Le Saint-Esprit : un acteur incontournable de notre vie chrétienne

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PentecôteLecture biblique : 1 Corinthiens 12.1-11 (TOB)

Quelle est l’idée centrale de ce passage ? Il y a un Saint-Esprit, un seul, dont la communion est partagée par tous les croyants. Et ce Saint-Esprit transmet à chaque croyant, pour l’utilité commune, un certain nombre de dons.

Mais que faut-il entendre par « don spirituel » ? En grec, au verset 1, l’apôtre Paul parle des « spirituels » (pneumatikoi). Un terme général, qui se rapporte à pneuma, l’Esprit. Il n’est pas évident du tout que nous devions traduire par « dons spirituels ». La TOB propose d’ailleurs « phénomènes spirituels », la NBS « pratiques spirituelles ».

Pour préciser de quoi il s’agit, au verset 4, l’apôtre emploie trois termes différents pour évoquer ces pneumatikoi :
charisma, qu’on a transcrit parfois par « charisme » et qui vient de charis, la grâce
diakonia qu’on traduit souvent par « ministère », et qui signifie en fait service
energema, qu’on peut traduire par opération, activité

Un seul terme ne suffit donc pas pour évoquer ces différents « dons spirituels ». Les termes utilisés sont complémentaires et évoquent à la fois le fait qu’ils sont comme des cadeaux gratuits de Dieu (charisma), qu’il doivent être vécus dans un esprit de service (diakonia) et qu’ils se traduisent dans une certaine pratique (energema).

Il faut faire attention : le texte biblique ne parle pas de capacités personnelles que le Seigneur donnerait à certains, les rendant capables d’accomplir telle ou telle chose (parler des langues inconnues, accomplir des miracles, devenir prophète, etc…). Il ne s’agit pas de capacités personnelles mais de manifestations du Saint-Esprit.

La clé, c’est le verset 7 : « A chacun est donné la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous ». C’est la manifestation du Saint-Esprit qui est donnée ! Ce sont là les cadeaux que Dieu fait à son Église : le fait qu’il se manifeste de différentes manières et à travers différentes personnes par son Saint-Esprit.

Du coup, je vous propose trois leçons pour nous, à partir de ce texte.

1. Le Saint-Esprit est un acteur incontournable de notre vie chrétienne !

C’est la conclusion qu’on peut tirer du verset 3, par sa formulation négative puis positive. On pourrait même dire que s’il n’y a pas le Saint-Esprit, vous pouvez rentrer chez vous ! Sans lui, on ne peut pas être chrétien, ni le devenir ni continuer à l’être !

Évidemment, l’affirmation du verset 3 va au-delà des paroles. Il ne s’agit pas seulement de dire « Maudit soit Jésus » ou « Jésus est Seigneur ». Ça, n’importe qui peut le dire, sans forcément le penser. L’apôtre parle de la réalité évoquée par ces paroles.

Autrement dit, nul ne peut avoir Jésus comme Seigneur, nul ne peut reconnaître par la foi en lui le Fils de Dieu et son Sauveur, nul ne peut appartenir à Jésus-Christ, si ce n’est par l’action du Saint-Esprit dans sa vie. Ce n’est une réalité pour le croyant que parce que le Saint-Esprit l’applique à notre vie. On ne peut pas devenir chrétien sans l’oeuvre du Saint-Esprit en nous.

De même nul ne peut renier le Christ, l’abandonner et le rejeter à jamais si l’Esprit de Dieu habite en lui. Le salut que Dieu donne et qu’il applique à notre vie par le Saint-Esprit, il ne le reprend pas. On ne peut demeurer dans la foi que parce que le Saint-Esprit nous garde dans le Christ.

La réalité de l’oeuvre du Saint-Esprit en nous doit être sans cesse réaffirmée. Et on n’est pas ici dans une optique charismatique ou non-charismatique. C’est tout simplement biblique ! Car si nous comptons sur nos propres forces, nous n’y arriverons pas…

2. Le Saint-Esprit fait ce qu’il veut !

C’est la conclusion de notre passage : « Tout cela, c’est le seul et même Esprit Saint qui le rend possible. Il distribue ses dons à chacun comme il veut. » (v.11)

Quand on regarde les différents verbes associés au Saint-Esprit dans notre texte, on comprend que c’est lui qui est à la baguette ! Il opère, il donne, il se manifeste, il met en œuvre, il distribue… C’est lui qui fait tout et c’est lui qui décide de tout.

