Archives mensuelles : juin 2018

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Vivre le changement (8) Croire au Dieu de l’incroyable

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/croire-au-dieu-de-lincroyable

Certains d’entre nous ont peur du futur – au niveau mondial, mais aussi pour notre propre vie : préoccupations pour le travail, pour nos enfants, la santé, nos parents qui vieillissent, peur de solitude/ souffrance/ inconnu… ou peut-être est-ce le sentiment d’être dans l’impasse, coincé dans une difficulté… questionnement sombre ! mais nous tous, nous nous posons cette question : qu’est-ce que l’avenir nous réserve ?

Nous ne sommes pas les premiers à nous demander cela. Ecoutons une parole du prophète Esaie pour le peuple d’Israël, aux alentours de 700 et quelques avant J.C. – une période relativement agréable, mais avec de profonds dysfonctionnements que Dieu dénonce : Dieu avertit que peuple court à sa perte. Le puissant (et cruel) empereur de Babylonie décimera pays, détruira le temple, déportera les puissants. (c’est arrivé, quelques décennies plus tard). futur sombre. Et voilà quelle parole Esaïe écrit, bien avant que la situation difficile de l’exil soit vécue : c’est comme si une énorme tempête arrivait, et qu’Esaïe pointait du doigt, au loin, derrière nuages noirs, un coin de ciel bleu.

Lecture biblique: Esaïe 43.14-21

14 Voici ce que dit le SEIGNEUR, votre libérateur, le Dieu saint d’Israël :

« Pour vous, j’envoie quelqu’un à Babylone.Je vais faire tomber les portes qui protègent la ville. Alors, chez les Babyloniens, les cris de joie deviendront des chants de deuil. 15 Je suis le SEIGNEUR, votre Dieu saint, le Créateur d’Israël, votre Roi. »

16 Autrefois, le SEIGNEUR a ouvert un chemin dans la mer, une route à travers l’eau puissante. 17 Il a fait sortir des chars et des chevaux, l’armée avec sa puissance militaire.

Ils sont tombés pour ne plus se relever. Ils se sont éteints, ils ont brûlé comme la mèche d’une lampe.

18 Maintenant, le SEIGNEUR dit : « Ne pensez plus à ce qui est déjà arrivé, oubliez le passé. 19 En effet, je vais faire quelque chose de nouveau, qui grandit déjà. Est-ce que vous ne le voyez pas ? Oui, je vais ouvrir un chemin dans le désert, je vais faire couler des fleuves dans ce lieu sec. 20 Les animaux sauvages, les chacals et les autruches me rendront honneur car j’ai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans ce lieu sec. Oui, je veux donner à boire au peuple que j’ai choisi. 21 Ce peuple que j’ai formé pour moi chantera ma louange. »

 

D’avance, Esaïe l’annonce : l’exil que le peuple va souffrir ne sera pas la fin. Après les avoir laissé porter leur responsabilité et les conséquences de leur comportement, Dieu va libérer son peuple :

  • 1e parole : Dieu va mettre un terme à la puissance de l’empire babylonien (quelques décennies après leur départ en exil – c’est le moment où l’empire des Mèdes & des Perses prend le pas sur les Babyloniens), [mettre vv.14-15 en bleu]
  • 2e parole : Dieu va intervenir. (v.16 en rouge) Il fait référence au passé d’Israël, quelques siècles plus tôt : quand le peuple d’Israël alors esclave est sorti d’Egypte, guidé par Moise, traversant la mer à pied, laissant derrière une armée égyptienne submergée par les eaux, l’Exode. [diapo v.18ss] Dieu annonce qu’il va faire encore mieux : ne pensez plus au passé, je vais faire du nouveau. Comme il a ouvert des chemins improbables pour libérer Israël de l’esclavage en Egypte, Dieu ouvrira des chemins improbables pour libérer son peuple de l’exil en Babylonie. Et comme Dieu, à l’époque, a donné à boire à son peuple, alors qu’il errait dans le désert pendant 40 ans (entre l’Egypte et la terre promise), Dieu promet de prendre soin de son peuple.

Voilà les promesses que Dieu fait à son peuple par l’intermédiaire d’Esaïe – promesses dont on sait qu’elles se sont réalisées, puisque 70 ans après le départ en exil, Israël revient sur sa terre, grâce au décret du roi Cyrus qui a vaincu Babylone. Des promesses qui nous rejoignent aujourd’hui, parce qu’elles nous rappellent ce que Dieu est capable de faire, même dans les pires déserts ou les pires impasses.

