Archives mensuelles : août 2016

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L’Eglise, une passion à vivre!

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Lecture biblique : Ephésiens 4.1-6

Le passage que nous méditons ce matin est à un point tournant de la lettre de Paul ; les trois premiers chapitres décrivent l’œuvre de salut de Dieu en Jésus-Christ en partant d’avant la création pour arriver au but du salut : que l’humanité rachetée puisse célébrer la gloire de Dieu. Maintenant, Paul passe aux conséquences pratiques, aux applications concrètes des grandes vérités de la foi ; c’est pour cela qu’il dit : « je vous exhorte donc, je vous demande donc instamment de vous comporter d’une manière digne de ce que je viens de vous dire. Je vous ai parlé pendant plusieurs pages du salut, de Dieu, de la foi, de la grâce, du pardon : et voilà à quoi toutes ces vérités nous mènent, voilà comment elles doivent se traduire dans notre vie si nous voulons être cohérents avec notre foi ».

1)   Un lien incontournable

Paul commence donc une série d’exhortations qui va couvrir toute la deuxième partie de la lettre. Sa première exhortation, fondamentale, celle qui répond directement au salut qui vient de Dieu, celle qui montre ce qu’il faut donner quand on a tant reçu, c’est de vivre l’unité dans l’église. Voilà comment répondre dignement à l’appel de Dieu qui nous a sauvés. **

Les liens dans l’Église, c’est une des grandes passions de Paul : dans quasiment toutes ses lettres, on retrouve ce thème de l’amour mutuel, l’importance de s’accueillir les uns les autres, l’image de l’église comme un corps interdépendant où les uns et les autres se soutiennent, se complètent, se fortifient, et où le grand danger consiste à se diviser ou à se mépriser. L’amour dans la communauté, cela rappelle ce texte qu’on cite souvent lors des mariages : « l’amour est patient, l’amour pardonne, il fait confiance » (1 Co 13). En fait ici Paul ne parle pas du couple, mais de l’Église, et il montre que la foi, le courage, le zèle, la vertu, tout ça sans amour ne vaut rien ! J’ai cité la 1e lettre aux Corinthiens, mais aux Philippiens aussi Paul adresse cette exhortation à soigner les relations fraternelles avec humilité dans l’église, et il fait pareil pour les chrétiens de Rome, de Colosses, de Galatie etc. Dès qu’il écrit, il parle de l’Église, parce que l’amour envers les autres, les frères et sœurs dans la foi, est la 1e réponse appropriée au salut que nous avons reçu, à l’appel qui nous a été adressé : cet appel, c’est l’appel de Dieu à nous tourner vers lui, à recevoir son pardon grâce au sacrifice de Jésus-Christ, à recevoir le Saint-Esprit qui fait de nous des personnes nouvelles et qui nous guide dans cette nouvelle vie remplie de la présence de Dieu.

2)   L’unité à vivre avec réalisme

Il faut préciser que l’unité des chrétiens existe déjà : nous ne sommes pas appelés à construire de toutes pièces un lien inexistant. Quand nous acceptons le Christ comme notre sauveur, le Saint-Esprit nous attache automatiquement à Dieu et aux autres croyants. Comme lorsqu’un enfant naît, il a une connexion particulière, sociale, psychologique, génétique, avec ses parents mais aussi avec ses frères et sœurs. Ce lien familial qui nous donne des frères et sœurs en même temps qu’il nous donne un Père qui est Dieu, ce lien est créé automatiquement lorsque nous nous attachons au Christ.

Cependant, ce lien est fragile, et l’apôtre Paul nous appelle à faire tous nos efforts pour le conserver, le protéger. Vous imaginez bien, ceux qui ont des frères et sœurs ou plusieurs enfants, que partager un même nom de famille et des ADN proches ne voudraient plus dire grand-chose si les enfants ne se parlaient jamais entre eux ou refusaient de s’entraider. Le lien familial est là, mais nous sommes appelés à le développer toujours davantage. C’est pareil dans l’église : nous avons le même nom (enfants de Dieu), le même ADN (l’Esprit) mais nous sommes appelés à développer ce lien qui nous unit, parce que notre Père, Dieu, se réjouit de voir ses enfants s’aimer.

Alors comment vivre nos relations ? Paul donne 3 pistes : la simplicité, la douceur et la patience.

