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Le défi de Pentecôte

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Pentecôte, c’est le jour J pour l’Eglise. Le moment à partir duquel la Bonne Nouvelle va se répandre ! Jusque là, les disciples étaient réunis entre eux, parfois en présence du Christ ressuscité. Ils attendaient que la promesse de Jésus de leur envoyer le Saint-Esprit se réalise. Au début de notre récit, les disciples sont d’ailleurs réunis dans une maison… Et puis le Saint-Esprit descend sur eux, les foules accourent, intriguées, et l’Evangile est annoncé.

Bref, la descente de l’Esprit saint sur les disciples, c’était un peu le déconfinement de l’Eglise… C’est donc un assez joli symbole que nos cultes puissent reprendre en ce dimanche de Pentecôte !

Actes 2.1-13
1 Quand le jour de la Pentecôte arriva, les croyants étaient réunis tous ensemble au même endroit. 2 Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme un violent coup de vent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. 3 Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d’eux. 4 Ils furent tous remplis de l’Esprit saint et ils se mirent à parler en d’autres langues, selon ce que l’Esprit leur donnait d’exprimer.
5 À Jérusalem vivaient des Juifs qui honoraient Dieu, venus de tous les pays du monde. 6 Quand ce bruit se fit entendre, ils s’assemblèrent en foule. Ils étaient tous profondément surpris, car chacun d’eux entendait les croyants parler dans sa propre langue. 7 Ils étaient remplis de stupeur et d’admiration, et disaient : « Ces gens qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? 8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ? 9 Parmi nous, il y en a qui viennent du pays des Parthes, de Médie et d’Élam. Il y a des habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et de la province d’Asie ; 10 certains sont de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de la région de Cyrène, en Libye ; d’autres sont venus de Rome, 11 de Crète et d’Arabie ; certains sont nés Juifs, et d’autres se sont convertis à la religion juive. Et pourtant nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu ! »
12 Ils étaient tous remplis de stupeur et ne savaient plus que penser ; ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela signifie ? » 13 Mais d’autres se moquaient en disant : « Ils sont complètement ivres ! »

Ces dernières semaines, nous avons tous vécu une expérience commune, universelle. La pandémie que nous traversons, et surtout l’expérience du confinement qui lui est liée, sera inscrite dans les livres d’histoire : plus de la moitié de l’humanité a été confinée en même temps ! Cette expérience commune a été vécue dans des circonstances variables, selon que vous avez été atteint par le virus ou non, en fonction des conditions dans lesquelles vous avez vécu le confinement, seul ou avec d’autres, avec ou sans jardin, avec des enfants scolarisés à la maison, en télétravail ou si vous avez continué de travailler pour assurer des services essentiels… Il y a donc eu une expérience commune, partagée par tous, mais elle a été vécue différemment par chacun.

N’est-ce pas, d’ailleurs, le propre d’une expérience universelle ? Elle est partagée par tous mais vécue différemment par chacun. L’événement de la descente de l’Esprit saint à la Pentecôte a indéniablement un caractère universel, et on y retrouve cette tension entre le “tous” et le “chacun”.

Lorsque le Saint-Esprit se manifestent, il est dit : “Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d’eux.” (v.3)
C’est le même Saint-Esprit qui descend sur tous les disciples réunis, mais cela se manifeste par des langues de feu qui se séparent pour se poser une à une sur chacun.

Plus loin, ce qui cause l’étonnement de la foule réunie à Jérusalem ce jour-là, c’est d’entendre parler des merveilles de Dieu dans la propre langue de chacun. Et que sont ces grandes oeuvres de Dieu sinon l’Evangile, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ? Il suffit de lire le discours de Pierre dans la deuxième partie du chapitre pour en avoir la preuve. Or, les foules disent : “Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler dans sa langue maternelle ?” (v.8)
Autrement dit, c’est la même Bonne Nouvelle qui est proclamée à tous, mais dans la langue maternelle de chacun.

L’Evangile, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, est véritablement universelle. Elle est la même pour tous, mais elle est aussi entendue, reçue et incarnée différemment par chacun. Et cette tension entre le “pour tous” et le “pour chacun” de l’Evangile, constitue un des grands défis de l’Eglise, qu’on pourrait formuler ainsi :

Il y a une seule Bonne Nouvelle pour tous, à traduire dans la langue de chacun, et à recevoir dans sa propre langue maternelle.

Une seule Bonne Nouvelle pour tous

Il faut qu’elle soit la même pour tous, sinon chacun invente une Bonne Nouvelle à sa mesure… qui ne sera donc plus une Bonne Nouvelle pour tous ! Et il faut en même temps que cette Bonne Nouvelle soit personnelle, pour qu’elle rejoigne chacun.

Comment transmettre une Bonne Nouvelle qui soit à la fois unique pour tous et personnelle à chacun ? Quel est le message dont nous sommes porteurs ?