  • Croire à l’incroyable

« Oubliez le passé, je vais faire du nouveau. » Oubliez le passé – petit paradoxe : Dieu vient juste de faire référence à un événement fondateur du passé, l’exode / la sortie d’Egypte ! Donc oublier le passé, ce n’est pas devenir amnésique ! Mais c’est laisser Dieu déborder le cadre de nos expériences passées et de nos souvenirs.

Souvent quand on se projette dans le futur, on s’appuie sur ce qu’on connaît, ce qu’on a vu et expérimenté, et on essaie de transposer le même principe ou la même dynamique dans l’avenir. Mais Dieu ne se laisse pas limiter par nos expériences ou nos souvenirs… Il fait du nouveau. Il fait du complètement nouveau! Même si nous avons vu des oasis dans le désert, lui, il fait jaillir des fleuves.

Alors c’est incroyable, impensable, parce c’est nouveau, inédit, inconnu. Les actes de Dieu débordent les statistiques, les calculs, les probabilités. A quoi ça ressemble ? Je peux donner quelques exemples (du passé…) : des portes qui s’ouvrent pour un projet alors que tout était bouché, quelqu’un qui sort de l’addiction alors que toute sa vie était centrée dessus, deux personnes qui étaient fâchées à mort et qui se réconcilient, ou encore une guérison physique improbable… A chaque fois, il y a ce sentiment de surprise, d’émerveillement, de voir l’impossible se réaliser. Croire à l’incroyable, c’est s’ouvrir à cette possibilité que Dieu intervienne dans notre vie, sans être limité par notre contexte.

Les projets, les rêves, de Dieu sont plus grands que ce que nous pouvons imaginer – autant dans notre vie personnelle que dans notre expérience d’église. Le passé nous enseigne, nous encourage, nous rappelle ce que Dieu a pu faire – mais pour l’avenir, Dieu ne nous fait pas tourner en rond, il ouvre des perspectives nouvelles, plus larges. Les rêves de Dieu sont plus grands que nos souvenirs.

  • Croire au Dieu de l’incroyable

Croire à l’incroyable, à l’impensable, ça fait peur. Ca paraît naïf, illusoire, comme quelqu’un qui vit dans les nuages. Peut-être parce que ce n’est pas à l’incroyable qu’il faut croire, comme on croirait aux licornes ou aux petits hommes verts, mais au Dieu de l’incroyable. C’est lui la clef de notre foi ! Dans le texte, Dieu annonce qu’il va faire du nouveau, il donne quelques indices (qu’on comprend mieux après les faits), mais surtout il rappelle qui il est : il est le Libérateur, le Créateur, le Maître (celui qui domine tout), il est celui à qui nous appartenons et qui nous aime comme ses enfants.

Et nous ne pouvons pas connaître Dieu, ce Dieu de l’incroyable, mieux qu’à travers Jésus, qui le manifeste parfaitement. Jésus, expert en incroyable : incroyable sagesse, incroyables miracles, incroyables guérisons, incroyables rencontres débordant tous les codes sociaux, incroyables mort et résurrection. La vie de Jésus ne dit pas juste ce que Dieu a fait à travers lui, mais elle montre qui Dieu est : dans la tempête, il n’est pas submergé comme nous, mais il marche sur l’eau car il l’a créée. Dans la pénurie alimentaire, il donne à chacun selon ses besoins car il est celui qui nourrit. Dans l’impasse ultime, la mort, Jésus trace un chemin de vie par sa résurrection.

C’est Dieu révélé en Jésus, la clef de notre foi, la base de notre confiance, l’horizon de notre espérance : nous pouvons croire que des chemins vont s’ouvrir dans l’impasse parce que nous connaissons Dieu, créateur, maître, libérateur, parce que nous connaissons Jésus qui a vaincu la mort elle-même – qu’est-ce qui pourrait encore lui résister ? Nous avançons vers l’inconnu, sans savoir ce que Dieu prépare – mais nous pouvons lui faire confiance. Dieu se décrit souvent comme un berger avec son troupeau : le troupeau ne sait pas où il va ! Mais il fait confiance au berger, les brebis se concentrent sur la voix de celui qu’elles connaissent, et elles le suivent, peu importe l’endroit.

