Archives mensuelles : juin 2015

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Le Royaume de Dieu : l’oeuvre de Dieu en nous

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/le-royaume-de-dieu-loeuvre-de

Qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? Cette expression, qui peut paraître mystérieuse, est très présente dans les Évangiles. C’est même un des sujets de prédilection de Jésus.

En général, Jésus en parle de façon imagée, à l’aide de paraboles et de métaphores. Mais ce n’est pas pour évoquer une sorte d’utopie, un rêve d’or à venir, un paradis qui émergerait à la fin des temps. Il en parle comme d’une réalité qui est déjà là, toute proche de nous.

En fait, ce n’est pas très compliqué : le Royaume de Dieu, c’est là où Dieu règne. Autrement dit, concrètement pour nous, parler du Royaume de Dieu, c’est parler de l’œuvre de Dieu dans notre vie.

Dans ces deux images tirées de la nature, il y a au moins deux aspects du Royaume de Dieu qui sont révélés : il grandit de façon mystérieuse et étonnante, et il commence toujours tout petit.

Il grandit de façon mystérieuse

C’est en particulier la première métaphore qui le dit. L’homme sème des graines dans son champ… et ensuite il dort. Et tout le processus de croissance se déroule sans son intervention. Il ne s’en soucie même pas. Les graines poussent, mais l’homme ne sait pas comment ! Et finalement arrive le moment de la récolte.

Le mystère, dans la deuxième métaphore, est principalement dans le contraste entre la toute petite graine et le véritable arbre à la fin du processus.

Qui peut comprendre, expliquer, l’oeuvre de Dieu dans une vie ? Personne… On ne peut que constater qu’une graine a été semée et qu’elle finit par pousser. Pas au même rythme pour tout le monde, pas forcément avec les mêmes fruits… Mais elle pousse. C’est l’œuvre de Dieu.

La question est : sommes-nous prêts à nous ouvrir à l’œuvre de Dieu en nous ? Il n’est pas question ici d’embrigadement dans une religion, de contraintes dans telle ou telle pratique, telle ou telle croyance…. Il est question de relation avec Dieu. Il est question d’un Dieu vivant qui se propose de faire éclore dans nos vies le fruit de son œuvre.

Et si le Royaume de Dieu grandit de façon mystérieuse et inattendue dans nos vies, c’est bien parce que Dieu ne veut pas nous formater tous sur le même modèle mais cheminer avec nous, tels que nous sommes, de façon personnelle.

Il commence tout petit

Cet autre aspect, bien que présent dans la première métaphore, est surtout souligné dans la seconde. Une graine de moutarde, c’est vraiment tout petit. Et la plante issue de cette graine est un véritable arbuste. A tel point que les oiseaux peuvent s’y abriter pour faire leur nid.

Si le Royaume de Dieu commence tout petit et peut finalement se révéler très grand, alors nous ne devons pas négliger les petits commencements. Ils peuvent être promesses de beaux et grands fruits. L’oeuvre de Dieu dans nos vies est faite de petits commencements.

Le Royaume de Dieu commence tout petit. Peut-être par une prière maladroite adressée à Dieu, peut-être par une lecture laborieuse de la Bible, peut-être par une entrée hésitante dans une église… Ne négligeons pas ces petits commencements. Ils sont comme ces toutes petites graines de moutarde qui, un jour, donneront peut-être une grande et belle plante.

Ces petites décisions que l’on peut prendre tout au long de notre cheminement spirituel ont de l’importance aux yeux de Dieu. Il les honore.

Le baptême aussi, c’est un petit commencement. Juste un commencement, pas un aboutissement. Mais un petit commencement qui est important dans un cheminement spirituel. Parce qu’il pose un signe de la présence, dans votre vie, du Royaume de Dieu.

A l’image de son Roi

En réalité, le Royaume de Dieu est à l’image de son Roi : Jésus-Christ.

Lui-même a commencé tout petit, humblement né dans une étable, au sein d’une famille modeste. Il a grandi et est apparu finalement comme un arbre extraordinaire à l’ombre duquel se reposer. Car de la petite graine de l’enfant de Bethléem, c’est le Fils de Dieu devenu homme qui s’est manifesté au monde. Plus grand encore que ce qu’on pouvait imaginer : il est mort et ressuscité !