On a souvent du mal à considérer le Saint-Esprit comme une personne. Le mot « Esprit » peut nous sembler impersonnel (en comparaison avec « Père » et « Fils »). Il est vrai que son œuvre est souvent discrète, qu’il se manifeste dans notre for intérieur ou qu’il agit bien souvent en utilisant des hommes et des femmes, si bien qu’on pourrait presque l’oublier.

Mais notre texte le rappelle avec force : le Saint-Esprit, cet acteur incontournable de notre vie chrétienne, fait ce qu’il veut. Il est Dieu et Seigneur (v.4-6). Il est une personne, pas une puissance qu’on pourrait contrôler, canaliser ou même invoquer.

Oublier le Saint-Esprit et son œuvre, c’est oublier Dieu. Limiter son action aux premiers temps de l’Église et ne pas chercher sa plénitude aujourd’hui, c’est se priver d’une communion avec Dieu qui nous est promise.

Enfermer le Saint-Esprit dans telle type de manifestation, réduire son action à telle pratique ou son œuvre à tel schéma théologique, ce n’est pas le laisser faire ce qu’il veut mais s’attendre à ce qu’il fasse ce que nous voulons. Il nous faut accepter que le même Saint-Esprit peut agir de façons diverses, selon les personnes, selon les contextes, selon les besoins…

Mais ne l’oublions jamais : quand nous parlons du Saint-Esprit et de son œuvre, nous parlons de Dieu. Et il peut y avoir des manières de parler du Saint-Esprit, ou d’agir en son nom, qui lui manquent de respect.

3. Le Saint-Esprit travaille pour le bien de tous

Le texte ne souligne pas seulement la diversité des manifestations du Saint-Esprit. Il affirme aussi, et à plusieurs reprises, qu’il n’y a qu’un seul Esprit et qu’il agit avec un seul but : le bien de tous.

Voilà pourquoi il me paraît important de ne pas comprendre les « dons spirituels » comme des capacités que le Seigneur attribuerait à telle ou telle personne mais plutôt comme des cadeaux que le Saint-Esprit fait à l’Église dans son ensemble. Il n’accorde pas des dons pour des individus, il fait le cadeau de se manifester, de différentes façons, et à travers différentes personnes, pour le bien de tous.

La question n’est donc pas de se demander « quel don spirituel je possède ? ». Mais plutôt : « comment le Saint-Esprit veut-il se manifester en moi, pour mes frères ? » D’où la nécessité de l’esprit de service. Et qui dit service, dit humilité…

Quand des chrétiens retirent une gloire personnelle de ce qu’ils font au nom du Saint-Esprit, il y a quelque chose de louche. Quand des manifestations attribuées au Saint-Esprit sont indissociables d’une personne en particulier, il y a quelque chose de louche.

Quand le Saint-Esprit se manifeste, tantôt par une prière, tantôt par une prédication, tantôt par une parole ou un geste d’encouragement, tantôt par un conseil avisé, ou même parfois de façon plus spectaculaire, alors on peut sans doute dire que le Saint-Esprit distribue ses dons à qui il veut.

Comme en témoigne l’image du corps qui suit immédiatement notre texte, les manifestations du Saint-Esprit démontrent que nous avons besoin les uns des autres parce que le Seigneur se manifeste à travers les uns et les autres. Pas parce que certains auraient reçu des capacités spirituelles particulières qui les rendent indispensables à l’Église.

Conclusion

De par son action souvent discrète dans nos vies, le Saint-Esprit peut être le grand inconnu, le grand oublié. Et cela ne peut que l’attrister… Il est pourtant un acteur incontournable de notre vie chrétienne. Sans lui, nous ne serions pas ici. C’est lui qui nous a convaincu, dans notre for intérieur, de l’amour de Dieu. C’est lui qui nous garde dans la main du Seigneur.

Il est vrai que d’autres n’ont que le Saint-Esprit à la bouche, et parfois d’une façon qui ne respecte pas forcément le fait qu’il est Dieu et qu’il fait ce qu’il veut. On ne peut pas réduire le Saint-Esprit à une puissance, ni son œuvre à des manifestations spectaculaires. Il est Dieu et il fait ce qu’il veut.

Mais ce dont nous devons nous souvenir, c’est que le Saint-Esprit travaille pour le bien de tous. Son grand œuvre, c’est l’édification de l’Église, la communauté des croyants. Et chacun de nous peut y participer, parce que l’Église, c’est nous. Et la promesse est là :

«  A chacun est donné la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous » (v.7)

Vincent Miéville

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