pierre décrit notre identité,  il ne parle pas de taille, de couleur ou d’âge, il reprend les mots que Dieu avait utilisés pour le peuple d’Israël à la sortie d’Egypte (Ex 19.6) : vous êtes mon peuple, la nation que j’ai choisie, les prêtres qui m’entourent. Tous les Juifs ne sont pas prêtres ! Mais Dieu parle ainsi de la proximité avec lui : comme des prêtres, vous avez accès à ma présence sainte et pure. Pierre applique les mêmes caractéristiques à l’église : notre identité c’est d’appartenir à Dieu et d’être proches de lui. Qu’est-ce que ça signifie, pour nous, aujourd’hui, au moment où nous voulons entrer dans une nouvelle dynamique d’église ?

  • Une identité à vivre ensemble

En parlant d’identité, Pierre s’attache à ce que nous sommes ensemble : un peuple, une communauté, une nation. Il ne s’arrête pas à ce que nous sommes individuellement (justifiés, pardonnés, déclarés enfants de Dieu et cohéritiers du Christ) mais il va plus loin : il regarde à ce que nous sommes, ensemble.

Peut-être qu’en Occident, nous sommes un peu défavorisés pour comprendre ce que Pierre veut dire, parce que nous sommes très attentifs à la réussite personnelle, à l’épanouissement de l’individu, à nos projets privés, plus que dans d’autres pays. Et c’est vrai que pour Dieu, qui agit en chacun de nous, qui connaît chaque recoin de notre âme et chacune de nos cellules, l’individu est précieux. Dans la Bible, Dieu met d’ailleurs l’accent sur notre relation personnelle avec lui, notre authenticité, notre intimité. Pour Dieu, l’individu est précieux, oui, mais son projet est global, universel, cosmique. Son projet, c’est d’établir la justice et l’amour sur notre terre, de restaurer notre monde et d’y faire vivre, en communion avec lui, une humanité nouvelle, marquée par la paix et la fraternité.

Le projet de Dieu va plus loin que notre sort individuel : Dieu fait de nous un peuple, le germe de cette humanité nouvelle, unie par son Esprit. Le salut en Jésus donne une autre dimension à notre identité, il l’élargit : je suis plus que moi – je suis membre de l’Eglise, muscle du corps du Christ, pierre vivante du temple de Dieu, sœur dans une immense fratrie. Notre identité, notre vocation, notre projet de vie, en Christ, est plus grand que ce que nous accomplissons personnellement – ça englobe aussi ce que nous sommes en église.  Et cette identité, Dieu nous appelle à l’explorer, à la déployer, à la vivre ensemble : c’est ensemble que nous pouvons découvrir différentes facettes de que Dieu est et de ce que Dieu veut, ensemble que nous pouvons nous encourager pour rester près de lui, ensemble encore que nous nous entraînons à la fraternité, à l’amour, à la vérité, au pardon (du coup), au service.

  • Une identité dynamique

Vous avez sûrement déjà vu des photos avant/après pour montrer l’efficacité d’un régime alimentaire, d’une opération ou d’un exercice physique : le changement est si frappant que parfois je me demande si c’est bien la même personne. Ce changement marque notre identité d’église. Au cœur de notre identité, personnelle et commune, il y a l’action de Dieu : son intervention, qui a changé radicalement notre vie. Pierre dit que nous sommes passés des ténèbres à la lumière, un changement radical – qu’on retrouve dans certains témoignages spectaculaires de conversion au Christ. Mais même si nous n’avons pas expérimenté de changement brutal, et que nous avons progressivement cru en Dieu, le processus est le même : grâce au Christ, nous avons échappé à nos ténèbres, à la fatalité du mal en nous, à l’engrenage de notre péché. Le Christ a porté dans sa mort le péché, le mal, les ténèbres qui nous étouffent – et dans sa résurrection il a fait jaillir la vie de Dieu, éclatante et lumineuse, et cette vie il nous l’offre si nous nous attachons à lui.

Au cœur de notre identité, il y a Dieu qui agit – et c’est notre point commun.

Dieu qui agit par amour, par compassion, par pitié – par grâce, c’est-à-dire motivé par son amour pour nous et non par nos mérites : par Jésus, Dieu a pardonné à des coupables, il a lavé des gens sales, il a guéri des gens malades. Dieu a pris l’initiative de nous ramener à lui.

Dieu qui agit en créateur : tout comme à l’aube du monde il a fait jaillir la lumière et l’harmonie au milieu des ténèbres et du chaos, tout comme dans la mort de Jésus il a fait jaillir la résurrection, en nous, au cœur de nos faiblesses et de nos fautes, il fait jaillir une vie nouvelle par son Esprit qui œuvre en nous. Dieu crée en nous un homme neuf, une femme neuve. Dieu fait naître une espérance : aucune fatalité ne peut triompher de lui.