La simplicité, ou plutôt l’humilité : c’est reconnaître que l’autre a autant d’importance que moi, voire plus. C’est choisir de lui laisser une place à côté de moi, de le servir avant de me servir, de penser à ses intérêts avant les miens. Cela implique, parfois, de faire passer l’autre devant, de refuser d’avoir le dernier mot, d’accepter que notre idée n’est pas retenue… Mais l’amour humble choisit de s’impliquer au service de tous, même si mon idée ou ma façon de faire ne sont pas retenues.

La  douceur, on peut la traduire par la maîtrise de soi. Quoi qu’il arrive, quoi que l’autre dise ou fasse, nous sommes appelés à choisir la douceur, à choisir la bienveillance, à répondre à l’offense par le pardon et à la colère par la paix.

La patience enfin… être lent à la colère, laisser passer les détails, les malentendus, supporter les différences, les ralentis, les défauts, les caractères abrupts… Paul insiste sur la patience (v.2c)… on voit qu’il avait une grande expérience des églises où sont rassemblés des personnes qui n’ont rien d’autre en commun que le nom de Jésus-Christ, des églises où les relations s’enveniment vite parce que la foi transforme notre vie et nos caractères plus lentement qu’on ne le voudrait.

Toutes ces qualités que Paul nous invite à développer visent à soigner la paix qui nous unit. Pour nous la paix c’est souvent la paix intérieure, la « zen attitude » – le Dieu de paix c’est le Dieu qui apaise l’angoisse. C’est vrai, mais la paix dans le NT caractérise très souvent les relations – entre Dieu et les hommes Dieu qui réconcilie) et puis entre les hommes. La paix c’est non seulement l’absence de guerre, mais c’est aussi positivement le lien qui nous rassemble, la réconciliation, manifestation d’amour. Comme dit Paul plus haut dans la lettre, au ch. 2, le Christ a abattu le mur de séparation qui se dressait entre Dieu et nous, le péché, et de là, il a abattu le mur de séparation qui se dressait entre les hommes. Réconciliés avec Dieu, nous sommes appelés à vivre une vie de pardon, à donner l’amour que nous avons reçu, à tendre à notre tour une main secourable. Ce n’est pas facultatif !

Nous sommes appelés à préserver et à développer ce lien d’amour qui nous unit… L’église n’est pas seulement un groupe commun qui assiste au culte ensemble, mais notre voisin de chaise est un frère, une sœur, que Dieu me donne à aimer et à servir, pour sa plus grande joie. Cela demande du temps passé ensemble, des relations tissées patiemment, des projets menés ensemble, avec pour but des progrès vécus ensemble ! des progrès personnels – c’est dans les relations que Dieu polit et façonne notre caractère, et communautaires – c’est par nos relations que nous témoignons de l’amour de Dieu pour le monde.

Paul nous exhorte à rechercher la paix avec nos frères et sœurs en Jésus-Christ, et pour nous aider à voir combien c’est prioritaire dans notre vie chrétienne, il nous fait prendre de la hauteur. Il élève notre regard au-delà de notre petite situation particulière, de telle querelle, de tel manque de temps, et il nous montre l’Église vue du ciel, vue de Dieu.

3)   Une invitation à prendre de la hauteur

L’unité qui rassemble les croyants, Paul la décline en 7 points, sept fondements de la communion, sept raisons pour soigner les relations dans l’Église.

Un seul corps : un seul peuple, une seule famille de Dieu, une seule Église. Cette Église unique, universelle, est remplie d’un même Esprit, l’Esprit de Dieu qui souffla à la Pentecôte et unit chaque croyant à Dieu.

Une seule espérance : que le salut commencé à la croix, cette victoire sur la mort et sur le mal que Jésus a remportée lorsqu’il est mort et ressuscité, que ce salut-là remplira un jour toute la terre, lorsque le Christ reviendra pour établir parfaitement son royaume et que tout sera entièrement libéré du mal et de la mort.

Un seul Seigneur, Jésus-Christ, notre sauveur, le fils de Dieu.

Une seule confession de foi : oui, Jésus est Seigneur. Paul ne fait pas là allusion aux différences d’interprétation, d’écoles théologiques, mais il rappelle ce qui fait l’essence de notre identité chrétienne, la conviction partagée que le Christ nous a sauvés, puisque nul ne peut être chrétien s’il ne reconnaît le Christ. Tous ceux qui disent « Jésus est Seigneur » sont nos frères et nos sœurs. Un seul baptême, témoignage public de cette conviction intérieure qu’est la foi.

Enfin, un seul Dieu et père de tous, créateur de tous, souverain sur tout l’univers.