  • Un nouveau regard sur nos déserts

Croire à l’incroyable, s’ouvrir à la possibilité de l’intervention de Dieu au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Du coup, cet appel à la foi est aussi une invitation à regarder autrement nos déserts, ces situations qui nous paraissent bloquées, stériles, perdues, décourageantes (« c’est comme ça », « ça ne changera pas », « on n’y peut rien »). Dieu nous invite à les regarder non comme des lieux arides, des lieux de mort dont on ne peut rien attendre, des lieux de découragement, mais comme des endroits que Dieu peut transformer en vallées luxuriantes.

Regardons à Dieu, révélé en Jésus : sa puissance déborde nos limites. Pour Dieu, aucun arbre n’est si sec qu’il ne puisse y faire pousser feuilles, fleurs & fruits. Aucune faute n’est si grande qu’il ne puisse la pardonner – il est lui-même mort pour cela. Aucun esclavage n’est si fort que Dieu ne puisse nous en libérer, et aucun caractère si dur que Dieu ne puisse nous aider à devenir bienfaisants. Depuis quelques dimanches nous prêchons avec Vincent sur le changement – et cette parole d’Esaïe nous rappelle qu’il n’y a rien au monde que Dieu ne puisse changer.

J’ajoute une précision : croire que Dieu peut transformer nos déserts en vallées, croire que Dieu peut faire l’incroyable, ce n’est pas croire que Dieu va réaliser mes rêves les plus fous ! Si vous êtes au chômage, vous n’allez pas forcément trouver du travail le lendemain du jour où vous avez prié. Si vous êtes malade, vous n’allez pas forcément être guéri. Mais Dieu peut faire couler une source dans nos déserts, pas forcément selon le chemin que nous aurions tracé, mais avec une fécondité plus grande que ce que nous imaginons : une disponibilité pour les autres, une persévérance encourageante, une paix profonde, une occasion de témoigner.

Si vous avez l’impression d’être dans une impasse – ou quand vous aurez l’impression d’être dans l’impasse ! – est-ce qu’il serait envisageable de prier ainsi : « ô Dieu, je suis dans un désert. Je me sens seul/ J’ai peur/ je me sens vide ou inutile/ ou bien j’en fais tellement que je me retrouve à sec – toi le Dieu de l’abondance et de la joie, quels fleuves veux-tu faire couler dans ma vie ? Aide-moi à te faire confiance. »

Et si vous êtes dans une oasis, n’est-il pas aussi envisageable de prier ainsi : « ô Dieu, quels fleuves veux-tu faire couler dans ma vie ? A quoi m’appelles-tu aujourd’hui ? Aide-moi à te faire confiance. »

Conclusion

Osons croire en Dieu, un Dieu incroyable et surprenant, qui fait du nouveau et nous entraîne sur des chemins improbables. Osons croire en lui, osons le suivre – chacun avec les défis de notre vie personnelle : demandons-lui où il veut nous emmener ; ensemble dans notre vie communautaire : demandons-lui où il veut nous emmener. Osons lui faire confiance, car Il est le libérateur, le créateur, celui qui œuvre pour la vie et la joie. C’est bien l’objectif que Dieu se donne dans ce texte d’Esaïe : mon peuple chantera sa joie et sa reconnaissance. Le but de Dieu, c’est de nous montrer sa présence et son amour, de se réjouir avec nous et nous avec lui, dans la reconnaissance. Alors osons croire ! Osons le suivre!

Vivre le changement (7) S’adapter à ce que Dieu fait aujourd’hui

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Lecture biblique: Matthieu 9.14-17

14 Les disciples de Jean-Baptiste s’approchèrent alors de Jésus et lui demandèrent : « Pourquoi nous et les Pharisiens jeûnons-nous souvent, tandis que tes disciples ne le font pas ? » 

15 Et Jésus leur répondit :

« Pensez-vous que les invités d’un mariage peuvent être tristes pendant que le marié est avec eux ? Bien sûr que non ! Mais le temps viendra où le marié leur sera enlevé ; alors ils jeûneront.

16 « Personne ne répare un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ; car cette pièce arracherait une partie du vêtement et la déchirure s’agrandirait encore.