Notre identité, c’est d’être les nouvelles créations de Dieu, nées de son amour et de sa fidélité, porteuses d’espérance.

  • Une vocation de témoins

Avant j’étais…, je croyais…, je faisais…, mais maintenant, inspirée par Dieu, ma vie est différente. Comme une guérison miraculeuse : j’étais aveugle et je vois, sourde, et j’entends, paralysée, et je marche. Mais ce serait faux de croire que le projet de Dieu s’arrête là ! Dieu est continuellement à l’œuvre autour de nous, dans notre monde, dans notre entourage : il fait avancer son règne, il attire et fait revivre sans cesse de nouvelles personnes – et nous ? Nous ne sommes pas spectateurs, nous ne sommes pas des cas classés dans un dossier au fond d’un tiroir : il fait de nous ses ambassadeurs, ses témoins. Nous étions paralysés, mais maintenant que nous marchons, Dieu nous envoie par équipes arpenter le monde avec lui. Il nous envoie proclamer ce qu’il a fait, en paroles et en actes.

Il ne s’agit pas de nous substituer à Dieu : nous ne sauvons personne. Mais, un peu comme des maisons témoin, nous pouvons montrer ce qui est possible avec Dieu. Pas montrer à quel point nous sommes devenus des gens bien (même si je n’en doute pas), mais ouvrir notre vie aux autres pour montrer comment Dieu agit. Par nos paroles, en décrivant nos expériences, ou par nos actes, en montrant le résultat de ce que Dieu fait en nous – lorsque nous nous abstenons d’une pratique futile ou destructrice, d’une parole mauvaise, ou quand nous choisissons ce qui est juste et bienfaisant pour l’autre.

Assommés par le quotidien, nous oublions parfois que Dieu est à l’œuvre aujourd’hui. Autour de nous, il y a des personnes qui cherchent –  sans forcément mettre des mots dessus, mais qui cherchent le pardon, la paix, l’espoir… Dieu ! Et Dieu les cherche, elles aussi, il les appelle et les invite à croire. Et nous ? nous pouvons être des ponts, des passerelles, des indices, pas parce que nous avons tout compris ou tout réussi, mais parce que nous pouvons témoigner que oui, ce pardon, cette paix, cet espoir sont à portée de main en Christ. Dieu nous envoie dans le monde participer à son œuvre de créateur, de sauveur : avec lui, avec d’autres, nous proclamons qu’une autre vie est possible, dans sa lumière.

Conclusion

Vous, vous êtes la race choisie, la communauté des prêtres du Roi, la nation sainte. Vous êtes le peuple que Dieu a choisi pour annoncer les grandes choses qu’il a faites. Il vous a appelés à sortir de la nuit, pour vous conduire vers sa lumière magnifique.

L’identité que nous recevons en Christ est pleine de possibilités. Tout est possible au Dieu qui nous a sauvés, et tout est possible à ceux qui le suivent par la foi. Cette identité, commune, dynamique, ouverte sur l’autre, elle est large, riche, magnifique ! Car elle découle de l’œuvre d’un Dieu large, riche et magnifique, le Dieu que révèle Jésus-Christ.

Et le parcours Vitalité alors ? Il ne change pas notre identité. Nous sommes le peuple de Dieu. Il ne change pas notre vocation : nous sommes appelés à témoigner. Mais il nous le rappelle de manière pressante : être sain(t), c’est être proche de Dieu. Être missionnaire, c’est répondre à son appel et œuvrer avec lui dans le monde qui nous entoure. Vitalité nous met au défi, aujourd’hui, de prendre au sérieux notre identité et notre appel : Dieu nous sauve et nous envoie, son Eglise, nous ! – comment répondrons-nous ?