Voilà les sept piliers de notre unité, les traits essentiels de notre foi qui sont partagés par tous les chrétiens. Dans cette belle envolée, Paul nous invite à prendre de la hauteur et à considérer l’église de ce point de vue-là. Changer de regard sur l’autre, sur notre communauté, cela change notre état d’esprit, notre attitude intérieure. Paul nous invite à considérer les communautés imparfaites que nous formons comme la famille de Dieu, unie par bien plus que ce qui peut diviser, unie par le sang du christ et l’eau de l’Esprit. Il nous invite à voir ce lien et à le soigner.

C’est un investissement unique, qui demande beaucoup : il demande du temps, des dimanches matins, des soirées, des discussions, des prières, des services… Mais quand Dieu vient dans notre vie, l’Eglise vient dans notre vie. Et quand l’Eglise au bout de quelque temps, plus ou long, nous déçoit, que tel aspect nous incommode, que telle personne nous blesse, Dieu nous invite à œuvrer, de tout notre possible, au progrès de notre famille spirituelle. A vivre dès aujourd’hui selon les règles de demain, les règles du Royaume : l’amour envers les autres, la patience, l’humilité et la douceur.

Conclusion

La communion de l’Église, l’unité, c’est une exhortation centrale chez Paul, mais aussi chez Jésus & tous les apôtres. L’accueil et l’amour envers nos frères et sœurs dans la foi découlent de plusieurs raisons bibliques : partager l’amour reçu, ce qui implique le pardon et la réconciliation parfois, imiter celui qui nous a sauvés et que nous voulons suivre, Jésus, qui a donné sa vie pour moi et pour mon voisin de chaise, enfin rendre public et visible l’amour de Dieu pour l’homme. Ici, Paul insiste sur les liens invisibles mais éternels qui nous unissent déjà et nous invite à changer de regard sur la communauté, afin qu’elle devienne aussi importante pour nous qu’elle l’est pour Dieu.

Ce qui nous unit, c’est ce que nous avons de plus cher : notre Dieu, notre sauveur, notre espérance, notre vie ! Que Dieu nous remplisse toujours plus de son amour et de son Esprit, afin que nous adoptions son regard et que nous vivions selon ses priorités.

Entrer par la porte étroite

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/entrer-par-la-porte-etroite

Lecture biblique : Luc 13.22-30

Il y a des paroles de Jésus qui sont tout de suite réconfortantes et qu’on aime entendre :

  • « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos »
  • « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas… »
  • « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »

Et il y a d’autres paroles, beaucoup moins agréables et qu’on aime peut-être moins entendre … Comme dans notre texte : « Faites des efforts pour entrer par la porte étroite. Oui, je vous le dis, beaucoup de gens essaieront d’entrer et ils ne pourront pas. »

 

Des questions

Qui est donc cet homme qui pose la question à Jésus : « Seigneur, est-ce que Dieu va sauver seulement un petit nombre de gens ? » L’Evangile ne nous en dit rien, il reste anonyme. S’exprime-t-il en son nom propre ou est-il le porte-parole d’un groupe ? Est-il proche des chefs religieux et persuadé d’être parmi les quelques élus ? Il voudrait alors être conforté dans sa fierté d’en faire partie. Est-ce un disciple, inquiet de voir si peu de monde faire partie du cercle des disciples ?

En tout cas, ce n’est pas à un homme seul et anonyme que Jésus répond, il s’adresse à tous. Celui qui pose la question n’est pas le seul concerné par la réponse !

Qu’y a-t-il donc derrière sa question ? Le contexte peut peut-être nous aider. En effet, juste avant dans l’Évangile selon Luc, Jésus raconte deux paraboles qui nous parlent du Royaume de Dieu. Il est comparé à une petite graine de moutarde qui devient un arbuste abritant les oiseaux qui y font leur nid, et à un petit peu de levain qui finit par faire lever toute la pâte.

Si l’homme qui pose la question était un disciple de Jésus, il avait déjà sa réponse dans ces deux paraboles. Oui, ça commence tout petit (une graine de moutarde, un peu de levure) mais le Royaume de Dieu deviendra grand. Donc, si c’est un disciple, il a mal écouté ce que Jésus a déjà dit…

Par ailleurs, juste avant ces deux paraboles, on trouve le récit de la guérison, le jour du sabbat, d’une femme malade. Et on y voit un contraste saisissant entre la joie des foules témoins du miracle et la colère des chefs religieux parce que Jésus a, soi-disant, enfreint la loi sur le sabbat.