Nous n’avons pas une religion à proposer, avec ses rites et ses traditions, nous n’avons pas à doctrine à proposer, avec ses certitudes et ses dogmes. Nous avons une personne à faire connaître : Jésus-Christ, le Fils de Dieu devenu homme, mort et ressuscité ! Il veut nous rencontrer et nous sauver. C’est ça la Bonne Nouvelle !

Il me semble donc que c’est seulement si la Bonne Nouvelle que nous annonçons est centrée sur la personne de Jésus-Christ qu’elle peut être à la fois pour tous et pour chacun. Parce qu’elle n’est pas alors un énoncé doctrinal ou un ensemble de précepts religieux. Elle est l’occasion d’une rencontre, par la foi, avec quelqu’un. Une rencontre qui débouche sur une relation personnelle. Ce que nous partageons, c’est la rencontre avec le Christ vivant. Mais notre relation avec lui est personnelle à chacun.

Traduite dans la langue de chacun

Pour qu’elle soit accessible, cette Bonne Nouvelle doit être traduite dans la langue de chacun. Je me suis rendu compte que nous avons dans ce récit la première traduction de l’Evangile ! L’hébreu et le grec, qui sont les langues d’origine de l’AT et du NT, ne sont pas des langues sacrées. Ce qui compte, c’est le message. Et parce que c’est une Bonne Nouvelle, et qu’elle est pour tous, il faut la traduire dans toutes les langues !

Or la traduction est un art difficile ! Vous avez peut-être des souvenirs douloureux d’étudiants devant votre version anglaise ou latine… ou de la difficulté de votre apprentissage du français si ce n’est pas votre langue maternelle !

Or tout chrétien est appelé à être un traducteur de l’Evangile. Pas tellement pour écrire des versions de la Bible en différentes langues, mais pour le rendre compréhensible par nos contemporains, nos amis, nos proches. Et vous savez qu’il n’est pas toujours facile de trouver les mots justes pour témoigner de notre foi… Mais il ne faut pas oublier que la meilleure traduction de l’Evangile est sans doute sa traduction concrète, dans nos vies.

Nous ne sommes pas responsable de l’accueil que les autres vont réserver à la Bonne Nouvelle, mais nous sommes responsables de la façon dont nous la traduisons, dans nos mots et dans notre vie quotidienne. L’élément important que nous révèle le récit de Pentecôte, c’est que cette traduction est une oeuvre du Saint-Esprit. C’est lui qui donne aux disciples la capacité de parler des merveilles de Dieu dans d’autres langues… C’est lui qui pourra rendre notre témoignage accessible et pertinent envers notre prochain.

Reçue dans sa langue maternelle

L’Evangile est une Bonne Nouvelle, non pas seulement quand elle est annoncée mais quand elle est reçue.

Cela s’exprime, dans la récit de Pentecôte, par l’émerveillement des foules qui entendent parler des oeuvres de Dieu “dans leur langue maternelle”. Littéralement, en grec, on parle de “la langue dans laquelle nous sommes nés”. C’est la langue qu’on a apprise enfant, celle de nos parents, de notre éducation. Une Bonne Nouvelle traduite dans ma langue maternelle, c’est une Bonne Nouvelle qui parle mon langage, qui rejoint mon histoire.

Le Fils de Dieu, en devenant homme, nous a rejoint dans notre histoire humaine. Il est devenu l’un des nôtres, comme nous tous. Par son Esprit, il me rejoint, aujourd’hui, dans mon histoire. Il nous appelle chacun à le suivre et il habite notre quotidien. C’est la Bonne Nouvelle pour tous et pour chacun !

D’où l’importance, dans l’Eglise, de partager notre foi commune, de la vivre et de l’exprimer ensemble. C’est pour cela que nous sommes heureux de pouvoir reprendre nos cultes ! Mais d’où l’importance aussi de ne pas enfermer chacun dans des stéréotypes ou des carcans mais de savoir accueillir la diversité de nos spiritualités, une même foi exprimée dans un langage propre à chacun !

Conclusion

Juste avant son Ascension, Jésus avait donné à ses disciples cet ordre de mission : “Vous recevrez une force quand l’Esprit saint descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde.” (Actes 1.8)

Depuis le jour J de la Pentecôte, cet ordre de mission reste valable. Le flambeau nous est parvenu, de génération en génération. Le défi de Pentecôte se poursuit : il y a une seule Bonne Nouvelle pour tous, à traduire dans la langue de chacun, et à recevoir dans sa propre langue maternelle.

Et n’oublions une autre excellente nouvelle liée à Pentecôte : c’est le Saint-Esprit, qui habite en nous, qui nous rendra capable de dire les merveilles de Dieu de façon appropriée, dans le langage de notre prochain !