L’approbation de Dieu et/ou celle des hommes

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Deutéronome 4.1-8
1 Moïse dit : Et maintenant, Israélites, écoutez les lois et les règles que je vous enseigne pour que vous leur obéissiez. Ainsi, vous vivrez et vous pourrez posséder le pays que le SEIGNEUR, le Dieu de vos ancêtres, vous donne. 2 N’ajoutez rien aux commandements que je vous communique de la part du SEIGNEUR votre Dieu. N’enlevez rien non plus, mais respectez tous ces commandements. 3 Vous avez vu vous-mêmes ce que le SEIGNEUR votre Dieu a fait dans l’affaire du dieu Baal de Péor. Il a tué tous ceux du peuple qui avaient suivi ce faux dieu. 4 Mais vous, vous êtes restés attachés au SEIGNEUR votre Dieu, et vous êtes tous vivants aujourd’hui.
5 Voyez, je vous enseigne des lois et des règles, comme le SEIGNEUR mon Dieu me l’a ordonné. Quand vous serez entrés dans le pays que vous allez posséder, obéissez à ces lois et à ces règles. 6 Si vous les gardez et si vous leur obéissez, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents. En effet, quand ils connaîtront toutes ces lois ils diront :
« Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans ce grand peuple ! » 7 Chaque fois que nous appelons à l’aide le SEIGNEUR notre Dieu, il est vraiment proche de nous. Est-ce qu’il y a un autre peuple, même parmi les plus grands, qui a des dieux aussi proches ? 8 L’enseignement que je vous présente aujourd’hui contient des lois et des règles très justes. Est-ce qu’il y a un autre peuple, même parmi les plus grands, qui a des lois et des règles aussi justes ?
Je suis un petit peu actif sur les réseaux sociaux… Et j’avoue que quand j’écris un post sur facebook ou twitter, je me demande toujours si je vais avoir beaucoup de like et qui va me retweeter. Et je regarde régulièrement, sur mon ordinateur ou mon smartphone, si j’ai de nouvelles notifications. Rassurez-vous, ce n’est pas une obsession, ce n’est pas ma raison de vivre. Je ne suis pas accroc. Enfin pas complètement… Les réseaux sociaux accentuent, sans doute à l’excès, cette course à l’approbation… ou à la provocation.

Je ne sais pas comment vous vous situez par rapport au regard des autres, quelle importance vous donnez à l’opinion que les gens ont de vous. Mais ne me dites pas : “je me fiche pas mal de ce que les gens pensent de moi.” J’aurais vraiment du mal à le croire…On vit tous, au moins en partie, à travers le regard des autres.On a tous besoin du regard approbateur, au moins de ceux qu’on aime… et sans doute plus largement encore.

D’ailleurs, en tant que croyant, il me paraît tout à fait légitime de nous soucier de ce que les gens pensent de nous. C’est une question de témoignage : notre vie, notre comportement, nos paroles peuvent être des obstacles ou au contraires des atouts dans notre témoignage au nom de l’Evangile. Alors ce qu’ils pensent de nous compte dans cette perspective !

C’est cette corde sensible de la réputation que Moïse fait vibrer dans notre texte : “Si vous gardez (ces commandements) et si vous leur obéissez, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents. En effet, quand ils connaîtront toutes ces lois ils diront : « Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans ce grand peuple ! »” (v.6)

Et là je me demande, si on transpose ce verset dans notre cas, retrouverait-on la même approbation ? Quelle sagesse, quelle intelligence chez ce croyant, cette croyante ! Quelle sagesse, quelle intelligence il y a dans cette Eglise ! Est-ce vraiment cela que les gens disent de nous ?

Evidemment, on pourrait aussi s’étonner de l’importance que Moïse donne au regard des autres peuples… Le plus important n’est-il pas d’avoir l’aprobation de Dieu, parfois au détriment de l’approbation des autres ? Ne faut-il pas préférer l’approbation de Dieu à celle des hommes ?

Voilà la question que nous pose ce texte : faut-il forcément mettre en tension, voire en opposition, l’approbation de Dieu et celle des hommes ?

L’approbation de Dieu, d’abord

Il faut bien-sûr le dire : l’approbation de Dieu est première. Les commandements dont parle Moïse viennent de lui, ce sont ses promesses qui y sont associées. Et Moïse rappelle un épisode douloureux de l’histoire des Hébreux, avec l’affaire du Baal de Péor. Cet épisode, relaté dans le livre des Nombres (Nb 25.1-15), évoque comment les Israélites se sont laissés entraînés à la débauche et à l’idolâtrie, et comment le jugement de Dieu s’est abattu sur son peuple tombé dans le chaos. Cet épisode qui a fait des milliers de morts rappelle l’importance de la loyauté au Seigneur. Car l’idolâtrie, c’est un problème de loyauté, qui entraîne la désapprobation de Dieu.

L’approbation de Dieu, c’est donc la priorité absolue. Et le moyen d’avoir l’approbation de Dieu se trouve dans l’obéissance à ses commandements. A tous les commandements. “N’ajoutez rien aux commandements que je vous communique de la part du SEIGNEUR votre Dieu. N’enlevez rien non plus, mais respectez tous ces commandements.” (v.2)

Et ne faisons pas le raccourci de dire trop vite : “ça c’était l’Ancien Testament, maintenant c’est différent”. Jésus a dit explicitement qu’il n’était pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. Il a dit clairement que pas un seul trait de lettre de la Loi ne devait disparaître. L’amour pour Dieu et l’amour du prochain que Jésus place au sommet de la Loi ne remplacent pas les commandements de l’Ancien Testament, ils les accomplissent.