Si cet homme parle donc au nom des chefs religieux Juif, Jésus veut peut-être les interpeller : on peut passer à côté de la beauté et la grandeur du Royaume de Dieu… comme on peut, finalement, passer à côté du festin du Royaume.

Dans tous les cas, la question de cet homme trahit une mauvaise compréhension de l’enseignement de Jésus jusqu’ici. Et c’est pourquoi Jésus va répondre de façon surprenante, pour éveiller les consciences.

Au premier abord, on peut même avoir l’impression qu’il ne répond pas à la question qui lui est posée. Il aurait pu répondre en faisant référence à ses paraboles du Royaume pour encourager les quelques-uns qui le suivaient (et dont l’homme faisait peut-être partie) : oui, le Royaume de Dieu commence petit mais il deviendra grand ! Il aurait pu aussi dire que seul Dieu sait combien de personnes seront sauvées.

Jésus choisit plutôt d’interpeller ses auditeurs par une métaphore : efforcez-vous d’entrer par la porte étroite parce que tous n’y arriveront pas. Et il poursuit avec une parabole dans laquelle des gens qui se croyaient invités à un grand festin se retrouvent devant une porte fermée, le maître de maison prétendant même ne pas les connaître. Et leurs regrets seront d’autant plus grand qu’ils verront Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes être rejoints à table par des gens venus des quatre coins du monde… alors qu’eux resteront dehors.

En bref, voici donc la réponse de Jésus : peu importe de savoir combien seront sauvés, la vraie question est : qu’en est-il de vous ? La question mérite d’être posée, parce qu’il pourrait bien y avoir des surprises. Des personnes qui pensent avoir leur place réservée seront exclues.

Retenons trois leçons à ces paroles de Jésus.

 

Prendre au sérieux l’avertissement

La première leçon, c’est que l’avertissement doit être pris au sérieux. Même si ça ne nous plaît pas trop, il y a une réelle possibilité d’être « jeté dehors », exclu du festin. Ce n’est pas la seule fois où Jésus l’évoque dans son enseignement. Il y a bien-sûr, ici comme ailleurs, la perspective d’une invitation large, universelle, faisant venir des invités des quatre coins du monde. Mais il y a aussi la porte fermée, il y a aussi les pleurs et les grincements de dents.

L’Evangile est la bonne nouvelle du salut offert à tous. Mais c’est aussi le jugement de ceux qui refusent de croire. On est obligé de retirer de notre Bible un nombre non négligeable de versets pour le nier… Le message de l’Évangile, ce n’est pas « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » et le bon Dieu finira bien par sauver tout le monde. Le message de l’Évangile, c’est au contraire « personne il est beau, personne il est gentil » ! Nous sommes tous pécheurs, loin de Dieu et nous avons tous besoin de sa grâce. Il nous offre gratuitement le salut grâce à l’oeuvre accomplie par Jésus-Christ. Mais si nous le savons et que nous le rejetons, alors il pourrait bien y avoir des conséquences…

Bien-sûr, tout cela garde un mystère qui nous est inaccessible. Pour prolonger la parabole, seul le maître de maison sait qui il accueillera à sa table et nous devons nous garder de nous mettre à sa place. Et si Dieu décide au dernier jour de sauver tout le monde nous n’aurons rien à redire ! Mais il nous faut garder au moins la possibilité d’être exclu du festin si nous nous obstinons contre Dieu. Ça fait aussi partie du message de l’Évangile.

 

Se positionner personnellement

Cet avertissement, aussi sérieux soit-il, ne doit pas pour autant nous faire peur. Il ne doit pas nous faire douter de la bonté de Dieu et de son accueil, largement proclamé dans les Evangiles. Mais il doit nous faire prendre au sérieux le message de l’Évangile. Avec l’Évangile, il est bien question de vie et de mort. Ce n’est pas une simple question de croyance ou de religion, c’est une question de salut et d’éternité.

L’Evangile est certes une bonne nouvelle qui nous donne une espérance éternelle, mais ce n’est pas une bonne nouvelle au rabais. Elle a coûté le prix fort à Dieu, par la mort de son Fils Jésus-Christ. Elle attend de nous une réponse. Quand on comprend cela, on ne peut pas rester indifférent. La vie éternelle m’est offerte mais qu’est-ce que je fais de cette nouvelle ? Comment je me positionne personnellement ?