L’Ascension

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Malgré la présence du Saint-Esprit, l’absence du Christ pose de vrais défis. Déjà, il faut croire sans voir – et l’on sait combien c’est difficile, de faire confiance à l’aveugle (même si c’est bien le principe de la foi…). Mais l’absence désigne aussi une impression : même croyants, nous pouvons nous sentir seuls, au moins partiellement – comme si Dieu, ou le Christ, était actif dans certains domaines ou certaines périodes de notre vie, mais qu’il se désintéressait du reste. Cette absence revient d’ailleurs dans les conversations avec nos amis, par exemple, qui ne croient pas : « mais où est-il, ton Dieu ? que fait-il ? » Cette impression d’absence dessine un portrait de Dieu soit indifférent soit incapable, comme si certains événements étaient plus forts que lui.

Dans sa lettre aux chrétiens d’Ephèse, l’apôtre Paul commence par rappeler les multiples facettes du salut en Christ. Dans la foulée, il retranscrit une prière, qui nous aide à comprendre autrement l’absence du Christ, notamment en soulignant le sens de l’ascension du Christ, dont nous avons parfois plus de mal à saisir l’importance.

Lettre aux Ephésiens 1.15-23.

15 Voilà pourquoi, maintenant que j’ai entendu parler de votre foi dans le Seigneur Jésus et de votre amour pour tous les croyants, 16 je ne cesse pas de remercier Dieu à votre sujet. Je pense à vous dans mes prières 17 et je demande au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, au Père à qui appartient la gloire, de vous donner l’Esprit de sagesse qui vous le révélera et qui vous le fera vraiment connaître. 

18 Qu’il ouvre vos yeux à sa lumière, afin que vous compreniez à quelle espérance il vous a appelés. Vous comprendrez quelle est la richesse et la splendeur de l’héritage destiné à ceux qui lui appartiennent, 19 et quelle est la puissance extraordinaire dont il dispose pour nous les croyants.

Cette puissance est celle-là même que Dieu a manifestée avec tant de force 20 quand il a ressuscité le Christ d’entre les morts et qu’il l’a fait siéger à sa droite dans les cieux. 21 Le Christ y est placé au-dessus de toute autorité, de tout pouvoir, de toute puissance, de toute domination et de tout autre nom qui puisse être invoqué, non seulement dans ce monde-ci, mais aussi dans le monde à venir. 22 Dieu a mis toutes choses sous les pieds du Christ et il l’a donné à l’Église comme la tête de tout ce qui existe.

23 L’Église est le corps du Christ ; en elle, le Christ est pleinement présent, lui qui remplit tout l’univers.

L’éclairage nécessaire du Saint Esprit

Paul a beau se réjouir de la foi des Ephésiens, il prie pour leur croissance – quelque soit la richesse de notre vie avec Dieu, ici-bas, nous avons toujours à grandir dans la foi, l’espérance, l’amour, et la façon dont nous les mettons en œuvre au quotidien. Et comme tout part de notre compréhension des choses, de notre vision du monde, Paul prie pour que le Saint Esprit les fasse grandir en compréhension – une connaissance vouée bien sûr à avoir un impact concret dans notre vie.

Nous avons besoin de l’éclairage de l’Esprit de Dieu, parce que la réalité de Dieu dépasse notre intelligence et notre perception, comme la 3D dépasse la vision en deux dimensions, par exemple. Pour mieux comprendre Dieu, et le monde qu’il a créé, nous avons besoin que Dieu nous aide, par son Esprit.

Ici, Paul met l’accent sur 3 domaines d’intervention de l’Esprit. Premièrement, l’espérance – c’est-à-dire notre horizon. Au-delà de l’horizon connu de la mort, Dieu nous promet un monde renouvelé dans lequel nous vivrons éternellement. Deuxièmement, ce monde sera supérieur à ce que nous connaissons, riche en justice et en paix, en amour et en vérité. Nous en sommes héritiers, dès aujourd’hui, nous y avons notre place par la foi – ce qui en dit long sur la place que nous avons dans le cœur de Dieu.

Troisièmement, et c’est le point d’orgue de la prière de Paul, qu’en attendant, nous comprenions la puissance de Dieu en Christ. C’est tellement important qu’il accumule les pléonasmes. Cette puissance s’exprime particulièrement dans la résurrection de Jésus, qui triomphe de la mort, et son ascension : il vient s’asseoir aux côtés de Dieu, sur son trône. Il partage ainsi le statut, l’autorité et la gloire de Dieu : plus qu’un prophète, ou un miraculé, il est homme et Dieu, roi de ce monde.

La puissance du Christ

Jésus est roi, son autorité dépasse ce que nous pouvons imaginer, et le reste de l’univers ne lui arrive pas à la cheville… Ce n’est pas parce qu’il est invisible qu’il est impuissant !

Autre vérité contre-intuitive qui va avec : Jésus est présent. Il est impliqué dans le monde, il e remplit. Notre monde blessé témoigne trop souvent de sa déconnexion d’avec Dieu… Pourtant, Dieu y est présent – et le Christ aussi : il limite le mal commis, il œuvre dans les miracles du quotidien, les joies et les espoirs, les moments de justice et les réconciliations. Et si, au lieu de nous laisser impressionner par les « absences », nous nous exercions à traquer plutôt les indices de la présence du Christ ?