17 On ne verse pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres ; sinon les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues. On verse au contraire le vin nouveau dans des outres neuves et ainsi le tout se conserve bien. »

Autour de Jésus, beaucoup se posent cette question : pourquoi Jésus, qui passe son temps à parler de Dieu en public et en privé, n’a-t-il pas une spiritualité exemplaire ? Je m’explique : le jeûne dans la religion juive, c’est obligatoire une fois par an pour accompagner le sacrifice du grand Pardon. On jeûne aussi en cas de coup dur : deuil, période de besoin criant, repentance aussi après une faute commise. Et puis vient l’habitude de jeûner chaque semaine, pour rechercher une proximité avec Dieu. Les Pharisiens, les scribes, les disciples de Jean, tous les bons Juifs le font ! Pourquoi pas Jésus?

Alors Jésus répond : le jeûne, c’est très bien, mais ce n’est pas adapté à ce qui se vit à l’instant T. Le jeûne est associé à une recherche, à une tristesse, à un manque : mais Jésus est là ! Que manque-t-il ?? Jésus est là, l’Envoyé de Dieu, le Messie, celui qui sauve et qui guérit. Pourquoi se lamenter ? Il y aura un temps pour les lamentations – Jésus pense à sa mort sur la croix – mais aujourd’hui, il faut célébrer la présence de Dieu parmi les hommes. Il faut s’adapter à ce que Dieu fait aujourd’hui. Si c’est le temps de chanter, chantons ! Si c’est le temps de pleurer, pleurons…

Et Jésus saisit cette occasion d’aller plus loin en donnant deux exemples, comme deux paraboles, que je vais expliciter un peu si comme moi vous n’êtes pas des as de la couture ou de la vinification antique !

  • on ne peut pas rapiécer un vieux vêtement avec du tissu neuf : au lavage, le tissu neuf va rétrécir, et déchirer à nouveau, voire davantage, le vieux vêtement.
  • on ne peut pas mettre à vieillir, à fermenter, le vin nouveau dans des outres qui ont déjà servi. En effet, le cuir neuf des outres neuves va pouvoir se détendre au gré de la fermentation du vin. Mais une outre au cuir déjà détendu ne pourra pas se détendre davantage : en fermentant, le vin nouveau la déchirerait, et on perdrait tout, les outres & surtout, le vin !

Dans notre perspective « Vivre le changement », ce texte vient nous rappeler qu’il nous faut suivre ce que Dieu est en train de faire, s’adapter à son action d’aujourd’hui (et non d’hier).

1) Le changement radical amorcé par Jésus

A l’époque de notre texte, dans leur « aujourd’hui », Dieu a envoyé son Fils, et c’est un changement radical. Jésus vient apporter la Bonne Nouvelle de l’amour hors cadres de Dieu – les malades sont guéris, les impurs invités, les étrangers accueillis… Sans commettre le mal, Jésus montre souvent que l’amour extraordinaire de Dieu bouscule les anciennes règles : en venant incarner Dieu parmi les hommes, il ouvre un autre temps dans notre histoire.

Jésus va montrer par exemple que nos actions, nos bonnes intentions, nos valeurs, ne suffisent pas pour nous rendre dignes de l’amour de Dieu – il y a toute notre face sombre… Mais Jésus, par amour, va porter notre culpabilité, la compenser, l’expier, et il nous offre le pardon de Dieu : il n’y a qu’à recevoir ! Pas besoin de paraître bien, pas besoin d’en faire plus que les autres, pas besoin de s’appuyer sur des pratiques rituelles : par la foi, pardon et salut nous sont offerts.

L’Eglise des premiers temps va en tirer des conséquences très concrètes : puisque Jésus, dans sa mort, compense parfaitement notre injustice, il n’y a plus besoin de faire de sacrifices d’animaux – il est le sacrifice unique. L’apôtre Pierre va comprendre ainsi qu’on n’entre pas dans le peuple de Dieu par des règles extérieures, par des rituels ou une lignée particulière, mais qu’on est enfant de Dieu seulement sur la base de notre foi en Jésus. Plus besoin de circoncision, de règles alimentaires, ou de rituels : par sa mort et sa résurrection, Jésus nous rend pleinement dignes de vivre avec Dieu. La preuve, il envoie son Esprit à tous ceux qui croient, même aux non-Juifs, comme Corneille.

Ainsi, tout ce qui perd son sens avec la venue de Jésus est mis de côté, mais les premiers chrétiens gardent les pratiques juives comme le chant, la méditation de la Parole de Dieu, la prière ou l’entraide, car elles restent pertinentes pour connaître Dieu, lui parler, et mettre en pratique sa volonté.