Voilà qui est, encore, mystérieux. Mais qui est aussi une formidable promesse si nous nous ouvrons à l’oeuvre de Dieu aujourd’hui. C’est le Christ vivant qui sera à l’oeuvre en nous, par son Esprit.

Conclusion

Alors qu’est-ce que le Royaume de Dieu ? Chacun de vous peut donner une réponse personnelle à cette question. Car le Royaume de Dieu, c’est son œuvre dans votre vie.

Cette œuvre, peut-être n’en est-elle encore pour vous qu’au stade d’une graine semée. Peut-être quelques pousses ou quelques fruits se manifestent déjà. Ou peut-être êtes-vous un bel arbre portant de beaux fruits. Quoi qu’il en soit, c’est l’oeuvre de Dieu en vous. C’est son Royaume qui se manifeste déjà. A nous de le vivre !

Retroussons-nous les manches !

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/retroussons-nous-les-manches

Les premières paroles de ce texte sont dures pour les chrétiens de Corinthe, que Paul appelle des chrétiens faibles, des bébés dans la foi, à qui il n’a pas pu parler comme à des chrétiens matures. La preuve de cette immaturité se trouve dans les jalousies et les disputes qui caractérisent leur vie d’Église. J’ai peur qu’aujourd’hui encore, l’apôtre considérerait pas mal d’Églises comme immatures sur ce plan…

Ceci dit, ce qu’il dit ensuite de l’Église, bien que partant de son cas personnel et de la situation propre de l’Église de Corinthe, dit bien quelque chose d’universel à propos de l’Église, et même des Églises en général. Il le développe à partir de deux images qui se télescopent : l’Église est le champ et la maison de Dieu.

C’est Son champ et Sa maison !

L’Église, c’est le champ de Dieu. C’est lui le propriétaire du champ. Personne d’autre ne peut s’en prétendre propriétaire ! C’est Sa maison, celle où il se manifeste mais surtout celle qui lui appartient. On ne parle pas bien-sûr des quatre murs d’une Église mais de la communauté. En allant dans une Église, dans une communauté chrétienne, on vient chez Lui.

L’Église est le champ de Dieu, Sa maison. Et pourtant, si souvent elle est le lieu de jeux de pouvoir. Malheureusement… C’était flagrants à Corinthe mais c’est loin d’être un cas isolé ! Il y a toujours le danger de s’approprier « son » Église, en particulier pour le pasteur, le conseil ou les membres fondateurs… Mais dans une Église, on n’y travaille pas pour nous-mêmes, mais pour Dieu. C’est son Église, pas la nôtre… C’est ce qui fait de cette maison un temple de Dieu (cf. v.16).

Évidemment, dire de l’Église qu’elle est le temple de Dieu ne doit pas nous conduire à idéaliser les Églises. Loin de là. Si l’Église est le projet de Dieu, elle est aussi, par nature, humaine. Elle est donc imparfaite. Mais parce qu’elle est le projet de Dieu, il y a une lourde responsabilité pour celui qui détruit l’Église, qui y est source de division. Paul le rappelle ici : celui qui agit ainsi détruit le temple de Dieu.

Au contraire, les deux images utilisées par Paul permettent de souligner que nous avons une responsabilité dans la construction de l’Église. Car si elle est le champ de Dieu, il n’y poussera rien si on y sème rien. Et si elle est la maison de Dieu, elle en restera à ses fondations, certes solides, mais sans mur si nous n’y construisons rien dessus.

Planter, arroser… et laisser croître.

De son expérience, Paul tire une leçon générale. Il a planté, Apollos a arrosé, et c’est Dieu qui fait croître. Planter, c’est ensemencer le champ avec l’Évangile. C’était le travail d’apôtre de Paul, fondateur d’Églises dans tout l’empire romain. Arroser, c’était le travail d’enseignant d’Apollos, pour édifier et affermir les chrétiens. Mais dans tous les cas, c’est Dieu qui fait croître. C’est lui qui rend efficace le témoignage de Paul et l’enseignement d’Apollos. C’est son œuvre dans les cœurs qui est décisive.