Ces indices anticipent le monde que Dieu promet, la justice et la paix : y regarder affermit notre espérance et notre foi. Ils nous rappellent aussi que, dans nos épreuves ou nos projets, nous ne sommes pas seuls… Dieu est à nos côtés, présent, puissant.

Une puissance qui nous remplit 

Si le Christ remplit le monde de sa majesté, il remplit l’Eglise (l’ensemble des croyants) d’une façon particulière. L’église, comme un corps, est attaché à la tête : pour lui obéir, mais aussi pour compléter sa silhouette de façon harmonieuse. C’est énigmatique, que Dieu ait choisi, par l’Eglise, de s’ajouter un corps qui rende visible sa « silhouette » dans le monde – et nous sommes trop souvent encore difformes… Pour lui ressembler davantage, la clef, c’est de le laisser nous remplir (comme la sève parcourt l’arbre)… Et cela commence sur le plan individuel.

Qaund quelque chose nous remplit, il occupe nos pensées, nos jours et nos nuits, il dirige nos pensées et vient colorer chaque dimension de notre vie. Alors, qu’est-ce qui nous remplit ? Même chez un chrétien, parfois ce sont des choses contradictoires, comme des liquides aux couleurs qui jurent. Dans ce cas, il y a décision à prendre pour couper avec ce qui contredit sa présence. Mais il est aussi essentiel de cultiver sa présence : dans notre intelligence (avec ce que nous apprenons), notre sensibilité (nos priorités, nos valeurs, notre façon de communiquer), nos décisions, nos choix, nos actions…

Ah, que nous puissions chacun, et ensemble, être remplis de Dieu au point que cela transparaisse avec davantage de clarté, que l’énergique amour de Dieu surabonde au point de se répandre autour de nous – et que le monde, qui souffre tant de l’absence supposée de Dieu, puisse ressentir sa présence !

Rendre compte de notre espérance

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Parmi les textes bibliques proposés pour ce dimanche, il y a un extrait de la première épître de Pierre. Cette lettre a été écrite dans un contexte de persécution pour les premiers chrétiens. Vous verrez que cela transparaît dans le texte, lorsqu’on y évoque des souffrances à endurer et de l’adversité à affronter.

1 Pierre 3.13-17
13 Qui vous fera du mal si vous êtes pleins de zèle pour le bien ? 14 Même si vous aviez à souffrir parce que vous faites ce qui est juste, vous êtes heureux ! N’ayez aucune crainte des autres et ne vous laissez pas troubler. 15 Mais reconnaissez et honorez dans vos cœurs le Christ comme Seigneur. Tenez-vous toujours prêts à vous défendre face à tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous. 16 Mais faites-le avec douceur et respect ! Ayez une conscience pure, afin que ceux qui insultent votre bonne conduite de chrétiens aient à rougir de leurs calomnies. 17 Car il vaut mieux souffrir en faisant le bien, si telle est la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal.

Dans un monde idéal, quand on fait le bien on est honoré, et quand on fait le mal on est condamné. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal… et tout n’est pas aussi simple que cela.

L’épître de Pierre n’est pas écrite à des chrétiens qui vivent dans un monde idéal… mais bel et bien dans notre monde, où l’injustice et les inégalités sont présentes, un monde où, aujourd’hui encore, certains croyants rencontrent de l’opposition, de l’adversité, simplement à cause de leur foi.

Et pourtant, même face à la persécution, pour le chrétien demeure l’impératif d’avoir une conduite sans reproche, et aussi celui d’être témoin de son espérance. Même dans la tempête, l’arbre que nous sommes est appelé à rester debout, et même à porter du fruit ! Mais comment faire ?

Le problème, c’est la peur…

“N’ayez aucune crainte des autres et ne vous laissez pas troubler.” Cette exhortation se comprend bien dans un contexte de persécution… mais la peur se manifeste aussi dans d’autres contextes. Même si les peurs, alors, ne sont pas toujours justifiées… elles existent bel et bien.

Dans un état laïque nous n’avons pourtant nullement à craindre de témoigner de notre foi. La laïcité garantit la liberté de croire et de vivre sa foi, y compris de façon publique, dans la mesure où ça ne trouble pas l’ordre public et que cela se vive dans le respect.

Et pourtant, nos peurs sont là parfois… Elles peuvent traduire notre timidité, notre manque de confiance, notre crainte d’être incompris ou moqué.

D’un certaine façon, l’épître de Pierre nous dit : Soyez qui vous êtes ! Assumez votre foi, vos convictions, votre espérance ! N’ayez pas peur !

L’important, c’est le coeur

Et pour vaincre cette peur, Pierre nous invite à revenir à notre coeur : “Mais reconnaissez et honorez dans vos cœurs le Christ comme Seigneur.” Ou, plus littéralement : “sanctifiez dans votre coeur Christ le Seigneur.”