Ce n’est pas notre affaire de savoir qui sera sauvé, s’il y en aura peu ou beaucoup. Notre affaire, c’est de savoir où nous nous situons personnellement. L’Evangile est aussi, fondamentalement, un appel qui attend une réponse. C’est une bonne nouvelle qui vous concerne, chacun, personnellement. Une bonne nouvelle qui appelle une réponse personnelle. Sinon, elle restera sans effet pour nous…

 

Laisser l’Évangile nous bousculer

Derrière la question posée à Jésus, quel que soit celui qui l’a posée, il y a le piège d’un certain orgueil spirituel, celui de se croire hors d’atteinte, à l’abri, pour telle ou telle raison. Et la réponse de Jésus souligne que l’Évangile ne veut pas nous laisser nous reposer sur nos lauriers. Vous avez sans doute déjà vu cette vidéo qu’on voit régulièrement dans les bêtisiers où un cycliste, persuadé d’avoir gagné, lève les bras quelques mètres avant la ligne. Mais parce qu’il se croit déjà arrivé, il tombe… laissant la victoire à son poursuivant qui passe la ligne n’en croyant pas ses yeux.

« Que celui qui pense être debout prenne garde de tomber » (1 Corinthiens 10.12) N’est-ce pas, un peu, ce que Jésus dit ici ? Certains voudront entrer par la porte mais ne pourront pas. Certains croiront avoir une place réservée au festin mais resteront dehors. Des premiers seront les derniers, et des derniers seront les premiers.

Nous pouvons avoir une espérance certaine. Elle repose sur la grâce de Dieu et ses promesses. Mais si notre assurance repose sur d’autres bases, quelles qu’elles soient, notre piété, notre éducation, notre expérience… alors attention danger !

C’est pourquoi l’Évangile contient aussi des paroles d’avertissement. Il ne cesse de nous déstabiliser et de nous interpeller. Si l’Évangile ne nous bouscule plus, après 10 ans, 20 ans ou plus de vie chrétienne, nous pouvons nous inquiéter… Nous devons sans doute nous être endormis. Et là, la chute est assurée…

 

Conclusion

Il y a des paroles de Jésus qui sont moins agréables à entendre que d’autres… Il nous faut des paroles qui apaisent et encouragent. Mais il nous faut aussi des paroles qui réveillent et bousculent. C’est bien parce que si l’Évangile nous offre un salut gratuit et une espérance éternelle, il nous appelle aussi à un engagement personnel en retour.

La porte est étroite et le passage est long. C’est pourquoi nous devons persévérer dans nos efforts. Mais nous savons que, finalement, c’est la main de Dieu, dans sa grâce, qui nous saisira et nous fera entrer dans la salle du festin !

En paix avec tous les hommes

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/en-paix-avec-tous-les-hommes

Dimanche dernier, à partir du chapitre 5 de l’épître aux Romains, nous avons parlé de la paix que nous trouvons en Dieu grâce à l’oeuvre accomplie par Jésus-Christ. Son œuvre à la croix nous réconcilie avec Dieu et nous pouvons être remplis de la paix de Dieu, une paix qui nous rend plus fort face à l’épreuve.

Mais je ne peux pas dire : « Je suis en paix avec Dieu mais avec mon prochain, je m’en fiche ! » Si c’était implicite dans tous le développement théologique de l’apôtre Paul, ça devient explicite dans ses exhortations pratiques, comme dans le chapitre 12 de cette même épître aux Romains :

Lecture biblique : Romains 12.14-21
Un impératif incontournable

« Autant que possible, si cela dépend de vous, vivez en paix avec tous. »

Dans un monde parfait, Paul aurait simplement dit : « Vivez en paix avec tous. » Mais on ne vit pas dans un monde parfait… et la paix dépend des deux parties (au moins) concernées. Du coup, l’apôtre est obligé de préciser : « autant que possible, si cela dépend de vous, vivez en paix avec tous ».

Ce n’est pas facile d’être en paix avec tous, d’avoir toujours des relations paisibles au travail, avec ses voisins, dans sa famille ou même dans l’Église. Pourtant, c’est bien une préoccupation que nous devons avoir. Et, même avec les précautions utilisées par Paul, ça reste un impératif : Soyez en paix avec tous !

Du coup, ça signifie aussi que Paul ne veut pas envisager que ses lecteurs puissent être à l’origine d’un conflit ou qu’ils puissent même entretenir un conflit ou refuser d’entrer dans une démarche de réconciliation.