Retenons de cette double responsabilité de planter et arroser, la nécessité d’une complémentarité. Une Église n’est jamais l’oeuvre d’un seul homme, elle est le projet de Dieu vécu communautairement, dans la complémentarité des dons et des ministères. Retenons aussi que pour le développement d’une Église, il y a une question de timing, d’action adaptée au besoin du moment. Il ne sert à rien d’arroser si on n’a pas planté avant !

Il s’agit donc pour nous de planter, d’arroser… et de laisser croître. Laisser Dieu agir. Le problème arrive quand les chrétiens débordent leur responsabilité, en cherchant à faire croître eux-même l’Église ! En appliquant simplement des méthodes ou en utilisant des techniques. L’Église devient alors une entreprise à faire prospérer… mais elle n’est plus le champ de Dieu.

Laisser croître n’est pas si facile que ça. Parce que le champ de Dieu ne pousse pas toujours comme on s’y attend ! Laisser croître, c’est se laisser surprendre par Dieu et accueillir le fruit qu’il fait pousser, pas forcément celui qu’on voudrait voir apparaître. Parfois dans le champ de l’Église on peut couper ce qu’on pense être de mauvaises herbes et on se prive alors de fruits surprenants ! Ces « mauvaises herbes » sont peut-être des projets inattendus ou des personnalités atypiques, et on leur coupe l’herbe sous les pieds, parce qu’on n’a jamais fait ça !

Il y a des sécateurs très efficaces dans le champ de l’Église, qui coupent très facilement des projets ou des personnes qui auraient pourtant pu donner de bons fruits. Ces sécateurs qu’on appelle « traditions », « structures », « culture » ou même parfois avec des noms plus longs du genre « on-ne-peut-pas-faire-ça-dans-une-église » ou « un-bon-chrétien-ne peut-pas », voire même « Dieu-m’a-dit-que » ou « la-Bible-dit-que » !

Pour qu’une Église se développe, on a sans doute plus besoin d’arrosoirs que de sécateurs. Des arrosoirs qui édifient, qui encouragent, qui prient, qui soutiennent, qui font confiance. Et moins de sécateurs qui découragent, qui refusent, qui interdisent, qui se méfient…

Construire sur les fondations avec ses propres matériaux

L’Église, c’est aussi la maison de Dieu. Mais si on y regarde de plus près, on se rend compte que dans la métaphore développée par Paul, il s’agit plus d’une maison en construction que d’un édifice déjà bâti. Dieu est le propriétaire du chantier. Les fondations ont déjà été posées, il s’agit maintenant de construire sur elles.

Les fondations, c’est Jésus-Christ. Et Paul précise bien qu’on ne doit pas en chercher d’autre. Jésus-Christ est le seul fondement de l’Église. On pense ici bien-sûr en premier lieu à son œuvre accomplie pour nous. L’Église se fonde sur la mort et la résurrection de Jésus-Christ, sans lesquelles il n’y aurait pas d’Église.

Mais il faut aller plus loin. Avoir Jésus-Christ comme fondations sur lesquelles construire, c’est affirmer le lien vital et indispensable avec le Christ vivant, aujourd’hui. Une Église, pour se construire, doit entretenir le lien d’intimité avec le Christ. Et le faire de façon communautaire : vivre ensemble la relation avec le Christ vivant.

L’Église, toute Église, est donc en chantier. Elle se construit. On ne touche pas aux fondations ! Mais on peut ajouter de nouveaux étages, on peut aussi abattre des cloisons, on peut percer des portes et des fenêtres, on peut aménager l’intérieur… C’est cela une Église vivante. Une Église qui ne se fige pas dans un projet mais qui évolue, qui retravaille ses plans.

Et l’Église se construit. Chacun y participe, avec ses propres matériaux : « On peut construire sur ces fondations avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille » (v.12) Il y a bien ici le reflet de la diversité qui fait la particularité de l’Église : chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Certes, les matériaux évoqués par Paul sont plus ou moins nobles, et plus ou moins résistants au feu, solides ou fragiles. L’Église, toute Église, est faite aussi de ces failles, de ces fragilités. L’important, c’est de construire ensemble !

D’autant que l’épreuve du feu dont parle Paul, au moment du bilan, ne détruira pas forcément les œuvres qu’on imagine. La vraie valeur de l’apport des uns et des autres ne se mesure pas toujours tout de suite, il faut se méfier des apparences !