Le problème, ce ne sont pas les commandements de Dieu, c’est ce que nous en faisons. Toute une partie du Sermon sur la Montagne montre comment Jésus cherche à “rectifier le tir”, corriger ce que les chefs religieux ont fait des commandements de Dieu, en les développant, ou en les tordant, ou en les restreignant… pour revenir au coeur de la loi. Et Jésus montre qu’il ne s’agit pas d’avoir une obéissance servile, sans réflexion, mais une obéissance à ses principes de vie. C’est la distinction entre la lettre et l’esprit, pour utiliser le langage de l’apôtre Paul.

Ce qui a changé, c’est qu’on ne cherche plus dans l’obéissance aux commandements une voie de salut. Le salut nous est acquis par le sacrifice de Jésus-Christ qui, lui, a parfaitement accompli la Loi. Mais aujourd’hui comme hier, le croyant est appelé sans cesse à se demander ce que Dieu attend de lui, comment lui faire plaisir. A chercher l’approbation de Dieu, d’abord.

Une bonne réputation réputation, aussi

Pour autant, cela signifie-t-il que l’approbation des hommes n’a aucune importance ? Certainement pas. On l’a dit, il y a là un enjeu pour le témoignage. Notre réputation, le regard que les autres posent sur nous, peuvent nous ouvrir ou nous fermer des portes dans notre témoignage à l’Evangile.

D’ailleurs, dans le Nouveau Testament, la “bonne réputation”, y compris parmi les non croyants, est même perçue parfois comme une qualité spirituelle. Ne la trouve-t-on pas dans la liste des qualités requises pour les responsables d’Eglise ? 1 Timothée 3.7 : “Il faut aussi que ceux du dehors lui rendent un beau témoignage…” (Nouvelle Bible Segond) ou comme le traduit la version Parole de Vie : “Il faut aussi que les non-chrétiens pensent du bien de ce responsable.” Et dans le portrait de la première Eglise, à Jérusalem, au lendemain de la Pentecôte, le livre des Actes des apôtres dit des chrétiens qu’il “louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple” (Actes 2.42).

Demandons-nous toujours, quand on nous accuse d’être moralisateurs, réactionnaires, coincés, rabat-joie, présomptueux, etc… si ce n’est pas vrai, au moins en partie ! Ce n’est pas forcément le cas… mais, honnêtement, est-ce que ça ne peut pas l’être un peu quand même, parfois ? La Parole de Dieu est une parole de vie qui libère. Et un croyant qui vit selon les principes de Dieu devrait être un croyant qui donne envie de croire ! Et je ne suis pas sûr que ce soit toujours l’image que nous renvoyons du chrétien ou de l’Eglise…

Avoir une bonne réputation auprès des non-croyants ne doit certainement pas être notre but ultime. Sinon on peut s’exposer à de fâcheuses compromissions. Par souci de fidélité à Dieu, on peut être amené à écorner un peu notre image auprès des non-croyants. Mais si on veut être pertinents dans notre témoignage, accessibles à nos contemporains, capables d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, alors la façon dont les autres nous voient est importante.

Arrêtons de voir les commandements de Dieu comme des prescriptions qui nous mettront toujours en porte à faux avec les non-croyants. Ça peut arriver, bien-sûr. Mais l’amour du prochain, qui est au coeur de la Loi, le respect de la vie, le souci des plus faibles, l’écoute, le service, la solidarité qui s’expriment dans de si nombreux commandements bibliques, surtout quand ils sont vécus comme Jésus les a vécus, croyez-moi, c’est reconnu et apprécié par nos contemporains ! Mais il faut que nous les vivions vraiment !

Conclusion

Faut-il donc forcément mettre en tension, voire en opposition, l’approbation de Dieu et celle des hommes ? Dans certains cas, oui, évidemment. On en a des exemples dans l’histoire biblique et dans toute l’histoire de l’Eglise, jusqu’à aujourd’hui. Si pour être approuvé des autorités d’un pays il faut renier sa foi chrétienne, alors clairement l’approbation de Dieu est plus importante que l’approbation des hommes !

Mais bien souvent, nous n’avons pas à les opposer. En particulier dans un pays comme le nôtre… Et le premier adversaire qui nous met au défi de la fidélité à Dieu n’est pas la plupart du temps l’autre qui ne partage pas ma foi, mais plutôt moi-même, dans ma difficulté à vivre pleinement les commandements de Dieu à l’image de Jésus-Christ.

Le croyant ne vit pas sa vie chrétienne seul devant son Dieu, il la vit avec des frères et soeurs en Christ, et en relation avec son prochain, quel qu’il soit. Et pour que ces relations soient fécondes, porteuses de foi, d’espérance et d’amour, il faut bien aussi se préoccuper de ce que les autres pensent de nous. D’autant que, parfois, cela permet aussi de mettre en lumière chez nous des travers qu’il nous faut bel et bien corriger.