Tout commence là. Dans l’intime et le personnel… mais pas pour y rester confiné !

On pourrait prolonger la métaphore de l’arbre, et dire que le coeur, ce sont les racines. Elles sont en général invisibles, mais elles sont essentielles. C’est par elles que l’arbre peut rester debout et qu’il puise les nutriments dont il a besoin pour grandir et porter du fruit.

Il s’agit pour nous de cultiver notre intériorité. J’ai entendu plusieurs personnes qui ont dit avoir redécouvert une certaine intériorité dans le temps de confinement que nous avons traversé. Bon, ce n’était pas forcément ceux qui ont dû faire du télétravail avec des enfants en bas âge à la maison !!!

En tout cas, il y a un vrai défi, important à relever, celui de cultiver notre intériorité. Et ça demande de savoir s’arrêter, confinement ou pas.

Pour le croyant, il s’agit, dans cette intériorité, de réserver une place, un sanctuaire, pour le Seigneur. Et prendre le temps d’y aller, de fermer les fenêtres et les portes autour de nous pour y rencontrer Dieu, seul à seul. Pour plonger nos racines en lui. Nous y puiserons la sève qui nous vivifiera, le courage et la force dont nous avons besoin pour affronter nos peurs.

Un droit de réponse !

Si les racines sont solidement ancrées dans le sol, si nous nous nourrissons dans notre intériorité de notre intimité avec Dieu, alors l’arbre de notre vie sera solide… il sortira de terre, et aux yeux de tous, il portera son feuillage, ses fleurs ou ses fruits.

Et comme ça sera aux yeux de tous, ça va probablement susciter des réactions. Alors Pierre dit : “Tenez-vous toujours prêts à vous défendre face à tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous.”

La façon dont l’épître l’exprime ici traduit le contexte d’hostilité… Il s’agit de se défendre ! Mais dans tout contexte, il s’agit surtout de répondre aux interrogations, parfois curieuses, parfois hostiles, que suscite une vie remplie par le Seigneur.

Et je trouve intéressant que ce soit le mot espérance qui soit utilisé ici. Pierre aurait pu parler simplement de la foi : tenez-vous prêt rendre compte de ce que vous croyez. Mais il parle plutôt de l’espérance. Parce que ce qui fait, fondamentalement, la particularité de la foi chrétienne, c’est son espérance, basée sur l’événement de la résurrection du Christ.

Dans le contexte qui est le nôtre, où prédomine le pessimisme, la crainte, presque un sentiment de fin du monde… c’est bien d’une espérance que nous devons être porteurs ! Il faut que notre espérance soit notre réponse à la morosité ambiante, aux inquiétudes, aux colères, aux suspicions parfois jusqu’au complotisme, et au cynisme qui nous entoure. Et cette espérance doit s’incarner dans notre vie.

En douceur…

Une dernière précision s’impose, au verset 16 : “Mais faites-le avec douceur et respect !”

Ce double impératif est pertinent dans tous les contextes. Dans l’adversité, pour ne pas répondre à l’agression par l’agressivité. Mais dans un contexte plus paisible aussi, pour que le témoignage ne soit pas offensif ou intrusif. Un foi qui s’impose n’est plus vraiment la foi, c’est une idéologie.

La foi et l’espérance chrétienne demandent une libre adhésion, qu’on ne peut jamais contraindre. L’Evangile est un appel, et la foi est une réponse à cet appel. Nous ne pouvons en parler qu’avec douceur et respect…

Le Royaume de Dieu ne s’établit pas par la force mais par l’amour. Le Fils de Dieu n’est pas venu sur terre en Général de guerre avec une armée d’anges, il est venu humblement, en serviteur, jusqu’à mourir seul, sur une croix.

La douceur et le respect dans notre témoignage chrétien doivent être un écho de la personne de Jésus-Christ, qui disait de lui-même qu’il est doux et humble de coeur. C’est bien lui notre espérance, dont nous témoignons !

Un coeur saint

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A quoi ressemble la sainteté ? Chacun pourrait donner une définition, plus ou moins biblique, j’imagine… Mais j’ai lu récemment un passage du livre d’Ezechiel qui attire notre attention sur un aspect essentiel et peut-être négligé de la sainteté.

Quelques mots de contexte : Ezechiel est un prophète juif, à l’époque où la dernière partie du royaume d’Israël, au sud, va être envoyée en exil. La partie nord, avec Samarie pour capitale, a déjà été abandonnée par Dieu, environ cent ans plus tôt, parce qu’elle s’était engouffrée dans des pratiques sociales et spirituelles destructrices. Le sud a suivi le même chemin – qui conduit à la même réponse de Dieu : ne plus les soutenir ni les protéger devant l’empire babylonien. Ce que nous allons lire vient d’un discours passionné et vibrant où Dieu, par Ezechiel, s’adresse à Jérusalem en la comparant à une jeune femme qu’il aurait recueillie, soignée, honorée, épousée. Mais cette femme l’a trahi, et Dieu la compare à une femme aux multiples amants – tant il est vrai que le peuple d’Israël a adopté des croyances et des pratiques incompatibles avec la foi en Dieu.