2) S’adapter : « qu’est-ce qui est approprié ? »

Qu’est-ce qui est approprié à ce que Dieu fait aujourd’hui ?

L’action tonitruante de Dieu il y a 2000 ans, c’est l’envoi bouleversant de son Fils pour nous sauver, c’est le pardon de Dieu à tous ceux qui croient, peu importe qui ils sont.

Mais Dieu continue d’agir aujourd’hui : pas en envoyant un nouveau Jésus ou en changeant la façon dont il nous pardonne, mais en appelant jour après jour de nouvelles personnes, en leur offrant sa vie et sa liberté, sa joie et ses dons… C’est moins radical à observer qu’au temps de Jésus, de Pierre et Corneille, mais Dieu continue de transformer des vies, et de faire grandir son peuple. Alors forcément, puisque l’action de Dieu change la donne, cette question revient siècle après siècle : est-ce que notre façon de faire, héritée d’hier, est adaptée au peuple que Dieu se compose aujourd’hui ? (est-ce que ma voiture est adaptée à l’arrivée d’un deuxième enfant ?)

Cette image du vin et des outres nous rappelle avec force qu’il faut se poser la question : le vin nouveau est là – est-ce que nous avons les bonnes outres ? Est-ce que notre façon de vivre est adaptée à ce que Dieu fait aujourd’hui en nous et autour de nous ? Nos activités, nos groupes, nos habitudes, sont appropriés pour notre église aujourd’hui ?

Cette question fait peur… Et c’est normal ! Elle fait craindre qu’on jette tout, qu’on renie le passé et qu’on s’embarque dans je ne sais quelle mode. Et c’est douloureux, car telle activité correspond à la façon dont untel s’est tourné vers Jésus, tel chant évoque pour l’autre l’enfance et la découverte de Dieu avec la famille, etc. La crainte du changement n’est pas forcément rétrograde, mais vient parfois de l’attachement aux bonnes choses héritées du passé, ou de la peur de traverser de trop grands dangers.

Mais Jésus ne dit pas de tout jeter, d’abandonner les outres à tout prix pour avoir le dernier contenant à la mode ! Non, simplement il nous invite à nous demander régulièrement pourquoi nous agissons de telle ou telle manière. Pourquoi jeûnez-vous, dit-il aux disciples de Jean ? Et nous, pourquoi utilisons-nous telle forme, dans notre vie personnelle ou communautaire ? Si c’est par habitude ou conformisme, est-ce que c’est encore conforme, approprié, à ce que Dieu est en train de réaliser aujourd’hui ? Attention, ça peut rester pertinent ! Lire la Bible aujourd’hui reste le meilleur moyen de connaître Dieu et sa volonté, par exemple : c’est irremplaçable ! Mais… on peut changer de traduction, on peut lire un passage sur son téléphone dans le métro pour inspirer notre journée… Qu’est-ce qui est approprié ? Face à ce que Dieu fait aujourd’hui, est-ce que notre façon d’y répondre a du sens ?

3) Un appel au discernement : quelles sont nos priorités ?

En fait, derrière cette image du vin et des outres, il y a un appel à discerner les priorités. On peut parfois se laisser happer par la comparaison des outres : il y a celles au cuir patiné par le temps, peut-être cousues par une grand-mère qui nous aimait tendrement… Et les autres : rêches, rigides, comme ces chaussures toutes neuves dans laquelle on a vite des ampoules.

Mais au-delà des outres, qu’est-ce qui compte vraiment ? (…) le vin ! Le vin nouveau, fraîchement récolté et mis à fermenter pour faire une cuvée délicieuse, dans quelque temps. La priorité, l’objectif, c’est le vin, et non les outres ! Le vin nouveau, c’est le fruit de ce que Dieu fait aujourd’hui, de ses récoltes précieuses… Ce sont les chrétiens présents depuis quelques décennies, depuis quelques années, depuis quelques jours… Le vin nouveau, ce ne sont pas que les jeunes, c’est la réalité (inédite) que nous formons aujourd’hui, avec notre diversité. Pouvons-nous vraiment nous permettre de prendre le risque de laisser perdre ce vin parce que nous préférerions les vieilles outres distendues, adaptées au vin d’hier, à la réalité des générations passées ? Dieu fait bouillonner (fermenter ?) son Esprit en nous et autour de nous parce qu’il a en vue une récolte qu’il juge précieuse… N’avons-nous pas, nous qui formons l’église (et je ne parle pas que des pasteurs et du conseil : tous nous sommes l’Eglise, tous nous participons à la façonner) la responsabilité de chercher ce qui va aider chacun ici à fermenter librement, qu’il soit dans l’église depuis 2 mois ou depuis 35 ans ? A grandir dans la foi, à mieux suivre Dieu, à découvrir ses dons, à les mettre en pratique… Même si ça sort de nos habitudes ?