On peut être en désaccord, on peut ne pas « avoir d’atome crochu » avec quelqu’un, on n’est pas obligé d’être les meilleurs amis de tout le monde… mais vivre en paix avec tous doit être un impératif pour celui qui a été réconcilié avec Dieu !

L’impératif est encore plus fort dans l’Église, entre chrétiens. Il n’y a peut-être pas de plus grand contre-témoignage qu’un conflit entretenu dans l’Église. Comment croire à la réconciliation avec Dieu que nous proclamons si nous sommes incapables de vivre en paix les uns avec les autres ? La question se pose aussi dans les relations entre Églises où les divisions, parfois amères ou vives, sont un contre-témoignage de l’Église de Jésus-Christ.

Mais l’impératif ne compte pas seulement entre chrétiens. Ca commence bien là, sans doute. « Soyez en paix avec tous » concerne aussi la paix dans nos familles, nos relations d’étude ou de travail, de voisinage, etc…

Vous me direz que c’est facile à dire… C’est vrai. Mais il faut bien que ça commence avec cette prise de conscience, avec cette volonté première. C’est un impératif incontournable.
Un combat de tous les jours

Alors justement, concrètement, qu’est-ce que ça signifie ? L’apôtre Paul donne quelques pistes, avec des formules chocs :

« Souhaitez du bien (bénissez) à ceux qui vous font souffrir, souhaitez du bien et non du mal. » (v.14)
« Ne rendez à personne le mal pour le mal, cherchez à faire le bien devant tous. » (v.17)
« Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » (v.21)

Des formules qui rappellent des paroles fortes de Jésus, dans le Sermon sur la Montagne :

« Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5.9)
« Vous avez appris qu’on a dit : “Œil pour œil et dent pour dent.” Mais moi, je vous dis : si quelqu’un vous fait du mal, ne vous vengez pas. Au contraire, si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre joue. (Mt 5.38-39)
« Vous avez appris qu’on a dit : “Tu dois aimer ton prochain et détester ton ennemi.” Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis. Priez pour ceux qui vous font souffrir. Alors vous serez vraiment les enfants de votre Père qui est dans les cieux. (Mt 5.43-45a)

Un principe : combattre le mal par le bien

« Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. » (v.21)

Ce verset est particulièrement intéressant parce qu’il parle d’abord de ne pas se laisser vaincre avant de pouvoir être vainqueur… Il faut livrer un combat contre soi-même pour pouvoir être vainqueur du mal par le bien.

Jésus lui-même, alors qu’il n’avait pas de péché, a dû mener ce combat intérieur. A Gethsémané, il a livré une lutte pour accepter le chemin de la croix. Chemin par lequel il vaincra le mal par le bien, comme cela ressort de cette célèbre parole : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Si Jésus, le Fils de Dieu fait homme, sans péché, a dû livrer ce combat intérieur, alors à combien plus forte raison, nous qui devons lutter sans cesse avec ce mal tapi au fond de notre cœur, devrons-nous livrer un même combat ! Le combat contre le mal commence à l’intérieur de chacun de nous. Si on ne réagit pas, si on laisse libre court à ses réflexes naturels, on n’y arrive pas. On se laisse vaincre par le mal.

Céder à la vengeance, c’est se laisser vaincre par le mal. Entretenir un conflit, c’est se laisser vaincre par le mal. Refuser d’accorder le pardon, c’est se laisser vaincre par le mal.

Or, l’esprit de l’évangile, c’est de dire que le bien l’emporte sur le mal, l’amour sur la haine, le pardon sur la vengeance, la bénédiction sur la malédiction.

Une nécessité : agir

En tout cas, une chose est sûre, pour l’apôtre Paul ce principe implique une nécessité : agir. Le verset 17 l’exprime bien : « Ne rendez à personne le mal pour le mal, cherchez à faire le bien devant tous. » (v.17)

Il ne s’agit pas seulement de s’abstenir de rendre le mal pour le mal, mais de chercher à faire le bien. Être en paix avec tous les hommes, ce n’est pas chercher à être le plus discret possible, pour ne pas faire de vague et ne pas avoir de problème avec qui que ce soit… C’est travailler activement à la paix, au pardon, à la réconciliation. Toujours chercher à faire le bien. Et le faire publiquement : « cherchez à faire le bien devant tous. »

Il s’agit de poser des gestes, des paroles de paix. Oser prendre l’initiative d’une réconciliation. Aller à la rencontre de celui qui est oublié, rejeté, stigmatisé. Poser des gestes de fraternité, d’accueil, à l’image de Jésus qui allait à la rencontre de tous… et cela lui a été reproché.