Conclusion

L’Église, c’est le projet de Dieu qu’il réalise avec les hommes et les femmes qui lui appartiennent. C’est Son champ et Sa maison. Il est à l’initiative du projet, il en est l’artisan incontournable, le fondement unique. Mais il ne mènera pas ce projet sans nous. C’est Lui qui fait croître… mais pas sans que nous semions et que nous arrosions. C’est Lui, en Jésus-Christ, qui en est les fondations, mais c’est nous qui sommes les matériaux de construction pour édifier le temple de Dieu.

En tant que champ, nous sommes appelés à être les témoins de l’oeuvre de Dieu en nous, qui nous fait croître par sa grâce. En tant que maison, nous sommes appelés à nous édifier à la gloire de Celui qui, en Jésus-Christ, est mort et ressuscité pour nous. Quelle belle vocation ! Quel privilège ! Quelle formidable invitation à laquelle nous sommes tous appelés à répondre !

Alors retroussons-nous les manches ! Il y a du travail dans le champ et sur le chantier de l’Église !

Dieu aime les généreux

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https://soundcloud.com/eel-toulouse/diey-aime-les-g-n-reux

Lecture biblique: 2 Corinthiens 9

Je vous invite à méditer le texte du jour, en 2 Co 9, un texte qui traite lui aussi d’offrande de solidarité, de la part des églises de Grèce (notamment de Corinthe, au sud de la Grèce, c.à.d. l’Achaïe, à qui l’apôtre Paul écrit depuis la Macédoine, au nord) en faveur des églises de Jérusalem et de ses alentours. Paul a déjà consacré l’ensemble du chapitre 8 à ce sujet pour exhorter les Corinthiens à bien mener cette collecte, eux qui étaient à l’initiative de la proposition de venir en aide aux chrétiens de Jérusalem, frappés par la famine et la pauvreté. Il ajoute maintenant un autre long passage pour insister et approfondir sa réflexion.

« C’est inutile de vous écrire au sujet de l’aide à apporter aux chrétiens de Jérusalem ». N’empêche que Paul y consacre deux chapitres entiers de sa lettre : c’est que ce n’est pas si inutile ! On voit que cette collecte de solidarité en faveur des églises de Jérusalem est un sujet important, d’ailleurs Paul en parle dans d’autres lettres, voire un sujet un peu épineux. Dans les 1ers versets de notre chapitre, il explique qu’il écrit à l’avance pour prévenir de l’arrivée d’une petite délégation qui viendra encourager au bon déroulement de la collecte, avant que Paul et quelques Macédoniens ne passent récolter l’offrande en allant vers Jérusalem. Paul prend donc des précautions particulières sur ce sujet, veillant notamment à ce que toutes les personnes impliquées soient irréprochables. C’est que l’enjeu est grand : les chrétiens d’origine non-juive, païenne, étaient au début un peu méprisés par les chrétiens d’origine juive, et c’est ces chrétiens grecs qui vont maintenant venir en aide à l’église juive, en besoin. L’enjeu n’est donc pas seulement matériel, avec la question toujours épineuse de l’argent, quelle que soit l’époque, mais touche aussi à la communion entre églises.

Ce qui m’a frappée, c’est que tout au long de son exhortation, Paul revient sans cesse au thème de la générosité : vous avez promis des dons généreux, il faut qu’on voie que vous donnez de bon cœur, Dieu aime celui qui donne avec joie, Dieu donne en abondance toutes sortes de bienfaits, etc. etc. Cet appel à la générosité, j’aimerais que nous puissions, vous et moi, l’entendre à nouveau ce matin.

1)   Appelés à la générosité

Nous sommes appelés à être généreux – dans ce texte, c’est au sujet de l’offrande sonnante et trébuchante, mais on peut à mon avis étendre la générosité à tout type de don sans s’écarter de la pensée de l’apôtre.