Lecture biblique: Ezechiel, chapitre 16, vv. 44 à 52.

44 Jérusalem, ceux qui inventent des proverbes diront à propos de toi : “Telle mère, telle fille!” 45 En effet, tu es bien la fille de ta mère, cette femme qui a détesté son mari et ses enfants. Tu es pareille à tes sœurs, qui ont détesté leur mari et leurs enfants. Votre mère était hittite et votre père était amorite. 46 Ta sœur aînée, c’est Samarie, dans le nord, avec les localités voisines. Ta jeune sœur, c’est Sodome, dans le sud, avec les localités voisines. 47 Tu ne t’es pas contentée d’imiter leur conduite et leurs actions abominables, c’était trop peu ! En tout, ton comportement a été bien pire que le leur ! 48 Aussi vrai que je suis vivant, je l’affirme, moi, le Seigneur Dieu, ta sœur Sodome et les localités voisines n’ont jamais fait autant de mal que toi et les localités voisines. 

49 Voici ce que fut la faute de Sodome : elle a vécu dans l’orgueil, le rassasiement et une tranquille insouciance ; elle et ses filles n’ont pas secouru les pauvres et les défavorisés. 50 Elles sont devenues hautaines et ont commis des actes qui me sont insupportables. Alors je les ai fait disparaître de la terre, comme tu le sais. 51 Quant à Samarie, elle n’a pas commis la moitié de tes fautes ! Tu as agi de façon bien plus abominable qu’elle. Sodome et Samarie, tes sœurs, semblent innocentes en comparaison de toi ! 

52 Eh bien maintenant, tu dois supporter ton humiliation ! Tu as innocenté tes sœurs : puisque tu as commis des fautes bien plus abominables qu’elles, elles apparaissent plus justes que toi. À ton tour de subir la honte et l’humiliation, toi qui leur as donné une apparence d’innocence !

Une comparaison qui interpelle

Ce discours de jugement est terrible et a pour but de confronter le peuple de Jérusalem à la gravité de ses actes et à leurs conséquences. Par la suite, Dieu donnera des promesses extraordinaires de rétablissement, mais avant de guérir et rétablir, il faut bien expliciter le problème et ses conséquences. Jérusalem devra passer par l’exil, elle devra tout perdre pour pouvoir revenir à Dieu et l’apprécier, l’aimer, comme il le mérite. Parfois notre cœur est tellement dur, que c’est seulement quand on perd quelque chose ou quelqu’un, qu’on se rend vraiment compte de sa valeur.

Le prophète compare ici Jérusalem à Samarie, mais aussi à Sodome, cette ville corrompue, violente et sans limites, qui a été détruite plus d’un millénaire auparavant, à l’époque d’Abraham (Genèse 18-19). Dans l’imaginaire biblique, Sodome, c’est la référence d’une société humaine pourrie, dont on ne peut plus rien attendre. En théorie, le contraire de Jérusalem, capitale du peuple de Dieu.

Or Jérusalem est devenu pire que Sodome – autrement dit, pire que tout. Jérusalem a délaissé son « mari », c’est-à-dire Dieu – à qui elle a préféré des divinités étrangères. Mais elle a aussi délaissé ses « enfants », c’est-à-dire ses habitants, son peuple, qu’elle n’a pas hésité à sacrifier – sur le plan social, économique, voire parfois au sens littéral avec des sacrifices d’enfants. Loin d’être influencée par Dieu, elle a imité les peuples païens qui l’entouraient, dont elle se retrouve la digne héritière – telle mère, telle fille.

Aux sources de la sainteté

Mais comment Dieu définit-il cette pourriture commune ? Etonnamment, il ne détaille pas les symptômes du mal, mais il va directement à la source. Il la décrit au verset 49 : elle a vécu dans l’orgueil, le rassasiement et une tranquille insouciance ; elle et ses filles n’ont pas secouru les pauvres et les défavorisés. 

Sodome, comme Samarie et Jérusalem après elle, est une société bouffie, hautaine, satisfaite d’elle-même, qui s’autorise tout et n’importe quoi – de là, de cette auto-suffisance qui conduit au mépris de l’autre, découlent divers crimes qui mèneront ces sociétés à leur fin.