Alors où sont nos gestes de paix ? Notre monde en a tant besoin aujourd’hui… Tous les gestes de paix sont les bienvenus face aux gestes de haine et de terreur qui frappent notre monde. Chaque geste de paix posé dans notre quotidien compte.

Et où sont nos paroles de paix ? Des paroles de pardon, d’ouverture, d’accueil qui répondent aux paroles de colère, de rejet, de stigmatisation qui fleurissent, notamment sur les réseaux sociaux. Je suis attristé d’en voir aussi sur les comptes de certains chrétiens. Des paroles qui jettent de l’huile sur le feu, qui alimentent des peurs et des ressentiments, qui cèdent aux amalgames sur les musulmans, sur les migrants, etc…

Souvenons-nous que selon les Béatitudes, ce sont les artisans de paix qui seront appelés fils de Dieu…
Conclusion

Je ne peux pas dire : « Je suis en paix avec Dieu mais avec mon prochain, je m’en fiche ! » Notre relation à Dieu impacte nécessairement notre relation aux autres. Alors si nous sommes en paix avec Dieu, nous devons mettre tous nos efforts à être en paix avec tous. C’est une question de cohérence, de mis en pratique de notre foi. C’est un impératif incontournable… et c’est un combat de tous les jours.

En paix devant Dieu

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/en-paix-devant-dieu

Nous avons besoin de paix ! Particulièrement après les événements tragiques de cet été. La paix, la Bible en parle souvent. C’est un des aspects du salut offert par Dieu, comme en témoigne le texte de l’épître de Paul aux Romains que je vous invite à lire aujourd’hui.

Lecture biblique : Romains 5.1-11

La paix avec Dieu

Au cœur de son grand développement théologique sur la justification par la foi, Paul parle de la paix : la paix avec Dieu comme conséquence de la justification. Une fois que nous sommes déclarés justes devant Dieu, une fois que nous avons reconnu par la foi que Jésus-Christ est mort et ressuscité pour nous, alors nous sommes en paix avec Dieu. C’est l’oeuvre de réconciliation de Dieu. Le salut apparaît donc ici comme le rétablissement d’une relation brisée avec Dieu.

Cette relation brisée, il en est question dès les premières pages de la Bible. Le récit du jardin d’Eden la décrit de façon imagée, avec l’homme et la femme chassés du jardin parce qu’ils avaient mangé du fruit de la connaissance du bien et du mal. Autrement dit, parce qu’ils avaient choisi délibérément de décider par eux-même, sans Dieu, ce qui est bien ou mal. Ils avaient eux-mêmes brisé la relation de dépendance et de communion avec leur Créateur.

Par la suite, l’histoire du salut, dans la Bible, est l’effort constant de Dieu vers l’homme pour renouer la relation. Et cet effort conduira finalement au Christ, et sa mort sur la croix. Preuve ultime de son amour. Or, comme Paul le souligne, pour qui le Christ est-il mort ? Pour des justes ? Non… pour des pécheurs. Des hommes et des femmes qui vivent sans Dieu et que Paul appelle même ici des ennemis de Dieu.

Si vous niez la réalité d’un conflit, si vous prétendez que tout va bien alors que ce n’est pas le cas, il ne peut pas être question de réconciliation… mais il ne peut pas y avoir non plus de relation authentique. Il en est de même avec Dieu. Reconnaître la réalité de cette relation brisée avec lui, de ce conflit premier avec le Créateur, c’est rendre possible la réconciliation.

Le salut devient alors le bonheur de la relation retrouvée avec Dieu. Et quel bonheur ! Qui que vous soyez, quelle qu’ait été votre vie, quoi que vous ayez fait, vous pouvez être réconcilié avec Dieu et retrouver avec lui, par la foi, une authentique relation.

C’est la paix avec Dieu, possible grâce à la mort et la résurrection de Jésus-Christ.

La paix de Dieu

En paix avec Dieu, nous retrouvons donc la possibilité d’une relation personnelle avec lui. Mais comment se manifeste-t-elle ? Autrement dit, comment passe-t-on de la paix avec Dieu à la paix de Dieu, celle qu’il déverse dans notre cœur, celle qui découle de notre relation avec Dieu ?