Conclusion

Pour conclure, je voudrais vous demander d’imaginer quelques instants la cave de Dieu… fermez les yeux si vous en avez besoin. A droite, il y a les vieilles bouteilles : millésimes 214, 812, 1517 (quand même, la réforme c’est une bonne cuvée !), 1849 (la naissance de notre union aussi 😉 ). A gauche, des bouteilles plus récentes : 1964, 1981, 1991, 2001 (allez regarder sur la frise du panneau Vitalité pour comprendre). Et la cuvée 2018 ? Elle est en cours de mise en bouteille… Quelle forme va-t-choisir ? Quelle méthode ? Qu’est-ce qui est approprié à cette récolte de Dieu ? De quoi avons-nous besoin pour que l’église fermente de façon optimale ?

Osons nous demander régulièrement : qu’est-ce que Dieu fait aujourd’hui ? Dans ma vie ? Dans notre église ? et du coup : comment puis-je y répondre de façon appropriée ? Comment pouvons-nous participer à l’œuvre de Dieu aujourd’hui, suivre sa piste, parcourir son chemin ? ne nous reposons pas sur les acquis, mais toujours, demandons l’inspiration de l’Esprit de Dieu pour nous aider à vivre avec Dieu.

Allez !

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/allez

NB : Au cours du culte nous avons accueilli un couple de missionnaires en Argentine qui nous ont parlé de leur travail.

On a raison de rappeler qu’il n’y a pas besoin d’aller à des milliers de kilomètres pour être missionnaire. Aujourd’hui plus qu’hier sans doute, la mission commence à notre porte, et elle commence même parfois à l’intérieur de nos maisons !

Selon une enquête récente, en France, 29 % des personnes interrogées se disent athées convaincus et 34 % affirment n’appartenir à aucune religion. Et parmi ceux qui se reconnaissent dans une religion, combien sont pratiquants ? Une minorité ! Et cela dans toutes les religions. Un quart des catholiques se dit pratiquant mais seulement 5 % assistent à la messe chaque dimanche. Parmi les protestants, il n’y a que 24 % de pratiquants réguliers…

Bref, l’évangélisation et la mission sont plus que jamais d’actualité en France !

Mais alors, de façon un peu provocatrice, on pourrait poser la question : pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? L’Argentine, c’est loin… Et il y a déjà bien assez de boulot et de besoins ici !

Pour répondre à cette question, je vous propose de lire les dernières paroles que Jésus a dites à ses disciples, dans l’Evangile selon Matthieu.

Matthieu 28.16-20
16 Les onze disciples partent pour la Galilée. Ils arrivent sur la montagne où Jésus leur a dit d’aller. 17 En voyant Jésus, ils l’adorent mais certains hésitent à croire. 18 Jésus s’approche et leur dit : « J’ai reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre. 19 Allez, faites des gens de toutes les nations mes disciples. Baptisez-les au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. 20 Apprenez-leur à obéir à tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »
Les dernières paroles de Jésus à ses disciples ont forcément une importance particulière. Ce sont les ultimes instructions qu’il leur donne, juste avant de les quitter. Et de fait, on y trouve par exemple les paroles d’institution du baptême chrétien, prononcées rituellement depuis 2000 ans par les chrétiens du monde entier !

Mais les paroles de Jésus ici sont avant tout un appel :
1° Il y a un envoi en mission : « allez ».
2° Cette mission est universelle : « faites des gens de toutes les nations mes disciples ».
3° L’appel est assorti d’une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Une mission : « Allez ! »

Rien qu’avec ce premier verbe, on a une réponse à ma question du début. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que justement ils ont, un jour, répondu à cet « allez » du Christ. Ils ont perçu un appel de Dieu et y ont répondu.

Et cela, d’une façon ou d’une autre, nous interpelle. Parce que l’appel à « aller » n’est pas adressé seulement aux premiers disciples de Jésus. Il est adressée à l’Eglise, à tous les disciples de tous les temps. Il est donc pour nous aujourd’hui encore.