Paul nous appelle à être généreux pour le bien de nos frères, pour leur venir en aide, par solidarité. Cela dit, il me semble que Paul va au-delà de l’idée de solidarité classique, en soulignant le rôle de Dieu dans l’offrande. Tout ce que nous avons est un don de Dieu, c’est une grâce – même ce qui nous paraît le plus évident est le fruit de la bienveillance de Dieu à notre égard. Ces biens qu’il nous donne, il les prévoit pour nous, pour nos besoins, mais Paul rappelle que Dieu a aussi en vue de nous donner pour que nous puissions donner à notre tour aux autres. D’une certaine manière, ce que nous recevons est appelé à être donné à nouveau – c’est un des moyens par lesquels Dieu prend soin de nous et des autres, en passant par la générosité des frères. Le but de l’argent ou des biens matériels n’est donc pas d’être possédé, pour soi, mais d’être un moyen que Dieu utilise pour faire du bien à nous et à ceux qui nous entourent. En étant généreux, nous ne faisons rien de moins que participer au projet de bienfaisance de Dieu, à sa providence, à ses bénédictions aux autres. Comme toujours, Dieu aurait pu s’occuper tout seul de prendre soin de chaque homme, mais étonnamment, il choisit de nous impliquer profondément dans ce processus, de sorte que nous ne sommes pas des petits oisillons attendant chacun, passivement, la becquée, mais des frères et des sœurs partageant ce que le Père nous a donné.

Petite remarque. On pourrait se dire avec pragmatisme : seuls ceux qui reçoivent beaucoup sont appelés à être généreux. Pas forcément, il y avait des pauvres à Corinthe. La pauvreté n’empêche pas d’être généreux, bien au contraire – qu’on se rappelle l’offrande de la veuve avec ses deux sous ou un ami démuni qui n’hésite pas à partager le peu qu’il a. Nous sommes tous appelés à être généreux, chacun selon sa situation – et c’est peut-être pour ça que Paul ne donne pas d’ordre de grandeur mais appelle à une générosité authentique : il ne s’agit pas de donner la dîme comme on s’acquitte d’un impôt, avec plus ou moins de réticence, mais de donner avec le cœur, en entrant joyeusement dans cette chaîne de transmission des bienfaits de Dieu. Cela dit, même si elle se nourrit du don des individus, la collecte pour Jérusalem n’est pas un acte individuel, mais un projet communautaire où chacun peut s’impliquer d’une manière ou d’une autre. Je pense que c’est aussi une manière très positive de vivre le don pour les autres, dans un projet qui nous implique en tant que communauté.

2)   Une générosité ancrée dans la foi

Pour Paul, si nous sommes appelés à être généreux, c’est que la générosité n’est pas un simple trait de personnalité, mais une vertu ancrée dans la foi. C’est au nom de notre foi que nous sommes généreux, peu importe notre condition, notre caractère ou les habitudes reçues dans notre enfance.

Ce que Paul développe particulièrement dans ce chapitre, c’est que la générosité est un signe de foi. Donner généreusement, c’est reconnaître qu’on a tout reçu, sans mérite. C’est dire : oui, ce que j’ai vient de Dieu, et si c’est Dieu qui me le donne, alors il a sûrement une intention par rapport à ce don. En quoi puis-je utiliser ce qu’il m’a donné pour le bien ? pour mon bien, celui de ma famille, celui d’autrui… Si nous voulons, à cause de notre foi, vivre selon la volonté de Dieu, et que Dieu donne largement pour que nous puissions avoir assez pour donner à notre tour, alors la foi nous conduit à être généreux. Nous souhaitons honorer Dieu en faisant sa volonté dans tous les domaines de notre vie, en utilisant tout ce qu’il nous donne de la meilleure manière – notre corps, nos pensées, nos dons, mais aussi notre argent et nos biens.

Donner, c’est un signe de foi, de consécration à Dieu, mais aussi un geste de confiance. Paul insiste : Dieu vous donnera largement, de sorte que vous aurez toujours ce qu’il vous faut et un surplus à offrir à votre tour. On a toujours peur de ne pas avoir assez, de perdre, d’être sans ressources le lendemain ; mais comme Jésus appelle à demander le pain d’aujourd’hui et à avoir confiance que Dieu s’occupe du pain de demain, comme Dieu empêche le peuple d’Israël dans le désert de se faire des réserves de manne, Paul nous invite à faire confiance, à laisser Dieu prendre soin de nous. Il nous appelle à accepter d’être dépendants – dépendants de Dieu pour demain, dépendants des autres – dépendants par confiance, pas par paresse ou par imprudence, pas pour forcer Dieu ou le tester, mais à vivre avec confiance dans le Dieu qui nous aime et qui prend soin de nous.