Lorsque nous définissons péché et sainteté, nous regardons souvent à ce qui est visible. Ainsi, nous faisons une séparation entre les bons et les mauvais… Mais Dieu regarde aux racines, au cœur – pas aux unes des journaux à scandale. Ce qui choque Dieu, au fond, à Sodome, c’est l’orgueil et le repli sur soi, la satisfaction d’avoir ce qu’il faut et le confort de continuer dans une routine stable et solide. Ces replis sur soi préparent l’injustice, la corruption, parce que l’autre est peu à peu mis au coin : seuls nos intérêts comptent. Or ce péché, il n’est pas si extra-ordinaire, si loin de nous. Même avec une vie bien rangée, l’attitude suffisante de Sodome peut nous guetter, nous aussi, comme elle a atteint Jérusalem.

Alors à quoi ressemblerait la sainteté ? par contraste avec Sodome : humilité (et non orgueil), empathie ou compassion (et non désintérêt), partage et soutien (et non auto-suffisance). Et c’est logique, puisqu’être saint, c’est ressembler à Dieu. Or Dieu n’est pas simplement un Créateur puissant et sage, il est aussi rempli d’amour et du désir de faire du bien. Plein de compassion, il vient en aide à ceux qui l’appellent. Au point même, de renoncer à ses propres privilèges : en Jésus, il est devenu un homme, humilié et sacrifié, pour nous venir en aide, pour nous servir et nous sauver. En Jésus, nous voyons le visage de Dieu : humble, compatissant, généreux. Comment être saint sans lui ressembler ?

Cultiver l’ouverture

Le repli sur soi est toujours une tentation – pour nous individus comme pour nos communautés, qui finissent par fonctionner en vase clos. Mais avec la crise actuelle, ce risque est peut-être encore plus présent. Il y a l’instinct de survie, mais aussi l’épuisement de ceux qui ont continué de travailler dans des conditions dégradées. Et puis la peur, la peur de ceux qui voient dans le déconfinement la menace du virus. Quand on est fatigué ou apeuré, on a moins le réflexe de la générosité.

Mais ressembler à Dieu signifie qu’on ne peut pas se contenter d’être quelqu’un de bien, avec de bonnes valeurs et une bonne éthique. Dieu ne veut pas des enfants « qui ne font de mal à personne », mais des témoins qui s’ouvrent à l’autre là où ils sont. Dans cette crise, comme au-delà.

Nos églises ne vont pas rouvrir de suite. Et individuellement, notre vie ne va pas reprendre comme avant. Mais comment pouvons-nous cultiver dès aujourd’hui, intentionnellement, le souci de l’autre, avec humilité et générosité ? Comment préparer la suite du déconfinement avec cette priorité du partage ?

Je crois que seul Dieu peut faire de nous des saints, c’est-à-dire des personnes qui lui ressemblent – demandons-lui sans cesse de nous apprendre à lui ressembler, dans toute notre vie. Comment Dieu pourrait-il rester sourd à cette demande ? Alors que Dieu nous remplisse de son Esprit pour que dans ces prochaines semaines, prochains mois, nous retrouvions le rythme de la vie quotidienne avec un cœur renouvelé, humble et généreux – et que nous soyons ainsi des témoins lumineux de son amour.

Le berger et la porte

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Cette prédication fait partie d’un mini-culte filmé pendant la période de confinement dû au CoVid 19. La vidéo peut être visionnée ci-dessous.

Jésus aimait raconter des histoires. On en trouve plusieurs dans les évangiles, ce sont les paraboles. Inspirées de la vie quotidienne, elles font références à des situations que tout le monde connaissaient. Mais Jésus les racontait pour enseigner des vérités spirituelles. Derrière leur apparente simplicité, elle ont une portée et une profondeur étonnantes.

Parfois elles sont évidentes à comprendre, parfois un peu plus obscures. Mais elles nous réservent souvent des surprises. Le texte de l’Evangile de ce dimanche en est un parfait exemple.

Je vous propose de lire, dans l’Evangile selon Jean, au chapitre 10, les versets 1 à 10.

Jean 10.1-10
1 Jésus dit : « Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : celui qui entre dans l’enclos des moutons sans passer par la porte, mais en grimpant par un autre côté, celui-là est un voleur, un brigand.
2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des moutons. 3 Le gardien lui ouvre la porte et les moutons écoutent sa voix. Il appelle ses moutons chacun par son nom et les mène dehors.
4 Quand il les a tous fait sortir, il marche devant eux et les moutons le suivent, parce qu’ils connaissent sa voix. 5 Mais ils ne suivront certainement pas un inconnu ; ils fuiront plutôt loin de lui, parce qu’ils ne connaissent pas la voix des inconnus. »
6 Jésus se servit de cette image pour leur parler, mais ses auditeurs ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
7 Jésus poursuivit : « Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : moi je suis la porte de l’enclos des moutons. 8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, des brigands ; mais les moutons ne les ont pas écoutés. 9 Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture. 10 Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire. Moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.