Nous ne sommes pas tous appelés à aller en Argentine. Nous ne sommes pas tous appelés à quitter notre job, notre maison, notre pays… Mais nous sommes tous appelés à vivre en disciples du Christ, et le disciple est appelé à son tour à faire des disciples.

C’est notre mission première, ici comme ailleurs, dans quelque pays qu’on se trouve : faire des disciples du Christ. Attention : pas des disciples de son Eglise ou de sa mission. Des disciples du Christ. Notre mission, en Argentine comme en France, n’est pas de convertir à une religion, de recruter pour une Eglise ou une mission, ou de susciter l’adhésion à une doctrine. Notre mission, c’est d’être témoin de Jésus-Christ, en paroles et en actes, et d’inviter à une rencontre par la foi avec lui.

Notez enfin que l’appel du Christ est aussi intéressant à entendre pour une Eglise. Il nous dit aussi : « Allez ! » Pas seulement « rassemblez-vous », pas seulement « accueillez » mais « allez ! » Où devons-nous aller en tant qu’Eglise ? Où le Seigneur nous appelle-t-il ?

Une mission universelle : « Faites des gens de toutes les nations mes disciples… »

Jésus ne se contente pas de dire « allez ! » à ses disciples, il poursuit. Et la suite de la phrase donne un autre élément de réponse à notre question. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que la mission confiée par Jésus-Christ à son Eglise est universelle. Et la mission est universelle parce que l’Evangile est universel.

Je pense à une vision de l’Apocalypse qui, je trouve, entre en résonance directe avec ces paroles de Jésus. Au chapitre 7, Jean décrit la vision d’une foule innombrable, vêtue de blanc et chantant les louanges de Dieu. Et il dit que cette foule, « ce sont des gens de tous les pays, de toutes les tribus, de tous les peuples et de toutes les langues. » (Ap 7.9)

L’Evangile n’est pas lié à une culture mais trouve à s’incarner dans toutes les cultures. Aujourd’hui plus que jamais on a besoin de l’entendre parce que notre société est plus que jamais multiculturelle. Et les Eglises devraient être, de part leur vocation, à la pointe du multiculturel et du transculturel !

L’appel universel de Jésus devrait aussi nous encourager à développer une conscience globale, une ouverture sur le monde, une préoccupation universelle. L’Eglise de Jésus-Christ est universelle. Ce qui concerne les chrétiens à l’autre bout du monde me concerne parce que je fais partie du même corps. D’ailleurs, comment pourrait-on dire que l’Evangile est universel et ne s’intéresser qu’à sa propre Eglise et son propre pays ?

Une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Cette promesse de Jésus, qui termine ses dernières paroles à ses disciples, est essentielle à l’accomplissement de la mission qu’il leur confie. C’est la présence de Jésus avec nous, tous les jours, qui peut nous permettre de répondre à son appel. Pourquoi accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine ? Parce que leur témoignage nous aide à prendre conscience que c’est le même Seigneur qui est à l’oeuvre ici comme là-bas. Notre unité et notre force, elles sont en Christ.

Et ce rappel est essentiel. Parce que si le Christ n’est pas avec nous, nous n’accomplirons pas sa mission !

Car Jésus nous dit : « allez ! ». Mais il dit aussi « je suis avec vous tous les jours. » Il nous accompagne par son Esprit là où il nous envoie. Et heureusement, parce que c’est lui qui agit ! C’est lui qui change les cœurs, c’est lui qui convainc.

Par ailleurs, Jésus nous demande de faire des disciples… Mais il dit aussi « je suis avec vous tous les jours. » En réalité, on ne peut pas faire des disciples de Jésus-Christ sans qu’il soit là, avec nous. Sans la présence du Christ avec nous, on risque de faire des disciples de notre Eglise, de notre religion voire de nous-mêmes… mais pas des disciples de Jésus-Christ.

Conclusion

Finalement donc, on fait bien d’accueillir un couple de missionnaires pour nous parler de leur travail en Argentine !

C’est l’occasion pour chacun de nous interroger sur notre appel, de prendre mieux en compte la dimension universelle de l’Evangile et de se réapproprier la promesse du Seigneur d’être, tous les jours, avec ceux qu’il envoie.

Car c’est vrai : Jésus-Christ est avec nous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Et il nous envoie, au loin comme au près, annoncer cette bonne nouvelle !