L’apôtre Paul l’évoque au verset 2 : « Nous croyons et, par Jésus, nous pouvons nous approcher du Dieu d’amour en qui nous vivons maintenant. Et nous sommes fiers parce que nous espérons recevoir la gloire de Dieu. »

Plus littéralement, nous pourrions le traduire ainsi : « Par lui (Jésus-Christ) nous avons accès par la foi à cette grâce dans laquelle nous nous tenons et nous sommes fiers de l’espérance de la gloire de Dieu. »

La paix de Dieu dans notre vie, c’est sa grâce aujourd’hui et sa gloire demain.

Et la force de la paix de Dieu se mesure dans l’épreuve. Paul ne le cache pas. Il va même très loin, disant mettre sa fierté dans l’épreuve : « Nous sommes fiers parce que nous souffrons. » (v.3) Pas pour la souffrance en elle-même mais pour ce qu’elle produit, grâce à la paix de Dieu : la patience et la fidélité éprouvée.

Sa grâce aujourd’hui

Cette grâce dont parle Paul, c’est celle de la justification par la foi. Elle fait de nous des être nouveaux, justifiés. Et cela non en vertu de nos mérites mais de la seule grâce de Dieu.

Et pourquoi ça change tout ? Parce que la grâce de Dieu alimente notre paix en Dieu. Libérés par elle, nous n’avons aucune crainte, aucune inquiétude. Le salut nous est acquis, l’amour de Dieu nous est promis. Nul ne peut revenir là-dessus. Je suis en paix parce que je n’ai pas à m’inquiéter de ce que je devrais faire pour mériter le salut ou l’amour de Dieu. Je les ai reçu, par grâce.

Cette paix, je la vis, je la ressens, par le Saint-Esprit. C’est par lui que Dieu répand son amour dans nos cœurs. Cette grâce de Dieu dans laquelle nous nous tenons est une source inépuisable de pardon et de restauration. Le Saint-Esprit qui nous la communique est Celui qui nous console.

Il est aussi Celui qui nous transforme, qui nous façonne. La paix de Dieu est l’harmonie retrouvée avec le Créateur, grâce à l’image de Dieu en moi façonnée à nouveau par le Saint-Esprit. La paix de Dieu nous rend plus fort pour affronter les épreuves. Il y a tant de témoignages de chrétiens manifestant cette paix dans l’épreuve, dans la maladie, face à la haine et la persécution.

En Christ, on peut être joyeux dans l’épreuve, on peut être paisible au milieu de la guerre, on peut être libre en prison. Parce que le Saint-Esprit répand l’amour de Dieu dans notre cœur.

Sa gloire demain

L’autre aspect de la paix de Dieu, c’est l’espérance de la gloire. Si la grâce est théologiquement associée à la mort de Jésus-Christ, pour notre justification, l’espérance est associée à sa résurrection. Parce que Jésus-Christ est mort pour nous, nous pouvons être en paix aujourd’hui et parce qu’il est ressuscité, nous pouvons être en paix pour demain !

Ce qui met en péril la paix, c’est l’incertitude du lendemain, la crainte et l’angoisse d’un avenir sombre. Or, nous avons l’espérance de la gloire ! Un avenir lumineux. Pour l’éternité.

Ça n’empêche pas les épreuves et les souffrances, parfois douloureuses. Mais ça permet de les relativiser. Comme le dira l’apôtre Paul un peu plus loin dans son épître : « J’estime en effet qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée en nous. » (Romains 8.18)

La paix de Dieu nous rend plus fort pour affronter les épreuves. Parce que nous savons que, quoi qu’il puisse nous arriver, la gloire nous attend. Face aux peurs et aux incertitudes de notre monde, Dieu nous donne la paix.

Conclusion

Nous avons besoin de paix ! L’apôtre Paul nous dit qu’elle se trouve en Dieu. Nous pouvons trouver la paix avec Dieu et la paix de Dieu. Celle que nous recevons en Christ et celle qui est versée en nous par le Saint-Esprit. Ce sont deux facettes de la même réalité du salut offert par Dieu. Une merveilleuse promesse pour tous ceux qui croient.

Bien-sûr, il faudrait aussi parler des conséquences dans notre relations aux autres. On ne peut pas dire : je suis en paix avec Dieu mais avec mon prochain, je m’en fiche ! Mais ça c’est une autre histoire… et il faudra que j’en parle dimanche prochain !

En attendant, soyons assurés d’avoir la paix avec Dieu, vivons dans sa paix aujourd’hui. Recevons sa grâce aujourd’hui et sa gloire demain.