On cite souvent ce texte pour évoquer la figure du bon berger appliquée à Jésus. Et c’est vrai. C’est bien une des leçons de cette parabole. Jésus est comme un bon berger, qui prend soin de son troupeau. Il protège et rassure ses moutons, qui connaissent et aiment sa voix. C’est une très belle image de la proximité du croyant avec son Dieu, inspirée d’une image biblique, présente par exemple dans le fameux Psaume 23 : “Le Seigneur est mon berger…”

Mais dans les versets que nous avons lus, lorsque Jésus explique l’histoire que nous venons de lire, il ne parle parle pas d’abord du berger. Avant de dire qu’il est le berger, il se compare à un autre élément de l’histoire, et ce n’est pas celui auquel on aurait forcément pensé. Il affirme ainsi, au verset 9 :

“Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture.”

Certes, Jésus est le bon berger de cette parabole. Mais il en est aussi la porte… Or que dit-on de cette porte, dans l’histoire ?

C’est par elle que passe le berger, à l’inverse des voleurs et brigands qui, eux, escaladent l’enclos.
C’est par elle que passent les moutons, guidés par le berger. Elles peuvent ainsi entrer et sortir de l’enclos.

 

La porte c’est l’entrée légitime dans l’enclos

La porte de l’enclos laisse passer le véritable berger alors que les voleurs et les brigands escaladent l’enclos. Jésus est donc l’entrée légitime dans l’enclos. Qu’est-ce que ça signifie ? En fait, nous avons ici une affirmation messianique forte. Jésus est le Messie, celui que Dieu a choisi pour accomplir son plan de salut, son projet pour nous réconcilier avec lui.

En réalité, Jésus est à la fois le berger et la porte qui permet au berger d’entrer. Un peu comme la lettre aux Hébreux dira que Jésus est à la fois le sacrifice et le prêtre qui offre le sacrifice. D’ailleurs, on retrouvera cette notion de sacrifice, dans la deuxième partie de l’explication que Jésus donnera de cette histoire. Il affirmera alors qu’il est aussi le bon berger “qui donne sa vie pour ses moutons”.

L’Evangile, c’est-à-dire la Bonne Nouvelle, c’est que Dieu pourvoit à tout pour notre salut. Il est la porte et le berger qui nous fait entrer et sortir de l’enclos. Il est le sacrifice et le prêtre qui offre le sacrifice. Or Jésus, le Fils de Dieu devenu homme, est le seul à pouvoir être cela. Justement parce qu’il est à la fois pleinement homme et pleinement Dieu. C’est un des plus grands mystères de la foi chrétienne. Mais c’est aussi l’un des plus importants, sans lequel l’édifice de l’Evangile s’écroule… mais grâce auquel nous pouvons recevoir l’assurance du salut, parce qu’il repose entièrement sur Dieu.

 

La porte permet aux moutons d’entrer et de sortir

L’autre leçon de cette histoire, c’est ce que cette métaphore de la porte nous dit du salut lui-même. “Moi je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé ; il pourra entrer et sortir, et il trouvera de la nourriture.” Et Jésus conclut en disant : “Moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.”

Si on prête attention à l’histoire que raconte Jésus, le berger entre dans l’enclos pour en faire sortir les moutons, les amener à leur lieu de pâturage, et qu’ils trouvent leur nourriture. Cette porte, explique Jésus, permet aux moutons d’entrer et de sortir. Autrement dit, le salut, ce n’est pas d’être à l’abri dans l’enclos, c’est d’être conduit par le berger en dehors de l’enclos. Le berger, grâce à la porte, ne confine pas ses moutons dans l’enclos mais leur permet d’entrer et de sortir. Une image qui résonne de façon particulière pour nous, après presque deux mois de confinement…

Le salut, c’est la porte, pas l’enclos ! Ça me semble important de le dire parce que la tentation existe de comprendre le salut plutôt comme un enclos… au risque qu’il devienne un bunker. Le salut que Dieu nous offre ne nous enferme pas, il nous rend libre et nous garantit la présence du Seigneur à nos côtés.

Or il y a des chrétiens qui se confinent dans leur Église, dans leur pratique religieuse ou dans leurs certitudes. Ils se coupent du monde et ne suivent pas le berger qui veut les y mener. Pire, ils referment la porte que le gardien vient d’ouvrir, préférant se replier sur eux-mêmes.

Mais ça, c’est le contraire de l’Evangile, qui est amour du prochain, partage, espérance. Jésus est la porte de l’enclos. Une porte grande ouverte !

 

Conclusion

Lorsque nos églises et nos temples se rouvriront, il ne s’agira pas de nous y confiner ! Nous nous y rassemblerons, certes. Et nous en aurons besoin ! Mais nous devrons garder la porte grande ouverte sur le monde. Plus encore, il s’agira, s’il le faut, de déconfiner nos Églises !

Notre appel n’est pas de nous rassembler dans l’enclos de l’Eglise et de rester entre nous, en sécurité et bien au chaud… Notre appel est de passer la porte et de suivre le Christ là où il nous conduira, dans les pâturages du monde, pour y apporter et y vivre l’Evangile.

C’est là que le Christ nous attend !