Paul évoque une autre raison, dans le chapitre précédent c’est vrai, mais c’est tellement central dans son développement que je vais simplement vous lire le verset ch.8, v.9 : « En effet, vous connaissez le don généreux de notre Seigneur Jésus-Christ. Il était riche, mais pour vous il s’est fait pauvre, afin de vous rendre riches par sa pauvreté ». Nous sommes appelés à être généreux car notre sauveur et notre seigneur, celui en qui nous avons droit à un nouveau départ et qui nous montre le chemin à suivre, Jésus-Christ, a accepté de tout perdre, de tout subir, pour que nous recevions un héritage extraordinaire et immérité : la vie avec Dieu, pour l’éternité, dans l’abondance de son amour, dans la gloire de sa présence rayonnante, dans l’éclat de sa justice. Pour nous qui n’avions rien et qui ne méritions rien, le Fils de Dieu s’est donné pour que nous recevions tout ce qu’il y a de plus précieux. Cet exemple de générosité gratuite, pleinement consentie, motivée par l’amour, c’est le fondement de l’évangile et de notre foi.

3)   Être généreux pour devenir vraiment riches

Paul utilise encore un argument qui peut paraître étrange : celui qui sème peu reçoit peu, celui qui sème beaucoup reçoit beaucoup. Est-ce à dire que la générosité est encore le meilleur investissement, la meilleure technique pour gagner de l’argent rapidement ? Ce serait se méprendre. Que récolte-t-on lorsque l’on sème ? On récolte la joie de ceux qui ont reçu, leur louange à Dieu pour sa sagesse et sa providence, et leur reconnaissance pour notre don, qui les conduit à prier pour nous par amour fraternel. Un des fruits de la générosité, c’est les relations qu’on a les uns avec les autres. Pourquoi Dieu ne donne-t-il pas séparément à chacun ce dont il a besoin, point ? On lui adresserait les mêmes louanges ! Pourquoi nous fait-il participer à sa générosité ? Pourquoi passer par des intermédiaires qui, comme chacun sait, ne sont pas toujours très fiables ? Pour tisser entre nous des relations d’échange. Dieu ne se contente pas d’avoir des relations avec chacun de nous, il veut que nous nous aimions les uns les autres, que nous vivions entre nous des relations aussi riches que ce que nous vivons avec lui.

Cela nous conduit à un autre regard sur la richesse : est riche celui qui donne et reçoit l’amitié, la prière, la joie d’un frère dans le besoin. Est riche celui qui marche sur le chemin de Dieu, parsemée de rencontres et d’échanges. Notre richesse ne se tient pas dans notre compte en banque, mais dans notre vie avec Dieu, une vie ancrée dans l’amour de Dieu pour nous et ouverte aux autres. Même si dans notre société de surconsommation excessive, nous entendons régulièrement le message que nous sommes ce que nous avons, que notre valeur correspond au poids de nos possessions, l’évangile nous rappelle que chacun, nous sommes précieux aux yeux de Dieu, que c’est lui qui donne du sens, du contenu, du poids à notre vie, parce qu’il est notre Père, qu’il nous aime et qu’il nous invite à entrer dans son œuvre.

Conclusion

L’appel de Dieu à la générosité nous invite à prendre du recul par rapport à nos possessions : l’argent est un moyen de faire ce qui est bon, de mettre en œuvre la volonté de Dieu pour nous et pour les autres. Nous sommes appelés, du coup, à prendre nos distances, à regarder avec discernement ce que nous avons – qu’est-ce qui est nécessaire, essentiel, qu’est-ce qui peut être partagé ? Cela nous poussera sûrement à faire le tri dans nos habitudes,  mais en choisissant de vivre avec sobriété et générosité, nous témoignons que notre richesse c’est le Christ, que nous avons tout en lui et que nous voulons vivre comme lui, avec joie et confiance en Dieu. Qu’Il nous aide à progresser dans la foi, dans la reconnaissance, dans l’amour, pour mener une vie qui témoigne de tout ce qu’il a fait pour nous !